Je vois bien que ce qui fait tenir ta position ferme, c’est la focalisation que tu fais sur cette idée de la liberté.
Que veut dire « En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, quiconque se livre au péché est esclave du péché » (Jean 8 : 34), « Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur !... Ainsi donc, moi-même, je suis
par l’entendement esclave de la loi de Dieu, et je suis
par la chair esclave de la loi du péché. » (Romains 7 : 25) (voir ce
post-ci), « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. » (Jean 8 : 32) ?
Là où je diverge, c’est que tu fais d’une, de la personne son péché (voir ce
post-ci), de deux, du péché un choix valable, qui ne soit ni une erreur de la créature ni une défaillance mais un choix en pleine conscience, d’une créature réalisée, un choix égal à la foi, de même valeur, d’une liberté gal, d’une vérité égal. C’est comme si celui qui péchait n’était pas dans l’erreur, pas égaré et qu’il n’y avait pas qu’un seul chemin, Dieu, mais plusieurs tout aussi acceptable.
Certes, nous faisons un choix libre, on ne nous impose pas un choix que l’on ne veut pas, tout du moins en apparence. Car un choix libre en tant que telle ne peut être fait qu’en Dieu, en nous, dans ce que nous sommes fondamentalement, en tant que créature accomplie, réalisée. Et il est plus qu’évident qu’une créature dans le péché ne peut être accomplie, pour la simple et bonne raison que le péché n’a pas pour finitude l’accomplissement mais la déstructuration, le chaos. Tant que cette liberté n’est pas dirigée vers Dieu alors c’est une liberté entravée. Par ailleurs, c’est une conception contre-nature du péché car vous faites du rejet de Dieu quelque chose de fixe, un choix accompli. Or, la nature du mal est justement d’être instable, changeant, inaccomplie. Comment une créature en état de perdition pourrait-elle donc être réalisée lorsque cette condition dans laquelle elle se trouve implique justement l’inverse ? Il n’y a pas d’immutabilité dans le péché (sauf si Dieu se détournait totalement de l’horizon de la créature, de son cœur, de son être, ce qui me semblerait aboutir à une annihilation en fait) car il n’y a pas de perfection, de plénitude dans celui-ci. Cette immutabilité n’existe qu’en Dieu.
Oui c’est un échec en ce que Dieu ne veut pas qu’une seule de ses créatures se perde, il a même donné son Fils pour l’éviter…
Je ne vois jamais de passages où Dieu veuille que sa créature fasse un autre choix que lui, tu en as déjà vu toi ? Non, chaque fois qu’une créature s’écarte, il la blâme et la rappelle.
Par conséquent, s’il veut sauver tous les hommes et que certains se perdent alors vu comme ça, j’avoue ne pas voir ce que ça pourrait être d’autre qu’un échec. Dieu ne se réjouit certainement pas de la damnation d’une créature sous prétexte d’une pseudo-liberté, une liberté qui n’émanerait plus de lui. Dieu ne serait plus la liberté, son principe mais celle-ci pourrait donc se trouver tout autant dans le péché et Dieu voudrait alors surtout et avant tout se soumettre à cette liberté ? Je ne sais pas, si on pouvait interroger une âme en état de perdition, je serais curieux de savoir si elle se sent pleinement libre.
Le péché lie, soumet mais ne rend certainement pas libre.
Pour moi, ça reste également une conception contre-nature du péché que vous faites en faisant du péché la personne car je ne vois jamais la Bible parler du péché en tant que personne mais plutôt en tant que puissance. D’ailleurs, pour reprendre l’extrait du catéchisme que tu m’as cité, il y est dit « c’est par lui que le péché et la mort sont entrés dans le monde », on y voit une distinction entre le péché en tant que tel et la personne. Ce n’est pas parce qu’il pratique le mensonge et est père du mensonge (dans ce qu’il a fait émergé cette facette du péché) qu’il est le péché lui-même. Après, on sait que Satan est imprégné du péché et qu’il veut attirer dans sa chute tout ce qu’il peut, et qu’il est le tentateur mais il n’est pas le péché, il est Satan. Le péché, je le répète, n’a pas l’être en lui pour être une personne, tout ce qui est de l’ordre de l’être est de Dieu. Le péché n’a pas l’être en lui mais c’est à travers la personne qu’il peut s’exprimer. Sans la personne, le péché est réduit à l’impuissance (voir mon
premier post).
Ce n’est pas que ce soit une obligation pour Dieu de nous sauver, le terme n’est pas bon, c’est que c’est selon son principe, selon ce qu’il est, Amour, Bonté.
Tu dis « Au lieu d’un échec, on peut tout simplement penser qu’il arrive ce qui devait arriver, avec l’un qui aura préféré se rebeller définitivement, etc. Un échec ? Ou simplement une reconnaissance de ce qui est », mais j’en reviens au malaise du fait que cela semble faire de chaque créature sa propre création et non plus la création de Dieu. On veut être le créateur à la place du Créateur. C’est Dieu qui créé et Dieu ne créé pas pour la perdition. N’est-ce pas lui retirer et sa prescience et en conséquent sa sagesse qu’une telle approche ?
«Ou simplement une reconnaissance de ce qui est ». C’est comme si c’était encore une fois le hasard qui régentait le monde et que Dieu ne pouvait que constater. Laisser le monde, la création à la merci, à l’absurde du hasard, n’est-ce pas là aussi oublier la sagesse et l’omniscience ?
Tu dis « Pour ma part, je verrais plutôt une histoire de risque. Dieu prend des risques », mais le risque n’est-il pas le contraire de la sagesse ?
Pour revenir à la question sur la personne, l’identité, l’être en son essence, il semble que l’homme soit corps, âme et esprit. Le corps c’est ce qui permet l’expression de la personne. Pour ce qui est de l’âme, j’avoue ne pas vraiment savoir si elle est à dissocier de l’esprit ou non, car j’ai déjà vu les 2 positions.
Si je pars sur l’idée que l’âme est le souffle vitale venant de Dieu, avec les émotions, les sens alors cette partie de la personne est éternellement liée à Dieu. L’âme ne peut être corrompue il me semble tant que la vie, l’existence de la créature demeure.
Pour ce qui est de l’esprit, il me semble que c’est la part d’intellect, de personnalité aussi (?). C’est sur ce point que buterais le plus. Notre intellect, notre personnalité existe-t-elle dès notre création ou se forme-t-elle avec l’expérience ? Moi j’ai tendance à penser que notre personnalité, notre esprit est l’œuvre de Dieu. Cette partie de notre personne peut-elle s’écarter (définitivement) de son créateur ? C’est là où je m’interrogerais actuellement.