L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

« Assurément, il est grand le mystère de notre religion : c'est le Christ ! » (1Tm 3.16)
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Carolus
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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Carolus » jeu. 01 nov. 2018, 22:42

Didyme a écrit :
sam. 20 oct. 2018, 12:47
Didyme (sam. 20 oct. 2018) :

"Car le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu." (Matthieu 18:11)

En effet, le Christ est venu sauver ce qui était perdu.
Le Christ qui a prononcé les paroles du verset ci-dessus est identique à celui qui a prononcé les paroles suivantes :
Je vous le dis, en vérité, si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux. (Matthieu 18, 3)
Le Christ ne nous change pas automatiquement. C'est à nous de changer et devenir comme les enfants, cher Didyme.

Il faut devenir enfant de Dieu pour entrer dans le royaume des cieux.

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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Cinci » ven. 02 nov. 2018, 6:57

Avant d'aller plus loin, je jetterais un autre bout de texte en pâture. Je pense que c'est pertinent.

"... à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire, Karl Rahner fit, dans sa ville natale de Fribourg en Allemagne une conférence qui se trouva être sa dernière intervention publique importante. Le titre en était "Expériences d'un théologien catholique". Cette attitude de crainte et d'adoration face au mystère insondable de Dieu, dont sont empreints tant de ses écrits, a été le sujet même de cette ultime conférence. C'est une belle coïncidence que tel ait été son chant du cygne.

La première expérience dont il parle touche d'emblée et en profondeur la doctrine et la pratique de notre foi. A un moment donné ou à un autre, dit-il en substance, tous les manuels de théologie font remarquer explicitement que notre discours sur Dieu est toujours analogique et que, dans cette analogie, les différences entre nos mots et la réalité divine sont plus grandes que les ressemblances mentionnées. Mais souvent, à mesure que se développe notre discours sur Dieu, nous oublions cette vérité essentielle.

Chaque affirmation vraie et valable sur Dieu devrait en un certain sens être en même temps niée. Sans ce balancement plein de déférence et de suspens, entre le oui et le non, nos assertions seraient trop simples et reviendraient en fait à méconnaître le mystère de Dieu. Il est manifeste que l'ineffable altérité de Dieu rend toute pensée et toute parole à son sujet terriblement inadéquates. Nous devons constamment avoir conscience de l'inadéquation de nos mots et sans cesse en reconnaître l'insuffisance pour que le lecteur ou l'auditeur n'oublie pas que Dieu "habite une lumière inaccessible". (1 Tm 6,16)

Nous devons laisser tomber chacune de nos paroles dans le silence du mystère insondable de Dieu. Inutile de dire que la tentation nous guette de vouloir malgré tout dominer quelque peu notre sujet. Avec quelle facilité notre discours ne se dégrade-t-il pas ! et nous voilà parlant de Dieu comme d'un bon ami , d'une personne bien connue, voire d'une chose claire et distincte. On a vite fait de parler de la volonté de Dieu comme d'une chose qui n'a pas de secret pour nous. Combien de discussions théologiques et plus encore de discours politico-ecclésiastiques ne s'achèvent-ils pas, malheureusement, en constructions idéologiques, parce que nous avons oublié notre non-savoir.

Il nous arrive d'avoir l'impertinence de prétendre ou de nier quelque chose touchant aux intentions de Dieu, parce que "nous ne pouvons imaginer qu'il en soit autrement". Comment penser que nous puissions imaginer quoi que ce soit à propos de Dieu ? Avons-nous oublié que nos idées sont infiniment courtes face à la grandeur incommensurable de Dieu ?

"Comme il est rare que nos paroles fassent pressentir qu'elles ne sont que la dernière étape avant le grand silence qui remplit les cieux eux-mêmes lors de la vision face à face" (Karl Rahner)

Il y a indubitablement des manières de faire silence sur Dieu ou de l'éviter qui sont le fait d'esprits superficiels et peu sensibles à ce saisissement religieux que provoque la sainteté de Dieu. Ce type de silence n'a évidemment rien à voir avec la crainte sacrée et la sainte retenue que connaît l'homme touché par la Kabod. Il faut beaucoup de renoncement à soi, voire une ascèse continuelle, pour accepter que notre image de Dieu se voie constamment corrigée. C'est un dépouillement très douloureux. Le vrai Dieu n'est nullement tenu de répondre à nos attentes. Dieu reste toujours imprévisible, et même assez souvent déconcertant, comme l'exprime Isaïe (55, 8-9)

Car vos pensées ne sont pas mes pensées,
et mes voies ne sont pas vos voies, oracle de Yavhé.
Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre,
autant sont élevés mes voies au-dessus de vos voies
et mes pensées au-dessus de vos pensées.


source : Pierre Van Breemen s.j., Trouver Dieu en toutes choses, p. 154

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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Voyageur » ven. 02 nov. 2018, 17:41

Didyme a écrit :
jeu. 01 nov. 2018, 19:09
En fait, je ne sais pas si on peut dissocier de la sorte corps et âme, de telle sorte que le péché soit assimilé uniquement au corps. J'avoue avoir toujours eu du mal avec ce rapport corps\âme. :oops:
Heuuu... :) Mais pourquoi réfléchir tant à l'enfer si vous imaginez difficilement la vie continuelle de l'âme à la mort du corps ?
C'est particulier comme démarche !
Tu m'as montré les chemins de la vie,
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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Didyme » ven. 02 nov. 2018, 19:24

Voyageur a écrit :
ven. 02 nov. 2018, 17:41
Heuuu...  :)  Mais pourquoi réfléchir tant à l'enfer si vous imaginez difficilement la vie continuelle de l'âme à la mort du corps ?
C'est particulier comme démarche !
Non pas que j'imagine difficilement la vie continuelle de l'âme à la mort du corps, juste que je me demande si on peut associer le péché seulement au corps ?
L'autre est un semblable.

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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par prodigal » ven. 02 nov. 2018, 19:31

Bien au contraire, il me semble que seule l'âme pèche.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Didyme » ven. 02 nov. 2018, 20:20

Carolus a écrit :
jeu. 01 nov. 2018, 22:42
Didyme a écrit :
sam. 20 oct. 2018, 12:47
Didyme (sam. 20 oct. 2018) :

"Car le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu." (Matthieu 18:11)

En effet, le Christ est venu sauver ce qui était perdu.
Le Christ qui a prononcé les paroles du verset ci-dessus est identique à celui qui a prononcé les paroles suivantes :
Je vous le dis, en vérité, si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux. (Matthieu 18, 3)
Le Christ ne nous change pas automatiquement. C'est à nous de changer et devenir comme les enfants, cher Didyme.

Il faut devenir enfant de Dieu pour entrer dans le royaume des cieux.
En effet.
Mais est-ce le Christ qui nous sauve ou nous qui nous sauvons ?
"si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux."

Il ne nous dit rien de plus ici que la disposition qu'il faut avoir pour entrer dans le royaume des cieux mais ça ne dit pas que c'est de nous-mêmes que nous y parviendrons.
Effectivement, on doit changer et devenir comme les enfants, on ne peut pas rentrer au royaume des cieux en demeurant rebelles et orgueilleux. Mais c'est Dieu qui sauve, c'est sa grâce qui transforme, nous devons simplement nous ouvrir.

Et cela demande souvent de la souffrance, de l'épreuve, d'être passé au feu.
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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Voyageur » ven. 02 nov. 2018, 22:45

Didyme a écrit :
ven. 02 nov. 2018, 19:24
Voyageur a écrit :
ven. 02 nov. 2018, 17:41
Heuuu...  :)  Mais pourquoi réfléchir tant à l'enfer si vous imaginez difficilement la vie continuelle de l'âme à la mort du corps ?
C'est particulier comme démarche !
Non pas que j'imagine difficilement la vie continuelle de l'âme à la mort du corps, juste que je me demande si on peut associer le péché seulement au corps ?
Vous utilisez un point de détail pour détourner la discussion. Il n'a jamais été question de cela. Vous dites que vous trouvez des manquements aux différentes approches qui vous sont proposées, mais concrètement à quels endroits ? J'ai bien compris que vous ne changerez sans doute jamais d'avis. J'ai envie de dire : tant mieux. Mais pourquoi restez-vous coincé dans ce questionnement ? Qu'est-ce qui vous empêche d'aller de l'avant. De revenir sans cesse sur la question...
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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Carolus » ven. 02 nov. 2018, 23:43

Didyme a écrit :
ven. 02 nov. 2018, 20:20
Didyme :
Carolus a écrit :
jeu. 01 nov. 2018, 22:42
Carolus :

Le Christ ne nous change pas automatiquement. C'est à nous de changer et devenir comme les enfants, cher Didyme.

Il faut devenir enfant de Dieu pour entrer dans le royaume des cieux.
En effet.
Mais est-ce le Christ qui nous sauve ou nous qui nous sauvons ?
Evidemment, nous ne pouvons pas nous sauvez nous-mêmes, cher Didyme.
Jn 6, 37 Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors.
Le Christ sauve ceux qui viennent à LUI avec un cœur humble et contrit.

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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Didyme » ven. 02 nov. 2018, 23:57

Cinci a écrit :
ven. 02 nov. 2018, 6:57
Avant d'aller plus loin, je jetterais un autre bout de texte en pâture. Je pense que c'est pertinent.

"..."

source : Pierre Van Breemen s.j., Trouver Dieu en toutes choses, p. 154
Je ferais juste une remarque.
Ceux qui sont dans l'espérance universelle sont comme indiqué, dans une espérance.
Tandis que les défenseurs d'une perdition éternelle (et on le voit d'ailleurs dans les discussions sur ce sujet) sont pour une grosse partie dans l'affirmation, le savoir...

C'est d'ailleurs un peu le même constat que fait Balthasar dans "espérer pour tous".
... Tout cela fait qu'on ne s'étonnera plus guère de l'insistance d'Augustin sur la réalité non seulement de l'enfer mais encore de ses innombrables occupants. Elle signifie néanmoins un tournant dans l'histoire de l'Eglise, car Augustin interprète les textes en question (Matthieu 25) de telle sorte que, visiblement, il connaît à l'évidence l'issue du jugement divin. Et tous ceux qui se réclameront de son autorité, de Grégoire le Grand à la Réforme et au jansénisme, en passant par le haut Moyen Age et le Moyen Age classique, y compris Anselme, Bonaventure et Thomas -, tous seront en ce sens des gens qui savent , et à partir de ce savoir qui est leur base pleinement assurée, ils développeront leurs spéculations ultérieures sur la double prédestination, "après ou même avant prévision des mérites de chacun".
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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Didyme » sam. 03 nov. 2018, 0:12

Voyageur a écrit :
ven. 02 nov. 2018, 22:45
Didyme a écrit :
ven. 02 nov. 2018, 19:24


Non pas que j'imagine difficilement la vie continuelle de l'âme à la mort du corps, juste que je me demande si on peut associer le péché seulement au corps ?
Vous utilisez un point de détail pour détourner la discussion. Il n'a jamais été question de cela. Vous dites que vous trouvez des manquements aux différentes approches qui vous sont proposées, mais concrètement à quels endroits ?


Je ne sais pas ce qui peut bien vous faire penser que je cherche à détourner la discussion ?!

Vous me parlez du péché lié au corps et de l'âme qui en serait libérée mais qui garderait comme un souvenir de sa vie, et je vous dis que je n'ai pas dans l'idée que le péché ne soit attaché qu'au corps. Suite à quoi je dis ne pas forcément très bien maîtriser le sujet afin que d'autres (comme Prodigal l'a fait) donnent leur avis sur ce point.

Voyageur a écrit : J'ai bien compris que vous ne changerez sans doute jamais d'avis. J'ai envie de dire : tant mieux. Mais pourquoi restez-vous coincé dans ce questionnement ? Qu'est-ce qui vous empêche d'aller de l'avant. De revenir sans cesse sur la question...
En fait, je vais de l'avant, je ne cesse d'approfondir le sujet tout simplement. Je trouve que c'est un sujet ô combien intéressant et essentiel.

Après ne désespérez pas, je peux très bien changer d'avis qui sait. Je croyais bien dur comme fer à l'approche traditionnelle de l'enfer. :-D ;)
Je la croyais tellement indiscutable que je me retrouvais avec une foi qui en perdait son sens.
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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Voyageur » sam. 03 nov. 2018, 10:18

Bonjour Didyme,
Didyme a écrit :
sam. 03 nov. 2018, 0:12
Vous me parlez du péché lié au corps et de l'âme qui en serait libérée mais qui garderait comme un souvenir de sa vie, et je vous dis que je n'ai pas dans l'idée que le péché ne soit attaché qu'au corps.
À quel endroit ?
C'est ça que j'ai identifié comme une digression motivée. Je ne pense pas avoir amené cette thématique dans l'échange.


Ne vous trompez pas sur mes intentions. Je n'ai pas l'espoir de vous faire changer d'avis. Ma présence est utile dans l'échange, pas dans l'imposition. Mais je remarque que vous n'avez pas beaucoup réagi à mon message du 30 octobre, ce qui me fais demander si mes apports ont un quelconque intérêt dans votre cheminement. Non que j'estime que vous me deviez une attention particulière. C'est uniquement pour ne pas déployer du bruit là où on attend du silence.

Je vous souhaite une excellente journée !
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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Carolus » sam. 03 nov. 2018, 23:21

Didyme (ven. 26 oct. 2018) :

Et Jésus dit dans son évangile "Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi." (Jean 12:32)

Voilà une parole objective :)
Oui, il s’agit d’une parole objective, cher Didyme. :oui:

S. Jean nous explique ce que Jésus voulait dire avec cette parole objective :
Jn 12, 33 Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.
Cette parole objective indiquait « de quel genre de mort il allait mourir ».

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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Didyme » dim. 04 nov. 2018, 15:13

Voyageur a écrit :
sam. 03 nov. 2018, 10:18
Bonjour Didyme,
Didyme a écrit :
sam. 03 nov. 2018, 0:12
Vous me parlez du péché lié au corps et de l'âme qui en serait libérée mais qui garderait comme un souvenir de sa vie, et je vous dis que je n'ai pas dans l'idée que le péché ne soit attaché qu'au corps.
À quel endroit ?
C'est ça que j'ai identifié comme une digression motivée. Je ne pense pas avoir amené cette thématique dans l'échange.


C'est lorsque vous dites "Alors, qu'est-ce qui pourrait empêcher l'âme, libérée de son corps aveuglant, de participer pleinement à ce qu'elle était ?!"

Il me semble comprendre par là que vous dites que l'âme est comme pure, que c'est notre condition terrestre soumise à notre corps aveuglant qui provoque le péché, péché qui s'imprime comme un résidu dans l'âme. Certes il y aurait une trace mais le péché ne viendrait pas de l'âme mais de "Quelque chose qui vient de la matière, une impression laissée par l'existence terrestre".

Est-ce que j'ai bien compris ?

Je vois la tentative de comprendre ma position quant à une part de nous unie à Dieu et pure :) , mais j'aurais tendance à voir les choses de la façon suivante :

" De même qu'il y a dans la partie inférieure de notre âme une volonté animale qui peut ne pas vouloir le bien, de même il y a une volonté bonne dans la partie supérieure, volonté si bonne qu'elle ne saurait jamais vouloir le mal mais veut toujours plus de bien et accomplit le bien aux yeux de Dieu.
C'est pourquoi Notre-Seigneur veut que nous le sachions dans la foi et dans notre croyance : nous avons tous vraiment cette volonté bénie gardée saine et sauve en notre Seigneur Jésus-Christ. Car il est nécessaire que la nature humaine, qui emplira le ciel, lui soit jointe et unie au point que subsiste en elle une partie substantielle qui n'a jamais pu et ne devra jamais être séparée de lui, et cela en raison de la volonté bonne qu'il a toujours manifestée à son égard dans ses desseins éternels. " (Julienne de Norwich, Le livre des révélations, chapitre 53)


Voyageur a écrit : Ne vous trompez pas sur moi. Je n'ai pas l'espoir de vous faire changer d'avis. Ma présence est utile dans l'échange, pas dans l'imposition. Mais je remarque que vous n'avez pas beaucoup réagi à mon message du 30 octobre, ce qui me fais demander si mes apports ont un quelconque intérêt dans votre cheminement. Non que j'estime que vous me deviez une attention particulière. C'est uniquement pour ne pas déployer du bruit là où on attend du silence.
Vous avez raison, j'aurais dû répondre. Surtout que c'est moi qui vous ai posé des questions. :oops:
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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Didyme » dim. 04 nov. 2018, 15:19

Voyageur a écrit :
mar. 30 oct. 2018, 9:56
Didyme a écrit :
lun. 29 oct. 2018, 20:56
Pensez-vous que les "justes" ne commettent plus de péché ?
Un juste est conscient de sa nature pécheresse et cherche à lui échapper.
Et la seule manière qu'il a d'y parvenir est de s'ouvrir à sa nature divine.

Le pécheur qui se complait dans son errement se satisfait de sa nature.
Il se cache et se ment à lui-même, se détournant de l'appel divin.

Les deux se ressemblent en nature. Mais pas en volonté.
C'est la différence entre "l'image" et "la ressemblance".
Nous sommes tous à l'image de DIEU, mais il nous revient de lui ressembler.

Créés à l'image de Dieu unique, dotés d'une même âme raisonnable, tous les hommes ont même nature et même origine. Rachetés par le sacrifice du Christ, tous sont appelés à participer à la même béatitude divine : tous jouissent donc d'une égale dignité. CEC 1934


Si je me fie à Paul dans Romains 7 "car je ne sais pas ce que je fais : je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais.", "car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas", "ainsi donc, moi-même, je suis par l'entendement esclave de la loi de Dieu, et je suis par la chair esclave de la loi du péché."

Je pense que l'on peut dire que cette constatation concerne la nature humaine dans son ensemble.
Je ne pense pas qu'il soit juste de penser qu'il y ait des hommes qui seraient dépourvus de cette part liée à Dieu que l'on appelle entendement ou encore conscience, soumise à Dieu ?
Le fait que certains l'étouffent ne la rend pas moins présente. Sinon sur quoi seraient-ils condamnés s'ils ne sont pas doté de cette conscience ?

Et par ailleurs, qu'est-ce qui étouffe vraiment cette conscience ? Est-ce la volonté de la personne dans son intégralité ou le péché ?
Parce que si c'est de sa volonté plénière, alors qu'advient-il donc de sa volonté soumise à Dieu, de son homme intérieur dont il est question dans Romains 7 ? Cette volonté ne fait-elle pas aussi (et surtout) partie de sa personne ?

À noter que lorsqu'il est parlé du péché dans ce passage de Romains 7, il est parlé de quelque chose en nous alors que lorsqu'il est parlé du bien il est parlé de volonté, ce qui se rattache à la personne.

Voyageur a écrit :
Didyme a écrit :
lun. 29 oct. 2018, 20:56
Pensez-vous que les pécheurs n'ont plus rien de Dieu en eux ? Qu'ils n'ont plus l'être, qui leur vient de Dieu, en eux ?
Je pense que vous parlez de l'âme, le principe éternel de l'être.
Puisque les damnés souffrent éternellement de leur séparation de DIEU,
je pense que c'est à cause de leur âme qui ne peut s'unir à leur source première.


Si donc il demeure cette part de Dieu en eux, part qui nécessairement aspire à Dieu, alors c'est qu'il demeure en toute logique une part de "oui" en eux.

Voyageur a écrit : Dépouillées de leur carcan terrestre, elles connaissent le manque mais ne pourront le combler.
Parce que l'âme souillée par le mensonge, par la négation de son existence est désorientée et perdue.
Elle ne peut faire marche-arrière, les choix qu'elle a posés durant sa vie sont indélébiles et ce sont eux qui la jugent.
Notre PÈRE regrette leur déchéance et pleur leur éloignement ; mais c'est par elle-même que l'âme se distancie de sa Présence.
Elle sait qu'elle n'est plus digne de la Béatitude parce que ses fautes ne pourront se dissoudre dans l'océan de bonté qu'est le Seigneur.

Le péché mortel est une possibilité radicale de la liberté humaine comme l'amour lui-même. Il entraîne la perte de la charité et la privation de la grâce sanctifiante, c'est-à-dire de l'état de grâce. S'il n'est pas racheté par le repentir et le pardon de Dieu, il cause l'exclusion du Royaume du Christ et la mort éternelle de l'enfer, notre liberté ayant le pouvoir de faire des choix pour toujours, sans retour. [...] CEC 1861


J'entends bien, mais s'il était question d'un "non" radical alors c'est qu'il n'y aurait plus le moindre écho de "oui" en la personne. Or, si tel est le cas alors c'est que cette personne n'aurait plus le moindre union à Dieu. Et d'une, qu'est-ce qui pourrait alors faire souffrir ces personnes ? Étant donné qu'elles ne pourraient éprouver de manque, étant dépourvu de cet union à Dieu, de cette part de "oui" ?
De deux, sans ce lien persistant d'union à Dieu, comment la personne subsisterait-elle, l'être lui étant donné par Dieu ? Comment pourrait-elle être en totale indépendance de Dieu, comme un "non" radical le suggère ? On tomberait ici dans l'annihilationnisme.

Voyageur a écrit :
Didyme a écrit :
lun. 29 oct. 2018, 20:56
Pensez-vous que le croyant, le "juste" ait dit un oui parfait et total à Dieu ?
Oui. Il a ouvert son cœur et a exposé sa faiblesse.
Il est pénitent, il est regret. Il est le fils prodigue, qui revient.
Plus souillé que jamais, mais pleinement conscient de son échec.
Il sait que sans Christ il ne peut rien et s'en remet entre ses mains. 

La pénitence intérieure est une réorientation radicale de toute la vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre coeur, une cessation du péché, une aversion du mal, avec une répugnance envers les mauvaises actions que nous avons commises. En même temps, elle comporte le désir et la résolution de changer de vie avec l'espérance de la miséricorde divine et la confiance en l'aide de sa grâce. [...] CEC 1431


Pourquoi pas, mais j'avoue peiner à penser que la très large majorité des croyants ait dit un "oui" total à Dieu, une conversion de tout son cœur et une cessation de pécher.
Bon après, il y a un toujours un début d'ouverture même avec un "oui" encombré, et donc une ouverture vers le Purgatoire.

C'est juste que les "oui" et les "non" ne me paraissent pas si radicaux et la frontière entre les deux si évidente.

Voyageur a écrit :
Didyme a écrit :
lun. 29 oct. 2018, 20:56
Et que le pécheur ait dit un "non" radical, absolu à Dieu ? Et donc que le pécheur soit du même absolu que Dieu ?
Nous sommes tous pécheurs ! Ne l'oubliez pas.

Le "non" n'est jamais radical et permet toujours le retour.
C'est le Jugement qui exige une position ferme et définitive.

Les égarés, à l'heure du Jugement, n'éprouvent pas de regret.
Ils se renouvellent dans l'erreur, le faux et le mensonge.

De ce dernier non, inexorable, vient son caractère absolu.
Car ils n'auront plus l'occasion de se corriger, de se repentir.

Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel, soit pour se damner immédiatement pour toujours. CEC 1022


Je ne vais pas redévelopper ici car je redirais les mêmes choses que précédemment.
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Re: L'homme, le péché, l'enfer et Dieu

Message non lu par Voyageur » dim. 04 nov. 2018, 17:23

Didyme a écrit :
dim. 04 nov. 2018, 15:13
Il me semble comprendre par là que vous dites que l'âme est comme pure, que c'est notre condition terrestre soumise à notre corps aveuglant qui provoque le péché, péché qui s'imprime comme un résidu dans l'âme. Certes il y aurait une trace mais le péché ne viendrait pas de l'âme mais de "Quelque chose qui vient de la matière, une impression laissée par l'existence terrestre".

Est-ce que j'ai bien compris ?
Ce n'est pas ce que j'espérais faire passer.


Sur les péchés rémissibles et irrémissibles

L'âme, une fois la mort physique, est pleinement consciente des choix qu'elle a réalisés. Elle se reconnait coupable et se juge elle-même. C'est donc qu'elle portait une sorte de voile qui l'empêchait de discerner clairement les conséquences de ses choix.

Le corps physique a ses exigences que l'âme ne possède pas. La principale raison d'être du corps physique est la persistance de l'information génétique et mémorielle dans la matière. Dans certaines circonstances, cette nécessité impérieuse peut entrer en conflit avec nos valeurs morales et engendrer une déviation (un péché).

Nos actions sont la résultante de plusieurs variables. On agit aussi selon les données et les contextes dans lesquels nous nous trouvons, les variables environnementales. Le péché ainsi commis n'est pas un péché absolu en ce qu'il concerne des circonstances terrestres. C'est notre nature humaine, nos exigences en tant qu'espèce vivante, qui conduit au péché.

C'est pour quoi tous ces péchés soumis au Monde, soumis aux nécessités biologiques, seront remis. Mais vous savez également qu'un péché n'est pas remis : celui en esprit. Là, les impératifs corporels ne jouent aucun rôle. C'est l'âme, en pleine conscience, qui décide de pécher. C'est là un péché absolu, irrémissible.


Sur la nature de l'âme et sur l'entachement partiel des péchés

Je comprends votre désir d'affirmer qu'une âme ne peut être dissociée de DIEU puisqu'elle procède de Lui, vient de Lui, est de la même substance que Lui. Mais, c'est mettre de côté Matthieu 5, 30 : Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.

On voit ici que Jésus tente de nous instruire sur l'enfer. Ce qui provoque chez toi une occasion de chute, retire-le de ta personne. Parce que cette part t'emportera tout entier dans la perdition. En chaque homme existe cette part. En chaque homme existe également une part qui garde et se souvient.

Parlons de l'âme un petit peu. Qu'est-ce ? Une forme ? Non ! Une structure ? Non ! Un ensemble ? Peut-être. Une âme semble être un ensemble qui fait sens. Qui porte une identité, qui porte une mémoire, qui porte une responsabilité. Qu'est-ce que cela pourrait signifier quant à ce que dit Jésus ? Notre âme est comparable à un corps glorieux. Si elle possède une part corrompue, un appendice déficient, pourrions-nous nous en séparer ? En voilà une question !

Est-ce qu'une âme est totalement une ? Non, je ne crois pas. Elle est d'abord communion avec DIEU. C'est-à-dire que mon âme peut se dissoudre dans DIEU, habiter son sein, être DIEU, participer à son existence. Alors, mon âme n'a pas de frontière intime. Elle n'est pas délimitée. Elle n'est pas une entité unique et isolée. Se pourrait-il alors qu'une part de mon âme se sépare, soit "comme un sarment, jeté dehors, et qui se dessèche (Jean 15, 6). Si la part souillée de mon âme peut être retirée, comme un sarment malade, n'est-ce pas elle qui est jetée au feu ?

Est-ce notre être tout entier qui doit subir l'exile ou seule notre part déficiente ?


Sur le choix absolu de l'âme

Aussi, plus loin, vous avez parlé de la part de "oui". J'aimerais éclaircir ce point.

Il me semble que ce n'est pas tant que l'âme dispose d'une orientation morale vers le bien qui compte ici. C'est qu'elle dispose de la même nature que l'Être divin. Ce qui l'enclin instinctivement à s'unir, à faire alliance, à communier avec ce qui est de même nature. Ce qui l'empêchait de se reconnaitre semblable appartient au Monde, au sensible, à la corporalité, à la matière. Une fois extraite de ce contexte, elle devrait se reconnaitre semblable.

Si vous pouvez affirmer avec moi qu'il existe une vérité dans les contes et dans la mythologie biblique, vous pourrez observer que Lucifer, le Diable, Satan est toujours présenté comme une créature divine. De ce fait, elle devrait appartenir à DIEU et participer à son existence. Cependant, ce qui l'empêche bien souvent de se présenter comme telle, c'est la tentation du pouvoir, du mensonge et de la jouissance. L'âme qui ne parvient pas à l'humilité, à la clairvoyance et au dépouillement ne pourra vouloir s'unir à DIEU. Elle préfèrera jouir de son existence individuelle.

Voilà le "non" radical : celui qui ne reconnait pas DIEU comme semblable, comme PÈRE, comme source unique. Ce sont les invités à la noce qui ne veulent pas venir (Matthieu 22, 3).

Il est radical, car l'âme est toute consciente. Son choix est irréversible, car il ne souffre pas des variables contextuelles, environnementales, biologiques, etc. Si elle refuse de s'annihiler en Christ, de vivre en Lui, par Lui, à travers Lui, elle poursuit une existence esseulée, morne et douloureuse.

Le manque qu'elle ressentirait viendrait de sa nature profonde, insatisfaite de sa propre situation, mais inapte à réintégrer le TOUT. Jamais elle n'accèdera à la béatitude, sans cesse à la recherche d'une rétribution qui ne viendra pas. Car elle s'est trompée de chemin et que l'après-vie ne saurait lui fournir les mêmes satisfactions éphémères que le Monde. Elle subsisterait par sa nature, mais serait également torturée par elle.

La radicalité des "non" et des "oui" appartiennent uniquement à l'âme en tout conscience. Dans la parabole, Jésus affirme que les invités sont tués et leur maison brûlée. Ce qui signifie qu'ils n'auront plus l'occasion de revenir sur leur choix. Leur identité est morte et leurs fondations détruites. Ils ne feront pas partie des invités qui jouissent des noces du Christ.

Remarquez aussi qu'il est dit que le Roi faire rassembler tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. Mais celui qui ne vient pas vers DIEU pour communier, celui qui ne se revête pas d'habits de fête pour honorer le PÈRE est jeté, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Didyme a écrit :
dim. 04 nov. 2018, 15:13
Vous avez raison, j'aurais dû répondre. Surtout que c'est moi qui vous ai posé des questions. :oops:
Veuillez m'excuser. Je ne désirais pas vous forcer la main.
Vous ne me devez rien, Didyme. C'est moi qui vous suis redevable.
Dernière modification par Voyageur le dim. 04 nov. 2018, 17:47, modifié 1 fois.
Tu m'as montré les chemins de la vie,
Tu me rempliras de joie par ta présence.

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