L'âme, l'esprit et le corps

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L'âme, l'esprit, le corps

Message non lu par saperlipopette » ven. 24 juin 2016, 19:49

Bonjour,
Quelle est la différence entre l'âme et l'esprit? Et le corps dans tout ça? Ces questions m'ont longtemps taraudé (et continuent d'ailleurs); j'ai vu que sur ce forum et d'autres certains s'étaient intéressés à la question, mais il a fallu du temps pour que j'assimile les différentes versions. Voici ici un petit résumé de ce que j'ai compris, dites-moi ce qui est hérétique ou pas, et n'hésitez pas à apporter votre vision des choses!
Ame, corps, esprit

Dans la Bible, plusieurs mots ont été traduits par âme ; dans la tradition catholique elle-même, la signification de l’âme et de l’agencement de l’âme par rapport au corps (ou à l’esprit) est multiple…

A. Différents sens du mot âme dans la Bible
Le mot rouah est un mot hébreu très riche et complexe :
• C'est d'abord le vent, un des éléments de la nature, vent de tempête ou brise légère, "dont on ne sait ni d'où il vient ni où il va" .
• Quand il est question de l'être humain, c'est la respiration, le souffle, la force et l'énergie vitale. Présent à la création, le souffle de Dieu (son Esprit) est, en quelque sorte, le lien vital entre Dieu et l'homme. Il sera présent à la nouvelle création annoncée par Ezéchiel : "Je mettrai en vous mon propre Esprit" .
Rouah est traduit par pneuma en grec et spiritus, puis mens en latin. La rouah est immortelle.

Le mot hébreu néfesh est très polysémique: âme, être vivant, vie, désir, relation à soi...
• Il dit la personne entière et peut être un substitut du pronom personnel.
• Nephesh signifie aussi l’âme au sens ordinaire c’est-à-dire principe vital animant le corps d’un être vivant (aussi bien un homme qu’un animal) et qui meurt avec lui. C’est l’équivalent du grec psyché et du latin anima. Le néphesh est mortel.

Neshama signifie l’âme que l’homme a en plus des animaux. L’animal perçoit des sensations physiques; bien que susceptible d’avoir des perceptions intelligentes rudimentaires, il est dépourvu de raison et d’immortalité. Tout en étant analogue à l’âme de l’animal, l’âme humaine est d’un ordre supérieur; outre la sensibilité, la mémoire et l’instinct, elle a des facultés intellectuelles, morales, religieuses. De plus Dieu ne la voue pas à la mort.

B. Dualisme, dichotomie, trichotomie, versions bipartite, tripartite…

• Dualisme : Courant philosophique (de Platon entre autres, et de la philosophie chrétienne), selon lequel il existe un monde matériel et un monde spirituel en tant que réalités différentes par nature. Le dualisme s’oppose au matérialisme, qui ne croit qu’au monde matériel, et à l’idéalisme qui ne croit qu’au monde spirituel. Pour le dualisme, l’homme serait constitué en… :
• Dichotomie : division de l’homme en deux parties : le corps et la partie spirituelle (âme, ou esprit, etc.). aussi nommé anthropologie bipartite.
• Trichotomie : division de l’homme en trois parties : âme, corps, esprit. Aussi nommé anthropologie tripartite.
• Tripartition : de l’homme : il s’agit de l’anthropologie tripartite. De l’âme, il s’agit de la division de l’âme en trois parties, qui varient selon les courants de pensées.
C. Anthropologies et études de l’âme occidentales
Pourquoi tant de particularité ? Parce que l’Eglise est basée sur un texte hébreu (la Bible) qu'éclairèrent des hommes de culture souvent grecque ou latine. La polysémie de l’hébreu brouille les esprits ; de plus, les pères de l’Eglise d’inspiration néo-platonique (St Augustin Origène) ont voulu concilier la vision dualiste de Platon, et la pensée paulinienne.
a) Ame-esprit-corps… de nos jours
La conception moderne ordinaire (je ne parle pas des différents philosophes contemporains) est que le corps est la partie physique de notre être, qui comporte aussi l’instinct, etc. On peut dire que c’est ce qui est commun avec les animaux. L’âme serait le siège des sentiments et l’esprit le siège de la pensée. A noter que la version contemporaine tente de plus en plus de comprimer l’âme dans le corps, avec les neurosciences

b) Version dualiste et tripartisme de l’âme de Platon
C’est une vision trouvé par Platon, selon laquelle l’homme est composé d’un corps et d’un esprit, ou d’une âme. Dans ce concept l’esprit est la même chose que l’âme. Pour Platon l’esprit/âme est supérieure à la matière, au corps, qui est dû à une déchéance. Cette âme est immortelle et divisée en trois parties (trichotomie de l’âme) :
• l’epithumia (le ventre, siège du désir), symbolisant les pulsions instinctives (ex : manger, engendrer) ;
• le thumos (le cœur, siège des passions), symbolisant les sentiments (ex : l’amour, la haine).
• Tandis que le noos (la tête, siège de l’intellect) relève de l’intelligible, du monde des Idées.

c) Version paulinienne

Saint Paul est connu pour son anthropologie tripartite de l’homme. En effet, il semble le diviser en corps (soma) et pneuma, âme (psyché), esprit (pneuma). Mais c’est plus subtil que ça… Car la traduction de pneuma « esprit » prête à ambiguïté ; il ne faut pas le prendre au sens moderne ; ici l’esprit signifie « la fine pointe de l’âme »
D’ordinaire, les écrivains bibliques ne différencient pas l’âme principe vital, mais inférieur (psyché), de l’âme supérieur, douée de raison (pneuma) parce que ces deux parties constituent un tout que se distingue du corps. Cette unité est appelée tantôt pneuma, tantôt psyché.
Pour saint Paul (et saint Jean), pneuma et psyché sont différents :
• L’âme de l’homme contient deux choses :
 le pneuma, (spiritus) c’est l’âme immortelle, que seuls ont les hommes et les anges.
 et le psyché, (anima) principe vital d’un être vivant qui meurt avec lui.
• le corps (sarx)

d) Version d’Origène
Origène (Père de l’Eglise, vers 185 ap. J.-C.) a une vision trichotomiste de l’homme, constitué pour lui d’une partie du corps, de l’âme, et de l’esprit, l’élément supérieure du composé humain, ou pneuma . Cette même âme est divisée en trois parties (le noos, le thumos et l’epithumia) dans une trichotomie de l’âme. Il est évidemment inspiré de Platon.

e) Version augustinienne
Saint Augustin se fonde sur la notion de saint Paul, mais, étant de culture néo-platonicienne, il a changé les termes, pour plus de compréhension, et les fonctions, pour cadrer les deux versions… Pour Saint Augustin, l’âme de l’homme est à l’image de Dieu et donc de sa Trinité. En effet, Saint Augustin est de culture néo-platonicienne et pour lui le corps reste encore un peu inférieure à l’âme , qui dans sa vision est la seule à l’image de Dieu. Il a donc une vision dichotomiste de l’homme et une vision trichotomiste de l’âme , ainsi composée :
• L’étage le plus bas que les animaux possède aussi : le néphesh, psyché ou anima : c’est la fonction biologique (ex : cinq sens, fonction rénale, instinct), en relation forte avec le corps.
• La ratio : la raison, le raisonnement scientifique (ratio sapientia), lien entre ceux qui est reçu des intelligibles par l’illumination et ce qui est reçu du monde sensible.
• La mens ou ratio sapientia, (le pneuma de Saint Paul), contemplative : faculté d’appréhension intuitive et directe de la lumière des réalités intelligibles .

D. Schéma
Je n'arrive pas à le mettre ici

E. Doctrine catholique
On voit bien que plusieurs grands courants se dégagent. Mais les versions chrétiennes ont toutes un point commun: ils différencient un pneuma . Pour les uns, le pneuma, c’est l’esprit ; pour d’autre, le pneuma (qu’ils appellent ou nom esprit) fait partie de l’âme. L’opposé du pneuma est le psyché, qui pour les uns fait partie de l’âme, pour les autres, du corps. L’Eglise devait trancher…L’Eglise a tranché.
Au cours du 8e concile de l'Église à Constantinople en 869 (Constantinople IV), il a été décrété la suppression de l'esprit dans le 11e canon, l'âme comportant désormais une partie spirituelle. La trichotomie (corps, âme et esprit) a été remplacée par la dichotomie (corps et âme). Reste à savoir comment diviser l’âme… Prendre la version de Saint Paul ? D’Origène ? De Saint Augustin ?
L’avantage de la version d’Origène, semblable à celle de Platon, est d’être compatible avec la science. En effet la division tripartite platonicienne démontrent que l’homme est mu par trois cerveaux bien distincts : un, appelé reptilien, (epithumia) parce qu’il est le propre de cette espèce, il est le siège des instincts. Un autre est dit mammalien (thumos) parce qu’il est également le propre des mammifères, il est le siège des émotions. Et enfin le cortex, (noos) cerveau que seuls les hommes possèdent, il est le siège de la raison.
Mais on peut rapprocher le noos du pneuma. Platon ne fait pas l’analogie entre ces deux car ne croit pas à Dieu (d’ailleurs la notion de pneuma n’existe pas à son époque) et le pneuma est lié à Dieu. En effet, le psyché (epithumia-thumos) est mortel et le psyché immortel.
Cependant l’Eglise ne tranche pas.


F. Erreurs courantes
a) La version contemporaine trichotomiste selon laquelle l’esprit ne serait que réflexion, intelligence.
b) L’homme est un être trinitaire, par son corps il est engagé dans le faire, par son esprit il est engagé dans la pensée, par son âme il est engagé dans l’Être : très belle formule qui brouille les notions d’esprit (l’esprit n’est pas que la pensée, en langage théologique c’est cette « pointe fine de l’âme » dont parle saint Thérèse d’Avila), et d’âme : en effet la Bible semble dire que l’homme c’est l’âme, et dans ce cas-là il n’est pas si ridicule de dire que l’homme par son âme est engagé dans l’être ; mais cette façon de dire « âme » (premier sens de nefesh) pour « homme » et une figure de style.

D. Développement
• Question: Comment l’âme et le corps sont-ils liés ?
L’âme et le corps sont liés comme la forme et la matière (selon la terminologie d’Aristote), ou encore comme l’idée et sa manifestation.
Cela a plusieurs conséquences :
• Nous ne savons pas exactement quand l’âme intègre un corps en formation. Dans la tradition juive, il est souvent considéré que c’est au 40e jour de gestation, mais cela n’est pas confirmé par l’Ecriture. Dans le doute, la personne humaine doit être considérée comme étant corps et âme dès sa conception. Ce qui justifie le refus absolu de l’avortement : on ne sait pas à quel moment attenter à la vie de l’embryon devient une atteinte à une personne humaine, donc il faut prendre l’hypothèse la plus prudente.
• L’âme (pneuma) est immatérielle. Elle n’est pas le produit neurologique ou chimique du corps.
• A la mort, c’est quand l’âme quitte le corps que la personne est morte. La mort cérébrale n’est donc pas la mort pour l’Eglise catholique. Il faut vraiment un arrêt cardiaque et respiratoire prolongé et que le souffle de vie ait réellement disparu de façon irréversible pour que la personne soit morte. Se fonder sur la mort cérébrale est donc créer des conflits éthiques, par exemple lorsque des tentatives de prélèvements d’organes ont lieu sur une personne ayant été déclarée en état de mort cérébrale et n’étant pas morte au sens de la disparition de son souffle de vie.
• La Tradition affirme que l’âme quitte le corps à la mort et séjourne au Purgatoire, au Paradis ou en Enfer, dans l’attente du Dernier Jour. Au Dernier jour, le Christ reviendra « juger les vivants et les morts » (Mt 25) et ressusciter les morts. La résurrection « de la chair », comme le dit le Credo, signifie que l’âme réintègre son corps et que c’est corps et âme que la personne est reçue dans la béatitude divine. L’Apocalypse parle de la « seconde mort » pour les personnes damnées suite à ce Jugement dernier pour l’éternité, loin de la présence de Dieu.
• La résurrection signifie donc que la personne humaine est appelée à être corps et âme, dans la béatitude divine, pour l’éternité. C’est donc l’ensemble de la personne qui est sauvée. St Thomas d’Aquin explique en effet, dans la Somme contre les Gentils, que l’homme est créé corps et âme, contrairement aux autres créatures matérielles, qui n’ont pas d’âme, ou aux anges, qui n’ont pas de corps. Si seule l’âme restait immortelle, sans résurrection des corps, une personne humaine serait, en quelques sortes, incomplète. Ce n’est pas le plan de Dieu.
• Cela rend donc totalement incompatible la foi chrétienne avec toute idée de transmigration des âmes et réincarnation. L’âme est celle d’une personne unique. Au baptême, c’est d’ailleurs une personne corps et âme qui est baptisée et appelée par son nom. C’est donc la totalité de la personne qui est appelée au salut.
• Cela implique le respect absolu du respect du corps humain, même mort, contre toute mutilation non justifiée par des soins médicaux, prostitution, euthanasie, prélèvement d’organe non consenti, profanation. La volonté des transhumanistes à vouloir « enregistrer » le contenu du cerveau humain va donc aussi contre l’intégrité de la personne.
• Enfin, la foi de l’Eglise tient la tension entre une âme immortelle qui est déjà en présence de Dieu ou non, et le rétablissement de la totalité de la personne humaine à la résurrection des corps au Dernier jour.

G. Sources-Aides
• Notes de Jean Marie Martin sur le blog la christité
• Wikipédia problème corps-esprit-âme
• Wikipédia Origène ; St Augustin d’Hippone
• Wikipedia : Dualism
• Corps Âme Esprit par un Catholique: Choisir la guérison par Jérôme Rousse-Lacordaire
• Jacques Dupuis, « L'esprit de l'homme». Étude sur l'anthropologie religieuse d'Origène
• Forum Ephrata : corps-âme-esprit
• Forum cité catholique : différence entre âme et esprit
• Catéchisme de l’Eglise Catholique
• Prière de Saint- Thomas d’Aquin avant l’étude…
http://www.reponses-catholiques.fr/ame-et-corps-2/
et d'autres...
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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par hussard » lun. 04 juil. 2016, 15:16

Je précise à titre d'information que l'interprétation tripartite, d'origine gnostique (et donc pas catholique) définit :
  • Âme : correspond à l'âme chrétienne ;
  • Esprit : "principe de vie" serait un élément à mi-chemin entre le corps et l'âme, qui correspondrait à l'énergie vitale d'un individu. Il s'agit en fait d'un élément plutôt invisible davantage lié au corps qu'à l'âme ;
  • Corps : correspond au corps chrétien.
Cette interprétation est tout à fait différente de la vision catholique traditionnelle qui interprète au contraire l'esprit comme le cœur intime de l'âme, là où les gnostiques interprètent l'esprit comme plutôt la partie intime (invisible) du corps.
« Sufficit Tibi Gratia Mea » St Paul (2 Co XII:9)
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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par Cepora » lun. 18 juil. 2016, 14:35

Bonjour

La tradition chrétienne a toujours affirmé que l'homme était composé de deux éléments, le corps et l'âme. Elle a condamné les théories selon lesquelles il serait composé de trois éléments créés : le corps, l'âme et l'esprit. Souvent, les saints Pères entendent par esprit la partie supérieure de l'âme sans en faire un troisième élément constitutif.

Concernant l'âme humaine, elle est immatérielle. Certains parmi les saints Pères disent qu'elle est composée d'une « matière subtile ». Selon saint Grégoire de Nysse, l'âme ne préexiste pas au corps mais elle vient à l'existence en même temps que le corps, dès la conception. L'embryon possède donc une âme immortelle et a une destinée éternelle.
Toujours selon les saints Pères, l'intellect serait une des facultés de l'âme parmi d'autres.
Ainsi, l'âme possède diverses fonctions sensibles et intellectuelles parmi lesquelles on trouve l'imagination, la mémoire, le désir, la connaissance, la volonté, la décision...
Enfin, il ne sera pas inutile de préciser que l'âme humaine est dite « raisonnable » (cf. Symbole de Chalcédoine).

Concernant le corps, il est appelé à exister selon deux états différents.
Dans son état présent, le corps est « psychique » et corruptible, il est soumis à une condition marquée par la chute. Cependant, cet état corporel est loin d'être purement négatif, car ce corps peut et doit devenir un auxiliaire de l'âme dans son combat spirituel et sa recherche éperdue de Dieu. Ainsi, le corps a dans son état présent une réalité ambiguë, il est à la fois un ami et un ennemi, selon ce qu'en disait saint Jean Climaque (cf. L'Échelle sainte).
Après la résurrection, le corps aura un état différent, il sera un corps « spirituel ». Mais il n'en gardera pas moins sa forme humaine.

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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par saperlipopette » lun. 01 août 2016, 10:44

merci à Hussard et cepora. C'était vraiment embrouillé dans ma tête.
A cepora: pouvez vous préciser quels pères de lEglise et quels œuvres expliquent cela?
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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par hussard » lun. 01 août 2016, 11:42

C'est le quatrième concile de Constantinople qui fixe la dichotomie.

À noter que ce Concile est généralement reconnu par les Eglises orthodoxes bien que ne faisant pas partie des 7 premiers conciles.

Si l'Eglise enseigne la dichotomie corps / âme, il est à noter que l'âme possède 3 degrés : âme végétative, âme animale, âme spirituelle. L'âme végétative correspond grosso modo à la notion d'"esprit".
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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par Cornelius » lun. 01 août 2016, 13:39

hussard a écrit :C'est le quatrième concile de Constantinople qui fixe la dichotomie.

À noter que ce Concile est généralement reconnu par les Eglises orthodoxes bien que ne faisant pas partie des 7 premiers conciles.

Si l'Eglise enseigne la dichotomie corps / âme, il est à noter que l'âme possède 3 degrés : âme végétative, âme animale, âme spirituelle. L'âme végétative correspond grosso modo à la notion d'"esprit".
Savez-vous sur quels textes l'on s'est basé pour affirmer la dichotomie ? Et les trois degrés d'âme dont vous parlez c"est de l'aristotélisme, non ? L'Eglise a repris cette distinction ?

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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par hussard » lun. 01 août 2016, 14:04

Bonjour,

au temps pour moi : je me suis trompé.

Le IVème Concile de Constantinople n'est pas reconnu par les Eglises orthodoxes.

En effet, ce IV Concile de 869/870 a été annulé dix ans après par le Concile de 879/880 (également à Constantinople).

Ce Concile de 879/880 est celui qui ratifie le Concile de Nicée (787) et annule celui de 869. Or, l'Eglise catholique ne reconnaît pas ce Concile (je ne sais pas pourquoi).

Mais je confirme que les orthodoxes reconnaissent également la dichotomie de la nature humaine.

Le Concile de Chalcédoine (451) reconnu par les catholiques comme les orthodoxes souligne que :
Concile de Chalcédoine (451) a écrit :. Suivant donc les saints Pères,
2. confesser un seul et le même Fils,
3. Notre Seigneur Jésus-Christ,
4. nous l'enseignons tous unanimement
5. le même parfait en divinité,
6. le même parfait en humanité,
7. vraiment Dieu et vraiment homme,
8. le même composé d'une âme raisonnable et d'un corps
La théologie de la dichotomie de la nature humaine est basée sur la Bible, et notamment le Nouveau Testament. C'est donc une tradition apostolique.
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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par Xavi » lun. 01 août 2016, 16:05

Même grosso modo, il me semble que la vieille notion d’âme végétative ne correspond guère à la notion d’esprit et n'a pas été reprise par l'Eglise.

Que dit l’Ecriture ?

La création de l’humain y est décrite comme étant la création d’une âme par un souffle spirituel dans un corps :
Gn 2,7 : Alors Yahvé Dieu modela l’homme (litt. : l’humain) avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie (litt. : un souffle de vie) et l’homme devint un être vivant (litt. : une âme vivante)
1Thess 5,23 : Que votre être entier, l’esprit, l’âme et le corps soit gardé sans reproche

Selon St Augustin, « Le souffle de Dieu vint ajouter le sens et la raison à l'âme vivante, lorsqu'en vertu de cette insufflation l'homme fut fait âme vivante, non pas que le souffle eût été changé en âme vivante, mais il agit sur l'âme vivante. Jusque-là néanmoins nous ne devons pas encore voir l'homme spirituel dans celui qui a été fait âme vivante, mais toujours l'homme animal: il ne devint spirituel que quand placé dans le Paradis, c'est-à-dire mis en possession d'une vie heureuse » (De la genèse, 208, Chap. 8, 10).

Que dit le Catéchisme de l'Eglise ?

n° 355 : « L'homme tient une place unique dans la création : il est à l'image de Dieu; dans sa propre nature il unit le monde spirituel et le monde matériel. »

n° 362 : « La personne humaine, créée à l'image de Dieu, est un être à la fois corporel et spirituel. »

n° 364 : « Le corps de l'homme participe à la dignité de l'"image de Dieu" : il est corps humain précisément parce qu'il est animé par l'âme spirituelle »

n° 365 : « c'est grâce à l'âme spirituelle que le corps constitué de matière est un corps humain et vivant; l'esprit et la matière dans l'homme, ne sont pas deux natures unies mais leur union forme une unique nature. »

Le corps, c’est une réalité matérielle. Mais, le corps n’est pas que matériel. Notre cerveau matériel détermine aussi notre caractère, notre sensibilité, notre intelligence, notre affectivité.

L’esprit que Dieu a insufflé en nous et l’Eden, la réalité spirituelle de Dieu, dans lequel il a plongé nos premiers parents créés à son image, ne peuvent pas être clairement compris par le cerveau de notre corps. Mais, nous savons que ce souffle spirituel divin est la source de notre être.

L’âme, c’est le produit de la rencontre de cet esprit qui vient de Dieu et d’un corps matériel humain qui a été lentement façonné dans la création de Dieu depuis le Big Bang.

Il me semble qu’une image pertinente pour comprendre ce qu’est l’âme, qui est une réalité spirituelle dans et par un corps, c’est celle d’une sculpture (l’âme) dans un moule (le corps) par un « matériau » (l’esprit). Désolé pour cette inévitable contradiction qui matérialise ce qui est spirituel pour présenter une image…

Imaginez le corps humain comme un moule. Chaque corps humain, qui est le produit absolument unique d’une lignée de millions de combinaisons successives depuis le Big Bang, est comme un moule original, différent pour chacun.

Imaginez l’esprit comme un matériau liquide d’une sculpture qui prend exactement et parfaitement la forme du moule jusque dans ses moindres détails et qui se solidifie de manière définitive dans le moule.

Si vous retirez le moule, vous gardez une sculpture qui correspond parfaitement au moule et à lui seul.

Cette sculpture dont la matériau est spirituel, c’est l’âme, c’est la personne humaine. Son corps (le moule) peut être détruit lors de notre mort physique, mais l’âme spirituelle de ce corps garde la forme de ce corps et d’aucun autre. A la résurrection, chaque âme retrouvera et ne peut retrouver que son propre corps, même s’il sera d’une nature autre.

L’âme spirituelle, la personne, « moulée » dans un corps ne peut être créée sans ce corps personnel dans lequel elle a été façonnée. Cette âme spirituelle ne peut davantage exister sans l’esprit insufflé dans ce corps.

Corps, âme et esprit définissent ainsi chaque humain de manière indivisible.

Sans esprit, il n’y a qu’un corps matériel et animal, même s’il peut être très intelligent et plein de sensibilité.

Sans corps, il n’y a pas d’humain.

L’humain, c’est une âme qui est créée au moment de la conception de chacun de nous, lorsque l’esprit insufflé par Dieu dans l’humanité rencontre un nouveau corps humain façonné par Dieu, lors de la fusion des gamètes provenant de chacun de ses père et mère.

On peut parler des âmes pour désigner les personnes. L’âme, c’est la personne.

Selon le texte de la Genèse qui utilise le même mot pour les animaux et pour les humains, les animaux ont aussi une « âme » immatérielle, mais elle n’a pas d’existence distincte du corps. L’âme animale, au contraire de l’âme humaine, n’a pas de subsistance personnelle sans corps vivant. Par contre, notre âme humaine, c’est nous. Elle est créée immortelle. Elle subsiste au-delà de notre mort physique. Elle correspond à un corps, son corps. Les âmes des humains défunts demeurent actuellement dans l’attente de la résurrection des corps. Chaque âme va retrouver son propre corps, même s’il aura dans la résurrection une nature différente de celle que nous connaissons. Quelle que soit la réalité corporelle, celle d’aujourd’hui ou celle de la résurrection, à chaque âme correspond un corps, un seul, qui n’est celui d’aucune autre âme.

L’esprit, c’est une faculté. C’est une faculté de connaissance et d’amour. C’est ce qui nous permet d’être en communion avec Dieu. C’est l’équivalent, pour connaître le monde immatériel de Dieu et être en rapport avec Dieu, de ce qu’est le corps pour connaître le monde matériel et être en rapport avec lui.

Par le corps, nous pouvons connaître tout ce qui est de ce monde terrestre, y compris les réalités immatérielles de ce monde. Par l’esprit que Dieu a insufflé dans tout humain, son âme peut connaître tout ce qui est du monde de Dieu.

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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par saperlipopette » jeu. 25 août 2016, 11:32

Bonjour,

excusez moi de répondre aussi tard,

oui en fait c'est une querelle de mots: âme veut dire plusieurs choses (en hébreu? à la fois le corps et l'âme)
et esprit veut dire plusieurs choses: le psyché grec (la partie de l'âme végétative)
et "la pointe fine de l'âme", la partie spirituelle.

Merci à tous
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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par Xavi » ven. 09 juin 2017, 16:46

Une querelle de mots ? Oui, c’est parfois cela ! Mais, on touche bien cependant à l’essentiel de ce que nous sommes et cela mérite toute notre attention.

Je viens de relire ce sujet recomposé après fusion et il me semble que l’esprit de l’homme (qui peut recevoir l’Esprit Saint) reste une réalité difficile à ne pas confondre avec son âme.

La question est au cœur de notre être et de ce qui nous différencie des animaux, mais elle est aussi une question centrale pour comprendre ce que fut la création de l’humanité, en quoi Adam et Eve furent une création nouvelle, des enfants de Dieu faits à son image, en quoi Dieu lui-même a pu s’incarner dans une telle créature.

Dans la création, le récit de la Genèse nous montre que les animaux sont produits par la terre. C’est de la terre seule que Dieu fait advenir la vie des animaux.

Par contre, pour l’homme créé à l’image de Dieu, la Genèse nous révèle que Dieu fait advenir la vie humaine par son propre souffle. Ce souffle ne dépose aucune matière supplémentaire, mais il donne à l’âme humaine sa réalité particulière en ce qu’elle est façonnée en même temps par ce souffle spirituel de Dieu et par son corps naturel. L’âme humaine qui advient à la vie s’en trouve ainsi façonnée d’une manière qui la crée tant spirituelle que terrestre.

Chaque humain est ainsi le produit unique d’un corps unique qui est le résultat naturel d’innombrables croisements généalogiques et d’un esprit insufflé par Dieu lors de la création de l’humanité puis transmis sans interruption à tous les descendants biologiques d’Adam et Eve.

Dans chaque âme humaine, il n’y a pas que la sensibilité ou l’intelligence qui provient d’un cerveau naturel. Il y a aussi la marque du souffle spirituel qui a créé l’humanité : c’est l’esprit humain.

Certains messages de ce sujet me semblent confondre cet esprit de l’homme avec son intelligence, sa raison, voire sa sensibilité alors que notre cerveau terrestre, qui détermine aussi ces capacités, est parfois faible ou malade, au contraire de l’esprit inaltérable qui vient de Dieu et nous rend immortel.

Ne confondons jamais l’esprit humain insufflé par Dieu avec les capacités intellectuelles, psychologiques et affectives de notre cerveau qui sont variables et affectées par la précarité de notre corps naturel. Ces capacités sont quasi imperceptibles chez l’embryon au début de la vie et parfois extrêmement dégradées par de la sénilité à la fin de l’existence naturelle, alors que l’esprit transmis dès la conception ne cesse jamais d’être présent et inaltérable.

Dans des messages de ce sujet, j’ai trouvé de très belles observations sur l’esprit mais elles sont parfois attribuées à l’âme, ce qui n’est pas faux puisque l’esprit est indissociablement dans l’âme, mais cela maintient parfois de la confusion, car l’âme est la personne résultant de sa double nature terrestre (le corps) et spirituelle (l’esprit). Elle procède autant de son corps que de son esprit, puisque c’est précisément l’union de son corps (qui vient de la terre) et de son esprit (qui vient de Dieu) qui constitue son être.

Dans ce qui fait exister chaque personne, chaque âme, Pneumatis observe qu’il « faudrait nécessairement distinguer le principe animal (qui anime le corps) et le principe spirituel (qui relie à l'Esprit ...). Dans ce cas, seul le principe spirituel est immortel. C'est pourquoi nous sommes destinés à l'immortalité. Mais les animaux, eux, meurent quoiqu'ils fassent » car « Les animaux n'ont pas un "statut spirituel" différent de n'importe quel arbre, fleur ou caillou de la création ».

Ti hamo observe que « notre âme connaît, pense et agit, par son corps. Nos connaissances nous viennent (à l'âme, donc) par nos sens, corporels », mais que « Au-delà de cet ordre naturel, il y a l'ordre surnaturel, et Dieu peut choisir de s'adresser ou de se faire connaître directement à l'âme ». Il y a ainsi deux canaux de connaissance.

C’est par l’esprit que la connaissance spirituelle peut parvenir. C’est par l’esprit qu’aujourd’hui encore, l’Esprit peut être reçu en chacun de nous.

Angelo propose l’image suivante : « Je prendrais, pour tenter d'expliciter au mieux ma pensée, l'exemple de la circulation sanguine. En effet, le sang part du coeur et circule dans notre corps à travers de multiples canaux irrigant ainsi nos organes et leur fournissant ce dont ils ont besoin afin d'assurer leur fonctionnalité. Cet échange qui va du coeur vers le corps se fait par l'artère. Ensuite, après avoir utilisé ce dont ils ont besoin, les organes libèrent d'autres substances dans le sang qui est renvoyé vers le coeur par le biais des veines. Ces substances permettent alors au coeur de fonctionner et de renvoyer le sang, et ainsi de suite. Maintenant, imaginons que le coeur, c'est Dieu. Dieu cherche à envoyer des Grâces, de l'Amour, ... à l'homme, autrement dit, il veut nous donner un peu de ce qui le constitue afin que nous vivions en lui. ».

Il ajoute « A présent, prenons l'âme comme ces canaux d'irrigation », mais, ici, il me semble plus juste et plus précis de dire que les canaux d’irrigation par lesquels Dieu agit, c’est l’esprit de l’âme, de la personne. L’âme, c’est la personne issue du corps et de l’esprit qui la forment. Dans l’image proposée par Angelo, l’esprit est « l'artère, les vaisseaux sanguins et les veines », « un moyen d'échange entre Dieu et nous ».

Comme le considère Gerardh, l’esprit est la « partie de l’homme par laquelle il a conscience de Dieu » et Griffon a considéré de même que « L'esprit est la marque de Dieu en nous. Il permet de Le comprendre et de L'aimer. ».

Hélène distingue l’esprit des facultés psychiques de l’âme : « intelligence, volonté, mémoire, imagination, affectivité », pour observer ensuite avec clarté que l’esprit humain « C'est le sanctuaire sacré, le lieu le plus secret où l'Homme est seul avec Dieu et peut entendre sa voix. La Bible le nomme le "coeur" de l'Homme (non pas le palpitant). Vatican II parle de la conscience. C'est l'esprit qui nous différencie des animaux ».

C.J. a des paroles très justes : « L’esprit est l’élément de l’homme qui lui permet d’avoir une relation intime avec Dieu.
... L’homme a un esprit, mais l’homme est une âme.
... Quand le mot « âme » est utilisé, il est fait référence à la personne toute entière, vivante ou après sa mort.
Il importe de comprendre que tous deux font référence à la partie immatérielle de l’humain, mais que seul l’esprit désigne le chemin de l’homme avec Dieu.
»

C’est une très belle observation : l’esprit est un « chemin » qui permet à l’âme humaine d’être en relation avec Dieu.

L’esprit que Dieu a créé en l’homme est le chemin d’accès à l’amour de Dieu, mais aussi le chemin par lequel Dieu se fait proche de chacun de nous.

Hélène rappelle que « l'esprit est ce que Thérèse d'Avila nommait "la fine pointe de l'âme" ».

Mais, hélas, comme C.J. le relève, « Toutefois, dans les Ecritures, seuls les croyants, ceux qui sont habités par le Saint Esprit, sont « spirituellement vivants » (1 Corinthiens 2:11 ; Hébreux 4:12 ; Jacques 2:26). Les incroyants sont spirituellement morts (Ephésiens 2:1-5 ; Colossiens 2:13). Dans les écrits de Paul, « l’esprit » est central à la vie spirituelle du croyant (1 Corinthiens 2:14 ; 3:1 ; 15:45 ; Ephésiens 1:3 ; 5:19 ; Colossiens 1:9 ; 3:16). ».

Le « chemin » de notre esprit façonné pour notre relation avec Dieu peut, hélas, être délaissé, nié, rejeté. Ce chemin qui nous permet de recevoir Dieu, de faire circuler la vie entre Lui et nous, de l’entendre, est obstrué par le péché originel et peut être rendu inerte par l’homme.

Mais, n’oublions jamais que l’esprit insufflé par Dieu, puis transmis à tous les descendants d’Adam et Eve, fait de nous tous des enfants de Dieu et nous façonne immortels, capables d’une communion d’amour éternelle avec notre Créateur.

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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par saperlipopette » sam. 10 juin 2017, 17:14

Il y aurait donc l'âme, union du corps charnel et de l'esprit qui vient de Dieu, lequel esprit nous rend immortel puisqu'il est le lien entre nous et Dieu.

Et si l'on a besoin, comme moi, de placer tout en cases et sous cases, j'imagine donc que chacun peut placer, au gré de son envie, les facultés sensitives, intellectuelles, etc. purement humaines caractérisées par le cerveau soit dans une troisième partie de l'âme, soit dans le corps? :D

Je conclus avec Benoît XVI qui m'a beaucoup aidé:
L’âme et « la capacité de Vérité », ou plutôt « la vocation à entrer dans un dialogue indestructible avec la Vérité éternelle et l’Amour »sont des formes d’expression d’une unique et même réalité. L’âme n’est pas un « quelque chose occulte » que l’on a, une parcelle de substance, qui serait cachée quelque part dans l’homme. Elle est la dynamique d’une ouverture infinie, qui signifie en même temps une participation à l’Infini, à l’Eternel. (…) Cette dynamique, si fragile soit-elle, est cependant l’être même qui perdure. La dynamique est la substance et la substance est la dynamique. Cette réalité fondamentale qui caractérise réellement l’humain est appelée « âme ». Ce qui suppose que nous ne pensions plus la substance à partir de l’en bas, de « la masse », mais comme venant d’en haut, de la dynamique de l’action de l’Esprit.
Benoît XVI, Credo pour aujourd’hui, p. 196-197
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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par Xavi » sam. 10 juin 2017, 19:12

Bonsoir Saperlipopette,

Merci beaucoup de citer cet excellent ouvrage du pape Benoît XVI que toute personne intéressée par la foi catholique serait heureuse de lire tant il parvient à la présenter de manière lumineuse et accessible.

Un de mes fils vient justement d’en achever la lecture cette semaine avec enthousiasme.

Certes, le passage que vous citez est cependant ardu car votre citation est limitée et sortie des explications qui l’entourent.

Mais l’extrait que vous reproduisez est très pertinent pour éclairer notre sujet, même s’il n’évoque pas directement « l’esprit » de l’homme que le Pape ne dissocie pas de son âme.

Le Pape introduit l’extrait que vous citez par un questionnement « qu’est-ce qui rend effectivement l’homme immortel ? Ce qui rejoint l’autre question : comment définir ce qui différencie l’homme, quel est le caractère « humain » de l’être humain, quelle est en définitive la spécificité de l’homme ? » qui lui permet d’observer que « la différence réside dans le fait que l’homme est une personne, qu’il est capable de Dieu… Celui qui est en dialogue avec Dieu ne meurt pas » (Credo pour aujourd’hui, p. 196).

C’est bien l’objet de la réflexion dans ce sujet qui réfléchit au souffle spirituel qui a créé l’homme et qui le caractérise comme un être spirituel immortel.

Comme vous le considérez, « Il y aurait donc l'âme, union du corps charnel et de l'esprit qui vient de Dieu, lequel esprit nous rend immortel puisqu'il est le lien entre nous et Dieu ».

Le Pape en parle comme d’une « dynamique », une « capacité de vérité » qui est telle qu’elle est « l’être même qui perdure », sa « substance ».

Dans l’extrait du livre du pape Benoît XVI que vous citez, le Pape considère l’esprit humain comme une « dynamique de l’action de l’Esprit » qui caractérise l’âme humaine.

Les choses de ce monde passent, mais la « dynamique de l’action de l’Esprit » dans un corps naturel caractérise l’âme humaine immortelle.

Nous percevons sans hésitation la personne lorsque nous la voyons physiquement, lorsque nous voyons son corps. Le corps est la personne. Mais, le Pape nous entraîne plus profondément dans ce qu’est une personne.

Comme vous l’imaginez, il est, en effet, possible de considérer « les facultés sensitives, intellectuelles, etc. purement humaines caractérisées par le cerveau » de deux points de vues différents, « au gré de son envie », soit « dans une troisième partie de l'âme » (lorsque vous essayez d’observer comme une troisième partie la jonction du corps et de l’esprit qui forment une âme), soit « dans le corps » (lorsque vous observez ces mêmes facultés avec le regard d’un psychologue, d’un psychiatre ou d’un autre point de vue terrestre).

Et le Pape nous invite, bien sûr, dans la « fine pointe » spirituelle de l’âme.

Il est utile, à cet égard, de compléter la fin de votre citation dans laquelle le Pape nous montre que la personne, sa « réalité fondamentale qui caractérise l’humain » qui est appelée « âme », est bien davantage que ce qui vient du corps, « ce qui suppose que nous ne pensions plus la substance [la personne, l’âme] à partir d’en bas, de la « masse » [du corps, de la réalité terrestre], mais comme venant de l’action de l’Esprit, et enfin que nous cessions de considérer « la masse solide » comme ce qui est vraiment réel, car c’est l’inverse qui est vrai » (p. 197).

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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par saperlipopette » lun. 12 juin 2017, 20:18

Mais je ne vois pas pourquoi on appelle l'être du nom d'âme. S'il est le nefesh hébraïque, c'est-à-dire l'être vivant, pourquoi traduire nefesh en "âme"?

Vous citez: "Gn 2,7 : Alors Yahvé Dieu modela l’homme (litt. : l’humain) avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie (litt. : un souffle de vie) et l’homme devint un être vivant (litt. : une âme vivante)"

Pourquoi traduire littéralement "nefesh" par âme vivante? être vivant convient mieux, puisque de toutes façons, pour la majorité des gens, âme ne signifie pas personne!
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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par saperlipopette » lun. 12 juin 2017, 20:53

J'ai une piste:

http://croire.la-croix.com/Definitions/ ... -que-l-ame
Pour comprendre le sens du mot "âme", il faut peut-être partir d'une "vision biblique de l'anthropologie", plutôt que d'une "vision chrétienne". Celle-ci a été très marquée par le dualisme grec : l'homme est composé d'un corps et d'une âme. À l'inverse, la Bible, ne fait pas de ce "et" une séparation. Dans la vision biblique, l'homme est "corps animé" : le spirituel est lui-même charnel (Péguy)
Le nefesh est traduit par l'auteur comme un corps animé, c'est-à-dire pas une âme. Les traducteurs occidentaux auraient-ils confondus nefesh et âme parce que la Bible n'opposerait pas l'âme et le corps? Mais il est pourtant évident qu'il s'agit du mot "être vivant" ou "corps animé" et non pas âme!
:francais: :zen: Je suis perdue!

D'autres parts, est-ce qu'une âme charitable et érudite voudrait bien m'expliquer la différence entre neshama et ruah d'un point de vue purement biblique, c'est-à-dire sans les fioritures qu'apporta la Kabbale après JC? Ils sont pour moi quasi synonymes...
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Re: L'âme, l'esprit et le corps

Message non lu par gerardh » lun. 12 juin 2017, 22:45

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Ame = anima (d'où vient animal) = animer = donner la vie.


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