Cher Théophane,
J'ai lu, et sur votre proposition relu le texte Salvifici Doloris
http://www.vatican.va/roman_curia/ponti ... is_fr.html
"En expliquant la valeur salvifique de la souffrance, l'Apôtre Paul écrit: « Je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Eglise »
"l'Apôtre écrit-il: « Je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous »(2). La joie vient de la découverte du sens de la souffrance, et même si Paul de Tarse, qui écrit ces paroles, y participe d'une manière très personnelle, cette découverte vaut en même temps pour les autres."
"On peut dire que l'homme souffre lorsqu'il éprouve un mal, quel qu'il soit."
Si la vocation du Christ, donc de Nous en Christ est de porter l'humanité et donc avec Nous toute la création vers un plus grand bien, dans ce cas, la souffrance prend un sens bénéfique en notre vocation christique pour celui qui s'engage pleinement en sa foi.
Je constate que tout être humain cherche à donner un sens à sa souffrance, et qu'alors que la souffrance prend sens, elle lui permet de demeurer humain. Mais une souffrance non assumée, ou négativement assumée peut conduire à l'inhumanité.
Parfois le souffrance prend sens négativement, elle accuse et porte accusation et engendrera alors des germes de haine, de violence destructrices ou suicidaires.
J'ai tiré de ce texte un enseignement édifiant pour moi. Mais je ne reconnais pas en l'esprit de ce texte, le même esprit que celui de votre maître.
Saint Josémaría Escrivá a aussi écrit : "Dieu est mon Père même s'Il m'envoie des souffrances, Il m'aime tendrement alors même qu'Il me blesse".
Le sens que prend pour moi la souffrance en Christ n'est pas d'avoir été envoyé par le Père qui m'aime, mais bien que j'accueille librement cette souffrance en Christ pour compléter notre œuvre christique.
En Christ, ma souffrance prend un sens salvateur.
Cette petite nuance me semble t'il change tout. Qu'en pensez-vous ?
Car la formulation de Josémaria Escriva prête à proposer le Père comme la cause de la souffrance subie. C'est comme si un enfant apprenait que sa mère qui l'aime était la cause des souffrances de son enfant, c'est insensé.
Pire, c'est révoltant, n'est ce pas ? C'est quoi cet amour là, du sado masochisme ?
Par contre la présence réconfortante, attentive, la compassion de la mère auprès de l'enfant souffrant donne alors sens à cette souffrance autant pour l'enfant que pour la mère, par le fait même que la souffrance de l'enfant révéle l'amour infini qui relie la mère à l'enfant.
De même ma souffrance peut porter à révéler l'amour du Christ en moi.
C'est ainsi que je le vois.
Cordialement
Christian
"Là où la lumière éblouie et dessèche, j'apporte de l'obscurité, là où l'obscurité perd et refroidit j'apporte de la lumière, c'est plus fort que moi." Canard boiteux