Pour expliquer le mal (au moins en partie, j'espère), j'aurai déjà fait valoir une certaine nécessité à quelque part. Oui, une nécessité mais une nécessité qui ne fait pas de Dieu le responsable en soi du péché, et ni de la nature même des créatures une obligation pour elles à ce qu'il y ait du péché ici et là.
Didyme :
Il savait que le créé de par son infirmité finirait inévitablement par chuter et en avait donc prévu l'aboutissement par la résurrection permise par l'incarnation.
Non, Didyme, je regrette mais
ton idée qui consiste à dire que la nature crée par Dieu serait infirme, boiteuse, défectueuse, trop limité et tout ne rencontre pas ce qui est dit dans les Écritures. Que tu le veuilles ou non mais avec ça : tu en arriverais à rendre Dieu responsable du mal, du péché. "
Si je pèche, c'est de la faute à cette nature dont Dieu m'a doté".
Le Père Adam fautif disait que s'il avait mal fait c'était à cause de cette femme que Dieu avait mise à côté de lui. Autant de façon d'accuser Dieu explicitement ou implicitement.
Non
Non, la Bible raconte que la création qui sort des mains de Dieu est bonne. Il n'y a pas de "poison de mort" dans cette création, fera remarquer le livre de la Sagesse qui est l'un des derniers livres de la Bible. On ne peut pas rendre notre nature responsable d'un quelconque gâchis.
Mon idée
Mon idée c'est plutôt la peur qui saisi la créature intelligente et à la vue de ce que Dieu lui demande. Et qu'est-ce que Dieu demande à ses créatures intelligentes ? Dieu demande à ses créatures intelligentes de participer à sa vie divine, d'entrer dans sa dynamique de vie trinitaire, qui est une intensité de vie supérieure, d'accéder au véritable Amour qui est en même temps une sorte d'oblation, de dissolution de soi-même dans la vie d'un autre.
Dieu demande à une créature intelligente qui est "bonne dans son ordre crée" de bien vouloir accepter de se départir de tout ce bien qu'elle a déjà reçue, afin de pouvoir accéder à la marche la plus haute (la vie éternelle, l'amour qui ne passera point, etc.)
Prise de panique à l'idée de perdre, devoir sacrifier ce qui fait sa vie jusque là (une reconnaissance, une position, une liberté, une richesse, un don, un plaisir, etc.), la créature cherche alors à s'agripper à ce qu'elle connaît, qui paraît beaucoup plus rassurant que de devoir entrer dans une
terra incognita, sans garantie et comme sur la seule parole de Dieu. La peur incite la créature à décliner l'offre. Il me semble que c'est bien là ce que la Bible nous fait voir. Il y a des invités à un banquet qui se déroberaient à l'invitation ...
Faut voir
Le serpent antique fait valoir comment Dieu serait une menace vitale pour le mieux être de ses créatures. Avec son exigence, Dieu ne serait pas si bon que cela. Dieu pourrait empêcher de vivre ses créatures. "Sauve qui peut !" Autant se servir soi-même à pleine main. Ne pas attendre. Prendre soi-même (désir de s'emparer, contrôler) plutôt qu'accepter de recevoir ces dernières demandes de Dieu.
La définition du péché est telle que vue dans le récit biblique de la libération d'Égypte. C'est lorsque les hébreux commencent à prendre pied l'autre bord de la rive, commencent à calculer toutes les pertes qu'ils viendraient de faire, apercevant leur état de dénuement et que la peur s'insinue. Il s'élève un murmure contre Moïse. On commence à redouter le fait que ce Dieu pourrait ne pas être un Dieu si bon que cela. Le dessein de ce Dieu pourrait être de conduire les hébreux dans le désert afin de les y faire mourir. Dieu pourrait vouloir leur perte.
- "Es-tu venu pour nous perdre ?", s'écrie l'esprit impur dans la synagogue le jour où Jésus s'amène, fait lecture d'Isaïe et déclare que la prophétie est accomplie.
Le mécanisme de la peur peut apparaître comme étant à la racine du péché.
Et une nécessité
La nécessité ? Dieu, pour créer un être qui soit "réellement autre que Lui-même" n'en peut que créer une créature qui ne soit pas Dieu. Et pour que cette créature "réellement autre" puisse quand même accéder à la vie même de Dieu, il en nécessite bien qu'elle acceptasse volontairement de se déloger d'elle-même. Tout simplement parce que c'est la dynamique même de la vie trinitaire. La demande paraît exorbitante (accepter de perdre sa vie, sauter de la barque, tout donner ...)
La foi représente tout juste le contraire de la peur. cf. "peur" = peur de se faire escroquer, mentir, rouler, exploiter; peur de devoir sacrifier du bon au profit d'un truc moins bon, peur de mourir littéralement; peur de "ne plus se reconnaître", peur de perdre le contrôle, peur de se retrouver dans une situation non pas meilleure mais pire, peur de ne plus rien comprendre à rien, peur de déchoir, peur de perdre sa place, peur de se retrouver isolé, peur d'avoir mal, peur de la folie, etc.
Le péché vient s'insinuer en terme de méfiance dans la relation, et parce que la relation exige bien une sorte de saut qualitatif dans la confiance envers un autre. Or la nécessité pour la créature de devoir faire ce saut sans parachute vient ouvrir la porte à la possibilité du péché, qui est de l'ordre du refus. La créature qui se dérobe à Dieu de quelque manière = refus.
On ne parlerait pas de péché comme on le fait dans le christianisme (de refus, etc.) à mon avis, si Dieu se contentait de créer des créatures dans une sorte d'ordre qui serait complètement fermé et où il ne serait jamais question pour personne de pouvoir accéder à la vie divine. On pourrait toujours bien parler d'erreur, de bévue, de maldonne, d'une faute induite par la méconnaissance ou l'ignorance de ci ou ça, transgression ponctuelle d'une loi quelconque,
mais non pas du péché comme on le fait dans l'Église, en terme de décision irrémissible, choix dramatique, volonté de se soustraire à ...
refus de vouloir entrer dans la relation.
Le type de relation "dévorante" dans laquelle Dieu souhaite que sa créature intelligente puisse entrer (pour son bien à elle !) a aussi pour effet de "mettre les jetons" à beaucoup. C'est aussi une donnée biblique fondamentale que Dieu peut "ficher la trouille" à l'un et à l'autre. La Sainteté du vrai Dieu peut parfois faire dresser les poils sur le corps même aux meilleurs.
Un Jean Paul Sartre ne voulait rien savoir du Dieu de la Révélation. Pourquoi ? Parce que de la manière dont il entendait les choses par rapport à ce Dieu, il comprenait qu'il ne pourrait plus jamais être lui-même, plus jamais demeurer lui-même. En somme, le Dieu évoqué aurait été une menace vitale d'aliénation. Il préférait dire : "Non merci !" Dieu ne rimait plus pour lui avec liberté mais avec esclavage. Une menace ...
Le type de la parabole qui a préféré enterrer son talent au lieu de le faire fructifier agit de la sorte parce qu'il redoute Dieu. Il est dans la méfiance envers cet "Autre". Le type préfère ne pas s'engager, ne pas être impliqué là-dedans et retourner à Dieu ce qui provient de Lui : "Tiens, v'là ton cadeau. Je n'y ai pas touché, je te le rends". Refus d'être en relation. C'est le péché.