L'apostasie, stade suprême du ressentiment

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L'apostasie, stade suprême du ressentiment

Message non lu par Cinci » lun. 14 déc. 2015, 17:44

C'est qu'une pensée de Max Scheler et que Gérard Leclerc reprend dans son livre, et qu'ensuite je livre ici pour le bonheur (on l'espère) des amateurs de réflexion.

Ici :
«Il vaut la peine de citer le passage où Max Scheler définit le problème : «L'apostat n'est pas l'homme qui, au cours de son évolution, change radicalement de conviction religieuse, politique, sociale ou philosophique, quand même ce changement serait instantané et imprévu. L'apostat est plutôt l'homme qui vit l'esprit de sa foi nouvelle, non pas tant à même son contenu positif, ou pour réaliser les fins qui lui sont propres, que, d'abord, dans son antagonisme avec sa foi ancienne, pour l'amour de cette négation comme telle. Il professe sa foi nouvelle, moins pour elle-même qu'en tant qu'elle représente une série d'actes de vengeances dirigés contre son passé spirituel, qui le tient enchaîné et que sa nouvelle condition lui permet avant tout de répudier et de combattre. En ce sens, donc, l'apostasie religieuse est à l'antipode de la «nouvelle naissance», par laquelle la foi et la vie nouvelle ont un sens et une valeur en soi.»

Pas une des remarques de Scheler qui ne s'applique rigoureusement au cas d'Eugen Drewermann. L'ex-clerc de Paderborn n'a jamais vécu son éloignement de l'Église de son baptême que sur le mode du ressentiment. Sa pensée anti-ecclésiale ne s'est déployée que dans la négativité pure.

Refus de la vie sacramentelle, refus de la loi et de la notion de péché, refus de l'histoire, refus de l'anthropocentrisme biblique [...] [sa pensée] ne peut qu'attirer ceux qui se trouvent dans d'identiques dispositions de révolte, nullement pour des raisons d'adhésion positive au delà d'un subjectivisme ou d'un narcissisme maladifs. D'où la fascination particulière que Drewermann exerce sur les clercs en rupture de ban. Il concentre à merveille la révolte adolescente des gens qui considèrent qu'ils ont été floués. Les voilà libérés du carcan : plus de dogmes, plus d'Institution, plus de loi. Quoi, alors? Rien, moins que rien. L'expression nue d'une colère que ne sera satisfaite que le jour où elle aura anéanti l'objet de son ressentiment.»

Source : G. Leclerc, Pourquoi veut-on tuer l'Église?, p. 406

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Re: L'apostasie, stade suprême du ressentiment

Message non lu par Cinci » mar. 22 déc. 2015, 16:45

Est-ce ressentiment? Apostasie?
  • Le mot d'André Verheyen : Eviter le choc ou l'amortir ?

    Pendant toute ma vie, j'ai répété avec toute la communauté chrétienne que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, que Marie est la mère de Dieu, que Jésus est un homme dans lequel la deuxième personne de la Ste Trinité s'est incarnée et qui sait donc tout et peut tout.
    Depuis quelques années, je me sens solidaire des chrétiens pratiquants et engagés qui refusent de continuer cette proclamation d'un ensemble dogmatique périmé. C'est une question de conscience, une question de sincérité et de fidélité à ce qu'a réellement été Jésus de Nazareth.

    C'est certainement parce que je suis prêtre que je n'ai pas quitté mon Eglise et je considère qu'il faut amortir le choc pour toutes les personnes dont on pense qu'elles ne pourront pas l'amortir elles-mêmes. Mais il ne sert à rien d'éviter des questions qui se reposeront de toute manière un peu plus tard.

    [...]

    La foi dont nous devons témoigner est l'enthousiasme profond des minorités agissantes et conscientes. Les "signes du Royaume" la soutiennent : chaque fois que quelqu'un, qui se demandait s'il n'allait pas quitter ce christianisme dogmatique dépassé, nous manifeste sa joie de vivre comme une libération la découverte de ce chemin d'enthousiasme discret qu'est "La libre pensée chrétienne".

    http://librepenseechretienne.over-blog.com/

Sur la même page :
    • À propos du livre d'André Myre : "Saintes Ecritures? Pas si simple"
      "CROIS-TU ÇA ?"


      En choisissant de faire de cette question de Jésus à Marthe (lors de l'épisode connu comme la "résurrection de Lazare") le titre de son livre, André Myre nous dit clairement ceci : c'est dans cette question que se tient la clé de compréhension de cet évangile. Et c'est aussi là que la "foi" de la communauté johannique diverge sérieusement de celle des autres communautés.

      André Myre choisit d'appeler cet épisode (Jn 11, 1-57) la "manifestation" de Lazare. Pourquoi ? Parce que, pour l'évangéliste, "Jésus ne fait pas circuler à nouveau la vie dans un homme mort, il manifeste que la vie était toujours là, malgré la mort" chez la "personne" entière de Lazare qui répond toujours à son nom (P 438).

      Et pour Myre, on a, dans les versets 23 à 26 du ch. 11, un des exemples où le "catholique", au verset 24, introduit la "foi" de la grande Église en "la résurrection des morts au dernier jour", tandis que la foi de l'évangéliste et de sa communauté s'exprime aux versets 25 et 26 : "Qui a confiance en moi vivra, même une fois mort. Et quiconque vit en me faisant confiance ne mourra jamais. Crois-tu ça ? (Traduction Myre)
      Et d'ajouter : "Le ça de la question étant que la vraie vie ne se perd pas malgré la terrible réalité de la mort". (P.439)
      [...]
      Un évangile de la Vie, sans "sacrifice rédempteur", sans résurrection des morts, sans "jugement dernier ".

      [...]

      "Occasion aussi, pour l'évangéliste, selon Myre, de parler du présent de sa communauté : C'est la fin des lieux de culte… Dieu n'est pas plus ici qu'ailleurs. Comme c'est maintenant le cas, ceux et celles qui prennent Dieu au sérieux, les "pratiquants authentiques", rendent leur culte au "Parent (Père)" dans l'authenticité du souffle (Jn 4,22-24). C'est une des manifestations de la présence de la "source d'eau d'où jaillira une vie pour toujours" dont parlait le verset 14. Les façons de rendre un culte à Dieu surgissent en bouillonnant de l'intériorité des humains. Finis les lieux de culte, finis les prescriptions et rites cultuels. Finis les gérants du sacré, seuls habilités à s'approcher de Dieu. Une nouvelle façon d'entrer en relation avec Dieu a commencé". (P.231)
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Mon expérience d’Église. Témoignage

Dans ce réseau j’inclus aussi celles et ceux qui participent fidèlement aux soirées de lecture biblique à la librairie Paulines. Et puis, je dirais qu’il y en a une couple de centaines d’autres, que je vois moins souvent, mais qui font partie de ce que le sujet de cet exposé me fait appeler mon «Église ». […]

Comme le pape, nos cardinaux ou nos évêques n’en font pas partie, je ne me sens pas personnellement interpellé par ce qu’ils disent. S’ils sont exclus de mon expérience d’Église, c’est que je n’ai jamais eu l’occasion de vérifier si, en plus d’être hommes de système, ils étaient aussi ce que l’auteur de la lettre de Jacques appelle des pratiqueurs de la foi. Or, la vie m’a durement appris qu’en Église ce n’est pas la profondeur de la foi qui fait grimper des barreaux mais la fidélité au système. Aussi ces genslà ont-ils le don de faire monter en moi une colère millénaire, qui me relie à celle d’Amos et celle de tous les autres par la suite. J’ai été jésuite, je vous l’ai dit, j’ai été élevé dans le Ad majorem Dei gloriam. Et je rage de voir l’image catastrophique que les religions donnent de Dieu. Ces hommes ont monté une idole qu’ils veulent nous voir adorer pour faire de nous des sous humains comme eux. L’Église de mon réseau dit : non, jamais !
Aussi, à des degrés divers, ce réseau d’Église n’est-il plus religieux. Et, si j’ai un rôle à y jouer, c’est de lui montrer qu’en dépit des apparences et des lectures courantes qu’on en fait, la Bible tout entière est un livre anti-religieux, la foi étant, pour la religion, la pire des menaces.

. L’Église institution a fort bien retenu la promesse de la fin : « elle a les promesses de la vie éternelle », comme elle ne cesse de dire, convaincue de pouvoir faire impunément toutes les folies. Mais elle a complètement oublié la première partie du contrat, ce qui fait qu’elle n’a jamais compris que le texte se terminait par les trois petits points d’une menace implicite qu’on pourrait formuler comme suit : « Mais si vous ne faites pas ce que je vous dis, je m’en irai ailleurs. » Je me permets de laisser à votre réflexion cette intuition qui ne cesse de s’imposer à moi, à savoir que l’institution est vide, que le Christ est parti et qu’il faut le chercher ailleurs. [...] il a fait sourdre en moi
une colère millénaire contre une Église à laquelle j’avais pourtant voulu consacrer ma vie, il [Dieu] m’a enlevé mes certitudes

http://www.pretresmaries.eu/pdf/fr/406- ... c4b991f134

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Re: L'apostasie, stade suprême du ressentiment

Message non lu par Cinci » mar. 22 déc. 2015, 19:19

Pour mieux recevoir ce que je veux exprimer. Oui, pour cela, un petit mot aiderait sans doute.

LOIN DE MOI

Loin de moi, ici, l'idée de pointer un gros doigt accusateur sur des personnes. Car je connais un peu André Myre, entre autres, pour l'avoir eu comme professeur lors d'un cours de Bible, il y a de cela quelques années. Et, de toute façon, je n'aurais pas fait la moitié du quart du dixième de son parcours à lui, Alors pour accuser ... Quand on connaît un peu, on sait ne pas avoir affaire à un monstre. Humainement, le type peut être très gentil et réellement passionné par le salut, l'idée de la marche chrétienne et tout.

Mais ...

Il reste douloureux un peu de constater toujours, un tel éclatement des orientations, entre tant de personnes qui feront profession de vouloir suivre Jésus. Il reste que c'est douloureux parce qu'il s'agit toujours d'un contre-témoignage sous un certain angle. Il en suppose derrière comme un bon paquet de pardons qui n'auront pas été accordés. Donc, une diminution de vitalité à quelque part.

[...]

J'écoutais avant-hier un témoignage du Dr Scott Hahn enregistré sur vidéo. Mazette! Quel contraste! Notre apologiste et catholique américain disait à peu près l'inverse - tout juste! - du bibliste André Myre.

:pray:

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