Classification des péchés

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errare humanum est
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Classification des péchés

Message non lu par errare humanum est » ven. 12 oct. 2007, 10:07

bonjour,
quelqu'un pourrait-il m'éclairer sur la classification des péchés par l'Eglise catholique, s'il vous plait.
j'ai fait un truc super grave, je suis donc aller voir un prêtre, qui a dédramatisé, dit que mon péché n'était pas mortel, et que je n'avais pas besoin de me confesser, qu'un simple Notre Père suffirait à l'absoudre.
c'est dans un sens rassurant, mais sur quoi s'est-il basé pour savoir ça?

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Greensleeves
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Re: Classification des péchés

Message non lu par Greensleeves » ven. 12 oct. 2007, 11:01

Bonjour !

La "classification" des péchés est assez simple.
Il y a d'une part les péchés véniels, qui altèrent notre lien avec Dieu, mais ne le brisent pas, et les péchés mortels, qui blessent tellement la Charité (au sens premier, = l'Amour), qu'en les commettant, nous nous coupons de Dieu, à tel point que si l'on meurt sans absolution, on va en Enfer. Ces péchés mortels portent sur une "matière grave", précisée dans le Décalogue. Toutefois, pour que le péché soit mortel, il faut qu'il y ait pleine conscience et volonté délibérée de le commettre. C'est peut-être sur cela que le prêtre s'est appuyé pour vous rassurer.
Voilà résumée très grossièrement la classification des péchés. Je préfère vous donner aussi l'explication originale, dans le Catéchisme de l'Eglise Catholique (CEC).
IV. La gravité du péché : péché mortel et véniel

1854 Il convient d’apprécier les péchés selon leur gravité. Déjà perceptible dans l’Écriture (cf. 1 Jn 5, 16-17), la distinction entre péché mortel et péché véniel s’est imposée dans la tradition de l’Église. L’expérience des hommes la corrobore.

1855 Le péché mortel détruit la charité dans le cœur de l’homme par une infraction grave à la loi de Dieu ; il détourne l’homme de Dieu, qui est sa fin ultime et sa béatitude en Lui préférant un bien inférieur.

Le péché véniel laisse subsister la charité, même s’il l’offense et la blesse.

1856 Le péché mortel, attaquant en nous le principe vital qu’est la charité, nécessite une nouvelle initiative de la miséricorde de Dieu et une conversion du cœur qui s’accomplit normalement dans le cadre du sacrement de la Réconciliation :

Lorsque la volonté se porte à une chose de soi contraire à la charité par laquelle on est ordonné à la fin ultime, le péché par son objet même a de quoi être mortel... qu’il soit contre l’amour de Dieu, comme le blasphème, le parjure, etc. ou contre l’amour du prochain, comme l’homicide, l’adultère, etc ... En revanche, lorsque la volonté du pécheur se porte quelquefois à une chose qui contient en soi un désordre mais n’est cependant pas contraire à l’amour de Dieu et du prochain, tel que parole oiseuse, rire superflu, etc., de tels péchés sont véniels (S. Thomas d’A., s. th. 1-2, 88, 2).

1857 Pour qu’un péché soit mortel trois conditions sont ensemble requises : " Est péché mortel tout péché qui a pour objet une matière grave, et qui est commis en pleine conscience et de propos délibéré " (RP 17).

1858 La matière grave est précisée par les Dix commandements selon la réponse de Jésus au jeune homme riche : " Ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère " (Mc 10, 18). La gravité des péchés est plus ou moins grande : un meurtre est plus grave qu’un vol. La qualité des personnes lésées entre aussi en ligne de compte : la violence exercée contre les parents est de soi plus grave qu’envers un étranger.

1859 Le péché mortel requiert pleine connaissance et entier consentement. Il présuppose la connaissance du caractère peccamineux de l’acte, de son opposition à la Loi de Dieu. Il implique aussi un consentement suffisamment délibéré pour être un choix personnel. L’ignorance affectée et l’endurcissement du cœur (cf. Mc 3, 5-6 ; Lc 16, 19-31) ne diminuent pas, mais augmentent le caractère volontaire du péché.

1860 L’ignorance involontaire peut diminuer sinon excuser l’imputabilité d’une faute grave. Mais nul n’est censé ignorer les principes de la loi morale qui sont inscrits dans la conscience de tout homme. Les impulsions de la sensibilité, les passions peuvent également réduire le caractère volontaire et libre de la faute, de même que des pressions extérieures ou des troubles pathologiques. Le péché par malice, par choix délibéré du mal, est le plus grave.

1861 Le péché mortel est une possibilité radicale de la liberté humaine comme l’amour lui-même. Il entraîne la perte de la charité et la privation de la grâce sanctifiante, c’est-à-dire de l’état de grâce. S’il n’est pas racheté par le repentir et le pardon de Dieu, il cause l’exclusion du Royaume du Christ et la mort éternelle de l’enfer, notre liberté ayant le pouvoir de faire des choix pour toujours, sans retour. Cependant si nous pouvons juger qu’un acte est en soi une faute grave, nous devons confier le jugement sur les personnes à la justice et à la miséricorde de Dieu.

1862 On commet un péché véniel quand on n’observe pas dans une matière légère la mesure prescrite par la loi morale, ou bien quand on désobéit à la loi morale en matière grave, mais sans pleine connaissance ou sans entier consentement.

1863 Le péché véniel affaiblit la charité ; il traduit une affection désordonnée pour des biens créés ; il empêche les progrès de l’âme dans l’exercice des vertus et la pratique du bien moral ; il mérite des peines temporelles. Le péché véniel délibéré et resté sans repentance nous dispose peu à peu à commettre le péché mortel. Cependant le péché véniel ne rompt pas l’Alliance avec Dieu. Il est humainement réparable avec la grâce de Dieu. " Il ne prive pas de la grâce sanctifiante ou déifiante et de la charité, ni par suite, de la béatitude éternelle " (RP 17) :

L’homme ne peut, tant qu’il est dans la chair, éviter tout péché, du moins les péchés légers. Mais ces péchés que nous disons légers, ne les tiens pas pour anodins : si tu les tiens pour anodins quand tu les pèses, tremble quand tu les comptes. Nombre d’objets légers font une grande masse ; nombre de gouttes emplissent un fleuve ; nombre de grains font un monceau. Quelle est alors notre espérance ? Avant tout, la confession ... (S. Augustin, ep. Jo. 1, 6).

1864 " Tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas remis " (Mt 12, 31 ; cf. Mc 3, 29 ; Lc 12, 10). Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit Saint (cf. DeV 46). Un tel endurcissement peut conduire à l’impénitence finale et à la perte éternelle.
Note : les passages mis en gras et soulignés l'ont été par moi.
Ad majorem Dei gloriam

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Re: Classification des péchés

Message non lu par erminig » sam. 13 oct. 2007, 16:28

Rien à dire sur la classification précédente, puisque c'est tout le texte officiel.
Par contre, en matière de confession,sans créer de scrupules, il faut parfois être vigilant, surtt en matière éthique. Il arrive parfois que des prêtres aient une éthique élastique.
C'est par le pouvoir des clefs que l'on est pardonné. mais il arrive parfois qu'il faille être vigilant sur les confesseurs choisis.

exemple: il peut arriver qu'un prêtre ne considère pas grave en certains cas le recours à une contraception, alors qu'il est complètement en porte à faux avec le magistère, et la morale élémentaire dans le mariage. cela peut arriver.
à l'inverse, on peut effectivement penser avoir commis quelque chose de grave, mais la volonté n'était pas engagée.

Ce qui compte avant tout, c'est le regret dans le manque d'Amour.
Et de toujours considérer que tous nos péchés ont été portés par Jésus, dans sa miséricorde infinie.
Le Christ ne gardait rien en propre,
mais livrait à tous universellement tout ce qu'il avait,
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Re: Classification des péchés

Message non lu par erminig » sam. 13 oct. 2007, 16:33

Sinon, rappel: les scrupules, c'est...de véritables pustules, la "varicelle" de l'âme!!!

Relisez le château intérieur de sainte Thrèse d'Avila.ou pleins d'autres textes, bien consolant concernant le limon dont nous sommes faits, et l'Amour de Dieu pour nous, Amour qui est plus grand que notre péché.

Alleluia!
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Re: Classification des péchés

Message non lu par errare humanum est » sam. 13 oct. 2007, 18:43

c'est pas top ce que vous dites sur le choix du confesseur! comment peut-on faire? je ne me crois pas très bien placé pour juger de la qualité d'un prêtre. comment puis-je trouver quelqu'un dont je serais sûre qu'il soit strict ?
vous me rejeter dans le doute.

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Re: Classification des péchés

Message non lu par Christophe » sam. 13 oct. 2007, 19:11

Ce qu'il est important de bien choisir, c'est le directeur ou accompagnateur spirituel.
Pour le choix du confesseur, je ne suis pas certain qu'il faille "choisir" : confessez tout ce que vous avez sur la conscience ! Si le prêtre vous donne l'absolution et que vous n'avez omis sciemment aucun péché grave, vous retrouverez l'état de grâce.

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Re: Classification des péchés

Message non lu par Greensleeves » sam. 13 oct. 2007, 20:35

Christophe a tout à fait raison :fleur: quant à la validité de la confession. Donc pas d'inquiétude de ce côté-là.
Après, s'il est important de bien choisir son Père spirituel, avoir un bon confesseur peut aider beaucoup également. Je ne compte plus toutes les pistes que me donne mon confesseur pour avancer sur le dur chemin de la sainteté ! Mais, que le prêtre soit bon confesseur ou non, le sacrement prime sur la "qualité" de ce qui en ressort (en gros, ne vous privez pas d'une confession parce que le prêtre qui confesse "ne serait pas bien" :roule: ).
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