http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... 34#p277534
Zarus a écrit :De tête : un péché mortel est un péché dont la gravité coupe de la Grâce telle qu'il n'est pas confessé. (serment de réconciliation), un homme ne pouvant être sauvé qu'en ayant la Grâce.
Un péché véniel ne fait qu'affaiblir le lien à la Grâce, il est "utile" de les confesser aussi mais mourir avec des péchés véniel ne demande qu'un séjour au purgatoire. (ce qui n'est pas rien.)
La simple confession ne réduit pas totalement le purgatoire, il faut l'indulgence pléniére pour cela.
De tête, pour quelqu'un qui n'est pas chrétien, ce n'est pas mal du tout
Mais si je puis me permettre, je pense que votre formulation risque d'amener à considérer les choses dans le mauvais sens. Mon message va être assez long (mais moins que le Catéchisme, le Code de Droit canon et les quelques encycliques correspondant , et j'espère qu'il présentera une synthèse correcte des liens entre salut, péché, grâce, confession, purgatoire et indulgences.
J'ai tenté de rendre compte au mieux de ce que je comprend de toute cela (ce n'est pas facile), si j'ai fait des erreurs merci de les signaler, cela m'aidera à mieux comprendre.
Pour parler de péché, il faut déjà bien comprendre la miséricorde : c'est dans cet ordre que ça marche.
Sur le plan étymologique, la miséricorde est presque synonyme de l'empathie, de la compassion : c'est ressentir dans son coeur la misère de l'autre.
En théologie, elle s'inscrit dans le dessein d'amour de Dieu pour l'homme, qui nous a créé pour le bonheur d'être uni à lui dans une relation d'amour, une relation où Dieu aime l'homme et où l'homme aime Dieu. Pour que cet amour soit vrai, il faut que l'homme soit libre, sinon ce serait un amour sous contrainte.
Et s'il y a liberté, alors il y a possibilité pour l'homme de se détourner de Dieu : c'est le péché originel, la chute. L'homme se retrouve alors coupé du bonheur véritable, mais Dieu est miséricordieux : Il souffre pour nous de cette blessure, et Son désir est que l'homme soit rétabli dans sa dignité. Il est donc tout disposé à pardonner cette volonté de l'homme d'exister dans Dieu, pour autant que l'homme ait le désir de revenir à Dieu. C'est la parabole du fils prodigue.
Cette volonté de Dieu de nous permettre de revenir à Lui se manifeste par ce qu'on appelle la grâce : c'est à dire que Dieu nous donne, gratuitement et librement, ce qui nous est nécessaire pour nous relever. Libre à l'homme d'accepter ou non ce don.
Lorsque nous l'acceptons, notre lien à Dieu se manifeste par trois vertus, dites théologales : la foi, l'espérance et la charité (l'amour). De ces trois vertus, nous dit St Paul, la charité est la plus importante (épitre aux Corinthiens).
Qu'est-ce alors que le péché ? C'est un choix, une décision, une initiative de l'homme qui endommage notre lien à Dieu, et au premier plan la charité.
Lorsque le péché est tel qu'il détruit la charité dans notre coeur, on parle de péché mortel. En effet, il détourne radicalement l'homme de Dieu, et donc le coupe de tout espoir de salut : il l'écarte de sa finalité, qui est d'être uni à Dieu, et lui fait préférer quelque chose de moindre.
Lorsque le péché est moindre, qu'il endommage la charité mais sans aller jusqu'à la détruire, on parle de péché véniel.
Notre foi est-elle vaine si nous commettons un péché mortel ?
Non, bien sûr ! Notre foi nous rappelle que Dieu est là et qu'Il nous aime. Notre espérance nous donne confiance qu'Il agit pour notre salut, qu'Il désire notre retour. Notre foi n'est pas vaine du tout : notre foi est justement que Jésus a pris chair et est mort pour notre salut, et qu'il a vaincu la mort pour que nous ayons la vie.
C'est là qu'intervient la confession, et peut-être est-il plus juste ici de parler de sacrement de réconciliation : car il s'agit bien de réconcilier l'homme avec Dieu, de revenir vers Lui, et de Lui présenter toutes ces blessures que l'on a portées à la charité, afin qu'Il les répare.
J'espère avoir clairement montré que la distinction mortel/véniel ne se fait pas sur la base d'une liste de ce qu'il faut confesser, et ce qui serait simplement recommandé. C'est tout le contraire : en cas de péché mortel, il y a urgence à rétablir les choses, et le sacrement de réconciliation est là pour cela. Ainsi que le baptême, si on n'est pas encore baptisé
CEC 1856 a écrit :Le péché mortel, attaquant en nous le principe vital qu’est la charité, nécessite une nouvelle initiative de la miséricorde de Dieu et une conversion du cœur qui s’accomplit normalement dans le cadre du sacrement de la Réconciliation
Et le péché véniel ? Faut-il le confesser ?
Le péché véniel n'a pas détruit la charité, certes. Mais si l'on ne se repend pas de ses péchés, c'est quelque part que l'on estime ne pas en avoir besoin. On n'est pas loin de se juger juste, et on voit bien qu'on est sur une pente glissante qui nous mène vers le péché mortel. On dit que le péché crée un entraînement au péché.
Confesser ses péchés véniels, ce n'est pas faire un inventaire exhaustif de ses fautes : c'est d'abord et surtout se rappeler que la grâce vient de Dieu, que c'est Lui qui nous sauve, et que sans Lui nous ne pouvons y arriver.
"Aucun homme n'est juste devant toi", dit le psalmiste. "Tous les hommes sont pécheurs", disait Salomon.
Jusqu'ici, nous avons surtout vu la principale conséquence du péché, cette blessure qu'il occasionne à la charité, à notre lien d'amour avec Dieu.
Le péché a une seconde conséquence : il entraîne en nous un attachement inapproprié aux choses de ce monde, à des gloires humaines, à des créatures. Inapproprié au sens que cette attachement n'est pas ordonné à l'amour de Dieu, qui en toute chose devrait être premier (au sens que l'on doit préférer Dieu, mais aussi que l'amour de Dieu est source de tout amour). Cet attachement inapproprié (le CEC dit même "malsain") doit être purifié, pour que seul reste l'amour de Dieu, et que ce soit cet amour qui cause et nourrisse notre amour pour tout le reste.
Cette purification se poursuit après la mort : c'est ce que les théologiens médiévaux ont progressivement clarifié (en s'appuyant sur les Ecritures, bien sûr), et qui a été exposé au concile de Trente avec la doctrine du Purgatoire. Mais cette purification commence dès à présent, en ce monde. Le Magistère de l'Eglise enseigne même qu'une conversion suffisamment puissante en ce monde, nourrie profondément de charité, peut suffire à nous purifier totalement. On irait alors directement au Paradis sans passer par la case Purgatoire
En ce monde, la purification prend des formes diverses : il y a les oeuvres de miséricorde et de charité, il y a la prière, et il y a les pratiques de pénitence (telles que jeûne et abstinence).
Pendant le sacrement de réconciliation, le confesseur indique des choses à faire en guise de pénitence... et qui d'ailleurs sont souvent des formes de prière (on caricature souvent en disant : vous réciterez tant de Pater et tant d'Ave ).
Ce n'est donc pas la confession qui "réduit le temps de Purgatoire", mais la pénitence (au sens large, sous toutes ses formes). La confession efface la première conséquence du péché, la pénitence efface la seconde.
Et les indulgences ?
Les indulgences sont une pratique de l'Eglise où certains exercices de dévotion sont considérés comme des formes de purification équivalentes aux pénitences reçues en confession. Votre confesseur vous a dit de faire x Pater et n Ave, mais si vous faites (sincèrement) un pèlerinage en tel lieu, alors c'est suffisant, et ça remplace ce que votre confesseur vous avait donné à faire.
On notera que pour obtenir une indulgence, il faut être en état de grâce : se confesser, communier (les deux, si possible le jour même, sinon aussi proche que possible du jour où l'on fait l'oeuvre de pénitence à laquelle est "rattachée" l'indulgence), et surtout être dans une disposition d'esprit adéquate, c'est à dire en total détachement du péché, même véniel. Plus facile à dire qu'à faire
L'indulgence partielle, comme son nom l'indique, ne remplace que certaines pénitences (selon ce qui est expliqué dans les modalités de chaque indulgence). L'indulgence plénière "exempte" de toute autre pénitence.
L'indulgence plénière n'exempte généralement pas du Purgatoire (même si en théorie, elle le pourrait) : pour que ce soit le cas, il faudrait que le pénitent soit exempt de tout péché mortel évidemment, mais aussi de tout péché véniel, et enfin (et c'est là que c'est dur), de toute tendance au péché véniel. En effet, non seulement elle ne remplace pas la confession (on a vu qu'il faut se confesser pour obtenir l'indulgence), mais elle ne "vaut pas" pénitence pour des péchés que l'on aurait volontairement et consciemment dissimulés en confession (ce qui est un péché en soi), ni évidemment pour ceux commis après s'être confessé et a fortiori pour eux commis après avoir obtenu l'indulgence.
Pourquoi alors chercher à obtenir des indulgences plénières ? A cause de la communion des saints ! Le livre des Macchabées nous incite à prier pour les morts. L'Eglise prévoit que les indulgences obtenues sont applicables à soi-même, mais aussi à des défunts pour qui on intercède (mais pas pour d'autres personnes vivantes).
Liens vers le CEC pour approfondir :
Dieu révèle à l'homme son dessein bienveillant
Les vertus théologales
La miséricorde
La définition du péché
La chute et le péché originel
La gravité des péchés : péché mortel, péché véniel
Le péché incite au péché : la prolifération du péché
La liberté, le péché et la grâce
La conversion continue dans la vie des baptisés
Le sacrement de réconciliation
La pénitence intérieure
Les multiples formes de pénitence
Les indulgences
La purification finale (le Purgatoire)
La communion des saints (et notamment l'intercession)