Sator a écrit :
L'Église n'a jamais été unanime pour affirmer l'immortalité naturelle de l'âme. Parce que cette doctrine n'est pas chrétienne !
Ce que l'Église a toujours dit c'est qu'il y a un lien entre le péché et la mort comme nous pouvons en faire l'expérience dans notre monde actuel. On parle d'une mort vécue comme une peine, un arrachement, une séparation. On parle d'une mort vécue dans des souffrances et qui laisse le corps humain connaître la corruption. C'est comme une mort qui est châtiment.
Sans le péché, l'humanité n'aurait jamais eu à expérimenter l'horreur. Voyez que la violence de la mort dans notre monde de misère = la signature du péché. Ainsi, Abel connaît une mort violente en étant assassiné par son frère, mais parce qu'il y a le péché, etc.
Par ailleurs, l'Église n'a jamais enseigné que des coupables devraient disparaître dans le néant. Le concept de néant est étranger à la théologie de l'Église.
Périr dans la géhenne
Quand le Christ évoque le fait qu'un homme pourrait périr corps et âme dans la géhenne, il ne veut pas dire que l'individu doit être anéanti. Inexistant ? Non, il veut dire que la condition de cet homme ne vaudra pas mieux que celle d'un mort repoussant, celle d'un condamné retranché de l'amour de Dieu, coupé de la vraie vie qui se trouve en Dieu.
La Bible condamne justement ceux qui se figurent que la justice éternelle n'existe pas, que leur propre être devrait se dissoudre dans l'air inconsistant, comme si avec leur mort ce serait comme s'ils n'auraient jamais pu eux-mêmes commencé d'exister.
Il vaudrait encore mieux se couper un bras ou une jambe et entrer dans la vraie vie, plutôt que d'entrer directement dans la géhenne avec ses deux bras et ses deux jambes. Parce que la condition dans la géhenne est infiniment pire que le serait celle d'un mutilé sur terre. Jésus n'aurait jamais pu dire une chose semblable, si la géhenne serait tout simplement le néant. La proposition de Jésus ne ferait aucun sens pour un pécheur fini, si la géhenne n'était que le néant qui menacerait soi-disant tous les rebelles. Parce qu'un pécheur impénitent choisi de garder son intégrité physique par-dessus tout, et pour ensuite accepter de disparaître en fumée très lucidement. "Je n'attend rien d'autre." Erreur ... mais c'est justement qu'il y a autre chose. Un pécheur impénitent accepte d'autant moins la mutilation qu'il est pénétré de l'idée du néant. Ce que dit Jésus ne vaut que dans la perspective où il y a bien pire que le néant.
Maintenant ...
Qu'il y ait un lien entre le péché et la mort commune aux hommes, la chose que nous connaissons bien, ne veut pas dire, à l'inverse, que sans le péché l'humanité dans son ensemble aurait été soustraite à toute forme de mort. Beh non !
L'homme terrestre a été crée par Dieu en vue de connaître une transformation de son être qui correspond à sa divinisation, ou au fait de devoir être épousé par Dieu quoi ! Sans le péché, l'humanité aurait quand même été appelé à connaître une certaine mort cf."Si le grain ne meurt ..." ; "On est d'abord semé corruptible, on se relève incorruptible ..."; " l'homme terrestre d'abord, le céleste ensuite ... ". etc.
Le péché
Ce à quoi le péché introduit c'est bien au châtiment, à la peine, à la souffrance. C'est la mort vécue comme une malédiction. Il n'a jamais été dit que l'humanité aurait dû échapper à toute forme de mort. On pense plus positivement au fait de devoir mourir à soi-même, mourir pour devenir plus et mieux, mourir à une certaine vie pour entrer dans une autre ...
Mais ...
Que l'on parle de la mort de l'une ou l'autre façon (la mort du pécheur, l'assomption de Marie, etc.), la chose qui est sûre : les hommes n'ont pas été crées pour aboutir dans le néant. Cela vaut pour toute l'humanité.
Personne ne dira non plus, en terminant, que les hommes sont des immortels comme si l'on devait parler de dieux de la mythologie, des dieux dotés d'une vie sans fin, sans changement. Mais que Dieu a crée les hommes pour sa propre gloire, pour les associer à sa vie divine. C'est bien différent de ce débat touchant l'immortalité de l'âme, comme on en eût parlé chez le anciens grecs ou les amateurs orientaux de métempsychose.