Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

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Jeremy43
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Au plaisir d'apprendr

Message non lu par Jeremy43 » mar. 23 févr. 2016, 10:52

Bonjour,
Certes. Mais de temps à autres, vous leur donnez des punitions, je suppose ? Pourquoi ? Pour les guider vers ce droit chemin pour les aider à comprendre ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire. Ils auront des épeuves dans la vie - stress avant la première compétition de sport, travail avant un examen, etc -. Et pourtant, vous allez les encourager à aller droit vers ces souffrances - parce que c'est pour leur bien, au final.

Je crois que la souffrance humaine est pour Dieu un moindre mal. Dans sa perspective, notre vie terrestre n'est pas très importante ; seule importe la vie éternelle, et ce qu'on ferra dedans. Reposons la question en sens inverse : si mettre un peu de souffrance dans le monde pouvait permettre à certaines personnes d'aimer d'avantage et donc d'aller rejoindre Dieu dans la communion du paradis, est-ce que Dieu ne serait pas un mauvais père si il refusait à l'homme ces souffrances ?
Oui enfin ce que vous définissez n'est pas vraiment une souffrance, la souffrance est quelque chose qui détruit l'homme jusque dans son identité profonde, son identité d'être humain.

Pour reprendre votre exemple, si des individus tombent sur le gentil étudiant qui stresse à mort pour ses examens, le dépouille, le tabasse (en lui donnant par grâce quelques coups de couteau), il n'aura plus la même notion de la vie que celle qu''il pouvait avoir en allant à son examen.

Si après avoir été tabassé, il contracte le sida car un de ces bourreaux en était atteint, là aussi il aura de nouveau un peu plus de mal avec la vie et si après ça il se fait lâcher par tout le monde, se retrouve seul sous un pont et doit aller à la soupe populaire pour se nourrir avant de rejoindre son carton pour la nuit, là il sera complètement à l'ouest par rapport à la vie. S'il se fait de nouveau attraper par des bourreaux (des aficionados de la chasse aux phoques à coup de battes de Baseball), qu'ils le torturent pendant des semaines pour leur jouissance avant de le laisser à moitié mort dans une rue sombre et glauque, il sera proche de DIeu !

Quoiqu'en touchant à l'absurde de la souffrance, peut-être qu'on peut se rapprocher de DIeu, mais ce qui est sûr c'est que derrière le terme souffrance, on ne met pas tous la même chose.

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Héraclius
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Re: Au plaisir d'apprendre

Message non lu par Héraclius » mar. 23 févr. 2016, 11:02

C'est pour cela, Jérémy, qu'il faut garder les proportions. Souffrir un peu en travaillant est proportionnel au bien receuilli par la réussite de l'examen. Souffrir beaucoup dans sa vie terrestre est, en quelque sorte, proportionnel au bien receuilli au paradis. Et Dieu ne demande d'ailleurs jamais rien qu'il n'ai lui-même enduré en Jésus-Christ.
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

Jeremy43
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Re: Au plaisir d'apprendre

Message non lu par Jeremy43 » mar. 23 févr. 2016, 11:14

Héraclius a écrit :C'est pour cela, Jérémy, qu'il faut garder les proportions. Souffrir un peu en travaillant est proportionnel au bien receuilli par la réussite de l'examen. Souffrir beaucoup dans sa vie terrestre est, en quelque sorte, proportionnel au bien receuilli au paradis. Et Dieu ne demande d'ailleurs jamais rien qu'il n'ai lui-même enduré en Jésus-Christ.
C'est vrai mais Jésus Christ a choisi, librement, de souffrir ce qu'il a souffert. Généralement les souffrances on ne les choisit pas et il y a un point où la souffrance détruit toute la partie humaine de l'homme, peut-être est-ce un bien sur le plan de l'éternité, mais ce n'est pas humain et quand la vie se résume à attendre une fin qui ne vient pas (face à un Dieu qui force quasiment sa créature à avoir une relation avec Lui puisque sinon celle-ci est morte (et ça répond à la question de neimad03119, Dieu frappe à la porte jusqu'au dernier moment)) on expérimente sans doute un peu ce qu'est l'enfer éternel et le peu de liberté que nous avons ; soit Dieu ou les asticots.

D'ailleurs le monde est ainsi fait que l'homme qui a profondément souffert sera quasiment incapable d'avoir une relation avec les autres puisqu'une relation véritable implique d'être en position de faiblesse vis à vis d'autrui, d'être à la merci de l'autre (et c'est totalement vrai avec Dieu), c'est prendre le risque de se faire tuer.

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Cinci » mar. 23 févr. 2016, 16:31

Bonjour Jérémy43,
C'est vrai mais Jésus Christ a choisi, librement, de souffrir ce qu'il a souffert.
Choisir librement de souffrir? Pour moi c'est une expression qui ne ferait pas tellement de sens.

Je vous dis comme je le sens :

Dans les récits de la Passion, on voit plutôt le Christ qui se serait bien passé de la souffrance tant qu'à lui. La question de la liberté ou celle du choix seront plutôt liés au fait de «faire la volonté de mon Père». Ce n'est pas exactement la même chose.

Le mal que les dévoyés infligent à celui qui fait la «volonté du Père» est peut-être supporté patiemment par le Christ, et au sens où il ne devient pas lui-même un révolté, un dévoyé, un désespéré maudissant son Père et toute la clique d'en face, mais le mal n'est pas «choisi» en tant que tel.

Le Christ ne choisi pas plus la souffrance «que le pompier du 11 septembre aurait dû choisir de se jeter dans la tour en flamme juste pour le plaisir de se jeter dans le feu». On dirait plutôt que le pompier a choisi librement une mission au départ et qui est celle consistant à sauver la vie de citoyens menacés par l'incendie. Le pompier n'est pas celui qui boute le feu au bâtiment. Entre périr soi-même dans le feu au 55e étage de la tour ou passer le week end au chalet sur le bord de la piscine : le choix serait vite fait. S'il y a une contrainte mais elle provient de la mission. Et cette dernière n'a pas pour objectif la souffrance ou le fait d'avoir mal au maximum, si c'est possible. Non, l'objectif réel c'est «sauver la vie des personnes» (= volonté de mon Père)

Il vaudrait mieux dire que le choix de remplir la mission peut impliquer aussi le choix de ne pas reculer devant la perspective de devoir partager le sort des victimes, soit la perspective d'y laisser sa vie. Il s'agit toujours de combattre le mal. Rien d'autre.

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Cinci » mar. 23 févr. 2016, 17:03

Jeremy43 :
D'ailleurs le monde est ainsi fait que l'homme qui a profondément souffert sera quasiment incapable d'avoir une relation avec les autres puisqu'une relation véritable implique d'être en position de faiblesse vis à vis d'autrui, d'être à la merci de l'autre (et c'est totalement vrai avec Dieu), c'est prendre le risque de se faire tuer.
Êtes-vous bien certain de votre affirmation? ou de sa pleine portée? Elle pourrait n'être que partiellement véridique aussi. Car, si c'est vrai (vous avez raison) que la souffrance ou des injustices subies peuvent avoir pour effet, bien souvent, d'emmurer les victimes dans la peur et le souhait de s'isoler d'autrui, d'ériger un mur de protection bien épais, il serait pas moins valable de penser aussi que, l'homme qui a souffert beaucoup, est bien souvent un homme rendu apte à compatir vraiment au mal qui afflige les autres, et, donc, la souffrance endurée (qui n'est pas l'objet d'un choix naturellement) par la victime, peut aussi bien ouvrir le canal des communications avec toutes les victimes du monde.

C'est en ce dernier sens qu'il serait parlé aussi «du rapport entre le Christ et les hommes qui sont victimes du mal», dans l'épitre aux Hébreux, il me semblerait.

A cause de ce qu'il aura dû traverser, le Christ aura été rendu «prêtre parfait», le prêtre «par excellence» qu'il fallait aux hommes, un prêtre capable de compatir pour vrai aux souffrances qui sont infligées injustement à une humanité souffrante.

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