Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Cinci » dim. 15 avr. 2012, 19:03

(suite)

  • Mais Dieu n'est pas le Dieu souverain dont la toute puissance écrase l'homme, mais puissance personnelle et amour, qui offre à l'homme une place à ses côtés, lui fait don de la liberté et le laisse en faire usage. Le refus absolu de la souffrance de la part de Dieu se réalise non pas par un acte de surpuissance, qui dépossède la créature de son libre exercice et par là rend l'amour impossible, mais par le fait que Dieu lui-même s'implique dans la souffrance et la fait sienne. Si la création consiste en ce que Dieu veuille qu'il y ait du fini, quelque chose qu'il n'est pas lui-même, afin de pouvoir l'aimer et l'accueillir dans la vie éternelle où règne son divin amour, et si cet amour est tellement excessif que Dieu s'accommode du fait qu'il inclue la possibilité du mal, de la souffrance, de la désintégration, alors pareille conception n'est tolérable que si Dieu lui-même partage radicalement la souffrance comme don lié à l'amour qu'il recherche.

    Et c'est justement ainsi, selon la révélation chrétienne, que Dieu se comporte. «Tout ce que Dieu fait» rappele Romano Guardini «il le fait pour de bon, et c'est pour nous une définition capitale, décisive. Cela veut dire que ce qu'il fait ne tombe pas du ciel, du haut d'une souveraineté inaccessible; car sa façon d'agir, au fond, exprime non pas une supériorité mais une fragilité ontologique, qui perçoit qu'en entrant en relation avec un être inférieur elle se met en danger. Bien plus, cela veut dire que ce qui lui va c'est de faire accéder cet inférieur à sa propre vie.» La souffrance elle-même, il l'attire au coeur de sa propre vie; mieux, sa vie, il l'expose à la souffrance. Non pas pour donner à la souffrance un double, la faire passer dans l'éternité, lui conférer l'apparence du divin, mais pour la vaincre à sa racine, En effet, dans un monde pécheur le combat contre la souffrance enracinée dans le péché entraîne à son tour une souffrance. Mais c'est seulement par une souffrance acceptée et suportée de bon gré, par la solidarité avec ceux qui souffrent, que la souffrance causée par le péché et toutes ses intrications sera transformée de l'intérieur.

    Cela vaut en premier lieu pour l'homme qui consacre ses efforts à combattre et à vaincre la souffrance. Là où la souffrance née du péché n'est ni acceptée, ni favorisée, là où l'on s'engage pour la justice, pour la paix, la santé, là aussi la souffrance change de nature. Cette souffrance d'un autre genre naît de l'amour , c'est une souffrance au service de Dieu, qui se donne lui-même en partage à l'homme souffrant et lui procure force et capacité à supporter ses maux. En l'occurence, Dieu souffre lui-même avec lui, il s'implique dans la douleur da sa création et se soumet à son fardeau. Dieu n'est pas Moloch, qui, insensible au malheur, trône heureux dans les hauteurs, au-dessus de la vallée de larmes qu'est la création. Dieu, lui, se laisse toucher et concerner par la souffrance.
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(à suivre)

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Cinci » dim. 15 avr. 2012, 19:13

(suite)

  • UN DIEU QUI PARTAGE LA SOUFFRANCE

    Déjà la théologie rabbinique juive, en se fondant sur de nombreux écrits de l'Ancien Testament, a élaboré une doctrine de la compassion de Dieu. Oui, lorsque Israël doit souffrir, Dieu souffre personnellement avec lui. «Dieu se place sur la même marche que le coeur meurtri», assure une sentance rabbinique. Le verset biblique «Dans toute leur souffrance, c'est Lui que la souffrance a frappé» (Isaïe 63, 9), de même que «avec lui [l'homme souffrant] je suis en souffrance» (Psaume 91,15) et «Ainsi parle celui qui est haut et éminent : j'habite dans les hauteurs et dans la sainteté, ainsi que près de ceux qui sont brisés et humiliés» (Isaïe 57,15) sont les citations bibliques classiques que les rabbins ont mises en oeuvre pour dégager la notion de compassion divine. Dieu accompagne Israêl sur son chemin douloureux à travers l'histoire.

    [...]

    De même, dans son important étude sur «Image de Dieu et devenir de l'homme», Ulrich Mauser montre que derrière les représentants vétérotestamentaires des prophètes souffrants (par exemple Osée et Jérémie) , se profile le Dieu compatissant. Parce que les prophètes sont les représentants de Yavhé, l'amour et la sollicitude d'Osée ne sont pas seulement des symboles du comportement de Dieu à l'égard du monde, mais des analogies réelles de l'amour et de la sollicitude tout aussi réelle de Dieu. Dans la mesure où l'on parle avec le plus grand sérieux d'amour et de sollicitude réels de Dieu, le dogme qui veut qu'il ne puisse être sujet à la souffrance ne peut plus être soutenu.

    Cette conception d'un Dieu compatissant déjà enracinée dans l'Ancien Testament trouve finalement dans le Nouveau son épanouissement et sa réalisation complète.

    Pour notre propos le verset 1,20 de la première épitre de Pierre prend toute son importance. Il y est dit que le Christ, l'Agneau, «était prédestiné avant la fondation du monde à nous racheter par son sang.» Ce sur quoi Karl Barth précise : «En considération de son Fils, qui devait devenir homme et porteur du péché humain, Dieu a aimé, de tout éternité et avant la création, l'homme et avec lui le monde entier, malgré et au coeur de leur faible condition, de leur non-divinité, et même de leur opposition à Dieu, et il les a crées : tout cela parce que Dieu a aimé l'homme et le monde en la personne de son propre Fils, qui, rejeté, mis à mort à cause de leur péché, se tenait sous son regard éternel.»

    [...]

    L'histoire de Dieu devient l'histoire de la souffrance, non pas pour consacrer par là la souffrance ou pour la hisser dans l'éternité, mais parce que - nous l'avons dit - dans un monde sous la pression du péché la lutte contre la souffrance engendre elle-même de la souffrance, une souffrance née de l'amour. Jésus n'a voulu ni l'échec, ni la passion, ni la croix. Il a voulu que l'homme s'éloigne du péché qui suscite sans cesse de nouvelles souffrances; il a voulu la joie du Règne de Dieu et a cherché à lui donner un commencement de réalisation dans l'amour à l'égard de ceux qui souffrent et dans la parole réconfortante de la promesse. Et lorsque les hommes se sont ligués contre lui («Enlèves-le !»), il a accepté la torture et la mort en croix, sans riposter, afin de briser le cycle et d'annihiler le cycle infernal du mal et de la souffrance. Par là même, le Fils de Dieu a réglé, en souffrant dans son coeur et dans son corps, le conflit - né du péché - entre le oui inconditionnel de Dieu à sa créature et le non renvoyé par l'homme à Dieu. Ainsi la Croix a été la conséquence de son engagement et son combat contre la souffrance. Et donc cela signifie non pas approbation de la souffrance, mais révolte contre elle.

    Dans la même perspective se situe également la formule de l'épitre aux Hébreux selon laquelle Jésus «apprit par ses souffrances l'obéissance et ainsi fut conduit à son propre accomplissement» (Hébreux 5,8)
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(à suivre)

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Cinci » lun. 16 avr. 2012, 7:26

(suite)


  • [...]

    Il faut dire que l'immersion dans la souffrance humaine ne prend pas la même forme en chacune des trois personnes de la Trinité : c'est le Fils qui, en tant que devenu homme, se trouve totalement impliqué dans la souffrance humaine, même carrément noyé en elle pour communiquer au monde l'amour absolument inimaginable de Dieu; c'est l'Esprit Saint dont les gémissements - selon Romains 8,26 - se joignent aux cris de douleur de la création, en même temps que dans l'abandon extrême de Jésus sur la croix, il maintient la relation avec le Père et se mue ainsi en Esprit de résurrection ; et c'est le Père qui souffre auprès du Fils et avec lui, de telle façon toutefois que, sans être devenue homme, il porte la souffrance du monde et la mène à bonne fin, sans atteinte à son intouchable béatitude mais en tant que Père de toute-puissance. Dieu ne setrouve pas engagé dans la souffrance au point de ne plus respecter ni sa propre nature ni celle des créatures. La souffrance de la Trinité est supportée par le Père, qui, de ses deux mains - ainsi qu'Irénée de Lyon appelle le Fils et l'Esprit - manifeste son amour au monde.

    Dès lors devient compréhensible le mot souvent cité de Dietrich Bonhoeffer : «Seul le Dieu souffrant peut nous aider» [...] Sur la croix il apparait que là où la souffrance née de l'amour est acceptée pour la vaincre, la souffrance est cernée par la promesse de la vie : la résurrection, réponse du Père à la croix du Fils, est le prélude à l'abolition de toute souffrance. Abolition, mais en tant que réduction à néant et que transmutation porteuse de sens. Car, dans le fait que le Christ porte éternellement ses stigmates à la droite du Père, il devient patent que la souffrance fait vraiment son entrée en Dieu pour l'éternité et que sa négativité sans limite ne s'oppose plus à l'ultime réconciliation du «Dieu tout en tous.» Léon Bloy souligne que la souffrance disparaît, mais non la fait d'avoir souffert. Lorsque la souffrance subie l'a été par amour, il se vérifie que l'amour est «ce qui ne passe jamais» (1 Cor 13, 8)

    Le prix bien trop élevé de la souffrance par amour a été payé par Dieu lui-même [...] Dieu a vraiment payé lui-même le prix de l'amour et avec une telle largesse que toute la souffrance humaine peut se réfugier dans l'amour compatissant de Dieu et que l'homme trouve dans cette compassion la force pour lutter contre la souffrance, pour la supporter et lui donner un sens.

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Cinci » lun. 16 avr. 2012, 7:36

(suite et fin)


  • Le Fils de Dieu s'est totalement investi dans notre monde imprégné de souffrance et se l'est - littéralement - assimilé, afin d'annuler dans son coeur et dans son corps souffrants la discordance, issue du péché, entre le oui inconditionnel de Dieu et le non, source de souffrance, renvoyé par l'homme à Dieu. Dorénavant, le Christ appelle ceux qui croient en lui à s'engager sur cette voie, de sorte que se mettre à sa suite signifie aussi prendre le même chemin de douleur. Ses disciples doivent compléter ce qui manque encore aux épreuves du Christ, pour son Corps qui est l'Église (Colossiens 1,24). Une expression ambigue qui appelle un commentaire.

    Compléter, ce qui veut dire : amener l'action du Christ à sa perfection par le fait que ses disciples la font produire tout son effet en eux-mêmes et la font leur. «Ce qui manque encore aux épreuves du Christ»; «manquer» non pas au sens où l'action du Christ ne suffirait pas, mais au sens où les potentialités et les implications incluses dans son oeuvre, et qui sont orientées vers leur réalisation, leur accomplissement, viennent effectivement à bon terme. Or, elles ne seront pas pleinement réalisées aussi longtemps que tout le mal, tout le mortifère, tout le douloureux et tout le néfaste de la création ne seront pas effectivement surmontés chez et par les croyants. C'est seulement lorsque tout sera remis au Christ, c'est à dire lorsque toutes les démarches humaines seront parvenues en lui à leur but, que lui-même, le Fils, se soumettra à Celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous (1 Corinthiens 15,28). Alors seulement son oeuvre aura atteint son objectif.

    Ainsi donc existe-t-il également une forme de souffrance assumée par le croyant qui se met à la suite du Christ, partout où il affronte le conflit entre le non du péché et le oui de Dieu, et littéralement «souffre-avec», compatit. Et ce processus ne se clôt pas forcément à la fin de la vie terrestre de chacun, mais perdure dans la purification qui suit la mort, dans ce que l'on appelle le purgatoire

    Le purgatoire - un concept malheureusement démodé, altéré, dévalorisé - n'est nullement un enfer temporaire, un tribunal de représaille, un lieu d'expiation pour les ''reliquats'' du péché ou de pénalités encourus pour fautes commises (dans la mesure où l'on imagine du quantitatif et du comptable en la matière). Bien plutôt, l'homme éprouve en lui-même, quand après la mort il se trouve sous la lumière de Dieu, la puissance encore active du non source de souffrance, ainsi que le déficit d'une intégration incomplètement aboutie du oui. Confronté à l'amour de Dieu, l'homme souffre de son propre manque d'amour. C'est pourquoi il faut que se développe en nous un processus de maturation et de sanification, que nous pouvons nous représenter comme une souffrance provenant d'un trop faible amour, d'un «oui» trop peu affirmatif, d'une réconciliation non encore accomplie entre le coupable et sa victime, une souffrance qui n'est que l'expression d'un désir d'amour.

    Source : Gisbert Greshake, Pourquoi l'amour de Dieu nous laisse-t-il souffrir ?, pp.53-64

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Belin » ven. 10 janv. 2014, 19:03

Souffrance de l'innocent? Qui est innocent?
Personne n'est innocent, même un nouveau né porte déjà en lui le péché originel selon notre Foi. Le simple fait qu'il existe cause un tord immense à Dieu qui nécessite réparation pour-qu'il y est justice. Et déjà à partir de notre expérience humaine, la justice fait généralement toujours mal à celui qui a causé du "tord"

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par seba15 » lun. 27 janv. 2014, 9:17

Est-ce que le fait que jesus se soit sacrifié n'efface pas le péché originel ?
J'ai l'impression dès fois qu'on culpabilise souvent des gens qui n'ont même pas mis un pied dans la vie active du péché originel de nos ancètres.
Enfin je sais pas je suis pas expert. Mais bon la souffrance de l'innocent peut nous interroger sur le sens de la vie et de la volonté de dieu.

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Peccator » lun. 27 janv. 2014, 13:57

seba15 a écrit :Est-ce que le fait que jesus se soit sacrifié n'efface pas le péché originel ?
Si, bien sûr, et nous bénéficions de ce rachat par le mystère du baptême.
J'ai l'impression dès fois qu'on culpabilise souvent des gens qui n'ont même pas mis un pied dans la vie active du péché originel de nos ancètres.
Que voulez-vous dire par "on culpabilise souvent des gens" ?

Que voulez-vous dire par "ils n'ont même pas mis en pied dans la vie active du péché originel" ?
L'homme a en lui la tache du péché originel dès le moment de sa conception. Il n'y a pas à l'activer ou à faire quoique ce soit. Nous naissons pécheurs.
Nos propres péchés, c'est autre chose. Il n'y a pas besoin d'être né avec le péché originel pour les commettre : Adam et Eve ont péché, alors qu'ils étaient nés immaculés.
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par seba15 » lun. 27 janv. 2014, 14:25

Je pense que ça serait un peu plus juste si les enfants étaient jugés suivant leur actes.
Tant qu'il n'ont pas commis de péché, on peut rien leur dire...
J'aime pas trop cette idée de naître sale de naissance, ça me semble injuste.
Donc avec le péché originel un nourrisson qui meurt avant le baptême va direct en enfer ? :sonne:
Alors qu'il ne sait même pas parler.

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par gerardh » lun. 27 janv. 2014, 15:08

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Bonjour René,

Je me permets de vous conseiller la lecture du Psaume 73.


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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Peccator » lun. 27 janv. 2014, 15:39

seba15 a écrit :Je pense que ça serait un peu plus juste si les enfants étaient jugés suivant leur actes.
Ils le sont ;)
Tant qu'il n'ont pas commis de péché, on peut rien leur dire...
J'aime pas trop cette idée de naître sale de naissance, ça me semble injuste.
:D Vous n'êtes pas le seul, ni le premier.
Donc avec le péché originel un nourrisson qui meurt avant le baptême va direct en enfer ? :sonne:
Alors qu'il ne sait même pas parler.
Je vous suggère de vous documenter sur les limbes. Et aussi de méditer sur la question du salut de tous les hommes qui ne sont pas baptisés, quel que soit leur âge le jour de leur mort.

Mais ce n'est pas par hasard que l'Eglise désire que les enfants soient baptisés aussi tôt que possible. Je ne sais pas ce qu'il en est de nos jours, mais dans les années 1970, ma mère a baptisé des nouveau-nés en salle d'accouchement car il était probable qu'ils ne survivent pas longtemps. C'était une pratique courante, alors. Aujourd'hui, je ne serais pas étonné que ç'ait été interdit pour cause de laïcité...
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par gerardh » lun. 27 janv. 2014, 15:50

_________

Bonjour,

D'après ce que j'ai compris de divers messages sur ce forum, les limbes, ça n'existe pas.

Par ailleurs il y a eu aussi un message récent sur ce forum disant que les enfants devaient être baptisés le plus tôt possible, sinon ils vont en enfer s'ils meurent non baptisés. A noter que sur ce même forum, il semble que les avis soient partagés. De dit la doctrine de l'Eglise catholique ?


___________

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Peccator » lun. 27 janv. 2014, 16:10

gerardh a écrit :D'après ce que j'ai compris de divers messages sur ce forum, les limbes, ça n'existe pas.
L'idée des limbes a toujours été âprement discutée entre théologiens. St Augustin la refusait totalement.

Récemment, l'Eglise a clairement exprimé (voir lien en bas de mon message) qu'elles ne peuvent être tenues pour une vérité de foi, c'est à dire que ce n'est pas un dogme de l'Eglise.
Elle considère que c'est une formulation un peu trop simple de l'espérance du salut.

Mais c'est là discours de théologiens, pour beaucoup de gens cette idée "simple" apporte un grand réconfort.

Et la théorie des limbes demeure une hypothèse théologique possible.

Par ailleurs il y a eu aussi un message récent sur ce forum disant que les enfants devaient être baptisés le plus tôt possible, sinon ils vont en enfer s'ils meurent non baptisés. A noter que sur ce même forum, il semble que les avis soient partagés.
Que les enfants doivent être baptisés le plus tôt possible, c'est ce que dit l'Eglise. Mais elle ne dit pas que sinon, ils vont en enfer.


Que dit la doctrine de l'Eglise catholique ?
Que nous espérons, sans avoir aucune certitude de foi sur la question. Nous nous en remettons entièrement à la miséricorde de Dieu.
Catéchisme de l'Eglise catholique a écrit :1261 Quant aux enfants morts sans Baptême, l’Église ne peut que les confier à la miséricorde de Dieu, comme elle le fait dans le rite des funérailles pour eux. En effet, la grande miséricorde de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés (cf. 1 Tm 2, 4), et la tendresse de Jésus envers les enfants, qui lui a fait dire : " Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas " (Mc 10, 14), nous permettent d’espérer qu’il y ait un chemin de salut pour les enfants morts sans baptême. D’autant plus pressant est aussi l’appel de l’Église à ne pas empêcher les petits enfants de venir au Christ par le don du saint Baptême.


Pour ceux qui veulent lire l'avis complet de la Commission théologique internationale :
http://www.vatican.va/roman_curia/congr ... ts_fr.html

Edit : pour les pressés, le résumé :D
L'étude dont le lien est donné ci-dessus a écrit :La conclusion de cette étude est qu’il existe des raisons théologiques et liturgiques d’espérer que les enfants qui meurent sans baptême puissent être sauvés et conduits à la béatitude éternelle, même si aucun enseignement explicite sur ce point ne se trouve dans la Révélation. Toutefois, aucune des considérations proposées dans le présent texte afin de justifier une nouvelle approche de la question, ne saurait être utilisée pour nier la nécessité du baptême, ni pour retarder l’administration du sacrement. Bien plutôt, ce sont des raisons d’espérer que Dieu voudra bien sauver ces enfants, précisément parce qu’il n’a pas été possible de faire pour eux ce qui eût été éminemment souhaitable: les baptiser dans la foi de l’Église et de les incorporer visiblement au Corps du Christ.
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par seba15 » lun. 27 janv. 2014, 19:20

La problématique va toucher aussi d'autres enfants, né dans une famille d'athée ou de non pratiquant.
Avant la religion était une tradition comme le baptème, maintenant l'athéisme est aussi une tradition et des parents athée ou non pratiquant, peuvent décider pour l'enfant de ne pas l'instruire religieusement, ni le baptisé.
L'enfant étant obligés d'attendre bien plus tard pour ce faire baptisés si il le souhaite.
Et il peut donc par accident mourir avant de s'intéresser à l'église.
Est-ce qu'il y aurait pas des mondes invisibles de transition, pour des cas extrême comme celui là ?
Genre un purgatoire ou la personne qui n'a pas connu dieu durant sa vie, puisse faire un choix en toutes connaissances de cause.

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Johnny » lun. 27 janv. 2014, 22:28

Désolé de ramener le débat à des considérations un peu caricaturales et dénuées de sentimentalisme.

La question porte sur la souffrance de l'innocent . Mais n'oublions pas trop vite que d'autres ne le sont pas et sont la cause de cette souffrance :

- un enfant qui meurt du cancer meurt d'abord du péché des hommes : si toutes les sommes dépensées en armement et en futilités l'avaient été en recherche médicale, il y a bien longtemps que le cancer serait vaincu,

- depuis que l'on a inventé les médicaments anti-douleurs, on a quand même les moyens de supprimer la souffrance physique ; si ce n'est pas fait, c'est notre péché là aussi,

- quand on se "scandalise" qu'une jeune mère décède en laissant des orphelins, c'est en oubliant que la famille, les amis, devraient être là pour la suppléer et atténuer la douleur des orphelins.

D'autre part, la souffrance est aussi subjective : quand Anne-Dauphine Julliand relate la mort de son enfant : "C'est pas grave la mort. C'est triste mais c'est pas grave." , on voit bien que, même si elle souffre comme n'importe quelle mère, son Espérance lui permet de surmonter ce deuil (on pourrait même concevoir que mourir jeune est une Grâce, qui évite peut-être une vie de péché, et permet d'entrer en état de Sainteté dans la Vie de Dieu).

Enfin, nous savons que du Mal peut jaillir le Bien ("Là ou le péché abonde, la Grâce surabonde", Romains 5.20), mais comme l'échelle de temps n'est pas la même, nous ne voyons pas toujours le Bien induit. Par exemple, faisons un raisonnement statistique : la 2nde guerre mondiale a tué 60 Mio d'hommes, soit 3% de la population de l'époque, ou moins de 1 millième des 80 milliards d'hommes qui sont nés depuis le début de l'humanité : finalement, ce n'est "rien" à l'échelle de l'Histoire et de l'aventure humaine. Et pourtant, ce drame, en faisant entrevoir l'Enfer à toute l'humanité, a permis de comprendre que l'anéantissement total était possible. Conséquence : le monde vit globalement en paix depuis 70 ans, la chute du communisme n'a pas provoqué d'apocalypse nucléaire, et même s'il y a encore des génocides, des guerres civiles, leur condamnation est largement partagée, et la communauté internationale se sent quand même obligée d'agir (même si c'est tardif et loin d'être efficace...)

Donc, le raisonnement qui consiste à accuser Dieu de notre souffrance n'est, à mon humble avis, que le refus (conscient ou non) d'analyser en profondeur les responsabilités et le péché de l'Homme, de faire la balance du Bien et du Mal, et de l'orgueil que nous avons en considérant qu'une vie de pécheur sur Terre a une valeur supérieure à la Vie Éternelle.

Seules la Foi, l'Espérance et la Charité permettent de vivre avec la souffrance. L'intensité de cette souffrance n'est que la mesure de l'insuffisance de nos vertus.

Et finalement, le problème, c'est que tout ce que je viens d'écrire est bien sûr inaudible par quelqu'un qui vit cette souffrance.... et donc qu'elle restera insupportable.
Se croire soi-même imparfait et trouver les autres parfaits, voilà le bonheur. (Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus)

Ce qui attire le plus de grâces du bon Dieu, c'est la reconnaissance, car si nous le remercions d'un bienfait, il est touché et s'empresse de nous en faire dix autres et si nous le remercions encore avec la même effusion, quelle multiplication incalculable de grâces ! (idem)

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Re: Quel sens donner à la souffrance de l'innocent ?

Message non lu par Altior » sam. 08 févr. 2014, 11:55

Quelques pensées ici: http://gloria.tv/?media=566988

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