Merci cinci pour la réponse que vous m'avez faite et qui remet les choses à leur place et m'incite à lire avec plus d'attention : Notre saint pape Jean-Paul II critiquait les théologiens qu'il citait. Bon.
A propos du témoignage de Ste Faustine, je ne vois pas bien quelle différence cela fait de considérer que la rencontre avec le Christ au moment de la mort soit au-delà ou en-deça de l'arrêt biologique de nos fonctions vitales. On pourra dire que la deuxième option sauvegarde la représentation traditionnelle du passage dans la mort, on pourra dire que la première s'accorde avec les témoignages des EMI... Il reste que le trépas et le passage dans l'autre monde demeurent un mystère, que personne n'a encore tout à fait éclairci, et il reste surtout cette parole admirable de Faustine : " Mais Dieu, dans sa miséricorde, donne à l’âme dans son for intérieur ce moment de clarté."
J'ai vaguement l'impression (mais peut-être me trompé-je, encore une fois) que l'hypothèse d'Arnaud est critiquée parce qu'au fond, elle est perçue comme permissive. On y voit un Jésus pressé de tout pardonner, pourvu que l'âme dise "Seigneur, Seigneur". Or, nous savons que ce n'est pas cela que le Christ attend de nous. Mais je pense qu'Arnaud est au courant, n'est-ce pas.
La question du Jugement est toujours un sujet sensible dans les échanges entre chrétiens (et entre croyants en général). En ce qui concerne les catholiques, je crois qu'il y a derrière tous ces échanges la question cruciale de savoir si les sacrements sont suffisants au salut. Je ne crois pas que, malgré cette candide formulation, la question soit simple. Elle a sa corollaire directe : l'obéissance aux commandements de l'Eglise est-elle suffisante au salut? Et toutes les autres : la foi est-elle suffisante, les actes sont-ils suffisants, la charité est-elle suffisante, etc?
La doctrine du Purgatoire, et du Jugement en général, ne répond pas à cette question.
L'hypothèse d'Arnaud Dumouch non plus. Mais pour ma part, elle a l'intérêt de résonner avec deux phrases qui m'ont marqué : d'abord, "
c'est ma parole qui vous jugera" (Jn 12,48) et "
vous serez jugés sur l'amour" (St Jean de la Croix) :
- Il me semble inévitable qu'au jour du Jugement, (que celui-ci soit avant-pendant-après l'agonie peu importe) on ne saura mentir. Et si Jugement il y a, alors il y a un face à face, une confrontation.
- Or, je crois fondamentalement que l'amour est profondément exigeant, et que Dieu ne nous appelle pas à vivre pour l'éternité un petit sentiment à l'eau de rose. L'amour est renoncement et sacrifice. Et l'on peut fort bien ne pas être prêt à cette exigence au soir de notre vie, parce que, par exemple, nos actes ici-bas nous auront dévié et auront perverti notre coeur.
Ici se réconcilient l'impératif absolu de vivre dès aujourd'hui selon l'Evangile avec la pratique des sacrements, et la justice nécessaire d'une prise de conscience totalement assumée du Jugement de Dieu par l'âme elle-même.
Arnaud parle de trois types de péchés. Jean-Paul II réaffirme que quoi qu'il en soit, il est des actes qui détruisent la charité. Au fond, on en revient au même : il arrive au Jugement des âmes qui refusent Dieu, comme le dit aussi Sainte Faustine. Je pense que, malheureusement, certaines conduites de toute une vie peuvent nous rendre incapables de L'accepter, incapables de Le désirer.
Jean-Paul II se garde bien de dresser une liste exhaustive et normative des péchés mortels : et pour cause, la chose est bien trop complexe. La seule norme, c'est Dieu Lui-même c'est la communion avec Lui, c'est cela que les saints désirent, et c'est ce qui nous sera proposé au soir de notre vie : nous serons jugés sur l'amour, c'est à dire, "sur Dieu". Aurons-nous, sincèrement, véritablement, le désir de Lui? Je crois que c'est ici que se situera notre Jugement.