François-Xavier a écrit :
Vous reformulez ce que dit le pape. Il ne parle pas de conversion, il parle d'une purification. Ce qui est tout de même différent.
Si vous voulez le "mot à mot" et non une reformulation simple, alors voilà :
Vous dites : "Il ne parle pas de conversion, il parle d'une purification"
Je réponds : Il parle de je mets en gras ses propres mots):
- Son Regard qui efface en nous
"toute fausseté".
- La rencontre avec Lui
- Brûlure
- Transformation
- Libération pour nous faire devenir vraiment nous-mêmes.
- Dans cette rencontre
se trouve le salut (la notion de salut implique, dit le Concile de Trente, entrée dans la grâce sanctifiante, donc conversion).
- une transformation certainement douloureuse, comme « par le feu ».
- La souffrance de l'amour devient notre salut et notre joie. >>> Cela s'appelle une naissance d'en haut.
Quand cela se passe-t-il ? Dans le "passage" dit le pape :
Il est clair que la « durée » de cette brûlure qui transforme, nous ne pouvons la calculer avec les mesures chronométriques de ce monde. Le « moment » transformant de cette rencontre échappe au chronométrage terrestre – c'est le temps du cœur, le temps du « passage » à la communion avec Dieu dans le Corps du Christ.[39]
- Cette rencontre est aussi jugement :
Le Jugement de Dieu est espérance, aussi bien parce qu'il est justice que parce qu'il est grâce.
- Dans cette rencontre, le Christ tient compte de ce que nous sommes dans notre vie terrestre.
Avouez que c'est un peu plus qu'un "purgatoire".
Voici d'ailleurs comment, en termes plus simple, sainte Faustine voit ce passage :
« Sainte Faustine, Petit journal 1697. J’accompagne souvent les âmes agonisantes et je leur obtiens la confiance en la miséricorde divine. Je supplie Dieu de leur donner toute la grâce divine, qui est toujours victorieuse. La miséricorde divine atteint plus d’une fois le pécheur au dernier moment, d’une manière étrange et mystérieuse. A l’extérieur, nous croyons que tout est fini, mais il n’en est pas ainsi. L’âme éclairée par un puissant rayon de la grâce suprême, se tourne vers Dieu avec une telle puissance d’amour, qu’en un instant elle reçoit de Dieu le pardon de ses fautes et de leurs punitions. Elle ne nous donne à l’extérieur aucun signe de repentir ou de contrition, car elle ne réagit plus aux choses extérieures. Oh ! Que la miséricorde divine est insondable !
Mais horreur! Il y a aussi des âmes, qui volontairement et consciemment, rejettent cette grâce et la dédaignent. C’est déjà le moment même de l’agonie. Mais Dieu, dans sa miséricorde, donne à l’âme dans son for intérieur ce moment de clarté. Et si l’âme le veut, elle a la possibilité de revenir à Dieu.
Mais parfois, il y a des âmes d’une telle dureté de cœur qu’elles choisissent consciemment l’enfer. Elles font échouer non seulement toutes les prières que d’autres âmes dirigent vers Dieu à leur intention, mais même aussi les efforts divins. »
François-Xavier a écrit :
Par ailleurs, vous êtes vous même représentant d'une certaine école thomiste ou thomassienne, en tant que disciple du P. Philippe. Et le problème de Thomas d'Aquin sur ce point précis n'est pas un problème de raisonnement ni de méthodologie mais en fait le point départ de sa réflexion qui est erroné, qui ne vient pas de lui mais d'Augustin.
Saint Augustin a hésité longtemps à défénir la mort comme un instant. Il le montre dans deux textes de son oeivre.
Saint Thomas d'Aquin, quant à lui, voit qu'il y a là un problème : Il n'arrive pas à expliquer la possibilité de salut pour les païens au coeur droit. Dans UN TEXTE de trois ligne, il émet cette hypothèse (qu'il restreint certains justes, sans oser l'affirmer pour tout homme) :
De Veritate, 14, 11, 1:
« A un homme qui, sans y mettre d’obstacle, suivrait la raison naturelle pour chercher le bien et éviter le mal, on doit tenir pour très certain que Dieu révélerait par une inspiration intérieure les choses qu’il est nécessaire de croire ou lui enverrait quelque prédicateur de la foi, comme Pierre à Corneille. »
François-Xavier a écrit :
(que j'ai cité dans ce forum et dans ce fil avant vous) :
- 1 : La descente aux enfers n'est pas la seconde venue glorieuse du Christ. Or vous semblez mêler les deux choses.
- 2 : Vous soutenez la possibilité d'une délibération dans la mort. Ce n'est pas parce qu'il se passe quelque chose dans la mort c'est à dire une rencontre avec le Christ qui purifie, que tout cela correspond à une délibération.
J'affirme effectivement l'inverse de vous :
- 1 : La descente aux enfers est pour moi la venue glorieuse du Christ.
Ceci ne s'oppose pas à sa venue glorieuse à la fin du monde qui est (c'est le titre de ma thèse, un seul mystère en des millions d'évènements REELS. Donc le Christ vient aussi d'un seul coup pour la dernière génération, à la fin du monde.
- 2 : Je soutiens la possibilité d'une délibération dans le passage qu'est la mort. Et sainte Faustine aussi.
François-Xavier a écrit :
J'ai la conviction quant à moi que cette rencontre dans la mort avec le Sauveur est un échange de regard. Le défunt rencontre le Christ crucifié à cause de ses péchés. Le Christ plonge son regard dans l'âme du défunt et c'est ainsi que se fait le jugement. Si l'âme du défunt fuit cette épreuve de vérité, c'est à dire l'idée que tout simplement ce sont ses péchés qui sont responsables des tortures subies par le Christ, le Christ ne peut rien. Si le défunt l'accepte, alors le Christ peut guérir.
En fait, je pense la même chose ... Ceci est une délibération, une "bataille d'Armaguedon"...
François-Xavier a écrit :Mais on voit bien que rien là dedans ne correspond à une délibération qui serait d'ordre intellectuelle ou dogmatique.
A c'est cela votre objection !
Je suis tout à fait d'accord avec vous. Je n'ai jamais envisagé cette rencontre avec le Christ comme un débat théologique ! C'est donc ma faute. J'ai du mal m'exprimer ! Cette rencontre prend l'intelligence et le coeur. Les dogmes sont pour la terre. Le regard du Christ est, en un instant, plus porteur de vérité que 1000 ans d'études théologiques !!
François-Xavier a écrit :
Il n'y a pas de choix opéré par l'âme. Il y a révélation de la vérité de ce que fut la vie du défunt, et de tout défunt, qu'il ait été baptisé ou non, lorsqu'il contemple les plaies ouvertes du Christ.
Je ne partage pas votre avis. Il y a choix. C'est un choix d'amour ou de rejet mais c'est un choix libre : Entrée dans la grâce ou blasphème contre l'Esprit, rien de plus volontaire que cet acte. C'est bien une ALLIANCE entre deux liberté qui s'ouvre ce jour là pour celui qui se sauve.
François-Xavier a écrit :
C'est exactement la pensée d'Henri Pourrat, qui dans l'un des contes qu'il a recueilli, narre la scène d'un enfant sauvage d'Auvergne, sans éducation chrétienne et accueilli dans un couvent, qui panse les plaies du Christ sur le crucifix de sa chambre. Vérité populaire !
Par ailleurs, il est essentiel d'entrevoir l'idée que ce qui se passe dans le mystère de la mort c'est quelque chose d'individuel, c'est à dire une rencontre personnelle et définitive entre l'âme et le rédempteur. Alors que ce qui se passe lors de la seconde venue en gloire est un jugement collectif : et cela donne justement de la valeur précisément à l'institution de l'Eglise, mais aussi à l'ecclesiola familiale ou encore toute organisation et association à laquelle nous participons lors de notre vie. Tout cela est également jugé, ultimement mais pas au même moment. Il y a des choses qui nous subsistent, après notre mort, et qui ne seront évaluées qu'à l'aune de leur accomplissement dans la vérité.
Enfin, cette réflexion peut peut être aussi nous faire comprendre, contre le jansénisme rampant que nous continuons à subir au XXIème siècle, la valeur fondamentale de notre vie terrestre, de la beauté de notre être corps et âme, et le fait que notre "moi" est aussi et surtout notre corps. Et au pourquoi de la résurrection de la chair. Notre vie éternelle ne se joue pas à la dernière seconde avant notre mort. Notre vie éternelle est commencée, ici et maintenant, dans ce monde et dans ce corps. Et dès aujourd'hui, Dieu désire que je Lui sois uni, par la médiation de l'Eglise et des sacrements. C'est la raison pour laquelle le Christianisme est la seule religion voulue positivement par Dieu.
En fait, pourquoi débattons nous ! Nous avions le même avis sur tout, sauf sur un point : la liberté totale du côté de l'homme qui choisit.