Gloire du monde / gloire de Dieu

« Assurément, il est grand le mystère de notre religion : c'est le Christ ! » (1Tm 3.16)
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Hélène
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Gloire du monde / gloire de Dieu

Message non lu par Hélène » jeu. 22 sept. 2005, 19:06

Bonjour à tous,

Il me semble que cette homélie poursuit bien la réponse que Charles fait à Christian dans le fil sur "la liberté et ses limites" (que vous trouverez ici : viewtopic.php?t=288&start=30 ) concernant la tentation du pouvoir temporel ainsi que la gloire du monde versus la gloire de Dieu et le pouvoir selon l'Évangile (le pouvoir de devenir "Enfants de Dieu" comme le dit saint Jean dans son prologue)... attention c'est savoureux...goûtez et voyez...
Hérode, prince de Galilée, est intrigué par ce Jésus dont on lui rapporte tant de choses dont il ne sait que penser « “Mais qui est cet homme dont j’entends tellement parler ?” Et il cherchait à le voir ». Il ne cherche pas à l’entendre, car la parole dérange ; « énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants, elle pénètre au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4, 12). Par contre le regard permet d’objectiver l’autre ; de le réduire aux apparences, sans le considérer dans son altérité personnelle.
Zachée, chef des collecteurs d’impôts, cherche lui aussi « à voir qui est Jésus » (Lc 19, 3). Mais son regard est avide de connaissance, il est tension à la communion : comme il est petit de taille, il grimpe sur un sycomore pour voir Notre-Seigneur qui doit passer par là - cet arbre symbolise l’effort de l’homme pour rejoindre Dieu en cherchant à s’élever jusqu’à lui.
Hérode est un grand de ce monde : il ne se déplace pas vers Jésus, mais il le fait venir à lui ; ou plutôt c’est Pilate qui le lui enverra, utilisant Jésus comme monnaie d’échange pour normaliser sa relation avec le Tétrarque (Lc 23, 12). L’attitude d’Hérode lors de cette rencontre tant attendue est significative : « A la vue de Jésus, il éprouva une grande joie : depuis longtemps il désirait le voir. Il l’interrogeait avec force paroles, mais Jésus ne lui répondit rien. Hérode en compagnie de ses gardes le traita avec mépris et se moqua de lui » (Lc 23 9-10). Hérode garde bruyamment l’initiative, étouffant toute possibilité de dialogue par un verbiage superficiel, et repoussant Jésus dans l’extériorité d’un regard méprisant.
Jésus ne dit rien à Hérode car celui-ci n’est pas en état d’entendre sa parole. Mais Notre-Seigneur interpelle Zachée et s’invite chez lui : « Zachée, descends vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi ! ». Jésus se fait l’hôte de tout homme qui le cherche ; il nous invite à descendre de notre arbre, à renoncer à gravir les cieux, et à nous préoccuper plutôt de le recevoir chez nous, lui qui est descendu d’auprès du Père pour « habiter parmi nous » (Jn 1, 14). Bientôt, Notre-Seigneur nous rendra la pareille : du haut de l’arbre où il sera monté à son tour pour nous rejoindre, c’est lui qui nous invitera chez lui : « - “Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume”. - “En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis” ».
Hérode renvoie Jésus à Pilate après l’avoir revêtu d’un « habit splendide » en signe de dérision (Lc 23, 11) ; Jésus couvre le malfaiteur repentant qui agonise, nu, à ses côtés, du manteau de sa gloire dont il resplendira pour l’éternité.
Hérode et Pilate sablent le champagne pour fêter leur amitié scellée au prix de la vie d’un innocent (Lc 23, 12) ; Jésus célèbre « l’entrée du salut dans la maison de Zachée, fils d’Abraham » (Lc 19, 9) et boit le vin nouveau du Royaume avec le pécheur pardonné qu’il introduit dans la demeure de son Père.
« C'est pour un discernement que je suis venu en ce monde : pour que ceux qui ne voient pas voient et que ceux qui voient deviennent aveugles » (Jn 9, 39). Hérode cherche à savoir « qui est cet homme » en se référant au passé - Jean-Baptiste, Elie, un prophète d’autrefois - ou tout au plus au présent de son petit monde étriqué, le seul qu’il connaissent. Jésus est venu pour nous introduire dans le Royaume de son Père, dont il est seul à connaître le chemin. Mais pour y accéder, il nous faut accepter de nous laisser conduire par la main comme des aveugles. Tel est le statut du disciple, qui mise tout sur cet Autre mystérieux, venu ouvrir une brèche dans l’absurdité d’une vie repliée sur elle-même. Pourtant, au cœur des événements de ce monde qui réitèrent désespérément leur co rtège de souffrance et de désillusions, le cœur assoiffé et l’âme de désir peuvent discerner la Nouveauté inouïe du Fils de Dieu venu dans notre chair mortelle, pour nous donner part à sa gloire éternelle.

« Seigneur je confesse toutes les fois où j’entends ta Parole sans l’écouter ; où je me protège de toi ; où je me tiens dans l’extériorité d’une relation objectivante qui ne me compromet pas ; où je jette sur toi un regard indifférent et froid, par crainte de rencontrer le tien et d’y lire un désir qui viendrait me déranger dans mon confort et dans mes petites habitudes. Donne-moi la force de m’arracher à mon inertie et de m’ouvrir à ta Parole ; je le proclame aujourd’hui solennellement en présence de Marie et de toutes la cours céleste : tu es “mon Seigneur et mon dieu” : apprends-moi à vivre de manière cohérente avec cette confession de foi. »


Père Joseph-Marie Verlinde
Quelqu'un disait : L'Évangile, c'est le monde à l'envers ! :)

Le Seigneur vous bénisse !
"Le Père n'a dit qu'une seule Parole, c'est son Fils et, dans un éternel silence, il la prononce toujours". (Saint Jean de la Croix)

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