Le statut de la Bible

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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Le statut de la Bible

Message non lu par omega » lun. 02 mai 2005, 14:04

Quel est le statut de la Bible aux yeux de la théologie catholique ?

Je sais que, pour l'Islam, le Coran fut écrit par le prophète sous la dictée de Dieu (ou de Gabriel ? :oops: ). Il s'agit donc forcément d'un texte parfait et irréfutable.

Mais il me semble que personne ne prétend une telle chose à propos du nouveau testamen. Aucun texte n'est de la main de Jesus et si les auteurs étaient certainement pénétrés d'une foi profonde, ils n'en restent pas moins des hommes. Or si la Bible est humaine, il se pourrait qu'elle contienne des erreurs.

Quel est l'avis de l'Eglise Catholique (et des participants du forum) sur cette question ?

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Message non lu par Gaudeamus » lun. 02 mai 2005, 14:18

La Bible est écrite de main d'hommes inspirés, ce qui laisse de la place pour l'utilisation des méthodes de critique historique dans l'exégèse, à l'interprétation parfois symbolique... Mais toute lecture n'est pas pour autant compatible avec la foi catholique.
L'Eglise n'est pas une religion du Livre, l'autre pilier fondamental étant la Tradition (avec une majuscule s'il vous plaît), qui fournit la grille de lecture. En effet, le christianisme est tout autant une religion de l'expérience que du Livre ; la Tradition est le dépôt reçu par ceux qui ont vu ceux qui ont vu ceux qui ont vu etc... ceux qui ont vu le Christ, qui ont été témoins de sa résurrection, etc.
D'ailleurs, la qualification des textes (canoniques/apocryphes) est un produit de la Tradition, en quelque sorte.

Le Christ n'a jamais écrit, mais certains, comme Claude Trémontant, soutiennent que le nouveau testament aurait été rédigé à partir de notes prises par les disciples du Christ, car il aurait été écrit en "mauvais grec", certaines formulations rappelant trop l'hébreu.

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Message non lu par omega » lun. 02 mai 2005, 14:25

Peut-il y avoir eu des fautes ? Que quelqu'un quelque part se soit trompé lorsqu'il voulait exprimer la volonté de Dieu ? (je ne parle pas de fautes de traduction)

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Message non lu par Gaudeamus » lun. 02 mai 2005, 14:46

Pas de fautes possibles sur les questions de foi : nature de Dieu, etc.

Après, les rédacteurs étaient tributaires des connaissances de leur époque, notamment sur le plan scientifique et historique, ce qui ne pose pas de problème dans le sens où les points de foi sont généralement d'ordre méta-physique.

Il faut bien comprendre que les rédacteurs ne faisaient pas du tout de l'histoire au sens où on l'entend aujourd'hui. Au fond, la Bible est une relecture a posteriori d'une expérience, historique est spirituelle. Il y a donc une progression, une évolution dans la pensée biblique. Par exemple, l'universalisme du nouveau testament s'oppose au tribalisme de l'ancien. C'est pourquoi tu pourras toujours trouver des passages qui paraissent en contredire d'autres.

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Message non lu par guelfo » lun. 02 mai 2005, 14:49

La réponse est non, mais plus fondamentalement, le problème est mal posé.

Que signifie concrètement que "quelqu'un se soit trompé lorsqu'il voulait exprimer la volonté de Dieu" ? Si cela signifie que les auteurs de la Bible ont appréhendé certaines vérités en utilisant les concepts de leur temps, les informations dont ils disposaient et avec les moyens intellectuels qui étaient les leurs, et donc tout ce que cela implique comme inexactitudes potentielles, ta remarque est un truisme. Je songe par exemple au récits de la création dans la Genèse ou encore les généalogies dans lesquelles apparaissent des personnes dont on dit qu'elles sont mortes d'une rage de dents à l'âge mûr de 324 ans.

Si par contre il s'agit de la vérité intrinsèque du texte, c'est une question de foi, et par voie de conséquence, on se retrouve par définition dans un domaine qui n'est plus celui de l'examen scientifique.
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Message non lu par Gaudeamus » lun. 02 mai 2005, 15:02

Charles a écrit :La remarque intéressante de Claude Trémontant ignore seulement l'emprise de l'oralité sur les textes évangéliques et s'explique par elle.
Possible, je suis très peu au fait de ces choses-là.

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Message non lu par omega » lun. 02 mai 2005, 15:36

guelfo a écrit : Si par contre il s'agit de la vérité intrinsèque du texte, c'est une question de foi, et par voie de conséquence, on se retrouve par définition dans un domaine qui n'est plus celui de l'examen scientifique.
Justement, ma question est là. Qu'on croie dans l'historicité du christ, dans son caractère divin, etc.
soit ! c'est justement une croyance. Mais qu'on croit "dur comme fer" qu'un texte écrit de main d'homme est parfaitement abouti et que son message est absolument parfait, j'ai un peu du mal. J'ai l'impression que ca fige la pensée. (je comprends parfaitement que la Bible puisse être une lecture stimulante et qu'on puisse penser qu'elle contient des grandes vérités élémentaires, mais que tout y soit absolument parole d'évangile....)

D'ailleurs, que fait-on des contradictions entre les différents évangiles ?

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Message non lu par guelfo » lun. 02 mai 2005, 15:40

Tu te fixes sur des mots. "Qu'un texte écrit de main d'homme est parfaitement abouti et que son message est absolument parfait", qu'est-ce que cela peut bien signifier concrètement ? Que tout est dans la Bible ? Ca n'a pas de sens.
Dernière modification par guelfo le lun. 02 mai 2005, 15:55, modifié 1 fois.
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Message non lu par omega » lun. 02 mai 2005, 15:51

Bon, ben par exemple, une phrase comme "croissez et multipliez". Il me semble qu'elle oriente très fortement la politique de l'Eglise Catholique. Si il y a une erreur, si Jésus n'a pas vraiment dit ça, ca peut remettre en cause bcp de choses. Puisque c'est écrit de main d'homme et non sous la dictée directe de Dieu, on peut envisager que ce soit une erreur et donc, ne faut-il pas leprendre avec bcp de précautions ? (sans vouloir par là appliquer le principe de précaution à l'exégète, bien sûr ;-) )

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Message non lu par guelfo » lun. 02 mai 2005, 16:00

omega a écrit :Bon, ben par exemple, une phrase comme "croissez et multipliez". Il me semble qu'elle oriente très fortement la politique de l'Eglise Catholique. Si il y a une erreur, si Jésus n'a pas vraiment dit ça, ca peut remettre en cause bcp de choses. Puisque c'est écrit de main d'homme et non sous la dictée directe de Dieu, on peut envisager que ce soit une erreur et donc, ne faut-il pas leprendre avec bcp de précautions ? (sans vouloir par là appliquer le principe de précaution à l'exégète, bien sûr ;-) )
Tu cites la Genèse, qui n'est pas un recueil des paroles de Jésus, contrairement à ce que tu sembles penser. Première erreur. ;-)

Ensuite, l'Eglise n'encourage pas les fidèles à se reproduire comme des lapins, puisqu'elle attache au contraire beaucoup de valeur à la continence (on peut discuter du bien-fondé de cette option, mais soit, là n'est pas la question).

Ce à quoi tu fais allusion est l'enseignement de l'Eglise en matière d'avortement, qui n'a absolument aucun rapport avec le passage de la Genèse que tu cites, mais qui est inspiré par une règle qui ne changera JAMAIS et qui est "tu ne tueras point".

Ton erreur est cependant compréhensible, puisque certains polémistes anti-catholiques, qui adorent faire mine de croire que les catholiques sont des crétins et des attardés, trouvent très confortable d'ignorer l'argument basé sur "tu ne tueras point" au profit d'une argumentation scripturale idiote, folklorique et ... imaginaire, plus facile à démonter. Il y a donc bon nombre de gens qui sont persuadés que l'opposition de l'Eglise à l'avortement est fondé sur un hypothétique ordre divin de se reproduire tant que faire se peut.
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Message non lu par omega » lun. 02 mai 2005, 16:16

Ca n'a pas été repris par Jésus ? On m'aura mal renseigné.
Je ne faisais absolument pas allusion à l'avortement, mais je pensais plutot à la question des moyens de contraception et à la valorisation de la famille nombreuse (avoir 6 ou 7 enfants ne me semble pas l'expression d'une luxure irréfrénée ;-) )

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Message non lu par guelfo » lun. 02 mai 2005, 16:27

omega a écrit :Ca n'a pas été repris par Jésus ? On m'aura mal renseigné.
J'avais deviné.
Je ne faisais absolument pas allusion à l'avortement, mais je pensais plutot à la question des moyens de contraception et à la valorisation de la famille nombreuse (avoir 6 ou 7 enfants ne me semble pas l'expression d'une luxure irréfrénée ;-) )
Je serais bien en peine de t'expliquer la position de l'Eglise en matière de contraception puisque je la trouve moi-même incohérente et indéfendable. Ceci étant, mon petit doigt me dit que l'avortement n'était pas étranger à ta remarque... ;-)

Quant à la valorisation de la famille nombreuse, c'est une image d'Epinal. On valorise aussi le célibat des prêtres ou la continence au sein du couple, en fait, on valorise toute situation familiale compatible avec l'enseignement de l'Eglise.
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Message non lu par VexillumRegis » lun. 02 mai 2005, 17:56

[Je rouvre le fil, mais veuillez s'il vous plait recentrer la discussion sur son thème, à savoir le statut de la Bible. Merci. - VR]

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Message non lu par VexillumRegis » lun. 02 mai 2005, 18:18

[align=justify]Saint Robert Bellarmin (1542-1621), docteur de l'Eglise, eut l'occasion dans ses Controverses avec les protestants d'aborder le statut des Livres saints, et quoique son opinion soit sans doute un peu vieillie (ce dont il faut assurément tenir compte), il me semble néanmoins intéressant de la vous la donner dans le cadre de cette discussion.

En commençant sa controverse sur la parole de Dieu, Bellarmin se pose cette question : "Les Ecritures, oeuvres des prophètes et des apôtres, doivent-elles être reçues pour nous comme la parole de Dieu même ?"

Il répond que "dans les livres appelés canoniques est contenue la parole de Dieu... [car] lorsque les prophètes, puis le Christ lui-même et ses apôtres, veulent imposer aux hommes des dogmes ou des pratiques comme révélés de Dieu, c'est à l'Ecriture Sainte qu'ils font appel..." (...)

Bellarmin établit ensuite une distinction entre la Révélation et l'inspiration chez les auteurs des Livres Saints : "Dieu est l'auteur de toutes les Ecritures, mais il agit diversement sur les prophètes et sur les autres écrivains inspirés...

Aux prophètes il révélait l'avenir, les assistant en même temps pour qu'ils ne puissent mêler aucune fausseté à leur rédaction ; ceux-ci n'ont eu d'autre labeur que celui d'écrire ou de dicter ce qui leur était révélé...

Aux autres écrivains, Dieu ne révélait pas toujours ce qu'ils devaient écrire, mais les excitait à écrire ce qu'ils avaient vu ou appris par ouï-dire, ce dont ils pouvaient se souvenir ; en même temps ils les assistait pour qu'ils n'écrivissent rien de faux ; cette assistance ne les dispensait pas du travail de réflexion et de recherche portant sur le fond et la forme de l'oeuvre
".

Mais il affirme avec force : "L'Ecriture ne peut contenir aucune erreur, qu'il s'agisse de la foi ou des moeurs, qu'il s'agisse d'une affirmation générale et concernant toute l'Eglise, ou d'une affirmation particulière ne concernant qu'un seul homme... nous devons croire que dans l'Ecriture aucun mot n'a été employé inutilement ou à tort..."
[/align]

:arrow: Aimé Richardt, Saint Robert Bellarmin, le défenseur de la foi, F.X. de Guibert, 2004, pp. 188-189.


- VR -
Dernière modification par VexillumRegis le lun. 02 mai 2005, 18:24, modifié 1 fois.

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Message non lu par guelfo » lun. 02 mai 2005, 18:23

omega a écrit :D'ailleurs, que fait-on des contradictions entre les différents évangiles ?
Quelles contradictions ? On parle bien des Evangiles, nous sommes bien d'accord ?
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