Le rite et la foi

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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etienne lorant
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Le rite et la foi

Message non lu par etienne lorant » mar. 23 déc. 2008, 11:59

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,57-66.
Quand arriva le moment où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils.
Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait prodigué sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l'enfant. Ils voulaient le nommer Zacharie comme son père. Mais sa mère déclara : « Non, il s'appellera Jean. » On lui répondit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » On demandait par signes au père comment il voulait l'appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Son nom est Jean. » Et tout le monde en fut étonné.
A l'instant même, sa bouche s'ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu.
La crainte saisit alors les gens du voisinage, et dans toute la montagne de Judée on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient en étaient frappés et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui.

Si je m'en tiens uniquement à la signification hébraïque des deux noms, je peux transcrire immédiatement "Zacharie et Jean", par : "Dieu s'est souvenu" et "Dieu fait grâce". Alors, puisque Dieu s'est souvenu et puisqu'Il a fait grâce en donnant un fils à Elisabeth, pourquoi cet étonnement de l'assemblée ? Pourquoi le nom du père doit absolument être le nom du fils ? Sans doute parce que l'on pratique depuis longtemps une religion dans laquelle Dieu est cité à tout instant, mais sans pour autant qu'on lui accorde la moindre initiative... tout comme on n'accorde aucune valeur à ce que dit Elisabeth: avant elle était stérile, et maintenant voici qu'elle dit n'importe quoi !

Cette scène me prête à sourire car je devine l'exaspération dont Dieu a témoigné par ses prophètes tout au long de l'Ancien Testament, du fait de ces cœurs durs, si lents à croire, dont est constitué Son peuple. Jésus lui aussi, tout au long de sa mission, rencontrera ces mêmes obstacles des traditions et il les bousculera car ils figent l'homme dans une attitude de simples sujets n'ayant droit ni à la liberté, ni à l'expression de la foi et de l'amour.

C'est d'ailleurs cette attitude qui a rendu Zacharie muet. Au moment de l'apparition de l'ange Gabriel dans le sanctuaire, il n'avait rien fait d'autre que de protester. Comme s'il avait dit: cela ne se peut pas ! (Et voici donc un homme qui a prié pour avoir un fils, tout en croyant fermement que Dieu ne l'écouterait pas... Dans ses conditions, était-il vraiment nécessaire de garder l'usage de la parole ?)

Mais enfin, voici que sa bouche s'ouvre, sa langue est déliée, et il bénit Dieu - mais cette fois, tout son coeur y est !

Il y a nécessairement une leçon à tirer de cet Evangile concernant nos relations à Dieu. Car nous aussi nous pratiquons souvent notre foi de manière toute formelle. J'ai envie de dire ceci: que l'on communie dans la main ou sur la langue, si l'on croit que le Seigneur est vraiment présent, mais que l'on croit - en même temps, que communier n'arrangera en rien une situation difficile que nous traversons... alors autant ne pas communier. Parfois, j'ai l'impression que seuls les saints ont vraiment eu confiance que le Seigneur, réellement présent dès que deux ou trois se réunissent en Son nom, pouvait agir de manière immédiate parmi les hommes. Je songe au père Emilien Tardiff: comme tous les autres prêtres, il ne faisait que dire sa messe, mais les miracles se multipliaient dans l'assistance. Il y a évidemment d'autres cas. J'ai lu récemment que le père Lebbe, missionnaire en Chine, avait été à l'origine de très grands miracles. Que dire encore de Soeur Bridget McKenna, dont la prière obtient à distance des guérisons ?

Emmanuel signifie "Dieu avec nous". Croyons-nous vraiment que Jésus : "Dieu sauve" et est constamment avec nous ?

En vous souhaitant à tous une grande joie de foi en ce Noël ! Puissions-nous être de dignes témoins de Jésus-Christ dans ce monde de plus en plus bouleversé !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Hugues D.
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Re: Le rite et la foi

Message non lu par Hugues D. » mer. 24 déc. 2008, 2:15

Étienne mon ami, j'ai bien aimé votre "éditorial" :) En le lisant je me suis pris au jeu de lire le passage du livre de Jonas, quand ce dernier boude dans son coin et que Dieu "le taquine" avec un ricin (chapitre 4). Sur un plan plus personnel je puis témoigner que Dieu emploi souvent cette pédagogie avec moi. Cela me rend plus sage, mais surtout plus humble sur le coup. ;) :) :saint:
VALE !
Fr. Hugues o.p.

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