Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

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Le_repentant
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Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par Le_repentant » sam. 16 déc. 2023, 20:10

Bonjour à tous,

Je suis nouveau sur ce site. Comme je le trouve très intéressant et instructif, je me suis dit que j'allais le rejoindre. Par exemple pour échanger sur les questions que je me pose à propos de la foi...

Une question qui me tracasse beaucoup est la suivante : à l'aune de la Bible, combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Combien de fois avant que la patience de Dieu ne soit à bout ? Y a-t-il un moment où, quelque soit son repentir et son regret, rien ne peut plus être fait ?

Un passage bien connu dans l'Evangile de Matthieu dit :

Matthieu 18, 21-22
21 Alors Pierre s'approcha de lui, et dit: Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi? Sera-ce jusqu'à sept fois? 22 Jésus lui dit: Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à septante fois sept fois.
Un tel passage semble indiquer qu'il y a longtemps avant que la patience de Dieu ne se tarisse ! Peut-être que j'extrapole, mais il ne me semblerait pas idiot de dire que la parabole qui suit (la parabole de la dette) choisit de parler d'argent justement pour mettre en lumière qu'il ne s'agit pas de "tenir des comptes", mais d'une approche qui serait plutôt qualitative (à partir de la réciprocité par exemple).

Cependant, toujours en Matthieu 18, on trouve :

Matthieu 18, 15-18
15 Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère. 16 Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. 17 S'il refuse de les écouter, dis-le à l'Eglise; et s'il refuse aussi d'écouter l'Eglise, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain. 18 Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel.
Ces deux passages aussi proches l'un de l'autre me laissent sceptiques : y aurait-il contradiction ? J'en serais bien surpris, alors peut-être ferais-je mieux de me demander : quelle est la nuance qui m'échappe ?

Merci aux membres du forum pour leur réponse !
Dernière modification par Le_repentant le dim. 17 déc. 2023, 11:10, modifié 1 fois.

cmoi
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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par cmoi » dim. 17 déc. 2023, 6:23

Vous avez me semble-t--il "tout ce qu'il faut" pour répondre vous-même à votre question, j'aurais presque envie de vous féliciter pour votre exposé et ce en quoi il répond déjà à certaines, et je ne suis pas certain que ce soit bien de vous priver de la rechercher.
A supposer toutefois que vous l'ayez beaucoup déjà fait et que cela explique votre "arrivée" et ce post, d'autres vont sans doute le faire et vous aider, vous "mettre sur une piste".
Sans quoi je reviendrai, promis... Car je suis là un peu fatigué et d'esprit inapproprié pour avoir répondu à un profil fort différent du vôtre.
Ne voyez donc ici qu'un désir de vous saluer et de vous dire "bienvenue", non au nom du forum ou de ma personne, mais de tout chrétien qui en reconnait bien un autre ("à cet amour par lequel on vous reconnaîtra"), loin de toute étiquette...

cmoi
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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par cmoi » dim. 17 déc. 2023, 7:45

Me revoilà.. Je suis redevenu dispo et « neutre »… Et ne résiste pas à me livrer à l’exercice que vous nous demandez car il n'est pas sans intérêt…

Le premier passage fait référence à ce premier commandement qui les vaut tous (c'est par amour de Dieu que nous pardonnons, non par "philosophie") tandis que le second fait référence à celui qui lui est équivalent et se situe au niveau de la charité fraternelle.
Là où l’autre, notre prochain, peut présenter un obstacle, jamais Dieu n’en présentera un…

Cette réponse devrait vous suffire, mais il est possible de « délayer » et de conjuguer.

Que faire face au mensonge (= ne pas reconnaître sa faute) ?
Considérer que c’est nous qui nous trompons ? Parfois c’est impossible…
Alors on peut prendre l’autre au mot (feindre d’être dupe mais sans cacher qu’on ne l’est pas pour en raccourcir la durée si on le souhaite) et l’obliger à nous conduire dans les plus extrêmes conséquences de son mensonge, d’en résoudre les contradictions avec le réel, etc. jusqu’à ce qu’il en soit épuisé et saturé, comprenne son erreur (technique « faire 10000 pas avec celui qui nous en demandait 10 »)
- mais Dieu (qui peut se permettre de se poser en « référent ») n’agit pas ainsi : il fait le sourd et continue comme si la vérité était connue/reconnue (voir avec Caïn, Sarah et tant d’autres dans la bible) : autre « méthode », je dirai qu’elle fait appel à son autorité et suppose d’être « clean » car elle présente de notre part un risque d’arrogance et d’orgueil.
La première prend le risque de voir les choses s’embrouiller, et de trop monopoliser notre propre attention, d’être satirique (est-ce charitable ?) tout en se donnant l’air de « ne pas juger ».

Autre réponse : pardonner ne veut pas dire nier le péché ni le « remettre » (Dieu seul le peut). Et nous avons le devoir d’aider l’autre à ne pas pécher. Notre pardon doit pouvoir l’y aider et rendre absurde sa persévérance dans le mal. Cela ne doit pas non plus dépendre de sa reconnaissance de son péché, dont il convient de ne pas dépendre, de s’en exonérer. Cela suppose de le qualifier tel et de le traiter comme tel, son péché.
Quand le péché sera avoué, notre pardon pourra prendre valeur de réconciliation et donc en fonction du repentir exprimé (car ne pas mentir est insuffisant…certains (trop !) aiment et sont fiers de leurs péchés !) car il ne faut pas oublier cette donnée du problème.

Nous pouvons cependant être obligés de fréquenter qui aura péché ou nous aura offensé et ne voudra pas le reconnaître, et même persévérera... Ce sera à nous de veiller à rester charitable sans être complice, à en anticiper et déjouer les possibilités - bref, à supprimer ce qui seront pour l’autre des tentations, ce qui suppose d’avoir dépassé les siennes et notamment celle (la nôtre) de la vengeance ou de vouloir lui donner une leçon, etc.

Moralité?
Notre vie ne nous appartient pas, elle appartient à Dieu et il peut vouloir que nous soyons asservis (car cela peut aller jusque-là) par charité à un « méchant » (serait-ce partiel et se présenterait-il comme de bonne foi), et parfois fort longtemps, pour nous éprouver. A nous de savoir rester « intègre » et de n’en pas subir l’influence, ce qui suppose de savoir pardonner qui ne suppose pas de « se laisser faire », tout au contraire, et cela dans la douceur et l’abnégation, l'humour, l'intelligence, sans se pervertir l’esprit (autre tentation : "l'intelligence avec l'ennemi", il est plus facile de le supprimer !).
Dieu ne nous donne pas d'épreuve que nous ne puissions réussir, avec l'aide de sa grâce, et il tient compte de nos capacités. Cela suppose parfois que nous sachions la lui demander quand nous connaissons le recours à la prière, et savons possible le miracle !

Alors cher Repentant (joli pseudo, le mien montre à quel point je manque d’imagination quand il s’agit de me présenter) n’auriez-vous vraiment pas pu trouver cela (et tout ce que je n’ai pas eu le courage de développer mais que vous devinerez) tout seul, ne le saviez-vous pas déjà ?

Il y a enfin une remarque qui vaut quasiment une troisième réponse (il faut les croiser) : en faisant appel à des tiers et puis à l'Eglise, on interpose des tiers qualifiés qui pourraient nous faire comprendre que nous sommes et en quoi dans l'erreur, ne serait-ce que sur la forme, et nous aider à pardonner...

Le_repentant
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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par Le_repentant » dim. 17 déc. 2023, 12:03

Bonjour Cmoi,

He bien d'abord, merci pour vos mots d'accueil sur ce forum !

Ensuite, quant à votre réponse... je suis un peu perdu : votre exposé est sans doute fort intéressant, mais quant à moi, j'ai beau lire et relire, j'ai du mal à voir le lien avec la question posée, et par conséquent, j'ai bien peur de ne pas comprendre votre réponse ! Si vous pouviez reformuler de manière plus claire, je vous en saurais gré.

Merci en tout cas d'avoir pris le temps de me répondre. :oui:

Le_repentant
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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par Le_repentant » dim. 17 déc. 2023, 13:34

Re-bonjour Cmoi,

L'honnêteté me force à reconnaitre qu'après relecture, c'est beaucoup plus clair.

En fait votre réponse est bien une réponse possible ! Et fort intéressante.

Cependant, d'une certaine façon, vous répondez à une question autre que celle que je pose. D'où le fait que j'ai été déconcerté au premier abord.

Aussi mes remerciements à nouveau pour vos très bons développements, qui sont fort instructifs, quand bien même ils répondent à une question différente de la mienne. :oui:

Peut-être puis-je partir de la question que vous-même m'adressez, à savoir :
Alors cher Repentant (...) n’auriez-vous vraiment pas pu trouver cela (et tout ce que je n’ai pas eu le courage de développer mais que vous devinerez) tout seul, ne le saviez-vous pas déjà ?
A vrai dire, je suis bien surpris que vous puissiez le croire.

Il me semble que "savoir déjà" ce que Dieu attend de nous dans le détail de la pratique n'arrive guère souvent : si les réponses étaient déjà entièrement en nous depuis le début, quel intérêt d'en revenir régulièrement à un livre saint qui conserve les grandes lignes et les grands principes ? Quel intérêt pour les homélies des prêtres qui rendent accessible les Écritures à une transposition dans la vie quotidienne et à ses aspérités ? Quel intérêt pour ce forum ? Vous détaillez vous-mêmes les nombreuses difficultés de la relation aux autres qui font qu'à partir de quelques principes simples, toute pratique est presque toujours imparfaite, nécessairement chaotique, truffées d'embuches dans un monde complexe, imparfait, malveillant, paradoxal, parfois insensé. Parfois un monde aussi où les erreurs de communication et d'interprétation se produisent : parfois on croit savoir ce que l'autre veut dire, ce qu'il cherche, sans savoir qu'on débouche sur des inexactitudes, ou des contresens.

En résumé, je préfère de loin demander conseil et échanger, comme ici :)
Dernière modification par Le_repentant le dim. 17 déc. 2023, 21:49, modifié 1 fois.

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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par Le_repentant » dim. 17 déc. 2023, 14:03

Re-bonjour Cmoi (décidément, troisième fois en une matinée) :

Je modifierais volontiers mon deuxième message, mais la modération ne l'a pas encore validé...

En réalité il y a au moins une partie de votre message qui est effectivement une réponse directe à mes interrogations, c'est quand vous écrivez :
Le premier passage fait référence à ce premier commandement qui les vaut tous (c'est par amour de Dieu que nous pardonnons, non par "philosophie") tandis que le second fait référence à celui qui lui est équivalent et se situe au niveau de la charité fraternelle.
Je ne l'avais jamais vu sous cet angle. J'ignore si c'est la meilleure ou la seule solution pour réconcilier ces deux passages qui m'ont eu l'air contradictoires, mais cela apporte un éclairage, je dois dire, très fort et très convaincant aux passages en question. En considérant ces deux prescriptions comme liées à chacun des deux plus grands commandements, on comprend pourquoi les prescriptions ne sont pas mises sur le même plan, et donc ne sont pas identiques.

Merci pour cette importante mise en perspective :oui:

cmoi
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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par cmoi » lun. 18 déc. 2023, 8:29

Cher Repentant (ou chérit toujours les repentant, vous avez fait un bon choix...),

je v ais prochainement vous répondre, car hier au soir j'en étais resté en consultant les fils à la disparition de votre premier post et cela m'avait peiné et laissé perplexe, obligé à récurer profond ma conscience...
J'ignorais que les post des "nouveaux" passaient par une étape de validation, ce n'était pas ainsi il y a ... déjà bientôt 5 ans.

cmoi
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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par cmoi » lun. 18 déc. 2023, 9:12

Je me dois de vous remercier pour votre honnêteté (second post), ainsi que le hasard pour le troisième post, car cela m’a permis de comprendre quelque chose à propos de bien des attitudes de répulsion voire de haine (hélas) à l‘égard de mes interventions.
Je n’en dirai pas plus pour ne pas enfoncer davantage ceux qui pourraient me lire et qui s’enfoncent déjà assez tous seuls…
Oui, je prends les autres pour des gens intelligents, droits (même si en biais ou cabossés, même s'ils cherchent à briser ou contourner les obstacles qui leur rappellent leurs déficiences) et réfléchis, et je ne frétille pas pareil…

Je vais donc vous répondre à présent sur ceci, qui est fort intéressant à bien des égards :
Le_repentant a écrit :
dim. 17 déc. 2023, 14:03
Il me semble que "savoir déjà" ce que Dieu attend de nous dans le détail de la pratique n'arrive guère souvent : si les réponses étaient déjà entièrement en nous depuis le début, quel intérêt d'en revenir régulièrement à un livre saint qui conserve les grandes lignes et les grands principes ? Quel intérêt pour les homélies des prêtres qui rendent accessible les Écritures à une transposition dans la vie quotidienne et à ses aspérités ? Quel intérêt pour ce forum ?
L’intérêt d’en revenir etc., c’est que même si nous « savons déjà », il y aura toujours mieux et plus à savoir et que là seulement il (et aussi "Il") se trouvera, ce qui devient de plus en plus vrai plus on progresse.
Pour beaucoup, devenir un saint est un aboutissement fort lointain, un objectif qu’ils jugent encore inaccessible. Mais ce n’est qu’un commencement : ce n’est qu’à partir de là que l’on peut sauver ses frères. Alors il n’y a rien d‘extraordinaire à « savoir déjà »… et même pas à pratiquer ».
Ce qui le devient c’est la suite, la confrontation avec le mal quand il n’est plus du tout de notre côté.

Quoique l'on sache, c'est comme si on ne savait rien, et au-delà, il n'y a que l’Écriture Sainte pour vraiment nous guider.
Le_repentant a écrit :
dim. 17 déc. 2023, 14:03
Vous détaillez vous-mêmes les nombreuses difficultés de la relation aux autres qui font qu'à partir de quelques principes simples, toute pratique est presque toujours imparfaite, nécessairement chaotique, truffées d'embuches dans un monde complexe, imparfait, malveillant, paradoxal, parfois insensé. Parfois un monde aussi où les erreurs de communication et d'interprétation se produisent : parfois on croit savoir ce que l'autre veut dire, ce qu'il cherche, sans savoir qu'on débouche sur des inexactitudes, ou des contresens.
Cette fois je ne vous cite pas pour vous répondre mais pour vous poser une question qui n’a qu’un lointain rapport avec la citation : avez-vous songé à devenir prêtre ou religieux ? Je suis quasiment convaincu que vous en remplissez les conditions, du moins pour y penser et vous mettre en disposition… Ce serait trop dommage pour moi de vous en écarter et de le taire.

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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par Fée Violine » lun. 18 déc. 2023, 12:33

cmoi a écrit :
lun. 18 déc. 2023, 8:29

J'ignorais que les post des "nouveaux" passaient par une étape de validation, ce n'était pas ainsi il y a ... déjà bientôt 5 ans.
Mais si, les 3 premiers posts des nouveaux inscrits sont toujours passés par le filtre de la modération, le temps de voir à qui on a affaire.

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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par Coco lapin » lun. 18 déc. 2023, 13:46

Bonjour !
Le_repentant a écrit :
sam. 16 déc. 2023, 20:10
à l'aune de la Bible, combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Combien de fois avant que la patience de Dieu ne soit à bout ? Y a-t-il un moment où, quelque soit son repentir et son regret, rien ne peut plus être fait ?
Dieu pardonne chaque fois que l'on se repent sincèrement. Nul ne sait quelle est la limite de sa patience, mais Dieu ne peut plus pardonner une fois que la personne est morte (il faut se repentir avant de mourir).
Le_repentant a écrit :
sam. 16 déc. 2023, 20:10
Ces deux passages aussi proches l'un de l'autre me laissent sceptiques : y aurait-il contradiction ? J'en serais bien surpris, alors peut-être ferais-je mieux de me demander : quelle est la nuance qui m'échappe ?
Le premier passage concerne le pardon d'un pécheur "s'il se repent" (Luc 17,3) : vous devez pardonner votre "frère" (de sang ou de religion, mais je pense que ça s'étend au "prochain" en général) chaque fois qu'il se repent.
« Et si sept fois le jour il a péché contre toi, et que sept fois il revient vers toi, disant "Je me repens", tu lui pardonneras.» (Luc 17,4)
Mais on ne peut pas pardonner à quelqu'un qui ne se repent pas. Ce qui ne veut pas dire que vous avez le droit de vous venger. Je pense alors que vous êtes censé temporiser (attendre patiemment, comme Dieu), mais il n'est pas interdit de réclamer justice.

Le deuxième passage concerne le cas d'un pécheur de la communauté qui ne voudrait pas reconnaître/regretter son péché. « Qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain », ça peut s'interpréter de plusieurs façons, mais je pense que ça veut dire qu'il ne faut pas lui pardonner, et qu'on est libre de ne plus avoir de relations fraternelles avec lui, de le considérer comme exclu de l'Eglise.

Le_repentant
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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par Le_repentant » lun. 18 déc. 2023, 22:37

Que de posts depuis hier ! Je ne vais pas avoir le temps de répondre à chacun ce soir, et peut-être pas non plus demain... Mais ce n'est que partie remise. Merci déjà aux répondants !

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Libremax
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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par Libremax » mer. 20 déc. 2023, 18:20

Bonjour Le repentant,

ces deux passages ne s'opposent nullement. et ne sont pas à associer chacun à l'un des deux "plus grands commandements" donnés par Jésus.
Ils reflètent tous les deux la même profonde inspiration : le coeur de Dieu, c'est la Miséricorde, c'est le pardon, et le fidèle doit donc s'y conformer, en renouvelant sans cesse le pardon. C'est ce que signifie "70 fois sept fois".

Le deuxième passage ne parle pas réellement du chrétien qui pardonne, mais davantage, à vrai dire, de la personne qui rejette le pardon, qui rejette l'idée d'être en faute. Il nous parle de l'enfer.
Reprendre son frère lorsqu'il a péché, ce n'est pas pour le condamner. Ou alors, on n'a rien compris de la Miséricorde. C'est éventuellement pour obtenir un gain de cause, mais surtout, in fine, pour amener le pécheur au repentir, et donc ... au pardon.
Pour arriver à cette fin, Jésus nous encourage seulement à reprendre notre frère, si nécessaire à en trouver un ou deux autres pour le convaincre, et sinon, à l'amener devant l'Eglise.
Le but, c'est le même : c'est le pardon, qui ne peut se vivre sans avoir le sens de son péché, ni sans repentance.

Mais si la personne, pourtant interpelée par ses frères et meme l'Eglise, rejette le pardon, alors, qu'est-il possible de faire ? Rien, sinon espérer et prier.
Mais Jésus nous demande de prier même pour nos ennemis, qu'ils soient "publicains ou païens".

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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par cmoi » sam. 23 déc. 2023, 8:34

Coco lapin a écrit :
lun. 18 déc. 2023, 13:46
Le premier passage concerne le pardon d'un pécheur "s'il se repent" (Luc 17,3) : vous devez pardonner votre "frère" (de sang ou de religion, mais je pense que ça s'étend au "prochain" en général) chaque fois qu'il se repent.
« Et si sept fois le jour il a péché contre toi, et que sept fois il revient vers toi, disant "Je me repens", tu lui pardonneras.» (Luc 17,4)
Mais on ne peut pas pardonner à quelqu'un qui ne se repent pas. Ce qui ne veut pas dire que vous avez le droit de vous venger. Je pense alors que vous êtes censé temporiser (attendre patiemment, comme Dieu), mais il n'est pas interdit de réclamer justice.

Le deuxième passage concerne le cas d'un pécheur de la communauté qui ne voudrait pas reconnaître/regretter son péché. « Qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain », ça peut s'interpréter de plusieurs façons, mais je pense que ça veut dire qu'il ne faut pas lui pardonner, et qu'on est libre de ne plus avoir de relations fraternelles avec lui, de le considérer comme exclu de l'Eglise.
Bonjour coco Lapin,

Votre interprétation établit une distinction logique fort pertinente : dans un cas il nous est demandé de pardonner, dans l’autre non. D’où la contradiction à résoudre.
Ce que vous en déduisez ensuite vous appartient (je l’ai mis en gras) et me semble en contradiction avec plusieurs choses et notamment :
  • Le fait fréquent et avéré de « voir la paille dans l’œil de son voisin et point la poutre dans le nôtre », conduit à considérer le second passage comme une forme de prudence et d’humilité qui évite déjà la vengeance.
    Et la chute « Qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain », invite aussi à ne pas juger pour n’être pas jugé. Ainsi, dans le dernier chapitre de l’évangile de Saint Jean, Jésus demande à Pierre de ne pas s’occuper du sort des autres (Jean) et par ailleurs, Jésus ne va-t-il pas s’occuper de ce païen et/ou ce publicain, n’est-il pas venu pour cela ! (…), et notre « différent » nous empêchant maintenant de l’y aider, il convient de nous en tenir à l’écart.
Vous dites comprendre que cela veut dire qu’il ne faut pas dans ce cas pardonner (rien ne l’indique… et cela appauvrirait sérieusement l’histoire), or est-ce de là que vous en déduisez que c’est parce que « votre » offenseur ne se repent pas (car cela suppose que l’arbitrage de l’Eglise a eu lieu en votre faveur, sans quoi vous vous seriez rétracté ou seriez en tort en refusant de vous repentir – car l’histoire ne dit pas que vous aviez raison) ou est-ce parce que déjà vous le pensiez, qu’on ne pardonne pas à celui qui ne se repent pas ?
Sagesse alors « du monde » que professe ici beaucoup, mais qui n’est pas celle du Christ disant « père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font », ce qui suppose qu’il leur a lui pardonné puisqu’il intercède en faveur de ceux qui ne se repentent pas d’un mal évident et avéré.
Il est vrai qu’il ne précise pas s’il s’agit des soldats, des membres du Sanhédrin ou de Ponce Pilate, mais je plaide pour lui qu’il allait au plus fort et pensait à tous et à chacun en particulier – jusqu’à peut-être « nous » car n’est-il pas mort à cause de nos péchés !

Ne seraient ainsi damnés que ceux qui auront su ce qu’ils faisaient, c’est d’ailleurs le seul endroit de l’Ecriture où Jésus nous aurait livré en aparté et comme en live son critère de choix intime et personnel, ultime, pour quand il nous reviendra comme juge suprême - et que personnellement je mets en rapport avec ses propos sur « la mesure dont nous nous serons servie… ». C’est là ce qui peut s’extrapoler en extrapolant le moins quand on considère ce sujet du jugement, et ce qui devrait suffire à « désangoisser » ou « désinquiéter » ou dédramatiser leur peine à ceux qui comme sur ce forum Trinité craignent une injustice Divine.
Plus fort encore que le fait de pratiquer, de « devenir parfait comme notre père », d’avoir la foi, ou de pardonner pour être pardonné ! Et qui dépasse et de loin le concept d’ignorance invincible en le prenant à son propre mot.

Sans quoi on tombe dans l’interprétation de Libremax
Libremax a écrit :
mer. 20 déc. 2023, 18:20
Le deuxième passage ne parle pas réellement du chrétien qui pardonne, mais davantage, à vrai dire, de la personne qui rejette le pardon, qui rejette l'idée d'être en faute. Il nous parle de l'enfer.
et qui a surenchérit en affirmant que là, Jésus parle de l’enfer.
Assumant ainsi une double contradiction.
D’abord, parce qu’il a rejeté l’opposition
Libremax a écrit :
mer. 20 déc. 2023, 18:20
ces deux passages ne s'opposent nullement. et ne sont pas à associer chacun à l'un des deux "plus grands commandements" donnés par Jésus.
et affirmé qu’il ne convient pas de l’associer au second commandement (pour le second passage dont il est ici question), - alors que ce second passage évoque bien selon sa propre description une relation interpersonnelle entre 2 personnes, une qui pardonne et l’autre qui refuse de l’être – or quoi de plus typique pour illustrer ce second commandement dont Jésus nous dit qu’il est égal au premier et les met en relation, ce qui rend logique ici que
Libremax a écrit :
mer. 20 déc. 2023, 18:20
Ils reflètent tous les deux la même profonde inspiration :
Et ensuite parce qu’en dépit de son affirmation, il ne parle lui-même nullement ensuite de l’enfer, à moins de considérer (même si ce n’est qu’implicite et dissimulé) que le pardon d’un homme a la même valeur que celui de Dieu et que le refuser ou ne pas le recevoir revient-dra à être damné !
(L’Eglise ici ne peut être que témoin, mais de quoi et pour quel bienfait ? Soit elle démêlera l’affaire, soit le mensonge de l’un ou des 2 l’en empêchera, ce pour quoi j’avais personnellement parlé et développé cette idée de mensonge, sans estimer avoir à m’en expliquer – l’allitération est un des procédés pour éviter de donner des perles aux pourceaux et démasquer les travestis).

Le plus fréquent, surtout si entre temps il y a eu une longue fréquentation forcée, c’est que les torts soient partagés et précisément parce que celui qui n’aura pas pardonné parce que l’autre ne se sera pas repenti aura pris ou voulu prendre alors une « compensation » qu’il estimera « juste » et qui aura de fortes chances de ne pas l’avoir été.
L’intervention de témoins a aussi pour but de lever cette frustration avant qu’elle ne devienne active, d’éviter cette situation ultérieure par une précaution.
Et donc, il faut pardonner à ceux-là même qui ne se repentent pas, quoi que vous en disiez tous deux :
Libremax a écrit :
mer. 20 déc. 2023, 18:20
Mais si la personne, pourtant interpelée par ses frères et meme l'Eglise, rejette le pardon, alors, qu'est-il possible de faire ? Rien, sinon espérer et prier.
Ce qui coïncide avec l’instruction que je n’ai pas encore évoquée mais qui est très présente de « ne pas juger son prochain ». Et cela en raison du premier commandement qui en donne implicitement ou non (ce sont des commandements de Dieu et que le premier résume !) la raison dans plusieurs passages dont celui cité ici en premier, le second passage traitant d’un cas particulier relevant du second.

Je ne comprends décidément pas tous ces chrétiens qui butent sur ce pardon inconditionnel.
Car il est fort différent de se laisser faire, il n’empêche en rien la riposte et même en cas ou sans de récidive, de tuer selon les règles de la légitime défense. Nous serions la victime, or ne pas riposter ou insuffisamment c’est presque inviter à celles-ci de s’exercer et provoquer un effet d’escalade, tendre un piège. En appeler trop vite à un tiers, aussi.
Le passage qui se rapproche le plus du second ici est en effet celui de Mathieu (12 : 18) « lorsque tu vas présenter ton litige avec ta partie adverse, tant que tu es encore en route, sauve-toi d’un arbitrage, de peur que tu ne sois conduit devant le juge, que le juge ne te livre à l’officier, et que l’officier ne te fasse rejoindre les prisonniers. »

Car mieux vaut un accord amiable en notre défaveur qu’un procès. Tolstoï (qui inspira Gandhi et Martin Luther King, et qui vaut bien des exégètes et théologiens pour aider à découvrir la pensée de Jésus), va même jusqu’à considérer que l’existence de tribunaux va à l’encontre de la doctrine évangélique. Comme le souligne très justement Libremax, faire appel à l’Eglise doit donc être différent et répondre à un autre souci que d’obtenir un aveu, une réparation, des excuses, etc.
D’ailleurs le passage d’évangile ici concerné ne parle pas vraiment de pardon, mais d’écoute. Il vise uniquement à nous permettre de nous faire entendre, il accepte et avalise l’absence de preuves, celles qui permettraient d’exiger autre chose.
Mathieu notamment (18 : 23-25) mais pas seulement met à disposition de l’Eglise un « arsenal » qui est de nature à faire fléchir un croyant, s’il veut espérer une absolution future. Mais s’il est incroyant, cela ne servira à rien et il pourra même mentir. Sous prétexte d’éviter un scandale ou je ne sais quoi d’autre, un croyant même peut y faire échec Ainsi David espéra cacher son péché, et cela le conduisit à en commettre un pire. Les « conditions d’un pardon » peuvent être refusées de crainte qu’elles ne soient injustes.

Cela me fait penser à cette méthode pédagogique fort pratiquée (et qui fut enseignée aux professionnels de l’éducation !) mais fort désastreuse, qui privait l’enfant d’un jouet ou d’un bonbon, bref le boudait et le punissait, tant qu’il n’aurait pas présenté ses excuses (ce qui revient à demander pardon). Sans même que cela aille jusqu’au chantage, pensez-vous que ce soit une bonne façon d’éduquer et de donner envie de se repentir ? Cela invite éventuellement juste l’hypocrisie… Il aurait mieux convenu de faire remarquer l’absence de sanction au moment de ne pas priver, pour donner un élan vertueux et l’exemple, absence accompagnée d’une suggestion.
N’est-il pas écrit que Dieu nous a « aimé le premier », or qu’est-ce que cela veut dire ?

Sinon que le pardon doit être antérieur à l’offense, et même à toute offense quelle qu’elle soit. Qu’on doit savoir en faire notre affaire. Mais qu’on entend bien s’éviter les récidives et s’en prémunir. Ce n’est pas du masochisme, au contraire, c’est rester libre.

Pour conclure, si
Libremax a écrit :
mer. 20 déc. 2023, 18:20
Jésus nous demande de prier même pour nos ennemis, qu'ils soient "publicains ou païens".
c’est bien parce que le pardon lui-même est insuffisant, il demande des actes (la prière colmate ici l’impossibilité d’en poser dans l’immédiat) et si la situation, pour figée qu’elle soit, ne présage rien de bon ici-bas, ce n’est pas pour autant que nous devons donner à ce différent une importance telle qu’elle puisse mériter l’enfer à l’un ou l’autre (quand bien même on aurait tué). A moins de la revendiquer par orgueil. Sensée y remédier, la prière même peut s’y asservir qui « amasse des charbons ardents » au-dessus de la tête de celui que nous tenons pour un ennemi, et ne le doit pas considérer, mais elle peut réclamer justice – sans oublier que le jour de notre baptême, Dieu nous a tout pardonné gratuitement.

Luc (et Mathieu) : « quel dommage pour vous, les scribes, car vous avez emporté les clés de la connaissance. Vous n’y êtes pas entrés, dans son Royaume, et ceux qui y entraient vous les en avez empêchés »

C’est un peu comme si dans une propriété privée de luxe et hautement sécurisée, les gardiens étant en grève, les chats d’un des propriétaires venaient se baigner et uriner sans la piscine devenue inutilisable et que personne n’intervenait : ne sachant pas s’y prendre avec ces animaux, par indulgence ou indifférence, peur du propriétaire des animaux, parce que « ce n’est pas mon rôle », etc..
Qui paiera les M3 d’eau et le nettoyage ? Ceux qui auront été privés de baignade. Quel gâchis !
Vous ne voyez pas le rapport ? Mais votre doctrine est tout sauf chrétienne, elle doit être éradiquée ! Quand les chats seront immédiatement attrapés et des mesures prises pour qu’ils ne puissent pas recommencer, les choses reviendront dans l’ordre…
Un chrétien ne se dit pas « quoi faire ? » et pour ensuite s’assoir et se contenter de prier, espérant qu’un autre que lui intervienne. Il assume la persécution jusqu’au bout… et c’est ce que je fais ici.
Car bien sûr elle est pleine de bonnes paroles et de bons sentiments, mais elle les met dans de beaux contenants (les outres !) dernier cri, en plastique artificiel (le progrès !), qui les avarient, les isolent et limitent leur propagation.
Au nom du bien, évidemment. Voire même du vrai !
Quand elles se rencontrent la sagesse du Christ et celle du monde sont éminemment compatibles mais jusqu’à un certain point qui une fois poussé constitue une amélioration jugée nettement suffisante par certains et à partir duquel le bon sens peut nous faire refuser la première en la jugeant outrancière ou par nous adaptée juste comme il convient. C’est l’expérience qu’a fait St Paul devant l’aéropag
e, sur un autre point…
Bref, j'enfonce ici le clou car je n'ai pas l'intention de revenir encore sur ce sujet qui pourtant est capital : il est une étape incontournable si vous le voulez et pour avancer davantage dans la conversion du coeur, mais il n'y a que ceux qui l'ont franchie (et souvent cela demande de supporter beaucoup) pour le savoir.

Coco lapin
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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par Coco lapin » sam. 30 déc. 2023, 13:44

Bonjour cmoi !

cmoi a écrit :Vous dites comprendre que cela veut dire qu’il ne faut pas dans ce cas pardonner (rien ne l’indique… et cela appauvrirait sérieusement l’histoire), or est-ce de là que vous en déduisez que c’est parce que « votre » offenseur ne se repent pas (car cela suppose que l’arbitrage de l’Eglise a eu lieu en votre faveur, sans quoi vous vous seriez rétracté ou seriez en tort en refusant de vous repentir – car l’histoire ne dit pas que vous aviez raison) ou est-ce parce que déjà vous le pensiez, qu’on ne pardonne pas à celui qui ne se repent pas ?
C'est écrit texto : "s'il refuse d'écouter l'Eglise" --> donc on considère le cas où l'arbitrage de l'Eglise a eu lieu en sa défaveur, évidemment.
C'est écrit texto : "s'il se repent, pardonne-lui" --> le pardon est donc conditionné au fait qu'il se repente, et par conséquent, s'il ne se repent pas, on ne pardonne pas. Si Jésus avait voulu qu'on pardonne toujours de façon inconditionnelle, il n'aurait pas précisé cette condition ("s'il se repent").

cmoi a écrit :Sagesse alors « du monde » que professe ici beaucoup, mais qui n’est pas celle du Christ disant « père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font », ce qui suppose qu’il leur a lui pardonné puisqu’il intercède en faveur de ceux qui ne se repentent pas d’un mal évident et avéré.
Il est vrai qu’il ne précise pas s’il s’agit des soldats, des membres du Sanhédrin ou de Ponce Pilate, mais je plaide pour lui qu’il allait au plus fort et pensait à tous et à chacun en particulier – jusqu’à peut-être « nous » car n’est-il pas mort à cause de nos péchés !
S'ils ne savent pas ce qu'ils font, c'est qu'ils ne sont pas coupables du péché susceptible de leur être imputé. Or quel est ce péché ? Le déicide. Donc c'est logique qu'on le leur pardonne. En revanche, ils (les pharisiens, pas les soldats qui ne font qu'obéir sans quasiment rien savoir sur Jésus) sont quand même coupables de la mise à mort d'un innocent. Quoique ça peut se défendre encore : pour eux, Jésus méritait la mort pour avoir blasphémé en prétendant être le Fils de Dieu.
Bref, en disant "Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font", soit Jésus parle d'un groupe restreint tel "les bourreaux", soit Jésus demande à ce que leur soit pardonné un péché en particulier, et non pas "pardonne-leur tous leurs péchés".

Dieu ne pardonne que si l'on se repent. Il faut également savoir que le pardon, pour Dieu, commence par "je ne te jetterai pas en enfer, mais je te ferai quand même payer très cher", et ça peut aller jusqu'au pardon complet (il y a différents degrés).
Le pardon, au sens courant (pour nous les humains), c'est pas simplement "laisser courir" ni "arrêter de se venger après avoir puni moindrement que ce qui était mérité", mais "ne pas tenir rigueur, ne pas garder de ressentiment". C'est pourquoi, dans le cas d'un grave préjudice, pardonner à quelqu'un qui ne se repent pas est non seulement difficile (voire impossible), mais en plus ça va contre l'ordre moral (c'est d'ailleurs pour ça que Dieu ne peut pas le faire).

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Re: Combien de fois Dieu pardonne-t-il ? Contradiction dans l'Evangile ?

Message non lu par cmoi » dim. 07 janv. 2024, 7:17

Coco lapin a écrit :
sam. 30 déc. 2023, 13:44
C'est écrit texto : "s'il refuse d'écouter l'Eglise" --> donc on considère le cas où l'arbitrage de l'Eglise a eu lieu en sa défaveur, évidemment.
Oui, mais on ne peut le considérer qu’à partir de ce moment, or l’Eglise doit être sollicitée avant ce moment ce qui ouvre d’autres perspectives
Coco lapin a écrit :
sam. 30 déc. 2023, 13:44
C'est écrit texto : "s'il se repent, pardonne-lui" --> le pardon est donc conditionné au fait qu'il se repente, et par conséquent, s'il ne se repent pas, on ne pardonne pas. Si Jésus avait voulu qu'on pardonne toujours de façon inconditionnelle, il n'aurait pas précisé cette condition ("s'il se repent").
Il n’est pas écrit texto : « s’il ne se repent pas, ne lui pardonne pas ».
C’esst le contraire puisque déjà dans l’AT le clou du Lévitique (réputé pour sa rigueur) se trouve au verset 18 du chapitre 19, qui anticipe à la fois sur les évangiles de saint Jean (13 : 34 ; 15 : 12 et 17) et de saint Marc (12 : 31). Que dit-il ? « Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis Yahvé. » De quoi confondre qui à la lecture des évangiles, ne voudrait accorder le sien qu’à ses solliciteurs. Il dit donc selon Jésus lui-même le second commandement qui est identique au premier et qui résume tous les autres…
Il ne va pas encore jusqu’à enjoindre d’aimer ses ennemis ; cela n’aurait pas été compris. Mais s’en approche. Et vante un pardon sans condition, qu’il soit ou non imploré, sollicité.
Notez qu’au-delà et en dépit de la confusion entre impureté rituelle et impureté morale, derrière la rigueur des commandements et des sanctions prévues, se cachent déjà dans ce livre la pitié et la miséricorde (19 : 10 et 13 et 20 et 32 ; 23 : 22 ; 25 : 28 et 35-37 ; 26 : 3-13) .
Coco lapin a écrit :
sam. 30 déc. 2023, 13:44
Dieu ne pardonne que si l'on se repent.
Mais il ne s’agit pas de Dieu mais de nous qui ne devons pas juger.
Il me semble ici qu’il faille distinguer entre pardon et réconciliation. Concernant Dieu, entre les deux il y a le purgatoire. Je veux dire avant que la réconciliation soit effective et totale.
Nous concernant, nous assimilons trop les 2 quand nous excluons le pardon. Il n’a pas besoin d’une réconciliation avec l’autre, sinon avec nous-même et Dieu.
Le seul fait du commandement d’aimer ses ennemis, suppose le pardon envers qui ne se repent pas comme un préalable.

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