Carolus a écrit :
Évidemment, le plus jeune fils ne voulait plus rien à voir avec la maison paternelle.
Veuillez m'excuser, Carolus, je ne vois toujours pas de lien avec ce que je vous demandais,
ni où il y a évidence pour vous en ce que le fils n'aurait plus rien voulu avoir "à faire"( je suppose que vous le sous-entendiez..) avec la maison paternelle. Une simple lassitude comme celle de la chèvre de Mr Seguin peut expliquer aussi l' envie, par ailleurs propre à la jeunesse, de voir d'autres horizons. On dirait que vous songez à une envie de séparation plus motivée de la part du fils, comme des relations tendues entre père et fils peuvent y amener.
Benoît 16 semble aller dans votre sens, dans une homélie, (je souligne ce qui s' éloigne peut-être de votre sentiment):
Chers frères et sœurs,
En ce quatrième dimanche de carême, on proclame l'Evangile du père et des deux fils, plus connu comme parabole du "Fils prodigue" (Lc 15, 11-32). Cette page de saint Luc constitue un sommet de la spiritualité et de la littérature de tous les temps. En effet, que serait notre culture, l'art, et plus généralement notre civilisation sans cette révélation d'un Dieu Père plein de miséricorde ? Elle ne cesse pas de nous bouleverser et, à chaque fois que nous l'écoutons, ou que nous la lisons, elle est en mesure de nous suggérer toujours de nouvelles significations. Ce texte évangélique a surtout le pouvoir de nous parler de Dieu, de nous faire connaître son visage, mieux encore, son cœur. Après que Jésus nous a parlé du Père miséricordieux, les choses ne sont plus comme auparavant, à présent nous connaissons Dieu: Il est notre Père qui, par amour,
nous a créés libres et nous a dotés de conscience, qui souffre
si nous nous perdons et qui fête notre retour. C'est pourquoi, la relation avec Lui se construit à travers une histoire, de façon analogue à ce qui arrive à tout enfant avec ses parents : au début, il dépend d'eux; puis, il revendique son autonomie ; et finalement - si le développement est positif -, il arrive à un rapport mûr, fondé sur la reconnaissance et sur l'amour authentique.
Dans ces étapes, nous pouvons également lire les moments du chemin de l'homme dans son rapport avec Dieu. Il peut y avoir une phase qui est comme l'enfance: une religion animée par le besoin, la dépendance. Peu à peu, l'homme grandit et s'émancipe, veut s'affranchir de cette soumission et devenir libre, adulte, capable d'agir tout seul et de faire ses choix de façon autonome, en pensant aussi pouvoir se passer de Dieu. Cette phase, précisément, est délicate, elle peut conduire à l'athéisme, mais cela cache aussi souvent l'exigence de découvrir le vrai visage de Dieu. Heureusement pour nous, Dieu ne manque jamais d'être fidèle, et, même si nous nous éloignons et que nous nous perdons, il continue à nous suivre avec son amour, en pardonnant nos erreurs et en parlant intérieurement à notre conscience pour nous rappeler à lui. Dans la parabole, les deux fils se comportent de façon opposée : le cadet s'en va et tombe de plus en plus bas, alors que l'aîné reste à la maison, mais lui aussi a une relation immature avec le Père ; en effet, lorsque son frère revient, l'aîné n'est pas heureux, comme l'est en revanche le Père, au contraire, il se fâche et ne veut pas rentrer chez lui. Les deux fils représentent deux manières immatures d'être en relation avec Dieu : la révolte et une obéissance infantile. Ces deux formes se surmontent grâce à l'expérience de la miséricorde. Ce n'est qu'en faisant l'expérience du pardon, en nous reconnaissant aimés d'un amour gratuit, plus grand que notre misère, mais aussi que notre justice, que nous entrons finalement dans une relation vraiment filiale et libre avec Dieu.
Chers amis, méditons cette parabole. Regardons-nous dans les deux fils et, surtout, contemplons le cœur du Père. Jetons-nous dans ses bras, et laissons-nous régénérer par son amour miséricordieux. Que la Vierge Marie, Mater misericordiae, nous y aide.
Malgré ce texte qui semble vous conforter, je ne sais si le pape incluait le type d'amour dont je vous parle(
pierrot2 a écrit :
cet amour qui consiste à "ouvrir la cage aux oiseaux", comme celui du père du fils prodigue, fou de joie de le voir revenir, mais qui le laisse partir sans manifester de réticence.
, ce départ, sans réticence, ne signifiant pas nécessairement regret de le voir s' envoler.. ni souhait, par ailleurs.
Le pape semble restreindre son étude à ce genre d'amour qu'a le Père, et qui le fait souffrir, lorsque le fils s'égare. Il souffre alors, probablement de manière compassionnée, par empathie. Il ne souffre donc pas de ce dont souffre le fils, mais par ce désir-amour inassouvi de savoir que celui-ci n'était pas heureux, et était mort spirituellement.
Je ne sais par ailleurs pas si l'esprit de la parabole va dans le sens d' une assimilation du lacher-prise du père de la parabole avec le lacher-prise de Dieu qui livre l'homme et la femme à eux-même, dans la genèse, puisque dans le cas du père, celui-ci ne donne aucun interdit comparable à la prescription, pour l' homme et la femme, de ne pas manger de l'arbre de la connaissance du bonheur et du malheur. Au contraire, il lui donne sa part de bien qui doit lui revenir..Raison pour laquelle je vous solicite encore, svp, pour progresser vers la vérité