Les rédacteurs catholiques du Catéchisme de Jean-Paul II de 1993 connaissent très bien les documents officiels de l'Église, et ne se proposent pas d'annuler ce que les papes d'une autre époque auront pu dire de leur côté.
Ainsi :
Léon XIII dit que les écrivains sacrés "n'ont pas voulu apprendre aux hommes la situation interne des réalités sensibles", autrement dit "les choses sans utilité pour leur salut". Et c'est alors que, discrètement et en précurseur, mais sans encore employer la formule de "genre littéraire" dont la reconnaissance ecclésiastique ne se fera que bien ultérieurement, il affirma :
"Plutôt que de poursuivre une investigation en règle de la nature, ils (les auteurs inspirés) décrivaient et traitaient des choses occasionnellement, soit en style figuratif, soit selon la manière de parler courante en leur temps". (Léon XIII, Encyclique "Providentissimus", 18 novembre 1893)
Pie XII
Divino afflante Spiritu (30 septembre 1943)
L'exégète doit donc s'efforcer de discerner quel fut le caractère particulier de l'écrivain sacré et ses conditions de vie, l'époque à laquelle il a vécu, les sources écrites ou orales qu'il a employées, enfin sa manière d'écrire. Ainsi pourra-t-il mieux connaître qui a été l'écrivain sacré et ce qu'il a voulu exprimer en écrivant. Il n'échappe en effet à personne que la loi suprême de l'interprétation est de reconnaître et de définir ce que l'écrivain a voulu dire.
Et Pie XII va plus loin en demandant aux exégètes de "discerner et reconnaître quels genres littéraires les auteurs de cet âge antique ont voulu employer" autrement dit les formes et manières de dire dont l'usage était reçu par les hommes de leur temps et de leur pays. Une telle tâche réclame le recours à la critique, c'est à dire à des disciplines scientifiques. Aussi le problème de l'articulation de l'origine divine des Écritures et de la liberté de l'auteur biblique est-il posé de façon pertinente. Les deux faces constitutives du fait biblique, la face divine et la face humaine, sont prises l'une et l'autre en considération mutuelle.
Concile Vatican II
Dei Verbum
(7 décembre 1965)
"... mais pour composer les livres saints, Dieu a choisi des hommes qu'il a employés (eux-mêmes usant de leurs facultés et de leurs forces propres) de sorte que agissant Lui-même en eux et par eux,
ils transmettent par écrit
en véritables auteurs, tout et cela seulement que Lui-même voulait."
Il demande d'être un peu rompu au discours ecclésiastique et au maniement des formules traditionnelles par l'Église, afin d'éviter de faire dire à un texte d'Église le contraire de ce qu'il voudrait vraiment signifier. Faut pas se laisser abuser par un petit mot repiqué ici ou là dans le Catéchisme.
Si l'Église parle bien de la Bible comme "la Parole de Dieu", elle ne consacre pas avec cela l'idée fondamentaliste d'un seul sens univoque pour les textes, l'idée d'un seul sens facile, évident, naïf; elle ne consacre pas non plus l'idée de rédacteurs des textes réduit au seul rôle d'instruments passifs et ayant dû se contenter d'enregistrer la dictée céleste préparée d'avance, toute faite et sortie d'en haut. Quand l'Apôtre Paul écrit une de ses lettres, il n'est pas sous le coup du phénomène de l'écriture automatique.