James a écrit :Ce dont on parle ici me semble relever d'une analyse assez hasardeuse...
Cela reviendrait à se demander si Dieu a créé en premier lieu un travelo androgyne bisexuel ET puisque tel serait le cas, cela viserait à essayer de faire admettre aux chrétiens que ce n'est pas un péché, qu'il faut l'accepter, et pourquoi pas l'être, etc...
On voit très bien comment se déroule tout l'argumentaire
Non, tout cela s'apparente plus à une propagande moderniste type gender et compagnie...
…
On pourrait se demander de quels organes sexuels votre adam mâle et femelle a été attribué? De toute évidence, pas ceux d'un homme normal. Or, il est dit en 2,21 et en 2,22 que Dieu prit à l'homme une côte pour former la femme : il n'est nullement question d'organes génitaux. D'ailleurs, pour être exact, pour passer d'un homme à une femme, vous vous doutez qu'il faudrait bien plus que cela : il faudrait revoir chaque cellule du corps de l'adam mâle et femelle pour qu'il ne soit plus que mâle uniquement ; retravailler les sécrétions hormonales ; reformer certains organes ; retravailler les schémas cognitifs cérébraux ; etc... Bref, tout un chantier! Ainsi donc, le texte n'aurait pas précisé avoir pris une côte et avoir refermé la plaie, il aurait dit "Dieu a remodelé le corps de l'homme".
Vous êtes très modéré en indiquant que cela vous semble relever d’une analyse assez hasardeuse…
Mais, personne ne défend dans ce sujet l’hypothèse d’un travelo androgyne bisexuel, ni ne présente un argumentaire dans ce sens.
Non, Dieu n’a pas créé un humain unisexe qu’il aurait divisé en deux.
James a écrit :Les versets suivants allant de 2,4 à 2,24 sont une digression…
Déjà parce qu'en 2,7, il est dit que Dieu forma l'adam à partir de la glaise/poussière du sol. Si ce n'était pas le cas, Dieu aurait créé 2 adams. Jamais il n'a été stipulé cela ailleurs dans le texte et aucun verset ne désigne la femme comme un de ces 2 hypothétiques adams...
De plus, juste avant, au verset 2,5, il est stipulé que sur terre, il n'y avait AUCUN arbuste ni aucune herbe à germer.
Comme le confirment nos connaissances scientifiques actuelles, nous savons que le corps humain provient, en effet, d’une longue histoire biologique qui « commence » déjà avant tout arbuste et toute herbe verte. La réalité sexuée dans le vivant apparaît il y a fort longtemps.
Ce qui est apparu beaucoup plus tard dans l’histoire, c’est ce que James décrit très bien ailleurs dans son message. Et c’est bien plus qu’une transformation de la nature matérielle.
L’histoire biologique de l’apparition des êtres sexués est d’une complexité d’où ont surgi d’innombrables créatures de sexe mâle ou femelle. Les deux sexes sont indissociables dans la formation de l’adam à partir de la glaise.
Comme James l’écrit très bien ailleurs dans son message, « "adam" en hébreu désigne "Homme" dans le sens d'espèce humaine ».
James a écrit :Si Dieu a créé l'adam mâle et femelle comme vous le dites dans un premier temps et qu'il est précisé en 1,31 que Dieu trouva très bon tout ce qu'il avait fait, ce n'est pas pour dire quelques versets plus loin en 2,18 qu'il n'est pas bon que l'adam soit seul... Cela reviendrait à dire que Dieu n'est pas en mesure de reconnaitre de prime abord ce qui est bon de ce qui ne l'est pas.
En effet. Voilà un point déterminant. Lorsque la distinction sexuelle est réalisée dans le vivant, l’humain n’est pas achevé. On est encore seulement à un niveau « animal », « terrestre ». Il n’y a pas encore une « femme », ni un « homme (masculin) ». Il y a un mâle et une femelle.
James a écrit :Regardons plutôt de plus près le texte dans sa construction.
"adam" en hébreu désigne "Homme" dans le sens d'espèce humaine.
"ich" correspond à "homme" dans le sens d'individu mâle.
"icha" correspond à "femme" dans le sens d'individu femelle.
"ève" en hébreu est très proche d'une racine qui signifie "vivre".
Ainsi donc, Lorsqu'au verset 1,27, il est dit que "Dieu créa l'adam à son image" et qu'il est précisé ensuite que "mâle et femelle il les créa", c'est bien pour stipuler que tous 2 sont des créatures de même nature et fruit de la puissance divine. J'y vois là d'avantage une affirmation de la dignité de la femme à une époque (celle de la Torah) où elle n'avait pas forcément beaucoup de valeur dans la société.
….
Et enfin, la femme apparait comme création de Dieu (après qu'il ait nommé tous les animaux) en réponse à son vide intérieur (son "vis-a-vis" ou encore une "aide qui lui serait assorti").
Tous ces éléments sont à rapporter avec le verset 2,2 où il est dit que Dieu se reposa le 7e jour parce que son œuvre était ACHEVÉE. La création étant donc terminée, on peut naturellement penser que la création de la femme a été faite le 6e jour, chose qui expliquerait parfaitement le verset 1,27 …
Quelle est la raison de cette digression?
- Dans un premier temps, il s'agit d'affirmer qu'un homme (mâle) a un besoin fondamental de la femme (femelle).
- De plus, cela enseigne à tous que les hommes et les femmes sont semblables d'égale substance et d'égale dignité, tous deux créatures de Dieu.
- Ainsi, si l'homme a un besoin fondamental de la femme et que la femme est de même nature que l'homme, la femme a un besoin fondamental de l'homme puisqu'elle n'a que lui comme vis-à-vis dans cette histoire : on retombe sur cette complémentarité homme/femme.
- Enfin, d'un point de vue imagé, le texte nous dit qu'en fait, l'adam recherche l'ève, c'est à dire en hébreux "l'humanité" recherche "la vie". C'est une explication non-seulement de l'instinct de survie de l'homme mais aussi et surtout celle de la recherche par l'homme du Salut ; Salut que Dieu seul peut combler car c'est Lui qui crée l'ève (la vie) pour la présenter à l'adam (humanité).
Tout cela me semble très juste. Et c’est bien une digression par rapport au chapitre premier de la Genèse. C’est bien un développement d’un point particulier de ce premier chapitre : celui d’une création de l’adam « à l’image de Dieu ».
Comme James l’observe bien, ce qui se passe dans le jardin planté dans l’Eden, la réalité spirituelle de Dieu, concerne des créatures « de même nature ». Ce qui est créé ici, ce n’est pas la glaise ou la poussière « de même nature » dont le corps humain provient après une longue histoire biologique, ni la différence sexuelle qui existe dans la nature déjà créée, c’est « l'ève (la vie) pour la présenter à l'adam (humanité) ».
A cet égard, le message de James me semble, dès lors, juste, sauf cependant lorsqu’il considère que les versets allant de 2,4 à 2,24 sont une digression, ce qui est exact, mais en ajoutant « et non une suite. »
Ici, il exprime une difficulté de beaucoup de personnes.
Cela touche la difficulté majeure de la théologie de la création. Une création, ce n’est pas une simple transformation d’une réalité qui existe déjà, comme la glaise transformée en corps humain, c’est une action qui fait advenir du radicalement neuf. Une réalité absente, un « néant », une réalité qui n’est pas, advient parmi ce qui est déjà. Au sens très exact du terme, une création fait « ex-ister » du néant.
Pourquoi une telle difficulté à inscrire la création la plus essentielle de l’humanité dans le temps de l’histoire concrète ?
Tout semble d’abord si simple.
Nous avons une âme immortelle et nous croyons en notre résurrection au delà de notre mort physique.
Nous savons que c’est une spécificité de l’humanité. Les plantes et les animaux ne ressuscitent pas. Leur existence n’est que temporaire dans l’ordre terrestre.
Nous savons qu’il n’y avait pas d’humains du temps des dinosaures et que la différentiation sexuelle dans la nature est bien antérieure à l’apparition des humains.
Alors, pourquoi sortir la survenance de l’humain à l’image de Dieu du temps de l’histoire concrète alors que cette survenance s’y est trouvée nécessairement ? Il a bien fallu nécessairement une survenance des premières âmes immortelles dans le temps de l’histoire concrète. Il n’y en avait pas. Il y a eu une création. Puis, il y en avait.
Sortir la digression du chapitre 2 de la Genèse du temps de l’histoire concrète mène à une impasse. La nature n’a pas pu produire une âme immortelle. Il y a nécessairement eu, dans le temps, dans la « suite » du temps, une création d’une réalité nouvelle par laquelle est advenu un être qui, comme nous, est bien matériel, corporel, concret, mais qui est aussi participant d’une réalité immortelle.