Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?

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Trinité
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Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?

Message non lu par Trinité » lun. 29 mai 2017, 14:24

Je pensais à ces paroles de notre Seigneur sur la croix! A ce moment précis, Jésus en tant qu'homme, n'aurait-il pas eu un doute sur sa mission et l'assistance de Dieu le père?

D'autre part, dans le même ordre d'idée et sur son combat intérieur, cette phrase au jardin des oliviers me semble également significative!
"Mon père, si vous le voulez, éloignez de moi ce calice; cependant que votre volonté soit faite et non la mienne!"

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PaxetBonum
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Re: Mon Dieu, mon Dieu ,pourquoi m'avez vous abandonné ?

Message non lu par PaxetBonum » lun. 29 mai 2017, 14:33

Cher Trinité,

J'ai une affection toute particulière pour les sept paroles de Notre Seigneur en Croix.

Non Notre Seigneur ne doute pas, dans son infini bonté il prend sur le peu de souffle qui Lui reste pour nous donner la clef de son sacrifice, le Psaume 22 :


2 Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? Je gémis, et le salut reste loin de moi!
3 Mon Dieu, je crie pendant le jour, et tu ne réponds pas; la nuit, et je n'ai point de repos.
4 Pourtant tu es saint, tu habites parmi les hymnes d'Israël.
5 En toi se sont confiés nos pères; ils se sont confiés, et tu les as délivrés.
6 Ils ont crié vers toi, et ils ont été sauvés; ils se sont confiés en toi, et ils n'ont pas été confus.?
7 Et moi, je suis un ver, et non un homme, l'opprobre des hommes et le rebut du peuple.
8 Tous ceux qui me voient se moquent de moi; ils ouvrent les lèvres, ils branlent la tête:
9 "Qu'il s'abandonne à Yahweh! Qu'il le sauve, qu'il le délivre, puisqu'il l'aime! "
10 Oui, c'est toi qui m'as tiré du sein maternel, qui m'as donné confiance sur les mamelles de ma mère.
11 Dès ma naissance, je t'ai été abandonné; depuis le sein de ma mère, c'est toi qui es mon Dieu.
12 Ne t'éloigne pas de moi, car l'angoisse est proche, car personne ne vient à mon secours.
13 Autour de moi sont de nombreux taureaux, les forts de Basan m'environnent.
14 Ils ouvrent contre moi leur gueule, comme un lion qui déchire et rugit.
15 Je suis comme de l'eau qui s'écoule, et tous mes os sont disjoints; mon coeur est comme de la cire, il se fond dans mes entrailles.
16 Ma force s'est desséchée comme un tesson d'argile, et ma langue s'attache à mon palais; tu me couches dans la poussière de la mort.
17 Car des chiens m'environnent, une troupe de scélérats rôdent autour de moi; ils ont percé mes pieds et mes mains,
18 je pourrais compter tous mes os. Eux, ils m'observent, ils me contemplent;
19 ils se partagent mes vêtements,. ils tirent au sort ma tunique.
20 Et toi, Yahweh, ne t'éloigne pas! Toi qui es ma force, viens en hâte à mon secours!
21 Délivre mon âme de l'épée, ma vie du pouvoir du chien!
22 Sauve-moi de la gueule du lion, tire-moi des cornes du buffle!
23 Alors j'annoncerai ton nom à mes frères; au milieu de l'assemblée je te louerai:
24 " Vous qui craignez Yahweh, louez-le! Vous tous, postérité de Jacob, glorifiez-le! Révérez-le, vous tous, postérité d'Israel!
25 Car il n'a pas méprisé, il n'a pas rejeté la souffrance de l'affligé, il n'a pas caché sa face devant lui, et quand l'affligé a crié vers lui, il a entendu. "
26 Grâce à toi, mon hymne retentira dans la grande assemblée, j'acquitterai mes voeux en présence de ceux qui te craignent.
27 Les affligés mangeront et se rassasieront; ceux qui cherçhent Yahweh le loueront. Que votre coeur revive à jamais!
28 Toutes les extrémités de la terre se souviendront et se tourneront vers Yahweh, et toutes les familles des nations se prosterneront devant sa face.
29 Car à Yahweh appartient l'empire, il domine sur les nations.
30 Les puissants de la terre mangeront et se prosterneront; devant lui s'inclineront tous çeux qui descendent à la poussière, ceux qui ne peuvent prolonger leur vie.
31 La postérité le servira; on parlera du Seigneur à la génération future.
32 Ils viendront et ils annonceront sa justice, au peuple qui naîtra, ils diront ce qu'il a fait.

Mais il me semble qu'un sujet en parle déjà.
Pax et Bonum !
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Re: Mon Dieu, mon Dieu ,pourquoi m'avez vous abandonné ?

Message non lu par gerardh » lun. 29 mai 2017, 17:38

_______

Bonjour,

Le Seigneur n'a jamais douté de sa mission. Mais peut-on vraiment se rendre compte de ce qu'il lui en a coûté ?

_________
Dernière modification par gerardh le lun. 29 mai 2017, 20:42, modifié 1 fois.

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Teano
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Re: Mon Dieu, mon Dieu ,pourquoi m'avez vous abandonné ?

Message non lu par Teano » lun. 29 mai 2017, 19:34

Trinité a écrit :
lun. 29 mai 2017, 14:24
Je pensais à ces paroles de notre seigneur sur la croix!
A ce moment précis, Jésus en tant qu'homme ,n'aurait il pas eu un doute sur sa mission et l'assistance de Dieu le père?

D'autre part ,dans le même ordre d'idée et sur son combat intérieur ,cette phrase au jardin des oliviers me semble également significative!
"Mon père,si vous le voulez,éloignez de moi ce calice; cependant que votre volonté soit faite et non la mienne!
Bonjour Trinité,

C'est un sujet sur lequel on ne réfléchit bien qu'à genoux...

Il me semble et PaxetBonum le rappelle, que lorsque Notre Seigneur commence le Psaume 21/22, Il parle de bien autre chose que le sentiment réel ou supposé d'abandon par le Père. Ce psaume est prophétique : il décrit précisément la Passion du Christ. Jésus en croix nous rappelle que la parole de Dieu est vraie et digne de confiance, même lorsqu'elle est très dure.
La dernière partie de ce psaume est une louange et annonce la joie de la Résurrection : sur la croix, Jésus proclame déjà Sa victoire ! Quel amour du Père et de Sa volonté pourrait être plus grand ?

Quant à ce que Notre Seigneur a pu ressentir comme un abandon par le Père : je crois plutôt que le Christ a ressenti dans son âme humaine, "la misère de l'homme sans Dieu" ce qui, pour son coeur aimant de Fils, a du être une souffrance terrible.

Sur l'agonie de Jésus à Gethsémani, il me semble là encore que ce qui est en jeu est de l'ordre de la fidélité, de la sainteté et de l'amour absolu de la volonté de Dieu, tout en ne retirant rien à l'humanité et à la liberté du Christ.

Dans la joie de Marie,

Teano
"« Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, sainte Mère de Dieu. Ne repousse pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers, délivre-nous, Vierge glorieuse et bénie »"


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PaxetBonum
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Re: Mon Dieu, mon Dieu ,pourquoi m'avez vous abandonné ?

Message non lu par PaxetBonum » lun. 29 mai 2017, 21:46

Teano a écrit :
lun. 29 mai 2017, 19:34
Trinité a écrit :
lun. 29 mai 2017, 14:24


D'autre part ,dans le même ordre d'idée et sur son combat intérieur ,cette phrase au jardin des oliviers me semble également significative!
"Mon père,si vous le voulez,éloignez de moi ce calice; cependant que votre volonté soit faite et non la mienne!

C'est un sujet sur lequel on ne réfléchit bien qu'à genoux...
Chère Teano,

Je retiendrais à jamais votre réponse car elle me touche profondément.
Comme vous avez raison, ce sujet ne se vit qu'à genoux devant le Père !

St Padre Pio disait que dans la passion qu'il vivait avec Jésus comme stigmatisé, ce qu'il lui coûtait le plus était le jardin des oliviers.
Il disait qu'à travers une plaie, la peau déchirée le sang s'écoule, mais quand il doit traverser chaque pore de la peau, cela produit une douleur extrême.

La souffrance de Jésus et sa demande vient du fait qu'il sait tout dans le détail de ce qu'Il va souffrir.
La souffrance de Jésus vient du fait qu'il sait que son sacrifice sera vain pour tant d'hommes (Dans la grande détresse de son Cœur, il continue à répéter : « Quae utilitas in sanguine meo? Combien peu profitent-ils de mon Sang ! » (méditation de St Padre Pio))
La souffrance de Jésus vient du fait qu'Il se revêt de tous les péchés du monde pour les expier, Lui le pure, le Saint devient péché, c'est insupportable.


St Padre Pio :
[+] Texte masqué
Parvenu au terme de sa vie terrestre, le divin Rédempteur, après avoir nourri ses apôtres de sa chair immaculée, se dirigea avec eux vers le jardin des oliviers. Pendant le trajet du Cénacle au jardin. Jésus les prépare à la séparation prochaine, à sa Passion imminente : il les prépare aussi à supporter, pour son amour, les calomnies, les persécutions et la mort même. Il s'oublie lui-même pour ne penser qu'aux siens. Ô quel immense amour remplit ce divin Cœur !
A l'entrée du jardin, le divin Maître congédie ses disciples à l'exception de trois : Pierre, Jacques et Jean, ces trois privilégiés du Thabor, qu'il veut garder comme témoins de son agonie. Jésus leur dit : « Restez ici, veillez et priez afin de ne pas vous laisser prendre par la tentation ». Puis Jésus s'éloigne d'eux. Il se prosterne contre terre. Une immense tristesse l'envahit, son âme est en proie à une indicible amertume. Quel contraste, ô Jésus, avec la nuit radieuse de votre naissance ! Les anges alors annonçaient la paix et chantaient votre gloire. Tandis que maintenant, remplis de tristesse, ils semblent se tenir à distance comme pour respecter la suprême désolation de votre âme.
Jésus refuse, pour son humanité sacro-sainte, le privilège d'impassibilité et de force qu’aurait pu lui conférer la divinité. De ce fait, il tombe dans une extrême faiblesse et une angoisse mortelle. Il voit se dérouler tous les détails du martyre de son imminente Passion. Il voir d'abord Judas, lui. l'ami, le disciple auquel il y a quelques instants, à genoux devant lui. il a lavé les pieds, qu'il a nourri de sa chair et de son sang, pour, à force d'amour, le détourner de son impie et sacrilège dessein.
Il se voit lié, traîné à travers les rues de Jérusalem, ces mêmes rues où quelques jours auparavant, il passait en triomphateur, acclamé comme le Messie attendu. I1 voit son peuple, ce peuple qu'il a tant aimé et auquel il a prodigué de si grands bienfaits, le maltraiter maintenant, l'insulter, réclamer sa mort à grands cris et sa mort sur la croix. Toutes ces scènes cruelles et terrifiantes envahissent son cœur et le déchirent. Ô Jésus, innocent Agneau, vous voilà livré, seul, sans défense, à la férocité des loups...Vous voilà abandonné même de vos disciples qui honteusement ont pris la fuite.
Ô mon Dieu ! Mon Jésus ne seriez-vous plus le Dieu du ciel et de la terre, égal en tout à votre Père ! -Ah ! je comprends I C'est pour apprendre à mon orgueil que, pour traiter arec le ciel, je dois me tenir dans une attitude de profonde humilité.
II
Jésus se relève. Il tend les bras et prie. Il prie son Père. Il prie avec toute la confiance d'un Fils. Il sait que, lui seul, par le sacrifice de sa vie, peut satisfaire la justice divine et réconcilier la créature avec son Créateur. Cela il le veut, et il le veut à tout prix. Ô mon Jésus, vous voulez nous apprendre que c'est en vous seul que nous devons placer notre confiance dans les combats de la vie. Jésus se dirige vers ses disciples, pensant trouver auprès d'eux un peu de compassion et de consolation. Hélas I Quelle désillusion, ô Jésus, vous les trouverez plongés dans un profond sommeil ! Vous les appelez avec douceur : « Simon, tu dors ? c'est ainsi que vous n'ayez pu veiller une heure avec moi ! ». Plainte de l'Agneau voué au sacrifice, plainte d'un cœur profondément blessé, abandonné, seul, sans aucun soulagement. Ô Jésus, combien de cœurs, au cours des siècles, ont répondu généreusement à votre appel !

Rendez-vous
III
Jésus revient à son lieu de prière. Et voici qu'un tableau plus horrible encore que le premier se déroule sous ses yeux. Tous nos péchés s'étalent devant lui dans tous leurs détails. Il se voit chargé et comme revêtu de cette avalanche de corruption avec laquelle il doit se présenter devant la sainteté de son Père. Il lui faut expier tout cela. Il est écrasé par cet immense fardeau. Jésus a encore recours à la prière. Il implore son Père. « Vous, mon Père, vous à qui tout est possible, trouvez un autre moyen de sauver le monde. Toutefois, si vous ne le voulez pas ainsi : « Que votre volonté soit faite et non la mienne! ».
IV
La prière du Sauveur reste encore cette fois sans effet. Il se lève avec peine, se traîne vers ses apôtres. Il les trouve de nouveau endormis. Cela ne fait qu'augmenter sa tristesse. Jésus ne leur dit rien cette fois. Il quitte ses apôtres le cœur brisé. Jésus revient de nouveau à son lieu de prière. Abattu, il se laisse choir à terre, il redouble l’intensité de sa prière. En Proie à une angoisse extrême, il s'écrie « Mon âme est triste jusqu'à la mort ». L'horreur de tant de crimes envahit son âme. Le visage contre terre, le sang ruisselle de toute sa Personne. Cependant Jésus ne veut pas arrêter là l'effusion de sa charité. L'homme doit avoir la preuve infinie de son amour. Jésus ne s'arrêtera Pas sur le chemin du sacrifice, il continuera jusqu'à sa mort sur la croix.
Cependant le Père envoie à Jésus un ange pour le réconforter. O Jésus, par votre prière, vous voulez nous faire comprendre que lorsque notre âme se trouve dans la désolation, c'est du côté du ciel que nous devons chercher le réconfort. Et lui, notre force, sera toujours disposé à nous secourir parce qu'il a voulu Prendre sur lui toutes nos misères.
Et voici que Jésus se ressaisit. Il se relève, fort et invincible comme un lion sur le lieu du combat. L'arme de la prière lui a donné la victoire. Jésus s'approche de ses trois apôtres. Ils dorment encore. Jésus s'écrie: « Dormez maintenant, et reposez-vous ». Puis il se tait. Quand peu après les apôtres se réveillent « Levez-vous. Sortons d'ici » dit Jésus.
Voici des bruits de pas, la lumière des torches. Jésus s'avance, intrépide et calme.

http://www.sainte-agonie.fr
SAINT PADRE PIO

Autre méditation de St Pio :
[+] Texte masqué
Au Jardin, le Maître s'éloigne de ses disciples et n'emmène que trois témoins de son Agonie : Pierre, Jacques et Jean. L'ayant vu transfiguré sur le Thabor, auront-ils la force de reconnaître l'Homme-Dieu dans cet être broyé par l'angoisse de la mort?

En entrant au Jardin il leur dit : « Restez ici! Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation. » Soyez sur vos gardes, car l'ennemi ne dort pas. Armez-vous à l'avance des armes de la prière pour que vous ne soyez pas surpris et entraînés dans le péché. C'est l'heure des ténèbres.

Les ayant exhortés, Il s'éloigne d'un jet de pierre, et se prosterne face à la terre. Son âme est plongée dans une mer d'amertume et d'extrême affliction.

Il est tard. La nuit blafarde est pleine d'ombres sinistres. La lune semble injectée de sang. Le vent agite les arbres et pénètre jusqu'aux os. Toute la nature semble frémir dans une secrète épouvante !

O Nuit, comme il n'y en a jamais de pareille!

Voici la place où Jésus vient prier. Il dépouille sa sainte Humanité de la force à laquelle elle a droit par son union à la Divine Personne. Il plonge dans l'abîme de tristesse, d'angoisse, d'abjection. Son esprit semble submergé...

Il voit à l'avance toute sa Passion. Il voit Judas, son apôtre, le tant aimé, qui le vend pour juste quelques sous. Le voici sur le chemin de Gethsémani pour le trahir et le livrer! Et pourtant tout à l'heure, ne l'a-t-il pas nourri de sa Chair, abreuvé de son Sang? Prosterné devant lui, il a lavé ses pieds, les a pressées sur son cœur, les a baisés de ses lèvres. Que n'a-t-il fait pour l'arrêter au bord du sacrilège ou, du moins, pour l'amener à la repentance! Mais non, le voici qui court vers sa perdition. Jésus pleure.

Il se voit traîné dans les rues de Jérusalem oà, il y a quelques jours à peine, on l'acclamait comme Messie. Il se voit souffleté devant le Grand Prêtre. Il entend crier : « A mort! » Lui, auteur de Vie, est traîné comme une loque d'un tribunal à l'autre.

Le peuple, son peuple, le tant aimé, le tant comblé, le hue, le bafoue, réclame à grands cris sa mort, et quelle mort ! La mort sur la croix. Il entend leurs fausses accusations. Il se voit flagellé, couronné d'épines, tourné en dérision, salué comme faux roi.

Il se voit condamné à la croix, montant au Calvaire, succombant sous le poids, chancelant, écroulé...

Le voici arrivé au Calvaire, dépouillé de ses vêtements, étendu sur la croix, impitoyablement cloué, élevé face au ciel et à la terre. Il pend sur les clous tout pantelant, en d'indicibles tortures... Mon Dieu! Quelle longue agonie de trois heures le fera succomber au milieu des huées de la racaille, ivre de colère!

Il voit sa gorge et ses entrailles, dévorés d'une soif ardente et, pour l'échanger, ce vinaigre et ce fiel.

Il voit son Père qui le délaisse et sa Mère, accablée de douleur. pour finir cette mort ignominieuse au milieu de deux larrons. Si l'un le confesse et peut être sauvé, l'autre blasphème et meurt comme un réprouvé.

Il voit Longin qui approche pour transpercer son cœur.

La voici consommée, l'extrême humiliation du corps et de l'âme qui se séparent...

Tout cela, scène par scène, passe devant ses yeux, l'épouvante et l'accable. Reculera-t-il ?

Dès le premier instant, il a tout embrassé, tout accepté. Pourquoi donc cette extrême terreur? C'est qu'il a exposé sa sainte humanité comme bouclier qui capte les coups de la Justice, outragée par le péché.

Il sent vivement dans son esprit esseulé tout ce qu'il doit souffrir. Pour tel péché, telle peine... Il est broyé parce que, lui-même, il s'est livré en proie à l'épouvante, à la faiblesse, à l'angoisse.

Il semble toucher au comble de la douleur, Il est prosterné face à terre, devant la majesté de son Père. La sainte Face de l'Homme-Dieu qui jouit de la vision béatifique gît, là, dans la poussière, méconnaissable. Mon Jésus! N'es-tu pas Dieu?

Maître du ciel et de la terre? égal au Père ? Pourquoi t'abaisser jusqu'à perdre tout aspect humain?

Ah, Oui... Je comprends! Tu veux m'apprendre, à moi, l'orgueilleux, que pour frayer avec le ciel, je dois m'abîmer jusqu'au fond de la terre. C'est pour expier mon arrogance que tu t'écroules. C'est pour réconcilier le ciel avec la terre que tu t'abaisses jusqu'à la terre comme si tu voulais lui donner le baiser de la paix...

Jésus se redresse, tourne vers le ciel un regard suppliant, lève les bras et prie. Quelle pâleur mortelle couvre son visage!

Il implore son Père qui semble se détourner de lui. Il prie avec une confiance filiale, mais il sait bien la place qu'il tient. Il se sait victime pour toute la race humaine, exposée au courroux de Dieu outragé. Il sait que lui seul peut satisfaire à la Justice infinie et réconcilier le Créateur avec sa créature. Il le veut, il le réclame. Mais sa nature est littéralement broyée. Elle s'insurge contre un tel sacrifice. Cependant son esprit est prêt à l'immolation et le dur combat continue.

Jésus, comment pouvons-nous te demander d'être forts, lorsque nous te voyons si faible et si accablé?

Oui, je comprends! Tu as pris sur toi toute notre faiblesse. Pour nous donner ta force, tu es devenu notre bouc émissaire. Tu veux nous apprendre qu'en toi seul nous devons mettre toute notre confiance, même si le ciel nous paraît d'airain.

Dans son Agonie, Jésus crie vers son Père : « Si c'est possible, éloigne de moi ce calice ». C'est le cri de la nature qui, terrassée, avec confiance recourt au ciel. Cependant, bien qu'il sache qu'il ne sera pas exaucé, puisqu'il veut qu'il en soit ainsi, il prie. Mon Jésus, pourquoi demandes-tu ce que tu sais que tu n'obtiendras pas ?

Quel vertigineux mystère! La peine qui t'afflige te fais mendier aide et réconfort, mais ton amour pour nous et ton désir de nous rendre à Dieu te fait dire : « Non pas ma volonté, mais la tienne ! »

Son Cœur désolé a soif de réconfort. Doucement Il se lève, fait quelques pas en chancelant. Il s'approche de ses disciples : eux du moins, ses amis, ses confidents, comprendront, partageront sa peine.

Il les trouve plongés dans le sommeil. Comme tout d'un coup Il se sent seul et délaissé! « Simon, dors-tu? » dit-il tout doucement à Pierre. Toi qui vient de me dire que tu me suivrais jusqu'à la mort?

Il se tourne vers les autres : « Ne pouviez-vous donc veiller une heure avec moi ? » Une fois de plus il oublie ses souffrances, ne pense qu'à eux : « Veillez et priez pour ne pas tomber dans la tentation! »

Il semble dire : « Si vous m'avez si vite oublié, moi qui lutte et souffre, du moins dans votre propre intérêt veillez et priez! »

Mais eux, ivres de sommeil, l'entendent à peine.

O mon Jésus, combien d'âmes généreuses, touchées par tes plaintes, te tiennent compagnie au Jardin des Oliviers, partageant ton amertume et ta mortelles angoisse!

Combien de cœurs à travers les siècles ont généreusement répondu à ton appel!

Puissent-ils te consoler et, partageant ta détresse, puissent-ils coopérer à l'œuvre du salut! Puissé-je moi-même être de leur nombre et te soulager tant soit peu, ô mon Jésus !

Jésus retourne à la place de sa prière et un autre tableau, bien plus terrible, se présente à ses yeux. Tous nos péchés dans leurs moindres détails défilent devant lui. Il voit l'extrême vulgarité de ceux qui les commettent. Il sait à quel point ils outragent la divine Majesté. Il voit toutes les infamies, toutes les obscénités, tous les blasphèmes qui souillent les cœurs et les lèvres créés pour chanter la gloire de Dieu. Il voit les sacrilèges qui déshonorent prêtres et fidèles. Il voit l'abus monstrueux des sacrements qu'Il a institués pour notre salut et qui peuvent devenir cause de notre damnation.

Il doit revêtir toute cette boue fétide de l'humaine corruption. Il doit se présenter ainsi devant la sainteté de son Père. Il doit expier chaque péché et rendre au Père toute sa gloire volée. Pour sauver le pécheur, Il doit descendre dans ce cloaque.

Même cela ne l'arrête pas. Comme une houle monstrueuse cette boue l'environne, le submerge, l'oppresse. Le voici face au Père, Dieu de Justice. Lui, Saint des Saints, ployant sous les péchés, devenu pareil aux pécheurs. Qui sondera son horreur et son extrême répugnance ? Ce hoquet de dégoût, cette affreuse nausée ?

Ayant tout pris sur lui, sans aucune exception, il est écrasé par le monstrueux fardeau et gémit sous le poids de la Justice divine, face à son Père qui a permis à Lui, son Fils, de s'offrir comme victime pour les péchés du monde et devenir comme un maudit.

Sa pureté frémit devant ce poids infâme, mais Il voit en même temps la justice outragée, le pécheur condamné. Deux forces, deux amours s'affrontent dans son cœur. C'est la justice outragée qui l'emporte. Mais quel spectacle, infiniment lamentable! Cet Homme, chargé de toutes nos souillures. Lui, Sainteté essentielle, même extérieurement assimilé aux criminels. Il tremble comme une feuille.

Pour faire face à cette terrible agonie, Il s'abîme dans la prière. Prosterné devant la Majesté du Père. Il dit : « Père, éloigne de moi ce calice! » C'est comme s'Il disait : « Père je veux ta gloire! Je veux l'accomplissement de ta Justice. Je veux la réconciliation du genre humain. Mais non pas à ce prix! Que moi, sainteté essentielle, je sois ainsi éclaboussé par le péché, oh! Non pas cela! O Père à qui tout est possible, éloigne de moi ce calice et trouve un autre moyen de salut dans les trésors insondables de ta Sagesse. Mais si tu ne le veux pas, que ta volonté et non pas la mienne se fasse ! »

Cette fois encore la prière du Sauveur demeure sans effet. Il se sent dans les angoisses de la mort. Péniblement, Il se redresse en quête de réconfort. Il sent ses forces qui déclinent. En trébuchant, Il se traîne vers ses disciples. Une fois de plus, Il les trouve endormis. Sa tristesse devient plus profonde. Il se contente simplement de les réveiller. Furent-ils confus ? Jésus ne dit plus rien. Je le vois seulement indiciblement triste. Il garde pour lui toute l'amertume de cet abandon!

Mon Jésus, combien grande est la peine que je lis dans Ton cœur, débordant de détresse. Je vois comme Tu te retires de tes disciples, frappé en plein cœur! Puissé-je Te donner quelques réconfort, Te soulager un peu Mais ne sachant rien d'autre, je pleure près de Toi. Les larmes de mon amour et de ma componction s'unissent à Tes larmes. Ainsi elles s'élèvent jusqu'au trône du Père pour supplier d'avoir pitié de Toi et de tant d'âmes plongées dans le sommeil du péché et de la mort.

Jésus retourne au lieu de sa prière, épuisé et dans une extrême affliction. Il tombe plutôt qu'Il se prosterne. Il se sent comme broyé par une mortelle angoisse et sa prière se fait encore plus intense.

Le Père détourne son regard comme s'Il était le plus abject des hommes.

Il semble entendre les plaintes du Sauveur : « Si l'homme du moins pour qui je suis dans la peine, voulait profiter des grâces que je lui obtiens par mes si grandes souffrances! Si du moins il reconnaissait à sa juste valeur le prix que je paie pour le racheter et pour lui donner la vie de fils de Dieu ! Ah, cet amour me déchire le cœur bien plus cruellement que les bourreaux ne déchireront tout à l'heure ma chair »

Il voit l'homme qui ne sait pas, parce qu'il ne veut pas savoir ; qui blasphème le Sang Divin et, ce qui bien plus irréparable, le tourne à sa damnation. Combien peu profiteront, combien d'autres courront vers leur perte !

Dans la grande détresse de son Cœur, il continue à répéter : « Quae utilitas in sanguine meo? Combien peu profitent-ils de mon Sang ! »

Mais la pensée de ce petit nombre suffit à lui affronter la passion et la mort.

Plus rien ni personne vers qui il puisse aller chercher une goutte de réconfort. Le ciel lui est fermé. L'homme, quoique écrasé par le poids des péchés, est ingrat et ignore son amour. Il se sent submergé de douleur et crie dans les affres de l'agonie : « Mon âme est triste jusqu'à la mort ! »

Sang divin, tu jaillis irrésistiblement du Cœur de Jésus, tu coules de tous ses pores pour laver cette pauvre terre ingrate. Permets-moi de te recueillir, Sang très précieux, surtout ces premières gouttelettes. Je veux te garder dans le calice de mon cœur. Tu es une preuve irréfutable de cet Amour qui, seul, t'a fait couler. Je veux me purifier en toi, ô sang très précieux ! Je veux purifier toutes les âmes souillées par le péché. Je veux t'offrir au Père.

C'est le Sang de son Fils Bien-Aimé qui est venu sur cette terre pour la purifier. C'est le Sang de son Fils qui remonte vers son trône pour réconcilier sa Justice outragée, La satisfaction est en vérité surabondante !

Mais alors, Jésus est-il au bout de ses souffrances ?

Eh non, il ne veut pas endiguer les torrents de son amour ! Il faut que l'homme sache jusqu'à quels abîmes d'abjection peut réduire un si extrême amour. Même si la Justice du Père est satisfaite par cette sueur du Sang très précieux, l'homme a besoin de preuves palpables de cet Amour.

Jésus ira donc jusqu'au bout : jusqu'à la mort, ignominieuse, sur la Croix.

Le contemplatif saisira peut-être une ombre de cet amour qui réduit aux affres de la sainte agonie du Jardin des Oliviers. Mais celui qui vit empêtré dans les affaires matérielles et qui cherche le monde plus qu'il ne cherche le ciel, doit le voir aussi extérieurement, cloué à la Croix, pour que du moins la vue de son Sang et de sa cruelle Agonie le touche.

Non, son Cœur rempli d'amour n'a pas assez ! Se reprenant, il prie de nouveau : « Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que ta volonté soit faite ! »

A partir de cet instant, Jésus répond, du fond de son cœur consumé d'amour, au cri de l'humanité qui réclame sa mort comme prix de Rédemption. A la sentence de mort que son Père prononce au ciel, la terre répond en réclamant sa mort !

Jésus incline sa tête adorable : « Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que ta volonté soit faite et non pas la mienne . »

Et voici que le Père lui envoie un ange consolateur. Quel réconfort un ange peut-il offrir au Dieu Fort, au Dieu Invincible, au Dieu Tout-Puissant ? Mais ce Dieu a voulu devenir passible. Il a pris sur lui toute notre faiblesse. C'est l'Homme des douleurs, aux prises avec l'Agonie. C'est son amour qui le fait suer des gouttes de sang.






Il prie son Père pour lui-même et pour nous. Son Père refuse de l'exaucer, car il doit mourir pour nous. Je pense que l'Ange se prosterne profondément devant la Beauté éternelle, ternie de poussière et de sang, et qu'avec un respect indicible il supplie Jésus de boire le calice à la gloire du Père et pour le rachat des pécheurs.

Il a prié ainsi, afin de nous apprendre à recourir au ciel seul lorsque nos âmes sont désolées comme la sienne.

Lui, notre Force, viendra à notre aide, puisqu'il a consenti à assumer toutes nos détresses.

Oui, mon Jésus, il faut maintenant que tu boives le calice jusqu'à la lie ! Te voici voué à la plus cruelle mort.

Jésus, que rien ne me sépare de toi : ni vie, ni mort ! Si j'adhère à tes souffrances tout au long de ma vie, avec infiniment d'amour, il me sera donné de mourir avec toi au Calvaire et de monter avec toi dans la Gloire. Si je te suis dans tes tourments et dans les persécutions, tu me rendras digne de t'aimer un jour dans le face à face du ciel et de chanter éternellement tes louanges en action de grâce pour ta cruelle Passion.

Mais voyez! Jésus se lève de la poussière, fort, invincible. N'a-t-il pas « désiré d'un grand désir » ce banquet de sang ? Il secoue son désarroi, il essuie la sueur sanglante de sa Face, il va d'un pas ferme vers l'entrée du Jardin.

Oà vas-tu, Jésus ? N'étais-tu pas, il y a un instant, proie de l'angoisse et de la douleur ? Ne t'ai-je pas vu tremblant et comme écrasé sous le poids cruel des épreuves qui doivent s'abattre sur toi? Oà vas-tu de ce pas intrépide et hardi ? A qui veux-tu te livrer?

« Écoute, mon enfant : les armes de la prière m'ont aidé à vaincre, mon esprit a dompté la faiblesse de la nature. La force m'est venue dans la prière et maintenant, je puis faire face. Suis mon exemple et traite avec le ciel, comme moi je l'ai fait ! »

Jésus approche des apôtres. Ils dorment toujours! L'émotion, l'heure tardive, le pressentiment de quelque chose d'horrible et irréparable, la fatigue les ont fait sombrer dans un sommeil de plomb. Jésus a pitié de leur faiblesse. « L'esprit est prompt, mais la chair est faible! »

Jésus s'écrie : « Dormez maintenant et reposez-vous. » Il s'arrête un instant. L'entendant venir, avec un grand effort, ils entrouvrent les yeux Jésus reprend : « C'est assez. Voici que l'heure est proche! Le Fils de l'homme va être livré aux mains des pécheurs... Levez-vous, allons ! Celui qui me trahit est tout près! »

Jésus voit toutes choses de ses yeux divins. Il semble dire : Vous, mes amis et disciples, vous dormez, tandis que mes ennemis veillent et approchent pour m'arrêter ! Toi, Pierre, qui tantôt te croyais assez fort pour me suivre jusque dans la mort, voici que maintenant tu dors! Depuis le commencement tu m'as donné des preuves de ta faiblesse! Mais sois tranquille. J'ai revêtu ta faiblesse et j'ai prié pour toi. Lorsque tu auras confessé ta faute, je serai ta force et tu paîtras mes agneaux Et toi, Jean, toi aussi tu dors ? Toi qui viens de sentir les battements de mon cœur, tu n'as pu veiller une heure avec moi? Levez-vous, partons, plus de temps pour dormir ! L'ennemi est à la porte! C'est l'heure de la puissance des ténèbres. Partons ! De plein gré, je m'en vais à la rencontre de la mort. Judas se hâte pour trahir et je vais à sa rencontre ! Je n'empêcherai pas les prophéties de s'accomplir à la lettre! Mon heure est venue : l'heure de l'infinie Miséricorde.


Des pas résonnent, des torches allumées remplissent le jardin d'ombre et de pourpre. Jésus avance, suivi de ses disciples, intrépide et calme.

O mon Jésus, donne-moi ta force lorsque ma pauvre nature se révolte devant les maux qui la menacent, afin que je puisse accepter avec amour les peines et les détresses de cette vie d'exil.

J'adhère de toutes mes forces à tes mérites, à tes peines, à ton expiation, à tes larmes, afin que je puisse travailler avec toi à l'œuvre du salut et que j'aie la force de fuir le péché, cause unique de ton agonie, de ta sueur sanglante et de ta mort.

Détruis en moi tout ce qui te déplaît et imprime dans mon cœur, avec le feu de ton saint amour, toutes tes souffrances. Embrasse-moi si intimement, d'une étreinte si forte et si douce, que jamais je ne te laisse dans tes cruels tourments.

Je ne demande qu'un seul repos : sur ton Cœur. Je ne désire qu'une seule chose : de participer à ta sainte Agonie. Puisse mon âme s'enivrer de ton sang et se nourrir du pain de ta douleur. Amen.
Pax et Bonum !
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Re: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?

Message non lu par Trinité » lun. 29 mai 2017, 22:52

Merci à vous deux!

Je ne connaissais pas le psaume 22 ,il émane de Notre Seigneur?

Mais j'ai du mal a interprété ces paroles du Christ dans les 2 situations à votre manière!
Sans doute suis je trop pragmatique et pas assez mystique ,ou n'ai je pas encore atteint par la grâce divine votre interprétation des évènements?
J'ai l'impression que dans les 2 situations Jésus homme est en opposition avec Jésus Dieu par le doute!
Evidemment il triomphe de tout cela en définitif ,et c'est la bonne nouvelle!
Je ne voudrai pas choqué ,mais je cherche à comprendre!

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Re: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?

Message non lu par Cinci » mar. 30 mai 2017, 15:46

Trinité :

Je pensais à ces paroles de notre Seigneur sur la croix! A ce moment précis, Jésus en tant qu'homme, n'aurait-il pas eu un doute sur sa mission et l'assistance de Dieu le père?
C'est la thèse des poètes et des écrivains maudits peut-être (?) Un Jésus déboussolé, qui ne croit plus en rien, qui pense s'être abusé lui-même, qui s'imagine un moment qu'il n'y a plus de Dieu dans le ciel ou bien qui serait réellement maudit par le Père.

Je ne crois en rien de tout cela.


La situation

Il n'y a pas deux personnes chez Jésus. Il est le Fils éternel du Père. Il est Dieu. Avec Jésus : on parle d'une personne qui a même pensée que le Père, même volonté, même agir. Il n'y a pas de discorde entre le Père et le Fils. Dieu ne peut pas douter de Dieu, ni Dieu désespérer de Dieu, ni Dieu penser qu'il ferait fausse route, etc.

Il faut chercher ailleurs que dans le doute la réaction de Jésus que des évangiles relatent.



Mon commentaire :

Pour ma part, je pense que c'est tout simplement Jésus qui doit vivre humainement la "folie d'amour du Père pour ses créatures". Jésus y consentira bien sûr. Le Fils est venu dans le monde pour vivre humainement ce consentement à la volonté du Père. C'est la folie de la Croix.

Jésus sait que c'est le seul moyen par lequel parvenir à sauver les hommes. Le terme sauver veut dire ici diviniser l'homme. Dieu accepte de s'anéantir lui-même afin de pouvoir partager totalement notre vie, afin de pouvoir se projeter en nous. C'est le propre de l'amour. C'est une souffrance en même temps pour Jésus. Parce que cette folie de la Croix, qui est seul moyen pour faire vivre les hommes en Dieu pour l'éternité, de la vie même de Dieu, représente simultanément la cause instrumentale de la damnation de plusieurs. La Croix c'est le jugement du monde. C'est ce qui perd les anges, ce qui assure la perdition des hommes scandalisés. La chose est paradoxale.

Le combat spirituel de Jésus c'est le fait de ne rien ignorer de sa propre identité, de se savoir étranger au péché, d'avoir vu sa propre beauté, sa gloire (transfiguration, etc.), et accepter de tout perdre, comme prix de son entrée dans la folie de l'amour du Père pour ses créatures et qui confine à un anéantissement. Encore une fois. c'est la folie de la Croix.

Explication :

Jésus réussit là où Satan à échoué. Car Satan a refusé de participer à l'oeuvre du Père (ou d'entrer dans la folie de l'amour divin, en refusant de s'abaisser), et là où Adam aura pu céder ensuite, tentant de s'emparer lui-même du fruit défendu pour éviter de mourir. Or Jésus dans le jardin de Gethsémani refuse justement de s'emparer du fruit défendu, demeure obéissant à la volonté du Père ... qui veut dire d'accepter littéralement de s'anéantir pour le seul amour du Père.

En terme d'expérience humaine, Jésus "veut ce que le Père veut" mais peut être à la fois repoussé, dans son cas, par la perspective vertigineuse que la chose entraîne soit le jugement définitif des uns. la souffrance des martyrs au long des siècles. A vouloir ce que le Père veut, il n'empêche pas que Jésus doit faire face à un sentiment de désolation. Et c'est une solitude en son genre puisqu'il est seul à pouvoir répondre ainsi au Père. Il est seul à devoir se maintenir dans cette obéissance qui coûte.

Et le psaume dans tout ça?

Le psaume 22 est une prière, une supplique, l'autre versant de la louange.

Le juste qui souffre face à l'apparent triomphe du mal demande à Dieu de lui répondre favorablement. L'amour consiste non pas seulement à donner mais aussi à demander. C'est comme l'amante qui demande pour la 1000e fois à son amant : "Est-ce que tu m'aime?" On pourrait croire que l'amante doute, à redemander et reposer la même question. Non, c'est pour la joie d'obtenir à nouveau confirmation du lien étroit qui unit l'un et l'autre. Celui qui demande s'anéantit, a l'humilité de se faire rien, afin de se recevoir de l'autre.

C'est Job qui aurait facilement des raisons de se croire abandonné par Dieu, à cause des souffrances subies et le triomphe apparent des moqueurs. Sauf que Job ne peut se résoudre à penser réellement que Dieu aurait pu l'abandonner. "Je sais que mon défenseur est vivant", etc. La femme de Job est peut-être convaincue que Dieu l'a abandonné ("Maudit Dieu, et meurs!"), pas Job!

On comprend la Bible par la Bible, comme l'Ancien Testament par le Nouveau, le psaume 22, la Passion du Christ par les Écritures également.

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Re: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?

Message non lu par Cinci » mar. 30 mai 2017, 16:09

Il y a une cohérence profonde entre les annonces de Jésus avant la Passion ("Détruisez ce temple, après trois jours ..."), ses dires au grand prêtre ou à Ponce Pilate (- Es-tu le messie? "Tu l'as dit. Et vous verrez les cieux ouvert, le fils de l'homme ..."; - Es-tu roi? "Je suis roi, mais mon royaume ..."), la déclaration faite aux femmes sur le chemin ("Ne pleurez pas sur moi, mais plutôt sur vous et vos enfants ...") et la réponse faite au larron sur la croix. Nulle part n'y a-t-il le moindre espace pour un Jésus perdu, aveuglé, désespéré à se croire lui-même fichu, rejeté par le Dieu d'Israël.

La logique c'est que Jésus prie plutôt pour que le Père le glorifie. Et c'est bien ce que signifie le psaume 22.

:pape:

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Re: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?

Message non lu par PaxetBonum » mar. 30 mai 2017, 17:41

Cinci a écrit :
mar. 30 mai 2017, 16:09

La logique c'est que Jésus prie plutôt pour que le Père le glorifie. Et c'est bien ce que signifie le psaume 22.
Le Psaume 22 est aussi une prophétie qui se déroule sous leurs yeux.
Jésus nous donne cette clef de compréhension de son sacrifice :

Image de Jésus souffrant la Passion :
8 Tous ceux qui me voient se moquent de moi; ils ouvrent les lèvres, ils branlent la tête:

Parole des Scribes aux pieds de la Croix : "Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même! S'il est roi d'Israël, qu'il descende de la croix, et nous croirons en lui. Il s'est confié en Dieu; que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime" :
9 "Qu'il s'abandonne à Yahweh! Qu'il le sauve, qu'il le délivre, puisqu'il l'aime! "

Dieu a fait naître le Christ de la Vierge :
10 Oui, c'est toi qui m'as tiré du sein maternel, qui m'as donné confiance sur les mamelles de ma mère.
11 Dès ma naissance, je t'ai été abandonné; depuis le sein de ma mère, c'est toi qui es mon Dieu.

Abandon par les apôtres, les miraculés… :
12 Ne t'éloigne pas de moi, car l'angoisse est proche, car personne ne vient à mon secours.

Le supplice de la Croix est un supplice d'écartèlement qui produit un étouffement :
15 Je suis comme de l'eau qui s'écoule, et tous mes os sont disjoints; mon coeur est comme de la cire, il se fond dans mes entrailles.

L'une des paroles de Jésus sur la croix est 'J'ai soif' :
16 Ma force s'est desséchée comme un tesson d'argile, et ma langue s'attache à mon palais; tu me couches dans la poussière de la mort.

Clairement le supplice de la croix est évoqué ici :
17 Car des chiens m'environnent, une troupe de scélérats rôdent autour de moi; ils ont percé mes pieds et mes mains,
18 je pourrais compter tous mes os. Eux, ils m'observent, ils me contemplent;

Tout se déroule selon le psaume 22 : "Après l'avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort, afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par le prophète: Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré au sort ma tunique.'
19 ils se partagent mes vêtements,. ils tirent au sort ma tunique.
Pax et Bonum !
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Re: Mon Dieu, mon Dieu ,pourquoi m'avez vous abandonné ?

Message non lu par Teano » mar. 30 mai 2017, 18:44

PaxetBonum a écrit :
lun. 29 mai 2017, 21:46
Teano a écrit :
lun. 29 mai 2017, 19:34



C'est un sujet sur lequel on ne réfléchit bien qu'à genoux...
Chère Teano,

Je retiendrais à jamais votre réponse car elle me touche profondément.
Comme vous avez raison, ce sujet ne se vit qu'à genoux devant le Père !
Merci, cher Paxetbonum !

Alors mettons nous à genoux ensemble au pied de la Croix avec la Vierge Marie et le disciple bien-aimé.

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Re: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?

Message non lu par Teano » mar. 30 mai 2017, 18:49

Trinité a écrit :
lun. 29 mai 2017, 22:52
Merci à vous deux!

Je ne connaissais pas le psaume 22 ,il émane de Notre Seigneur?

Mais j'ai du mal a interprété ces paroles du Christ dans les 2 situations à votre manière!
Sans doute suis je trop pragmatique et pas assez mystique ,ou n'ai je pas encore atteint par la grâce divine votre interprétation des évènements?
J'ai l'impression que dans les 2 situations Jésus homme est en opposition avec Jésus Dieu par le doute!
Evidemment il triomphe de tout cela en définitif ,et c'est la bonne nouvelle!
Je ne voudrai pas choqué ,mais je cherche à comprendre!
Bonjour Trinité,

Chercher à comprendre est sain(t).

Le psaume 21/22 dit "de David" fait partie du livre des Psaumes (il y en a 150) qui est un recueil de chants liturgiques utilisés dans le culte du Temple. Il date de plusieurs siècles avant la naissance du Christ. Mais il n'est pas qu'un livre liturgique, c'est aussi un livre prophétique et il y est souvent question du Seigneur Jésus !

Si cela peut vous aider, je vous conseille de lire les 3 premiers chapitres du Livre de la Sagesse : vous m'en direz des (bonnes) nouvelles.

Dans la joie de Marie,

Teano
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Re: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?

Message non lu par Cinci » mar. 30 mai 2017, 19:31

Paxetbonum :
Le Psaume 22 est aussi une prophétie
C'est certainement ainsi que, les disciples, relisant le psaume après les événements de la Passion, l'auront reçu. Oui. Et le psaume c'est que le juste attend que Dieu lui fasse justice. C'est une prière que Jésus pouvait faire sienne et s'attendant à ce que le Père lui fasse justice.

:)

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Re: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?

Message non lu par Trinité » mar. 30 mai 2017, 22:51

Teano a écrit :
mar. 30 mai 2017, 18:49
Trinité a écrit :
lun. 29 mai 2017, 22:52
Merci à vous deux!

Je ne connaissais pas le psaume 22 ,il émane de Notre Seigneur?

Mais j'ai du mal a interprété ces paroles du Christ dans les 2 situations à votre manière!
Sans doute suis je trop pragmatique et pas assez mystique ,ou n'ai je pas encore atteint par la grâce divine votre interprétation des évènements?
J'ai l'impression que dans les 2 situations Jésus homme est en opposition avec Jésus Dieu par le doute!
Evidemment il triomphe de tout cela en définitif ,et c'est la bonne nouvelle!
Je ne voudrai pas choqué ,mais je cherche à comprendre!
Bonjour Trinité,

Chercher à comprendre est sain(t).

Le psaume 21/22 dit "de David" fait partie du livre des Psaumes (il y en a 150) qui est un recueil de chants liturgiques utilisés dans le culte du Temple. Il date de plusieurs siècles avant la naissance du Christ. Mais il n'est pas qu'un livre liturgique, c'est aussi un livre prophétique et il y est souvent question du Seigneur Jésus !

Si cela peut vous aider, je vous conseille de lire les 3 premiers chapitres du Livre de la Sagesse : vous m'en direz des (bonnes) nouvelles.

Dans la joie de Marie,

Teano
Merci Teano!

Pour l'instant je suis sur les évangiles du jour!
Je ne manquerai pas de consulter ce livre de la sagesse!
Je progresse petit à petit dans mon instruction religieuse ,très rudimentaire! :)

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Re: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?

Message non lu par Fée Violine » sam. 03 juin 2017, 15:19

Cinci a écrit :
mar. 30 mai 2017, 15:46
Trinité :

Je pensais à ces paroles de notre Seigneur sur la croix! A ce moment précis, Jésus en tant qu'homme, n'aurait-il pas eu un doute sur sa mission et l'assistance de Dieu le père?
C'est la thèse des poètes et des écrivains maudits peut-être (?) Un Jésus déboussolé, qui ne croit plus en rien, qui pense s'être abusé lui-même, qui s'imagine un moment qu'il n'y a plus de Dieu dans le ciel ou bien qui serait réellement maudit par le Père.

Je ne crois en rien de tout cela.
(...)
Il faut chercher ailleurs que dans le doute la réaction de Jésus que des évangiles
Mais pourquoi exclure a priori le doute, comme si c'était une honte de douter? Ou un péché ?
Jésus en tant qu'homme s'est soumis à toutes les vicissitudes humaines, y compris le doute. Bien sûr il a surmonté toutes les tentations, mais pour les surmonter il a bien dû y être confronté.

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Re: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?

Message non lu par PaxetBonum » sam. 03 juin 2017, 15:43

Fée Violine a écrit :
sam. 03 juin 2017, 15:19
Mais pourquoi exclure a priori le doute, comme si c'était une honte de douter? Ou un péché ?
Jésus en tant qu'homme s'est soumis à toutes les vicissitudes humaines, y compris le doute. Bien sûr il a surmonté toutes les tentations, mais pour les surmonter il a bien dû y être confronté.
Je ne crois pas un instant au doute à ce moment là.
Jésus a vu par le menu son agonie au jardin des oliviers.
Il a vécu par avance chaque plaie, chaque douleur et plus encore car il a vu le rejet par chacun d'entre nous de ces souffrances qu'il s'apprêtait subir précisément pour chacun d'entre nous.
Il en a éprouvé une peur ineffable qui fait transpirer du sang à travers tous les pores de la peau.
Il en a demandé merci au Père mais s'est ravisé immédiatement.
Si il avait douté de son Père il l'aurait fait à ce moment là, en évitant d'être livré.
Mais sur la Croix il n'y a aucun doute.
Notre Seigneur Jésus prend sur ses dernière forces pour donner un message en testamentaire au peuple élu en lui donnant les clefs de lecture de son œuvre lié aux prophéties.
Même le 'j'ai soif' évoque le psaume 69 :
"L'opprobre m'a brise le coeur, et je suis accable; et j'ai attendu que quelqu'un eut compassion de moi, mais il n'y a eu personne,... et des consolateurs, mais je n'en ai pas trouve.
Ils ont mis du fiel dans ma nourriture, et, dans ma soif, ils m'ont abreuve de vinaigre."

Ensuite Notre Seigneur Jésus témoigne qu'il a tout accompli, il peut remettre son esprit à son Père.
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