Cher Mike-adoo
D'abord je rectifie votre adresse :
http://catechisme-adulte.blogspot.com/2 ... fable.html
En commençant l’histoire de «
Caïn et le corbeau » … vous faites mentions de «
jumeaux célèbres » laissant entendre que Caïn et Abel pouvaient l’être … ce qui n’est pas le cas il sont frères et Caïn est l’aîné (ce qui amplifie si l’on peut dire son incompréhension que son offrande ne soit pas agréée par Dieu).
D’autre part vous poursuivez avec le Coran … je ferais remarquer que dans le Coran le nom d’Abel/Caïn n’y figure pas nous avons uniquement : «
les deux fils d’Adam » … c’est la tradition musulmane qui les désigne par une paire de noms unis par la rime :
Hâbil et
Qâbil.
Au sujet des sédentaires/nomades si ce que vous dites n’est pas faux à savoir :
«
Le silence entre Caïn et Abel signifierait que les sédentaires et les nomades, symbolisés par les deux frères, ont des rapports souvent conflictuels alors qu'ils se complètent. ».
Ceci ne saurait être le symbolisme/explication de l’histoire qui se résumerait à une opposition originelle entre la «
vie pastorale » et la «
vie sédentaire » … car en Gn (4,2) l’analyse des verbes «
fut/devint » pour Abel et «
cultiva ou était cultivateur » pour Caïn … nous renseignent, au moment des faits, que Caïn était «
cultivateur » au moment ou Abel était «
berger » … il semblerait donc que Caïn (tout comme Abel) initialement avait la double activité «
cultivateur » et «
berger » … mais qu’au moment du récit l’un devient exclusivement «
cultivateur » (activité instituée par Dieu en 2,15 donc même avant la Chute … montrant ici aussi la frustration de Caïn dans le non agrément de son offrande) et l’autre «
berger » … le choix de leur vocation respective ne peut-être la base principale d’un raisonnement pour expliquer ces versets.
Caïn offre une «
oblation » (mincha) qui n’est autre qu’une «
offrande non sanglante » … bien que ce mot (au stade actuel du récit) n’a pas sa véritable signification nous le retrouvons aussi dans l’offrande d’Abel qui elle est bien «
sanglante » … ce devait être un «
holocauste » (victime entièrement brûlée) puisque bibliquement parlant, à ce stade du récit, les Hommes ne mangeaient pas de viande.
A ce stade la question que l’on doit se poser c’est :
En vertu de quoi l’offrande d’Abel était-elle plus acceptable (aux yeux de Dieu) que celle de Caïn ??? chacun présentant les fruits de son labeur ???
Là toutes les spéculations sont ouvertes … nous pouvons trouver une réponse en He (11,4) : « … la Foi … » celle d’Abel serait plus grande que celle de Caïn … le Coran disant que : «
Dieu n’agrée que les offrandes de ceux qui le craignent » … on peut en déduire que l’un des deux frères (en l’occurrence Caïn) vit son offrande refusée parce qu’il n’était pas mû par la crainte de Dieu.
Tout en restant dans Genèse il est question pour Abel des : «
premiers-nés » tandis que pour Caïn uniquement des : «
produits de la terre » … mais bon !!!
Caïn voyant que son «
offrande » n’avait pas reçu l’agrément de Dieu «
s’irrita » (il y a franchement de quoi !!!) … et de son dépit naquit la «
jalousie ».
Dieu prenant conscience qu'il, suite à son non-agrément, est en qcqsorte la Cause des "envies" de Caïn ... et voyant le cœur de ce dernier ... cherche à le remettre sur le droit chemin avant que l'irréparable ne soit commis ... ceci en "discutant" avec lui comme il l'avait fait avec Adam.
Loin d’atténuer son crime en l’avouant … la réponse de Caïn à la question de Dieu «
ou est Abel » … est un mensonge suivi d’une « bravade » envers Dieu par des paroles ironiques : «
Suis-je le gardien de mon frère » ???
Suit alors le Jugement on remarquera ici que le «
sang » n’appelle pas le «
sang » car nous sommes dans la Loi/Justice Divine en effet :
Niveau de la «
loi/Loi » aux temps Biblique :
a) d’Adam/Eve à Caïn/Abel en Gn (9,6) … c’est la «
loi divine » qui s’applique,
b) entre Gn (9,6) au Déluge … c’est la «
loi du sang » qui s’applique,
c) et seulement après le Déluge … nous avons le
Décalogue.
Dans le Coran il y a effectivement l’histoire des Corbeaux … dont le but est de «
cacher le cadavre » littéralement «
couvrir ce qui ne doit pas être vu » … et effectivement on retrouve ces «
corbeaux/oiseaux » dans les récits rabbiniques dont vous donnez la référence … mais à au sens de «
cacher » sera substitué le sens «
d’enterrer » … or dans Genèse même si ce n’est pas développé Caïn cherche bien à «
cacher » à Dieu où se trouve son frère.
La fin avec le «
signe » et l’interdiction de «
tuer/frapper » Caïn sous peine de « vengeance » «
7/77 » pire.
Que conclure :
Je dirais qu’effectivement nous pouvons y voir le «
passage » (en douleur et via une certaine nostalgie) de la «
vie nomade » vers la «
vie sédentaire » … mais ce n’est pas la «
vie » en elle-même qui est pointée du doigt mais bien les «
offrandes » … c'est-à-dire l’abandon, à terme, des sacrifices sanglants au profit d’offrandes de la terre (huile, raisin, …) et plus tard d’offrandes des lèvres.
Ne pas oublier que les Perses avaient en horreur (et les ont interdits) les sacrifices sanglants (or, comme je l’ai signalé, ce livre a été écrit lors de la fin de la période Perse).
Par ce «
meurtre » l’auteur biblique montre non seulement que ce «
passage » est irréversible (c’est en ce sens que Caïn ne pouvait être puni de mort) … mais aussi que cette transition était quasiment voulue par Dieu lui-même et donc doit être acceptée comme un fait inéluctable.
Cordialement, Epsilon
nb: merci Mike-adoo, au plaisir de vous lire.