Message non lupar L'athée » mar. 24 mai 2016, 14:00
Bonjour. Je lis votre travail en ce moment. J'ai fait un mémoire de M1 de 115 pages sur l'Apocalypse l'année dernière. Mon sujet était "les figures armées de l'Apocalypse de saint Jean". Cette année je repars pour un M2 sur le sujet "Les figures individualisées de l'Apocalypse de saint Jean : oppression, persécution, asservissement".
Je peux faire quelques remarques sur votre travail (ce ne sont que des suppositions et je ne pense certainement pas détenir la vérité absolue sur ce texte... elles ne sont que les remarques d'un étudiant en master, autrement dit, c'est pas grand chose)
Introduction
Nuancez le propos lorsque vous dites : les juifs sévirent contre les chrétiens. Ce fait est attesté, mais pas systématique et n'est certainement pas le fait de tous les juifs de l'empire.
Vous dites : "Divers écrits bibliques, comme le Livre de Daniel , ou apocryphes, comme le Livre des Jubilés ou le Testament des Douze patriarches, ressemblent, par la forme, à l’Apocalypse". La plupart de ces livres ont été écrits avant celui de l'Apocalypse. Jean s'inscrit dans un mouvement apocalyptique et c'est son texte qui ressemble aux autres dans la forme, non pas l'inverse.
Ensuite :
- Ces écrits naissent le plus souvent en temps de persécution : Systématiquement en temps de persécution
- Les écrits prédisent des événements futurs : évènement futurs, mais pas temporels. En tant que chrétiens, n'attendez pas que les évènements racontés par Jean vont se dévoiler sous vos yeux. Ce sont des symboles qui représentent des évènements symboliques, et qui ont pour but de faire comprendre à chacun que seul leur comportement individuel, au sein d'une communauté elle même au sein d'un monde hostile, sera salvateur.
Et pourtant le disciple Jean avait comme objectif, en écrivant ce livre, d’apporter de l’espérance à toute une communauté anxieuse elle-aussi, même s’il y parle souvent de guerre. : Vous opposez les deux : Même s'il y parle souvent de guerre". Le lien logique n'est pas le bon selon moi. Ce livre parle de combat, et même d'une guerre, mais celle ci ne s'oppose pas à l'espérance de toute une communauté anxieuse. J'aurais écrit : L'auteur de l'Apocalypse avait comme objectif, en écrivant ce livre, d'apporter l'espérance à toute une communauté anxieuse elle aussi. Cet espoir une seule personne peut l'apporter, le Christ, et pour cela il devra se battre. On remarque en effet que le texte relate un combat, long et nourri de nombreuses batailles, toutes remportées par le Seigneur et son armée. Il faut cela dit comprendre que l'auteur ne nous présente pas la guerre comme étant la seule alternative pour obtenir la paix. Son texte est très clair, il ne s'agit pas d'un appel aux armes de la part des chrétiens du Ier siècle, qui tuerait dans l'oeuf une religion naissante. Seuls le Christ et son armée céleste se battent. Les hommes doivent combattre passivement, en maintenant leur foi dans le Christ.
Je comprend que vous n'ayez pus développer à ce point, mais pour quelqu'un qui découvre l'Apocalypse, je pense que ce point est extrêmement important.
Plus loin :
La Genèse, premier texte de la Bible, introduit celui qui clôture la Bible, l’Apocalypse : Attention a bien se souvenir que lorsque Jean écrit l'Apocalypse, le canon n'est pas fixé. Il n'y a pas de Bible comme on la connait aujourd'hui. Il ne sait pas que 350 ans plus tard ce texte qu'il doit connaitre par coeur, sera choisi pour être le premier livre d'un ensemble de texte dont le sien serait le dernier.
Pour l'archange : insistez peut être sur la fait que saint Jean l'a choisi lui parce que son nom signifie "qui est comme Dieu". L'archange, battant alors le Dragon nous rappelle que ce dernier n'est pas Dieu, malgré ses volontés : comprendre ici la critique du culte impérial et plus particulièrement de Domitien qui en 90 exige que dorénavant tout le monde s'adresse à lui en tant que "seigneur et dieu", formulation reprise au mot près par l'auteur en 4,11...
"Elle séduit les hommes par ses prodiges mais persécute ceux qui rejettent les faux prophètes et faux messies ; cela correspondant, chez Jean, au culte impérial". Je pense qu'il faut considérer le phénomène de faux prophétisme à part entière sans l'assimiler au culte impérial. Plusieurs éléments dans le texte laisse comprendre que les faux prophètes sont un réels soucis pour la communauté chrétienne du Ier siècle. De plus il ne parle certainement pas que des païens. Les différentes sectes auxquelles sont confrontés les communautés chrétiennes, comme les Nicolaïstes, ou les partisans de Jézabel, peuvent apparaitre pour l'auteur comme étant des faux prophètes. Renseignez vous également si vous le souhaitez sur la valeur de faux prophète du cavalier du Ier sceau.
Pour le 666, tellement d'interprétations sont courantes... le fait que le 6 soit un chiffre mauvais, puisqu'il correspond à 7 (qui est la perfection) -1. 666 c'est le mal dans sa totalité. Cette interprétation est certainement réductrice mais correspond quand même à la situation.
- Dans Ap. 20,1-6 le dragon est de retour. Pour un lecteur, c'est a n'y rien comprendre. Le Dragon déjà vaincu, pourtant il revient. Expliquez peut être rapidement que c'est le moyen qu'à trouvé Jean pour montrer que malgré la victoire assurée, les ennemis du Christ ne se laisseront pas faire et que la lutte sera longue.
Pour finir je pense que la critique du culte impérial est un des enjeux principaux du texte, pour répondre à Cinci.
Votre travail est de qualité, et je serais content de pouvoir débattre avec vous.
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L'athée le mer. 25 mai 2016, 8:57, édité 1 fois.