La Génèse : valeur symbolique ou historique ?

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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Pneumatis
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Re: De l'historicité du récit de la chute (Gn 3, 1-24)

Message non lu par Pneumatis » sam. 05 déc. 2009, 16:33

Je fais remonter ce sujet parce que je viens de tomber sur une série de documents de la commission biblique pontificale, en français (la plupart sont en latin ou en italien, donc je ne les avais jamais lu). Spécial dédicace à Xavi :

Source : http://www.vatican.va/roman_curia/congr ... co_fr.html
Commission biblique pontificale a écrit :
DES SOURCES DU PENTATEUQUE
ET DE L'HISTORICITÉ DE GENÈSE 1-11


Epistula ad Em.mum P.D. Emmanuelem Caelestinum Tit. Sancti Honuphrii S.R.E. Presbyterum Cardinalem Suhard, Archiepiscopum Parisiensem

Eminence,

Le Saint-Père a bien voulu confier à l'examen de la Commission Pontificale pour les Etudes Bibliques deux questions, qui ont été récemment soumises à Sa Sainteté au sujet des sources du Pentateuque et de l'historicité des onze premiers chapitres de la Genèse. Ces deux questions, avec leurs considérants et voeux, ont été l'objet de l'étude la plus attentive de la part des Rév.mes Consulteurs et des Em.es Cardinaux Membres de la dite Commission. Comme suite de leurs délibérations Sa Sainteté a daigné approuver la réponse suivante dans l'audience concédée au soussigné en date du 16 janvier 1948.

La Commission Pontificale Biblique se plaît à rendre hommage au sentiment de filiale confiance qui a inspiré cette démarche et désire y correspondre par un effort sincère de promouvoir les études bibliques en leur assurant, dans les limites de l'enseignement traditionnel de l'Eglise, la plus entière liberté. Cette liberté a été affirmée en termes explicites par l'Encyclique du Souverain Pontife glorieusement régnant Divino afflante Spiritu en ces termes: «L'exégète catholique, poussé par un amour de sa science actif et courageux, sincèrement dévoué à notre Mère la Sainte Eglise, ne doit, en aucune façon, se défendre d'aborder, et à plusieurs reprises, les questions difficiles qui n'ont pas encore été résolues jusqu'ici non seulement pour repousser les objections des adversaires, mais encore pour tenter de leur trouver une solide explication, en accord parfait avec la doctrine de l'Eglise, spécialement avec celle de l'inerrance biblique, et capable en meme temps de satisfaire pleinement aux conclusions certaines des sciences profanes. Les efforts de ces vaillants ouvriers dans la vigne du Seigneur méritent d'être jugés, non seulement avec équité et justice, mais encore avec une parfaite charité; que tous les autres fils de l'Eglise s'en souviennent. C'eux-ci doivent se garder de ce zèle tout autre que prudent, qui estime devoir attaquer ou tenir en suspieion tout ce qui est nouveau» (AAS, 1943, p. 319; éd. française, pag. 23).

Qu'on veuille bien comprendre et interpréter, à la lumière de cette recommandation du Souverain Pontife, les trois réponses officielles données jadis par la Commission Biblique à propos des questions susmentionnées, à savoir le 23 juin 1905 sur les récits qui n'auraient d'historique que l'apparence dans les livres historiques de la Sainte Scriture (Ench. Bibl. 154), le 27 juin 1906 sur l'authenticité mosaïque du Pentateuque (Ench. Bibl. 174-177), et le 30 juin 1909 sur le caractère historique des trois premiers chapitres de la Genèse (Ench. Bibl. 332-339), et l'on concédera que ces réponses ne s'opposent nullement à un examen ultérieur vraiment scientifique de ces problèmes d'après les résultats acquis pendant ces quarante dernières années. En conséquence, la Commission Biblique ne croit pas qu'il y a lieu de promulguer, du moins pour le moment, de nouveans décrets à propos de ces questions.

En ce qui concerne la composition du Pentateuque, dans le décret susmentionné du 27 juin 1906 la Commission Biblique reconnaissait déjà que l'on pouvait affirmer que Moïse, «pour composer son ouvrage, s'est servi de documents écrits ou de traditions orales» et admettre aussi des modifications et additions postérieures á Moïse (Ench. Bibl. 176-177). Il n'est plus personne aujourd'hui qui mette en doute l'existence de ces sources et n'admette un accroissement progressif des lois mosaïques dû aux conditions sociales et religieuses des temps postérieurs, progression qui se manifeste aussi dans les récits historiques. Cependant, même dans le camp des exégètes non-catholiques, des opinions très divergentes sont professées aujourd'hui touchant la nature et le nombre de ces documents, leur dénomination et leur date. Il ne manque même pas d'auteurs, en différents pays, qui pour des raisons purement critiques et historiques, sans aucune intention apologétique, rejettent résolument les théories les plus en vogue jusqu'ici et cherchent l'explication de certaines particularités rédactionnelles du Pentateuque, non pas tant dans la diversité des documents supposés, que dans la psychologie spéciale, dans les procédés particuliers, mieux connus aujourd'hui, de la pensée et de l'expression des anciens Orientaux, ou encore dans le genre littéraire différent postulé par la diversité des matières. C'est pourquoi nous invitons les savants catholiques à étudier ces problèmes sans parti-pris, à la lumière d'une saine critique et des résultats des autres sciences intéressées dans ces matières, et une telle étude établira sans doute la grande part et la profonde influence de Moise comme auteur et comme législateur.

La question des formes littéraires des onze premiers chapitres de la Genèse est bien plus obscure et complexe. Ces formes littéraires ne répondent à aucune de nos catégories classiques et ne peuvent pas être jugées à la lumière des genres littéraires gréco-latins ou modernes. On ne peut donc en nier ni affirmer l'historicité en bloc sans leur appliquer indûment les normes d'un genre littéraire sous lequel ils ne peuvent pas être classés. Si l'on s'accorde à ne pas voir dans ces chapitres de l'histoire au sens classique et moderne, on doit avouer aussi que les données scientifiques actuelles ne permettent pas de donner une solution positive à tons les problèmes qu'ils posent. Le premier devoir qui incombe ici à l'exégèse scientifique consiste tout d'abord dans l'étude attentive de tous les problèmes littéraires, scientifiques, historiques, culturels et religieux connexes avec ces chapitres; il faudrait ensuite examiner de près les procédés littéraires des anciens peuples orientaux, leur psychologie, leur manière de s'exprimer et leur notion méme de la vérité historique; il faudrait, en un mot, rassembler sans préjugés tout le matériel des sciences paléontologique et historique, épigraphique et littéraire. C'est ainsi seulement qu'on peut espérer voir plus clair dans la vraie nature de certains récits des premiers chapitres de la Genèse. Déclarer à priori que leurs récits ne contiennent pas de l'histoire au sens moderne du mot, laisserait facilement entendre qu'ils n'en contiennent en aucun sens, tandis qu'ils relatent en un langage simple et figuré, adapté aux intelligences d'une humanité moins développée, les vérités fondamentales présupposées à l'économie du salut, en méme temps que la description populaire des origines du genre humain et du peuple élu. En attendant il faut pratiquer la patience qui est prudence et sagesse de la vie. C'est ce que le Saint-Père inculque également dans l'Encyclique déjà citée: «Personne, dit-il, ne doit s'étonner qu'on n'ait pas encore tiré au clair, ni résolu toutes les difficultés... Il ne faut pas, pour autant, perdre courage, ni oublier que dans les disciplines humaines il ne peut en être autrement que dans la nature, où ce qui commence croît peu à peu, où les fruits ne se recueillent qu'après de longs travaux... On peut donc espérer que (ces difficultés), qui aujourd'hui paraissent les plus compliquées et les plus ardues, s'ouvriront enfin un jour, grâce á un effort constant, à la pleine lumière» (ibid., p. 318; éd. fr. p. 22).

En baisant la Pourpre Sacrée avec les sentiments de la plus profonde vénération, je me professe

de Votre Eminence Révérendissime le très humble serviteur



Jacques M. Vosté, O.P.
Secrétaire de la Commission Pontifical pour les Etudes Bibliques

Rome, 16 janvier 1948.
Continuons donc nos efforts !!! C'est en bonne voie.

Bon sinon, toujours en dédicace à Xavi, je colle ci-dessous les note de la même commission, auxquelles elle fait allusion dans le texte précédent. Source : http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/18/ ... blique.pdf
Commission biblique a écrit :
Réponse du 23 juin 1905
sur les parties narratives seulement historiques de l’Écriture
161. Dubium : Peut-on admettre comme principe de bonne exégèse l’opinion qui tient que les livres de la sainte Écriture regardés comme historiques, soit en totalité, soit en partie, ne racontent pas, parfois, l’histoire proprement dite ou objectivement vraie, mais présentent seulement l’apparence de l’histoire pour signifier quelque chose qui est étranger au sens proprement littéral ou historique des mots ?

Réponse : Non, excepté cependant le cas, qu’il ne faut pas admettre facilement, ni à la légère, où, le sentiment de l’Église n’y répugnant pas et son jugement étant réservé, il est prouvé par de solides arguments que l’hagiographe a voulu, non pas donner une histoire vraie et proprement dite, mais sous l’apparence et la forme de l’histoire, proposer une parabole, une allégorie ou un sens quelconque différent du sens proprement littéral ou historique des mots.
Réponse du 30 juin 1909
sur le caractère historique des premiers chapitres de la Genèse
324. Dubium 1 : Les divers systèmes exégétiques qui ont été conçus pour exclure le sens littéral historique des trois premiers chapitres du livre de la Genèse, et qui ont été défendus sous l’apparence de la science, s’appuient-ils sur un fondement solide ?

Réponse : Non.

325. Dubium 2 : Est-il possible, malgré le caractère et la forme historique du livre de la Genèse, le lien particulier qui existe entre les trois premiers chapitres et entre ceux-ci et les chapitres suivants, les multiples témoignages des Écritures aussi bien de l’Ancien que du Nouveau Testament, l’opinion presque unanime des saints Pères et l’opinion traditionnelle, transmise également par le peuple israélite, que l’Église a toujours tenue, d’enseigner que les trois chapitres précités de la Genèse ne contiennent pas des narrations de choses véritablement arrivées, c’est-à-dire qui correspondent à la réalité objective et à la vérité historique, mais sont soit des fables empruntées aux mythes et aux cosmogonies des peuples anciens et adaptées par l’auteur sacré à la doctrine monothéiste après expurgation de toute erreur polythéiste, soit des allégories ou des symboles dépourvus du fondement de la réalité objective et qui ont été proposés sous l’apparence de l’histoire pour inculquer des vérités religieuses et philosophiques, soit enfin des légendes pour une part historiques et pour une part inventées qui ont été composées librement en vue de l’instruction et de l’édification des âmes ?

Réponse : Non pour les deux parties.

326. Dubium 3 : Est-il possible en particulier de mettre en doute le sens littéral historique lorsqu’il s’agit de faits racontés dans ces mêmes chapitres qui touchent au fondement de la religion chrétienne, comme sont, entre autres, la création de toutes choses faite par Dieu au commencement du temps ; la création particulière de l’homme ; la formation de la première femme à partir du premier homme ; l’unité du genre humain ; le bonheur originel des premiers parents dans l’état de justice d’intégrité et d’immortalité ; le commandement donné par Dieu à l’homme pour éprouver son obéissance ; la transgression du précepte divin, à l’instigation du diable sous la forme du serpent ; la déchéance des premiers parents de cet état primitif d’innocence ; ainsi que la promesse du Rédempteur à venir ?

Réponse : Non.

327. Dubium 4 : Dans l’interprétation des passages de ces chapitres que les Pères et les docteurs ont compris de diverse manière sans transmettre quelque chose de certain et de défini est-il permis, le jugement de l’Église étant sauf et l’analogie de la foi étant sauvegardée, de suivre et de défendre l’opinion que chacun, avec prudence, aura considérée comme juste ?

Réponse : Oui.

328. Dubium 5 : Toutes les choses et chacune, c’est-à-dire les mots et les phrases, qui figurent dans les chapitres précités, doivent-elles toujours et nécessairement être entendues au sens propre, de sorte qu’il n’est jamais permis de s’en écarter, même lorsqu’il apparaît que les façons de parler ont été utilisées de façon impropre, métaphorique ou analogique, et que la raison interdit de tenir le sens propre ou que la nécessité contraint à l’abandonner ?

Réponse : Non.

329. Dubium 6 : Le sens littéral et historique étant présupposé, est-il possible de mettre en oeuvre, de façon sage et utile, une interprétation allégorique et prophétique de certains passages de ces mêmes chapitres, conformément à l’exemple lumineux des saints Pères et de l’Église elle-même ?

Réponse : Oui.

330. Dubium 7 : Bien que lors de la composition du premier chapitre de la Genèse, l’intention de l’auteur sacré n’ait pas été d’enseigner de manière scientifique la constitution interne des réalités visibles et l’ordre complet de la création, mais plutôt celle de transmettre à son peuple une connaissance populaire telle que le permettait le langage commun de l’époque, et qui était adaptée aux sens et aux capacités des hommes, faut-il, dans l’interprétation de ces choses, rechercher exactement et constamment le caractère propre du discours scientifique ?

Réponse : Non.

331. Dubium 8 : Dans cette désignation et cette distinction des six jours dont il est question dans le premier chapitre de la Genèse, le mot yôm (jour) peut-il être compris aussi bien au sens propre, comme un jour naturel, que dans un sens impropre, comme un certain laps de temps, et est-il permis de discuter de cette question entre exégètes ?

Réponse : Oui.
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Re: De l'historicité du récit de la chute (Gn 3, 1-24)

Message non lu par Tétraèdre » sam. 05 déc. 2009, 18:47

Toute la Bible est une Révélation structurelle concernant tous les sujets .
La Bible n'est pas un livre d'histoire mais se sert de l'histoire pour enseigner les vérités spirituelles .
Qu'il y ait eu des premiers c'est évident et que ceux ci se multiplient c'est aussi évident
À date les sciences n'ont pas été en mesure de sérieusement contredire la Bible bien interprétée
Et n'importe qui peut constater que la nature est distinct de l'humanité et du monde des esprits , l'humanité est distinct de la nature et du monde des esprits et le monde des esprits est distinct de la nature et de l'humanité, même s'il existe une seule et unique Création de la Très Sainte Trinité.

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Re: De l'historicité du récit de la chute (Gn 3, 1-24)

Message non lu par Xavi » sam. 05 déc. 2009, 18:52

Un grand merci Pneumatis pour ces textes qui conservent quasiment toute leur pertinence si l'on excepte la dernière réponse qui, dans l'état actuel des connaissances scientifiques et de la solidité de l'alternative, me semble dépassée.

Mais, il peut cependant être observé que, même lorsque la science permettrait de croire à des jours de 24 heures ou à une terre plate, cette interprétation n'empêchait en rien de croire à l'essentiel du récit concernant la création de l'homme.

Ma conviction, c'est que ce texte fondamental reste solide en présence des connaissances scientifiques actuelles, adapté à notre savoir.

Mon grand souci, au delà de tous les détails, c'est tout ce qui fait penser que le Christ n'est pas un homme pleinement rétabli sans péché dans la nature originelle du premier humain, ce qui suppose un vrai premier humain à un moment de l'histoire du monde, avec un vrai pouvoir de domination sur la nature et sur la mort, un premier humain qui a subi une vraie perte par l'effet d'une faute, mais avec une vraie possibilité d'en être délivrée par le nouvel Adam qui nous montre que, délivré du péché, notre nature humaine peut franchir la mort.

Mais, je dois constater que, même pour de nombreux croyants très fidèles à la foi de l'Eglise, un doute profond s'est insinué.

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Christophe
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Re: De l'historicité du récit de la chute (Gn 3, 1-24)

Message non lu par Christophe » dim. 06 déc. 2009, 21:55

Une petite intervention, très rapide... sans avoir lu tout le sujet (donc j'espère que je ne vais faire ni redite, ni hors-sujet) : selon certains exégètes, la théorie de l'évolution vient corroborer l'idée judéo-chrétienne d'une création permanente du monde par Dieu (Dieu n'a pas seulement donné l'être à sa création, Il maintient l'être en permanence).

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Re: De l'historicité du récit de la chute (Gn 3, 1-24)

Message non lu par Xavi » lun. 07 déc. 2009, 19:51

Christophe a écrit :Une petite intervention, très rapide... sans avoir lu tout le sujet (donc j'espère que je ne vais faire ni redite, ni hors-sujet) : selon certains exégètes, la théorie de l'évolution vient corroborer l'idée judéo-chrétienne d'une création permanente du monde par Dieu (Dieu n'a pas seulement donné l'être à sa création, Il maintient l'être en permanence).
En effet, on peut penser que tout vivant ne cesse jamais d'évoluer.

On peut aussi considérer que le créateur fait des prolongations pour réparer le péché originel et ses conséquences. L'incarnation et les miracles peuvent aussi confirmer l'idée d'une création qui continue.

La théorie de l'évolution paraît pas poser de problème parmi les intervenants.

Reste toute la difficulté de la création des premiers humains au cours de l'histoire et de l'évolution du monde. Les questions sur la valeur historique des récits de la Genèse pour nous en présenter l'essentiel.
[14 janvier 2012 : L’ensemble de mes messages de ce fil ont été revus et intégrés dans un ensemble de réflexions sur l’évolution, la création et l’incarnation intitulé « Adam et Eve : quelle réalité concrète ? » dont le document de travail actuel est disponible dans le sous-forum de l’Ecriture Sainte :
viewtopic.php?f=91&t=20369]
Dernière modification par Xavi le sam. 14 janv. 2012, 15:02, modifié 1 fois.

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Re: Péché originel

Message non lu par Invité » mer. 20 avr. 2011, 16:52

Attention : un récit allégorique ne veut pas dire que TOUS les éléments de ce récit doivent être placés sur le même plan. La grande différence entre une description symbolique et une description mythologique étant que le symbole touche au réel. Je vais illustrer mon propos en prenant comme exemple le récit de la création et celui de la chute...

Au sujet de la création du monde, celle-ci est calquée sur la représentation cosmologique commune du monde sémite d'alors (le monde comme un disque, dont les fondations s'enracinent dans le schéol, le firmament posé sur le "bord du monde" et retenant les eaux du ciel, etc). Ce récit inspiré a comme particularité par rapport aux récits du même genre de l'époque de décrire l'initiative transcendante d'un unique Dieu sur toutes les entités visibles et invisibles, y comprit les astres, ce qui à cette époque était une révolution. Bref, la Genèse ne cherche pas à dire COMMENT Dieu a créé le monde, mais PAR QUI et POURQUOI.

Donc, bien que nous reconnaissons la Genèse comme un récit "imagé" du commencement du monde (la création du monde en 7 jours) puis de la chute (l'interdit sous l'apparence d'un fruit défendu), celle-ci cherche quand même à rendre compte du réel dans lequel nous vivons : il y a du mal dans le monde, qui pour l'auteur inspiré ne peut être imputé à Dieu. Pour l'auteur - inspiré par l'Esprit Saint - il y a eu un péché des origines, un manque de confiance par rapport à Dieu, et c'est cela qu'il cherche à décrire dans son récit, mais la manière exact dont c'est passé la chute nous échappera toujours.

Enfin, la description symbolique du livre de la Genèse n'exclue pas une origine commune à toute l'humanité, au contraire l'écrivain inspiré semble bel et bien confirmer ce point.

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La Génèse : valeur symbolique ou historique ?

Message non lu par françois67 » mar. 05 mars 2013, 0:17

Bonjour,

Certes cela est la seule façon de concilier la Bible et notre foi avec la raison, mais pourtant Jésus et saint Paul quand ils parlaient d'Adam semblaient ne pas parler en symboles, avaient l'air d'y croire. J'espère que vous saurez me rassurer.

Bien à vous.
Avertissement: j'ai sur ce forum peut-être exprimé des avis contraires à la position de l'Église, et /ou de sa sainte Tradition, et/ou à l'avis qui se doit d'être celui d'un vrai chrétien catholique: ne me prenez donc en RÉFÉRENCE POUR RIEN. Ne soyez pas victimes de scandale. Que mon exemple soit rejeté et en aucun cas suivi. Si vous trouvez un endroit où une de mes interventions serait au moins douteuse, si ce n'est pire, faites-en moi part, notamment par mp. Je m'excuse profondément.

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Re: Comment être sûr de devoir lire la Genèse symboliquement

Message non lu par Longin » mar. 05 mars 2013, 7:18

Mon cher François,
Connaissez-vous la généalogie ? Il est à peu près certain que nous descendons tous d’un roi. Démonstration ici :
http://fr.geneawiki.com/index.php/Progr ... sujets_.21
Si nous sommes tous cousins (ou presque) en partant simplement de l’an 1 000 de notre ère, je vous laisse faire le calcul pour les origines de l’humanité.
« Tu es mal à l’aise, tu soupires, ton mal te blesse, tu n’arrives pas à te débarrasser de ta haine. Espère en Dieu, c’est le médecin. » Césaire d’Arles.

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Re: Comment être sûr de devoir lire la Genèse symboliquement

Message non lu par Raistlin » mar. 05 mars 2013, 13:23

françois67 a écrit :certes cela est la seule façon de concilier la Bible et notre foi avec la raison, mais pourtant Jésus et saint Paul quand ils parlaient d'Adam semblaient ne pas parler en symboles, avaient l'air d'y croire.
J'espére que vous saurez me rassurer.
Mais attendez, lire la Genèse symboliquement ne signifie pas que ses symboles soient faux. Pour moi (et pour l'Église), il y eut vraiment un couple à l'origine de l'humanité. Le symbole n'exclut pas la réalité. Au contraire, le symbole présente une image de la réalité, qui ne correspond certes pas à nos critères scientifiques, mais qui n'en est pas mois vraie pour autant.

Fraternellement,
« Dieu fournit le vent. A l'homme de hisser la voile. » (Saint Augustin)

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Re: Comment être sûr de devoir lire la Genèse symboliquement

Message non lu par gerardh » mar. 05 mars 2013, 15:17

_________

Bonjour,

Paul et, qui plus est, Jésus, parlaient des personnages de l'AT comme s'ils avaient existé. Bien plus, à la Transfiguration, c'est Moïse et Elie qui se sont tenus à ses côtés.


____________

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Re: Comment être sûr de devoir lire la Genèse symboliquement

Message non lu par Epsilon » mar. 05 mars 2013, 15:37

Quand vous voulez parler le Français vous apprenez le Français ... il en est de même de la théologie ... l'AT a créé une langue et des repères théologiques ... Jésus, tout comme Paul, s'en sont servis afin qu'ils soient bien compris, ce qui n'a pas malgré tout été le cas, par ceux à même de le comprendre.


Cordialement, Epsilon

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Re: Comment être sûr de devoir lire la Genèse symboliquement

Message non lu par pierre jean » mar. 05 mars 2013, 19:37

Bonsoir,
si la principale valeur de la Bible est de nous faire parvenir un livre de théologie, des histoires comme celles de la création d'Adam et d'Eve prennent une tournure plus stimulantes que si elles ne sont que le récit éventuel d'une création que la science peut rejeter avec dédain. La science nous explique le mouvement des étoiles en observant le ciel à l’aide de télescopes, d’antennes radiotélescopes. Il ne serait pas raisonnable de contester toutes découvertes parce qu’elles ne correspondent pas avec une partie ou une autre de la Bible.
De même si les scientifiques viennent à nous exposer leur compréhension de Dieu à l’aide de leurs observations nous pourrions leur rétorquer que cela ne fait pas d’eux des théologiens.

Pour moi la Bible est un livre merveilleux qui m'aide à mieux comprendre Dieu alors que je suis si loin de ce Père céleste. Sans cette approche il me serait bien difficile de bien apprécier son amour.

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Re: Comment être sûr de devoir lire la Genèse symboliquement

Message non lu par Longin » mar. 05 mars 2013, 19:59

D'accord avec vous. C'est le pourquoi qui est palpitant dans la bible, le comment ne m'intéresse pas énormément.
« Tu es mal à l’aise, tu soupires, ton mal te blesse, tu n’arrives pas à te débarrasser de ta haine. Espère en Dieu, c’est le médecin. » Césaire d’Arles.

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Re: Comment être sûr de devoir lire la Genèse symboliquement

Message non lu par Olivier C » mer. 06 mars 2013, 0:03

françois67 a écrit :Bonjour,
certes cela est la seule façon de concilier la Bible et notre foi avec la raison, mais pourtant Jésus et saint Paul quand ils parlaient d'Adam semblaient ne pas parler en symboles, avaient l'air d'y croire.Bien à vous.
Pour interpréter, le mieux est encore de se référer au peuple qui a élaboré cet écrit, en a discerné l'inspiration (le canon) ou rejeté ce qui ne lui semblait pas convenir (les apocryphes), puis s'est porté garant de ces écrits - avec lesquel il prie - jusqu'à nos jours. Bref, le peuple de l'ecclesia tel qu'il se comprend depuis la venu du Christ, dans une Tradition ininterrompue, autrement dit : l'Eglise.

Un peu de doc' :

Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Église, 1993.

L’interprétation de l’Écriture chez les Pères de l’Église
Dernière modification par Olivier C le mar. 02 avr. 2013, 2:58, modifié 1 fois.
Je suis un simple serviteur, je ne fais que mon devoir.

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Re: Comment être sûr de devoir lire la Genèse symboliquement

Message non lu par Xavi » mer. 06 mars 2013, 19:25

Avant de revenir à la question de ce fil « Comment être sûr de devoir lire la Genèse symboliquement ? », je propose un petit rappel de notre Saint Père Benoît XVI, dans son dernier tome sur Jésus paru fin 2012 : « On concède à Dieu d’opérer sur les idées et les pensées, dans la sphère spirituelle – mais non dans la sphère matérielle. Cela dérange. Là n’est pas sa place. Mais, il s’agit justement de cela : c’est à dire que Dieu est Dieu, et qu’il n’évolue pas seulement dans le monde des idées… Si Dieu n’a pas aussi pouvoir sur la matière, alors il n’est pas Dieu. Mais, il possède ce pouvoir » (p. 83-84).

L’espèce humaine a été façonnée pendant des milliards d’années, mais le don de la vie éternelle et de l’immortalité à des êtres terrestres est un acte créateur de Dieu et non un simple effet produit par une longue évolution de leur cerveau.

Il n’est généralement pas nécessaire, ni pertinent, d’utiliser du symbolique pour parler des choses terrestres, mais il me semble évident, par contre, que l’usage du symbolique est inévitable quant nous essayons de parler de Dieu.

La science peut nous faire découvrir la longue évolution de l’espèce humaine, mais elle est incapable de nous faire comprendre avec des mots ce qui s’est passé lorsque Dieu, après avoir façonné l’espèce humaine pendant des milliards d’années, a plongé un couple d’humains dans son monde à Lui, leur a donné une âme immortelle, les a faits à son image. Ici, la Genèse doit recourir à des symboles.

Quelles que soient les capacités les plus élevées de l’intelligence et de la sensibilité terrestres d’un homme, cela n’a jamais permis d’accéder à la vie de Dieu, cela n’a jamais produit une âme immortelle. Nos mots comme notre science sont radicalement incapables de nous faire comprendre les réalités de Dieu.

Seules des images permettent de raconter que des êtres humains ont été mis dans un « jardin » qui a été « planté » dans l’Eden, le monde de Dieu. Seules des images peuvent nous raconter comment, dans ce « jardin », Dieu a « tiré » une « femme » de la « côte » de l’humain, comment une communion intense a existé, comment un dialogue existait entre un couple terrestre et Dieu lui-même, comment une rupture spirituelle s’est produite.

La Genèse et la foi de l’Eglise nous révèlent qu’il y a eu une création d’êtres radicalement nouveaux, d’un premier couple d’êtres existant à l’image de Dieu, capables de partager la vie de Dieu. Ces êtres semblables à Jésus de Nazareth comme à nous ont reçu les noms d’Adam et Eve.

De la réalité historique d’Adam et Eve, la Genèse ne rapporte que quelques faits. Une expérience dans le monde de Dieu dont nous ne connaissons rien de concret en dehors du récit imagé de la Génèse, une dispute mortelle entre deux enfants et la naissance de fils et de filles.

Mais, de leur vie spirituelle en communion avec Dieu, la Genèse ne peut nous parler, au moyen de mots terrestres, qu’avec des images symboliques.

Lorsqu’Adam et Eve ont été plongés dans le monde de Dieu, le monde des choses invisibles, la réalité spirituelle, ils ont vécu des évènements que nous ne pouvons raconter qu’avec des images symboliques. Comment raconter autrement ce que fut la création d’Adam et Eve dans le jardin que Dieu a planté dans son Eden, son paradis, son monde spirituel ?

Cela n’enlève rien à leur existence historique.

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