Adam et Eve : Où et quand ?
Publié : jeu. 18 juil. 2013, 14:07
Adam et Eve : Où en est-on dans l’histoire concrète ?
Nous avons la foi de l’Eglise, le récit de la Genèse, et les connaissances de la science moderne.
Il y a des convictions qui font partie de la foi et que la science ne peut contredire : Dieu a créé, dans la réalité terrestre autant que dans la réalité spirituelle, un être radicalement nouveau à son image, avec une âme immortelle capable de partager éternellement sa vie divine, en façonnant dans l’histoire concrète du monde un premier couple dont nous provenons tous.
Ce premier couple a brisé sa communion avec Dieu et n’a transmis à sa descendance qu’une vie blessée, privée de la communion avec Dieu, soumise à la souffrance et à la mort.
Cela est essentiel pour la foi.
Quand et où cela s’est-il produit ?
Nous ne pouvons que constater que ni la foi de l’Eglise, ni le récit de la Genèse, ni la science ne peuvent nous éclairer avec précision et certitude. Il y a certes des nombres dans le récit de la Genèse, mais rien ne permet de distinguer clairement ce qui est réel ou symbolique, ni le sens exact des unités de mesure proposées, ni le caractère complet des indications données.
La prudence la plus grande s’impose et ce qui peut être imaginé reste incertain.
Il y a de grandes pistes de réflexion.
Certains imaginent que le premier couple a été créé hors du temps et de l’espace et que c’est aussi hors du temps et de l’espace que la faute originelle a été commise. Selon cette opinion, tout serait déjà arrivé lors du Big Bang. La création de l’homme précéderait le Big Bang.
L’homme actuel serait l’apparition dans le temps de l’homme créé.
On ne saurait ni quand, ni comment. Il serait vain d’imaginer un couple originel unique dans le temps de l’histoire concrète. Le mal serait dans le monde dès le Big Bang.
Dieu seul sait quand, dans cette histoire concrète, des primates auraient acquis une âme immortelle.
Il est cependant difficile de contester qu’il n’y avait pas d’humains au moment du Big Bang, ni il y a un milliard d’années. Alors, depuis quand y a-t-il eu une créature capable de vivre éternellement avec Dieu ? La question reste sans réponse.
Les conséquences théologiques de cette opinion ne sont pas négligeables. D’abord, il en résulterait que le monde et ses lois seraient marqués par le péché originel dès leur origine, dès le Big Bang. Le concret n’existerait aujourd’hui que déformé ou blessé par le péché. La nature serait mauvaise en elle-même car le monde concret actuel serait lui-même un produit du péché.
Le Christ ne serait pas un nouvel Adam semblable au premier Adam dans la réalité historique. Le premier Adam serait hors du temps alors que le Christ est dans le temps.
L’Église devra, tôt ou tard, dire ce qu’il peut y avoir de vrai ou de faux dans cette approche très répandue.
Elle contient au moins une part de vrai car il n’est certes pas correct de limiter la création à ce que nous pouvons en connaître dans le temps et dans l’espace que mesure notre cerveau.
Se limiter à décrire et à comprendre nos origines selon ce que notre cerveau peut en dire serait certainement erroné. La réalité de la création ne peut pas être enfermée dans le temps et l’espace qui ne sont que des instruments de mesure de notre cerveau terrestre.
Mais, la foi de l’Église n’a-t-elle pas toujours été attachée à une création historique bien concrète ?
Certes, les six jours ne sont pas de la durée de nos jours de 24 heures et le récit de la Genèse est largement imagé.
L’Église n’exclut pas les connaissances actuelles de la science même si des réserves et de la prudence sont nécessaires à bien des égards.
Il me semble raisonnable et même nécessaire de relire et de comprendre la foi de l’Église et le récit de la Genèse en tenant compte de ces connaissances qui ont particulièrement augmenté au cours des deux derniers siècles, depuis Darwin.
Le corps humain est formé et existe selon des règles naturelles semblables à celles des animaux, des plantes et de toute la nature.
Rien ne permet plus de penser concrètement que ce corps, tel qu’il est actuellement, serait issu directement et instantanément d’un acte divin à un moment de l’histoire concrète.
Il n’est plus possible, selon les connaissances actuelles, de contester que l’homo sapiens vit depuis des dizaines de milliers d’années, qu’il provient d’homo habilis et de primates ayant vécu il y a des centaines de milliers d’années, et qu’il provient d’une évolution d’êtres plus élémentaires encore ayant vécu il y a des millions et même des milliards d’années.
Mais, la création d’une âme immortelle dans l’histoire concrète n’est pas un fruit naturel de la nature, ni de l’évolution des créatures depuis le Big Bang.
À un moment, l’action créatrice de Dieu a façonné à son image un premier couple d’humains dans une espèce vivant déjà dans la nature. Dieu a créé sur la terre bien concrète des êtres radicalement nouveaux capables de vivre en communion avec Lui, de développer le monde en communion harmonieuse avec Lui, mais avec un corps naturel provenant de cette nature.
Le corps d’Adam et Eve a été façonné par une longue histoire biologique qui a abouti à leur conception physique dans le sein de leur mère biologique. La création de leur âme spirituelle, de leur personne immortelle, fut l’événement majeur de l’histoire du monde avant l’incarnation du Christ lui-même dans des conditions très semblables.
Est- ce incroyable ? N’est-ce pas moins difficile à croire cependant que l’incarnation de Dieu lui-même ? Si Dieu a pu se créer un corps et une âme d’humain pour Lui-même dans le sein de la Vierge Marie, en recevant ce corps d’une femme terrestre déjà créée provenant d’une longue lignée d’ancêtres, en quoi serait-il incroyable qu’il ait fait d’abord de même en créant un premier couple originel avec des corps issus d’êtres terrestres déjà créés ?
Une âme immortelle créée dans un corps tiré de la nature, est-ce plus extraordinaire que Dieu lui-même venant vivre dans un corps tiré de la nature ?
Les conséquences théologiques sont très importantes.
Le Christ est vraiment semblable au premier Adam. Il est en tout semblable au premier homme créé. Avec un corps concret semblable et non un corps différent de celui d’un Adam ayant vécu hors du temps et de l’espace.
Les miracles du Christ ne sont pas ceux d’un Dieu déguisé en homme, mais nous montrent ce que pouvait vraiment et concrètement réaliser l’homme créé, nous montrent comment l’homme aurait pu maîtriser la nature et la mort en harmonie avec Dieu pour poursuivre le développement et l’enfantement de ce monde entamés par Dieu.
La résurrection du Christ nous montre concrètement le passage que le premier Adam aurait pu franchir.
Le monde et ses règles naturelles sont bons. Lorsque la souffrance et la mort nous affligent, ce n’est pas parce que le monde est mauvais mais parce que l’homme qui devait le gouverner dans une communion harmonieuse avec Dieu n'y tient pas son rôle, ne remplit pas sa vocation, à cause du péché originel de sa séparation d’avec Dieu.
Il y a bien eu création à un moment bien concret de l’histoire, aussi concret que le moment de l’incarnation du Christ, vers l’an 6 avant notre ère, et à un endroit aussi concret que la Palestine où le Christ a été conçu.
Où et quand ?
Adam et Eve ont-ils été les premiers primates, les premiers australopithèques, les premiers homo habilis ? Difficile à considérer, car le corps et, notamment, le cerveau de ces ancêtres biologiques des humains n’étaient pas semblables au nôtre, ni donc à celui du Christ.
Adam et Eve ont-ils été les premiers homo sapiens ? C’est possible a priori, mais rien ne le confirme. Rien ne permet de constater une apparition soudaine de l’homo sapiens au moment d’une création spirituelle d’un être nouveau. De l’homo habilis à l’homo sapiens, la transformation se réalise dans une évolution de milliers d’années.
La création d’Adam et Eve s’est-elle produite il y a 6.000 ans, dans la région du Moyen Orient ? C’est possible. Cela correspond aux références géographiques du texte de la Genèse et à la période du néolithique à laquelle correspondent les activités d’élevage, d’agriculture et de construction de villes attribuées à Abel et Caïn, les enfants d’Adam et Ève.
Mais, les centaines d’« années » de vie des premiers patriarches sont bien loin des limites d’une vie humaine dans un corps tel que le nôtre, tel que celui du Christ. D’autres interprétations sont possibles. Les généalogies peuvent être incomplètes, voire symboliques.
Le plus probable me semble être une référence à des durées variables ou qui ne correspondent pas aux durées fixes de nos années.
Pour ma part, je pense actuellement qu'une hypothèse possible est de situer la création d’Adam et Ève, du premier couple d’âmes immortelles créées à l’image de Dieu, il y a environ 4.000 ou 4.500 ans avant Jésus-Christ, dans le pays de Sumer (dans le sud de la Mésopotamie) et que la terre rougeâtre où ce premier couple a été créé a été inondée, après une dizaine de générations, quelques centaines d’années plus tard.
À cette époque, de nombreuses populations humaines occupent la région et ses environs, ainsi que des endroits éloignés sur toute la terre. Il y a déjà un début de sédentarisation et des villes.
Mais, il faut le répéter : ce n’est qu’une hypothèse.
L’humanité de tous ces humains pouvait encore être celle d’hommes naturels. De notre point de vue de croyants, il est possible qu’il s’agissait de préhumains.
Il nous faut clairement renoncer à rattacher nécessairement l’immortalité avec la capacité de vivre éternellement en communion avec Dieu, d’exister à l’image de Dieu, à la nature et aux capacités intellectuelles ou affectives des hommes naturels.
Les hommes naturels sont issus d’une évolution avec des mutations qui s’est étendue sur des milliards d’années. Rien dans la nature n’a produit des êtres éternels, des êtres capables de partager la vie de Dieu, de manière spontanée, par cause et effet.
La création d’Adam et Eve, des premiers êtres créés à l’image de Dieu, des premières âmes immortelles, est un don gratuit de Dieu.
Adam et Ève ont vécu parmi de nombreux autres humains. Ce n’étaient pas des êtres créés à l’image de Dieu, ni des âmes immortelles. On peut adéquatement préférer de les nommer préhumains. Mais, ils étaient de la même espèce biologique qu’Adam et Eve. C’est de cette espèce que Adam et Eve sont issus biologiquement.
Mais, les âmes immortelles d’Adam et de Ève sont des créations nouvelles. Aussi nouvelles, dans leur lignée biologique, que l’incarnation du Christ dans la lignée biologique de Marie.
La différence, c’est que le Christ, vrai Dieu, vit de toute éternité avant son incarnation, sa création dans la réalité terrestre. Le corps d’Adam et Ève provient de leurs parents biologiques, mais leur âme immortelle a été créée immédiatement par Dieu.
Malgré sa blessure par le péché originel, cette vie nouvelle a été transmise à toute leur descendance et s’est répandue au fil des siècles dans toute l’humanité par l’effet normal des transmissions génétiques, des migrations et des mélanges de populations.
Au temps du Christ, tous les humains étaient des descendants directs d’Adam et Eve, de même que nous sommes tous aujourd’hui des descendants directs d’Abraham et des pharaons d’Égypte. Tous les européens de race blanche d’aujourd’hui sont déjà tous des descendants de Charlemagne après seulement 1.200 ans.
Adam et Ève ont été pleinement conscients du caractère exceptionnel de leur création. Même après le péché originel, ils n’ont rien oublié de leur vie en harmonie et en communion avec Dieu leur créateur, ni de leur faute, ni de leur vie heureuse et de toute la puissance dont ils disposaient dans l’Eden de Dieu.
Ils ont en très certainement parlé à leurs enfants et petits-enfants. Ceux-ci savaient l’extraordinaire de leur nature de fils et filles d’Adam et Ève. Ils n’ignoraient rien de la vie extraordinaire qui leur avait été donnée par la création immortelle d’Adam et Eve et la vie, même blessée par le péché originel, qu’ils leur avaient transmise.
Il est très vraisemblable que certains ont dû veiller soigneusement à la mémoire d’une si exceptionnelle lignée jusqu’à ce que le texte de la Genèse en recueille l’essentiel sous l’inspiration divine.
Une histoire magnifique.
Hélas, blessée par une chute et une rupture qui ont marqué l’humanité et ont bloqué le monde dans les douleurs d’un enfantement qui dure encore, mais que le Christ est venu sauver par une création nouvelle qui a rouvert la route pour toute l’humanité.
Nous avons la foi de l’Eglise, le récit de la Genèse, et les connaissances de la science moderne.
Il y a des convictions qui font partie de la foi et que la science ne peut contredire : Dieu a créé, dans la réalité terrestre autant que dans la réalité spirituelle, un être radicalement nouveau à son image, avec une âme immortelle capable de partager éternellement sa vie divine, en façonnant dans l’histoire concrète du monde un premier couple dont nous provenons tous.
Ce premier couple a brisé sa communion avec Dieu et n’a transmis à sa descendance qu’une vie blessée, privée de la communion avec Dieu, soumise à la souffrance et à la mort.
Cela est essentiel pour la foi.
Quand et où cela s’est-il produit ?
Nous ne pouvons que constater que ni la foi de l’Eglise, ni le récit de la Genèse, ni la science ne peuvent nous éclairer avec précision et certitude. Il y a certes des nombres dans le récit de la Genèse, mais rien ne permet de distinguer clairement ce qui est réel ou symbolique, ni le sens exact des unités de mesure proposées, ni le caractère complet des indications données.
La prudence la plus grande s’impose et ce qui peut être imaginé reste incertain.
Il y a de grandes pistes de réflexion.
Certains imaginent que le premier couple a été créé hors du temps et de l’espace et que c’est aussi hors du temps et de l’espace que la faute originelle a été commise. Selon cette opinion, tout serait déjà arrivé lors du Big Bang. La création de l’homme précéderait le Big Bang.
L’homme actuel serait l’apparition dans le temps de l’homme créé.
On ne saurait ni quand, ni comment. Il serait vain d’imaginer un couple originel unique dans le temps de l’histoire concrète. Le mal serait dans le monde dès le Big Bang.
Dieu seul sait quand, dans cette histoire concrète, des primates auraient acquis une âme immortelle.
Il est cependant difficile de contester qu’il n’y avait pas d’humains au moment du Big Bang, ni il y a un milliard d’années. Alors, depuis quand y a-t-il eu une créature capable de vivre éternellement avec Dieu ? La question reste sans réponse.
Les conséquences théologiques de cette opinion ne sont pas négligeables. D’abord, il en résulterait que le monde et ses lois seraient marqués par le péché originel dès leur origine, dès le Big Bang. Le concret n’existerait aujourd’hui que déformé ou blessé par le péché. La nature serait mauvaise en elle-même car le monde concret actuel serait lui-même un produit du péché.
Le Christ ne serait pas un nouvel Adam semblable au premier Adam dans la réalité historique. Le premier Adam serait hors du temps alors que le Christ est dans le temps.
L’Église devra, tôt ou tard, dire ce qu’il peut y avoir de vrai ou de faux dans cette approche très répandue.
Elle contient au moins une part de vrai car il n’est certes pas correct de limiter la création à ce que nous pouvons en connaître dans le temps et dans l’espace que mesure notre cerveau.
Se limiter à décrire et à comprendre nos origines selon ce que notre cerveau peut en dire serait certainement erroné. La réalité de la création ne peut pas être enfermée dans le temps et l’espace qui ne sont que des instruments de mesure de notre cerveau terrestre.
Mais, la foi de l’Église n’a-t-elle pas toujours été attachée à une création historique bien concrète ?
Certes, les six jours ne sont pas de la durée de nos jours de 24 heures et le récit de la Genèse est largement imagé.
L’Église n’exclut pas les connaissances actuelles de la science même si des réserves et de la prudence sont nécessaires à bien des égards.
Il me semble raisonnable et même nécessaire de relire et de comprendre la foi de l’Église et le récit de la Genèse en tenant compte de ces connaissances qui ont particulièrement augmenté au cours des deux derniers siècles, depuis Darwin.
Le corps humain est formé et existe selon des règles naturelles semblables à celles des animaux, des plantes et de toute la nature.
Rien ne permet plus de penser concrètement que ce corps, tel qu’il est actuellement, serait issu directement et instantanément d’un acte divin à un moment de l’histoire concrète.
Il n’est plus possible, selon les connaissances actuelles, de contester que l’homo sapiens vit depuis des dizaines de milliers d’années, qu’il provient d’homo habilis et de primates ayant vécu il y a des centaines de milliers d’années, et qu’il provient d’une évolution d’êtres plus élémentaires encore ayant vécu il y a des millions et même des milliards d’années.
Mais, la création d’une âme immortelle dans l’histoire concrète n’est pas un fruit naturel de la nature, ni de l’évolution des créatures depuis le Big Bang.
À un moment, l’action créatrice de Dieu a façonné à son image un premier couple d’humains dans une espèce vivant déjà dans la nature. Dieu a créé sur la terre bien concrète des êtres radicalement nouveaux capables de vivre en communion avec Lui, de développer le monde en communion harmonieuse avec Lui, mais avec un corps naturel provenant de cette nature.
Le corps d’Adam et Eve a été façonné par une longue histoire biologique qui a abouti à leur conception physique dans le sein de leur mère biologique. La création de leur âme spirituelle, de leur personne immortelle, fut l’événement majeur de l’histoire du monde avant l’incarnation du Christ lui-même dans des conditions très semblables.
Est- ce incroyable ? N’est-ce pas moins difficile à croire cependant que l’incarnation de Dieu lui-même ? Si Dieu a pu se créer un corps et une âme d’humain pour Lui-même dans le sein de la Vierge Marie, en recevant ce corps d’une femme terrestre déjà créée provenant d’une longue lignée d’ancêtres, en quoi serait-il incroyable qu’il ait fait d’abord de même en créant un premier couple originel avec des corps issus d’êtres terrestres déjà créés ?
Une âme immortelle créée dans un corps tiré de la nature, est-ce plus extraordinaire que Dieu lui-même venant vivre dans un corps tiré de la nature ?
Les conséquences théologiques sont très importantes.
Le Christ est vraiment semblable au premier Adam. Il est en tout semblable au premier homme créé. Avec un corps concret semblable et non un corps différent de celui d’un Adam ayant vécu hors du temps et de l’espace.
Les miracles du Christ ne sont pas ceux d’un Dieu déguisé en homme, mais nous montrent ce que pouvait vraiment et concrètement réaliser l’homme créé, nous montrent comment l’homme aurait pu maîtriser la nature et la mort en harmonie avec Dieu pour poursuivre le développement et l’enfantement de ce monde entamés par Dieu.
La résurrection du Christ nous montre concrètement le passage que le premier Adam aurait pu franchir.
Le monde et ses règles naturelles sont bons. Lorsque la souffrance et la mort nous affligent, ce n’est pas parce que le monde est mauvais mais parce que l’homme qui devait le gouverner dans une communion harmonieuse avec Dieu n'y tient pas son rôle, ne remplit pas sa vocation, à cause du péché originel de sa séparation d’avec Dieu.
Il y a bien eu création à un moment bien concret de l’histoire, aussi concret que le moment de l’incarnation du Christ, vers l’an 6 avant notre ère, et à un endroit aussi concret que la Palestine où le Christ a été conçu.
Où et quand ?
Adam et Eve ont-ils été les premiers primates, les premiers australopithèques, les premiers homo habilis ? Difficile à considérer, car le corps et, notamment, le cerveau de ces ancêtres biologiques des humains n’étaient pas semblables au nôtre, ni donc à celui du Christ.
Adam et Eve ont-ils été les premiers homo sapiens ? C’est possible a priori, mais rien ne le confirme. Rien ne permet de constater une apparition soudaine de l’homo sapiens au moment d’une création spirituelle d’un être nouveau. De l’homo habilis à l’homo sapiens, la transformation se réalise dans une évolution de milliers d’années.
La création d’Adam et Eve s’est-elle produite il y a 6.000 ans, dans la région du Moyen Orient ? C’est possible. Cela correspond aux références géographiques du texte de la Genèse et à la période du néolithique à laquelle correspondent les activités d’élevage, d’agriculture et de construction de villes attribuées à Abel et Caïn, les enfants d’Adam et Ève.
Mais, les centaines d’« années » de vie des premiers patriarches sont bien loin des limites d’une vie humaine dans un corps tel que le nôtre, tel que celui du Christ. D’autres interprétations sont possibles. Les généalogies peuvent être incomplètes, voire symboliques.
Le plus probable me semble être une référence à des durées variables ou qui ne correspondent pas aux durées fixes de nos années.
Pour ma part, je pense actuellement qu'une hypothèse possible est de situer la création d’Adam et Ève, du premier couple d’âmes immortelles créées à l’image de Dieu, il y a environ 4.000 ou 4.500 ans avant Jésus-Christ, dans le pays de Sumer (dans le sud de la Mésopotamie) et que la terre rougeâtre où ce premier couple a été créé a été inondée, après une dizaine de générations, quelques centaines d’années plus tard.
À cette époque, de nombreuses populations humaines occupent la région et ses environs, ainsi que des endroits éloignés sur toute la terre. Il y a déjà un début de sédentarisation et des villes.
Mais, il faut le répéter : ce n’est qu’une hypothèse.
L’humanité de tous ces humains pouvait encore être celle d’hommes naturels. De notre point de vue de croyants, il est possible qu’il s’agissait de préhumains.
Il nous faut clairement renoncer à rattacher nécessairement l’immortalité avec la capacité de vivre éternellement en communion avec Dieu, d’exister à l’image de Dieu, à la nature et aux capacités intellectuelles ou affectives des hommes naturels.
Les hommes naturels sont issus d’une évolution avec des mutations qui s’est étendue sur des milliards d’années. Rien dans la nature n’a produit des êtres éternels, des êtres capables de partager la vie de Dieu, de manière spontanée, par cause et effet.
La création d’Adam et Eve, des premiers êtres créés à l’image de Dieu, des premières âmes immortelles, est un don gratuit de Dieu.
Adam et Ève ont vécu parmi de nombreux autres humains. Ce n’étaient pas des êtres créés à l’image de Dieu, ni des âmes immortelles. On peut adéquatement préférer de les nommer préhumains. Mais, ils étaient de la même espèce biologique qu’Adam et Eve. C’est de cette espèce que Adam et Eve sont issus biologiquement.
Mais, les âmes immortelles d’Adam et de Ève sont des créations nouvelles. Aussi nouvelles, dans leur lignée biologique, que l’incarnation du Christ dans la lignée biologique de Marie.
La différence, c’est que le Christ, vrai Dieu, vit de toute éternité avant son incarnation, sa création dans la réalité terrestre. Le corps d’Adam et Ève provient de leurs parents biologiques, mais leur âme immortelle a été créée immédiatement par Dieu.
Malgré sa blessure par le péché originel, cette vie nouvelle a été transmise à toute leur descendance et s’est répandue au fil des siècles dans toute l’humanité par l’effet normal des transmissions génétiques, des migrations et des mélanges de populations.
Au temps du Christ, tous les humains étaient des descendants directs d’Adam et Eve, de même que nous sommes tous aujourd’hui des descendants directs d’Abraham et des pharaons d’Égypte. Tous les européens de race blanche d’aujourd’hui sont déjà tous des descendants de Charlemagne après seulement 1.200 ans.
Adam et Ève ont été pleinement conscients du caractère exceptionnel de leur création. Même après le péché originel, ils n’ont rien oublié de leur vie en harmonie et en communion avec Dieu leur créateur, ni de leur faute, ni de leur vie heureuse et de toute la puissance dont ils disposaient dans l’Eden de Dieu.
Ils ont en très certainement parlé à leurs enfants et petits-enfants. Ceux-ci savaient l’extraordinaire de leur nature de fils et filles d’Adam et Ève. Ils n’ignoraient rien de la vie extraordinaire qui leur avait été donnée par la création immortelle d’Adam et Eve et la vie, même blessée par le péché originel, qu’ils leur avaient transmise.
Il est très vraisemblable que certains ont dû veiller soigneusement à la mémoire d’une si exceptionnelle lignée jusqu’à ce que le texte de la Genèse en recueille l’essentiel sous l’inspiration divine.
Une histoire magnifique.
Hélas, blessée par une chute et une rupture qui ont marqué l’humanité et ont bloqué le monde dans les douleurs d’un enfantement qui dure encore, mais que le Christ est venu sauver par une création nouvelle qui a rouvert la route pour toute l’humanité.