La Lumière dans la Bible

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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jpm
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Variations sur l'idée de lumière dans la Genèse de Moïse

Message non lu par jpm » jeu. 08 oct. 2009, 22:52

La traduction, celle de St-Jérome, reprise par Louis Segond:

" Dieu dit: que la lumière soit! Et la lumière fut.

L'écriture, celle du supposé rédacteur, Moîse:

OIAMR ALEIM iEI-A°OR OIEI- A°OR.

Wa-îâomer AElohîm îehî-âôr, wa-îchî-âôr.

traduction littérale:

....sera-faite-lumière, et-(sera)-fut-faite lumière

Commentaires:

Par l'utilisation du convertible universel ( et, waw ou encore O),
l'écrivain fait passer le temps du futur au passé, indiquant par cela l'antériorité de la lumière !!! et de là on doit considérer que celle-ci est contenue dans le Principe (l'arché, l'ancien).

Question secondaire:
la lumière décrite est-elle ce que la science nous enseigne aujourd'hui ?
Il est permis d'en douter...

jeanbaptiste
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Re: Variations sur l'idée de lumière dans la Genèse de Moïse

Message non lu par jeanbaptiste » jeu. 08 oct. 2009, 23:53

l'écrivain fait passer le temps du futur au passé, indiquant par cela l'antériorité de la lumière !!! et de là on doit considérer que celle-ci est contenue dans le Principe (l'arché, l'ancien).
Pas sûr, tout dépend comment nous lisons le waw-conversif ;)

1) Il faut déjà supposer qu'il est "universel", c'est à dire qu'il "converti" tout ce avec quoi il s'accouple.

2) Il faut ensuite savoir si :

a) on ne s'arrête qu'à une compréhension temporelle : le waw faisant passer un présent au futur, et un futur au présent.

b) on ne s'arrête qu'à une lecture aspectuelle : il n'y a ni passé ni présent dans l'hébreu biblique, il n'y a que des accomplis et des inaccomplis.

c) on sait reconnaître dans des inaccomplis convertis des passés, et non des accomplis ; et dans des accomplis convertis, des futurs et non des inaccomplis.

Tout cela pouvant parfaitement aller ensemble.

Dès lors, que lire ? Je reprends votre traduction littérale :

être [inaccompli ou futur] faite lumière , et être [accompli ou passé : en vertu du waw] faite lumière

Reprenons les trois propositions en 2) :

a) soit [futur] faite lumière , fut [passé] faite lumière (c'est votre option)

b) lumière soit [inaccompli], lumière est [accompli] (la littéralité en prend un coup, mais il est difficile de rendre cela en français sans utiliser les temps ;) et sans briser la syntaxe )

c) soit [futur] faite lumière, lumière est [accompli] (option séduisante)

Dès lors, on voit bien que l'inteprétation dépend de ce que l'on entend dans le waw conversif.

Genesius, Lettinga, privilégient l'aspect "aspectuel" (accompli/inaccompli), l'idée étant, grossièrement, que le temps n'existe pas vraiment dans l'hébreu.

Cette position est à fois juste et pose problème. Elle est juste car le calque de nos temps ne colle pas parfaitement sur la langue hébraïque ancienne. Elle pose problème car le contexte des récits bibliques fait bien entendre une temporalité.

Dès lors il semble qu'il faille "naviguer" entre les positions a) b) et c), tout en sachant ne pas systématiser le principe du waw conversif (1°).

La Genèse étant un texte sur la Création. Et le Temps n'existant que par la Création. Il est assez tentant de ne pas choisir la conversion "temporelle" (qui n'aurait pas de sens dans un cadre atemporel).

Dès lors, il me semble préférable de choisir l'option b) voire c).

La b peut paraître plus logique : inaccompli->accompli (pas de temps). Mais dans ce cas l'inaccomplissement semble ne pas vouloir dire grande chose.

La c me semble plus juste, car elle est "théologiquement" juste tout en s'ancrant dans le cadre d'un récit composé pour des hommes : que la lumière soit (futur indiquant la volonté de Dieu), et la lumière est (accomplissement). Le futur étant ici une "concession" faite au récit.

Évidemment cette concession n'a de sens que dans le cadre de la traduction. Il serait tentant de penser qu'à l'époque même de la rédaction, le waw conversif avait une pluralité de sens. Ce qui permettrai de penser que le texte même permet ces concessions langagières afin que l'homme puisse accéder à la Parole infinie dans sa langue finie, sans pour autant la mésentendre.

Bon, je ne sais pas si je suis moi-même parfaitement clair. Et j'avoue que toute cette rédaction est à mettre au conditionnel pour une raison simple : je ne suis pas hébraïsant, et je n'ai jamais travaillé ce problème du début de la Genèse dans l'hébreu. C'est donc un coup d'essai. Reste à savoir s'il est correct ou s'il tombe à l'eau !

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Re: Variations sur l'idée de lumière dans la Genèse de Moïse

Message non lu par jpm » ven. 09 oct. 2009, 9:27

[+] Texte masqué
l'écrivain fait passer le temps du futur au passé, indiquant par cela l'antériorité de la lumière !!! et de là on doit considérer que celle-ci est contenue dans le Principe (l'arché, l'ancien).
Pas sûr, tout dépend comment nous lisons le waw-conversif ;)

Le convertible;

1) Il faut déjà supposer qu'il est "universel", c'est à dire qu'il "converti" tout ce avec quoi il s'accouple.

Universel: celui qui fait passer d'une nature à l'autre (de l'être au néant):
EE l'être absolu
EO (point médiant E : un néant.
EO (point haut):Ête-étant.



2) Il faut ensuite savoir si :

a) on ne s'arrête qu'à une compréhension temporelle : le waw faisant passer un présent au futur, et un futur au présent.



b) on ne s'arrête qu'à une lecture aspectuelle : il n'y a ni passé ni présent dans l'hébreu biblique, il n'y a que des accomplis et des inaccomplis.

des transitions temporelles,


c) on sait reconnaître dans des inaccomplis convertis des passés, et non des accomplis ; et dans des accomplis convertis, des futurs et non des inaccomplis.

Tout cela pouvant parfaitement aller ensemble.

Dès lors, que lire ? Je reprends votre traduction littérale :

être [inaccompli ou futur] faite lumière , et être [accompli ou passé : en vertu du waw] faite lumière

Reprenons les trois propositions en 2) :

a) soit [futur] faite lumière , fut [passé] faite lumière (c'est votre option)

b) lumière soit [inaccompli], lumière est [accompli] (la littéralité en prend un coup, mais il est difficile de rendre cela en français sans utiliser les temps ;) et sans briser la syntaxe )

c) soit [futur] faite lumière, lumière est [accompli] (option séduisante)

Dès lors, on voit bien que l'inteprétation dépend de ce que l'on entend dans le waw conversif.


Pas tout à fait : dans le mot OIEI ( Waw-Yod-He-Yod) Ce convertible forme avec le Yod, la racine OI, racine onomatopée exprimant un repoussement quelconque : dédain, dégoût. racine partageant les mêmes idées en chaldaïque, en syriaque, en éthiopique.

que repousse t-on dans la phrase? le futur?, non... le passé bien évidemment




Genesius, Lettinga, privilégient l'aspect "aspectuel" (accompli/inaccompli), l'idée étant, grossièrement, que le temps n'existe pas vraiment dans l'hébreu.

Cette position est à fois juste et pose problème. Elle est juste car le calque de nos temps ne colle pas parfaitement sur la langue hébraïque ancienne. Elle pose problème car le contexte des récits bibliques fait bien entendre une temporalité.

Dès lors il semble qu'il faille "naviguer" entre les positions a) b) et c), tout en sachant ne pas systématiser le principe du waw conversif (1°).

La Genèse étant un texte sur la Création. Et le Temps n'existant que par la Création. Il est assez tentant de ne pas choisir la conversion "temporelle" (qui n'aurait pas de sens dans un cadre atemporel).

Dès lors, il me semble préférable de choisir l'option b) voire c).

La b peut paraître plus logique : inaccompli->accompli (pas de temps). Mais dans ce cas l'inaccomplissement semble ne pas vouloir dire grande chose.

La c me semble plus juste, car elle est "théologiquement" juste tout en s'ancrant dans le cadre d'un récit composé pour des hommes : que la lumière soit (futur indiquant la volonté de Dieu), et la lumière est (accomplissement). Le futur étant ici une "concession" faite au récit.

Évidemment cette concession n'a de sens que dans le cadre de la traduction. Il serait tentant de penser qu'à l'époque même de la rédaction, le waw conversif avait une pluralité de sens. Ce qui permettrai de penser que le texte même permet ces concessions langagières afin que l'homme puisse accéder à la Parole infinie dans sa langue finie, sans pour autant la mésentendre.

Bon, je ne sais pas si je suis moi-même parfaitement clair. Et j'avoue que toute cette rédaction est à mettre au conditionnel pour une raison simple : je ne suis pas hébraïsant, et je n'ai jamais travaillé ce problème du début de la Genèse dans l'hébreu. C'est donc un coup d'essai. Reste à savoir s'il est correct ou s'il tombe à l'eau !

[Lorsque vous citer de longs extraits, je vous invite à utiliser la balise SPOILER afin de ne pas gêner la lecture, merci]


Sur l'aspect structurel de l'écriture:

Le 1er chapitre de la genèse étant consacré à la Principiation (Un Principe n'étant pas un commencement ou début de la durée). Le Temps ou durée n'existe pas, Elle appararaitra au chap. 2. sous la forme de AElohîm se manifestant :IHÔAH. Que veut dire l'écrivain sinon marquer l'antécédence d'un concept, celle du mot lumière. Qu'est-ce que la lumière, comment était-elle perçue?

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Re: Variations sur l'idée de lumière dans la Genèse de Moïse

Message non lu par jeanbaptiste » ven. 09 oct. 2009, 10:13

Le 1er chapitre de la genèse étant consacré à la Principiation (Un Principe n'étant pas un commencement ou début de la durée). Le Temps ou durée n'existe pas
Oui, nous sommes d'accord c'est exactement ce que je disais à la fin de mon texte et qui me faisais pencher pour le choix du waw conversif "aspectuel".
Que veut dire l'écrivain sinon marquer l'antécédence d'un concept, celle du mot lumière.
Antécédence par rapport à quoi ? Si c'est une antécédence sans "temps" c'est donc qu'elle est "absolue" et c'est exactement ce que vous soutenez lorsque vous dites : "et de là on doit considérer que celle-ci est contenue dans le Principe"

Le risque ? Une lecture panthéiste.

Je propos une autre lecture fondée sur le choix du waw conversif "aspectuel" (accompli/inaccompli). Puisque nous sommes dans un cadre "atemporel", cela semble aller de soi.

Dans ce cadre, "la lumière fut" n'est pas un passé, ni une antécédence, mais un accomplissement. Dès lors la lumière n'est plus une puissance contenue dans le Principe amenée à l'être, mais relève bien d'une création.

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Re: Variations sur l'idée de lumière dans la Genèse de Moïse

Message non lu par Bip1 » lun. 29 nov. 2010, 11:30

Bonjour Jpm

Mon point de vue sur le premier message .
Sachant que la lumière , dans le livre de la Genèse , était antérieure à la création de l'astre du jour , cette lumière n'est pas faite de photons ; Il s'agit d'autre chose .
Il s'agirait plutôt de ce genre de clarté que l'on ressent en disant "Eureka " . Les auteurs de bandes dessinées placent symboliquement une ampoule électrique au dessus de la tête ...
Le livre de la Genèse lève le voile sur toutes nos obscurités . Sur le plan de la psychologie et de la sociologie , par exemple . Je pense à la création de la femme , au complexe de Caïn , au dilemme de Joseph , puis de Juda ( beau-père de Tamar ) . Pour qui sait lire , toutes nos pensées , tous nos penchants y sont décrits et décryptés .
Pour moi , il existe dans cette lumière , un aspect apocalyptique , dans la mesure ou quantités de choses nous y sont révélées .
Cette lumière est avant tout un signe d'Amour ...Rien d'étonnant puisque Dieu est amour !

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La Lumière dans la Bible

Message non lu par Antoine Marie » dim. 26 juin 2011, 23:56

L'ivresse de lumière envahit la Bible dès la première page : " Que la lumière soit et la lumière fut ! " Et Dieu vit que la lumière est bonne". Le Nouveau Testament s'ouvre avec le prologue de St Jean. "Le Verbe est la vie, la vie est la lumière des hommes." Si nous mettons toutes les 184 citations de la lumière utilisées dans la Bible, nous voyons combien nous sommes entourés de lumière. "C'est toi, Seigneur, ma lampe; éclaire mon Dieu, ma ténèbre." Ps18,29. " Maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur "; Eph.5,8. "Apparaissez comme des sources de lumières dans le monde." Phi 2,15. Les valeurs fondamentales de notre vie se font voir comme des rayons de lumière, à travers l'intelligence des choses et des hommes, le partage, la transparence, la modestie, tout ce qui est en connexion avec la lumière.

"Il n'y aura plus de nuit désormais. On n'aura plus que faire de la lumière d'une lampe ni de celle du soleil, car le Seigneur luira sur eux." Apoc.22,5.
Je m'intéresse depuis peu au thème de la Lumière dans la Bible.
Le Christ est la Lumière du monde, il est celui qui éclaire notre esprit, nos obscurités.
Le Père nous inonde de lumière par l'Esprit Saint.
Quand notre oeil est clair, quelle lumière en nous !
La lecture de la Parole de Dieu est source de la Lumière du Christ dans nos vies : elle nous montre notre vie, à la fois si misérable et si grande ; elle rend bon notre agir par les Paroles de Vie ; elle touche notre coeur dans son plus intime : là où se trouve le trône du Seigneur en nous.

Viens Seigneur en nos vies et inonde nos coeurs d'un rayon de ta Lumière !
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Jn 1, 4

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Re: La Lumière dans la Bible

Message non lu par Antoine Marie » lun. 27 juin 2011, 11:31

Isaïe a écrit :9 1 Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre de la mort, la lumière a resplendi.
Le Seigneur veut éclairer nos ténèbres pour nous donner la vie en plénitude, la vie éternelle.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Jn 1, 4

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Re: La Lumière dans la Bible

Message non lu par Antoine Marie » lun. 27 juin 2011, 14:20

Un petit doc qui m'a l'air sympathique...
Pièces jointes
Bible_Lumiere_-_Y-M-_Blanchard_-_Colloque_10-12-2010.pdf
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Re: La Lumière dans la Bible

Message non lu par Antoine Marie » lun. 27 juin 2011, 15:00

On le voit, la figure biblique de la lumière, même entraperçue au présent de l'histoire, est foncièrement tournée vers l'avenir : elle participe pleinement d'une théologie biblique qui, pour être profondément enracinée dans le présent, n'en est pas moins toujours en attente d'un Dieu qui vient en avant de l'histoire, à contre-courant des fondamentalismes conservateurs, inconsolables d'un passé a priori tenu pour meilleur que le présent. À l'inverse, les textes bibliques regardent vers l'avenir ; ils expriment une prodigieuse tension vers l'avènement d'un jour nouveau ; ils s'inscrivent dans une symbolique du temps résolument tournée vers l'aurore attendue et le plein soleil qui suivra !
Ca irait bien dans le fil sur la FSSPX...
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