Le signe de Jonas

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
Règles du forum
Forum d'échanges sur la Sainte Bible.
etienne lorant
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 13132
Inscription : mar. 08 avr. 2008, 16:53

Les signes, le repentir et la quête de vérité

Message non lu par etienne lorant » lun. 21 juil. 2008, 9:02

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 12,38-42.

Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas.
Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que cette génération, et elle la condamnera ; en effet, elle est venue de l'extrémité du monde pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon.

Heureux ceux et celles qui ouvrent leurs cœurs à la Parole tant qu'il est temps ! Les habitants de Ninive, à l'annonce faite par Jonas, ont reconnu en eux-mêmes que leur conduite était mauvaise. Et pourtant, il s'agissait de païens, pas du peuple élu - mais la "lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde", aura suffi, à l'annonce faite par Jonas pour que tous prennent le chemin du repentir et échappent à une catastrophe. La reine de Saba était païenne, elle aussi, mais son désir de vérité l'a conduite vers Salomon, car elle était certaine qu'en effectuant ce voyage elle trouverait ce qu'elle cherchait en Israël.

Or, ni le peuple de Ninive, ni la reine de Saba, n'ont demandé de preuves. Mais de Jésus, qui a pourtant accompli de nombreux signes, on demande de se justifier par des prodiges...

Le coeur de certains hommes semble s'endurcit à mesure même que la grâce divine abonde pour les ramener sur la vraie voie. Prions le Seigneur ne nous prendre tous en sa sainte Miséricorde !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

etienne lorant
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 13132
Inscription : mar. 08 avr. 2008, 16:53

Commentaire sur Jonas

Message non lu par etienne lorant » lun. 13 oct. 2008, 17:21

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 11, 29-32)

29 Comme la foule s'amassait, Jésus se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise : elle demande un signe, mais en fait de signe il ne lui sera donné que celui de Jonas.
30 Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l'homme pour cette génération.
31 Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que les hommes de cette génération, et elle les condamnera. En effet, elle est venue de l'extrémité du monde pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon.
32 Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas.

Cette génération est mauvaise, car après assisté aux miracles, non seulement à la guérison des malades, à l'expulsion des démons, la résurrection de nombreux morts, mais aussi à la multiplication des pains - et bien d'autres, ils continuent de demander un signe. Que leur faut-il encore ? Essentiellement, que Jésus prenne immédiatement le pouvoir sur tous les royaumes de la terre, qu'Israël soit libéré du joug romain et domine sur tous les peuples connus. Si l'on songe à la délivrance du peuple de l'esclavage égyptiens, la mort de tous les premiers-nés des occupants romains en une seule nuit - voilà un signe qui leur plairait !

Cette génération est mauvaise car elle demeure complètement incrédule, ancrée dans ses traditions au point de ne plus reconnaître l'extraordinaire nouveauté de Dieu en toutes Ses œuvres. Le Royaume de Dieu est advenu, tel qu'Il est écrit dans la prophétie d'Isaïe:
"L'Esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction.
Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres,
et aux aveugles qu'ils verront la lumière,
apporter aux opprimés la libération,
annoncer une année de bienfaits
accordée par le Seigneur."
et que Jésus, ouvertement, à déclaré accomplie en Lui.

L'Epoux est donc parmi eux, il guérit les uns, il délivre les autres, il enseigne, il va de maison en maison, il protège les humbles, il fustige les puissants, il donne à manger à tous, il s'offre lui-même en nourriture et en boisson pour la vie éternelle, il parle comme jamais homme n'a parlé ... Cependant, quoi qu'il fasse, cette génération ne reconnaît pas ce temps, unique dans toute l'histoire humaine, ce temps qui lui était réservé en tout premier lieu pour s'en réjouir.

En comparaison, comment se fait-il que les habitants de Ninive se sont convertis à la proclamation faite par Jonas ? Les Ninivites n'étaient pas complètement dans l'obscurité - et le prologue de Jean me paraît assez clair sur le thème: "En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes" et "Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme
en venant dans le monde." Donc, ils étaient pécheurs et leurs consciences n'étaient pas tranquilles, elles n'étaient pas en repos: mais quels que soient leurs crimes, ils étaient au regard de Dieu comme de "petits enfants" qui ignorent leur droite de leur gauche. Et il a suffi des mots de Jonas pour qu'aussitôt, ils se rendent compte - comme Adam et Eve réalisant leur nudité, qu'ils étaient pécheurs, et que leurs fautes ne pouvait que les exposer à une multitude de malheur.

Tandis que la génération de Jésus se déclare elle-même juste, la nation élue par Dieu parmi toutes les nations - et c'est l'orgueil qui obscurcit leur conscience, les empêche de reconnaître les signes des temps, s'est obscurcie du fait de leur orgueil. Bien sûr, ils se croient tous très supérieurs à la Reine de Saba ! Or la reine de Saba, toujours par sa conscience, réalisait très bien que sa propre gloire serait éphémère - comme l'est toute existence, et par amour de la vérité, elle n'a pas hésité a quitté son trône pour venir ramasser des miettes de la sagesse de Salomon. (Je suis parmi ceux qui ne cesseront jamais de dire: "Quiconque désire sincèrement trouver la vérité, rencontre le Christ".

Naturellement, cet enseignement vaut aussi pour notre génération. Elle aussi est corrompue. Elle est vénale, pervertie, égocentrique, idolâtre et blasphématoire. Je ne me souviens guère de quelqu'un qui ai devant moi élevé la question de la conscience ou de la morale. Par contre, comme ils sont courants les slogans du type: "Profitons-en ! Chacun pour soi !" ou cet horrible trait, qui a succédé à "Après nous le déluge". En effet, aujourd'hui, la référence au déluge a été retirée du langage, de même que les concepts de fautes et de châtiment. En sorte que l'on s'exclame avec une ahurissante perversité: "Allons-y, jouissons à tout va ! Après nous les mouches !"

Est-ce à dire que le Christ a échoué ? Mais non, pas du tout ! Il est toujours parmi nous, Il s'adresse à chacun d'entre nous, les prêtres sont là, des millions de livres ont été écrits et traduits dans toutes les langues, les sites internet chrétiens fleurissent partout et j'y retrouve cette sorte de conscience planétaire que Teilhard de Chardin avait prédite dès le début du vingtième siècle. Quand je regarde le monde autour de moi, je comprends mieux la grâce que j'ai reçue par la conversion - mais qui a une contrepartie de souffrances : "Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait, car vous seriez à lui. Mais vous n'appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous." C'est donc seulement de la haine supportée que je peux tirer une quelconque fierté, car cette haine ne fait que confirmer la Parole que j'ai reçue...

"Si ceux-doivent se taire, alors les pierres crieront !"
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

etienne lorant
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 13132
Inscription : mar. 08 avr. 2008, 16:53

La conversion. Ceux qui sont prêts et les autres

Message non lu par etienne lorant » mer. 04 mars 2009, 14:55

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,29-32.

Comme la foule s'amassait, Jésus se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise : elle demande un signe, mais en fait de signe il ne lui sera donné que celui de Jonas. Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l'homme pour cette génération.

Je me suis demandé, dans cette comparaison entre Jonas et le Fils de l'homme, où est le point exact de la similitude. Car Jonas a traversé Ninive, qui est ville païenne, en annonçant sa destruction prochaine, tandis que Jésus se limite (pour l'essentiel) aux "enfants perdus" de la maison d'Israël, c'est-à-dire au peuple élu, il n'annonce pas (du moins pas dans quarante jours) la destruction de Jérusalem. Mais Jonas sera cru tandis que Jésus sera rejeté. Les Ninivites se sont convertis à la proclamation de Jonas, les Juifs ne se sont pas convertis. Mais il y a tout de même un point qui est tout à fait identique: c'est la nécessité de la conversion. Jésus comme Jonas sont venus pour apporter ce message, qui est un message de salut, car la conversion suscite la miséricorde et relève la vie des hommes.

A la suite de cette lecture, comme elle me renvoyait au livre de Jonas, j'ai découvert que, tout païens qu'ils fussent, les habitants de Ninive, du plus petit jusqu'au Roi, savaient très bien - sans pour autant connaître le Dieu d'Israël, que "la conduite mauvaise" et "les actes de violence" sont dignes de châtiment. Il existe donc, depuis l'aube des temps, une conscience intuitive (pour moi issue de Dieu) qui permet à tout homme venant dans le monde de choisir entre le bien et le mal. Dans cette affaire de Ninive, tout se déroule comme si les les habitants de la grande ville n'avaient attendus que cela : ce tout petit déclic, la tout petite parole du petit prophète, pour changer de conduite. Sans doute vivaient-ils dans l'abondance mais aussi dans l'attente d'une révélation de leur véritable état... Et du coup, quelle affreuse chose, abominable, de la part des Scribes et des Pharisiens, de dire de Jésus: c'est par Beelzéboul, le prince des démons, qu'il chasse les démons !

Aujourd'hui, j'admire la patience de Jésus, son imperturbable humilité. Je devine presque qu'en parlant comme il le fait, il est aussi en train d'effacer jusqu'à la trace de ses pas, Lui qui est pourtant "beaucoup plus que Jonas" et "beaucoup plus que Salomon" !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

gerardh
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 5032
Inscription : ven. 26 déc. 2008, 20:02
Conviction : chrétien non catholique
Localisation : Le Chambon sur Lignon (France)

Re: La conversion. Ceux qui sont prêts et les autres

Message non lu par gerardh » jeu. 05 mars 2009, 13:37

_________

Bonjour,


Comme vous le savez certainement, le signe de Jonas c'est le fait que le prophète soit resté 3 jours dans le ventre obscur du cétacé, avant d'en ressortir, tandis que Jésus crucifié est resté 3 jours aussi dans le sein de la mort avant d'en ressusciter. Je pense même que cela est précisé explicitement dans au moins un des 4 évangiles.


________

Avatar de l’utilisateur
Pneumatis
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 1937
Inscription : jeu. 19 févr. 2009, 17:22
Localisation : Châteaubriant
Contact :

Re: La conversion. Ceux qui sont prêts et les autres

Message non lu par Pneumatis » jeu. 05 mars 2009, 13:56

Par 4 fois au moins, quand les pharisiens demandent un signe à Jésus il répond en prophétisant sa passion :

Dans Matthieu, 12 :
38. Alors quelques-uns des scribes et des Pharisiens prirent la parole et lui dirent : « Maître, nous désirons que tu nous fasses voir un signe. »
39. Il leur répondit : « Génération mauvaise et adultère ! elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas.
40. De même, en effet, que Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits.


Dans Matthieu, 16 :
1. Les Pharisiens et les Sadducéens s'approchèrent alors et lui demandèrent, pour le mettre à l'épreuve, de leur faire voir un signe venant du ciel.
2. Il leur répondit : « Au crépuscule vous dites : Il va faire beau temps, car le ciel est rouge feu ;
3. et à l'aurore : Mauvais temps aujourd'hui, car le ciel est d'un rouge sombre. Ainsi, le visage du ciel, vous savez l'interpréter, et pour les signes des temps vous n'en êtes pas capables !
4. Génération mauvaise et adultère ! elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. » Et les laissant, il s'en alla.


Dans Luc, 11 :
29. Comme les foules se pressaient en masse, il se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise ; elle demande un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas.
30. Car, tout comme Jonas devint un signe pour les Ninivites, de même le Fils de l'homme en sera un pour cette génération.


Dans Jean, 2 :
18. Alors les Juifs prirent la parole et lui dirent : « Quel signe nous montres-tu pour agir ainsi ? »
19. Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai. »


Enfin n'oublions pas que Jésus se désigne lui-même comme signe dans l'Apocalypse : "Je suis l'Alpha et l'Oméga", c'est-à-dire la totalité du signifiant, mais aussi, en hébreu ALEPH-VAV-TAV (AVT) qui veut dire "Signe".

Extrait d'un dialogue que j'ai imaginé entre Saül (Paul) et Etienne, avant son arrestation :

Saül, vois Jonas à nouveau, reprit Etienne. Trois jours et trois nuits ils fut plongé au fond de l'abime, dans le royaume des morts, mais le Seigneur l'a épargné et le poisson l'a recraché parce que sa prière était montée jusqu'au temple. C'est ainsi qu'il est devenu le signe vivant pour les habitants de Ninive que le temple saint est la seule cause de salut. Plus encore que Jonas, Jésus est celui qui nous conduit au salut en restaurant le vrai temple ! Alors comme les habitants de Ninive, ne soit pas hypocrite (5) et détourne-toi des faux dieux. Les chefs des scribes et les docteurs de la Loi ne sont pas ceux que tu dois adorer. Ce temple fait de pierre, empli des marchands, ne fait pas la volonté du Seigneur. Il ne manifeste plus sa parole. C'est dans ton cœur que le Verbe Saint doit maintenant demeurer. Tu dois mourir à toi-même pour devenir son temple. Comme Jonas, il te faut sacrifier sur l'autel du fond des ténèbres. Le poisson est la juste prophétie qui annonce pour les fidèles du temple de Dieu qu'ils seront relevés d'entre les morts. C'est en cela que les temps sont accomplis. Nul n'est rendu juste de lui-même, et nous devons tous nous convertir. Moïse a reçu la prophétie et l'a fait connaitre à son peuple Israël. Mais cette prophétie c'est aujourd'hui qu'elle s'accompli pour chacun de nous et pour l'éternité.


Totalité du dialogue sur : http://pneumatis.over-blog.com/article-28470450-6.html
Site : http://www.pneumatis.net/
Auteur : Notre Père, cet inconnu, éd. Grégoriennes, 2013

etienne lorant
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 13132
Inscription : mar. 08 avr. 2008, 16:53

Re: La conversion. Ceux qui sont prêts et les autres

Message non lu par etienne lorant » jeu. 05 mars 2009, 15:11

gerardh a écrit :_________

Bonjour,


Comme vous le savez certainement, le signe de Jonas c'est le fait que le prophète soit resté 3 jours dans le ventre obscur du cétacé, avant d'en ressortir, tandis que Jésus crucifié est resté 3 jours aussi dans le sein de la mort avant d'en ressusciter. Je pense même que cela est précisé explicitement dans au moins un des 4 évangiles.


________
Bonjour Gerardh,

Néanmoins dans le texte de l'Evangile que j'ai cité, le Christ parle du signe du Jonas tel qu'il fut "pour les habitants de Ninive". Je serais très étonné d'apprendre que les Ninivites aient connus son histoire de naufragé sauvé par le grand poisson. Donc dans mon commentaire, je me suis limité strictement à ce qui était évident: "Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive."
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

Avatar de l’utilisateur
Pneumatis
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 1937
Inscription : jeu. 19 févr. 2009, 17:22
Localisation : Châteaubriant
Contact :

Re: La conversion. Ceux qui sont prêts et les autres

Message non lu par Pneumatis » jeu. 05 mars 2009, 15:42

etienne lorant a écrit :Néanmoins dans le texte de l'Evangile que j'ai cité, le Christ parle du signe du Jonas tel qu'il fut "pour les habitants de Ninive". Je serais très étonné d'apprendre que les Ninivites aient connus son histoire de naufragé sauvé par le grand poisson. Donc dans mon commentaire, je me suis limité strictement à ce qui était évident: "Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive."
Bonjour Etienne,

Je ne pense pas qu'on puisse interpréter le propos comme "Jonas a été considéré comme étant un signe pour les habitants de Ninive."

Il a été un signe veut dire il a signifié quelque chose, il a du sens, et pas que les ninivites ont vu en lui un signe, comme ils auraient entendu un oracle. Et si Jonas a pu signifier quelque chose c'est justement parce qu'il est passé par le poisson.

(cf. d'autres discussions sur le rapport entre "Poisson" et "Sens") C'est important le poisson mine de rien, c'est pas juste une acrostiche qui en a fait le signe des premiers chrétiens ! :roule:


En outre, pour l'interprétation de ce passage il peut être bon de considérer les autres évangiles qui y font écho, et où le message est bien plus explicite en ce qui concerne Jonas (cf. Matthieu 12, 38-40).

J'en profite pour noter que "Jonas" veut dire "Colombe" en Hébreu, il me semble (suis pas un spécialiste des langues). C'est intéressant quand on sait ce que cela figure dans le baptême de Jésus. Et ça donne aussi un caractère pré-vocationnel (désolé pour le vilain néologisme) à l'inspiration de Pierre : Shimon (celui qui a de grandes oreilles) Kephas (La pierre, le roc) bar Jonas (fils de la colombe).
Site : http://www.pneumatis.net/
Auteur : Notre Père, cet inconnu, éd. Grégoriennes, 2013

etienne lorant
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 13132
Inscription : mar. 08 avr. 2008, 16:53

Dieu et Jonas, histoire de deux familiers

Message non lu par etienne lorant » lun. 16 mars 2009, 18:05

Livre de Jonas (Jon 4, 1-11)

4
01i Quand il vit que Dieu pardonnait aux habitants de Ninive, Jonas trouva la chose mauvaise et se mit en colère.
02 Il fit cette prière au Seigneur : « Ah ! Seigneur, je l'avais bien dit lorsque j'étais encore dans mon pays ! C'est pour cela que je m'étais d'abord enfui à Tarsis. Je savais bien que tu es un Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d'amour, renonçant au châtiment.
03 Eh bien, Seigneur, prends ma vie ; mieux vaut pour moi mourir que vivre. »
04 Le Seigneur lui dit : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère ? »


Dans la Bible, le livre de Jonas est un de mes préférés. Pas spécialement à cause de son séjour dans la ventre du poisson, auquel Jésus fait référence, mais à cause de ce caractère "terrible" qu'il a...

Dès le début de l'histoire, apprenant quel mission Dieu lui confie, il s'enfuit "loin de la face du Seigneur": il ne veut vraiment pas y aller, à Ninive ! Ensuite, rejeté sur la terre ferme, après s'être repenti, il lui suffit d'une journée à peine de proclamation et tout Ninive se convertit ! Mais plutôt que de se réjouir du succès de sa mission, il se met en colère une première fois, et quand il dit ces choses: "Je savais bien que tu es un Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d'amour, renonçant au châtiment.", ce n'est pas du tout sur le ton de la louange ! Mais il a l'air de dire à Dieu: "A quoi bon m'avoir fait partir de chez moi et vivre toutes ces aventures, si finalement, c'est pour pardonner aussi vite !"

Ainsi, sans le moindre complexe, il fait des reproches au Seigneur - dans ce passage, on dirait vraiment deux membres d'une même famille qui se disputent, ou comme un couple en colère. Comme il n'en démord pas, survient l'histoire du ricin. "Dieu donna l'ordre à un arbuste, un ricin, de pousser au-dessus de Jonas pour donner de l'ombre à sa tête et le délivrer ainsi de sa mauvaise humeur..." Ne dirait-on pas un papa qui essaie de se réconcilier avec son enfant ?

Et finalement, c'est quand même la figure de Dieu, tel qu'Il est présenté ici, qui dépasse tout. Non seulement Dieu est tendre et miséricordieux, mais aussi, Il est d'une très grande patience, car Jonas commence par refuser ses ordres, et le temps que Jonas se repentisse, et parvienne jusqu'à Ninive, la ville reste remplie de péché et de méfaits. Et puis, je vois aussi l'amour que Dieu éprouve pour toutes ses créatures, véritablement toutes ses créatures: ne veut-Il, en même temps, épargner la ville de Ninive, et se réconcilier avec son serviteur Jonas ? Et reste la conclusion:

"Toi, tu as pitié de ce ricin, qui ne t'a coûté aucun travail et que tu n'as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit et en une nuit a disparu. Et moi, comment n'aurais-je pas pitié de Ninive, la grande ville, où, sans compter une foule d'animaux, il y a plus de cent vingt mille petits enfants qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche ? »

Ainsi Dieu a eu pitié de Jonas une première fois quand il a été jeté à la mer, puis il a eu pitié de la ville, puis il rend des comptes à Jonas, et enfin, il montre qu'il connaît chacun des habitants de la ville, qu'Il n'appelle des hommes, ni des pécheurs, mais des "petits enfants" - et il a même pitié de leurs animaux. Quel amour, quelle prévenance, quelle miséricorde ! Je dois bien avouer que je suis souvent plus du côté d'un Jonas et je reste confondu devant la magnanimité du Seigneur !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

etienne lorant
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 13132
Inscription : mar. 08 avr. 2008, 16:53

Jonas et la génération des sceptiques

Message non lu par etienne lorant » mar. 06 oct. 2009, 10:19

Livre de Jonas 3,1-10.

La parole du Seigneur fut adressée de nouveau à Jonas :
« Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle. »
Jonas se leva et partit pour Ninive, selon la parole du Seigneur. Or, Ninive était une ville extraordinairement grande : il fallait trois jours pour la traverser.
Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! »
Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, prirent des vêtements de deuil.
La chose arriva jusqu'au roi de Ninive. Il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d'un vêtement de deuil, et s'assit sur la cendre.
Puis il fit crier dans Ninive ce décret du roi et de ses grands : « Hommes et bêtes, gros et petit bétail, ne goûteront à rien, ne mangeront et ne boiront pas.
On se couvrira de vêtements de deuil, hommes et bêtes, on criera vers Dieu de toute sa force, chacun se détournera de sa conduite mauvaise et de ses actes de violence.
Qui sait si Dieu ne se ravisera pas, s'il ne reviendra pas de l'ardeur de sa colère ? Et alors nous ne périrons pas ! »
En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.

La conversion des habitants de Ninive, sur l'annonce de Jonas, nous paraît surprenante. Dans l'Evangile, Jésus la mentionne pourtant: "Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas. (Mt - 12 : 41) Ainsi, ce que Dieu a obtenu en envoyant le petit prophète Jonas - avec une seule parole à dire, le Christ ne parvient pas à l'obtenir de "cette génération" : la Parole n'entre pas dans les coeurs (sauf ceux des petits et des simples) en dépit des miracles. C'est que ni la Parole ni les signes ne leur suffisent, ils leur faut des preuves.

Et aujourd'hui, cette génération persiste: elle justifie les "génocides cachés" (avortement, euthanasie, suicide assisté, eugénisme, etc ) par le droit du corps, en posant par principe que le corps appartient à l'individu, comme n'importe quel objet, et qu'il est libre d'en disposer à volonté. Et dans la société de consommation, çà fonctionne très bien... Au point que l'enfant devient parfois l'otage d'un des deux parents lorsqu'ils se séparent. Elle persiste dans l'athéisme militant, qui s'est substitué au Pharisiens: l'Eglise doit fournir des preuves de l'existence de Dieu, et même des preuves de l'existence du Bien. Pire encore, au sein même de l'Eglise, les prophètes des derniers jours se multiplient. Ils annoncent l'anéantissement de la planète et le retour en gloire de Jésus... sur une terre complètement ravagée, où ne survivront que ceux qui auront suivi leurs "messages". (je suis obligé de le mentionner car ce matin, j'ai encore fui la chapelle qui devient, après l'Eucharistie, le lieu de rencontre entre millénaristes: on s'échange les derniers événements, on parle du "grand avertissement", on s'excite mutuellement comme dans la première d'un film catastrophe, on constitue des stocks de cierges bénis, des images à mettre aux fenêtres, etc. Et pendant ce temps, on ne se convertit pas, on ne prête pas attention à son voisin, on continue de brasser de l'argent, on affiche une charité convenue et de bon ton en choisissant "ses" pauvres" - c'est ainsi que je n'ai jamais pu acquérir la boutique dans laquelle je travaille depuis vingt-six ans...)

Mais qu'il s'agisse d'aujourd'hui ou du temps de Jésus - et quand bien même le Christ reviendrait de notre temps, il n'y a qu'une manière de vivre. "Craignez, si vous ne vous convertissez pas, de périr de la même manière !", dit Jésus. Et encore : "Quiconque vit et croit en moi a la vie éternelle". Je songe à Maximilien Kolbe à Auschwitz : ce n'est pas parce qu'il était dans le camp de la mort qu'il a cessé de vivre sa foi. Je songe à mère Teresa de Calcutta et à son oeuvre "impossible". Elle répondait: "Dieu ne nous demande pas de réussir, mais d'avoir foi en Lui..." Nous vivons donc des temps douloureux, c'est vrai, maisc'est d'autant plus l'occasion de nous convertir et de manifester l'amour de Dieu autour de nous.

En la fête de saint Bruno, fondateur des Chartreux
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

etienne lorant
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 13132
Inscription : mar. 08 avr. 2008, 16:53

Les deux signes de Jonas

Message non lu par etienne lorant » mer. 24 févr. 2010, 12:28

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,29-32.

Comme la foule s'amassait, Jésus se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise : elle demande un signe, mais en fait de signe, il ne lui sera donné que celui de Jonas.
Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l'homme pour cette génération.
Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que les hommes de cette génération, et elle les condamnera. En effet, elle est venue de l'extrémité du monde pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon.
Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas.

Dans l'Evangile selon saint Matthieu, le signe de Jonas, c'est qu'il est, au bout de trois jours et trois nuits, sorti vivant de la gueule du monstre marin. L'homme rationnel que je fus prit note aussitôt de cette contradiction, car dans cet Evangile-ci, Jésus dit autre chose. Mais, plus tard, une fois converti, j'ai réalisé que les deux écrits ne se contredisent pas mais se complètent.

En définitive, lequel des deux signes est le plus marquant ? C'est bien évidemment le premier, car le temps passé dans le ventre de la baleine renvoie directement aux jours qui ont précédé la résurrection. Cependant, le livre de Jonas est le plus petit sans doute, mais un des plus intéressants de tout l'Ancien Testament, à cause de tous les petits trésors qu'il contient et qui touchent aux relations entre l'homme et Dieu. Je ne saurais qu'en conseiller la lecture car elle montre combien l'homme peut devenir le familier du Père.

Jésus leur dit donc : "Quiconque parmi vous reconnaît dans ma Parole celle que Dieu adressa aussi à Ninive la grande ville, afin qu'elle se convertisse et ne périsse pas ? Or, les habitants de Ninive se sont convertis à la proclamation de Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas. Mais vous exigez de moi des signes que vous n'aurez pas. Mais au jour du jugement, les habitants de Ninive seront vos accusateurs".

Le signe qui est donné ici à travers Jonas, c’est que le Seigneur se sert du petit, de l'homme sans références, pour se faire entendre et pour indiquer la bonne route à prendre. Je me demande donc si je fais partie des uns ou des autres: des Ninivites ou des hommes de cette génération ? Ce jour-là, les foules qui écoutent Jésus sauront-elles percevoir dans sa voix l’accent de la Vérité de Dieu ? Percevront-elles que leur cœur est tout brûlant tandis qu’il leur parle ? Ou bien se fieront-elles aux apparences, en murmurant, comme d’autres : « de Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? »

Jésus peut leur donne la réponse: vous ne vous convertirez pas à ma Parole, mais il vous sera donné le second signe de Jonas : ma Résurrection d'entre les morts. Je prie comme les disciples: "Seigneur, je crois en toi, mais augmente en moi la foi !"

--

J'ajoute ici un sermon prêché durant la guerre du golfe (http://epelorient.free.fr/archives/arch35.html) dont l'auteur est peut-être protestant (?) et cependant, quelle belle démonstration !

Ninive

L'actualité attire régulièrement nos regards vers les pays bibliques, pays qui autrefois occupaient le premier rang de la scène du monde et qui maintenant, après des millénaires, sont de nouveau au centre des préoccupations.

L'Irak, c'est l'ancienne Assyrie dont il et si souvent question dans la Bible. Avant Bagdad sa capitale était la fameuse Babylone, dont on peut visiter aujourd'hui les ruines à quelques dizaines de kilomètres seulement. Encore plus en arrière dans le temps, avant Babylone, la première ville d'Assyrie était Ninive, la ville dont il va être question dans l'historie de Jonas. Ninive se situait sur le fleuve le Tigre, à peu près à 500 km au nord-ouest de l'actuelle Bagdad. C'était une ville exceptionnelle, d'une part par sa taille - la Bible l'appelle "la grande ville." Il fallait trois jours de marche pour la parcourir, ses hauts remparts n'entouraient pas que des maisons, mais aussi des champs, des jardins, des étables, tout ce qu'il lui fallait pour vivre de manière indépendante du reste du monde. Cette description fait paraître Ninive une ville d'une telle importance que Voltaire, qui se moquait de tout et surtout de la Bible, a prétendu que Ninive n'avait jamais existé. Selon lui il était impossible qu'une ville si immense puisse disparaître sans laisser de traces. Vers le milieu du 19ème siècle, un anglais a retrouvé le site de Ninive et à partir de là les explorations ont entièrement confirmé la Bible. Elles ont montré notamment que Ninive s'étendait sur une centaine de kilomètres, ce qui correspond bien à trois jours de marche. Un détail seulement pour donner une idée du développement auquel était parvenu Ninive : on y a retrouvé une prodigieuse bibliothèque constituée de milliers de tablettes d'argile couvertes d'écriture cunéiforme. Dans cette bibliothèque on a également retrouvé de grosses boules de verre qui servaient de loupes pour lire sans fatigue des micro-tablettes. Une technique comparable à celles de nos microfilms pour faciliter les problèmes de documentation !

Mais Ninive était également une ville exceptionnelle par sa méchanceté. La Bible ; dans le prophète Nahum l'appelle "la ville sanguinaire, pleine de mensonge, pleine de violence. " Ninive était perpétuellement en guerre avec les villes et les pays voisins dans le but de s'enrichir, d'accumuler des trésors à l'intérieur de ses murailles. Ici encore l'archéologie a confirmé pleinement l'épithète de ville sanguinaire que lui donne la Bible. Les nombreux prisonniers qu'elles capturaient pendant ses expéditions avaient les mains et les pieds tranchés, les yeux crevés, leurs têtes ensuite étaient entassées en pyramides, comme cela se faisait un Cambodge, dans notre génération.

Et de cette évocation de Ninive, la grande ville, ce qui doit nous frapper c'est précisément cette ressemblance avec la situation générale du monde moderne 3000 ans après. Les deux traits principaux de Ninive s'y retrouvent à une échelle mondiale. Un développement extraordinaire, une technique prodigieuse, mais en même temps une cruauté sans mesure, des guerres sans fin, une cupidité que rien ne peut satisfaire. Ninive est une image du monde, d'un monde qui vit sans se soucier de Dieu, abandonné à ses passions et ses péchés. Dieu laisse faire pour un temps ; le moment qu'il a choisi pour intervenir ouvertement n'est pas encore venu, main en attendant, il ne reste pas indifférent envers ce monde. Il ne l'était pas envers Ninive. Il va lui envoyer le prophète Jonas. L'histoire de Jonas n'est pas seulement intéressante à cause de l'actualité et de la comparaison entre Ninive et notre monde ; elle l'est surtout à cause de la comparaison entre Jonas et Jésus-Christ. Et cette comparaison n'est pas artificielle, elle ne vient pas de l'imagination d'un commentateur qui lirait beaucoup entre les lignes. Cette comparaison est d'autant plus précieuse qu'elle est attestée par Jésus-Christ lui-même comme nous le verrons. Ninive et Jonas, le monde et Jésus-Christ, c'est là le parallèle sur lequel nous allons méditer en survolant rapidement le texte.

Par sa méchanceté Ninive s'était accumulé un trésor de colère, elle était au bord du jugement et de la perdition. Jonas a été la solution préparée longtemps à l'avance par Dieu, le messager qu'il lui fallait absolument écouter si elle voulait éviter une fin subite. Jésus-Christ est non seulement la solution prévue par Dieu aux inextricables problèmes du monde, mais avant tout il est la seule solution à notre situation personnelle ; il est le médecin qu'il nous faut absolument écouter si nous cherchons la guérison. La Bible est le livre que Dieu nous a laissé pour nous amener à son fils Jésus-Christ. Même à travers une histoire aussi ancienne et aussi étrange que celle de Jonas, c'est sur Jésus-Christ qu'il veut attirer nos regards.


La fuite de Jonas

Versets 1 à 10 - un premier passage auquel nous pourrions donner ce titre : La fuite de Jonas. Et ici Jonas ne ressemble certes pas à Jésus-Christ ; il forme plutôt un étonnant contraste. En toutes choses Jésus se plaisait à accomplir la volonté de Dieu, mais Jonas la fuit. On peut se demander ce que craignait Jonas, pourquoi fuyait-il avec tant de hâte ? Jonas était juif, il venait de Galilée comme Jésus, et à cette époque les juifs haïssaient les nations. Elles étaient impures à leurs yeux. Ils ne saluaient jamais les païens, il leur était défendu d'entrer sous leur toit et à plus forte raison de manger avec eux. Il est difficile pour nous de se figurer le déshonneur que représentait pour Jonas le fait d'aller vers les païens. Par contre, nous savons tous ce que veut dire s'enfuir loin de la face de l'Eternel.

Car avant de connaître et d'obéir à Dieu nous avons peur de lui et nous le fuyons. Cette crainte est universelle, de tout homme on peut dire sans le connaître et sans se tromper, c'est quelqu'un qui est en train de fuir Dieu ou qui autrefois l'a fuit. Nous le fuyons parce que nous sommes pécheurs et que Dieu est saint. Sa sainteté nous fait peur. Après avoir transgressé le commandement de Dieu la première chose qu'ont fait Adam et Eve était de se cacher loin de la face de l'Eternel. Cette terreur de Dieu s'est étendue à tous leurs enfants. Nous avons peur que Dieu nous demande quelque chose que nous ne voulons pas faire, comme Jonas, ou au contraire nous avons peur qu'il nous demande de renoncer à certaines choses.

Alors commence une fuite qui peut durer toute la vie. Souvent le Seigneur veut nous arrêter dans notre folie. Comme à Jonas il nous envoie des vents impétueux et de grandes tempêtes. Chacun à sa propre expérience et je n'ai pas besoin d'énumérer ce que peuvent être ces tempêtes, perte d'un être cher, perte de la santé, perte d'argent, perte du bien-être en un mot. Mais avant de céder à Dieu nous ne voulons pas considérer ces tempêtes comme des obstacles que son amour a placés sur la route de notre désobéissance.

L'attitude de Jonas est alors aussi souvent la nôtre. Les mariniers effrayés se tournent chacun vers leur dieu, leur religion. Jonas, lui, descend au fond de la cale et s'endort d'un sommeil inconscient, d'un sommeil semblable à la mort, il veut oublier. Combien cherchent l'oubli de leur angoisse, non peut-être dans le sommeil, mais dans le travail, dans les plaisirs, dans la nourriture, dans l'alcool, dans la drogue, dans la réussite ; les moyens sont divers mais la racine est la même : oublier que Dieu nous cherche, oublier qu'il a des droits sur nous puisqu'il nous a créés, oublier que nous sommes des fugitifs.

Malgré la tempête Jonas arrive très bien à dormir au fond du bateau et ceci nous fait penser à un autre homme dormant couché dans une barque alors que la mer menaçait et que tous les autres passagers criaient de peur. Contrairement à Jonas cet homme dormait parce que sa conscience était parfaitement en règle, n'ayant jamais péché, il était inaccessible à la peur ; il dormait après une journée de travail au cours de laquelle il avait en tout point accompli la volonté de Dieu. Oui, cet homme était Jésus, la nuit où d'un mot il calma la mer pour rassurer les disciples effrayés. A nouveau quel contraste le distingue de Jonas ! Si Jonas croyait s'abaisser, lui qui était juif en allant parler aux païens, le Fils unique de Dieu n'a pas hésité à quitter sa place céleste auprès du Père pour venir vivre et mourir parmi les hommes ; Il est venu dans une chair semblable à la nôtre, il est né dans la nation juive, il a pris pour nom Jésus, nom fort commun alors, et s'il n'a été envoyé qu'à la maison d'Israël, il ne croyait pas s'abaisser, lui qui était juif, en donnant à boire à une samaritaine, non pas l'eau d'un puits, mais l'eau vive de l'Evangile, le salut éternel et gratuit en Jésus-Christ.

Cependant on ne peut pas toujours fuir Dieu ni endormir toujours sa conscience. Notre péché finit par nous atteindre, Dieu à ses moyens pour nous secouer de notre torpeur. Jonas est découvert, sa fuite est confessée devant les membres de l'équipage, il est reconnu publiquement coupable.


La mort de Jonas

Chapitre 1:11 à Chapitre 2:1

C'est par l'épisode du grand poisson que l'histoire de Jonas est bien connue. Beaucoup sont persuadés qu'il s'agit là d'une légende. Remarquons que beaucoup tenaient également Ninive pour une ville légendaire jusqu'à ce que... on prouve qu'une fois de plus la Bible avait raison. D'abord l'histoire ne dit pas que ce grand poisson était une baleine comme le représente l'image populaire ; on connaît des cas réels de cachalots ayant avalé un homme entier qu'on a récupéré ensuite dans l'estomac du monstre. Ensuite le récit ne nous parle pas ici d'histoire naturelle, mais d'une histoire surnaturelle où Dieu intervient spécialement. Si on admet que Dieu existe et que rien ne lui est impossible, il est inexcusable de tenir l'histoire de Jonas pour une légende.

D'autant, c'est le point capital de l'histoire de Jonas, que Jésus lui-même, qui ne peut mentir, a dit :

Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d'un grand poisson, de même le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. - Matthieu 12.40.

Par cette déclaration il confirme la véracité de l'histoire de Jonas, mais encore il nous apprend que l'engloutissement de Jonas dans le ventre du poisson est un type, une figure, de sa propre mort.

Pourquoi Jésus est-il mort ? La Bible entière, d'un bout à l'autre, nous enseigne que sa mort était un sacrifice. Lui, innocent, est mort pour nous, coupables ; comment une telle chose est-elle possible ? Elle l'est par la grâce de Dieu. L'image des marins jetant Jonas par-dessus bord pour sauver le reste de l'équipage en est une illustration divine. La colère de l'Eternel était sur Jonas, puisqu'il était rebelle, il le savait, c'est pourquoi il dit, "Prenez-moi, et jetez-moi dans la mer, et la mer se calmera envers vous." Cependant Christ à l'opposé était le Fils bien-aimé de Dieu, en qui il avait mis toute son affection, qui faisait toujours ce qui lui était agréable. Comment donc le sacrifice de Jonas peut-il être une image de celui de Jésus-Christ ? Il n'y a pas d'autre conclusion que celle que nous dit l'Ecriture. Jésus a littéralement pris sur lui nos péchés, il s'est chargé de nos iniquités, le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui. A la croix du calvaire Jésus a réellement encouru la colère de Dieu à notre place, les ténèbres ont recouvert Golgotha, Jésus s'est écrié : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? C'était réel. Jonas était coupable, il valait mieux que lui seul périsse et que tous les autres marins qui n'avaient rien à faire dans cette histoire soient sauvés. Mais de Christ on peut dire que lui seul était innocent, que nous étions tous coupables et que malgré tout il a voulu qu'un seul innocent périsse pour sauver une multitude de coupables ; Jonas à la mer, aussitôt la mer se calme et les marins d'être saisis d'une grande crainte. Combien ceci nous parle de la puissance et de l'efficacité du sacrifice de Christ ; il est mort pour le péché une fois pour toutes, par un seul acte il a déchiré l'acte de condamnation qui était dressé contre nous, il a pris nos péchés et les a jetés au fond de la mer, on ne les retrouvera plus. Heureux celui qui croit ces choses !

Autre détail qui nous montre la perfection de l'illustration divine, la mer dans la Bible représente toujours les nations, par opposition à Israël. Jésus a été livré par les juifs aux nations, aux païens, pour qu'ils le crucifient. Rejeté par les juifs, crucifié par les romains.

Jonas est-il mort dans,e ventre du poisson ? Certains le pensent à cause des versets que nous allons lire, d'autres croient qu'il a été préservé et qu'il n'est mort que symboliquement en quelque sorte, de toutes façons nous allons maintenant lire ce qui correspond à sa résurrection, qui figure bien sûr celle de Jésus.


La résurrection de Jonas

Chapitre 2.2 à Chapitre 2.11

C'est souvent au sein de la plus grande détresse que l'homme retrouve l'usage de la prière. Dans le ventre du poisson Jonas se tourne à nouveau vers son Dieu. C'est maintenant qu'il comprend que la tempête, que le grand poisson étaient nécessaires pour le faire céder et le rapprocher de Dieu. Jonas, prophète de l'Eternel, avait serré la Parole dans son cœur, et sa prière est presque entièrement composée d'extraits de Psaumes qu'il connaissait par cœur. Ainsi ces versets s'appliquent aussi prophétiquement à Christ. Toutes tes vagues et tous tes flots ont passé sur moi, par exemple, exprime que Christ a subi pleinement la colère divine à la croix. Les eaux m'ont couvert jusqu'à m'ôter la vie, l'abîme m'a enveloppé peut s'entendre de Jonas en admettant qu'il soit réellement mort, mais surtout de Christ qui est effectivement mort.

Il était impossible que le Prince de la Vie soit retenu par les liens de la mort ; après avoir passé trois jours et trois nuits dans le sein de la terre le Fils de l'homme est sorti triomphant du tombeau. Un mot de la part de l'Eternel et le poisson a vomi Jonas sur le rivage. Oui, tout est soumis à Dieu, la mort même et le séjour des morts. Un mot de Jésus-Christ : Lazare, sors ! et le mort sortit du tombeau. La mort reste le plus grand ennemi de l'homme, sa seule pensée suffit à gâter toutes nos joies. Pourtant Jésus-Christ par sa résurrection a vaincu ce terrible ennemi. Si nous avons bénéficié de sa mort à la croix, nous sommes aussi assurés de ressusciter avec lui :

O mort ! où est ta victoire ? O mort ! où est ton aiguillon ?

La résurrection de Jésus n'est-elle pas au fond l'événement le plus extraordinaire de toute l'histoire ? Ne répond-elle pas à toutes nos craintes, à toutes nos aspirations ? Ne démontre-t-elle pas l'immortalité ? Cependant nous voyons de toutes parts, les hommes chercher ailleurs des réponses à leur angoisse devant la mort, dans l'occultisme, dans des récits étranges, dans des religions impuissantes à sauver, prêts à tout essayer sauf venir à Jésus-Christ pour avoir la vie !


La prédication de Jonas

Chapitre 3

Ce n'est qu'après la mort et la résurrection de Jésus-Christ que l'évangile fut annoncé aux nations. Le parallèle avec Jonas se poursuit puisque ce n'est qu'après sa terrible expérience qu'enfin il va accomplir ce que Dieu lui avait dès le début ordonné. Notons au passage que lorsque nous désobéissons à Dieu, il ne modifie pas pour autant ses exigences, mais nous reprend là où nous l'avions abandonné. Jonas finalement obéit à la volonté divine mais au prix de quelle leçon !

Nous assistons maintenant au plus grand miracle de cette histoire : la repentance de Ninive. Ce changement soudain de l'attitude des ninivites ne s'explique pas facilement. Ils n'avaient jamais vu Jonas, il n'appartenait pas à leur race. Son message n'était pas un long discours garni d'arguments, c'était une proclamation extrêmement brève, une affirmation péremptoire : Encore quarante jours et Ninive est détruite ! Pourtant les ninivites, gens cruels et cupides, se repentirent. Et, comme l'a expressément dit Jésus-Christ, leur attitude nous condamne si nous ne nous repentons pas en entendant l'Evangile, car, ajoute Jésus, il y a ici plus que Jonas.

Le message de l'Evangile est foncièrement le même que celui de Jonas : repentez-vous ! L'Evangile n'est pas un discours destiné à gagner des adeptes, il est essentiellement déclaratoire. Voici, par exemple comment Paul le prêchait à Athènes :

Dieu annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils ont à se repentir, parce qu'il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l'homme qu'il a désigné, ce dont il a donné tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts.

Qu'est-ce se repentir ? C'est cesser toute contestation avec Dieu, c'est admettre qu'il a raison et que nous avons tort. C'est reconnaître, comme le dit Paul, qu'il a remis tout pouvoir à Jésus-Christ qui est prêt à juger les vivants et les morts, et qu'il la prouvé en le ressuscitant des morts. La Bible dit encore :

Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé.

Miracle plus grand encore que la repentance de Ninive, aujourd'hui des milliers et des millions de personnes qui ne connaissaient pas plus Jésus-Christ que les ninivites ne connaissaient Jonas se convertissent à son appel. Dans cette même région qui a vu se dérouler une histoire si remarquable, en Irak au cours de la guerre du golfe, des soldats ont trouvé le salut en Jésus-Christ.

Peut-être quelqu'un pensera-t-il que l'Evangile qui nous propose seulement de croire en Jésus-Christ pour avoir nos péchés effacés d'un seul coup et pour être assurés de la vie éternelle, est une solution trop facile à nos problèmes. Eh bien, sachez que Jonas le pensait aussi et qu'il se trompait. C'est l'objet du dernier chapitre.


Le ricin de Jonas

Chapitre 4

Jonas était en colère. En juif sectaire, il détestait ces païens. Ils s'en tiraient à bon compte, un peu de jeûne, un peu de larmes et Dieu passait l'éponge sur quantité de crimes abominables qu'ils avaient commis. Il aurait voulu que Dieu les anéantisse au bout de quarante jours comme il l'avait prêché. Jonas s'installe à proximité de la ville pour voir ce qui va lui arriver. Il se trompait : pas plus que ceux qui disent que l'Evangile est trop facile, il n'avait la moindre idée de ce qu'est la miséricorde infinie de Dieu. Le Psaume 103 déclare,

Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sa bonté est grande pour ceux qui le craignent ; autant l'orient est éloigné de l'occident, autant il éloigne de nous nos transgressions.

Dieu se plaît à pardonner lorsque nous nous tournons vers lui. De ce point de vue il n'y a pas de distinction entre petits et grands péchés, de respectables citoyens modernes ont tout autant besoin de la grâce de Dieu que les barbares ninivites. Jonas n'avait pas compris cet article fondamental que le salut exclu le mérite, le salut est basé tout entier sur la grâce de Dieu manifestée en Jésus-Christ.

Dieu ne va pas le laisser dans sa rancœur. Et pour lui donner des idées plus appropriées quant à la miséricorde divine, il va lui parler par un ricin. Dans l'Ecriture Dieu instruit plus d'une fois l'homme par les plantes. Ainsi il dit au prophète Esaïe : Crie ! Et le prophète répond :

Que crierai-je ? Toute chair est comme l'herbe, et tout son éclat comme la fleur des champs. L'herbe sèche, la fleur tombe, quand le vent de l'Eternel souffle dessus.

N'est-ce pas au fond le même message que Dieu adresse à Jonas par le ricin ? Oui, une vie d'homme passe vite, à l'époque de la jeunesse elle peut sembler une fleur si belle que jamais elle ne pourra se faner, mais bientôt des signes certains annoncent sa fin. Et la fleur une fois fanée, qui s'en souvient ? On la jette et on l'oublie. Pourtant Jonas n'oublie pas tout de suite son ricin, il s'y était attaché, à une plante ! Nous ne le blâmerons pas, qui ne s'est pas attaché à des choses aussi insignifiantes qu'une plante. Dieu se sert de cela pour nous instruire. Si toi, Jonas, a pitié d'un ricin qui ne t'a coûté aucune peine, que tu n'as pas fait croître, qui est né dans une nuit et qui a péri dans une nuit, moi, le Créateur n'aurais-je pas pitié des habitants de Ninive ! Oui, l'homme est plus qu'une plante aux yeux de Dieu. Il l'a créé à son image, il lui a donné la domination sur toute la création et lorsque l'homme est devenu un rebelle envers son créateur, lorsqu'il est tombé à cause de son péché, Dieu a envoyé son Fils afin de nous arracher à la mort et à la perdition éternelle. Oui, confessons de quel grand amour le Père nous a aimés pour que nous soyons appelés ses enfants ! Et comme lui désirons que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

etienne lorant
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 13132
Inscription : mar. 08 avr. 2008, 16:53

Le(s) signe(s) de Jonas

Message non lu par etienne lorant » lun. 11 oct. 2010, 17:45

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,29-32.
Comme la foule s'amassait, Jésus se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise : elle demande un signe, mais en fait de signe, il ne lui sera donné que celui de Jonas.
Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l'homme pour cette génération.
Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que les hommes de cette génération, et elle les condamnera. En effet, elle est venue de l'extrémité du monde pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon.
Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas.

Il y a, parmi nous, des hommes qui vont très simplement. Leur manière d'être et de vivre est toute droite et fidèle. Ils parlent peu, ils font tout ce qu'ils ont à faire, ils ne se plaignent jamais, et leur front rayonne. Je n'en ai rencontré que deux comme eux sur près de quarante ans, mais leur souvenir me nourrit encore et m'aide à me convertir chaque fois que le moment est venu. Car il me faut me renoncer et accepter chaque étape en me laissant transformer par le doigt de Dieu.

Le signe de Jonas, ce peut être aussi bien les trois jours et les trois nuits qu'il a passés dans le ventre du poisson - durant lesquels il s'est converti lui-même jusqu'à obtenir d'être recraché sur la terre ferme (image de mort et de résurrection) et ce peut être également la conversion des habitants de Nivnive, du plus grand jusqu'au plus petit, car ils se sont dit: nous nous couvriront de sacs et nous crierons vers Dieu avec force, et chacun se détournera de sa mauvaise conduite et de l'iniquité que commettent ses mains. Qui sait si Dieu ne se ravisera pas et ne se repentira pas, s'il ne reviendra pas de l'ardeur de sa colère, en sorte que nous ne périssions point ?"

Vivre en Jésus-Christ, ce n'est certainement pas vivre comme nous l'avions rêvé, mais selon ce que Dieu nous donne. Si chacun d'entre nous pouvait vivre selon les projets que ses désirs et sa raison conçoivent, je crois nous irions tous en enfer. En tout cas nous manquerions notre vie. Mais il faut savoir accepter - il faut savoir se résigner, se soumettre à la volonté de Dieu, même lorsque nous ne la comprenons pas. Aujourd'hui, j'ai appris que ma carte de parking de 'riverain' n'est pas reconduite par l'admnistration de la Ville.

Sur le moment - un moment qui a duré depuis dix heures du matin jusqu'à maintenant, dix-sept heures, je n'ai été que révolte en moi-même. A moins de fabriquer des faux tickets d'horodateurs, (ce qui est un jeu d'enfant, m'a expliqué une vieille relation), il ne me reste plus qu'à reprendre la marche matin, midi et soir. Il ne sera plus possible de prendre le repas de midi dans la maison de repos, il faudra "prendre ses tartines" certains jours. Quel recul en arrière ! Mais ces revers de fortune doivent être une occasion pour moi de rechercher avec plus d'ardeur encore ce qui constitue la vraie vie en Dieu. N'ai-je pas chanté souvent à l'église : 'Voici que je viens, Seigneur, pour accomplir ta volonté' ? Alors, je signe, je suis d'accord, je n'en reparlerai même plus.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

christiane
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1029
Inscription : sam. 13 déc. 2008, 18:43

Re: Le(s) signe(s) de Jonas

Message non lu par christiane » mar. 12 oct. 2010, 5:09

Tu sais, Etienne, je marche beaucoup chaque jour. Tu vas finir par aimer ça et tu verras combien marcher fait du bien. Bien sûr, j'espère qu'il n'y a pas trop de kilomètres à faire.

Mais le plus dur est que tu ne peux plus manger à la maison de repos. Comment pallier cela ? Ta Maman a besoin de toi et tu sais lui apporter tant de soins.

Je te souhaite une magnifique journée.

De tout coeur avec toi,
Christiane

Avatar de l’utilisateur
stephlorant
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1714
Inscription : sam. 12 mars 2011, 21:09

Une démarche de carême

Message non lu par stephlorant » mer. 16 mars 2011, 11:56

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,29-32.

Comme la foule s'amassait, Jésus se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise : elle demande un signe, mais en fait de signe, il ne lui sera donné que celui de Jonas.
Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l'homme pour cette génération.

Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que les hommes de cette génération, et elle les condamnera. En effet, elle est venue de l'extrémité du monde pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon.
Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Jonas était un tout petit prophète, mais à la fin, après avoir été recraché par la baleine, il se rend à Ninive et à peine avait-il commencé de traverser la ville durant une seule journée, que ses habitants ont cru en son annonce. La reine de Saba, par contre, a quitté son royaume depuis "l'extrémité du monde" afin d'écouter la sagesse de Salomon.

Jésus lie les deux personnages et j'en tire la leçon que Dieu emploie deux modes d'approche envers les pécheurs: d'une part, il permet les malheurs - qui sont salutaires pour les uns, puisqu'ils se convertissent; et d'autre part, il envoie son Esprit sur ses créatures.

La Parole atteint donc tous les hommes - y compris ceux qui ne sont pas de culture chrétienne. J'ai pour exemples modernes Simone Weil, André Frossard, Jacques et Raïssa Maritain. Il suffit de chercher sincèrement la vérité. C'est Jésus qui le dit lui-même : "Quiconque cherche la vérité entend ma voix".

Mais ce qui m'émerveille dans ce passage d'Évangile, c'est la démarche des deux personnages de Jonas et de la reine de Saba. Jonas connaissait Dieu (si vous lisez le livre de Jonas, vous verrez qu'ils sont comme des familiers) mais il a voulu fuir "au bout du monde" plutôt que d'obéir - mais son séjour dans le grand poisson a abouti à sa propre conversion. La reine de Saba, quant à elle, a abandonné son royaume qui était "à l'extrémité du monde" afin d'écouter la sagesse qui habitait Salomon. Chacun d'entre eux ont fait un long voyage: ce que je traduis sur le plan spirituel par une démarche typique d'un carême. Nous sommes bien invités à rentrer en nous-mêmes (tel Jonas dans le ventre du poisson) en laissant de côté tout ce qui nous préoccupe habituellement (le travail, les vacances, les soucis comme les plaisirs - comme le fit la reine de Saba en quittant son royaume - afin de revenir à l'essentiel.

Les chrétiens d'aujourd'hui doivent donc, eux aussi, par leur carême, devenir pour cette génération, des signes de conversion.
In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum
http://www.youtube.com/watch?v=WDV94Iti5ic&feature=related (Philippe Herreweghe)

Avatar de l’utilisateur
stephlorant
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1714
Inscription : sam. 12 mars 2011, 21:09

Re: Une démarche de carême

Message non lu par stephlorant » mer. 16 mars 2011, 18:22

L'histoire de Jonas m'a toujours beaucoup attiré, car ses rapports avec Dieu sont empreints d'une grande familiarité, mais aussi parce que Dieu se montre comme "éducateur" de la foi. Le plus remarquable, à mon sens est la patience manifestée non seulement envers la ville de Ninive, mais aussi envers son prophète qui commence par désobéir comme nous l'avons tous fait... Je joins ici un texte trouvé sur ... et qui décrypte toute l'histoire de façon très intéressante:

Une histoire et deux intrigues

L'histoire commence brutalement : «La Parole du Seigneur fut adressée à Jonas» (1,1). Où, quand, comment ? Mystère. Nous apprenons, avec le héros, que le Seigneur a décidé de contrer (punir ? pas si sûr…) la méchanceté de Ninive (1,2). Début d'une première intrigue. Après quelques péripéties qui retardent l'action (fuite, tempête, poisson : de beaux effets de suspense), le projet est exécuté et l'oracle prononcé. Or l'impact est tel que la ville unanime revient «de son mauvais chemin» entraînant un revirement de Dieu.

Si le récit s'arrêtait là, nous aurions une belle variation sur le cri prophétique lancé par Jérémie ou Ézéchiel : «Je ne prends pas plaisir à la mort de celui qui meurt - oracle du Seigneur Dieu : revenez donc et vivez!» (Éz 18,12).

«Je ne prends pas plaisir à la mort…» Ninive vient d'échapper à la destruction, comme Jonas avait échappé à la noyade et les marins à la tempête. Donc tout est bien qui finit bien. Mais alors pourquoi cette plante qui crève et Jonas qui demande à mourir ?

Il faut reprendre le fil du récit. Une deuxième intrigue se devine, issue de la première, mêlée à elle et qui la déborde. Elle oriente notre regard moins vers le sort des méchants (que va-t-il leur arriver ?) que vers l'attitude de Dieu (pourquoi agit-il ainsi ?). L'histoire est étrange parce que Dieu est étrange.

Suivons la deuxième intrigue en étant attentifs non seulement à l'enchaînement des actions mais au rythme de la narration (ralentis, accélérations) ainsi qu'aux moments où les paroles des personnages s'échangent, se déploient, s'effacent…

De la fuite à la foi

En son début, la deuxième intrigue coïncide avec la première : le Seigneur donne un ordre et le prophète s'exécute. «Jonas se leva» … mais, surprise ! c'est pour fuir, loin, très loin vers la mythique (et inconnue de nous) Tarsis.

Pourquoi cette fuite ? Le narrateur n'en souffle mot. Cependant, se dit le lecteur, le Seigneur doit bien avoir les moyens de rattraper son prophète récalcitrant. En effet, voilà une tempête. Provoquée par Qui de droit — nous le savons mais les marins l'ignorent encore. Une vraie tempête de cinéma : vent violent, mer déchaînée, navire qui craque de toute part. Retour au chaos. Le capitaine réveille Jonas. Les matelots, paniqués, ne sachant à quel dieu se vouer, ont déjà tiré au sort.

«Jonas dormait profondément» (1,5). L'homme qui fuyait a fui jusque dans le sommeil. Il n'a pas fini de nous surprendre.

Le sort est tombé sur lui. Devant un tribunal improvisé, l'homme qui dort devient l'homme debout. Le rythme de la narration se ralentit et le conteur donne enfin la parole au héros : en déclarant son identité, Jonas nous fait entendre sa foi.

«Je suis Hébreu…» (1,9). Par ces simples mots, il s'inscrit dans la lignée du peuple qui, fuyant l'Égypte, a traversé la mort. Hier comme aujourd'hui le Seigneur domine la nature : ciel, mer, continents ; Jonas, confiant, est prêt à donner sa vie pour ses compagnons. Sa foi est contagieuse : les matelots, dont la prière errait de divinité en divinité (1,5), s'adressent maintenant au Dieu unique (1,14). À Dieu remis…

Dieu entend. La tempête se calme. Un gros poisson – que notre imaginaire n'a pas encore transformé en baleine – engloutit Jonas. L'homme debout va renaître homme de foi. Sans se débattre, il descend dans le «ventre de la Mort» (2,3) et murmure un chant égal aux plus beaux psaumes. Le temps est suspendu, la foi s'ouvre à l'inouï : «De la fosse tu m'as fait remonter vivant» (2,7). La voix du narrateur s'efface, laissant le lecteur devant la voix – et la foi – de son personnage. Alors le poisson ouvre la gueule et Jonas est rejeté sur le rivage.

Une révolution non-violente

L'histoire recommence. «La Parole du Seigneur s'adressa une seconde fois à Jonas.» (3,1). Lequel, conformément à notre attente, prend cette fois-ci le bon chemin. À son message est suspendu l'avenir d'une ville, le destin d'un peuple.

Il marche. Il parle. Il lui avait fallu bien des péripéties pour devenir un Vivant. En moins d'une journée, sur une simple phrase (3,4), Ninive l'immense revient «de son mauvais chemin» (3,10). Stupéfaction du lecteur : au sens strict, quelle «révolution» morale et politique ! Quand donc la réalité rejoindra-t-elle la fiction ? Mieux : la voix du prophète se perd, elle n'a plus d'importance, elle est recouverte par la proclamation de repentance et le décret royal (3,5-9). Comme pour le psaume des profondeurs, le temps est suspendu, le narrateur s'efface et le lecteur (comme le Seigneur ?) admire cette parole païenne où il n'y a aucun chantage et beaucoup d'humilité. Encore une fois, à Dieu remis : «Qui sait ! Peut-être Dieu…» (3,9).

Le temps s'accélère : Jonas en était au tiers de son parcours, les quarante jours sont déjà passés. Ninive pénitente a bien été mise «sens dessus dessous» (3,4). À ce retournement plus bouleversant que le bouleversement annoncé répond le retournement de Dieu : «Aussi revint-il de sa décision…» (3,10). Coup de théâtre : Jonas se fâche. L'intrigue arrive à un tournant.

L'homme qui attend

«Jonas le prit mal, très mal» (4,1). Et nous apprenons la raison de sa fuite initiale : «Je me le disais bien […] Je savais bien que tu es un Dieu miséricordieux» (4,2). Jonas savait. Le Seigneur domine la Nature et renverse l'Histoire ; il est aussi et surtout le Dieu «lent à la colère» envers Israël (la formule est reprise à Ex 34,6) et envers les païens. De savoir cela – et de le voir ! – ne comble pas Jonas, bien au contraire. Pourquoi donc ? Limite de la Foi. Trouble de tout l'être. Jonas demande à mourir. Mais en même temps, à l'écart de la ville et devant elle, il semble espérer un inespéré qu'il est incapable de formuler (4,5). Il attend.

Ce qui lui arrive, c'est l'ombre d'une plante, un «plus» (il a déjà celle de sa hutte) qui lui est vite retiré. Jonas ignore – mais pas nous – que le Seigneur manipule ici végétation, soleil et vent. Jeu un peu cruel décrit sans émotion par le narrateur. Au terme, Jonas demande à mourir. Dans les mêmes termes que précédemment. Mais la raison n'est plus la même. En déplaçant son regard de la ville sauvée à la plante crevée, Dieu déplace le trouble de Jonas du contenu de la foi à son corps malade. Le drame est ramené à d'humaines proportions. Il n'en demeure pas moins un drame.

Dans les deux cas le Seigneur pose la même question : «As-tu raison de…» (4,4 et 9). Quand, la deuxième fois, Jonas dit «Oui» , Dieu s'explique. Avec douceur. Une conclusion s'insinue dans la foi perturbée : la plante disparue, Jonas souffre mille morts ; Ninive disparue, qu'aurait donc souffert Dieu ? Alors, devant la parole de Celui qui se révèle plus humain que l'humain, le narrateur se tait. Il faut que le dernier mot du drame appartienne au Seigneur. Un mot qui touche, dans le récit, l'oreille de Jonas et, dans la lecture du récit, la conscience de l'auditeur.

Dans le silence de Jonas commence une autre histoire, celle de nos réponses.


© Gérard BILLON, les Dossiers de la Bible n° 72 (1998), p. 7-9

Site à découvrir : http://www.bible-service.net/site/483.html
In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum
http://www.youtube.com/watch?v=WDV94Iti5ic&feature=related (Philippe Herreweghe)

Avatar de l’utilisateur
mike.adoo
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1314
Inscription : sam. 08 mai 2010, 11:37

Jonas

Message non lu par mike.adoo » lun. 28 mars 2011, 19:35

Bonjour à tous

Le livre de Jonas commence ainsi :" Une parole de Yahvé fut adressée à Jonas, fils d’Amittaï

Je cherche l'étymologie du nom Amittaï

Je sais que ce nom est mentionné ( 2 Rs 14,25 ) mais cela ne m'avance pas ...

Merci pour votre aide :ciao:

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Libremax et 124 invités