Encens

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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Pierre-Luc
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Encens

Message non lu par Pierre-Luc » dim. 19 févr. 2006, 11:55

Quelqu'un pourrait-il me dire dans quel livre biblique retrouve-t-on la coutume de l'encens comme nous la pratiquons, par exemple, à l'occasion des enterrements?
Merci.
Fraternellement,
Pierre-Luc :)
Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort. (St Jean 11.25).

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thomasthomas
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Message non lu par thomasthomas » dim. 19 févr. 2006, 12:03

Bonjour Pierre , je ne sais pas trop si ça va t'aider , mais les rois mages ont offerts 3 cadeaux à Jesus , de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Ces cadeaux ont une signification symbolique. : l'or célébrait la royauté, l'encens la divinité et la myrrhe annonçait la souffrance rédemptrice.
Après je ne peux pas te dire comment on en est venu à l'encens pour les enterrements ou certaines messes.

Que Dieu vous benisse

Charles
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Message non lu par Charles » dim. 19 févr. 2006, 16:14

Il me semble que dans notre liturgie l'encens symbolise la prière qui s'élève vers Dieu.

Quant à la symbolique de l'autel, c'est le corps du Christ.

Pierre-Luc
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encens

Message non lu par Pierre-Luc » dim. 19 févr. 2006, 18:31

Je vous remercie pour vos réponses.
Ce que j'aurai voulu savoir aussi, c'est l'origine historique ou biblique de cette tradition.
Fraternellement,
Pierre-Luc.
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Charles
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Message non lu par Charles » dim. 19 févr. 2006, 19:00

"Noé dressa un autel au Seigneur ; il prit, parmi tous les animaux purs et tous les oiseaux purs, des victimes qu'il offrit en holocauste sur l'autel. Le Seigneur respira l'agréable odeur, et il se dit en lui-même : « Je ne maudirai plus jamais le sol à cause de l'homme. Les pensées de son coeur sont mauvaises dès sa jeunesse ; mais plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l'ai fait.
Tant que la terre durera,
semailles et moissons,
froidure et chaleur,
été et hiver,
jour et nuit
ne cesseront jamais. »" (Genèse 8, 20-22)

"L'offrande de l'homme juste
est comme la graisse des sacrifices sur l'autel,
son agréable odeur s'élève devant le Très-Haut
.(...)
Celui qui sert Dieu de tout son coeur est bien accueilli,
et sa prière parvient jusqu'au ciel.
La prière du pauvre traverse les nuées" (Siracide 35, 6-17)

"Cessez de m'apporter de vaines offrandes :
l'encens, j'en ai horreur.

Nouvelles lunes, sabbats, assemblées,
je ne supporte plus ces fêtes sacrilèges" (Isaie 1, 13)

- Il me semble qu'à l'origine l'encens est un subsitut sacrificiel, qui joue le même rôle que la fumée et l'odeur de la viande brûlée dans l'holocauste. Mais comme l'histoire de la relation entre Dieu et l'humanité a un sens qui s'accomplit dans le sacrifice du Christ qui rend inopérables tous les autres sacrifices, la fumée montant vers le ciel voit son sens symbolique s'altérer : la métaphore sacrificielle devient métaphore de la grâce.

"Tu ne m'avais pas apporté d'agneaux en holocauste,
et tu ne m'avais pas honoré par des sacrifices.
Je ne t'avais pas traité comme un esclave
en t'imposant des offrandes,
je ne t'avais pas fatigué pour avoir de l'encens." (Isaie 43, 23)

- La fumée montant vers le ciel peut ainsi être comprise comme un tribut demandé par Dieu, qui l'impose à une humanité servile.

Mais l'intention de Dieu n'est pas d'en rester là, il souhaite que les rapports entre lui et les hommes soient selon la grâce et l'amitié et non la loi et la servilité :

"Paroles de l'époux :
« Avant que souffle la brise du jour
et que s'enfuient les ombres,
j'irai à la montagne de la myrrhe,
à la colline de l'encens.
Tu es toute belle, ma bien-aimée,
tu es immaculée
.(...)
Tu es un jardin clos, ma soeur, ô fiancée,
tu es une source close, une fontaine scellée ;
tu fais jaillir un paradis de grenades
avec des fruits exquis,
du nard et du henné,
du nard et du safran,
de la cannelle et du cinname,
avec tous les arbres odoriférants,
la myrrhe et l'aloès,

avec les baumes les plus délicats !" (Cantique 4, 6-14)

- La sainteté de l'humanité sauvée, l'Epouse du Christ, est exprimée par la métaphore de l'odeur, et l'encens brûlé dans l'Eglise du Christ n'a plus le même sens que l'encens de substitution aux sacrifices sanglants qui ont été abolis. Il ne reste plus que la prière, épurée de toute la cuisine sacrificielle.


Voilà ce que je peux te répondre après une courte recherche dans l'Ancien Testament, et je ne garantis pas la catholicité de mes réponses.

Pierre-Luc
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Message non lu par Pierre-Luc » lun. 20 févr. 2006, 14:14

Bonjour Charles,
Un grand merci pour vos recherches. Je suis entièrement d'accord avec vous en ce qui concerne les métaphores sacrificielles. J'estime que celles-ci ont été transformées concrètement par le sacrifice sur la croix. Je suppose que cette coutume qui se pratique encore dans nos églises n'est qu'une allégorie représentant une sorte de communication avec Dieu.
Etant donné que nous ne sommes plus sous la loi mais sous la grâce, je pense que cette tradition est encore un "reliquat" des balbutiements théologiques de l'Eglise dans la période post-apostolique.
Fraternellement,
Pierre-Luc.
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Charles
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Re: encens

Message non lu par Charles » lun. 20 févr. 2006, 14:46

Bonjour Pierre-Luc,
Pierre-Luc a écrit :J'estime que celles-ci ont été transformées concrètement par le sacrifice sur la croix. Je suppose que cette coutume qui se pratique encore dans nos églises n'est qu'une allégorie représentant une sorte de communication avec Dieu.
Etant donné que nous ne sommes plus sous la loi mais sous la grâce, je pense que cette tradition est encore un "reliquat" des balbutiements théologiques de l'Eglise dans la période post-apostolique.
Notre liturgie est pleine de symboles et c'est très naturel. Le dépôt de la foi a été placé dans des "coeurs de chairs" et non pas sur des tablettes de pierre, dans des hommes et la liturgie comme l'institution ecclesiale en sont le signe. Je veux dire que la liturgie et l'Eglise sont des réalité humaines vivantes qui portent un sens, l'Evangile, en opposition avec cette réalité inerte qu'est un livre. Le contenu de sens que les chrétiens ont a transmettre s'incarne donc de façon privilégiée dans ces réalités vivantes. Et la symbolique de la liturgie est, comme aussi les heures du jour et l'Angélus, le calendrier liturgique, l'architecture religieuse, les vêtements sacerdotaux, etc., porteuse du message chrétien qui cherche par sa nature propre à s'incarner dans les aspects de la vie humaine concrète (toujours de préférence à l'écrit).

Les symboles de la liturgie ne sont donc pas de simples restes, ils sont des signes authentiquement chrétiens du message évangélique.

"L'offrande de l'homme juste
est comme la graisse des sacrifices sur l'autel,
son agréable odeur s'élève devant le Très-Haut.(...)
Celui qui sert Dieu de tout son coeur est bien accueilli,
et sa prière parvient jusqu'au ciel.
La prière du pauvre traverse les nuées
" (Siracide 35, 6-17)

Pour la pratique de l'encens, une fois altérée et purifiée, ne reste que le symbole de la prière. Et il n'y a rien à y redire. Sa dimension liturgique est même plus naturellement chrétienne en tant que c'est une action humaine concrète plutôt qu'un écrit.

Charles
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Message non lu par Charles » lun. 20 févr. 2006, 17:35

(Psaume 50)
18 Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas,
tu n'acceptes pas d'holocauste.
19 Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé.

- L'oeuvre de Dieu a pour ambition une rénovation qui touche au coeur de l'être humain, bien au-delà de la simple extériorité de la vie humaine. Cette exteriorité à elle seule ne peut suffire à Dieu, il ne l'accepte pas telle quelle.

3 Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
4 Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.
9 Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur ;
lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
11 Détourne ta face de mes fautes,
enlève tous mes péchés.
12 Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.

- Il s'agit d'aller jusqu'à créer en l'homme un coeur, un centre nouveau, une intériorité nouvelle.

21 Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ;
alors on offrira des taureaux sur ton autel.
16 Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur,
et ma langue acclamera ta justice.
17 Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.

- Et une fois que la rénovation a été opérée dans le plus intime de notre intériorité, elle peut se manifester dans une nouvelle extériorité. Claudel dans l'Annonce faite à Marie a un mot très beau : "comme les abeilles, nous (les chrétiens) faisons tout de l'intérieur", cela signifie que les formes que nous produisons viennent de ce coeur nouveau qui nous a été donné et apparaissent dans le temps de cet "alors" du verset 21...

Pierre-Luc
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Message non lu par Pierre-Luc » mar. 21 févr. 2006, 11:21

Bonjour Charles

Je comprends votre point de vue et j’y adhère. Je pense qu’il est tout à fait normal que l’on accorde plus d’importance dans le symbolisme sacré, qui est visuel, par rapport aux écrits qui sont, tout compte fait, moins accessibles pour beaucoup de gens.
Tout en vous lisant, plusieurs fragments néo-testamentaires me sont venus à l’esprit. J’en ai retenu un qui m’a touché particulièrement :
Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. (2 Cor 5.17).
N’est-ce pas là aussi une transformation radicale de notre intériorité intime ?

En ce qui concerne l’encens, un passage dans l’apocalypse souligne l’analogie entre celui-ci et la prière (sans entrer dans le domaine de l’herméneutique eschatologique), ce qui explique aussi, je pense, son usage dans la liturgie actuelle :
Un autre Ange vint alors se placer près de l’autel, muni d’une pelle en or. On lui donna beaucoup de parfums pour qu’il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or placé devant le trône. 4 Et, de la main de l’Ange, la fumée des parfums s’éleva devant Dieu, avec les prières des saints. (Apoc 8. 3-4).

Bien à vous fraternellement,
Pierre-Luc.
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