Dn (9,24-27) 1/4

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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Epsilon
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Dn (9,24-27) 1/4

Message non lu par Epsilon » lun. 16 août 2010, 13:58

Bonjour à tous.

Daniel est un livre tardif la date approximative est vers 150 av JC … il n’est pas mentionné dans le Siracide mais par contre figure en I Macc (2,60) … à part des ajouts en grecs nous avons deux langues à savoir l’hébreu et l’araméen … et le livre se décompose comme suit :

a) le livre commence en hébreu jusqu’au (2,4),
b) puis se poursuit en araméen jusqu’à la fin du Chap 7,
c) pour finir en hébreu jusqu’à la fin.

Tt fois il est rédigé en deux blocs assez distincts :

D’une part (chap 1-6) qui raconte les aventures de Daniel à la cours des rois Babyloniens en tant que savant/interprète des songes … et d’autre part (chap. 7-12) ou là Daniel est lui-même le bénéficiaire de visions qu’il ne sait interpréter sans l’aide d’un ange.

D’où le problème de la langue du Chap (7) qui étant en araméen donc se reportant au bloc (2-6) alors que le thème concerne le bloc (8-12) qui lui est en hébreu !!! une explication c’est d’une part qu’il y a au moins deux auteurs différents … et d’autre part que l’hébreu du début serait une traduction de l’araméen initiale après le rajout du bloc 2 au bloc 1.

Analyse de Dn (9, 24-27) :

Comme nous le verrons il y a trois grilles d’interprétations :

A) Si l’on se situe sous Antiochos IV (qui est le cadre historique du livre comme pour les Maccabées) … nous pouvons supposer que Daniel espère que l’accomplissement de ces versets (notamment le V24) suivra de prés la mort du tyran … dans cette éventualité ce serait à cette époque que devraient se terminer la 70ième semaine … dans cette éventualité, compte tenu de la date d’écriture du livre, Daniel ferrait plus œuvre d’historien que de prophète … nous devons être plus « sévère » sur les dates/périodes/délais qu’il mentionne.

B) l’Eglise voit dans le salut ainsi décrit (V24) l’œuvre accomplit par l’avènement du Christ … dans ce cas le point de départ de ces 70 semaines serait le retour de la captivité à Babylone et le terme la mort du Christ … dans cette éventualité (contrairement à la première hypothèse) Daniel ferrait ici œuvre prophétique et non d’historien … nous devons être plus « coulant » sur les dates/périodes/délais qu’il mentionne … ces dates et autres périodes n’ayant ici qu’un caractère symbolique et non plus chronologique.

C) une autre interprétation est de se reporter à des termes eschatologiques … la destruction totale du mal et l’établissement définitif (suite à la victoire sur l’Antéchrist) du règne de Dieu … dans cette optique les 70 semaines doivent incorporer le temps entre Daniel et Jésus … mais aussi toute l’économie chrétienne jusqu’à son terme.

Analyse du V24 :
Ce verset décrit le salut messianique (via 6 expressions) d’un point de vue spirituel destruction du mal et réalisation/rétablissement du bien.

« Soixante-dix semaines ».
Le mot « semaine » est au féminin en hébreu … alors que Daniel l’utilise au masculin d’où la variance de certaines traductions avec l’expression « semaines [d’années] » ou avec le mot « septaines ».

Ce chiffre de 70 provient de Jérémie qui disait que le temps de la captivité durerait justement 70 ans … Daniel en fait un chiffre « parfait » dans la mesure ou pour lui le temps séparant ce retour de celui du salut messianique serait de 7*70 … sans préciser si ce sont des jours, mois, années ou siècle seul ici est important le rapport des nombres (7 fois 70) … même si se sont à des années que l’on comprend cette omission montre qu’il ne faut pas rechercher à tout prix l’exactitude chronologique … c’est un cycle symbolique.

En effet dans le culte israélite … le cycle 7*7 jours sépare la Pâques de la Pentecôte … de même 7*7 ans précèdent chaque année de Jubilés … voire d’autres analogies comme : la purification d’un homme dure 7 jours … et concernant le peuple comme on l’a signalé pour Jérémie le temps d’épreuve de sa purification a duré 7*10 ans … d’où l’extrapolation de Daniel pour une purification complète/définitive du peuple le chiffre 7*7*10.

Nul besoin de revenir sur les 6 expressions concernant la plénitude du salut … sauf pour les deux dernières en rapport avec notre sujet.

« sur ta ville sainte »
Littéralement nous devrions avoir « sur ville sanctuaire de toi » … le mot « sanctuaire » ici peut être traduit par « saint » (d’où : sur ta ville sainte) … ttfois il désigne bien le « sanctuaire » en tant que « lieu saint » au V26.

« Sceller vision et prophète »
« Sceller » a ici le sens de « accomplir » et de « mettre fin » … le mot « vision » a le sens de « prophétie ».

Montrant ainsi que les promesses de Dieu étant accomplies d’une manière définitive … il n’est nul besoin de nouvelles visions, de nouveaux prophètes … l’abolition vient de l’accomplissement de la prophétie (voir Mt 5,17).

« pour oindre le Saint des Saints »
C’est ici le « tabernacle » à l’intérieur du Temple voire par analogie le Temple lui-même (il peut avoir aussi d’autres significations sans rapport à notre contexte) … le terme « oindre » désigne ici une onction à l’identique de celle de Moïse/Aaron en Ex (30,26 ; 40,1-16).

Il faut remarque que cette « onction » ne fut pas répétée ni à l’inauguration du Temple par Salomon … ni au retour de l’Exil par Zorobabel et même pas lors de la purification par les Maccabées … car dans tous ces cas il ne s’agissait pas d’un nouveaux sanctuaire mais de la continuation/renouvellement de l’ancien.

Ceci ne peut donc s’appliquer que lors de l’inauguration d’un nouveau « Saint des Saints » et donc la mise en place d’un nouveau culte … cela définit le Temple vivant de la nouvelle Alliance que l’on retrouve notamment en Mt (12,6), Jn (2,21) etc … la réalisation parfaite de ce Temple spirituel se trouve en Apo (21,1-3) ou il est dit : « C'est ici le tabernacle de Dieu avec les hommes ».

Comme la purification de l’homme se préparait pendant 6 jours pour être accomplie le 7ième … le salut du V24 se préparera pendant 69 semaines pour se consommer lors de la 70ième semaine.

(à suivre demain)


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Re: Dn (9,24-27) 2/4

Message non lu par Epsilon » mar. 17 août 2010, 8:28

Bonjour à tous.

Analyse du V25 :

« Depuis qu’est sortie la parole sur la reconstruction de Jérusalem ».
C’est une reprise du V23 qui désignait l’ordre divin mais ici il s’agit d’un ordre humain qu’Israël attendait comme étant la fin des 70 année de captivité … il s’agit donc de l’édit de Cyrus autorisant le retour des Juifs … cette « parole sortie » est le premier pas vers l’accomplissement du salut du V24 … ainsi la date de 536 qui doit être prise comme le début des « soixante-dix semaines ».

Remonter cette « parole sortie » à la prophétie non datée de Jérémie en Je (30,18 ; 31,38) en prenant comme date approximative 588 … identifiant le début des « soixante-dix semaines » avec le début (et non la fin) de l’Exil … est un mauvais calcul car :

1) Jérémie ne mentionne pas dans ces deux passages la période de 70 ans,
2) et selon ce calcul le temps de l’Exil serait de 52 ans (588-532) au lieu de 70 ans,
3) il n'est pas « naturel » de désigner la date de destruction de Jérusalem et s’en servir comme date pour sa reconstruction !!!

Si donc on veut utiliser Jérémie ce n’est pas avec les chap 30/31 mais bien avec ceux 25/29 ou là nous avons bien les « soixante-dix ans » … et la date est 606 (536+70) et non plus 588 … mais même ce point de départ ne saurait convenir.

Pour ceux qui évoquent la « parole sortie » à l’édit stipulant le retour d’Esdras (457) voir celui relatif à la mission de Néhémie (445) … ces deux édits certes importants ne constituent pas (notamment au regard de celui de Cyrus) une époque marquante du peuple juif.

Maintenant arguer que pour Cyrus (Esdras 1,1-4) il n’est question que de la « restauration du Temple » alors qu’ici nous avons la « reconstruction de Jérusalem » … il est clair (notamment à cette époque) que le Temple ne pouvait être rebâti sans la ville … Cyrus en s’exprimant ainsi signale ce qui était important pour lui à savoir la « maison de Dieu » … voulant par là s’assurer, à bon compte, les faveurs du Dieu d’Israël voir notamment Esdras (6,10).

« Jusqu’à un oint-chef ».
Littéralement nous avons « jusqu’à Messie remarquable » … Messie pouvant être traduit par « oint » mais il s’agit d’un Messie « particulier » (et non d’un messie qcqconque) qualifié par le terme de « remarquable » … ce dernier terme a un sens littéral de « sur le devant » … pouvant signifié « en chef » comme en Jé (20,1) ou « important » comme en Pro (8,6) quand il qualifie un autre mot (ce qui est notre cas ici) … en tant que mot isolé « remarquable » signifie « guide » « conducteur » … en grec Théodotion donne la traduction de « jusqu’au Christ-chef ».

En rattachant ce verset au précédent et notamment au 6ième terme … cette expression « oint-chef » est à appliquer au personnage qui doit réaliser le salut du V24.

Ceux qui placent ces versets à l’époque des Maccabées rapportent cette expression à Cyrus suivant en cela Isaïe (45,1) … mais pour eux la « parole sortie » est non pas en 536 (édit de Cyrus) ni en 606 (prophétie de Jérémie sur les 70 semaine) mais en 588 (ruine de Jérusalem) comme on l’a vue … afin d’obtenir un espace de 49 ans (7 semaines) aboutissement à peu prés exactement à Cyrus (539 au lieu de 536).

En plus (mais cela dépend des traductions) l’expression est « oint-chef » (conformément à la LXX) et non « chef-oint » et Cyrus est avant tout un « chef » et accessoirement un « oint » … le « chef » qualifie le « oint » et non l’inverse.

« sept semaines et soixante deux semaines ».
Le mot « et » a ici le sens de « puis ».

Ces deux périodes, suivant la ponctuation du texte hébreu/TM, se décomposent en … jusqu’à « l’oint-chef » nous avons 7 semaines puis une période de 62 semaines (dans l’attente de la dernière) … cette ponctuation sert ceux qui voient « l’oint-chef » dans la personne de Cyrus … mais la ponctuation hébraïque n’a pas ici une grande autorité car elle fut fixée lors des Massorètes … elle est donc post chrétienne et sujette à question notamment de savoir si elle n’a pas été faite pour aller contre le message Chrétien qui voit ce passage en faveur de la dignité messianique de Jésus.

Aussi rien n’empêche de réunir les deux périodes soit : « jusqu’à l’oint-chef sept semaines et/puis soixante deux semaines » … la phrase suivante « place et fossé seront rebâtis mais dans la détresse du temps » … marquant ainsi un temps de rétablissement mais aussi un temps de détresse permanente … seulement on se demande pourquoi dans ce cas séparer cette période uniforme en deux sous périodes (7 et 62) ???

Il faudrait voir le premier cycle 7*7 comme une représentation symbolique de la reconstruction de la ville et du nouvel état des choses (le 7 imprimant ce temps lui donnant un caractère de sainteté) … et le cycle de 7*62 représente symboliquement tout le temps de la conservation du peuple depuis le premier cycle jusqu’à la consommation finale figuré par la 70ième semaine.

Le chiffre 62 n’a rien de sacré il est le résultat de la soustraction des deux chiffres 7 et 1 de la somme totale 70 … nous avons ainsi trois cycles : l’un de rétablissement, l’autre de maintien et enfin le troisième de consommation (ère messianique).

Ttfois dans cette explication nous n’arrivons pas à une totale exactitude chronologique … car depuis le retour de l’Exil jusqu’au Messie/Jésus nous avons 536 ans (sans considération de la date exact de la naissance de Jésus qui selon les hypothèses va de 6 à 2 av JC) … tandis que 69 semaines ne font que 481 ans !!! soit donc une différence de 55 ans … en tant que prophétie ceci n’est pas discriminant.

Par contre dans le cas de l’interprétation Maccabéenne (ou là l’auteur parle en historien) nous avons … du retour de l’Exil en 536 (qui pour cette interprétation est le début des 62 semaines puisque la période des 49 ans est le début de la captivité en 588 comme nous l’avons vu) jusqu’à la mort d’Antiochos IV en 164 nous n’avons que 372 ans … et non pas les 434 ans escomptés (62 semaines) … soit un écart de 62 ans voire 111 ans si l’on fait dater les 49 ans (7 premières semaines) du retour de captivité … ceci n’est pas admissible pour un auteur écrivant à l’époque dont il parle.

Il resterait la troisième explication qui voit dans la dernière semaine (la 70ième) l’époque finale de l’Antéchrist … dans ce cas les 7 premières semaines comptabilisent le temps écoulé depuis le retour de captivité jusqu’à la venue du Christ « oint-chef » … les 62 semaines au temps de l’économie chrétienne … à voir si cela s’accorde avec les versets qui suivent !!!

« elle sera (de nouveau) rebâtie »
Le sujet est ici Jérusalem … cette expression s’applique à la première période celle des « 7 semaines » … le moment de la restauration arrive.

« places et fossés seront rebâtis ».
C’est ici la deuxième période celle des « 62 semaines » ou Jérusalem reprend complètement sa place.

(à suivre demain)


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Re: Dn (9,24-27) 3/4

Message non lu par Epsilon » mer. 18 août 2010, 8:07

Bonjour à tous.

Analyse du V26 :
Les versets 26 et 27 décrivent la 70ième semaine c-à-d l’ère messianique décrite au V24.

« un oint sera retranché »
Ceux qui se placent aux temps d’Antiochos voient en la personne du grand sacrificateur Onias III (assassiné en 172 ou 174 av JC) ce « oint » on trouve son histoire notamment en II Maccabées … cet évènement n’est pas sans importance notamment pour Daniel qui encore une fois écrit après ces évènements … de plus le titre de « oint » est bien donné au grand sacrificateur par exemple en Lev (4,3,5,16) … et même si Onias était destitué au moment de sa mort il pouvait rester aux yeux de la population un personnage « oint ».

Mais d’une part il y a un écart de temps important car de 536 à 172 il y a que 364 ans sur les 434 (7*62) ans escomptés … et d’autre part ce meurtre d’Onias est resté somme toute isolé … sans aucune relation avec l’invasion de Jérusalem et le pillage du Temple … évènements mis en relation avec le retranchement du « oint » par ce verset 26.

Ceci est par contre tout à fait vrai dans le cas de Jésus dont la mort aura pour conséquence … la chute du Temple et la ruine du peuple juif … le terme « retranché » est aussi en corrélation avec la Loi voir par exemple Isaïe (53,8) … ce qui s’applique plus dans le cadre de la mort de Jésus plutôt que celle d’Onias.

Il est normal que le « oint » de ce verset rejoint celui du V25 … dont la venue avait été indiquée comme date de clôture des 69 semaines … les 7 semaines et 62 semaines vont jusqu’au « oint-chef » … et après les 62 semaines « l’oint sera retranché ».

Cette expression « l’oint sera retranché » vient en objection totale contre la troisième interprétation … rapportant ce passage au temps de l’Antéchrist.

« et il n’y a pas pour lui … » ou « et personne pour lui … »
Il faut entendre par là qu’une fois le « oint retranché » son œuvre paraît anéantie … dans la mesure ou il n’y a pas de successeur « légitime » nul ne semble donc pouvoir la relever tout le monde a comme disparu.

Une fois la théocratie privée de celui qui en était son âme … elle ne peut plus que crouler … voir Lc (13,31,35) et Jn (2,19) … abattre le Messie c’est abattre le Temple et Israël lui-même la destruction est la rétribution divine pour le meurtre du Messie.

« détruire la ville et le sanctuaire »
Ceci ne s’accorde guère avec la période d’Antiochos … car si trois ans après le meurtre d’Onias (et sans relation avec cette mort) le Temple fut pillé et un grand nombre d’habitants massacrés … par contre ni le Temple ni la ville ne furent détruits.

« le peuple d’un chef »
Littéralement « peuple remarquable » comme pour le Messie … ces « peuples remarquables » sont décrits en Dn (2) … il s’agit ici après les Grecs des Romains.

« et sa fin viendra/sera dans/en un débordement/inondation »
Faut’il voir dans « sa fin » celle du « peuple d’un chef » ou le « sanctuaire » … les deux cas sont valable et peuvent s’accorder avec le mot qui suit « débordement » au sens d’inondation débordement d’eau … dans le cas du « peuple d’un chef » en référence à l’image du Pharaon détruit avec son armée lors de l’Exode … et dans le cas du « sanctuaire » pour le besoin de l’arrivée d’un nouveau « Saint des saints » annoncé au V24 … dans ce cas « débordement » prendrait plus le sens de « déferlement » comme un « déferlement de colère » en Pro (27,4).

Ceci ne peut s’appliquer à Antiochos car d’une part ici il est question du « peuple d’un chef » et non pas le seul « chef » … et d’autre part il est mort tout simplement d’une maladie dans ce cas on voit mal ce que ferrait le mot « débordement ».

« et jusqu’à la fin »
De qu’elle « fin » s’agit’il … soit la « fin » de l’époque évoquée en ce sens que la guerre continuera … ou la « fin » peut avoir une portée plus absolue c-à-d jusqu’à la « fin » de l’ordre actuel … dans les deux cas la guerre se poursuivra entre la bête et les saints jusqu’à la « fin ».

« sont décidées/décrétées »
Le décret de Dieu doit s’accomplir jusqu’au bout … c’est ici l’annonce de la deuxième destruction d’Israël (après celle liée à la déportation à Babylone).

(à suivre demain)


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Re: Dn (9,24-27) 4/4

Message non lu par Epsilon » jeu. 19 août 2010, 8:29

Bonjour à tous.

Analyse du V27 :
Nous avons ici (contrairement au V26 qui ne mentionne pas la 70ième semaine alors qu’il s’étend de la 69ième semaine jusqu’à la fin des temps) le contenu même de la prophétie concernant cette 70ième semaine.

« il conclura / rendra puissante »
Le « il » renvoie au Messie il peut donc s’appliquer aussi bien à Antiochos qu’à Jésus qui durant cette semaine établit l’Alliance nouvelle … mais il semble que le plus naturel pour le « il » de penser à Dieu lui-même qui préside à l’oeuvre messianique.

« une Alliance ferme (pour la multitude) »
« Multitude/beaucoup » comme en Dn (11,44) … cette « Alliance » est comme celle dont Jérémie parle en Je (31,31) en opposition avec celle du Sinaï que les juifs avaient rompue … le retour de la captivité n’est qu’une reprise de l’ancienne Alliance et non la fondation d’une nouvelle … ce qui est nouveau dans cette prophétie de Daniel c’est la relation établie entre le Messie mourant et l’établissement d’une nouvelle Alliance.

« pendant une semaine »
C’est la 70ième pendant laquelle s’établit le salut spirituel du V24.

« et pendant la moitié d’une semaine »
C-à-d la « moitié » de la semaine (la 70ième) soit la première moitié soit la seconde moitié dans les deux cas c’est en gros 3 ans et demi … si ce passage est appliqué à Antiochos cela serait pris comme la période de la suppression du culte à Yahwè (et notamment l’holocauste journalier) … en gros depuis le 15 kislev 168 au (culte à jupiter) jusqu’au 25 kilev 165 (rétablissement du culte à Yahwè) soit exactement 3 ans et 10 jours … ceci ne fait pas 3 ans et demi.

Et cela ne s’accorde même pas avec Daniel lui-même en Dn (8,14) … dans ce dernier verset il faut ttfois noter que les 2300 soirs/matins ne s’appliquent pas à des jours mais bien aux deux holocaustes journaliers si bien que le décompte donne exactement 3 ans 2 mois et 40 jours en comptant l’année en 360 jours (moins avec une année de 365 jours) … compatible donc avec les 3 ans et 10 jours des Maccabées sachant qu’il faut ajouter à cette sommes qcq semaines qui précédent l’érection de l’autel de Jupiter ou le culte à Yahwè était déjà interdit.

Ainsi Daniel faisant ici œuvre d’historien … pourquoi donc avoir deux dates différentes appliquées à un même évènement … la date d’une « demi-semaine » qui correspond à celle de « un temps, des temps et une moitié d’un temps » … ne saurait s’appliquer à Antiochos et doit avoir un caractère et une signification symbolique comme pour Dn (7,25 ; 12,7)… et non chronologique.

« le sacrifice et l’offrande/oblation cesseront »
C’est toujours le « il » du début de ce verset 27 donc c’est Dieu qui fait « cesser sacrifice et offrande » … Dieu ne peut faire cela concernant l’ancienne Alliance qu’en consommant un sacrifice nouveau dans la nouvelle Alliance … c’est donc ici qu’il faut placer le « sacrifice » du Christ du V26 … le déchirement du voile du Temple au moment de la mort de Christ a été le symbole frappant du rejet et de la profanation du sanctuaire par Dieu même.

« sur l’aile des abomination vient/viendra un désolateur/dévastateur »
C’est pas clair clair … le terme « abomination » revient fréquemment dans l’AT (I Rois 11,5 ; Je 7,30 etc) pour désigner une « idole ».

Le mot traduit par « aile » s’applique à la surface plane de l’autel de l’holocauste … sur lequel été dressé l’autel de Jupiter … mais dans notre cas que vient faire ici ce lot « aile » ???

Est-ce un sens figuré « porté sur l’aile des abominations » c-à-d par son exaltation idolâtre viendra le désolateur ???

Faut’il voir une image de l’aigle Romain qui souilleront un jour Jérusalem et son Temple ???

Ou alors qcqchose qui sert à couvrir … comme par exemple les deux pans du toit du Temple (voir Mt 4,5) … le toit du Temple serait appelé ici « aile des abominations » comme abritant depuis la mort du Christ un culte réprouvé par Dieu … le sens serait donc : « Sur le Temple, privé de la présence de Dieu et réduit à n’être plus qu’un Temple idolâtre, fond le désolateur » … dans le genre d’Ez (43,7) ou la Temple est appelé « hauts-lieux ».

Le « désolateur » est ici la puissance Romaine que l’on trouve au V26 par : « le peuple d’un chef ».

La « désolation » du Temple dure encore … elle ne cessera que lorsque le « désolateur » deviendra lui-même un « désolé » … le quatrième empire qui détruit le sanctuaire sera détruit à son tour avec ses dix cornes (Dn 7,11).

Résumé :

Un temps total de 490 ans (7*70) est nécessaire pour entrer dans l’ère messianique … ce temps se décompose en trois périodes/cycles de (7*7), puis (7*62) et enfin (7*1) soit donc (7+62+1)*7=(70*7)=490 ans.

Le point de départ de la première période de 49 ans (7*7) est précisé par l’expression : « depuis qu’est sortie la parole sur la reconstruction de Jérusalem » … cette première période sera suivie de la seconde de 434 ans (7*62) et bien que ce soit une période de reconstruction elle se fait dans la « détresse des temps » et enfin elle se termine par « un Messie sera retranché » dans le dénuement.

Finalement une nouvelle puissance viendra pour détruire la ville et son sanctuaire … et la dernière période de 7 ans (7*1) se décompose en deux sous-périodes de 3 ans et demie et que l’Alliance ne se poursuit que durant seulement une sous-période … une autre façon de voir les choses c’est que le « Messie est retranché » au milieu de son œuvre … et ensuite l’offrande et le sacrifices ne sont plus nécessaires.

Nous avons vu que qcq soit la manière de débuter cette prophétie il est impossible d’appliquer ces évènements à ceux qui ont eu lieu à l’époque d’Antiochos Epiphane … un trop grand écart chronologique impose d’abandonner dans cette voie … écart d’autant plus incompréhensible que Daniel est quasiment « témoin » de cette époque.

Par contre tous ces évènements s’expliquent « naturellement » dans le cadre d’une prophétie … qui n’est donc qu’une prière consécutive aux évènements vécus par Daniel lui-même à l’époque Maccabéenne … ainsi cette prophétie ne trouve son accomplissement non pas au temps d’Antiochos mais bien à ceux de Jésus.

Ainsi comme nous l’avons vu seul Jésus … en insistant plus sur le fait que c’est une prophétie et donc en faisant qcq peu l’impasse sur la chronologie … peut-être retenu comme le Messie de Daniel.

Ttfois (comme le mentionne Cinci) nous pouvons aller encore plus dans le sens de Jésus (et donc diminuer encore plus tout autres candidats potentiels) en prenant comme point de départ … non pas l’édit de Cyrus mais la « parole que donne Néhémie » au juifs après avoir terminer la « muraille de la ville » et ainsi de commencer à reconstruire cette même ville … pour cela il faut se baser sur Ne (2,1,5,8) et prendre … soit Ne (2,16-18) pour l’annonce aux chefs juifs ce qui donne la date du 3 Ab (juin/juillet) 455 av JC soit sur Ne (8,1-2) pour l’annonce au peuple ce qui donne la date du 1ier tishri (sep/oct) 455 av JC … en poursuivant les calculs et en prenant notamment la mort de Jésus en 33 (option Johannique) nous arrivons au jours prés à faire concorder la prophétie de Daniel avec la mort du Christ.

Cela vaut ce que cela vaut … mais « la parole sortie » me semble plus proche d’un « édit » et donc de celui de Cyrus que d’une véritable « parole » donnée au peuple par Néhémie !!!


Cordialement, Epsilon

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