Le récit du jardin d'Eden commenté

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Le récit du jardin d'Eden commenté

Message non lu par barnabe » lun. 09 janv. 2006, 21:42

Ante-Scriptum: Le texte qui suit ne reflète pas spécifiquement l'enseignement de l'Église, il n'a de vocation que de susciter la réflexion. ;-)


Voici ici une analyse du récit du Jardin d’Eden basée sur le cours de religion de M. Robberechts (principalement). Après quelques notes, je vous livre cette lecture commentée de ces deux chapitres de la Genèse assez difficiles à comprendre. Ce système est effectivement assez long mais il serait difficile d’appréhender autrement un texte d’une telle complexité. Si vous l’avez lu, vos commentaires sont les bienvenus, en espérant que vous pardonnerez les erreurs que pourrait commettre un jeune. Ceci est la mise sur PC de mes notes sur mon cours de religion donné en terminale par mon ancien professeur de religion, exégète de formation. Ayant quitté l’enseignement secondaire, je suis retombé dessus et j’ai décidé d’en faire part sur le net car cette lecture me parait pertinente et est la bienvenue pour ce texte si difficile à comprendre et parfois si embarrassant à défendre.


NOTES :

L’hébreu, une langue consonantique et polysémique.
La langue dans laquelle le récit du jardin d’Eden a été écrit est l’Hébreu. Cette langue était écrite uniquement avec des consonne, et c’était au lecteur d’ajouter les voyelles. Ainsi le mot ‘Pirate’ s’écrivait PRT. Mais on pouvait y lire aussi bien PiRaTe que PRêT ou PoRT ou encore oPéRaiT.
Les combinaisons sont multiples et rendent la tâche encore plus dure au lecteur. Mais un texte devient en même temps beaucoup plus riche car polysémique

« YHWH Elohim »
Dans Gn 2-3, Dieu est souvent nommé YHWH Elohim, il serait intéressant de commencer par nous demander ce que cela signifie :
Elohim désigne dieu dans sa dimension de Dieu Créateur, Ordonnateur. Dieu dans sa dimension de Justice. YHWH est le nom de Dieu révélé. Par respect, les juifs ne prononcent pas son nom (que l’on traduit par Yahvé) et disent ‘Adonaï’ à la place, ce qui veut dire ‘Seigneur’. YHWH, c’est Dieu qui se révèle, qui se fait proche de l’homme. C’est Dieu dans sa dimension de miséricorde et d’Amour.

Parler de Dieu comme ‘YHWH Elohim’ peut donc être étonnant, comment peut-on être en même temps Tout-Amour et Justice ? Il nous est impossible à nous de l’être car soit nous somme trop rigide (dura lex sed lex) soit nous somme trop généreux. Parler de YHWH Elohim montre bien la distinction entre Dieu et les hommes, mais une distinction toute emprunte d’amour.

L’histoire du premier humain ?
Les trois premiers chapitres de la genèse ne sont pas à prendre comme des récits historiques, nous le savons. Et nous pouvons déjà nous en douter en voyant que les Commencements sont « expliqués » de deux manières différentes et souvent contradictoires.
Ce récit du jardin d’Eden peut être lu de beaucoup de manières. La lecture proposée ici en est une. Dans cette optique, le récit serait plutôt un texte sur les relations au sein d’un couple, des dangers et pièges qu’ils comportent et de la manière de les surmonter pour vivre un vrai amour de couple. Une interprétation donc très actuelle et qui ne contredit aucunement les théories scientifiques !

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(Genèse 2, 15) YHWH Elohim prend l’homme et le dépose dans le jardin d’Eden, pour le travailler et pour le garder.
16 YHWH Elohim ordonne à l’homme, disant :
« De tout arbre du jardin, tu mangeras, tu mangeras.
17 De l’arbre à connaître le bien et le mal, tu n’en mangeras pas, car du jour où tu en mangerais, de mort tu mourrais. »
Si Dieu créé l’homme, c’est dans le but de lui donner une mission, une vocation. Cette mission est celle d’entretenir le milieu dans lequel il vit (et l’on retrouve des soucis écologiques bien actuels entre autre).
Mais dès que YHWH Elohim met l’homme dans le jardin, il lui communique la Loi. Cette loi est une loi responsabilisatrice. Si l’homme a des libertés et des droits, il a aussi des devoirs et des responsabilités, c’est cela la vie réelle !
Cette Loi à laquelle l’homme doit se soumettre est une loi du dialogue, de l’inter-dit. Et surtout, c’est une loi qui plutôt que de se contenter de prohiber, autorise et encourage ! « de tous les arbres du jardin, mange ! » (la répétition d’un verbe marque l’impératif en hébreu). Dieu encourage l’homme à manger de l’arbre, c’est-à-dire à vivre des expérience en tout genre. Il l’encourage à découvrir, étudier, analyser et se faire sa propre opinion.
La tradition hébraïque compare souvent l’homme à un arbre. On peut donc en déduire que l’arbre de la vie, qui est au centre du jardin, représente le héros de ce récit. L’autre, l’arbre de la connaissance du bien et du mal, n’étant qu’un arbre parmi les autres dans le jardin.
Genèse a écrit : 18 YHWH Elohim dit :
« Ce n’est pas bien pour l’homme d’être seul.
Je ferai pour lui une aide contre lui. »
L’homme ne doit pas rester seul, car la solitude est mauvaise (=mort). Un homme seul pourrait finir par se prendre pour Dieu. La création de la femme est donc positive, cette ouverture à l’autre sexe est bonne, elle est source de bonheur. Source de bonheur pour une vie de couple, pas seulement pour la procréation. Voici qui s’oppose assez clairement tant à la vision platonique qu’à la vision stoïcienne de la femme.
Genèse a écrit : 19 YHWH Elohim façonne du sol tout animal des champs, tout oiseau des cieux.
Il les amène vers l’homme pour voir ce qu’il crie.
Et tout être vivant auquel l’homme crie : tel est son nom.
20 L’homme crie le nom de toute bête,
de tout oiseau des cieux et de tout animal du champ.
Et pour l’homme il ne trouve pas d’aide contre lui.
1ère tentative de YHWH Elohim pour que l’homme ne soit plus seul. Il propose des animaux à Adame, et celui-ci leur donne des noms. La première activité d’Adame est donc celle d’un scientifique qui classifie, ordonne, découvre, expérimente. Et cette science que l’homme invente, Dieu l’accepte et même la reconnaît. Mais il n’y a pas encore de dialogue entre les animaux et l’homme. Celui-ci se contente de crier, c'est-à-dire citer leur nom sans essayer de leur parler ni de les écouter. Adame est donc simplement dans une activité de maîtrise, d’étude. Mais malgré son savoir, l’homme reste seul.
Genèse a écrit : 21 YHWH Elohim fait tomber une torpeur sur l’homme.
Il dort.
Il prend une de ses côtes et, sous elle, il referme la chair.
22 YHWH Elohim bâtit la côte qu’il a prise de l’homme en femme.
Il l’amène vers l’homme.

23 L’homme dit :
« Cette fois,
os de mes os, chair de ma chair,
Celle-ci sera proclamée femme, Ishah,
Car de l’homme, Ish, celle-ci est prise. »
Pour que l’homme puisse trouver une femme, c’est-à-dire tomber amoureux, il faut qu’il passe dans l’inconscient, le non-savoir, la non-connaissance. Il doit abandonner cette logique de maîtrise, et pour cela il lui faut l’aide de Dieu.
Pour créer la femme, YHWH Elohim doit prendre une côte d’Adame. Ce qui veut dire textuellement en hébreux que l’homme et la femme sont côte à côte, l’homme ne vaut pas mieux que la femme, ni l’inverse.
De plus, si la femme vient d’Adame (Adamah veut dire « de la terre »), cela implique qu’Adame était donc en quelques sortes homme et femme… En effet nous voyons qu’au moment où il se réveille, Adame se nomme Ish et sa femme Ishah.
Ainsi nous avions :
I : Adamah (= la terre) la ‘matière première’
II : Adame, on pourrait dire le ‘produit semi-fini’
III : et enfin Ish, le ‘produit fini’.
Ainsi c’est grâce à sa rencontre avec la femme que l’homme peut devenir Ish, et être un homme accompli.
On remarque d’ailleurs que l’homme parle pour la première fois, alors qu’avant il criait. Et plus que parler, il est émerveillé ! Il la reconnaît du premier coup d’œil, il sait que c’est sa femme. On peut sans doute parler de coup de foudre, en tout cas c’est de l’amour !
Genèse a écrit : 24 Sur quoi l’homme abandonne son père et sa mère.
Il colle à sa femme : et ils sont (vers) une seule chair.
La condition sine qua non de l’amour : il faut quitter son père et sa mère, géographiquement et psychiquement. D’ailleurs c’est l’homme qui quitte ses parents, la femme n’y est pas obligée.
Dans la culture hébraïque, contrairement aux cultures païennes, l’homme était obligé de se marier mais pas la femme. Si donc elle se mariait ce ne pouvait être que par amour. Nous sommes loin des cultures alentour où la femme est obligée de se marier à parfois un inconnu qui la prend avec lui dans sa famille, entouré des parents, oncles, tantes etc.
(Sans compter que le fait de mentionner le père et la mère d’Adam prouve une bonne fois pour toute que ce récit ne parle pas du premier homme et de la première femme sur terre)
Genèse a écrit : 25 Tout deux sont nus, l’homme et sa femme.
Ils n’ont pas honte.
Être nu signifie être fragile. En effet dans un jeune couple fougueux comme celui-ci, les deux amants osent s’exposer leurs fragilités et leurs faiblesses car ils ne se jugent pas, ils n’ont donc pas honte.
Ce monde sans intolérance, paradisiaque, est un beau modèle vers lequel tendre.


Chapitre 3

Note sur les arbres et la loi : On a déjà dit plus haut que l’arbre représente l’homme. Notre jardin d’Eden est composé de l’arbre de la vie (nous) au centre, et d’une multitude d’autres arbres autour de nous, ce sont les personnes qui nous entourent. Nous pouvons et devons les rencontrer, les connaître, manger de leurs fruits. Mais de tous ces arbres qui entourent l’homme, l’un d’eux a une valeur particulière, c’est l’arbre qui représente sa femme. C’est le seul arbre pour lequel en manger pourrait être dangereux.
En effet manger l’arbre de la connaissance du bien et du mal (que l’on pourrait traduire par ‘arbre de la connaissance du bien de l’autre’) cela signifie gommer toute différence avec sa femme. Ce qui serait narcissique. La loi du Jardin est donc celle du respect. Le respect est effectivement la loi fondamentale pour une vie en société et particulièrement en couple.

Note sur le serpent : Si l’on s’en réfère aux mythologies, le serpent est une divinité de la terre souvent liée aux cultes païens. Le serpent représente la structure cosmique du Mal, il est donc extérieur à l’homme.
Cependant on ne peut s’empêcher, ici, de voir en le serpent une part (cachée ?) de l’homme. En effet ce serpent se tient debout et parle, ce qui l’humanise. Il est même vu ici plus spécifiquement en tant que mâle puisqu’il n’est présent que quand Ish est absent. Il représenterait la sexualité masculine dans sa face dévergondée. En effet un serpent debout est clairement un symbole phallique. Il représente peut-être la part de sexualité ‘bestiale’, ‘nue’. Celle qui n’accepte pas la loi responsabilisante comme on va le voir ci-après.
Il représente les phantasmes d’Ishah, Eve.
On va voir aussi que le serpent est celui qui refuse ses limites, c’est l’homme qui veut devenir dieu. Le serpent est plus qu’orgueilleux, il refuse carrément sa condition humaine et veut devenir supérieur à l’homme, c'est-à-dire divin.
Découvrons le serpent plus en détail…
Genèse a écrit : 1 Le serpent était rusé, plus que tout vivant des champs qu’a fait YHWH Elohim.
Il dit à la femme :
« Soit ! Elohim l’a dit "Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin !" »
Remarquons directement les erreurs du serpent : tout d’abord il ne parle plus de YHWH Elohim mais juste de Elohim, c’est-à-dire Dieu dans sa dimension de Justice, de rigueur.
Ensuite, il déforme complètement le discours de YHWH Elohim puis ce qu’il dit "Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin !" alors que YHWH Elohim avait dit : "De tout arbre du jardin, tu mangeras, tu mangeras. De l’arbre à connaître le bien et le mal, tu n’en mangeras pas, car du jour où tu en mangerais, de mort tu mourrais."
Ce qu’énonce le serpent est donc pile le contraire de la Loi ! Là où YHWH Elohim instaure une loi pour permettre le respect, le serpent ne voit qu’une prohibition de manger des arbres. Le discours du serpent est : « Si Dieu interdit une chose, il interdit tout. » On retrouve bien ici dans le serpent l’image d’un homme incapable d’accepter que ses droits soient limités par une législation même très laxiste.
On notera d’ailleurs que le serpent utilise le vouvoiement alors que YHWH Elohim tutoyait l’homme. Cette distanciation qu’instaure le serpent ne fait que faire ressortir la caractère despotique que le serpent veut donner à Dieu.

Face à la tentation, la femme tente de résister :
Genèse a écrit : 2 La femme dit au serpent :
« Nous mangerons le fruit des arbres du jardin.
3 Du fruit de l’arbre au sein du jardin, Elohim a dit :
"Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, que vous ne mourriez" »
Mais elle aussi commet une erreur, un lapsus révélateur : elle confond les deux arbres, mettant au centre du jardin l’arbre de la connaissance du bien et du mal alors que c’est normalement la place de l’arbre de la vie.
Ce qui prouve qu’elle est tentée, attirée par Ish, son homme. (puisqu’on a vu que l’arbre de la connaissance représente le conjoint) L’arbre interdit est au centre de ses pensées.
Une deuxième faute qu’elle commet est celle de dire « vous n’y toucherez pas ». YHWH Elohim avait juste interdit de manger du fruit de cet arbre. La femme s’interdit même d’y toucher, ce que l’on pourrait interpréter comme une interdiction d’avoir des rapports sexuels avec son époux. Chose que Dieu n’a bien entendu pas interdit !
On pourra mettre à la décharge de la femme qu’elle n’a pas reçu la Loi, c’est à l’homme que Dieu l’a donnée, il l’a sans doute mal transmise à sa femme. Les conséquences de cette négligence vont se faire sentir. D’autant plus que la femme a déjà eu des relations sexuelles avec son époux en Gn 2, 24. Elle aura donc d’autant plus de mal à se cacher derrière une pseudo loi qu’elle a déjà enfreint sans punition.

L’homme aurait dû transmettre la Loi telle quelle et pas telle qu’il aurait voulu qu’elle soit. Car la Loi avait surgit entre l’homme et la femme pour empêcher le narcissisme et le non-respect du compagnon.
Genèse a écrit : 4 Le serpent dit à la femme :
« Non ! Vous ne mourrez, vous ne mourrez pas.
5 Car Elohim le sait : du jour où vous en mangeriez, vos yeux se dessilleraient et vous seriez comme Elohim, connaissant le bien et le mal. »
Surtout ne respectez pas la loi, elle vous empêche d’être vous-même ! Car le jour où vous vous libérerez du joug tyrannique d’Elohim, vous serez comme des dieux !
Mais être comme des dieux, cela veut dire sans limite, tyrannique. Et cela veut aussi dire tous les mêmes, sans différence, tous uni. Chacun serait Tout. Cela, le serpent ne le dit pas, peut-être ne le sait-il même pas. Dans sa fougue pour devenir toujours plus puissant il en oublie les conséquences que cela pourrait avoir sur lui-même.
Genèse a écrit : 6 La femme voit que l’arbre est bien à manger, désirable pour les yeux, agréable, l’arbre, pour comprendre.
Elle prend de son fruit.
Elle mange.
Elle en donne aussi à son homme avec elle.
Il mange.
Alors l’arbre interdit prend toutes les qualités possibles aux yeux de la femme. Et sans un mot, sans entrer dans un dialogue, elle en mange et en fait manger l’homme.
Genèse a écrit : 7 Les yeux des deux se dessillent.
Ils savent qu’ils sont nus.
Ils cousent des feuilles de figuier et s’en font des ceintures.
(la figue représente le sexe masculin dans un sens et le sexe féminin dans l’autre sens)
Bizarrement, l’homme et la femme qui voulaient devenir comme des dieux ne font que se rendre compte qu’ils sont nus - la nudité symbolisant leur fragilité. Dans leur quête d’absolu, leur désir d’être comme des dieux, ils souffrent et ont honte de leurs faiblesses. Ils veulent les cacher, même à leur conjoint (et en fait surtout à leurs propres yeux).
Quand on veut être Dieu, être humain est insupportable.
Genèse a écrit : 8 Ils entendent la voix de YHWH Elohim allant dans le jardin, au souffle du jour.
L’homme et sa femme se cachent face à YHWH Elohim, au sein de l’arbre du jardin.
Le retour de Dieu se fait de façon progressive, et il s’annonce de sa voix. Dieu évolue toujours dans le dialogue, dans la parole. Ceci est à opposer au silence dans lequel l’homme et la femme ont succombé au serpent au verset 6.
Dieu prévient de son arrivée, il fait montre de respect. Il se soumet lui aussi à la Loi du respect. Mais l’homme et la femme ont peur et se cachent car ils ont encore à l’esprit l’image ‘Elohim’ que leur a dépeint le serpent.
Genèse a écrit : 9 YHWH Elohim crie vers l’homme.
Il lui dit :
« Où es-tu ? »
Dieu ne sait pas où [en] est l’homme. Car Il a respecté la Loi. Dieu n’est donc pas un tyran qui se hisse au-dessus des lois mais bien un acteur dans le dialogue homme-Dieu. Contrairement aux phantasmes du serpent.
Dieu ne sait pas que l’homme et la femme ont désobéit à la Loi, il leur a donné des responsabilités et n’est pas tout le temps dans leur dos pour les surveiller.
Genèse a écrit : 10 Il dit :
« Ta voix, je l’ai entendue dans le jardin, et j’ai eu peur parce que je suis nu. Je me suis caché. »
11 Il dit :
« Qui t’a informé de ce que tu es nu ?
De l’arbre dont je t’avais ordonné de ne pas manger, as-tu mangé ? »
L’homme est gêné car il est nu et non parce qu’il a transgressé la Loi ! Mais Dieu désire dialoguer, alors qu’il sait très bien que l’homme a mangé du fruit de l’arbre. Dieu persiste dans la Parole.
Genèse a écrit : 12 L’homme dit :
« La femme que tu as donnée avec moi,
elle, m’a donné de l’arbre, j’ai mangé. »

13 YHWH Elohim dit à la femme :
« Qu’as-tu donc fait ? »
La femme dit :
« Le serpent m’a séduite, j’ai mangé. »
Voilà bien un jeu puéril ! On croirait entendre des propos de cours de récré, revoici le sempiternel ‘c’est pas moi c’est lui’
Et l’homme d’accuser Dieu : c’est Toi qui m’a donné la femme, c’est de ta faute si j’ai péché en définitive ! L’homme refuse donc de se responsabiliser face aux actes qu’il pose. Il tient à rester irresponsable. Pour un homme qui désire devenir comme un dieu, voilà qui n’est pas très glorieux.
Quant au serpent, il n’est même pas interrogé par Dieu, car il n’est qu’une projection du désir humain, et pas un interlocuteur à part entière. Dieu ne tombe pas dans le piège de prendre le serpent pour un interlocuteur, ce n’était pas le cas pour la femme.
Par contre, c’est le serpent qui reçoit en premier les brimades :
Genèse a écrit : 14 YHWH Elohim dit au serpent :
« Parce que tu as fait cela, tu es maudit (isolé) plus que toute bête,
Plus que tout vivant des champs.
Sur ton ventre tu iras et tu mangeras la poussière, tous les jours de ta vie.
Être isolé, c’est être maudit, puisque « Ce n’est pas bon que l’homme soit seul », c’est-à-dire stérile. Lui qui était fièrement dressé vers le ciel en recherche de la toute-puissance revient au sol : pour quelqu’un qui veut devenir le Tout-Puissant, faire l’épreuve de ses limites est très douloureux. Dieu ne le punit pas, il lui dit juste ce qui va lui arriver.
Genèse a écrit : 15 J’inciterai la haine entre toi et entre la femme,
entre ton rejeton et entre son rejeton.
Lui, il t’écrasera la tête.
Toi, tu le mordras au talon. »
Le serpent qui voulait séduire la femme se retrouve être son ennemi. Les œuvres de la quête de toute-puissance sont les ennemis des œuvres de la quête de vie. Et les rejetons du serpent ne pourront que mordre le talon de ceux qui pourront leur écraser la tête.
En définitive, malgré les désirs tyranniques de certains, la paix et la vie gagnent. (Même quand ce tyran s’appelait Hitler)


Les versets 16 et 17 sont entourés d’un ‘samèr’ (la lettre S en hébreux). Ils attirent l’attention du lecteur qui ne doit pas se tromper en interprétant trop à la lettre ce passage.
Genèse a écrit : 16 A la femme il dit : « Je ferai abonder, abonder ta souffrance et tes grossesses.
Dans la souffrance tu enfanteras des fils.
Vers ton homme, ton désir : lui, il te gouvernera. »
Nous nous efforcerons donc de ne pas nous attarder sur la vision d’un dieu vengeur, Jupitérien. Erreur de lecture dans laquelle est peut-être tombé Saint Augustin en fondant sa théorie du Péché Originel. (?)
Voici deux autres propositions de lecture :

Lecture des conséquences :
Voilà ce qui arrive à une femme qui refuse la loi et qui veut être totale, sans limite. On ne parle que de l’enfantement des fils, on peut donc en déduire que les souffrances ne sont pas spécifiquement celles de la grossesse et de l’accouchement. Elle souffrira d’enfanter des fils, des jeunes mâles ayant un pénis. Car le sexe masculin représente tout ce qu’elle n’est pas, donc il représente ses limites, son incapacité d’être Tout (homme et femme).
Ce n’est pas la punition qui est décrite, c’est la conséquence de sont désir d’être sans limites.

2e partie : « Vers ton homme, ton désir : lui, il te gouvernera. »
Si la femme veut être totale, elle désirera avoir ce que l’homme a, c'est-à-dire le sexe masculin. Et dans ce cas elle sera en fait soumise à son homme.
Mais si au contraire elle accepte la Loi, l’homme alors n’a pas de pouvoir sur elle. Et ils sont côte à côte.

Lecture réparatrice :
Une autre traduction de ‘souffrance’ pourrait être ‘fécondité’ (rappelons que ce texte est écrit en consonantique, au lecteur la tâche de mettre les bonnes voyelles où il faut).
Ainsi on peut lire « j’augmenterai ta fécondité, et par la fécondité tu enfanteras »
Ou encore « j’augmenterai tes prises de conscience, et tu enfanteras en connaissance de cause. »
La femme n’est donc pas punie mais au contraire plus féconde. D’un point de vue biologique mais aussi intellectuel. C’est l’opposé du sort réservé au serpent, qui se condamne à l’isolement et donc à la stérilité.
L’enfantement est vu comme positif : en enfantant je fais l’épreuve des mes limites et je comprends que je ne suis pas illimitée, immortelle. En voyant mon enfant, mon tout petit dans mes bras je me rends compte de ma propre fragilité, de ma finitude. Je deviens plus sage, plus mature, plus responsable.

2e partie : « Ton désir ira vers ton homme et lui s’ajustera à toi. »
Ton désir n’ira plus vers le serpent mais vers l’homme. Vers ton homme et pas vers celui qu’on t’impose ou que t’imposent tes pulsions premières.
Et par cet ajustement, il y a retour du dialogue, de la parole et de l’écoute. Et donc de l’entente et de la vraie vie de couple. La vie de couple est un lieu de rencontre des différences. Tu découvres et accepte les différences sans vouloir t’imposer.

Genèse a écrit : 17 A l’homme, il dit :
« Parce que tu as entendu la voix de ta femme et mangé de l’arbre, dont je t’avais donné ordre, en disant :
"Tu n’en mangeras pas",
maudit est le sol à cause de toi.
Dans la souffrance, tu t’en nourriras tous les jours de ta vie.
18 Epines et chardons, il fera germer pour toi :
tu mangeras l’herbe des champs.
19 A la sueur de tes narines, tu mangeras le pain, jusqu’à ton retour au sol dont tu as été pris.
Car poussière tu es : à la poussière tu retourneras. »
(On se rappel de la mise en garde contre une vision doloriste. La douleur n’est jamais bonne, il n’y a pas de douleur rédemptrice. Jésus lui-même lutte contre la douleur des malades et des paralytiques.)

Lecture des conséquences :
A celui qui désire être tout-puissant, le travail est insupportable car imparfait. Il est source de souffrances, et son fruit est épines et chardons. Et pour de toute manière finir par mourir et tomber en poussières.
Mais pour celui qui accepte ses limites, le travail est un bon moyen de progresser. Si on connaît ses limites, le travail est une bonne occasion de les repousser sans les dépasser.

Lecture réparatrice :
L’homme souffre parce qu’il a écouté la loi d’irresponsabilité de la femme et pas la loi de Dieu. Autrement dit, l’homme doit s’ajuster à la femme mais ne doit pas se soumettre à elle et en faire une déesse. Sinon il n’y a plus de respect et le couple fini par rompre.
Mais si l’on s’en remet à la Loi, alors on redevient fécond. Et l’on peut à nouveau se nourrir : plutôt que « dans la souffrance » on peut lire en 17 : « si tu intègres la signification de l’arbre, tu t’en nourriras tous les jours de ta vie. »
Alors tu te nourriras de « l’herbe des champs » c’est-à-dire du fruit de ton labeur aux champs (blé, pain). La terre sera donc fertile et tu « mangeras du pain », tu mangeras des aliments cuits (élaborés) toute ta vie, jusqu’à ta mort.

« poussière tu es : à la poussière tu retourneras »
Le mot ‘poussière’, aPHaR, peut aussi se lire ePHeR, ‘humus, terreau’
« tu es terre fertile : et tu le seras toujours »
C’est donc une phrase plutôt encourageante.
Genèse a écrit : 20 L’homme crie le nom de sa femme : Hawah, Vive, car elle est mère de tout vivant.
L’homme donne donc finalement un nom à la femme qui soit différent du sien. Il distingue donc sa femme et lui. Et il reconnaît qu’il n’y a pas de dialogue (vie) sans elle.
Genèse a écrit : 21 YHWH Elohim fait à l’homme et à sa femme des tuniques de peau. Il les en vêt.
Alors Dieu protège l’homme et la femme. Il couvre leurs fragilités d’une couche protectrice qui les préserve d’un contact trop direct, trop sensuel, sans jugement. Rappelons que le serpent est nu. L’homme et la femme sont ainsi un peu mieux protégés contre le serpent.
Genèse a écrit : 22 YHWH Elohim dit :
« Oui, l’homme est devenu comme l’un d’entre nous, pour connaître le bien et le mal.
Maintenant,
Qu’il ne lance sa main, ne prenne aussi de l’arbre de vie,
Ne mange et ne vive à perpétuité ! »
23 YHWH Elohim le renvoie du jardin d’Eden, pour travailler le sol dont il a été pris.
Ne tombons pas dans le piège de croire que Dieu voit en l’homme un rival, on a bien vu que manger du Fruit n’a pas fait de l’homme un rival.
Mais pour éviter que l’homme n’éternise sa faute, il le sort du jardin d’Eden, il le sort du processus de transgression et le projette dans la vie réelle. L’homme quitte l’enfance et entre dans l’âge adulte.
On peut en effet voir dans cet envoi de l’homme dans le monde un renouvellement de la mission que YHWH Elohim lui avait donné au départ. La mission d’entretenir le monde. Ce n’est donc pas à proprement parler une punition. D’ailleurs travailler la terre dont il est fait (Adamah), c’est se travailler lui-même, c’est inviter l’homme à s’analyser.
Genèse a écrit : 24 Il chasse l’homme.
Il installe, à l’Orient du jardin d’Eden, les chérubins et la flamme de l’épée tournoyante, pour garder la route de l’arbre de vie.
La fonction de garder le jardin d’Eden passe de l’homme aux anges (‘anges’=‘qui ont une mission’). Et plus spécifiquement aux chérubins, les anges du rapprochement. Et ces anges sont équipés du feu de l’épée tournoyante.
N’y voyons pas là une description des effectifs et équipements de la base militaire de Dieu ! Le feu symbolise la conversion. L’homme pourrait se réconcilier avec le jardin (avec son passé) et ainsi y revenir. Il suffit qu’il assume ses limites, qu’il s’accepte tel qu’il est.

« Convertissez-vous car le Royaume de Dieu est tout proche » dit Jésus-Christ.
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Message non lu par zora » mer. 12 juil. 2006, 22:45

Bonsoir :) !
Être nu signifie être fragile. En effet dans un jeune couple fougueux comme celui-ci, les deux amants osent s’exposer leurs fragilités et leurs faiblesses car ils ne se jugent pas, ils n’ont donc pas honte.
Alors ici je ne suis pas sûre mais je pense que la nudité ici ne représente pas la nudité purement corporelle, en sens de n’avoir pas des vêtements dessus, mais la ‘nudité’ d’âme qui n’avait, avant de commettre l’acte de désobéissance, aucune raison de se cacher devant Dieu ni ses anges.
On notera d’ailleurs que le serpent utilise le vouvoiement alors que YHWH Elohim tutoyait l’homme. Cette distanciation qu’instaure le serpent ne fait que faire ressortir le caractère despotique que le serpent veut donner à Dieu.
Je pense qu’ici vous vous trompez : Dieu tutoyait l’homme (Adam) mais Adam aussi tutoyait Dieu : serpent parlait à Eve mais il pensait à tous les deux, Eve et Adam, c'est pourquoi il a employé VOUS ; c’est logique et ne démontre rien de despotique chez Dieu.
Il est même vu ici plus spécifiquement en tant que mâle puisqu’il n’est présent que quand Ish est absent. Il représenterait la sexualité masculine dans sa face dévergondée. En effet un serpent debout est clairement un symbole phallique. Il représente peut-être la part de sexualité ‘bestiale’, ‘nue’.
Si le serpent était Satan ça n’a pas de sens : les anges ne possèdent pas la sexualité : même les anges déchus ne la possèdent pas, ils ne sont ni des hommes ni des femmes (au sens sexuel) : ils se rapprochent des humains dans ce but mais pour les induire à pécher et pas parce qu'ils trouvent du plaisir eux personnellement dans cet acte.

Et a propos : une chose que je n’ai jamais comprise. Il y avait des rapports sexuels chez Adam et Eve ; sans leur chute auraient-ils des enfants à l’Eden?

Encore une chose: histoire du Serpent : qui était-il au juste ? Était-il le diable (Lucifer déjà tombé, Satan (s’ils ne sont la même personne), … ?) en personne ?

Je crois qu’on pense que c’est plutôt ainsi même si ça vraiment n’a pas l’air d’être très clair, par exemple :
« Parce que tu as fait cela, tu es maudit (isolé) plus que toute bête,
Plus que tout vivant des champs.
Sur ton ventre tu iras et tu mangeras la poussière, tous les jours de ta vie.
On a vraiment impression qu'on parle d'un animal et pas du Satan?

En tout cas serpent n’était pas un être humain et l’argument suivant n’a pas de sens :
On va voir aussi que le serpent est celui qui refuse ses limites, c’est l’homme qui veut devenir Dieu. Le serpent est plus qu’orgueilleux, il refuse carrément sa condition humaine et veut devenir supérieur à l’homme, c'est-à-dire divin.
Après :
« Ton désir ira vers ton homme et lui s’ajustera à toi. »
Alors personnellement je n’ai pas cette impression : je crois que la femme (en général, chaque personne est diverse) est plus capable de se priver de sa sexualité et de la contrôler qu’un homme ! (au moins aujourd’hui : autrefois la femme n’avait pas la possibilité de travailler de s’instruire et le mariage était l’unique moyen pour elle d’avoir un certain respect social (à part le couvent naturellement). Rester une vieille fille (voire vierge) était souvent quelque chose de ridicule, socialement inférieure.

cordialement
zora
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ti'hamo
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Re: Une exégèse du récit de la chute (Gn 3, 1-24)

Message non lu par ti'hamo » mar. 03 juin 2008, 13:40

...bon, à voir tout ça à tête reposée, mais déjà si j'apprécie assez certains points de la première exégèse présentée dans le sujet, tout de même un point me chifone un peu :

...
Alors pourquoi mettre en scène la femme ? Point n'est besoin d'avoir bac+15 pour constater que la femme est de constitution plus frêle que l'homme. Prenez n'importe quelle discipline sportive, vous pourrez constater que les femmes et les hommes ne concourent pas les uns contre les autres, et que les performances sportives de la gent féminine sont inférieures à celles des hommes. Ainsi, mettre en scène le sexe faible, c'est mettre en scène la part la plus fragile de notre humanité ; l'auteur du texte nous montre que c'est à la partie la plus fragile de notre humanité que la tentation s'attaque. La tentation, telle un virus informatique, s'infiltrera plus facilement en exploitant les failles de sécurité.
Déjà, cette exégèse laisse planer le doute sur l'historicité d'Adam et Eve. Tel que c'est écrit, on a l'impression qu'Eve est juste une figure symbolique inventée pour personnaliser la part faible de l'être humain.
Déjà ça est à préciser.

Mais, en plus de ça, je me permets de faire remarquer :
- que la Femme existe, de fait ; et Dieu ne l'a pas créée pour symboliser nos faiblesses.
- que d'une part la "constitution plus frêle" de la femme est une généralisation un peu abusive ; on en trouve des pas frêles du tout. :-)
- que d'autre part, la femme a ses propres domaines de force ; la femme ne symbolise la fragilité ou la faiblesse qu'à partir du moment où on a d'abord décidé de définir comme symbole de "force" les domaines plus "naturellement masculins".
Mais enfin essayez d'accoucher et on verra qui symbolise la faiblesse.

- La femme ne peut pas être ni symboliser une "faille de sécurité" ou une "faiblesse" du "système-création", à partir du moment où on a bien rappelé que Dieu crée l'Humain homme et femme, égaux et complémentaires et à son image.
Donc, Eve n'est pas plus une faiblesse du système qu'Adam. Elle n'est, par définition, pas plus susceptible que lui de chuter.

- Par contre, du coup, pourquoi Satan choisit-il de tenter la femme ?
Là ça devient intéressant, si on a bien rappelé que :
-> c'est un fait, et plus qu'un symbole : il commence vraiment, en réalité, par tenter personnellement la femme.
-> ça n'est pas pour des raisons de faiblesse ou de naïveté de la part de la femme (ce qui sera la ré-interprétation gréco-romaine de cette histoire)

Le fait est que, si on regarde effectivement autour de nous, et dans les evangiles, et dans notre vie, si la "faiblesse naturelle" des femmes n'est pas, je trouve, ce qui saute aux yeux,
par contre est assez évident l'importance qu'elles peuvent avoir dans l'esprit d'un groupe, d'une société, d'une famille.
Qui a dit, déjà, en substance sinon à la lettre, que tenir la femme c'est tenir la société ?
Je trouve cette interprétation plus logique, plus historique aussi, et correspondant plus à la réalité de l'homme et de la femme, de ce qu'on peut en voir réellement.

Du coup la femme n'est pas tentée en premier parcequ'elle représente la faiblesse, mais parcequ'elle est un pivot central. Le soutien de l'homme au vrai sens fort du terme.
La faire chuter c'est faire chuter l'homme.

(je n'ai pas bien compris non plus le lien entre la faute et le fait d'être "mère de l'humanité" - Qu'elle faute ou pas, Eve serait de toute façon mère de tous les humains, non ?)
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
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Re: Une exégèse du récit de la chute (Gn 3, 1-24)

Message non lu par Anne » jeu. 12 juin 2008, 2:13

Ti'hamo, je trouve votre argumentaire fort intéressant, bien présenté et bien développé. :D

En ce qui me concerne, je préfère la "version" de la création que l'on peut retrouver dans la Genèse selon laquelle:

Dieu créa l'homme à son image et à sa ressemblance: homme et femme Il les créa.

Si la femme est faible, il faut donc en déduire que Dieu l'est aussi, du moins en partie...
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…
".
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Re: Une exégèse du récit de la chute (Gn 3, 1-24)

Message non lu par Etrigan » lun. 20 oct. 2008, 12:46

J'ai tout lu et c'est passionnant. Merci à vous !
Merci aussi à Charles pour sa lecture girardienne : je suis impressionné :clap:
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De la Création

Message non lu par Atrahasis » ven. 04 avr. 2014, 19:54

Le jardin d'Éden et la Jérusalem céleste font-ils parti de la Création ?
En Christ,
merci.

gerardh
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Re: De la Création

Message non lu par gerardh » sam. 05 avr. 2014, 10:52

_______

Bonjour,

Le jardin d'Eden fait littéralement partie de la Création, mais c'est probablement un jardin symbolique.

Quant à la Jérusalem céleste, c'est une image de l'Eglise lorsqu'elle sera glorifiée dans le ciel. L'Eglise est l'ensemble de tous les chrétiens.


__________

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Re: De la Création

Message non lu par Atrahasis » sam. 05 avr. 2014, 11:17

Merci Gérard.

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Re: De la Création

Message non lu par Invité » jeu. 24 avr. 2014, 0:07

gerardh a écrit :_______

Bonjour,

Le jardin d'Eden fait littéralement partie de la Création, mais c'est probablement un jardin symbolique.

Quant à la Jérusalem céleste, c'est une image de l'Eglise lorsqu'elle sera glorifiée dans le ciel. L'Eglise est l'ensemble de tous les chrétiens.


__________
Sûrement que le jardin d'Eden n'était pas un jardin symbolique ! Le récit en Genèse 2 et 3 est vrai et très précieux.

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Re: De la Création

Message non lu par Xavi » jeu. 24 avr. 2014, 12:28

Merci à Touriste pour son intervention.

Il y a, en effet, une ambiguïté à éclaircir.

Symbolique ne signifie pas nécessairement non réel. Un fait réel peut être présenté de manière symbolique.

Le jardin d’Eden est bien réel, mais l’Eden, c’est le ciel de Dieu, c’est une réalité spirituelle. Les mots terrestres utilisés pour en parler sont nécessairement symboliques lorsqu’ils expriment des réalités spirituelles.

Les mots humains proviennent de notre cerveau et de notre expérience concrète. Ils sont limités par ce que le cerveau humain peut comprendre. Quant Dieu place l’humain dans l’Eden, c’est très réel et concret, mais comment en parler de manière exacte pour notre compréhension sans recourir à des images, des symboles ?

Cependant, nous devons faire attention de ne pas supprimer toute réalité concrète à cause des images et des symboles utilisés. Ce sont bien des réalités terrestres et des humains terrestres, bien concrets, qui ont été mis dans l’Eden.

L’Evangile nous en donne un éclairage nouveau qui peut nous aider à comprendre la réalité concrète, terrestre ET spirituelle, du jardin d’Eden que le premier couple humain a connue, le sens réel ET symbolique des mots pour en parler.

Jésus, le nouvel Adam, a été plongé dans l’eau lors de son baptême comme le premier couple humain a été mis dans l’Eden. L’eau bien réelle et concrète du Jourdain a été une image et un symbole de l’Eden. Mais, l’eau était aussi bien réelle.

Ensuite, l’Esprit Saint est descendu sur Jésus « comme » une colombe (Mt 3,16 ; Mc 1,10 ; Lc 3,22 ; Jn 1,32).

Jésus, vrai Dieu et vrai homme, avait bien sûr cette communion avec l’Esprit Saint de toute éternité, mais, dans son humanité, il a dû recevoir à nouveau cette communion spirituelle que l’humain avait perdue par l’effet du péché originel. Même sans péché, l’humanité de Jésus, vrai homme, devait à nouveau être plongée dans l’Eden et revivre la tentation vécue par les premiers humains, ce que Jésus, après son baptême, a connu au désert.

C’est bien au moment de son baptême, près de trente ans après sa conception et sa naissance, et non immédiatement lors de son incarnation, que l’Esprit Saint est « descendu » sur lui. Lors de sa création, l’humain avait aussi été façonné d’abord sur la terre avant d’être mis dans l’Eden, dans la réalité spirituelle de Dieu.

Tant pour nos premiers parents créés à l’image de Dieu que pour Jésus, le fait fut bien réel, mais comment l’exprimer ? Dans les quatre évangiles, l’expression « comme » une colombe est tout sauf claire.

Nous pouvons imaginer une colombe concrète semblable à celles que nous connaissons, ce qui est bien possible, mais comment et pourquoi, dans ce cas, les témoins de la scène ont-ils interprété cette colombe comme une personnalisation de l’Esprit Saint ? Une voix s’est certes fait entendre, mais elle venait des « cieux » et non de la bouche d’une colombe.

L’expression « comme » ne dit pas exactement ce que fut concrètement la réalité. L’expression « comme une colombe » peut être une image ou un mode d’expression qui, comme les mots de la Genèse, essaie de nous dire une réalité spirituelle survenue au moment d’un fait terrestre bien concret.

Ce qui est certain, c’est qu’après son baptême, Jésus a manifesté par de nombreux miracles et sa résurrection, toute la domination sur la création concrète qu’Adam et Eve avaient reçu avant leur chute.

Dans l’Eden, Adam et Eve ont aussi reçu pleinement la communion de l’Esprit Saint dans leur réalité terrestre concrète. Ils vivaient sur la terre, exactement comme nous, mais ils ont été mis « dans » l’Eden. Attention de ne réduire ni la réalité terrestre de l’évènement, ni sa réalité spirituelle simultanée.

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Adan
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Re: Le récit du jardin d'Eden commenté

Message non lu par Adan » jeu. 28 janv. 2016, 5:38

Le Serpent est un Elohim et il fait bien la distinction entre Elohim et YHWH. YHWH est l'Elohim ( ou le Dieu ) des Elohim - d'où sa question : Est-il vrai qu'Elohim a dit: vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin?" Cette histoire du Serpent avec la femme Ysha concerne une initiation à la connaissance et à l'arbre de vie. Malheureusement il y a eu échec dans cette initiation, mais qui n'a pas empêché Ysha d'atteindre le niveau de Tiphérét d'ou le changement de son nom en Haoua חוה avec les deux premiers degré וה de la connaissance du Nom יהוה. C'est pourquoi Haoua dit j'ai obtenu un enfant avec YHWH et non avec Adam. :)

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