Message non lupar ancolie » mer. 19 sept. 2018, 5:33
Francine est décédée d'un cancer. Elle n'avait pas soixante ans.
C'est jeune pour mourir, mais cette mort est aussi en quelque sorte une délivrance, pas seulement à cause du cancer, mais aussi (et surtout) en raison d'une souffrance que Francine portait en elle depuis son enfance.
Francine, adulte, a eu une vie trouble et un peu dissolue qui suscitait souvent le mépris de son entourage, mais personne n'a le droit de la juger.
Un jour, en rentrant de l'école, alors qu'elle n'avait que dix ans, Francine est tombée sur une scène de carnage effroyable.
Dans sa maison, son père et son petit frère étaient morts tous les deux, tués d'une balle de carabine tirée à bout portant qui a fait beaucoup de dégât.
La scène était paraît-il...épouvantable.
En fait, son père s'était suicidé après avoir abattu son fils.
Le suivi psychologique des enfants victimes de traumatisme n'étant pas à cette époque ce qu'il est de nos jours, surtout dans le patelin où vivait Francine, elle a survécu tant bien que mal à tout cela sans vraiment s'en remettre.
D'ailleurs, se remet-on vraiment d'une chose pareille ? Je crois qu'on apprend simplement à vivre avec.
Mais je crois aussi que personne n'a vraiment aidé Francine à apprendre à vivre avec ça.
Pour Francine, et pour tous les enfants blessés, victimes d'abandon, de maltraitance, d'indifférence, confrontés aux horreurs de la vie, victimes de la guerre, de la faim et de la peur.