A propos du Notre Père et "ne nos inducas in tentationem"

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Laurent L.
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Re: Le Notre Père

Message non lu par Laurent L. » ven. 18 juin 2010, 0:15

L'ancienne traduction est une périphrase des textes grecs et latins, mais évite la confusion de la traduction plus littérale d'aujourd'hui pour en restituer le sens.
Et ne nos inducas in tentationem, sed libera nos a Malo.
Et ne nous laissez pas succomber à la tentation, faites que nous n'entrions pas en tentation.
Gérardh a écrit :
Il y a deux aspects du mot tentation lesquels sont tous deux décrits dans Jacques 1. Le premier sens est celui d'épreuve (verset 2) : Dieu peut nous soumettre à une épreuve, qui est alors l'épreuve de la foi. Le deuxième aspect est l'envie de pécher : en ce sens "Dieu ne tente personne" (verset 13).
Oui, mais de nos jours, personne ne comprend "tentation" dans le sens d'épreuve, mais dans le second. D'où l'intérêt, soit de remplacer le mot "tentation par le mot "épreuve", soit d'utiliser une tournure indirecte (Faites que nous ne succombions pas, ne nous laissez pas succomber, etc.)
Par ailleurs, si Dieu ne tente personne, Il peut permettre que nous soyons tentés : Satan n'a de pouvoir que parce que Dieu le permet, puisque Dieu est tout-Puissant, cf. le livre de Job. Sinon, on bascule dans le dualisme.
Christophe a écrit :Les orthodoxes traduisent : « Ne nous soumets pas à l'épreuve »… cela me semble être une traduction plus… orthodoxe. ;)
Ils disent aussi "le Malin" et non "le mal", indiquant ainsi clairement la personne de Satan, et non un concept abstrait.
Le CEC précise en effet :
2851 Dans cette demande, le Mal n’est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le " diable " (dia-bolos) est celui qui " se jette en travers " du Dessein de Dieu et de son " œuvre de salut " accomplie dans le Christ.
Notre traduction (l'ancienne ou l'actuelle) garde cette ambiguïté. Une traduction claire éviterait peut-être que certains énergumènes adeptes de la "foi adulte" et de la "symbolique conceptuelle" nous expliquent que Satan n'existe pas sous prétexte que son existence n'est pas mentionnée dans le credo... (déjà entendu à la télé) Et pour cause : nous avons foi en Dieu, non en Satan !!
Dernière modification par Laurent L. le ven. 18 juin 2010, 1:10, modifié 4 fois.

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Re: Le Notre Père

Message non lu par Laurent L. » ven. 18 juin 2010, 0:34

si j'ai bien compris, Dieu nous fait passer des examens en nous éprouvant pour savoir si on reste confiant en lui pour traverser l'épreuve ; la tentation serait alors d'arrêter de faire confiance en Dieu et même de le rejeter, de lui en vouloir
Tout à fait ! Il faut lire et méditer le livre de Job ainsi que ces versets du livre de la Sagesse, épître de la messe "Intret" pour plusieurs martyrs :
Livre de la Sagesse, III, 1-8 a écrit :3
1. Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le tourment ne les atteindra pas.
2. Aux yeux des insensés, ils paraissent être morts, et leur sortie de ce monde semble un malheur,
3. et leur départ du milieu de nous un anéantissement ; mais ils sont dans la paix.
4. Alors même que, devant les hommes, ils ont subi des châtiments, leur espérance est pleine d’immortalité.
5. Après une légère peine, ils recevront une grande récompense ; car Dieu les a éprouvés, et les a trouvés dignes de lui.
6. Il les a essayés comme l’or dans la fournaise, et les a agréés comme un parfait holocauste.
7. Au temps de leur récompense, ils brilleront ; comme des étincelles, ils courront à travers le chaume.
8. Ils jugeront les nations et domineront sur les peuples, et le Seigneur régnera sur eux à jamais.
Néanmoins, si Dieu nous éprouve comme on fait passer l'or au feu pour le purifier, Dieu ne nous incite pas à faire le mal, ne nous "tente" pas, au sens courant, comme le dit St Jacques, cité par Gérard.
Dernière modification par Laurent L. le ven. 18 juin 2010, 1:01, modifié 1 fois.

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Re: Le Notre Père

Message non lu par Laurent L. » ven. 18 juin 2010, 0:43

Voici les commentaires des Pères de l'Eglise sur ce verset du Notre Père :
Catena Aurea - St Thomas d'Aquin a écrit :v. 13.

— Et ne nous laissez pas succomber à la tentation.


S. Chrys. (sur S. Matth). Notre-Seigneur vient de donner aux hommes de sublimes préceptes, il leur a commandé d’appeler Dieu leur Père, de demander l’avènement de son règne ; aussi croit-il devoir ajouter une leçon d’humilité, en disant : " Et ne nous laissez pas succomber à la tentation ". — S. Aug. (serm. sur la mont., 2, 14). Quelques exemplaires portent : " Et ne nous faites pas entrer dans la tentation ", ce qui me paraît présenter le même sens, ces deux variantes étant la traduction littérale du grec. Plusieurs traduisent de cette manière : " Ne souffrez pas que nous entrions en tentation ", et expliquent ainsi dans quel sens nous disons : " Ne nous induisez pas ", car ce n’est pas Dieu qui par lui-même fait entrer en tentation, mais il permet qu’on y entre, en abandonnant l’homme à ses propres forces. — S. Cypr. (de l’Or. Dom). Cette vérité nous apprend que notre ennemi ne peut rien contre nous, à moins que Dieu ne le permette, et c’est ce qui doit nous faire placer en Dieu toute notre crainte comme toute notre affection ".


S. Aug. (serm. sur la mont., 2, 14). Être induit en tentation, et être tenté sont deux choses différentes : Aucun homme s’il n’a été tenté ne peut passer pour éprouvé à ses propres yeux on aux yeux des autres (cf. Ps 25). Dieu au contraire connaît à fond tous les hommes avant toute espèce de tentation. Nous ne prions donc pas Dieu de nous faire échapper à la tentation, mais de ne pas nous induire en tentation, de même qu’un homme qui devrait être éprouvé par le feu, demanderait non de ne point en être atteint, mais de n’en être pas consumé. En effet nous sommes induits en tentation lorsque la tentation est si forte, que nous ne pouvons y résister. — S. Aug. (Lettre 121 à Proba., chap. 72). Lors donc que nous disons : " Ne nous induisez pas en tentation ", nous devons demander à Dieu de ne pas permettre que délaissés de sa grâce, nous succombions à la tentation, séduits par l’illusion ou vaincus par la souffrance. — S. Cypr. (de l’Or. Dom). Dieu nous rappelle ainsi notre faiblesse, notre infirmité et nous prémunit contre les prétentions arrogantes de l’orgueil ; et sa bonté exauce volontiers une prière qui est précédée d’un aveu humble et modeste qui reconnaît que tout vient de lui.


S. Aug. (du don de la persév., chap. 5, 6, 7). Lorsque les Saints font cette prière : " Ne nous laissez pas succomber à la tentation ", que demandent-ils si ce n’est la persévérance dans la sainteté ? En effet il n’est aucun saint qui ayant reçu ce don de Dieu (la demande qu’il en fait à Dieu est une preuve que ce don vient de lui), ne persévère jusqu’a la fin dans la sainteté, car on ne cesse de persévérer dans la pratique de la vie chrétienne, qu’après avoir été induit d’abord en tentation. C’est pour prévenir ce malheur que nous demandons de ne pas entrer en tentation, et si nous l’évitons, c’est Dieu qui l’a permis, car tout ce qui se fait, c’est Dieu qui le fait, ou qui le permet. Dieu est donc assez puissant pour détourner la volonté du mal vers le bien, relever celui qui est tombé, et le conduire dans la voie qui lui est agréable, car ce n’est pas en vain que nous lui disons : " Ne nous laissez pas entrer en tentation ". Si on n’est pas exposé aux effets de la tentation par une volonté abandonnée au mal, on n’en sera jamais victime, " car chacun est tenté par sa propre concupiscence ". (Jc 1, 14). Dieu nous fait donc un devoir de lui demander la grâce de ne point succomber à la tentation, bien qu’il pût nous l’accorder sans nos prières, parce qu’il a voulu nous faire reconnaître ainsi l’auteur des bienfaits dont nous sommes comblés. Que l’Église donc médite attentivement ses prières de tous les jours, elle demande la foi pour les infidèles, c’est donc Dieu qui les convertit à la foi ; elle prie pour la persévérance des fidèles, c’est donc de Dieu que vient la persévérance finale.
Notez aussi l'ambiguïté de la traduction actuelle vis à vis de l'enseignement de St Augustin : le verbe "soumettre" a plusieurs sens : "Mettre sous la puissance, sous l'autorité, réduire à l'obéissance" ou simplement "faire subir". La périphrase "ne nous laissez pas succomber à la tentation" a le mérite de dissiper toute ambiguïté à ce sujet. Nous ne demandons pas à Dieu : "faites que notre vie soit un long fleuve tranquille sans aucune tentation" mais "donnez-nous la grâce de résister à l'épreuve et aux tentations d'ici-bas".

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Re: le Notre Père

Message non lu par Pneumatis » ven. 18 juin 2010, 9:35

Bonjour,

Encore une fois je vous recommande vraiment d'écouter l'émission que j'ai mis en lien plus haut. Elle reprend et précise beaucoup ce que dit Laurent.
Vincichristi a écrit :si j'ai bien compris, Dieu nous fait passer des examens en nous éprouvant pour savoir si on reste confiant en lui pour traverser l'épreuve
Surtout pas ! Non, Dieu ne nous fait pas passer des épreuves, il ne nous évalue pas, ne nous teste pas. Dieu est infiniment bon, il nous donne la vie et la liberté, et c'est parfois cette liberté qui pour nous, dans notre faiblesse, est difficile à vivre. Surmonter l'épreuve, dans la foi, c'est juste reconnaitre avec Saint Thérèse que c'est lorsque je suis faible que je suis fort, c'est reconnaitre que Dieu est avec nous.

Mais en aucun cas Dieu ne nous affaiblit. Dieu ne sème pas des buches sur notre route. Nous rencontrons dans nos vie des occasions de reconnaitre nos faiblesses, bien sur, car ce ne sont pas nos manquements et notre ignorance qui nous conduisent à Dieu. Si donc nous cherchons sincèrement Dieu, alors inévitablement nous serons mis en face de nos faiblesses, pour les surmonter. Mais en aucun cas Dieu ne nous fait trébucher, nous éprouve ou nous fait souffrir.

Et si l'on parle de purification, d'une forme d'épreuve salutaire, pourquoi alors apprendrait-on à prier Dieu de nous en épargner ?
Omega3 a écrit :«Ne me laisse pas entrer dans la tentation et délivre moi du mauvais..du Malin..de Satan».
D'accord avec cette traduction à un "détail" prêt... Pourquoi Diable remplacer le "nous" par un "moi" ??? La prière est d'abord intercession, elle est communion, elle est prière pour l'autre. Ce "glissement" du "nous" vers le "moi" transforme à mon sens votre prière en un espèce de mantra pratiqué dans une logique de "développement personnel".


Après, je crois que Laurent ne s'y est pas trompé en reprenant l'enseignement de l'Eglise à la source. J'ajoute ce que vous pourriez entendre en écoutant l'émission que j'ai mis en téléchargement dans mon précédent message : la tentation fait référence à l'exode (Massah et Meribah), ou encore à la tentation de Jésus dans le désert pour nous. La tentation pour laquelle nous demandons de ne pas y participer, de ne pas y entrer ou y collaborer, c'est celle non pas qui tenterait l'homme, mais celle qui tente Dieu. La tentation que nous demandons d'éviter c'est celle des hébreux à Massah (=tentation/épreuve en hébreu) et Meribah (=querelle en hébreu, parce que les hébreux ont fait querelle à Dieu) : douter de la présence de Dieu, le mettre Lui à l'épreuve pour nous prouver sa présence.
Exode 17, 7 a écrit :Et il donna à ce lieu le nom de Massah et Méribah, parce que les enfants d'Israël avaient contesté, et parce qu'ils avaient tenté YHVH en disant: "YHVH est-il au milieu de nous, ou non ?"
C'est aussi la tentation dans le désert : Jésus étant parfaitement dans la foi, parfaitement Dieu, le Satan ne tente pas tant l'homme Jésus, que Dieu lui-même. En réalité il tente l'homme et le Dieu à la fois. Il tente l'Homme comme nous pourrions être tenté (Y a-t-il vraiment du Dieu au milieu de toi ?) et il tente Dieu par la même demande. Satan reproduit au désert exactement la tentation de l'autre désert, de Massah et Meribah, en soumettant à la question la divinité de Jésus qui est Dieu au milieu de l'Homme.

En bref, la demande que nous faisons dans le Notre Père, c'est celle de ne pas entrer à Massah : de ne pas tenter Dieu, de ne pas se dire : "Dieu est-il au milieu de nous, ou pas ?".
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Message non lu par Omega3 » ven. 18 juin 2010, 22:30

@Pneumatis
Omega3 a écrit :«Ne me laisse pas entrer dans la tentation et délivre moi du mauvais..du Malin..de Satan».
Pneumatis a écrit :D'accord avec cette traduction à un "détail" prêt... Pourquoi Diable remplacer le "nous" par un "moi" ??? La prière est d'abord intercession, elle est communion, elle est prière pour l'autre. Ce "glissement" du "nous" vers le "moi" transforme à mon sens votre prière en un espèce de mantra pratiqué dans une logique de "développement personnel".
Parce qu'il n'y a que moi seul qui suis responsable de mes actes. Je n'y vois pas d'inconvénient cependant lorsqu'elle est récitée en groupe. Nous sommes tous, chacun de nous, personnellement responsable de nos actes.
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Re: Le Notre-Père

Message non lu par Cinci » lun. 21 juin 2010, 17:18

Bonjour,
Encore une fois je vous recommande vraiment d'écouter l'émission que j'ai mis en lien plus haut.
Je viens de vérifier à l'écoute, pour un petit bout de ce document audio. Fameux ! Je manque de temps pour l'instant, certaines petites tâches. J'ai bien l'intention de tout écouter un peu plus tard cependant. Merci Pneumatis. Oui, oui, donc, ce me paraît très riche comme enseignement ce qui se trouve là-dedans. Pas mal éclairant.

Quand vous en aurez d'autres comme cela, il faudra pas se gêner de faire partager les copains (sourire)

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Re: Le Notre-Père

Message non lu par Cinci » mer. 23 juin 2010, 5:57

... et fais que nous ne devenions pas participant de la tentation contre Dieu, délivre-nous plutôt du mauvais (de l'esprit du mal; de Satan)

Pneumatis,

Cela fait plein de sens. Merci encore pour la référence. Oui, oui, oui ... tout à fait dans l'esprit de Jésus et de Jésus que l'on connaît dans les évangiles. Comme la tentation de Jésus au désert dirait-on, comme on le voit avec la réplique de Jésus à Satan et tirée de l'Écriture : « Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu »
  • ... si tu es fils de Dieu ... si cela est vrai ... alors demande à Dieu que ces pierres ...
La requête du mauvais est introduite dans un mouvement de non-confiance, en exigeant que Dieu fasse ses preuves [ soumettre Dieu à l'examen quant à sa présence, sa bonté, sa puissance, etc] Il s'agit de la tentation contre Dieu et à laquelle le chrétien demande de n'être jamais lui-même participant. Une demande d'être conservé plutôt dans l'esprit filial et du fils qui ne doute pas de son Père.

Pour toutes les tentations de la vie courante se rapportant à nous : il existe déjà la demande dans le Notre Père et alors telle de nous pardonner comme nous pardonnons. Sauf l'avant-dernière phrase du Notre Père vise la dynamique de révolte directe contre Dieu et qui pourrait finir pour certains dans le fameux blasphème irrémissible, ce qui demeurerait toujours bien le grand danger. Comme : «Fais que nous ne soyons pas conduit dans ce très mauvais chemin.»
  • ... si tu es le Messie, donnes-nous un signe !
    ... s'il compte sur son Père mais qu'il le délivre !
    ... pourquoi ne te délivres-tu pas, et nous avec !
... que ton règne arrive, que ta volonté soit faite ... fais que nous ne puissions pas glisser dans la tentation (la révolte) contre toi ... mais délivres-nous du malin.

... la tentation, la tentation ... mais la tentation d'un genre dans lequel Judas aurait pu glisser lui-même. Demande au Père d'une protection toute spéciale contre ce genre de tentation ? « Pierre, j'ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas » Il y a des épreuves qui pourraient être plus dangereuses que d'autres. Certains moments ...

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Re: Le Notre-Père

Message non lu par Pneumatis » mer. 23 juin 2010, 13:24

Bonjour Cinci,

Je suis content que l'émission que je vous ai proposé vous plaise. L'intervenant, Jean-François Froger est à responsable, par ses livres et ses conférences, d'à peu prêt 80% de ma catéchèse :) Autant dire que j'aime beaucoup ce qu'il fait. Sur le Notre Père, comme je le disais, si vous voulez, vous pouvez télécharger l'ensemble des 12 émissions. Celle que j'ai indiqué est la 11ème sur 12.

:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere01.mp3
:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere02.mp3
:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere03.mp3
:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere04.mp3
:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere05.mp3
:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere06.mp3
:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere07.mp3
:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere08.mp3
:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere09.mp3
:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere10.mp3
:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere11.mp3 (déjà indiqué plus haut)
:arrow: http://communioneduc.free.fr/jffnotrepere12.mp3

Ces enseignements sont véritablement passionnant. La première fois que je les ai passé au prêtre de ma paroisse, il s'est pris une grande claque. A noter que justement, J.F. Froger a enseigné quelques années au séminaire d'Ars, l'hébreu biblique et l'anthropologie. C'est aussi grâce à lui que j'ai découvert les travaux de Pierre Perrier sur les colliers évangélique, avec qui il collabore. Vous trouverez plus d'info sur lui ici : http://pneumatis.over-blog.com/article-26816491-6.html
Site : http://www.pneumatis.net/
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Re: Le Notre-Père

Message non lu par Cinci » dim. 04 juil. 2010, 3:58

Pneumatis,

Merci d'avoir posté les liens. Pour l'instant, je poursuis l'écoute tranquillement.

[...]

Ces enseignements sont véritablement passionnant. La première fois que je les ai passé au prêtre de ma paroisse, il s'est pris une grande claque.
Ah bon ! mais dans quel sens ? Vous vouliez dire que M. le curé aura été épaté ?


Ma question est toujours ouverte pour ''la claque et le prêtre'' ci-dessus ... Il s'est pris une claque, il s'est pris une claque ... C'est à dire? (sourire)

Sérieux.

Il est fantastique ce rapprochement entre Jésus et le mythe d'Oedipe (eh oui !), signalé par Jean-François Froger et alors je crois que c'est dans le troisième des liens audios. Moi qui ai tout le temps apprécié les analyses de la mythologie par Paul Diel. Lui, Jean-François Froger, il va plus loin. Et «plus loin»dans le bon sens, le sens chrétien du terme. Smac ! Voilà de que j'appelle ''de la bonne gnose nourrissante''. Oui, je suis bien content. de découvrir ce bonhomme. Que c'est dont fin ! Il est vraiment fortiche pour tout ce qui touche le langage symbolique : le rapport à l'homme, le psychisme, le spirituel.

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A propos du Pater...

Message non lu par Malice » jeu. 06 janv. 2011, 1:25

Bonsoir,

Un passage du Pater (du moins sous sa traduction actuelle) me perturbe :
"et ne nous soumettez pas a la tentation, mais delivrez-nous du mal"

Ne nous soumettez pas a la tentations. N'est-ce pas insultant envers Dieu ? Car c'est Satan et non lui le tentateur si je ne m'abuse ?

Bref, je vous serais gree de bien vouloir eclairer ma lanterne. ;)

Cordialement

PS : Veuillez excuser l'absence d'accents, clavier qwerty oblige.
"Qu’est-ce que c’est, la beauté ? Ce qui dépasse tout, la perfection, Dieu." (L. Tolstoï)

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Re: A propos du Pater...

Message non lu par Laurent L. » jeu. 06 janv. 2011, 3:33

Bonjour Malice !
N'est-ce pas insultant envers Dieu ?
Non :
Compendium du Catéchisme de l'Eglise catholique a écrit :596. Que veut dire : « Ne nous soumets pas à la tentation »?

Nous demandons à Dieu notre Père de ne pas nous laisser seuls au pouvoir de la tentation. Nous demandons à l’Esprit de savoir discerner d’une part entre l’épreuve qui nous fait grandir dans le bien et la tentation qui mène au péché et à la mort, et, d’autre part, entre être tenté et consentir à la tentation. Cette demande nous unit à Jésus qui a vaincu la tentation par sa prière. Elle sollicite la grâce de la vigilance et de la persévérance finale.
Car c'est Satan et non lui le tentateur si je ne m'abuse ?
Oui. Satan tente en nous sollicitant au péché. En ce sens, Dieu ne tente pas mais permet que Satan nous tente. En effet, Satan n'est qu'une créature, un ange rebelle. Il ne peut agir que parce que Dieu l'y autorise. (Cf. le livre de Job, chapitre 1)

Il existe néanmoins un autre sens au mot "tentation", qui est "l'épreuve qui nous fait grandir dans le bien". En ce sens, on peut dire que Dieu "tente", il nous éprouve.
[+] Texte masqué
Catéchisme du Concile de Trente a écrit :§ IV. — QU’EST-CE QU’ÊTRE TENTÉ ET INDUIT EN TENTATION.

Tenter, c’est mettre quelqu’un à l’épreuve, pour tirer de lui ce que nous désirons savoir, et par là connaître la vérité. On ne peut pas dire que Dieu puisse tenter en ce sens, car, y-a-t-il quelque chose qu’Il ignore ? « Tout, dit l’Apôtre, est à nu et à découvert devant ses yeux. »

Il y a une autre manière de tenter qui va beaucoup plus avant, c’est de mettre quelqu’un à l’épreuve, soit en vue du bien, soit en vue du mal.

On tente un homme en vue du bien, lorsqu’on l’éprouve dans le but de constater et de manifester sa vertu, afin de la récompenser ensuite par des avantages et des honneurs, de proposer son exemple à imiter aux autres et par suite d’engager tout le monde à louer et à bénir le Seigneur.

Cette manière de tenter est la seule qui convienne à Dieu. Et nous en trouvons un exemple dans le Deutéronome ; « Le Seigneur votre Dieu vous tente, dit Moise aux Hébreux, pour qu’il apparaisse visiblement si vous L’aimez. » On dit encore que Dieu tente les siens, lorsqu’Il les accable par la pauvreté, la maladie et autres calamités de ce genre. Mais Il n’agit ainsi envers eux que pour éprouver leur patience, et afin qu’ils deviennent pour les autres des modèles de vertu chrétienne. C’est ainsi que nous voyons Abraham tenté par Dieu, lorsqu’il reçoit de Lui l’ordre d’immoler son propre fils. Mais cet acte d’obéissance fait de lui un exemple immortel de soumission et de patience.

C’est dans le même sens qu’il est dit de Tobie dans nos Saints Livres: « Parce que vous étiez agréable à Dieu, il était nécessaire que la tentation vînt vous éprouver. »

On tente les hommes en vue du mal, lorsqu’on les éprouve pour les pousser au péché ou à leur perte. Il appartient au démon de nous tenter de la sorte ; car il ne s’adresse à nous que pour nous perdre et nous jeter dans le précipice. Aussi l’Ecriture Sainte l’appelle-t-elle d’un seul mot: le tentateur.

Tantôt il excite en nous les désirs et les mouvements déréglés de nos passions et de nos affections mauvaises ; tantôt, il nous attaque par le dehors, et se sert des choses extérieures pour nous enorgueillir, si elles sont heureuses, ou nous abattre, si elles sont malheureuses. D’autres fois il a pour agents et émissaires des hommes pervertis, et surtout des hérétiques, qui sont assis dans la chaire de pestilence, et répandent le poison mortel de leurs doctrines malsaines pour perdre entièrement les hommes qui ne font aucun choix et aucune différence entre le vice et la vertu, et qui de leur naturel ne sont déjà que trop enclins au mal et toujours prêts à succomber.

Etre induit en tentation, c’est succomber à la tentation. Or nous y sommes induits en deux manières, premièrement lorsque, renversés par le choc, nous tombons dans le mal où veut nous jeter notre tentateur. En ce sens Dieu ne tente et n’a jamais tenté personne, car Il n’est l’Auteur du péché pour personne: au contraire, « Il déteste tous ceux qui commettent l’iniquité. » Aussi bien, dit l’Apôtre Saint Jacques, « que personne ne dise, quand il est tenté, que c’est Dieu qui le tente ; car Dieu n’est point tentateur pour le mal. »

On dit en second lieu que nous sommes induits en tentation par quelqu’un qui, sans nous tenter lui-même, sans même contribuer à nous tenter, passe cependant pour nous éprouver réellement parce qu’il n’empêche ni la tentation ni la victoire de la tentation sur nous, bien qu’il le puisse. C’est de cette manière que Dieu permet que les bons et les justes soient tentés ; mais alors Il les soutient de sa Grâce et ne les abandonne point. Quelquefois aussi, par un secret et juste jugement, si nos crimes le demandent, Il nous abandonne à nous-mêmes, et nous succombons.

On dit encore que Dieu nous induit en tentation, lorsque nous abusons pour notre malheur des bienfaits qu’Il nous avait accordés en vue de notre Salut, et qu’à l’exemple de l’enfant prodigue nous dissipons l’héritage de notre Père en vivant dans la luxure, et en esclaves de toutes nos passions. C’est alors que nous pouvons nous appliquer ce que l’Apôtre disait de la Loi de Dieu: « Il est arrivé que le Commandement qui devait servir à nous donner la vie, a servi à nous donner la mort. »

Jérusalem en est pour nous un exemple bien frappant. Au témoignage d’Ezéchiel, Dieu l’avait enrichie et parée de tous les genres d’ornements, et Il lui disait par la bouche de son Prophète: « Vous étiez parfaitement belle, de cette beauté que Moi-même Je vous avais donnée. » Et cependant cette ville comblée de tous les bienfaits divins, bien loin de rendre grâces à Dieu des faveurs qu’elle en avait reçues, bien loin d’employer tous ces dons pour acquérir le bonheur du ciel, cette ville par une horrible ingratitude envers son Père et son Dieu, repousse l’espérance et même la pensée du bonheur éternel, et ne songe, dans l’abondance des biens terrestres, qu’à s’abandonner au plaisir et à la débauche ! Mais il faut lire tout le passage dans Ezéchiel.

Ceux-là ressemblent à cette ville ingrate qui, pour offenser Dieu, se servent précisément des moyens si nombreux qu’Il leur avait donnés de faire le bien.

Mais il est un usage de la Sainte Ecriture qu’il faut signaler avec soin. Pour exprimer ce qui n’est qu’une permission de la part de Dieu, elle emploie quelquefois des termes qui, pris à la lettre, désigneraient une action. Ainsi il est dit dans l’Exode : « J’endurcirai le cœur de Pharaon ; » dans Isaïe . « Aveuglez l’esprit de ce peuple ; » dans l’Epître aux Romains : « Dieu les a livrés aux passions ignominieuses et à leur sens réprouvé. » Dans ces passages, et dans les autres semblables, il ne s’agit point d’une action positive de Dieu, mais d’une simple permission.
Autrefois, on disait en Français "ne nous laissez pas succomber à la tentation". C'est sans doute plus clair, néanmoins c'est une paraphrase du texte original, non une traduction.
Les anglais ont toujours dit "lead us not into temptation", en revanche.

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Re: A propos du Pater...

Message non lu par Malice » jeu. 06 janv. 2011, 18:17

Merci pour cet eclaircicement... :)
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Re: A propos du Pater...

Message non lu par PaxetBonum » ven. 07 janv. 2011, 14:18

Malice a écrit : Ne nous soumettez pas a la tentations. N'est-ce pas insultant envers Dieu ?
Oui, car Dieu n'est pas tentateur, comme vous le soulignez c'est Satan le tentateur
L'ancienne traduction 'ne nous laissez pas succomber à la tentation' est bien plus juste

Désolé Laurent L… j'ai voulu donner la même réponse mais pas dans le même sens… par Malice !
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Re: A propos du Pater...

Message non lu par Anaisunivers » ven. 07 janv. 2011, 23:15

En fait, ce n'est pas Dieu "qui nous soumet à la tentation" ; on devrait dire l'ancienne version "ne nous fait pas succomber..."

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Re: A propos du Pater...

Message non lu par PaxetBonum » lun. 10 janv. 2011, 9:33

Dieu ne nous " fait pas succomber non plus"
Il peut éventuellement nous 'laisser' succomber

L'ancienne traduction était la plus juste : 'Ne nous laissez pas succomber à la tentation"
C'est une demande de secours dans les épreuves

De même la traduction 'Donnez nous aujourd'hui notre pain de ce jour', n'est pas conforme
il fut dire 'Donnez nous aujourd'hui notre pain quotidien' ou de 'chaque jour'
La demande est pour chaque jour pas uniquement un jour, montrant notre perpétuelle dépendance vis à vis de Dieu
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