A propos du Notre Père et "ne nos inducas in tentationem"

« Ceci est mon corps, qui est livré pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. » (Lc 22.19)
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Christophe
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A propos du Notre Père et "ne nos inducas in tentationem"

Message non lu par Christophe » lun. 31 mai 2004, 14:22

Notre Père

Notre Père, qui êtes aux cieux,
que votre nom soit sanctifié ;
que votre règne arrive ;
que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien ;
pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons
à ceux qui nous ont offensés ;
et ne nous laissez pas succomber à la tentation ;
mais délivrez-nous du mal.
Ainsi soit-il.



Pater Noster


Pater noster, qui es in caelis.
Sanctificétur nomen tuum.
Advéniat regnum tuum.
Fiat volùntas tua sicut in coelo et in terra.
Panem nostrum quotidiànum da nobis hòdie.
Et dimìtte nobis débita nostra, sieut et nos
dimìttimus debitòribus nostris.
Et ne nos indùcas in tentatiònem.
Sed lìbera nos a malo.
Amen.
Dernière modification par Christophe le dim. 13 juin 2004, 22:11, modifié 4 fois.

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Hubert
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Réciter le Notre Père

Message non lu par Hubert » ven. 24 déc. 2004, 18:14

Chers amis,

Je suis nouvel adhérent sur votre excellent site et j'ai à coeur de vous faire partager une réflexion concernant notre coeur à coeur avec Dieu le Père.

Notre Seigneur Jésus-Christ nous a appris à prier le Père et nous a offert le "PATER NOSTER"

Si on y met toute notre attention, quelle que soit la circonstance pour laquelle nous récitons cette prière, elle s'adapte à toutes les circonstances de notre vie, de nos pensées, de nos tristesse ou de nos joies.

Il suffit pour s'en rendre compte de le dire lentement, de bien comprendre ce que l'on vient d'énoncer, il n'y a pas de texte plus parfait que celui-ci.

Aussi, faisons trés attention, lorsque nous le récitons, à la phrase qui frise le blasphème :" ne nous soumets pas à la tentation".

Il n'y a qu'un être qui soumette à la tentation, c'est Satan!

La traduction de cette phrase dans la prière enseignée par Jésus-Christ en Français est : "ne permets pas que nous nous laissions induire en tentation" ou "ne nous laisse pas succomber à la tentation ( de Satan).

Réciter le "NOTRE PERE" comme les traducteurs nous l'ont pratiquement imposé aprés le concile de Vatican II, revient à rejoindre les protestants qui comme l'intitulé de leur religion l'indique, protestent contre la révélation de Notre Seigneur et il le matérialisent entre autres par leur "notre père" blasphèmatoire.

Ne disons pas n'importe quoi au Père, nous le blessons (sans le savoir sans doute!) et si Jésus a été si précis, ce n'est surement pas pour être une nouvelle fois trahi.

Merci à tous ceux qui auront accepté de prendre connaissance de ma reflexion.

Joyeux NOËL à tous


Hubert
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Christian
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Réciter le Notre Père

Message non lu par Christian » sam. 25 déc. 2004, 19:57

Bonjour Hubert,
La traduction de cette phrase dans la prière enseignée par Jésus-Christ en Français est : "ne permets pas que nous nous laissions induire en tentation" ou "ne nous laisse pas succomber à la tentation ( de Satan).
Si vous aviez traduit ainsi l’original latin, votre professeur vous aurait mis une mauvaise note. Il aurait eu raison. ‘Inducere’ veut bien dire tenter, entraîner, séduire, induire en erreur…

Je me suis longtemps interrogé sur cette ‘fourberie’ divine. Est-ce un test que Dieu nous ferait passer, une mise à l’épreuve, dont nous devrions demander qu’elle nous soit épargnée ? L’idée que Dieu nous incite au mal contredit tout ce que nous savons de Lui, vous avez raison, mais c’est le Sauveur lui-même qui place cette idée au sein même de la prière qu’Il nous a apprise.

Perturbant…

Tous les théologiens se sont gratté l’occiput à ce propos, paraît-il. Je n’en sais pas plus qu’eux. S’il s’agit d’une erreur de traduction (explication facile de tous les versets épineux de la Bible et du Coran), elle ne vient évidemment pas du passage du latin au français, ni même, ce qui est plus troublant, de l’original grec au latin, mais résulterait plutôt d’un hébraïsme contenu dans l’original grec et qu’il faudrait restituer dans les traductions.
C’est l’explication que j’ai trouvée sur http://users.mmic.net/maranatha/Traduct ... iaire.html

[ Je vous indique un autre lien sur le même site et sur le même sujet. Plus complet, il présente toutes les pièces du dossier : http://users.mmic.net/maranatha/pater.html | Cordialement, Christophe ]

Cordialement
Christian

Jean-Pierre DALIBOT
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NOTRE PERE

Message non lu par Jean-Pierre DALIBOT » dim. 26 déc. 2004, 9:06

[font=Arial]Notre Père[/font]



Ne dis pas: Notre,
si tu vis enfermé dans ton égoïsme.
Ne dis pas: Père
si tu ne te conduis pas en fils.
Ne dis pas: qui est aux cieux,
si tu ne penses qu'aux choses de la terre.
Ne dis pas: que ton nom soit sanctifié,
si tu penses qu'à ta propre gloire.
Ne dis pas: que ton règne vienne,
si tu le confonds avec le succès matériel.
Ne dis pas: que ta volonté soit faite,
si tu ne l'acceptes pas quand elle te déplait.
Ne dis pas: Donne-nous notre pain de ce jour,
si tu ne te préoccupes pas des nécessiteux.
Ne dis pas: pardonne-nous nos dettes,
si tu gardes rancune envers ton frère.
Ne dis pas: délivre-nous du mal,
si tu ne t'engages pas résolument pour le bien.
Ne dis pas: Ainsi soit-il,
si tu ne prends pas au sérieux
les paroles du Notre Père.

mandonnaud
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Message non lu par mandonnaud » mar. 28 déc. 2004, 11:11

St François de Sales dans le Traité de l'amour de Dieu, nous fait comprendre que Dieu permet au démon, qui doute de nos engagements, de venir nous tenter, mais durant la tentation Jésus est dans notre coeur pour nous aider dans notre choix de résistance si on le prie, c'est une épreuve pour tout justice par rapport à ceux qui choisissent le mal et qui sont tentés vers le bien par des grâces qui repouse.
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Re: Réciter Le Notre Père

Message non lu par françois de Québec » sam. 08 janv. 2005, 14:55

Hubert a écrit :Notre Seigneur Jésus-Christ nous a appris à prier le Père et nous a offert le "PATER NOSTER"

Si on y met toute notre attention, quelle que soit la circonstance pour laquelle nous récitons cette prière, elle s'adapte à toutes les circonstances de notre vie, de nos pensées, de nos tristesse ou de nos joies.

Il suffit pour s'en rendre compte de le dire lentement, de bien comprendre ce que l'on vient d'énoncer, il n'y a pas de texte plus parfait que celui-ci.
bonjour,

Je suis entièrement en accord avec ce qui précède.

Notre but, en tant que Chrétients devrait être avant toute autre chose, de suivre les enseignements de Christ (dont la clé est l'AMOUR).

Et cette prière est l'un de Ses enseignements les plus clairs et précis.

Et si le texte de cette prière est "parfait", il est aussi "COMPLET" !

Quand au verbe soumettre, ce terme en français a plusieures acceptions dont : "ramener à l'obéissance".

Donc, pour moi, "ne nous soumets pas à la tentation" signifie : "ne nous ramène pas à l'obéissance de la tentation", en d'autres termes "ne nous laisse pas tenté".

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Gerson
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Sur le Notre Père

Message non lu par Gerson » ven. 11 févr. 2005, 15:39

Comme Hubert, je suis nouveau sur le Forum. Je vous salue donc tous bien bas.

La question qu'il pose est importante puisqu'elle concerne, en effet, une expression privilégiée de notre rapport à Dieu, telle qu'elle a été dite par le Christ lui-même. Il est donc important de connaître son sens.

La critique porte sur la traduction moderne, Ne nous soumets pas à la tentation, qui serait blasphématoire. Il est vrai que, prise comme telle, elle prête à équivoque dans la mesure où elle induit cette question, bien inopportune pour celui qui prie : Dieu me porte t-il au mal ?

Pour cette raison, d'aucuns préfèrent les traductions anciennes, latine ou française. La préférence pour le latin me paraît peu éclairée si l'on considère que le et ne nos inducas in tentationem n'est guère éloigné du ne nous soumets pas de la version moderne. Quant à la version française ancienne, qui dit Et ne nous laissez pas succomber à la tentation, force est de constater qu'elle n'est pas fidèle au texte latin qui sert pourtant de référence.

En réalité, la clé de la question n'est pas dans le verbe utilisé [ne nous laisse pas, ne nous induits pas, ne nous soumets pas] que dans le substantif qui le suit : qu'est-ce que la tentation ? C'est le texte grec original qui permet de répondre. Tenter, ce n'est pas exposer au péché, ni, a fortiori y faire plonger, c'est mettre à l'épreuve.

La traduction latine classique, à cette lumière, n'est guère éloignée de la version française moderne : il s'agit de demander à Dieu de nous épargner l'épreuve, par défiance à l'égard de notre faiblesse. La prière du Pater, ici, a pour objet non pas de nous éviter de rencontrer jamais de telles difficultés, mais de nous apprendre notre fragilité devant elle.

Curieusement, l'ancienne traduction française du Pater, quoi qu'éloignée de la lettre de l'original grec, vient ici rejoindre son intention, comme celle de la traduction française nouvelle : le ne nous laissez pas succomber à... exprime bien cette crainte que doit inspirer l'humilité devant l'épreuve.

Le regret, à mon sens, que l'on peut exprimer, ici comme en bien d'autres traductions, c'est que les traducteurs n'aient pas eu l'intelligence de puiser dans le génie de notre langue de quoi exprimer ces deux aspects de la prière de Jésus, ce qui eut écarté au texte des ambiguïtés inutiles et épargné aux fidèles bien des tourments.

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Message non lu par Gerson » ven. 11 févr. 2005, 16:52

Charles,

merci pour votre message et les belles citations que vous présentez, qui ont le mérite de ramener l'intelligibilité du texte à son destinataire : le Père, et à sa conduite miséricordieuse.

Le Christ n'enseigne rien qu'il ne fasse. Le texte du Pater doit aussi être rapporté à cet épisode majeur de l'Evangile où le Sauveur est conduit au désert par l'Esprit-Saint “pour y être tenté”. Il n'y avait évidemment en lui nulle propension au mal par laquelle il put être sujet à la chute. Pourtant, il ne fait aucun doute qu'on puisse et qu'on doive dire que sa sainte humanité a été “soumise à l'épreuve” ou “inducta in tentationem”. Cette épisode manifeste le sens de la proposition du Pater comme il éclaire les limites à la fois des traductions proposées [ou imposées]... et de leurs critiques !

In Xto

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Re: Sur le Notre Père

Message non lu par Hubert » ven. 25 févr. 2005, 22:30

Gerson a écrit :Le regret, à mon sens, que l'on peut exprimer, ici comme en bien d'autres traductions, c'est que les traducteurs n'aient pas eu l'intelligence de puiser dans le génie de notre langue de quoi exprimer ces deux aspects de la prière de Jésus, ce qui eut écarté au texte des ambiguïtés inutiles et épargné aux fidèles bien des tourments.
Bonjour Gerson, je suis entièrement d'accord avec votre dernier alinéa, le malheur, c'est que les traducteurs peuvent être considérés dans une situation trés ambigüe au regard de ce que les chrétiens sont en droit d'attendre pour les éclairer dans leur discours coeur à coeur avec DIEU.
Au revoir et à bientôt sur le site, j'espère.
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Et ne nos inducas in tentationem

Message non lu par jean_droit » jeu. 23 août 2007, 8:23

Bonjour à tous,
On m'a fait remarquer récemment que la traduction utilisée actuellement :
"Et ne nous soumets pas à la tentation"
N'est pas des plus heureuses.
La traduction ancienne :
"Et ne nous laissez pas succomber à la tentation"
Semble, peut être, plus compréhensible ...
Quoique ....
Surtout que toutes les bibles que j'ai parlent de soumission.
Votre avis ?

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Re: Et ne nos inducas in tentationem

Message non lu par marchenoir » jeu. 23 août 2007, 12:24

jean_droit a écrit :Merci Christophe,
J'ai lu tous les documents cités.
Ma femme a décidé de prendre l'ancienne formulation.
Pour ma part je ne suis pas trop pointilleux.
Bonjour jean_droit,

Pour ma part, je récite celui que mes parents m'ont appris : "et ne nous soumets pas à la tentation...". Ceci étant, je ne dis pas que toutes les traductions se valent, mais du moment qu'elles sont proposées par l'Eglise elles sont toutes agréables à Dieu.

Le problème se pose surtout, à mon sens, lorsqu'on se trouve à plusieurs à réciter le Pater. Dans une assemblée où chacun récite sa version, l'effet Babel est des plus déplorable. Petite anecdote véridique : à l'armée nous nous réunissions à quelques uns pour réciter le chapelet. Il y avait dans la petite bande un tradi de chez tradi-grave et un séminariste Légionnaire du Christ. Le premier refusait de prendre la version-empoisonnée-qui-pue-l'hérésie-que-le premier-que-je-l'entends-réciter-j'lui-fous-l'feu, le second ne voulait pas prendre la version tradie, un peu pour lui mettre les nerfs. Bref, après discussion façon apôtres (c'est qui le plus grand), nous décidâmes de le réciter en latin. Pareil pour le Credo. Franchement, j'ai trouvé tout cela pitoyable. Maintenant, je me dis que c'est bien humain et qu'il valait encore mieux ça que rien, mais bon...

Depuis, je suis comme vous, cher jean_droit, pas trop pointilleux, et j'abdique volontiers en faveur de la version à l'honneur dans le lieu où je me trouve. La morale étant qu'il vaudrait peut-être mieux le réciter en latin.

Bien à vous.

Marchenoir.
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Re: Et ne nos inducas in tentationem

Message non lu par François-Xavier » jeu. 23 août 2007, 13:44

Marchenoir a écrit :La morale étant qu'il vaudrait peut-être mieux le réciter en latin.
Je suis bien d'accord avec vous. Il ne faut pas seulement voir le latin comme une forme "un peu surrannée" d'exprimer la prière ; c'est aussi un excellent instrument de communion, au delà des "sensibilités", des nationalités et des modes.
Sur ces questions de traductions, on consultera l'excellent commentaire du Pater dans le Jésus de Nazareth de Benoît XVI.
Il paraît que le Cardinal Barabarin vient également de faire paraître un livre à ce sujet.

Je pense également que c'est dans ce rôle particulier d'instrument de communion qu'il faut interpréter le passage de Sacramentum Caritatis qui concerne le latin. Au delà des idéologies et de "l'esprit de parti." Le latin n'est pas l'apanage des seuls "tradis".
Dernière modification par François-Xavier le jeu. 23 août 2007, 15:37, modifié 1 fois.

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Re: Et ne nos inducas in tentationem

Message non lu par marchenoir » jeu. 23 août 2007, 14:12

D'ailleurs, et pour aller dans votre sens, cher François-Xavier, il me semble qu'aux JMJ de 1997 à Paris, devant un début de cacophonie lamentable, le Saint Père avait entonné d'autorité : "Pater Noster, qui es in coelis...". Quelqu'un a-t-il le même souvenir que moi ? ou bien était-ce lors d'un autre rassemblement ? En tout cas, ça avait bien calmé tout le monde et il n'y eut cette fois aucun cafouillage dans le texte.
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Re: Et ne nos inducas in tentationem

Message non lu par François-Xavier » jeu. 23 août 2007, 16:32

Je ne sais pas pour le Pater des JMJ, mais je sais que pour une autre traduction "adaptation" française, il y a effectivement eu une "reprise" par le pape. Au Credo, en entendant "de même nature que le Père", il a corrigé en disant "consubstantiel au Père", pour coller au texte latin "consubstantialem Patri".
Ce n'est pas que "de même nature que le Père" est faux... Mais dire "consubstantiel" va beaucoup plus loin : pour faire un parallèle et toutes choses égales par ailleurs (!) je peux être de la même nature (humaine) que mon voisin de pallier. Je ne partage cependant pas avec lui ma substance.

Sur Jean-Paul II et le Pater, je me souviens en tout cas de l'audience privée que nous avions eu, nous, Guides & Scouts d'Europe lors de l'Eurojam. Il avait commencé la rencontre en disant : "nous allons prier ensemble, je pense que vous, Scouts d'Europe, vous savez encore le latin : "Pater noster..."... Inutile de dire que ça a jeté un "certain" froid. Il n'y avait pas grand monde (même chez les Scouts d'Europe !) qui connaissait le Pater en latin. C'est triste, je trouve.

On peut analyser la cause de cela ; c'est assez simple à comprendre, je crois. Ceux qui ont "tiré" les premiers, à n'en pas douter, ce sont les progressistes des années 1950, qui ont commencé les "messes dialoguées" en français dès avant le Concile, le tout au nom du mouvement liturgique ou plutôt de son dévoiement belgico-allemand teinté de marxisme dans l'après guerre. Ce fut aussi l'obsession de certains clercs de vouloir oublier ou faire oublier tout sens sacré (d'où le massacre dans les années 1970 du mobilier de choeur, des bancs de communion, mais aussi et surtout du chant grégorien et de la langue latine pour la prière).

A cette polarisation excessive en a répondu une autre : celle du mouvement rattaché à Mgr Lefebvre, qui a mis cette catastrophe liturgique sur le dos du Concile Vatican II, alors que Vatican II lui même n'a rien demandé de tel. Lorsqu'on voit les textes officiels du magistère, on a au contraire très clairement le signe de la volonté de voir la messe en langue latine, le chant grégorien et même la célébration ad orientem maintenue.

Cela arrange bien d'ailleurs un certain nombre de "tradis", même aujourd'hui, de voir les catholiques "conciliaires" ou réputés tels se vautrer dans l'abus liturgique (au pire) ou dans les fautes de goût (au mieux). Car cela renforce leur discours et crédibilise leur combat (dont d'ailleurs toutes les idées ne sont pas fausses, loin s'en faut). On a ainsi un commun accord entre les branches les plus ultra des "tradis" et des "progressistes" sur l'interprétation à donner à certains textes, soit de Rome, soit de l'épiscopat français : on regardera ainsi avec intérêt l'article (toujours) polémique de Madiran dans Présent (ci dessous), qui nous explique qu'en fin de compte, l'ordonnance de l'épiscopat français du 12 novembre 1969 interdisait par exemple complètement le latin à la Messe (y compris avec l'ordo de Paul VI). C'est évidemment n'importe quoi. La seule chose que ce monsieur cherche à faire, c'est de polariser au maximum des deux formes du rite romain, afin de faire croire que sa "sensibilité" est la seule traditionnelle, la forme ordinaire du rite romain ne pouvant l'être... Il annonce d'ailleurs son programme à la fin de l'article. Non content de sa "victoire" du 7 juillet 2007 - le motu proprio Summorum Pontificum - il souhaite exploiter la brêche en faisant condamner la "nouvelle messe". Mais pour qui donc se prend il ? Il faudrait d'ailleurs revenir sur cette notion de "forme ordinaire". D'autres personnes (ou plutôt les mêmes, en fait) par exemple prétendent que l'ordo de Paul VI avait pour but de supprimmer à la fois le latin et la célébration dos au peuple.

Résultat des courses, de polarisations en polémiques, d'enchérissements en disputes, et de prises d'assaut d'églises paroissiales en condamnations, il est politiquement incorrect aujourd'hui de prétendre prier en latin... A part à Taizé.

Mais à qui profite le crime ? Aux tradis ? En se faisant petit à petit "propriétaires" d'une expression de la prière qui les réduit à un microcosme souvent teinté d'idéologie et d'enfermement politico-sociologique ?
Aux progressistes ? En se coupant tellement de la puslation de la prière de l'Eglise qu'ils réduisent leurs "liturgies" à des autocélébrations ternes (dans le meilleur des cas) ou gluantes (dans le pire scénario) ?

Pas à l'Eglise, en tout cas, qui s'est vue amputée dans un certain nombre de pays de la langue commune du rite romain, pour des raisons qui sont toutes plus mauvaises les unes que les autres. Toutes les grandes religions ont leur langue sacrée. Les Juifs ont l'Hébreu, les Musulmans l'Arabe, les Hindous le Sanscrit, etc... Il est assez naturel de prier, c'est à dire de s'adresser à Dieu, en n'utilisant pas la langue de tous les jours, tout comme on n'utilise (normalement !) pas à la messe une vaisselle commune (un calice, ce n'est pas un verre - même en cristal -, et une patène, ce n'est pas une assiette - même en porcelaine de Limoges). Question de manifestation de la transcendance. Même le Christ procédait ainsi : "Eli, eli, lemma sabaktani !". Et il n'a pas été compris des auditeurs. Peu importe... Il ne s'adressait pas à eux. C'est pourquoi je ne suis pas d'accord avec la thèse de certains "tradis" qui disent : "la messe de S. Pie V en Français, oui. La Messe de Paul VI en Latin, non." Cela jette une suspicion plus que désagréable sur la messe que célèbre le souverain pontife lui même... Et cela décrédibilise la fonction liturgique et universelle du latin. Ce sont d'ailleurs les mêmes "tradis" ou "progressistes" qui ne voient pas forcément de différences notables entre une messe de S. Pie V et une messe de Paul VI en latin dos au peuple.... Dans les deux cas, pour ces gens, la messe ordo 2002 en latin, c'est condamnable. Tradis et progros d'accord sur les questions de liturgie... On croit rêver. Bref, je me méfie de l'opinion de gens qui tirent des arguments éculés de l'éditorial d'un "quotidien ayant le sens de la conjugaison" pour s'y conformer immédiatement, de façon totalement grégaire... Pour sortir de la crise liturgique, il va pourtant falloir commencer par penser par soi-même.

On pourrait ainsi tout simplement imaginer de pouvoir sans idéologie aucune, comme le demande Sacramentum Caritatis, utiliser largement le latin à la Messe, et la "forme catholique" de la liturgie romaine (c'est à dire orientation, ornements, encens, clochette soutanes etc), sans aucun état d'âme ni a priori. Tout simplement faire ce que demande le pape. Faire comme lui, dans sa chapelle privée, tous les matins, toujours "dos au peuple", le plus souvent en latin, et de façon systématique avec l'ordo de 2002.

Il faudrait pour cela "couper le sifflet" à tous ceux qui souhaitent l'empêcher. Et curieusement, comme démontré ci dessous, ce n'est pas toujours ceux qu'on croit qui y sont opposés...

Donc, commençons par le Pater. Et ne nos inducas in tentationem... Qui ne le connaît pas par coeur, sur le forum ?
Jean Madiran, Présent a écrit :Quelques distinctions et nuances utiles…
… pour nous préparer au 14 septembre 2007


Pendant 38 ans, des réfractaires, prêtres et laïcs, ont gardé vivante une messe interdite depuis 1969 par la hiérarchie ecclésiastique.

Les réfractaires ont soutenu deux contestations, soit séparées soit conjointes, mais qu’il importe de distinguer pour ne pas confondre, si l’on veut comprendre où nous allons.

Quand Paul VI promulgue sa messe nouvelle, le 3 avril 1969, il n’apparaît pas clairement, tout d’abord, si elle est destinée à cohabiter avec la messe traditionnelle ou bien à la supprimer. Cela restera une question discutée, et incertaine, jusqu’en novembre.

Si bien que la contestation qui a été chronologiquement la première est celle qui critique publiquement la structure, les formules et l’esprit de la messe nouvelle. Ce fut principalement le Bref examen présenté à Paul VI par les cardinaux Ottaviani et Bacci, estimant que cette messe « s‘éloigne de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique » ; et ce fut la Déclaration du P. Calmel, assurant que ce nouveau missel, tel qu’il était rédigé, allait ouvrir les portes à une liturgie évolutive, dont la prolifération permanente deviendrait très rapidement incontrôlable.

Cette première contestation fut en outre accompagnée, suivie, développée par plusieurs travaux et ouvrages de laïcs, dont le livre de Louis Salleron intitulé La nouvelle messe.

Le 12 novembre 1969, une ordonnance de l‘épiscopat français, devançant et aggravant les décisions pontificales, rendait obligatoire, et obligatoirement en langue française, à partir du 1er janvier 1970, la messe nouvelle de Paul VI.

Une telle obligation impliquait donc l’interdiction non seulement de la messe traditionnelle, mais de tout latin liturgique.

Les réfractaires y répondirent par une seconde contestation, déclarant qu’un tel interdit était illégitime, juridiquement et moralement inexistant.

A partir de 1978, l’hostilité destructrice commença imperceptiblement à diminuer. La volonté d’interdire devenait peu à peu moins unanime dans la hiérarchie ecclésiastique. Ici ou là, la messe « ancienne » bénéficiait de quelques tolérances, voire de quelques autorisations. Mais c‘était le régime de l’autorisation préalable. Même largement accordée, ce qui fut rarement le cas, l’autorisation n‘était qu’une dérogation particulière ; elle impliquait le maintien en vigueur de l’interdiction.

C’est pourquoi cette seconde contestation a été prolongée et réitérée jusqu’au 7 juillet 2007.

Contester l’interdit relevait du sens commun. La coutume a force de loi. Elle ne peut être corrigée que dans ses exagérations, dérives ou pollutions éventuelles. Elle ne peut être supprimée que si elle est entièrement ou globalement mauvaise : hypothèse insoutenable pour la messe célébrée pendant des siècles et des siècles par les saints, par les papes, par les docteurs, par les confesseurs. Pourtant la volonté personnelle de Paul VI a bien été de la supprimer. Il serait à la fois imprudent et injuste de vouloir le dissimuler. Dans son allocution consistoriale du 24 mai 1976, il avait clairement précisé que la messe traditionnelle n‘était plus permise qu’« aux prêtres âgés ou malades célébrant sans assistance de fidèles », et que le nouveau missel avait été « promulgué pour prendre la place de l’ancien » ; à quoi il exigeait « une prompte soumission au nom de l’autorité suprême qui nous vient du Christ ». C'était un abus de pouvoir. Cette interdiction a vécu. Reste l’autre contestation, portant sur la nouvelle messe en elle-même. A demain.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6405 de Présent, du Jeudi 23 août 2007, p.1
Dernière modification par François-Xavier le jeu. 23 août 2007, 20:42, modifié 1 fois.

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Re: Et ne nos inducas in tentationem

Message non lu par marchenoir » jeu. 23 août 2007, 19:17

Cher François-Xavier,

bravo pour votre message. Je le signe des deux mains.

Cordialement,

Marchenoir.
Il n'y a qu'une tristesse, c'est de n'être pas des saints (Léon Bloy, La Femme Pauvre)

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