Messe des familles

« Ceci est mon corps, qui est livré pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. » (Lc 22.19)
Règles du forum
Forum de discussions entre chrétiens sur les questions liturgiques
Avatar de l’utilisateur
Suliko
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 3154
Inscription : ven. 07 janv. 2011, 22:02

Messe des familles

Message non lu par Suliko » sam. 02 nov. 2013, 11:15

Bonjour,

J'aimerais savoir d'où viennent ces messes dites "des familles" qui sont régulièrement célébrées dans plusieurs paroisses. Est-ce un usage antique remis au goût du jour ou une nouveauté au même titre que les innovations liturgiques des années 60-70?
Quel est le but de ces messes particulières?

Je vous remercie,

Suliko
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

Peccator
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 2230
Inscription : mar. 10 sept. 2013, 21:38
Localisation : Près de Paris

Re: Messe des familles

Message non lu par Peccator » sam. 02 nov. 2013, 11:25

Je pense que c'est une fausse bonne idée des années 70-80, mais je serai ravi de découvrir que c'était un usage antique. J'ai du mal à y croire : ça ne colle pas trop avec l'esprit des liturgies anciennes.

L'idée part du principe que beaucoup de parents inscrivent leurs enfants au caté, mais ne viennent pas à la messe. Ces messes sont initialement surtout à destination des enfants, préparées avec eux et souvent animées avec eux. Et tant qu'on y est on invite les parents à venir ce jour-là, dans l'espoir qu'ils reviennent un peu plus souvent à la messe.

Ce pourrait être une bonne idée s'il y avait un réel effort d'aller vers eux avant et après la messe, pour qu'ils se sentent accueillis dans la communauté et aient envie d'en faire partie de manière plus active. En pratique, c'est rarement le cas, malheureusement.


Cet été, j'ai revu ma position au sujet des messes des familles, et les accepte aujourd'hui un peu mieux : j'étais chez des amis qui ne sont pas croyants, et la mère notamment me semblait franchement hostile à la religion.
Comme le dimanche matin j'allais à la messe, elle m'a demandé de noter les horaires des messes de famille, car elle voulait y emmener ses enfants. Du coup, je me suis dit que si ces messes peuvent amener des gens comme elles à donner à leurs enfants un minimum d'éducation chrétienne, c'est finalement une bonne chose. Même si personnellement, j'ai du mal.
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

Avatar de l’utilisateur
Suliko
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 3154
Inscription : ven. 07 janv. 2011, 22:02

Re: Messe des familles

Message non lu par Suliko » sam. 02 nov. 2013, 20:59

Merci pour votre réponse.
L'idée part du principe que beaucoup de parents inscrivent leurs enfants au caté, mais ne viennent pas à la messe. Ces messes sont initialement surtout à destination des enfants, préparées avec eux et souvent animées avec eux. Et tant qu'on y est on invite les parents à venir ce jour-là, dans l'espoir qu'ils reviennent un peu plus souvent à la messe.
Mais logiquement, les enfants devraient apprendre assez vite au catéchisme que ne pas se sanctifier le dimanche est péché mortel et donc, ils devraient théoriquement demander à leurs parents pourquoi ils n'y vont pas. Suite à quoi les parents, râleurs, devraient retirer leurs enfants du caté soit disant intégriste. Le problème, me semble-t-il, est que le caté n'enseigne pas bien les vérités de foi et les obligations de tout catholique...

Sans aborder le fait que ces messes des familles sont une catastrophe liturgique...
Depuis quelques années, les catholiques parlent beaucoup du renouveau de l'Eglise, de la fin des abus en tout genre,etc...Sincèrement, dans les faits, je ne vois pas grand chose...Beaucoup de paroles pour peu de résultats...J'ai perdu toute confiance dans le clergé contemporain...Me la demander malgré tout est au-dessus de mes forces. :(
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

Peccator
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 2230
Inscription : mar. 10 sept. 2013, 21:38
Localisation : Près de Paris

Re: Messe des familles

Message non lu par Peccator » dim. 03 nov. 2013, 0:40

Suliko a écrit :Mais logiquement, les enfants devraient apprendre assez vite au catéchisme que ne pas se sanctifier le dimanche est péché mortel et donc, ils devraient théoriquement demander à leurs parents pourquoi ils n'y vont pas. Suite à quoi les parents, râleurs, devraient retirer leurs enfants du caté soit disant intégriste.
Le cas le plus courant, c'est quand même que les parents disent simplement de ne pas forcément faire attention à tout ce qui se dit au caté.
Par ailleurs, il faudrait déjà qu'on parle de péché mortel au catéchisme. Je ne sais pas comment on fait le caté actuellement, je ne suis pas catéchiste, mais je suppose qu'on parle simplement de péché, sans entrer dans la distinction mortel/véniel : c'est quand même compliqué (il n'y a qu'à voir tous les adultes sur ce forum qui ont du mal à comprendre), et il me semble plus important de bien éduquer au sens du péché, et laisser ces technicalités pour plus tard, par exemple en aumônerie (quand les enfants sont au collège).
Le problème, me semble-t-il, est que le caté n'enseigne pas bien les vérités de foi et les obligations de tout catholique...
Ne perdez pas de vue que le caté est donné par ces mêmes personnes qui font les messes de familles...

Attention aussi avec le mot "obligation" : on a vite fait de tomber dans le pharisaïsme, qui est la stricte application de la règle en oubliant ce qu'il y a au fond.

Sans aborder le fait que ces messes des familles sont une catastrophe liturgique...
Nous sommes bien d'accord. Et la difficulté est que bien souvent, ces personnes font de la résistance lorsqu'on essaie de les former à la liturgie. Si l'équipe liturgique essaie, ça finit généralement par revenir devant le curé, et si le curé essaie à son tour, les catéchistes font un chantage, expliquant que la liturgie n'est pas adaptée pour les enfants, et que si on ne veut pas le comprendre, alors elles arrêtent de faire le caté.
Depuis quelques années, les catholiques parlent beaucoup du renouveau de l'Eglise, de la fin des abus en tout genre,etc...Sincèrement, dans les faits, je ne vois pas grand chose...
Ca progresse doucement, mais réellement. Vous avez un niveau d'exigence très haut par rapport à la moyenne, exigence que je considère comme justifiée mais il faut être réaliste : il y a du boulot pour y arriver, et ça va prendre du temps.

Ce matin, c'est moi qui chantait la messe des défunts : plusieurs personnes sont venues me remercier d'avoir chanté la messe en latin (je me suis retenu de leur répondre que lorsque j'anime la messe, je prends presque toujours un ordinaire en latin : ce matin, c'est surtout que pour une fois j'ai pris du grégorien).

Beaucoup de paroles pour peu de résultats...J'ai perdu toute confiance dans le clergé contemporain...Me la demander malgré tout est au-dessus de mes forces. :(
Telles que je vois les choses, le problème n'est pas dans le clergé, mais dans le fait que beaucoup de laïcs veulent imposer au clergé leur manière de voir, et jouent les rapports de force. Il y a eu une réaction à un cléricalisme bien réel (les curés autoritaires qui ne supportent pas qu'un laïc fasse quoique ce soit, j'ai connu), et aujourd'hui nous payons le retour de balancier.
Je vois tous les jours à quel point il est difficile de faire évoluer des laïcs qui pensent pouvoir faire ce qu'ils veulent, qui ne supportent pas qu'on leur rappelle que tout n'est pas possible, qui ne veulent faire aucun effort pour se former, ni respecter un cadre qu'ils n'ont pas choisi d'accepter. Il faut un grand doigté et une infinie douceur pour ne pas tomber très vite dans un rapport de force.
Alors évidemment, quand on a la malchance d'avoir un curé qui n'a pas une grande force spirituelle et dont la formation n'est pas forcément la meilleure, ça n'aide pas. Mais même avec des curés de choc, c'est vraiment difficile.

Plus je travaille sur ma paroisse, et plus j'admire nos prêtres, qui oeuvrent réellement dans des conditions éprouvantes. Du coup, je finis par ne même plus voir tout ce qu'avant je leur reprochais volontiers. Et je découvre avec surprise de grandes qualités chez les prêtres de mon enfance, dont je ne comprenais pas à l'époque certaines façons de faire.
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

salésienne05
Senator
Senator
Messages : 679
Inscription : lun. 06 juin 2011, 19:51
Localisation : Alpes-Maritimes/Hautes-Alpes

Re: Messe des familles

Message non lu par salésienne05 » mar. 24 déc. 2013, 0:05

Suliko,

Je vois une réelle utilité à la messe des familles : les familles vont de temps à autre à la messe, et les enfants du caté préparent cela avec soin. Je suis catéchiste, et avant de parler de péché mortel ou véniel, il faut déjà que les enfants croient en Dieu. Or, tous les enfants que j'ai au caté en début d'année n'y croient pas et n'ont souvent même jamais entendu parler de Jésus.
Quand on parle de mariage, on ne parle pas que des "interdits" et des péchés : l'infidélité est un péché parce qu'elle blesse la relation d'amour, or, pour qu'il y ait conscience de la blessure, encore faut-il aimer et signifier ce qu'aimer veut dire. Je ne trompe pas mon mari, non pas parce que Dieu me l'interdit et que c'est un péché mortel, mais parce que j'aime mon mari, que je fais acte de volonté de l'aimer quelles que soient les circonstances de la vie, et que cet amour m'interdit non seulement d'être infidèle en acte, mais même en pensée.

Je vais à la messe parce que j'aime Dieu, parce que je sais par la foi que Dieu ne se communique jamais aussi bien que par l'Eucharistie, et parce que communier me rend membre du Corps du Christ à part entière. Je ne pense alors qu'à mon Bien-Aimé Jésus qui se donne et non à une discipline quelconque. D'ailleurs, actuellement, je travaille trois WE sur 4 et je n'ai aucune messe en semaine : le Seigneur le sait et sait combien je souffre de ne pas pouvoir communier à son Corps. Mon mari n'est pas encore pratiquant (il est de plus en plus croyant, c'est déjà pas si mal), donc je n'impose pas à mes enfants d'aller à la messe. Ils m'accompagnent de plus en plus souvent. Mais quand je n'y vais pas parce que je travaille, ils n'y vont pas non plus.

Donc, mes enfants du caté apprennent d'abord, en grande section de maternelle, qui est Dieu, qui est Jésus, et ce qu'est la vie d'oraison, à grand renfort de visuels carmélitains. Au CP, on travaille l'Evangile de Luc. Au CE1, on reprends les éléments de Grande Section de Maternelle de manière plus complexe, en abordant le péché sous l'angle de la blessure que l'on inflige à Dieu (très carmélitain et salésien en fait). Avec les CE2, j'alterne des séquences de culture chrétienne pure (historique, géographique, ecclésiastique) où les enfants non catéchisés du village sont invités, et des séquences de catéchisme classique.
J'oubliais de vous dire : il n'y a que 2 catéchistes pour tous les enfants du canton, le curé et moi-même.

Suliko, vous n'imaginez même pas l'indifférence même des parents qui inscrivent leurs enfants au catéchisme. Aucun des parents ne croit en Dieu ni en Jésus. D'ailleurs, la vie spirituelle ne les intéresse pas : ce qui semble les intéresser, c'est le nouvel Iphone, la nouvelle marque de vêtements à la mode, les jours fériés passés dans les grands centres commerciaux à 1h30 de routes de montagne de notre village.
Heureusement, lors des messes des familles, notre prêtre sait parfaitement se faire proche des parents et des enfants. Je prépare les enfants, il prépare le reste. Je ne laisse rien au hasard. Nous choisissons des moments liturgiques forts : premier dimanche de l'Avent, Noël, Présentation, Cendres, Rameaux, Pâques, Pentecôte, etc... Notre prêtre fait alors comme notre Pape : il se met à la portée des plus faibles et explique chacun des gestes qu'il fait, au fur et à mesure. C'est une catéchèse d'adultes et d'enfants.

Le plus beau cadeau : à Noël, il y a 4 ans, aucun enfant n'allait à la messe de Noël. Demain soir, ils y seront tous avec leurs parents. Peu importe comment, de quelle manière... Le Seigneur saura faire avec eux. Relisez la conversion de Saint Paul, et de tous les saints convertis d'ailleurs : c'est très éclairant... C'est le Seigneur qui appelle. Il sait comment et pourquoi. Quand Il appelle, c'est pour dire qu'Il aime et qu'Il se donne. La Bonne Nouvelle à annoncer, c'est cela : Jésus est né, a souffert, a donné sa Vie pour que nous ayons la Vie en abondance, et Il est ressuscité, et Il sera avec nous jusqu'à la fin des Temps. Emmanuel : Dieu avec nous. Rien que cela, je suis ivre de joie. C'est cette joie là et cet amour là qui doivent rayonner.

Un autre cadeau, datant de l'année dernière, à la fin de l'année. Une petite fille qui vient au caté m'a confié : "mon papa et ma maman, ils ne croient pas en Jésus mais moi, depuis que je viens au caté et que je connais Jésus, j'y crois". Demain soir, ils seront tous là, même le papa qui est soi-disant contre (le papa est baptisé, confirmé et marié à l'Eglise pourtant).

Voilà ce qu'est la Messe des familles actuellement : une catéchèse douce pour les "périphéries". Et dans les périphéries, nul doute que le Seigneur fera surgir de grands saints.

Fraternellement.

Cécile

Avatar de l’utilisateur
Suliko
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 3154
Inscription : ven. 07 janv. 2011, 22:02

Re: Messe des familles

Message non lu par Suliko » jeu. 16 janv. 2014, 16:43

Bonjour Salésienne,
Je vois une réelle utilité à la messe des familles : les familles vont de temps à autre à la messe, et les enfants du caté préparent cela avec soin.


Mais cela pose un problème de taille: ce ne sont pas aux enfants du caté et à leurs catéchistes de préparer la messe. Tout est dans le missel et il suffit de s'y conformer. Il reste donc peu de place à la créativité, car la liturgie n'a pour but ni d'être créative, ni d'être une sorte de séance de catéchèse.
Je suis catéchiste, et avant de parler de péché mortel ou véniel, il faut déjà que les enfants croient en Dieu. Or, tous les enfants que j'ai au caté en début d'année n'y croient pas et n'ont souvent même jamais entendu parler de Jésus.
Je n'ai pas sous-entendu qu'il fallait parler du péché avant même de parler de Dieu. Mais je dois dire que c'est bien le devoir des parents chrétiens et mariés religieusement de transmettre la foi à leurs enfants: c'est une condition sine qua non pour recevoir le sacrement du mariage. Vous n'avez pas l'impression qu'il y a un gros problème déjà à ce niveau-là? Même vous, vous déclarez ne pas emmener vos enfants à la messe à cause de l'incroyance de votre mari, alors même que cela est contraire aux promesses de mariage. En plus, votre mari, à en croire vos descriptions, me semble être quelqu'un de bien, alors je ne pense vraiment pas qu'il ferait objection à ce que vos enfants aillent à la messe le dimanche. D'autant plus qu'après leur communion, la question va de toute façon se poser...
Quand on parle de mariage, on ne parle pas que des "interdits" et des péchés : l'infidélité est un péché parce qu'elle blesse la relation d'amour, or, pour qu'il y ait conscience de la blessure, encore faut-il aimer et signifier ce qu'aimer veut dire. Je ne trompe pas mon mari, non pas parce que Dieu me l'interdit et que c'est un péché mortel, mais parce que j'aime mon mari, que je fais acte de volonté de l'aimer quelles que soient les circonstances de la vie, et que cet amour m'interdit non seulement d'être infidèle en acte, mais même en pensée.
Je suis bien d'accord avec vous, mais comprenez aussi que tous n'ont pas atteint ce degré de spiritualité et que la conscience du péché et de ses conséquences dans l'au-delà reste pour nous tous un bon moyen de ne pas y succomber. Si je cite le grand Catéchisme de saint Pie X: 971. Quand devons-nous penser aux fins dernières?
Il est bon de penser aux fins dernières chaque jour et particulièrement en faisant sa prière le matin au réveil, le soir avant le repos, et toutes les fois que nous sommes tentés de faire le mal, parce que cette pensée est très efficace pour nous faire éviter le péché.

Donc, mes enfants du caté apprennent d'abord, en grande section de maternelle, qui est Dieu, qui est Jésus, et ce qu'est la vie d'oraison, à grand renfort de visuels carmélitains. Au CP, on travaille l'Evangile de Luc. Au CE1, on reprends les éléments de Grande Section de Maternelle de manière plus complexe, en abordant le péché sous l'angle de la blessure que l'on inflige à Dieu (très carmélitain et salésien en fait). Avec les CE2, j'alterne des séquences de culture chrétienne pure (historique, géographique, ecclésiastique) où les enfants non catéchisés du village sont invités, et des séquences de catéchisme classique.
J'oubliais de vous dire : il n'y a que 2 catéchistes pour tous les enfants du canton, le curé et moi-même.
J'ai un peu souri en lisant ce passage, car je ne suis pas Française et je ne sais jamais à quels âges correspondent le CP, le CE1, etc...Mais bon, je comprends de manière globale ce que vous voulez dire!
En tout cas, c'est très bien que vous vous soyez motivée pour enseigner la catéchèse. N'y aurait-il vraiment que vous pour aider le curé? Je sais bien que la France est très très déchristianisée, mais vous n'êtes tout de même pas la seule adulte pratiquante ayant de bonnes connaissances théologiques pour transmettre la foi?
Suliko, vous n'imaginez même pas l'indifférence même des parents qui inscrivent leurs enfants au catéchisme. Aucun des parents ne croit en Dieu ni en Jésus. D'ailleurs, la vie spirituelle ne les intéresse pas : ce qui semble les intéresser, c'est le nouvel Iphone, la nouvelle marque de vêtements à la mode, les jours fériés passés dans les grands centres commerciaux à 1h30 de routes de montagne de notre village.
Si, si! j'imagine très bien, car nous vivons sur la même planète et que ces gens dont vous parlez, j'en côtoie plein!
Heureusement, lors des messes des familles, notre prêtre sait parfaitement se faire proche des parents et des enfants. Je prépare les enfants, il prépare le reste. Je ne laisse rien au hasard. Nous choisissons des moments liturgiques forts : premier dimanche de l'Avent, Noël, Présentation, Cendres, Rameaux, Pâques, Pentecôte, etc... Notre prêtre fait alors comme notre Pape : il se met à la portée des plus faibles et explique chacun des gestes qu'il fait, au fur et à mesure. C'est une catéchèse d'adultes et d'enfants.
Comme je vous l'écrivais plus haut, je suis heureuse de vous voir impliquée dans la transmission de la foi. Néanmoins, un grand malaise persiste en moi, car une messe n'est pas faite pour ce que vous décrivez. Quand j'assiste à des messes des familles, je me sens très mal à l'aise. Mettez-vous en effet à la place des fidèles qui ne viennent pas voir leurs enfants, mais assister au saint sacrifice: ces animations sont dérangeantes...Par contre, ce qui me viens à l'esprit, c'est que vous pourriez préparer avec votre curé ce genre d'animations dans un cadre différent, et pas pendant la messe. Par exemple, il serait peut-être possible de monter des petits mystères, un peu sur le modèle de ce qui se faisait au Moyen Age. C'est juste une suggestion et je pense que cela pourrait attirer les parents aussi et peut-être même plus qu'une messe. (Et en plus, la question des communions sacrilèges ne se pose plus, car je sais qu'il est parfois délicat d'expliquer cela à des non pratiquants.).
Un autre cadeau, datant de l'année dernière, à la fin de l'année. Une petite fille qui vient au caté m'a confié : "mon papa et ma maman, ils ne croient pas en Jésus mais moi, depuis que je viens au caté et que je connais Jésus, j'y crois". Demain soir, ils seront tous là, même le papa qui est soi-disant contre (le papa est baptisé, confirmé et marié à l'Eglise pourtant).
C'est une chose particulièrement émouvante pour moi que d'entendre les propos des enfants que l'on catéchise, car à cet âge, la transmission de la foi ne pose généralement pas de problème, leurs coeurs sont ouverts et réceptifs aux enseignements et à la prière.
Le problème, c'est que ces enfants dont vous parlez risquent très probablement de perdre la foi à l'adolescence. Je parle d'expérience, car parmi tous les enfants catéchisés avec moi, seuls un ou deux ont toujours la foi et la pratique religieuse régulière qui va avec. Et encore, c'est parce que leurs parents sont croyants et leur ont transmis la religion...
Voilà ce qu'est la Messe des familles actuellement : une catéchèse douce pour les "périphéries". Et dans les périphéries, nul doute que le Seigneur fera surgir de grands saints.
Le problème, c'est que cela fait des décennies que l'on multiplie les manières différentes de catéchiser, mais que les fruits sont absents et que la pratique religieuse ne cesse de décliner. Non seulement je ne vois pas de saints, mais en plus je ne vois même pas de catholiques!
Je ne comprends pas non plus le principe de catéchèse douce. Si ces parents non pratiquants et non croyants dont vous parlez acceptent et décident même de mettre leurs enfants au catéchisme, c'est bien qu'ils en acceptent les conditions, càd la transmission claire de la foi catholique, avec tout ce qu'elle implique de non conformisme au monde contemporain, que ce soit sur le plan des moeurs ou de la foi? Je me trompe peut-être...

Pour finir, veuillez m'excuser si nous sommes souvent en mode "confrontation idéologique" et n'y voyez aucune hostilité personnelle. Je me contente de vous présenter sincèrement ce que je ressens et les quelques réflexions que votre message m'inspire.

Que Dieu vous garde (et votre famille aussi)!

Suliko
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

Peccator
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 2230
Inscription : mar. 10 sept. 2013, 21:38
Localisation : Près de Paris

Re: Messe des familles

Message non lu par Peccator » jeu. 16 janv. 2014, 18:18

Désolé de faire plusieurs messages d'affilée, mais je pense que ce sera plus facile à lire, étant donné qu'il y a des choses très différentes
------

1/ La liturgie et la "messe des familles" (messe d'enfants)

Suliko a écrit :Mais cela pose un problème de taille: ce ne sont pas aux enfants du caté et à leurs catéchistes de préparer la messe. Tout est dans le missel et il suffit de s'y conformer. Il reste donc peu de place à la créativité, car la liturgie n'a pour but ni d'être créative, ni d'être une sorte de séance de catéchèse.
Indépendamment de la question de la messe des familles et de ses modalités, non, tout n'est pas dans le missel. Le missel prévoit explicitement des alternatives, des possibilités de faire autre chose que ce qui est écrit, et même demande des choses qui ne sont pas écrites.


Avant la célébration

On peut commencer bien avant le début de la célébration, avec la décoration florale, qui est bien plus que quelques fleurs pour faire joli, mais qui est une réponse symbolique et esthétique à la Parole. D'ordinaire, c'est une équipe spécialisée qui s'en occupe, mais ce pourrait être fait avec la participation des enfants.



Hier soir, notre évêque expliquait aux équipes liturgiques de notre secteur qu'à chaque messe, il y a toujours au moins une personne qui vient et qui n'a pas mis les pieds dans une église depuis longtemps (à une messe des familles, ce n'est pas une personne, mais des dizaines). Quand ces personnes arrivent à l'église, la personne qui les y accueille est le premier visage qu'elles voient de la paroisse, de l'Eglise, de Jésus. Quel est ce visage que nous voulons leur montrer ? Il ne me semblerait pas idiot du tout de réfléchir là-dessus avec les enfants du catéchisme, et de leur confier l'accueil avant la célébration, un accueil joyeux et simple, un accueil avec un coeur d'enfant.


Entrée

Dans le déroulement de la messe, il va évidemment y avoir la question de la musique et des chants. Evidemment, si vous prenez le missel grégorien et chantez a capella, ça supprime la question. Mais je pense que vous n'allez pas jusqu'à dire que c'est la seule possibilité valable, et de fait le missel prévoit bel et bien qu'on puisse faire autrement. Il va donc falloir se poser la question de ce qui est chanté, et avec quels chants.

Il y a aussi des rites où il y a des options à décider. Notamment pour la préparation pénitentielle. Puisque c'est une célébration qui est tout particulièrement prévue pour permettre une meilleure participation des enfants, il faut trouver une manière de faire cette préparation pénitentielle qui leur soit accessible. Participation des enfants, cela ne veut pas dire agitation ni saynètes ridicules : ça veut dire qu'il faut que eux aussi puisse faire, dans leur coeur, cette préparation pénitentielle. Chanter un kyrie grégorien, il est probable que ça ne les y aidera pas beaucoup. Dans le meilleur des cas, ils se tiendront sagement et un ou deux trouveront la musique belle (je rêve un peu), dans la majorité des cas, ils commenceront à se dissiper, à regarder ailleurs, à jouer entre eux, au lieu de rentrer dans la célébration.

Je ne l'ai pas souvent vu faire, mais je trouve qu'à une messe d'enfant, il serait tout à fait adapté de faire une aspersion, pour faire le lien avec leur baptême, surtout si les enfants ne communient pas encore. Quand on va à la messe, c'est aussi notre baptême qui est actualisé à chaque fois (et pour "les grands", notre confirmation).


Liturgie de la Parole

Il y a le psaume, qu'il ne s'agit pas de remplacer par un chant (à moins que ce ne soit une mise en musique du psaume) ni par un spectacle, mais où on peut réfléchir à la manière de le chanter pour que les enfants se l'approprient (là tout de suite, je n'ai pas masse d'idées, mais je vais y réfléchir).


Il y a l'alleluia, où on pourrait par exemple utiliser un évangéliaire et faire une procession pour montrer explicitement l'importance de l'Evangile, où l'on va entendre un passage de la vie de celui qui est la Parole de Dieu. On peut sûrement imaginer bien des choses encore.

Une idée, comme ça : "laissez venir à moi les petits enfants". Si l'espace le permet, pourquoi ne pas les faire tous venir s'asseoir au pied de l'ambon, pour la proclamation de l'évangile, comme autrefois les disciples venaient s'asseoir au pied du maître pour l'écouter ? Evidemment, si on veut que ça se fasse de manière digne, il faut avoir préparé... Ce pourrait être par exemple en une procession en chantant l'alleluia.


Il y a la question de l'homélie, qui ne peut pas se faire sans le prêtre évidemment, mais où on peut adopter d'autres modalités qu'un discours en chaire. C'est quand même plus facile pour le prêtre si ça a été préparé à l'avance avec lui et avec les enfants que si on lui confie la troupe et débrouille toi avec...

Il y a la prière universelle, qui se prête tout particulièrement à la participation des enfants, et où le minimum serait quand même de leur faire proposer des intentions. Il serait étonnant qu'ils n'aient pas de camarades autour d'eux ou de circonstances de vie pour qui prier. D'ailleurs, les textes de PU sont presque toujours trop généraux : on confond général et universel. Notre évêque nous disait hier soir qu'il faut partir du particulier pour être universel. Prier "pour les chrétiens persécutés dans le monde", ce n'est pas la même chose que prier "pour le père Vandenbeusch et les autres otages de groupes terroristes".


Liturgie eucharistique

Il y a l'offertoire, où ce peut être une occasion de faire une belle procession des offrandes.

Il y a l'intercession pour les défunts, où les enfants pourraient proposer des défunts de leur famille pour qui ils souhaitent prier. Entendre le nom de leur grand-mère, oncle, et même parfois frère ou soeur, prononcé par le prêtre pendant la consécration, ça leur rendra la messe nettement plus personnelle qu'entendre le nom de quelqu'un qu'ils ne connaissent pas.

Il y a le Notre Père : je n'aime pas cette habitude de faire venir tous les enfants dans le choeur, mais il y a sûrement d'autres possibilités. A la rigueur, je préfère encore qu'on se tienne tous la main, même si je ne suis pas fan non plus).

Il y a le rite de la Paix : on pourrait quand même trouver quelque chose de plus digne que d'avoir tout le monde qui gesticule dans tous les sens, avec des gamins qui courrent partout, où ce grand fatras serait supposé être un "signe de paix". Mais, plutôt que des enfants soldats, envoyer les enfants porter la paix à l'assemblée des fidèles, quel beau signe ! Là encore, il faut avoir préparé la manière de faire, si on veut que ça reste digne...


Envoi

Il y a la sortie : il faut que j'y réfléchisse un peu parce que j'ai un doute, mais ça ne me semblerait pas idiot de placer les enfants dans la procession de sortie, derrière les cierges mais devant le prêtre, signe que eux aussi de par leur baptême sont prêtres, prophètes et rois. (et mine de rien, c'est une occasion de susciter des vocations au service d'autel... et pourquoi pas, au sacerdoce).



Bref, il y a des tas de choses que l'on peut faire dans une messe d'enfants, sans en faire une kermesse, un spectacle, une cour d'école, mais une vraie célébration liturgique, digne, simple et joyeuse. Qui serait aussi une célébration priante pour les adultes, une célébration où ce jour-là, Jésus leur parlerait avec le visage d'un enfant. Pour y arriver, il faut bien l'avoir préparée, y compris avec les enfants.
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

Peccator
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 2230
Inscription : mar. 10 sept. 2013, 21:38
Localisation : Près de Paris

Re: Messe des familles

Message non lu par Peccator » jeu. 16 janv. 2014, 18:19

Néanmoins, un grand malaise persiste en moi, car une messe n'est pas faite pour ce que vous décrivez.
Pour quoi est faite une messe ?

Là, ça tombe bien, j'ai entendu hier soir des explications très claires de notre évêque.

On s'imagine facilement que la messe, ce sont les chrétiens qui s'assemblent pour prier Dieu. C'est une conception erronée.
Déjà, ce ne sont pas les chrétiens qui se rassemblent : c'est Dieu qui les convoque. On ne se retrouve pas en groupe d'amis pour faire un truc ensemble, on répond à l'appel du Seigneur.
Ensuite, qui prie pendant la messe ? Il n'y a qu'un seul priant : Jésus Christ, qui prie le Père dans l'Esprit. Nous, chrétiens, ne prions qu'en tant que nous sommes membres du corps du Christ qu'est l'Eglise.

Et ce qui compte réellement, fondamentalement, pendant la messe, ce n'est pas ce que nous y faisons pour Dieu, mais ce que Dieu y fait pour nous. Après tout, les deux pôles de la messe, c'est la Parole : Dieu qui nous parle, et l'Eucharistie : le sacrifice de l'Agneau pour le rachat de notre péché.

Cela ne signifie pas que nous ne faisons rien pendant la messe, ni que nous pouvons faire n'importe quoi : nous y sommes en tant que serviteurs de Dieu, et nous savons bien que les serviteurs ont du travail, dans la maison du maître ;)

Mais ça relativise un peu ce que nous devons faire.

Quand on fait une messe des familles, c'est que l'on a perçu un besoin de faire une messe plus particulièrement accessible aux enfants, et généralement par la même occasion, aux parents qui n'y vont pas le reste du temps. Pour tous ceux qu'y s'occupent de préparer la liturgie, depuis les personnes qui repassent les corporaux jusqu'à l'organiste, l'idée maîtresse devrait être : comment faciliter les choses pour les enfants, pour que la Parole leur soit plus audible. Un peu comme le fait Eli avec Samuel : Dieu parle à l'enfant, mais l'enfant ne comprend pas que Dieu lui parle. Il faut qu'Eli comprenne, et guide l'enfant pour qu'il soit capable d'entendre. J'insiste, il ne s'agit pas de vouloir faire à la place de Dieu, mais de faire notre travail de serviteur, en l'occurrence préparer le chemin.

Si vous m'avez lu jusqu'ici avec un regard positif, vous aurez probablement perçu que bien des choses peuvent être faites pendant la messe, avec les enfants, pour les enfants et pour tout le monde, sans que ce soient des "animations dérangeantes". Mais pour y arriver, il faut justement beaucoup préparer.


Le grand, grand piège, que je lis un peu partout aujourd'hui, c'est de croire que parce que ce sont des enfants, il faudrait que ce soit "ludique". Les enfants sont parfaitement capables de comprendre que tout n'est pas un jeu (ils ne font pas que jouer dans la journée, quand ils ont 7 ans), et en particulier de comprendre que la messe n'est pas un jeu ni un terrain de jeu.
Mais bon, aujourd'hui, on explique que même pour les adultes, tout doit devenir un jeu (cherchez sur Internet "gamification" : c'est effarant...). Notre société souffre d'un syndrome de Peter Pan généralisé.


Par contre, il faut tenir compte des possibilités réelles des enfants : on ne peut pas leur demander à 6 ans de rester calmes et concentrés sur quelque chose pendant une demi-heure. Heureusement, la messe est une succession de rites relativement brefs, et du coup elle peut très bien être accessible aux enfants.
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

Peccator
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 2230
Inscription : mar. 10 sept. 2013, 21:38
Localisation : Près de Paris

Re: Messe des familles

Message non lu par Peccator » jeu. 16 janv. 2014, 18:20

Mais je dois dire que c'est bien le devoir des parents chrétiens et mariés religieusement de transmettre la foi à leurs enfants: c'est une condition sine qua non pour recevoir le sacrement du mariage. Vous n'avez pas l'impression qu'il y a un gros problème déjà à ce niveau-là?
Il y a un gros problème, mais ce n'est pas le problème du catéchiste. Le problème du catéchiste, c'est de faire avec les enfants tels qu'ils sont, pas de dire aux parents ce qu'ils auraient dû faire depuis longtemps.
D'autant qu'ils vous répondront qu'ils respectent leur engagement, puisque justement ils inscrivent leurs enfants au caté.

En tout cas, c'est très bien que vous vous soyez motivée pour enseigner la catéchèse. N'y aurait-il vraiment que vous pour aider le curé? Je sais bien que la France est très très déchristianisée, mais vous n'êtes tout de même pas la seule adulte pratiquante ayant de bonnes connaissances théologiques pour transmettre la foi?
Suliko, vous ne vous rendez vraiment pas compte de la misère où nous sommes en France. Des chrétiens ayant les connaissances théologiques de Salésienne, c'est rare, beaucoup de paroisses n'en ont pas. Même sans exiger une telle qualification (la catéchèse, ça forme autant les catéchistes que les enfants), pour l'immense majorité des gens, déjà inscrire les enfants au caté, c'est un effort. Personne n'a plus envie de consacrer du temps à faire quoique ce soit, et trouver des catéchistes est difficile partout. 2, ce n'est pas beaucoup, mais sur notre paroisse pourtant très dynamique et où il y a du monde, et sans le problème de la distance puisque tout le monde habite à maximum 15 min à pied, on a du mal à en avoir 1 par tranche d'âge. D'autant qu'il n'y a pas que le caté à assurer sur une paroisse...



Le problème, c'est que cela fait des décennies que l'on multiplie les manières différentes de catéchiser, mais que les fruits sont absents et que la pratique religieuse cesse de décliner.
Certes. Mais ce déclin a commencé avant Vatican II, il a commencé justement à une époque où on catéchisait en apprenant par coeur les questions/réponses. La crise moderniste, c'est début XXe, ce n'est pas d'aujourd'hui (mais nous continuons d'en subir les conséquences...)

Quand bien même vous décideriez d'utiliser le Grand Catéchisme de Pie X, qu'en restera-t-il si, une fois rentrés à la maison, les enfants entendent de leurs parents que tout cela n'est guère important, que ce sont des trucs de curés, qu'il est quand même grand temps que l'Eglise se mette au goût du jour et accepte l'avortement, la contraception et les mariages homo, et que ce dont elle aurait bien besoin, c'est qu'une femme soit Pape. Et même si les parents ne le disent pas ainsi à leurs enfants, ils le disent entre eux devant eux, et surtout, surtout, le montrent concrètement par leurs actes.

Et là, aucun catéchiste ne pourra rien y faire. On ne peut plus compter que sur l'Esprit pour pallier à tous nos manquements...
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

salésienne05
Senator
Senator
Messages : 679
Inscription : lun. 06 juin 2011, 19:51
Localisation : Alpes-Maritimes/Hautes-Alpes

Re: Messe des familles

Message non lu par salésienne05 » jeu. 16 janv. 2014, 18:34

Chère Suliko,

Pourquoi imaginer que "préparer la Messe" signifie "préparer une liturgie différente" ? Quand je dis "préparer la Messe", c'est bien préparer le "déroulement de la Messe". Les chants et tout le tralala, je m'en fiche (ce serait difficile dans la mesure où nous n'avons pas d'orgues, pas de musiciens et que je ne suis pas douée pour faire apprendre des chants débiles aux enfants : j'ai reçu une éducation chrétienne monastique). Préparer, cela veut dire, anticiper les textes que nous aurons en lecture, afin de comprendre qui est qui et qui fait quoi (mes enfants du caté, comme les miens d'ailleurs, ignorent beaucoup de mots qui sont lus), les initier petit à petit au déroulement de la Messe (quand s'asseoir, quand se lever, quand s'agenouiller le cas échéant). L'homélie est adaptée. Quoi que vous en pensiez, les personnes habituées sont ravies de voir des enfants à la Messe (moyenne d'âge lors des célébrations : 60 ans et je dois avoir bien 20 ans d'écart avec la plus jeune après moi). Quoi qu'il en soit, la majorité des vieilles personnes qui vont à la Messe dans nos petits villages de montagne sont des personnes simples, sans prétention, qui parlent au Bon Dieu comme elles vous parleraient (et encore, sans doute seraient-elles plus impressionnées par vous que par le Bon Dieu qui fait partie de leur vie quotidienne). Je suis sûre qu'elles ont tout compris au Seigneur, en y allant de manière simple et franche ("rondement et franchement" comme dirait saint François de Sales). Elles seraient les meilleures catéchistes du monde si elles arrivaient à "tenir" les enfants. Si vous n'intéressez pas ces enfants et que vous n'allez pas "vite", vous êtes un catéchiste mort. Dans d'autres milieux, plus bourgeois, ce serait certainement plus simple mais ici, dans une station de ski où les enfants passent leur temps à surfer ou à skier, les tenir relève déjà du miracle.

Oui, je suis la seule à avoir des connaissances suffisante et une pédagogie suffisante pour initier des enfants déchristianisés aux mystères de la foi. La seule personne qui ait essayé en ayant une vision rigide de la foi, avait un tel mépris pour les parents de ces enfants et un tel mépris pour leur façon d'être que cela ne pouvait pas passer.

Vous semblez associer la foi à la pratique... Certes... Oui, je donne une éducation chrétienne à mes enfants : faire oraison, prier tous les jours, lire les Evangiles, se confier au Seigneur, appliquer "en vrai" la charité (donner aux plus démunis, ne jamais rejeter quiconque, considérer chacun comme enfant aimé de Dieu, ne pas mentir, ne pas voler, partager...). Mon fils, catéchisé, ne croit pas en la présence réelle. Alors, la notion de Sacrifice... Je peux simplement lui dire : "Moi, ta maman, voilà ce que je crois, parce que, un jour, Jésus me l'a fait comprendre, me l'a fait ressentir". Jamais je ne pourrais lui dire : parce que l'Eglise le dit car cela ne serait pas suffisant pour lui. Mes parents ne m'ont pas élevée dans la foi : ils étaient athées et anti cléricaux. C'est Jésus qui m'a appelée. Il a mis sur mon chemin les bonnes personnes au bon moment. Je ne doute pas un seul instant qu'Il continue à le faire. Un jour, j'en suis certaine, l'Eucharistie deviendra pour mon fils aussi vitale que ce qu'elle l'est pour moi. Mais je veux que cela soit un rendez-vous d'amour pour lui et non une obligation. Je les élève chrétiennement mais je n'impose pas : la foi ne s'impose pas, elle est donnée par Dieu et Dieu la transmet comme Il le souhaite, mais toujours dans la plus grande liberté.

Vous savez, mon mari me précèdera au Paradis, car il est baptisé, confirmé, et que, même s'il ne met pas souvent les pieds à la Messe, il vit d'une manière tellement vertueuse qu'aucun de mes amis catholiques pratiquants ne lui arrive à la cheville... Si mes enfants prennent exemple sur leur père, ils deviendront de grands saints. S'ils prennent exemple sur leur mère, tout au mieux, ils pratiqueront et iront à la messe (même tous les jours, mais cela ne les rendra pas forcément saints). S'ils arrivent à concilier les deux : ils seront alors saints et religieux, c'est tout le bonheur que je leur souhaite, mais s'ils ne devaient choisir qu'une seule voie, celle de leur père les mènerait certainement plus vite à la sainteté. Je fais confiance au Seigneur pour le reste.

Peccator
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 2230
Inscription : mar. 10 sept. 2013, 21:38
Localisation : Près de Paris

Re: Messe des familles

Message non lu par Peccator » jeu. 16 janv. 2014, 20:09

Alors là, respect. Merci de ce très beau témoignage.
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

Avatar de l’utilisateur
PaxetBonum
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 9858
Inscription : lun. 21 juin 2010, 19:01

Re: Messe des familles

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 16 janv. 2014, 21:31

Chère Salésienne,

Je comprends vos propos, mais vous oubliez et même contrecarrez systématiquement un mot : l'obéissance.
Obéissance qui découle de l'amour, de la confiance, certes. Mais obéissance même quand cet amour nous semble le moins apparent, voire inexistant.
C'est cela qui forme le saint.
Car la Foi si elle est don de Dieu, n'en est pas moins vivante, se nourrissant de toute parole du Seigneur et de son Eglise.
Ceux qui choisissent les aliments de l'Eglise qu'ils veulent ou pas consommer selon leur petit plaisirs risquent une mort éternelle aussi certaine que ceux qui refuseraient de l'eau à leur corps par fantaisie personnelle…

Pour en revenir au sujet ces 'Messes des familles' cachent trop souvent des célébrations, des animations ludiques sur le thème de la fraternité où Jésus est vaguement invité et où l'on fait tout pour masquer la liturgie de peur qu'elle n'en rebute certains.
Dans votre paroisse il semble que cela se déroule plutôt intelligemment, pour ma part me reste en travers bien des messes des familles dont j'ai souvent même douté de la validité…
Pour comparer c'est comme ces petits livrets pour la messe des enfants : une édition propose pour la forme ordinaire du rite le titre 'La messe des petits' et pour la forme extraordinaire 'Les petits à la messe'… tout est dit.


Image
Image
Pax et Bonum !
"Deus meus et Omnia"
"Prêchez l'Évangile en tout temps et utilisez des mots quand cela est nécessaire"

St François d'Assise

Avatar de l’utilisateur
Jean-Mic
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 4089
Inscription : mar. 07 févr. 2012, 20:17
Localisation : Nevers

Re: Messe des familles

Message non lu par Jean-Mic » jeu. 16 janv. 2014, 21:33

:clap: Merci, chère Salésienne pour ce que vous faites et pour votre témoignage.
Fraternellement
Jean-Mic
Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes. Ils n'ont pas fini de s'amuser !

Avatar de l’utilisateur
Suliko
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 3154
Inscription : ven. 07 janv. 2011, 22:02

Re: Messe des familles

Message non lu par Suliko » jeu. 16 janv. 2014, 22:41

Bonsoir Salésienne,
Préparer, cela veut dire, anticiper les textes que nous aurons en lecture, afin de comprendre qui est qui et qui fait quoi (mes enfants du caté, comme les miens d'ailleurs, ignorent beaucoup de mots qui sont lus), les initier petit à petit au déroulement de la Messe (quand s'asseoir, quand se lever, quand s'agenouiller le cas échéant). L'homélie est adaptée.


Merci pour ces éclaircissements. Vous savez, je me base sur les messes des familles auxquelles j'ai assisté et peut-être est-ce différent chez vous.
Donc, vous ne modifiez pas la liturgie? Il s'agit juste d'expliquer aux enfants les différents moments de la messe? Mais alors pourquoi écrivez-vous que vous préparez la messe?
Si je me remémore les messes des familles que je connais, il y avait plein de petites modifications par rapport aux messes habituelles. Par exemple, les enfants venaient autour du prêtre dans le choeur réciter le Notre Père, ce qui pose quelques problèmes, puisque ce n'est pas un endroit où tout le monde peut circuler. J'aurais d'autres exemples si vous voulez, mais ce que je veux dire, c'est que la liturgie est massacrée...
Quoi que vous en pensiez, les personnes habituées sont ravies de voir des enfants à la Messe (moyenne d'âge lors des célébrations : 60 ans et je dois avoir bien 20 ans d'écart avec la plus jeune après moi).
Je veux bien le croire, qu'elles sont ravies! Mais ce n'est pas le but de la messe. D'ailleurs, ce qui serait plus réjouissant, ce serait que les propres enfants de ces personnes âgées reviennent à l'église.
Quoi qu'il en soit, la majorité des vieilles personnes qui vont à la Messe dans nos petits villages de montagne sont des personnes simples, sans prétention, qui parlent au Bon Dieu comme elles vous parleraient (et encore, sans doute seraient-elles plus impressionnées par vous que par le Bon Dieu qui fait partie de leur vie quotidienne).
Je doute qu'elles seraient impressionnées par moi, car je ne suis en rien intimidante!
Elles seraient les meilleures catéchistes du monde si elles arrivaient à "tenir" les enfants.


Mais leurs enfants, elles les ont bien tenus, non? Alors où sont les résultats en terme de pratique religieuse?
La seule personne qui ait essayé en ayant une vision rigide de la foi, avait un tel mépris pour les parents de ces enfants et un tel mépris pour leur façon d'être que cela ne pouvait pas passer.
J'imagine que vous trouveriez mes méthodes tout autant rigides. Pourtant, vous ne vous êtes jamais demandé si le problème résidait en somme moins dans la rigidité de cette personne que dans l'orgueil de parents qui acceptent de catéchiser leurs enfants mais désirent faire un tri dans l'enseignement de l'Eglise en ne prenant pas ce qui les dérange le plus?
Vous semblez associer la foi à la pratique...
C'est que les deux sont intimement liés!
Mon fils, catéchisé, ne croit pas en la présence réelle. Alors, la notion de Sacrifice... Je peux simplement lui dire : "Moi, ta maman, voilà ce que je crois, parce que, un jour, Jésus me l'a fait comprendre, me l'a fait ressentir". Jamais je ne pourrais lui dire : parce que l'Eglise le dit car cela ne serait pas suffisant pour lui.
Votre fils est-il déjà adolescent? Car en principe, la transmission de la foi aux enfants ne pose pas de problèmes.
Et puis, pourquoi pensez-vous que vous ne pourriez pas lui dire qu'il faut croire en la présence réelle parce que l'Eglise l'enseigne? Pourquoi ce qui aurait marché pour des générations entières de chrétiens ne fonctionnerait-il plus aujourd'hui? C'est tout de même ça le problème...
Mes parents ne m'ont pas élevée dans la foi : ils étaient athées et anti cléricaux. C'est Jésus qui m'a appelée. Il a mis sur mon chemin les bonnes personnes au bon moment. Je ne doute pas un seul instant qu'Il continue à le faire. Un jour, j'en suis certaine, l'Eucharistie deviendra pour mon fils aussi vitale que ce qu'elle l'est pour moi. Mais je veux que cela soit un rendez-vous d'amour pour lui et non une obligation. Je les élève chrétiennement mais je n'impose pas : la foi ne s'impose pas, elle est donnée par Dieu et Dieu la transmet comme Il le souhaite, mais toujours dans la plus grande liberté.
Le Seigneur vous a appelée et vous avez répondu à son appel. J'en suis bien sûre très heureuse, mais combien se damnent parce que leurs parents ne leur ont pas transmis la foi et qu'ils n'ont pas répondu à l'appel de Dieu? C'est la majorité et il ne faut pas l'oublier. La foi se transmet bien mieux lorsque la famille et la société sont chrétiennes.
Et puis, je ne comprends pas pourquoi vous ressentez un tel malaise et un tel rejet envers la notion d'obéissance et de devoir religieux. Est-ce donc si terrible de dire à des enfants catéchisés que la messe dominicale est un devoir? Je ne comprends pas...
Vous savez, mon mari me précèdera au Paradis, car il est baptisé, confirmé, et que, même s'il ne met pas souvent les pieds à la Messe, il vit d'une manière tellement vertueuse qu'aucun de mes amis catholiques pratiquants ne lui arrive à la cheville...
Je vais peut-être vous blesser par ma sincérité, mais je pense que l'amour que vous portez à votre mari vous égare. L'Eglise a toujours enseigné que la foi catholique est nécessaire pour être sauvé. Je pourrais vous citer le Grand Catéchisme, mais je suis sûre que vous connaissez ce texte mieux que moi. Etre bon ne suffit pas, encore faut-il une foi vivante (et donc liée à la pratique religieuse).
Si mes enfants prennent exemple sur leur père, ils deviendront de grands saints.
Non, car pour être saint, il faut être catholique! Vous ne pouvez pas dissocier la sainteté de la pratique religieuse (au sein de l'Eglise).

Bien à vous,

Suliko

Avatar de l’utilisateur
Kerniou
Mater civitatis
Mater civitatis
Messages : 5092
Inscription : mer. 21 oct. 2009, 11:14
Localisation : Bretagne

Re: Messe des familles

Message non lu par Kerniou » ven. 17 janv. 2014, 2:55

Dieu sonde les âmes et reconnaît ceux qui le servent. L'Eglise ne peut prédire du salut, nul ne le connaît. C'est Dieu qui décide qui sera sauvé.
Jésus n'est pas allé le plus souvent vers les juifs les plus pratiquants mais vers les autres. Il ne leur a pas intimé l'ordre de le suivre il leur a donné le choix. Par Sa Parole il a cherché à les toucher pour qu'ils décident de changer, cela n'a rien à voir avec la rigidité qui a prévalu pendant des lustres. La rigidité n'est pas la joie d'avoir la foi. La foi est un cheminement qui progresse avec ses doutes et ses hésitations dans la découverte intérieure de la vérité. Il en est de même avec la pratique religieuse dont, avec le temps, la nécessité se fait sentir.
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 22 invités