Message non lu
par Pneumatis » mar. 27 juil. 2010, 15:19
Bonjour,
J'ai suivi ce fil un peu de loin, et je n'en comprends pas plus l'intérêt au bout de 3 pages qu'au début. Philémon, vous venez exprimer votre malaise sur certaines expression de piété, donc en somme vous nous dites que pour être bien vous avez besoin de certains "codes" et certaines "pratiques", et quand on vous explique que d'autres personnes ont besoin d'autres "codes" ou d'autres "pratiques" (qu'au demeurant ils n'entendent pas vous imposer pour vous-même) vous leur expliquez qu'ils pourraient aisément s'en passer, que c'est du superflu. Il n'y a pas quelque chose d'absurde ?
Les rites et les expressions changent dans le temps sur des choses qu'elle n'aborde pas spécifiquement : elle s'incarne dans les cultures. La Tradition liturgique ne dit pas comment vous devez être coiffé, maquillé, habillé, ce que vous devez porter comme ornement ou pas, avec quelle intonation vocale vous devez prier ou qu'elle vitesse vous devez marcher, ni quel angle doivent faire vos jambes quand vous vous asseyez. Il y a une part qui relève de la culture mise au service de la piété. Et vous le savez, il y a aujourd'hui, en particulier dans nos sociétés, une grande mixité culturelle, du seul fait déjà de l'évolution rapide de la culture d'une génération à l'autre.
Me suis fait engueuler par ma grand mère il y a une dizaine d'année, à peine converti que j'étais, parce que j'allais à la messe sans mettre un veston ! Juste en pull. Ben mince ! A la messe où je vais, certains agenouillent à tel moment et d'autres pas, certains restent au fond de l'église pour bercer leur enfant qui pleure un peu, certains préfèrent se cacher derrière les colonnes et d'autres bien voir ce qu'il se passe, certains préfèrent suivre avec le missel et d'autres pas, certains utilisent beaucoup leur corps, lèvent les mains pendant les moment de louange, d'autres pas. Me suis fait remarquer depuis quelques années maintenant parce que je vais à la messe dans une tenue spéciale, que je dédie au Seigneur : ce que j'appelle ma robe de mariée (ample chemise blanche, sur un ample pantalon blanc en lin, avec des sandales). Je suis un homme, je précise. Et non je n'en ai pas besoin, pas plus qu'on a besoin d'un beau costume ou d'une grande robe blanche pour se marier. C'est écrit nulle part. Mais ce jour-là j'ai rendez-vous avec le Seigneur et j'y vais avec le meilleur de moi-même, pour Lui. Le costume trois pièces ne signifie pas grand choses de plus que la tenue qu'on met pour aller à une soirée ou pour aller vendre des aspirateurs. La tenue dans laquelle je me sens vrai et tout à Dieu, c'est celle-là. Ca doit certainement hérisser le poil de quelques "conservateurs" mais c'est comme ça.
J'aime certaines chapelles, dans les communautés, où il y a de la moquette, parce que je préfère m'assoir par terre que sur des chaises. Je préfère aussi être pieds nus quand c'est possible. Je me sens plus dépouillé et je me sens plus "chez mon Père". Je ne vouvoie pas mon Père car ce n'est pas l'éducation que j'ai reçue et ce n'est pas ma culture. Je lui dis Tu, j'ai le plus profond respect pour Lui et je m'agenouille volontiers jusqu'à terre pour l'adorer et le prier, comme si je posais ma tête sur ses genoux. Je lève volontiers les mains pour chanter sa louange. Quand les chants sont dynamiques, il m'arrive même de "danser" un peu, discrètement, sans pouvoir m'en empêcher, au rythme de la musique. Il m'arrive de sourire à pleine dent et de pleurer à grosses larmes aussi pendant la messe. Et pour ce qui est de retirer ses chaussures, j'avoue m'abstenir par un conformisme que je n'ai pas encore dépassé dans ce cas précis, mais en particulier quand j'avance vers le Seigneur pour recevoir l'eucharistie il ne se passe pas un dimanche sans que résonne en moi cette parole du Seigneur, disant à Moïse dans le buisson ardent : "retire tes sandales car la terre que tu foules est une terre sacrée", et sans que je désire recevoir la communion dans le plus total dépouillement.
Enfin bref, tout ça pour dire que faire Eglise ce n'est pas juste mimer les conventions décidées par quelques uns dans un conformisme absurde. C'est s'aimer les uns les autres, communier avec toutes nos différences, en particulier nos sensibilités différentes. Faire Eglise, cher Philémon, à mon avis c'est commencer par ne pas pointer du doigt ceux qui font différemment de nous en disant que ça nous gêne. Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus s'asseyait volontairement, à chaque office, à côté d'une soeur qui faisait fuir tout le monde à cause du bruit qu'elle faisait en grinçant des dents. La petite Thérèse avait du mal à le supporter, comme tout le monde, et c'est justement pour cela qu'elle venait s'asseoir à cette place chaque fois, pour offrir au Seigneur sa faiblesse de ne pas être encore assez remplie d'amour et de patience pour sa soeur. C'est ça, faire Eglise, d'après moi.
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Auteur : Notre Père, cet inconnu, éd. Grégoriennes, 2013