pierrot2 a écrit : ↑mer. 12 août 2020, 4:45
Bonjour,
Je me demandais pourquoi le caractère indéterminé de l agnosticisme semble se propager au milieu chrétien. Je pense à la conception virginale de Marie, qui curieusement ne fait que rarement débat, y compris sur ce forum. La foi devrait pourtant inspirer des interrogations, une curiosité à partager ou au moins des hypothèses en marge de ce fameux "heureux celui qui croit sans avoir vu", quitte à être la risée de notre monde de science qui ne croit pas sans avoir vu..
Immaculée conception et résurrection les premières..
Pourquoi, selon vous, une telle inhibition?
Quelle curieuse présentation d’un sujet que la vôtre ici, Pierrot2 !
Votre première phrase semble constater une montée de l’agnosticisme au sein même du catholicisme, ce qui serait à déplorer donc, et en chercher la cause.
La seconde présente un exemple qui en fait est un contre-exemple et donc annule la première au lieu de l’illustrer.
La troisième regrette l’absence ou la rareté d’une attitude plus « critique » de la foi, mais cette fois dans le bon sens à promouvoir donc, en y mettant pour limite que cela ne se fasse pas « à la manière du monde » et donc des agnostiques et scientifiques incroyants.
Vous citez ensuite 2 dogmes, l’un déjà cité, L’Immaculée Conception, l’autre de la Résurrection. Et vous dénoncez enfin une sorte d’inhibition préjudiciable à la foi.
Ouf !
Que vous répondre ? Ce à quoi cela m’a fait penser, quand je m’oriente dans le sens que vous souhaitez (car c’est l’attitude chrétienne par excellence, sinon la réponse de Kerygme me semble aussi bonne et pleine de bon sens !)…
Alors voilà : certains dogmes ont été mis à mal ces dernières décennies par, on va dire pour faire plaisir, des résidus de courants modernistes (libéralistes, progressistes, etc.). Ceux qui l’ont fait ont fini par être chassés ou moyennant amende honorable réintégrés (Jean-Paul II a fait ce travail).
Ce n’était pas tant des hérésies qui étaient en cause, que des remises en cause pures et simples de contenus de la foi.
Il est à noter que certains de leurs « représentants » se sont révélés être tout à fait « purs » doctrinalement et seulement porteurs de nouveautés surtout pastorales pour s‘adapter à leur environnement (exemple Dom Helder Camara avec sa théologie de la libération, ce qui n’est pas le cas d’autres adeptes de ce courant…).
Les changements liturgiques induits par Vatican II ont provoqué une désertion massive et les modernistes en question en ont profité pour s’y infiltrer et y distiller leurs « élucubrations » (parmi des nouveautés tout à fait respectables), lesquelles relevaient de considérations sentimentales, psychologiques ou sociologiques n’ayant plus rien en commun avec la foi sinon d’en être une expression possible….
Là encore, le ménage a été fait, il convenait d’y appliquer une grille de discernement.
Les avancées de Vatican II ont été mises à mal sur quelques points par des courants réactionnaires, qui invoquaient la tradition (plus que des dogmes) et se sont fait les champions de « la vérité », mais une vérité stationnaire et qui ne répondait pas à des enjeux nouveaux, tandis que les autres devenaient ceux de la charité.
Quid pour l’immense majorité de ceux qui continuèrent à pratiquer et qui se retrouvèrent au milieu d’une arène où compter les coups ? D'autant que tout cela ne concernait que certaines parties du monde !
Eh bien les énergies dépensées dans les querelles induites ont laissé de côté toute une réflexion qui semble être celle que vous voudriez, et qui conduirait à un approfondissement des données de notre foi.
Elles semblent s’être déplacées au niveau des théologiens sur les textes bibliques, notamment avec tout un travail relatif à ce qui s’appelle l’exégèse historico-critique et qui existe depuis le XVII siècle mais qui a pris une grande ampleur. Cette étude a pris une tournure assez scientifique et impertinente, mais elle a eu le mérite d’éclairer pas mal de choses.
Benoit XVI a essayé de recadrer celle-ci sur la personne de Jésus et son message. Il a aussi essayé de le faire à propos de certains sujets mis en litige par les résistances traditionalistes (limbes, purgatoire, salut.)
Je pense que vous avez raison. Il y a eu un grand perdant que certains mouvements charismatiques ont essayé de combler, mais le dogme n’est pas leur fort ! Beaucoup de dogmes sont pris « scolairement » pour ce qu’ils sont et se sont donc appauvris, ils ont perdu leur richesse de fermentation (certains théologiens avaient trop peur de se faire « allumer » par des intégristes et d’affaiblir l’Eglise, les autres se sont concentrés sur des sujets peu « porteurs »).
En parallèle, bien des pratiques de vies chrétiennes et d’oeuvres de charité ou de miséricorde se sont vues dispersées et sont sorties du giron de l’Eglise avant d’y être peu à peu réintégrées – ou intégrées. Ainsi on a incorporé ou ajouté aux retraites traditionnelles des techniques novatrices de guérison faisant appel à des dimensions de la personne jusqu'alors peu prises en compte.
Un certain nombre de scandales financiers ou de meurs se sont fait jour, aussi.
Un approfondissement du dogme de la Trinité devrait par exemple régler son compte à la question du filioque qui entretient un litige stupide avec les orthodoxes. Une confrontation avec eux dans un esprit de rassemblement œcuménique mais surtout de « retour aux sources de la foi » devrait permettre d’affiner bien d’autres choses.
Il y a toute une vie de foi et de prière qui est à redécouvrir à travers les évangiles, avec quelque chose qui relèverait de la vie contemporaine et qui prendra un autre nom que « l’ascèse », devenu vieillot, mais qui en serait une nouvelle intégrant les recherches en méditations, contemplation, guérisons spirituelles, etc.
Etc.
Il est à noter aussi qu’au niveau international la vie politique et la paix, la défense de la liberté religieuse, certaines évolutions de société, ont dû mobiliser beaucoup d’énergies et que bien du temps y a été consacré. N’oublions pas tous les voyages de Jean-Paul II, les JMJ, d’autres initiatives comme à Assises, etc ; il fallait témoigner que la foi catholique était toujours d’actualité, mobilisatrice, et son message, porteur d’espérance…
Une fois qu’on a décrit tout cela, ce qui est plus ou moins vrai et contestable, on n’a pas dit grand-chose…. Quoique…On peut se dire dans un tunnel, entrevoir la lumière par où bientôt s’en sortir, et bénéficier de puits d’aération.
Avec 2000 ans d’histoire, on a de quoi respirer…