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Incompatibilité de l'Islam et de la République

Publié : jeu. 15 févr. 2007, 21:39
par Christophe
Monsieur Grimpret,

On gausse souvent sur l'incompatibilité entre la théologie politique musulmane et les "valeurs de la République" (ou de l'indissolubilité de l'Islam, ou de l'inassimilabilité des musulmans, etc.).
Après l'étude que vous avez menée, pensez-vous qu'il s'agit là d'un mauvais procès ?

Cordialement
Christophe

Publié : jeu. 15 févr. 2007, 21:53
par Matthieu GRIMPRET
Très franchement oui. C'est de la démagogie électoraliste. Je défie quiconque de trouver une définition claire de la "doctrine politique musulmane" - et des "valeurs républicaines" par la même occasion ! Il n'y a pas de magistère en Islam. Il n'y a donc pas de doctrine politique comme il y a une doctrine sociale de l'Eglise (laquelle, il faut aussi le préciser, souffre la discussion et n'est pas "de foi", comme on dit - mais au moins elle est formalisée par écrit). Le plus gênant dans cet affrontement monté de toutes pièces pour exciter la haine sous prétexte d'instaurer la paix, c'est qu'il masque la vraie question : si telle ou telle religion n'est pas soluble dans les valeurs de la république, c'est parce que ces valeurs n'existent pas, ou sont trop rigides pour supporter autre chose qu'elles mêmes. c'est l'immanentisme matérialiste classique.

Publié : jeu. 15 févr. 2007, 22:05
par Geronimo
Matthieu GRIMPRET a écrit : Je défie quiconque de trouver une définition claire de la "doctrine politique musulmane" - et des "valeurs républicaines" par la même occasion !
Remarque intéressante, effectivement les "valeurs républicaines" sont assez fumeuses, bien malin qui sait de quoi il s'agit
Matthieu GRIMPRET a écrit : Le plus gênant dans cet affrontement monté de toutes pièces pour exciter la haine sous prétexte d'instaurer la paix...
Pourquoi Nicolas Sarkozy veut-il dans le même temps favoriser l'islam en France et le combattre en Irak et en Iran ?

:blink:

Publié : jeu. 15 févr. 2007, 22:14
par Matthieu GRIMPRET
L'attitude actuelle de Nicolas Sarkozy sur l'islam est difficile à comprendre. Il semble qu'il se soit senti instrumentalisé par certains membres du CFCM, alors que son but était de mettre en place des outils permettant à la communauté musulmane de vivre son identité librement et à l'Etat d'assurer l'ordre public. ça me rappelle François Ier avec les protestants... Mais je ne pense pas que NS ait quoi que ce soit contre l'islam. Ce n'est pas un doctrinaire, c'est un pragmatique. C'est un pragmatique plutôt bienveillant à l'égard des hommes de foi quels qu'ils soient.

Publié : jeu. 15 févr. 2007, 22:22
par in aeternum
La laïcité a t'elle sa place dans l'Islam ??? C'est peut être là (pour commencer) que cela "coince", non ?

Publié : jeu. 15 févr. 2007, 22:33
par Matthieu GRIMPRET
Les carottes ont-elles leur place dans le panier à pommes de terre ? C'est un peu la même chose. La laïcité est un concept relatif, occidental, et donc adaptable. Ne posons pas aux musulmans des questions qu'ils ne comprennent pas et ne comprendront jamais.

Publié : jeu. 15 févr. 2007, 22:40
par Geronimo
Matthieu GRIMPRET a écrit :L'attitude actuelle de Nicolas Sarkozy sur l'islam est difficile à comprendre.
C'est bien dommage car la question semble importante.
Matthieu GRIMPRET a écrit : Il semble qu'il se soit senti instrumentalisé par certains membres du CFCM, alors que son but était de mettre en place des outils permettant à la communauté musulmane de vivre son identité librement et à l'Etat d'assurer l'ordre public.
Plus que "senti", il semble que ce soit la réalité. Si c'est le cas, c'est un échec gravissime lourd de conséquence pour l'avenir de notre pays.

Ceci étant dit, ses difficultés quand à la place de l'Islam en France ont bien peu d'importance face aux millions de victimes innocentes qui accompagnent la guerre contre l'Irak et la future guerre contre l'Iran auxquelles il souhaite participer.

Mais peut-être que le coktail promotion de l'immigration + promotion de l'Islam débouchera finallement sur une guerre civile et/ou de religion en France, ce qui rapprocherait de nous le problème.

Matthieu GRIMPRET a écrit : ...C'est un pragmatique...
Je n'ai jamais compris le sens de cette expression à la mode :blink:

;-)

Publié : jeu. 15 févr. 2007, 22:47
par Matthieu GRIMPRET
Il y a des gens qui disent "Les immigrés nous prennent nos emplois" et vivent dans des châteaux, et d'autres qui disent "On va nettoyer votre quartier au karcher" et passent leur temps sur le terrain avec leurs troupes. la deuxième catégorie, ce sont les pragmatiques.

Publié : jeu. 15 févr. 2007, 22:49
par in aeternum
Ne posons pas aux musulmans des questions qu'ils ne comprennent pas et ne comprendront jamais.
Ne pensez vous pas que ces questions, justement, DOIVENT être posée ?

Pour qu'une société tienne debout, il faut bien des valeurs communes... Comment les trouver entre gens qui ne se comprennent pas ?

Quelles sont les valeurs communes autour desquelles notre société désormais multiculturelle peut se (re)construire ?
Cette "nouvelle société" peut elle se (re)construire sans reniements ?
Quels reniements les chrétiens doivent ils faire ?
Et dernière question : un chrétien peut il renier grand chose dans sa foi ?

Publié : jeu. 15 févr. 2007, 22:57
par Matthieu GRIMPRET
D'abord l'attachement d'un catholique français à une culture qu'il aura lui-même défini comme catholique et/ou française n'est pas une affaire de foi. Ne confondons pas les plans.
Tenir compte de la réalité, de ce qu'il y a devant vous, sans vous aveugler, ce n'est pas se renier, au contraire !
Enfin, je crois pour ma part qu'une société se construit moins sur des "valeurs" que sur des lois, lesquelles sont (ou devraient être) une expression incontestable du "minimum métaphysique commun" entre les hommes qui s'y soumettent (ex : l'homme a une dignité telle qu'on ne peut le tuer).

Publié : jeu. 15 févr. 2007, 23:23
par Charles
Matthieu GRIMPRET a écrit :Enfin, je crois pour ma part qu'une société se construit moins sur des "valeurs" que sur des lois, lesquelles sont (ou devraient être) une expression incontestable du "minimum métaphysique commun" entre les hommes qui s'y soumettent (ex : l'homme a une dignité telle qu'on ne peut le tuer).
Sachant que la morale et la politique sont de l'ordre de la praxis, d'un bien encore à réaliser, si vous visez le minimum, alors vous êtes certain de ne pas l'atteindre. Si vous voulez construire une société sur le "minimum" de ne pas s'entretuer, si c'est cela votre projet, alors vous acceptez la tuerie généralisée.

Si ne pas s'entretuer est de l'ordre du projet... vous ne saisissez pas le problème ?

De plus vous dites "je crois pour ma part qu'une société se construit moins sur des "valeurs" que sur des lois". C'est très bien : "je crois pour ma part" mais c'est en rester au sentiment, à l'opinion, et cela ne constitue pas une argumentation.

Enfin, l'objet de la discussion n'est pas de construire une société et certainement pas sur un "minimum métaphysique". Le débat politique porte sur la meilleure société réalisable, sur la société qui correspond le mieux à la dignité humaine. Et la dignité humaine implique plus que de rester seulement en vie.

Et même "l'homme a une dignité telle qu'on ne peut le tuer" n'est pas le "minimum métaphysique commun" puisqu'il y en a pour défendre l'euthanasie, le suicide assisté ou pas et la peine de mort, et bien sûr aussi, qui assassinent.