Saint Nicéphore d'Antioche, 9 février

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Guillaume C.
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Saint Nicéphore d'Antioche, 9 février

Message non lu par Guillaume C. » jeu. 09 févr. 2017, 19:13

Saint Nicéphore d'Antioche (fête : le 9 février)

Martyr à Antioche, sous l'empereur romain Gallien - 260


A cœur embrasé d’une ardente flamme
Pour son bien aimé, l’élu de son âme,
Quand même le poids de fautes passées
Viendrait alourdir le fond des pensées,
Dieu accordera suffisantes grâces
Pour s’humilier devant sa sainte Face,
Et pour consommer héroïquement
L’œuvre de ce Dieu très bon et clément !

C’est ainsi qu’on vit l’heureux Nicéphore
Pour avoir un jour reconnu ses torts
Ravir la palme qu’un cœur rancunier
Avait perdue, faute de pardonner.

Nicéphore avait au prêtre Saprice,
Par légèreté mais non point par vice,
Causé un dommage ; et l’ombrageux clerc,
Ne voulut le voir, pas même aux prières.

Enfin le jour vint – c’était sous Gallien
Où le Gouverneur chargea les chrétiens.
Le pieux Saprice, chargé de lourds liens,
Eut avec le juge cet entretien :

« Comment avez-vous pu, vil ver de terre,
Embrasser des chrétiens la créance ?
Ce sont des chiens, les rebus de la terre :
Suprême injure aux dieux de notre enfance ! »

« Vos dieux ne sont que statues d’airain,
Dit le pieux clerc, et d’un signe de croix
Je puis chasser les démons, le Malin :
Rien ne peut résister à notre Foi. »

« Je te prends au mot ! dit le méchant juge
La peur, à l’heur de la condamnation,
De quitter la vie, ce puissant refuge,
Aura raison de ton obstination. »

Ni les dents de fer, les fouets, les étrilles,
Ne peuvent de Saprice subjuguer
La Foi ; le clerc, qu’un des bourreaux rhabille,
Est mené en geôle, bien fatigué.

On le pousse vers la place publique.
Il s’y rend de lui-même, bravement.
De la foule un homme crie hardiment :
« Père, pardonnez à un pauvre inique !

C’est Nicéphore, qui au nom du Christ
Vous implore. Vous, digne combattant,
Pardonnez-moi, ô valeureux Saprice,
Si je vous offensai, il y a longtemps. »

Saprice, animé d’un sursaut d’orgueil,
Se raidit et perd toute contenance.
O quelle haine se lit dans son œil !
Il se refuse à pardonner l’offense.

Nicéphore, sans se décourager,
Alla l’attendre en une autre ruelle,
Mais dans le cœur du clerc, rien de changé :
Il se refuse à entendre l’appel :

« Martyr de Jésus-Christ, pardonnez-moi !
J’ai par faiblesse péché contre vous.
Ma faute, ô Saprice, remettez-moi !
Je confesse avoir agi comme un fou.

Vous avez par votre confession
Prêché la grandeur du Dieu des armées.
Montrez-Lui maintenant que vous L’aimez
En remettant sa faute à un pécheur.
Notre Dieu comble d’un grand bonheur
Ceux qui comme Lui font rémission. »

Les soldats de la garde l’interpellent :
« Pauvre fou, cet homme que tu appelles
Va mourir, et de quelle utilité
Te sera le fait d’être racheté ? »

« Vous ne comprenez pas, dit Nicéphore,
Cette affaire intéresse un Dieu très fort
Qui distribue volontiers des couronnes
A ceux qui à leurs frères tout pardonnent. »

Arrivé au lieu même du supplice,
Nicéphore répète sa prière :
« Avant de boire du Christ le calice,
Pardonnez-moi donc mes fautes d’hier ! »

Hélas ! Saprice endurci reste sourd
Aux humbles prières qu’un grand amour
Suscite dans le cœur de Nicéphore.
Et voyant proche l’heure de la mort,

Entendant la foule qui à grands cris
Réclame : « Que soit sa tête tranchée ! »
Et le bourreau qui lui dit d’approcher,
Et ne voyant pas son ami qui prie,

Saprice est saisi d’un terrible effroi
Au point qu’il en vient à perdre la Foi.
« Pourquoi, dit-il, ce billot, cette hache ?
Il faut vite que le gouverneur sache
Que je ferai ce qu’il attend de moi.
Je sacrifie, comme le veut le roi. »

Comment Dieu permit une telle chute
D’un si zélé clerc ? C’est que la piété
Se doit dans les œuvres manifester
Et dans un pardon que rien ne rebute.

Si ne pardonnez point à votre frère
Onques n’exaucera Dieu vos prières.
Peut-on lui faire un plus grand sacrifice
Que celui de son orgueil, de ses vices ?

Nicéphore en pleurs à genoux s’est mis
Il supplie Saprice : « Ô très cher ami,
Voyez où l’endurcissement vous mène :
Pour n’avoir voulu ranger votre haine,
Vous perdez le fruit de si grands efforts,
Vous destinant à l’éternelle mort. »

Saprice est bien sourd à l’appel, hélas !
Son cœur pour jamais fermé à la grâce.
Ô chose étonnante ! On voit un pécheur
Faire de Jésus, souverain Seigneur,
Une plus noble et belle confession
Et par là venger l’honneur de Son Nom !

Ses larmes séchées, Nicéphore s’écrie :
« Greffier, maintenant prends la plume, écris :
Saprice a renié Jésus-Christ, son Dieu ;
Nicéphore est prêt à mourir sous peu
L’un s’est livré au diable son maître,
L’autre va dans son propre sang renaître. »

Un des greffiers porte la missive
Au palais du gouverneur de Syrie.
Aussitôt, le décret suivant arrive :
« Qu’on tranche la tête à celui qui rit
De nos dieux, et qui préfère adorer
Jésus Christ, ce roi des Juifs abhorrés. »

Un des bourreaux s’écrie : « C’est Nicéphore ! »
Ce brave aussitôt de la foule sort.
Son sacrifice est si tôt consommé.
Il récolte de ce qu’il a semé
Les fruits : ce sont trois couronnes immortelles
Qu’il portera en la vie éternelle (1).


(1) la couronne de la foi, celle de l'humilité, et celle de la charité.
Il n'y a qu'une Église, une par l'unité de la doctrine comme par l'unité du gouvernement, c'est l'Église catholique (Léon XIII, lettre Testem benevolentiæ sur la condamnation de l'américanisme)

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