Peut-on lire Hergé, Goscinny?
- françois67
- Tribunus plebis
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Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Bonjour,
J'ai trouvé des choses pour le moins effarantes à propos de ces auteurs, Tintin aurait par exemple contenu des éléments gnostiques. De plus, il se trouve souvent fait référence à la Poldévie sur cette page de discussion: or, à ma connaissance, la Poldévie n'était qu'un canular de 1928 contre les députés gauchistes, avec l'invention d'un pays imaginaire. Je ne savais pas qu'il s'agissait d'une organisation occultiste. Bref, tout cela m'inquiéte, et ce qui m'intéresse avant tout serait de savoir s'il demeure moral pour un catholique de lire de telles bandes-dessinées. Je vous saurais gré de m'éclairer.
Voici la susdite page de discussion:
http://gestadei.bb-fr.com/t1454-les-100-ans-d-herge
Bien à vous.
J'ai trouvé des choses pour le moins effarantes à propos de ces auteurs, Tintin aurait par exemple contenu des éléments gnostiques. De plus, il se trouve souvent fait référence à la Poldévie sur cette page de discussion: or, à ma connaissance, la Poldévie n'était qu'un canular de 1928 contre les députés gauchistes, avec l'invention d'un pays imaginaire. Je ne savais pas qu'il s'agissait d'une organisation occultiste. Bref, tout cela m'inquiéte, et ce qui m'intéresse avant tout serait de savoir s'il demeure moral pour un catholique de lire de telles bandes-dessinées. Je vous saurais gré de m'éclairer.
Voici la susdite page de discussion:
http://gestadei.bb-fr.com/t1454-les-100-ans-d-herge
Bien à vous.
Dernière modification par Cgs le lun. 13 mai 2013, 8:34, modifié 2 fois.
Raison : Lien hétérodoxe désactivé
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Avertissement: j'ai sur ce forum peut-être exprimé des avis contraires à la position de l'Église, et /ou de sa sainte Tradition, et/ou à l'avis qui se doit d'être celui d'un vrai chrétien catholique: ne me prenez donc en RÉFÉRENCE POUR RIEN. Ne soyez pas victimes de scandale. Que mon exemple soit rejeté et en aucun cas suivi. Si vous trouvez un endroit où une de mes interventions serait au moins douteuse, si ce n'est pire, faites-en moi part, notamment par mp. Je m'excuse profondément.
Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Celle-là je ne l'avais pas encore lue. Y en a vraiment qui voient des gnostiques partout...
(La chasse obsessionnelle au gnostique est malheureusement fréquente dans certains milieux sédévacantistes ou tradis proches du sédévacantisme - à la "droite" de la FSSPX. Ce qui a causé certaines crises à l'intérieur de cette dernière, d'ailleurs. Le forum que vous mentionnez étant clairement sédévacantiste).
Hergé écrivait au départ pour un journal catholique (le Petit XXe). Bon, ses albums ne montrent guère un catholique fermement convaincu à mon avis, plutôt quelqu'un suivant les mouvements d'idées du moment, quitte à en changer. Il a été colonialiste à l'époque de "Tintin au Congo", antisémite pendant l'occupation allemande (cf l'Etoile Mystérieuse), "ufomane" dans les années 70 (Vol 714), fana d'art moderne à la fin... - mais aussi clairvoyant dans les années 30 sur l'impérialisme japonais et le nazisme, cf Le Lotus Bleu et le Sceptre d'Ottokar. Et quelques belles descriptions à mon avis, comme les révolutions Sud Américaines. Etc...
De là à y voir un danger pour la jeunesse .
Si vous vous inquiétez pour les BD que lisent les jeunes, Titeuf est bien plus préoccupant à mon sens.
In Xto,
archi.
(La chasse obsessionnelle au gnostique est malheureusement fréquente dans certains milieux sédévacantistes ou tradis proches du sédévacantisme - à la "droite" de la FSSPX. Ce qui a causé certaines crises à l'intérieur de cette dernière, d'ailleurs. Le forum que vous mentionnez étant clairement sédévacantiste).
Hergé écrivait au départ pour un journal catholique (le Petit XXe). Bon, ses albums ne montrent guère un catholique fermement convaincu à mon avis, plutôt quelqu'un suivant les mouvements d'idées du moment, quitte à en changer. Il a été colonialiste à l'époque de "Tintin au Congo", antisémite pendant l'occupation allemande (cf l'Etoile Mystérieuse), "ufomane" dans les années 70 (Vol 714), fana d'art moderne à la fin... - mais aussi clairvoyant dans les années 30 sur l'impérialisme japonais et le nazisme, cf Le Lotus Bleu et le Sceptre d'Ottokar. Et quelques belles descriptions à mon avis, comme les révolutions Sud Américaines. Etc...
De là à y voir un danger pour la jeunesse .
Si vous vous inquiétez pour les BD que lisent les jeunes, Titeuf est bien plus préoccupant à mon sens.
In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.
Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.
Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.
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- Pater civitatis
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Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Hergé ne peut d'ailleurs pas être mis sur le même plan que Goscinny. Ce dernier sort son premier album en 1961, tandis que le tout premier Tintin, "Au pays des Soviets" remonte à 1930. Tout au début, la bande dessinée ne consistait qu'en quelques cases pour agrémenter un "texte" plein... Pour le reste, on ne peut pas dire que cette visite au pays des Soviets ait été conçue à la gloire du régime soviétique ! Quant à l'apparition de personnages féminins dans la bande dessinée, les dessinateurs ont toujours commencé par représenter des "matrones" bien en chair ... censure obligeait !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )
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Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Je ne dirais pas que les albums de Hergé méritent la mise à l'index.
Par contre, je me souviens d'une émission radio d'il y a quelque années et où l'on discutait alors d'une biographie de Hergé qui venait alors de sortir en librairie. J'essaie de me rappeler le nom de l'auteur (...) Il était question du fait que Hergé avait volontairement truffé ses albums de différents renvois symboliques à tout un assortiment de thèmes et qui auraient été très chers au coeur de Georges Rémi (certaines choses qui l'auraient fasciné à différentes époques de sa vie).
Ah oui ! Pierre Assouline ... voilà. C'est pour la biographie.
Ma foi, j'avais trouvé à l'audition qu'il n'en faisait que pimenter l'oeuvre de Hergé et la rendre plus intéressante. Un peu d'ésotérisme sans doute, de psychanalyse, de complexes et choses semblables ''des profondeurs'', peut-être aussi des renvois à des anecdotes de la vie réelle de Hergé.
Par contre, je me souviens d'une émission radio d'il y a quelque années et où l'on discutait alors d'une biographie de Hergé qui venait alors de sortir en librairie. J'essaie de me rappeler le nom de l'auteur (...) Il était question du fait que Hergé avait volontairement truffé ses albums de différents renvois symboliques à tout un assortiment de thèmes et qui auraient été très chers au coeur de Georges Rémi (certaines choses qui l'auraient fasciné à différentes époques de sa vie).
Ah oui ! Pierre Assouline ... voilà. C'est pour la biographie.
Ma foi, j'avais trouvé à l'audition qu'il n'en faisait que pimenter l'oeuvre de Hergé et la rendre plus intéressante. Un peu d'ésotérisme sans doute, de psychanalyse, de complexes et choses semblables ''des profondeurs'', peut-être aussi des renvois à des anecdotes de la vie réelle de Hergé.
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Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Dans son ouvrage, Assouline écrit :
«... offre l'image de quelqu'un qui a atteint la sagesse et la sérénité intérieure. Très ouvert à la réincarnation de l'âme. Inquiet en permanence. Ascète à sa manière. N'a jamais cessé de chercher sa voie et de poursuivre une quête spirituelle sous différentes formes. [...] superstitieux au point de se faire tirer les cartes à la veille de prendre de graves décisions. Consulte volontier les voyantes. Croit aux signes et au mauvais oeil. Attiré par les phénomènes ésotériques et paranormaux.» ( P. Assouline, Hergé, p.359)
Encore :
«Dans Tintin, j'y ai mis toute ma vie, ce que je pensais, ce que je sentais, ce que j'étais.» C'est ce que disait Hergé à propos de son oeuvre. Effectivement, nous retrouvons dans les aventures de Tintin sa passion pour les phénomènes paranormaux. Nous en avons dressé une liste non exhaustive dont nous commenterons certains passages.
Les pouvoirs magiques des fakirs indiens
- Les cigares du pharaon
p.48 le fakir tente d'hypnotiser Tintin
p.52 le fakir grimpe à une corde magique
- Le lotus bleu
p.3 le même fakir a un don réel de voyance et met en garde Tintin contre les dangers qui le menacent.
- Les sept boules de cristal
p.8 et 9 le fakir Ragdalam utilise madame Yamilah comme médium pour deviner le contenu du sac d'une spectatrice ou la situation familiale d'une autre. Mme Yamilah annonce la malédiction qui frappe un des explorateurs.
La malédiction des momies
p.1 un voyageur évoque et justifie la malédiction qui frappa ceux qui ouvrirent le tombeau du pharaon ToutÂnkhAmon. Tintin comprend et approuve ces propos.
p.30 Rascar-Capac avait prévu la profanation de sa tombe et la malédiction poursuivra les profanateurs.
p.49 Les explorateurs envoûtés, presque tous scientifiques de haut niveau, subissent mille tourments. Pour Hergé, les sciences occultes ou magiques ont manifestement un pouvoir supérieur à celui de ces scientifiques modernes.
Les rêves prémonitoires, visions
Le secret de la Licorne
De la page 13 à la page 26, Haddock, en transe, revit avec une étonnante précision le combat de son lointain ancêtre contre les pirates et leur chef Rackam le Rouge.
Le Temple du soleil
P.23 Dans un vieux tombeau inca, Tintin voit, en rêve, les exacts boucliers des fils du soleil où sont représentés en leur centre les 4 triangles alchimiques (symbole de l'eau, de l'air, du feu et de la terre). Or, il ne les a jamais vu auparavant.
Les sept boules de cristal
p.32 et 33. Tintin, Tournesol et Haddock feront exactement le même cauchemar, au même moment.
Voyance, astrologie et lévitation
Le trésor de Rackam le Rouge
p.9 et 10. Après avoir lu dans ses pensées, le brocanteur prédit au Capitaine qu'il ne retrouvera pas le trésor lors de son expédition proprement dite. Cette prédiction se réalisera.
Coke en stock
p1. Le Capitaine évoque au hasard le nom du général Alcazar et juge impossible qu'il puisse apparaître à l'instant même où il parle. Pourtant, au cours de sa conversation, il heurte Alcazar qui surgit au coin de la rue. Décidément, il n'y a pas de hasard.
Tintin au Tibet
p.3 Tintin rêve de Tchang et le voit en grand danger, ce qui est le cas.
p.44 et 50. Par deux fois le lama Foudre Bénie, s'élevant dans les airs, a une vision claire des dangers qui menacent Tintin ou Tchang.
Les bijoux de la Castafiore
P.4 Une gitane lit les lignes de la main de Haddock et prédit tous les ennuis qui l'attendent.
Hergé consultait des voyantes dont une certaine madame Sacco «qui possédait manifestement des dons de voyance», reconnaissait-il. cf Philippe Godin, Hergé, ligne de vie, p. 778. Le dessinateur et ami d'Hergé, Edgar P. Jacobs, consultait aussi cette voyante.
Superstition
Tintin au Congo
P1. Milou brise une glace et s'écrie : «Sept ans de malheur !» Suit effectivement une série de sept épisodes de malheurs successifs : une bouée lui tombe sur la tête, un perroquet le mord cruellement, il subit une douloureuse opération, sa queue se coince dans la porte, il est agressé par un passager clandestin, il tombe à l'eau et se fait aussitôt mordre par un poisson-torpille puis, de nouveau assommé par une bouée, Milou manque de mourir noyé.
Le temple du soleil
p.20 et 48. Un des grands prêtres du soleil, Huascar, remet à Tintin une amulette en forme de médaille. Tout possesseur de cette amulette, tel Zorino, se trouve mystérieusement protégé du mauvais sort.
La radiesthésie et le magnétisme
Le trésor de Rackam le Rouge
p.39. Grâce à son pendule, Tournesol estime avec raison que le trésor est plus à l'ouest.
Les sept boules de cristal
p.39 et 40. Toujours muni de son pendule, Tournesol retrouve le bracelet de la momie.
Hergé lui-même a fait appel à un radiesthésiste, nommé Victor Mertens, pour retrouver l'alliance de son épouse, Germaine, égarée dans leur maison (source : Benoir Peeters, Hergé, fils de Tintin, p, 298, Paris, Flammarion, 2002). Philippe Goddin évoque : «une lettre de Hergé dans laquelle il dit sa confiance en ces méthodes a été reproduite dans l'ouvrage de Mertens, Radiesthésie, téléradiesthésie et phénomènes hyperphysiques, publié chez Castermann en 1942.»
D'autre part, Hergé, dans son oeuvre, montre un grand intérêt pour les sociétés secrètes. Quelques exemples :
Tintin au Congo
Le sorcier porte le costume de la secte des hommes léopards, qui semaient la terreur au Congo belge dans les années trente.
Tintin en Amérique
C'est la mafia qui sévit avec à sa tête Al Capone. Société secrète d'entraide fraternelle, il faut passer par une initiation avant d'être reçu.
Les cigares du pharaon
Tintin affronte une autre société secrète dirigée par un grand maître caché qui est en fait Rastapopoulos. Nombre de tintinophiles avertis voient dans cette organisation des similitudes avec la franc-maçonnerie.
Le lotus bleu
Tintin est protégé par la société secrète «Les fils du dragon» qui rappelle celles des triades. Tintin s'oppose de nouveau au grand maître Rastapopoulos et à son ordre.
L'Oreille cassée
La prestation du serment, sur un poignard, du colonel Diaz à une mystérieuse association terroriste, est vraisemblablement inspirée de celle des Carbonari, ordre paramaçonnique italien du XIXe siècle. Les masques et les manteaux noirs des conspirateurs correspondent à ceux portés, lors de cérémonies, par des frères d'une organisation occultiste qui existe toujours : l'Ordre martiniste. Notons que le nom de Diaz rappelle celui d'un célèbre comploteur et révolutionnaire franc-maçon, Porfirio Diaz, qui fut président du Mexique de 1877 à 1880 et de 1884 à 1910
Source : Olivier Reibel, La vie secrète d'Hergé, Paris, Éditions Dervy, 2010
«... offre l'image de quelqu'un qui a atteint la sagesse et la sérénité intérieure. Très ouvert à la réincarnation de l'âme. Inquiet en permanence. Ascète à sa manière. N'a jamais cessé de chercher sa voie et de poursuivre une quête spirituelle sous différentes formes. [...] superstitieux au point de se faire tirer les cartes à la veille de prendre de graves décisions. Consulte volontier les voyantes. Croit aux signes et au mauvais oeil. Attiré par les phénomènes ésotériques et paranormaux.» ( P. Assouline, Hergé, p.359)
Encore :
«Dans Tintin, j'y ai mis toute ma vie, ce que je pensais, ce que je sentais, ce que j'étais.» C'est ce que disait Hergé à propos de son oeuvre. Effectivement, nous retrouvons dans les aventures de Tintin sa passion pour les phénomènes paranormaux. Nous en avons dressé une liste non exhaustive dont nous commenterons certains passages.
Les pouvoirs magiques des fakirs indiens
- Les cigares du pharaon
p.48 le fakir tente d'hypnotiser Tintin
p.52 le fakir grimpe à une corde magique
- Le lotus bleu
p.3 le même fakir a un don réel de voyance et met en garde Tintin contre les dangers qui le menacent.
- Les sept boules de cristal
p.8 et 9 le fakir Ragdalam utilise madame Yamilah comme médium pour deviner le contenu du sac d'une spectatrice ou la situation familiale d'une autre. Mme Yamilah annonce la malédiction qui frappe un des explorateurs.
La malédiction des momies
p.1 un voyageur évoque et justifie la malédiction qui frappa ceux qui ouvrirent le tombeau du pharaon ToutÂnkhAmon. Tintin comprend et approuve ces propos.
p.30 Rascar-Capac avait prévu la profanation de sa tombe et la malédiction poursuivra les profanateurs.
p.49 Les explorateurs envoûtés, presque tous scientifiques de haut niveau, subissent mille tourments. Pour Hergé, les sciences occultes ou magiques ont manifestement un pouvoir supérieur à celui de ces scientifiques modernes.
Les rêves prémonitoires, visions
Le secret de la Licorne
De la page 13 à la page 26, Haddock, en transe, revit avec une étonnante précision le combat de son lointain ancêtre contre les pirates et leur chef Rackam le Rouge.
Le Temple du soleil
P.23 Dans un vieux tombeau inca, Tintin voit, en rêve, les exacts boucliers des fils du soleil où sont représentés en leur centre les 4 triangles alchimiques (symbole de l'eau, de l'air, du feu et de la terre). Or, il ne les a jamais vu auparavant.
Les sept boules de cristal
p.32 et 33. Tintin, Tournesol et Haddock feront exactement le même cauchemar, au même moment.
Voyance, astrologie et lévitation
Le trésor de Rackam le Rouge
p.9 et 10. Après avoir lu dans ses pensées, le brocanteur prédit au Capitaine qu'il ne retrouvera pas le trésor lors de son expédition proprement dite. Cette prédiction se réalisera.
Coke en stock
p1. Le Capitaine évoque au hasard le nom du général Alcazar et juge impossible qu'il puisse apparaître à l'instant même où il parle. Pourtant, au cours de sa conversation, il heurte Alcazar qui surgit au coin de la rue. Décidément, il n'y a pas de hasard.
Tintin au Tibet
p.3 Tintin rêve de Tchang et le voit en grand danger, ce qui est le cas.
p.44 et 50. Par deux fois le lama Foudre Bénie, s'élevant dans les airs, a une vision claire des dangers qui menacent Tintin ou Tchang.
Les bijoux de la Castafiore
P.4 Une gitane lit les lignes de la main de Haddock et prédit tous les ennuis qui l'attendent.
Hergé consultait des voyantes dont une certaine madame Sacco «qui possédait manifestement des dons de voyance», reconnaissait-il. cf Philippe Godin, Hergé, ligne de vie, p. 778. Le dessinateur et ami d'Hergé, Edgar P. Jacobs, consultait aussi cette voyante.
Superstition
Tintin au Congo
P1. Milou brise une glace et s'écrie : «Sept ans de malheur !» Suit effectivement une série de sept épisodes de malheurs successifs : une bouée lui tombe sur la tête, un perroquet le mord cruellement, il subit une douloureuse opération, sa queue se coince dans la porte, il est agressé par un passager clandestin, il tombe à l'eau et se fait aussitôt mordre par un poisson-torpille puis, de nouveau assommé par une bouée, Milou manque de mourir noyé.
Le temple du soleil
p.20 et 48. Un des grands prêtres du soleil, Huascar, remet à Tintin une amulette en forme de médaille. Tout possesseur de cette amulette, tel Zorino, se trouve mystérieusement protégé du mauvais sort.
La radiesthésie et le magnétisme
Le trésor de Rackam le Rouge
p.39. Grâce à son pendule, Tournesol estime avec raison que le trésor est plus à l'ouest.
Les sept boules de cristal
p.39 et 40. Toujours muni de son pendule, Tournesol retrouve le bracelet de la momie.
Hergé lui-même a fait appel à un radiesthésiste, nommé Victor Mertens, pour retrouver l'alliance de son épouse, Germaine, égarée dans leur maison (source : Benoir Peeters, Hergé, fils de Tintin, p, 298, Paris, Flammarion, 2002). Philippe Goddin évoque : «une lettre de Hergé dans laquelle il dit sa confiance en ces méthodes a été reproduite dans l'ouvrage de Mertens, Radiesthésie, téléradiesthésie et phénomènes hyperphysiques, publié chez Castermann en 1942.»
D'autre part, Hergé, dans son oeuvre, montre un grand intérêt pour les sociétés secrètes. Quelques exemples :
Tintin au Congo
Le sorcier porte le costume de la secte des hommes léopards, qui semaient la terreur au Congo belge dans les années trente.
Tintin en Amérique
C'est la mafia qui sévit avec à sa tête Al Capone. Société secrète d'entraide fraternelle, il faut passer par une initiation avant d'être reçu.
Les cigares du pharaon
Tintin affronte une autre société secrète dirigée par un grand maître caché qui est en fait Rastapopoulos. Nombre de tintinophiles avertis voient dans cette organisation des similitudes avec la franc-maçonnerie.
Le lotus bleu
Tintin est protégé par la société secrète «Les fils du dragon» qui rappelle celles des triades. Tintin s'oppose de nouveau au grand maître Rastapopoulos et à son ordre.
L'Oreille cassée
La prestation du serment, sur un poignard, du colonel Diaz à une mystérieuse association terroriste, est vraisemblablement inspirée de celle des Carbonari, ordre paramaçonnique italien du XIXe siècle. Les masques et les manteaux noirs des conspirateurs correspondent à ceux portés, lors de cérémonies, par des frères d'une organisation occultiste qui existe toujours : l'Ordre martiniste. Notons que le nom de Diaz rappelle celui d'un célèbre comploteur et révolutionnaire franc-maçon, Porfirio Diaz, qui fut président du Mexique de 1877 à 1880 et de 1884 à 1910
Source : Olivier Reibel, La vie secrète d'Hergé, Paris, Éditions Dervy, 2010
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- Conviction : catholique perplexe
Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Il est temps de partir pour l'Écosse dont nous avons tant parlé et de découvrir l'île noire.
L'île de Mull, qui a comme point culminant la montagne appelée Ben More, est donc le site légendaire de la création de la franc-maçonnerie écossaise néotemplière. Le principal château de cette île, bâti sur un promontoire escarpé et visibler en bateau de la mer, s'appelle Duart Castle. Son donjon date du XIIIe siècle. Il appartient au clan Mac Leane. Nous avons précédemment évoqué la mémoire de James Hector Mac Leane qui fut le grand maître de la franc-maçonnerie stuartiste française de 1735 [...] Il est donc possible que Duart Castle ait partiellement inspiré Hergé pour créer le château de Ben More. [...] Il existe 787 îles en Écosse. Tintin est venu sur celle-ci en particulier pour chasser les faux initiés qui occupent abusivement ce sol sacré. À commencer par le docteur Müller. Ce nom est d'origine allemande. La finale de Müller : «er», correspond phonétiquement à Herr soit «monsieur». Il reste «Mull». Ce patronyme peut donc se traduire par le jeu de mots en «monsieur de Mull». Plus tard, dans Coke en stock, le docteur se fait appeler plus clairement «Mull-pacha».
Comme avec Hergé il y a toujours beaucoup d'arrière-pensée sur le sens des mots, précisons qu'il existe historiquement un Jean Marie Müller, célèbre alchimiste du XVIIe siècle qui se pervertit en ne pensant qu'à fabriquer de l'or pour s'enrichir aux dépend de toute recherche spirituelle. Appellé avec mépris «un souffleur», il fut assimilé à un faux-monnayeur et fini en prison. Tout comme le docteur Müller, pacha de l'île de Mull, à la tête d'un réseau de contrefacteurs de billets de banque, l'or moderne.
Cette interprétation alchimique est, à nos yeux, confirmée par la vignette p. 58 qui offre une correspondance avec l'arcane XVI du tarot divinatoire appelée «Maison Dieu». Elle représente une tour crénelée foudroyée dont les occupants sont violemment expulsés dans les airs tout en prenant une pierre sur la tête. Oscar Wirth dira que cet arcane désigne : «L'alchimie ignorante des souffleurs avides de vulgaire, l'échec méritée de toute entreprise insensée et la punition résultante de l'excès commis.» (Osacr Wirth, Le tarot des imagiers du Moyen Âge, Bibliothèque des Grandes énigmes). C'est exactement ce qui arrive à Müller et sa bande.
Le Rite ou Régime Écossais Rectifié a succédé, nous l'avons dit, à la Stricte Observance Templière [...] Cette symbolique est reprise par Hergé pour la couverture de la dernière version de L'Île noire. Tintin porte les trois couleurs maçonniques du RER : le bleu, le vert et le rouge. Son bateau, dans sa partie supérieure, est noir et blanc, comme la bannière templière «le baucent». Son fond est rouge comme la croix pattée. Tintin va en direction de l'aube dorée c'est à dire l'orient, ou lumière renaissante, pour parvenir au château de Ben More Mull, berçeau de la maçonnerie néotemplière. Il est également intéressant de retrouver dans le bateau un bâton qui, en symbolique, est considéré comme une arme magique. Le rituel de Chevalier Rose-Croix dit :
Le château de Ben More représenté sur les couvertures des deux premières versions de L'île noire est constitué de trois tours distinctes dont deux sont en ruine. Celle restée intacte à la forme de la grande colonne. Tout ceci correspond à une allusion au rituel de Chevalier Rose-Croix du rite Écossais Ancien [...] Les frères de ce degré présentent au postulant à ce grade trois colonnes du temps qui portent chacune un nom différent : foi, charité, espérance. Mais pour une raison que nous n'exposerons pas ici, le temple se trouve ruiné. Seule intacte et illuminée, reste la colonne «espérance». Le rituel dit : «Mais l'Espérance nous éclaire toujours. Avec elle nous rallumerons la Foi et la Charité.» Quand Tintin veut se rendre au château en ruine de Ben More, il s'adresse à un marin qui porte écrit sur son pull le mot anglais Hope qui signifie Espérance.
Jean Pierre Bayard et Pierre Montloin dans Les Rose-Croix ou le complot des sages, paru aux Éditions Cal, nous précisent un point particulièrement essentiel :
Ces références précises à un lieu mythique fréquenté par Ashmole démontrent à nos yeux tout l'intérêt que Hergé porte aux origines supposées de la franc-maçonnerie écossaise liée aux Rose-Croix et présumée protégée par les Stuart. Sinon, quel intérêt y aurait-il à mettre tant en évidence la taverne ''Ye White Hart'' ? ( Elias Ashmole, 1617-1692, maître en théologie de l'université d'Oxford et cofondateur de la Royal Society [...] partisan indéfectible du roi Charles 1er Stuart durant la guerre civile. Ashmole est connu pour être un des tout premiers francs-maçons spéculatifs [...] Certains spécialistes estiment qu'il aurait contribué à la création du grade de maître maçon lié à la légende de l'architecte Hiram. Féru d'astrologie, ami du rose-croix Robert Fludd, Ashmole est considéré comme un des premiers représentants du mouvement rosicrucien au Royaume-Uni.)
[...]
Cette dynastie des Stuart, décidemment incontournable dans l'oeuvre de Hergé, apparaît clairement dans l'Île noire sous son deuxième patronyme, Stewart, nom du clan dont elle est issue. Le mot stewart est en fait un titre qui s'apparente à celui de «Sénéchal», officier royal aux pouvoirs judiciaires étendus. Tintin est entouré de policiers qui lui ont sauvé la vie, dont un certain Stewart. Les autres policiers, Mac Grégor, Robertson, Mac Leod, portent les noms des clans écossais proscrits par les Anglais pour leur fidélité indéfectible à la cause des Stuart.
D'autres allusions à l'ascendance des Stuart apparaissent à la lecture de l'île noire. Le journaliste Michael Farr fait un parallèle entre Tintin coincé dans un grotte et une aventure vécue par le roi Robert Bruce d'Écosse pourchassé par les Anglais.
Nous ajouterons que Robert Bruce, pour entrer dans la grotte, dut à plusieurs reprises détruire une gigantesque toile d'araignée. En voyant l'insecte recommencer inlassablement son travail, il comprit qu'il devait agir de même, avec ténacité et combattre sans relâche jusqu'à la victoire finale. Cette terrible araignée apparaît p. 53 de l'Île noire et terrorise Milou. Auparavant, selon Walter Scott, Robert Bruce avait trouvé refuge au château du comte Malcolm situé sur une île du Loch Lomond. Un château sur une île et le Loch Lomond, dont le nom servit à Hergé en tant que marque de whisky, voilà bien des éléments du scénario de l'Île noire.
Source : Reibel, id. pp. 69-77
L'île de Mull, qui a comme point culminant la montagne appelée Ben More, est donc le site légendaire de la création de la franc-maçonnerie écossaise néotemplière. Le principal château de cette île, bâti sur un promontoire escarpé et visibler en bateau de la mer, s'appelle Duart Castle. Son donjon date du XIIIe siècle. Il appartient au clan Mac Leane. Nous avons précédemment évoqué la mémoire de James Hector Mac Leane qui fut le grand maître de la franc-maçonnerie stuartiste française de 1735 [...] Il est donc possible que Duart Castle ait partiellement inspiré Hergé pour créer le château de Ben More. [...] Il existe 787 îles en Écosse. Tintin est venu sur celle-ci en particulier pour chasser les faux initiés qui occupent abusivement ce sol sacré. À commencer par le docteur Müller. Ce nom est d'origine allemande. La finale de Müller : «er», correspond phonétiquement à Herr soit «monsieur». Il reste «Mull». Ce patronyme peut donc se traduire par le jeu de mots en «monsieur de Mull». Plus tard, dans Coke en stock, le docteur se fait appeler plus clairement «Mull-pacha».
Comme avec Hergé il y a toujours beaucoup d'arrière-pensée sur le sens des mots, précisons qu'il existe historiquement un Jean Marie Müller, célèbre alchimiste du XVIIe siècle qui se pervertit en ne pensant qu'à fabriquer de l'or pour s'enrichir aux dépend de toute recherche spirituelle. Appellé avec mépris «un souffleur», il fut assimilé à un faux-monnayeur et fini en prison. Tout comme le docteur Müller, pacha de l'île de Mull, à la tête d'un réseau de contrefacteurs de billets de banque, l'or moderne.
Cette interprétation alchimique est, à nos yeux, confirmée par la vignette p. 58 qui offre une correspondance avec l'arcane XVI du tarot divinatoire appelée «Maison Dieu». Elle représente une tour crénelée foudroyée dont les occupants sont violemment expulsés dans les airs tout en prenant une pierre sur la tête. Oscar Wirth dira que cet arcane désigne : «L'alchimie ignorante des souffleurs avides de vulgaire, l'échec méritée de toute entreprise insensée et la punition résultante de l'excès commis.» (Osacr Wirth, Le tarot des imagiers du Moyen Âge, Bibliothèque des Grandes énigmes). C'est exactement ce qui arrive à Müller et sa bande.
Le Rite ou Régime Écossais Rectifié a succédé, nous l'avons dit, à la Stricte Observance Templière [...] Cette symbolique est reprise par Hergé pour la couverture de la dernière version de L'Île noire. Tintin porte les trois couleurs maçonniques du RER : le bleu, le vert et le rouge. Son bateau, dans sa partie supérieure, est noir et blanc, comme la bannière templière «le baucent». Son fond est rouge comme la croix pattée. Tintin va en direction de l'aube dorée c'est à dire l'orient, ou lumière renaissante, pour parvenir au château de Ben More Mull, berçeau de la maçonnerie néotemplière. Il est également intéressant de retrouver dans le bateau un bâton qui, en symbolique, est considéré comme une arme magique. Le rituel de Chevalier Rose-Croix dit :
- «Le baguette que vous portez représente le bâton qui doit vous soutenir dans vos voyages. Elle est aussi le signe de commandement, emblème modeste de la vigilance et du droit de l'exercer.»
Le château de Ben More représenté sur les couvertures des deux premières versions de L'île noire est constitué de trois tours distinctes dont deux sont en ruine. Celle restée intacte à la forme de la grande colonne. Tout ceci correspond à une allusion au rituel de Chevalier Rose-Croix du rite Écossais Ancien [...] Les frères de ce degré présentent au postulant à ce grade trois colonnes du temps qui portent chacune un nom différent : foi, charité, espérance. Mais pour une raison que nous n'exposerons pas ici, le temple se trouve ruiné. Seule intacte et illuminée, reste la colonne «espérance». Le rituel dit : «Mais l'Espérance nous éclaire toujours. Avec elle nous rallumerons la Foi et la Charité.» Quand Tintin veut se rendre au château en ruine de Ben More, il s'adresse à un marin qui porte écrit sur son pull le mot anglais Hope qui signifie Espérance.
Jean Pierre Bayard et Pierre Montloin dans Les Rose-Croix ou le complot des sages, paru aux Éditions Cal, nous précisent un point particulièrement essentiel :
- «Ashmole fréquenta les amateurs de science occulte, particulièrement les astrologues, se lia avec Lily et Booker et fut un des convives de la fête mathématique qui se tenait ''Au cerf blanc'' ou ''Ye White Hart''»
Ces références précises à un lieu mythique fréquenté par Ashmole démontrent à nos yeux tout l'intérêt que Hergé porte aux origines supposées de la franc-maçonnerie écossaise liée aux Rose-Croix et présumée protégée par les Stuart. Sinon, quel intérêt y aurait-il à mettre tant en évidence la taverne ''Ye White Hart'' ? ( Elias Ashmole, 1617-1692, maître en théologie de l'université d'Oxford et cofondateur de la Royal Society [...] partisan indéfectible du roi Charles 1er Stuart durant la guerre civile. Ashmole est connu pour être un des tout premiers francs-maçons spéculatifs [...] Certains spécialistes estiment qu'il aurait contribué à la création du grade de maître maçon lié à la légende de l'architecte Hiram. Féru d'astrologie, ami du rose-croix Robert Fludd, Ashmole est considéré comme un des premiers représentants du mouvement rosicrucien au Royaume-Uni.)
[...]
Cette dynastie des Stuart, décidemment incontournable dans l'oeuvre de Hergé, apparaît clairement dans l'Île noire sous son deuxième patronyme, Stewart, nom du clan dont elle est issue. Le mot stewart est en fait un titre qui s'apparente à celui de «Sénéchal», officier royal aux pouvoirs judiciaires étendus. Tintin est entouré de policiers qui lui ont sauvé la vie, dont un certain Stewart. Les autres policiers, Mac Grégor, Robertson, Mac Leod, portent les noms des clans écossais proscrits par les Anglais pour leur fidélité indéfectible à la cause des Stuart.
D'autres allusions à l'ascendance des Stuart apparaissent à la lecture de l'île noire. Le journaliste Michael Farr fait un parallèle entre Tintin coincé dans un grotte et une aventure vécue par le roi Robert Bruce d'Écosse pourchassé par les Anglais.
Nous ajouterons que Robert Bruce, pour entrer dans la grotte, dut à plusieurs reprises détruire une gigantesque toile d'araignée. En voyant l'insecte recommencer inlassablement son travail, il comprit qu'il devait agir de même, avec ténacité et combattre sans relâche jusqu'à la victoire finale. Cette terrible araignée apparaît p. 53 de l'Île noire et terrorise Milou. Auparavant, selon Walter Scott, Robert Bruce avait trouvé refuge au château du comte Malcolm situé sur une île du Loch Lomond. Un château sur une île et le Loch Lomond, dont le nom servit à Hergé en tant que marque de whisky, voilà bien des éléments du scénario de l'Île noire.
Source : Reibel, id. pp. 69-77
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Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Intéressant à savoir :
«Tous les tintinophiles savent que Georges Remi commence et conforte sa carrière de dessinateur de bédés au quotidien catholique Le Vingtième Siècle, grâce à l'appui du patron de ce journal, l'abbé Norbert Wallez (1882-1952), qui est un temps, le directeur de conscience du père de Tintin. [...] l'abbé Wallez, personnage à la personnalité tonitruante, il apparaît plutôt comme un militant politique maurassien qu'un mystique chrétien. Il expédie sa messe en un quart d'heure (Assouline, p.31)
Sans vouloir établir sur ce point une relation avec l'abbé Wallez, précisons que le théoricien monarchiste Charles Maurras (1868-1952) s'intéressa fort à l'occultisme : il déjeûna régulièrement avec le mage Papus, fondateur de l'ordre martiniste, auquel appartenait Maurice Barrès par ailleurs dirigeant de l'Action française. Maurras était également très lié au marquis Stanislas de Guaita, grand maître de l'ordre kabbalistique de la Rose-Croix. Certains des responsables du courant monarchiste maurassien appartinrent à une de ces deux sociétés occultistes. Toutes ces mauvaises fréquentations avec des chrétiens gnostiques peuvent expliquer partiellement la mise à l'index par le Vatican de l'Action française (1926), journal du mouvement politique animé par Charles Maurras.
En tout cas, l'abbé a certaines «mauvaises lectures» dont il fait profiter Hergé. Wallez a une passion pour les thèses développées par le frère Proudhon (1809-1865) sur lequel il rédige un essai. Ce théoricien socialiste français, auteur de la formule «la propriété c'est le vol», a été initié au sein d'une loge de Besançon travaillant au Rite Écossais Rectifié, puis s'appuie en partie sur les réseaux maçonniques européens pour diffuser ses idées.»(Reibel, pp. 90-91)
«Tous les tintinophiles savent que Georges Remi commence et conforte sa carrière de dessinateur de bédés au quotidien catholique Le Vingtième Siècle, grâce à l'appui du patron de ce journal, l'abbé Norbert Wallez (1882-1952), qui est un temps, le directeur de conscience du père de Tintin. [...] l'abbé Wallez, personnage à la personnalité tonitruante, il apparaît plutôt comme un militant politique maurassien qu'un mystique chrétien. Il expédie sa messe en un quart d'heure (Assouline, p.31)
Sans vouloir établir sur ce point une relation avec l'abbé Wallez, précisons que le théoricien monarchiste Charles Maurras (1868-1952) s'intéressa fort à l'occultisme : il déjeûna régulièrement avec le mage Papus, fondateur de l'ordre martiniste, auquel appartenait Maurice Barrès par ailleurs dirigeant de l'Action française. Maurras était également très lié au marquis Stanislas de Guaita, grand maître de l'ordre kabbalistique de la Rose-Croix. Certains des responsables du courant monarchiste maurassien appartinrent à une de ces deux sociétés occultistes. Toutes ces mauvaises fréquentations avec des chrétiens gnostiques peuvent expliquer partiellement la mise à l'index par le Vatican de l'Action française (1926), journal du mouvement politique animé par Charles Maurras.
En tout cas, l'abbé a certaines «mauvaises lectures» dont il fait profiter Hergé. Wallez a une passion pour les thèses développées par le frère Proudhon (1809-1865) sur lequel il rédige un essai. Ce théoricien socialiste français, auteur de la formule «la propriété c'est le vol», a été initié au sein d'une loge de Besançon travaillant au Rite Écossais Rectifié, puis s'appuie en partie sur les réseaux maçonniques européens pour diffuser ses idées.»(Reibel, pp. 90-91)
Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Intéressant tout ce que vous dites, même s'il faut toujours se méfier de la "transitivité" en cette matière (Hergé a travaillé sous la direction de l'abbé Wallez, qui était inspiré par Maurras, qui avait des fréquentation occultistes, parmi lesquels certains proches de la Rose-Croix dont certains membres étaient en fait des francs-maçons du R.E.R, donc Hergé était un franc-maçon du R.E.R... Je sais, vous n'avez pas été jusque là, mais on pourrait être tenté de le déduire).
C'est d'ailleurs souvent le problème qu'on retrouve dans les ouvrages "ésotériques".
Par ailleurs, son intérêt pour la dynastie des Stuart dans "l'Ile Noire" pourrait être mise sur le compte de son catholicisme, puisque les Stuart étaient (en gros) une dynastie "catholique" s'opposant à l'anglicanisme. Comme quoi il y a plusieurs façons de voir les choses.
Mais c'est vrai qu'on peut, de façon nettement plus sûre, retenir au moins de tout ça:
- un intérêt pour l'occulte
- pour l'Ile Noire, des faits influencés par certaines histoires occultistes (où la FM écossaise joue un rôle certains).
Bon, ça ne suffit toujours pas à en faire de mauvaises lectures pour les enfants.
In Xto,
archi.
C'est d'ailleurs souvent le problème qu'on retrouve dans les ouvrages "ésotériques".
Par ailleurs, son intérêt pour la dynastie des Stuart dans "l'Ile Noire" pourrait être mise sur le compte de son catholicisme, puisque les Stuart étaient (en gros) une dynastie "catholique" s'opposant à l'anglicanisme. Comme quoi il y a plusieurs façons de voir les choses.
Mais c'est vrai qu'on peut, de façon nettement plus sûre, retenir au moins de tout ça:
- un intérêt pour l'occulte
- pour l'Ile Noire, des faits influencés par certaines histoires occultistes (où la FM écossaise joue un rôle certains).
Bon, ça ne suffit toujours pas à en faire de mauvaises lectures pour les enfants.
In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.
Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.
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Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Je suis plutôt d'accord avec archi. L'occultisme dans Tintin ce sont plus des références assez vagues et qui passent totalement inaperçue à quelqu'un de non "initié" que de la propagande franc-maçonnique.
Autant dire que cela passe bien loin au-dessus (ou en-dessous) des préoccupations des enfants.
Le petit extrait d'Assouline m'a bien fait rire :
Autant dire que cela passe bien loin au-dessus (ou en-dessous) des préoccupations des enfants.
Le petit extrait d'Assouline m'a bien fait rire :
Vous appelez ça la "sérénité intérieure" vous ?«... offre l'image de quelqu'un qui a atteint la sagesse et la sérénité intérieure. Très ouvert à la réincarnation de l'âme. Inquiet en permanence. Ascète à sa manière. N'a jamais cessé de chercher sa voie et de poursuivre une quête spirituelle sous différentes formes. [...] superstitieux au point de se faire tirer les cartes à la veille de prendre de graves décisions. Consulte volontier les voyantes. Croit aux signes et au mauvais oeil. Attiré par les phénomènes ésotériques et paranormaux.» ( P. Assouline, Hergé, p.359)
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Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Attention. Il ne faut pas se méprendre sur ma démarche. Je n'emprunte pas le train d'une quelconque volonté de vouloir stigmatiser Hergé, à vouloir le présenter comme une menace pour les enfants, son oeuvre comme devant être maudite et soustraite aux présentoirs de la section jeunesse en librairie (sourire).
Non !
Mais il est juste intéressant de savoir comment Hergé bâtissait son oeuvre et qu'il était au fond comme fasciné par ce monde des sociétés secrètes, en particulier cette histoire de franc-maçonnerie écossaise liée à la dynastie des Stuarts, laquelle serait aussi l'élément central présent dans Le secret de la Licorne et Le trésor de Rackam le Rouge. Il semble que cet intérêt de Hergé ne l'aura jamais vraiment quitté, puisque même l'ébauche du dernier album prévu (Tintin et l'Alph-art) aurait été brodée sur un canevas scénaristique impliquant encore une société secrète.
Non !
Mais il est juste intéressant de savoir comment Hergé bâtissait son oeuvre et qu'il était au fond comme fasciné par ce monde des sociétés secrètes, en particulier cette histoire de franc-maçonnerie écossaise liée à la dynastie des Stuarts, laquelle serait aussi l'élément central présent dans Le secret de la Licorne et Le trésor de Rackam le Rouge. Il semble que cet intérêt de Hergé ne l'aura jamais vraiment quitté, puisque même l'ébauche du dernier album prévu (Tintin et l'Alph-art) aurait été brodée sur un canevas scénaristique impliquant encore une société secrète.
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Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Pour résoudre ces énigmes, il faut étudier l'histoire de la dynastie des Stuart régnant sur l'Écosse puis l'Angleterre du XIIIe jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Cette saga sert de toile de fond à ces deux aventures successives de Tintin.
[...]
Il existe une famille de marins anglais du même nom qui a compté, au XVIIe siècle, sept capitaines et au moins deux amiraux. En particulier on raconte l'histoire de l'amiral Richard Haddock, capitaine du Royal James (Jacques), le vaisseau amiral du comte de Sandwich à la bataille de Solebay ... et qui fut ensuite présenté au roi Charles II (Stuart). Celui-ci, après avoir servi dans la marine royale sous le Lord amiral James, duc d'York (frère cadet de Charles II), puis sous celui-ci quand il fut devenu roi sous le nom de Jacques II, s'attacha à la fortune de son supérieur et passa en France avec lui. Le roi Louis XIV se le fit présenter à Saint Germain par Jacques II exilé et, en considération de ses services à la mer et de la fidélité à son souverain légitime, lui confia le commandement de la frégate La Licorne.
Le nom du Grand Amiral, duc d'York, futur Jaques II, est à la fois mondialement connu et ignoré. En effet, par le traité de Bréda, qui mettait fin à la seconde guerre anglo-hollandaise (1665-1667), les Néerlandais abandonnèrent aux Anglais le territoire de la Nouvelle-Amsterdam d'Amérique qui fut rebaptisée New-York en son honneur. [...] Nul doute que lorsque le chevalier de Hadoque s'écrie «que le grand cric me croque» il fasse allusion à Jacques II car un cric de marine par exemple se dit jack en anglais, ce qui, phonétiquement, redonne Jacques en français.
Il est intéressant de savoir que Hergé, si perfectionniste pour tout ce qui touche à son oeuvre, laisse écrire dans la version anglaise du Secret de la Licorne, que Sir François de Hadoque appartenait à la marine de Charles II Stuart.
Nous savons que le Soleil Royal un des navires amiraux de la flotte de Louis XIV a, en partie, servi de modèle à Hergé pour créer la frégate La Licorne. Afin d'aider Jacques II à reconquérir son royaume, le roi de France envoya ce navire pour servir de couverture aux bateaux de débarquement des troupes jacobites en Irlande. Il fut coulé à la bataille navale de la Hougue, les marins anglo-hollandais s'étaient particulièrement acharnés sur le Soleil Royal, pensant que le roi d'Angleterre et d'Écosse détrôné se trouvait à son bord.
Brest était le port d'attache de toutes les troupes franco-jacobites. Le détruire devenait d'une importance capitale pour les Anglais fidèles à Guillaume d'Orange (les Orangistes). Les 17 et 18 juin 1694 une flotte ennemie ayant de nombreuses troupes terrestres à son bord est en vue de Brest. Vauban, qui défend la place, écrit que après «une grosse canonade (tonnerre de Brest) les troupes ennemies débarquent sous un feu intense de mousqueterie». Le commandant d'une compagnie de fusillers marins s'élance à la tête des ses hommes vers les assaillants, épée à la main, donnant le signal de la contre-attaque. Les Anglais se replient dans le plus grand désordre vers leurs embarcations laissant plus de mille hommes sur le terrain, tant morts que prisonniers. Des batteries de canons disposées sur la tour de Camaret et le long de la côte, tirent sur les vaisseaux qui se dérobent. Nul doute que l'officier de marine qui repoussa l'assaut des ennemis fut le chevalier de Hadoque. C'est pourquoi dans Le trésor de Rackham le Rouge, p. 58, nous lisons le parchemin suivant :
Suit un gros trou dans le parchemin. Alors pourquoi pas le 15 juillet 1694 ? ce qui serait cohérent avec la bataille du port de Brest, les 17 et 18 juin de la même année, et justifierait l'emploi de tonnerre de Brest par le chevalier de Hadoque ainsi que la lettre de gratification de Louis XIV en juillet.
Moulinsart ou Moulin Stuart ?
Ce château de Moulinsart correspond à une histoire très concrète concernant les Stuart et Louis XIV. Intéressés par la saga de cette illustre famille, nous sommes allé à deux reprises à Édimbourg en Écosse pour rencontrer le prince Michael d'Albany. Ce très sympathique descendant des Stuart nous a offert un volumineux livre dédicacé intitulé La monarchie oubliée d'Écosse, retraçant la vie de ses ancêtres et dont il est l'auteur. P. 156 nous apprenons qu'en 1692, le roi Louis XIV a offert à la fille de Jacques II, qui était sa filleule, le château du Moulin du Ruy situé de nos jours dans les Ardennes belges, près de Spa et ... du hameau de Sart. Liège et sa proche région ardennaise avaient été les alliés de la France lors de la guerre dite de Hollande et demeuraient sous protection française. Resté dans la famille du prince jusqu'en 1968, le château était surnommé Moulin Stuart.
Le prince Michael nous a aussi affirmé que son grand-père, Julius, dernier propriétaire du château du Moulin du Ruy, connaissait fort bien Hergé et son ami le peintre et dessinateur Jacques Laudy au moins depuis la dernière guerre. Laudy, qui était un passionné des traditions écossaises, jouait parfois de la cornemuse en kilt, dans les rues de Bruxelles. Hergé s'est donc inspiré de l'histoire de ces lieux pour créer l'appellation «château de Moulinsart». Le père de Tintin , à ce sujet, nous fait des petits clins d'oeil :
- Coke en stock, p.62. Le panneau «start» planté bizarrement au pied du château rappelle le mot Stuart (château + start)
-Les bijoux de la Castafiore. La diva se plaint d'entrer dans ce château comme dans un moulin (p.42) et précédemment il est fait mention des Ardennes belges (p.27)
Nous avons confirmation que l'histoire du château de Moulinsart est inspirée de la tradition jacobite en examinant la dernière partie du Trésor de Rackham le Rouge. [...] Ivan A. Alexandre, à propos des airs d'opéra apparaissant dans l'oeuvre d'Hergé, écrit ceci :
Le 5 septembre 1701, Jacques II, le roi d'Angleterre détrôné par son gendre Guillaume d'Orange, s'éteignait à Saint-Germain-en-Laye. Il avait vécu en exil dans le vaste château où Louis XIV l'avait généreusement accueilli.
Peu de gens s'intéressent aujourd'hui à ce grand amiral, converti au catholicisme qui, certains l'assurent, fut un des précurseurs de la franc-maçonnerie française du Rite Écossais Ancien. Ce qui n'empêche pas d'autres de venir interroger, dans l'église de Saint Germain le mausolée de marbre blanc abritant sa dépouille. Ils espèrent décrypter dans le texte qui recouvre la pierre froide des clefs cachées aptes à les guider sur les traces d'un trésor perdu. (un des ateliers de la Grande Loge Nationale Française se nomme «Le trésor des Stuarts»)
[...]
L'existence de la légende du trésor [...] nous a été confirmée par le prince Michael d'Albany. Très amusé par nos théories sur la présence de ses ancêtres dans l'oeuvre de Hergé, le prince nous encouragea à developper ce thème. Alors, précisons que la Maison Royale des Stuart est appelée celle des licornes et que les armes de leur clan sont ornées de la représentation de ce même animal mythique. [...] La licorne est donc l'emblème de l'Écosse et de ses rois et, par extension, celui du capitaine Haddock car Hergé donna à son héros un prénom typiquement scottish : Archibald, qui se traduit par «super audacieux».
Source : O. Reibel, pp. 46-50
[...]
Il existe une famille de marins anglais du même nom qui a compté, au XVIIe siècle, sept capitaines et au moins deux amiraux. En particulier on raconte l'histoire de l'amiral Richard Haddock, capitaine du Royal James (Jacques), le vaisseau amiral du comte de Sandwich à la bataille de Solebay ... et qui fut ensuite présenté au roi Charles II (Stuart). Celui-ci, après avoir servi dans la marine royale sous le Lord amiral James, duc d'York (frère cadet de Charles II), puis sous celui-ci quand il fut devenu roi sous le nom de Jacques II, s'attacha à la fortune de son supérieur et passa en France avec lui. Le roi Louis XIV se le fit présenter à Saint Germain par Jacques II exilé et, en considération de ses services à la mer et de la fidélité à son souverain légitime, lui confia le commandement de la frégate La Licorne.
Le nom du Grand Amiral, duc d'York, futur Jaques II, est à la fois mondialement connu et ignoré. En effet, par le traité de Bréda, qui mettait fin à la seconde guerre anglo-hollandaise (1665-1667), les Néerlandais abandonnèrent aux Anglais le territoire de la Nouvelle-Amsterdam d'Amérique qui fut rebaptisée New-York en son honneur. [...] Nul doute que lorsque le chevalier de Hadoque s'écrie «que le grand cric me croque» il fasse allusion à Jacques II car un cric de marine par exemple se dit jack en anglais, ce qui, phonétiquement, redonne Jacques en français.
Il est intéressant de savoir que Hergé, si perfectionniste pour tout ce qui touche à son oeuvre, laisse écrire dans la version anglaise du Secret de la Licorne, que Sir François de Hadoque appartenait à la marine de Charles II Stuart.
Nous savons que le Soleil Royal un des navires amiraux de la flotte de Louis XIV a, en partie, servi de modèle à Hergé pour créer la frégate La Licorne. Afin d'aider Jacques II à reconquérir son royaume, le roi de France envoya ce navire pour servir de couverture aux bateaux de débarquement des troupes jacobites en Irlande. Il fut coulé à la bataille navale de la Hougue, les marins anglo-hollandais s'étaient particulièrement acharnés sur le Soleil Royal, pensant que le roi d'Angleterre et d'Écosse détrôné se trouvait à son bord.
Brest était le port d'attache de toutes les troupes franco-jacobites. Le détruire devenait d'une importance capitale pour les Anglais fidèles à Guillaume d'Orange (les Orangistes). Les 17 et 18 juin 1694 une flotte ennemie ayant de nombreuses troupes terrestres à son bord est en vue de Brest. Vauban, qui défend la place, écrit que après «une grosse canonade (tonnerre de Brest) les troupes ennemies débarquent sous un feu intense de mousqueterie». Le commandant d'une compagnie de fusillers marins s'élance à la tête des ses hommes vers les assaillants, épée à la main, donnant le signal de la contre-attaque. Les Anglais se replient dans le plus grand désordre vers leurs embarcations laissant plus de mille hommes sur le terrain, tant morts que prisonniers. Des batteries de canons disposées sur la tour de Camaret et le long de la côte, tirent sur les vaisseaux qui se dérobent. Nul doute que l'officier de marine qui repoussa l'assaut des ennemis fut le chevalier de Hadoque. C'est pourquoi dans Le trésor de Rackham le Rouge, p. 58, nous lisons le parchemin suivant :
- «Louis, par la grâce de Dieu, voulant récompenser les grands mérites de notre cher et aimé François, chevalier de Hadoque, lieutenant de notre marine, lui baillons et délaissons notre château de Moulinsart, avec toutes et chacune de ses appartenances, car tel est notre plaisir. Donné à Versailles, le quinzième de juillet de l'an de grâce mil six cent quantre vingt qu ...»
Suit un gros trou dans le parchemin. Alors pourquoi pas le 15 juillet 1694 ? ce qui serait cohérent avec la bataille du port de Brest, les 17 et 18 juin de la même année, et justifierait l'emploi de tonnerre de Brest par le chevalier de Hadoque ainsi que la lettre de gratification de Louis XIV en juillet.
Moulinsart ou Moulin Stuart ?
Ce château de Moulinsart correspond à une histoire très concrète concernant les Stuart et Louis XIV. Intéressés par la saga de cette illustre famille, nous sommes allé à deux reprises à Édimbourg en Écosse pour rencontrer le prince Michael d'Albany. Ce très sympathique descendant des Stuart nous a offert un volumineux livre dédicacé intitulé La monarchie oubliée d'Écosse, retraçant la vie de ses ancêtres et dont il est l'auteur. P. 156 nous apprenons qu'en 1692, le roi Louis XIV a offert à la fille de Jacques II, qui était sa filleule, le château du Moulin du Ruy situé de nos jours dans les Ardennes belges, près de Spa et ... du hameau de Sart. Liège et sa proche région ardennaise avaient été les alliés de la France lors de la guerre dite de Hollande et demeuraient sous protection française. Resté dans la famille du prince jusqu'en 1968, le château était surnommé Moulin Stuart.
Le prince Michael nous a aussi affirmé que son grand-père, Julius, dernier propriétaire du château du Moulin du Ruy, connaissait fort bien Hergé et son ami le peintre et dessinateur Jacques Laudy au moins depuis la dernière guerre. Laudy, qui était un passionné des traditions écossaises, jouait parfois de la cornemuse en kilt, dans les rues de Bruxelles. Hergé s'est donc inspiré de l'histoire de ces lieux pour créer l'appellation «château de Moulinsart». Le père de Tintin , à ce sujet, nous fait des petits clins d'oeil :
- Coke en stock, p.62. Le panneau «start» planté bizarrement au pied du château rappelle le mot Stuart (château + start)
-Les bijoux de la Castafiore. La diva se plaint d'entrer dans ce château comme dans un moulin (p.42) et précédemment il est fait mention des Ardennes belges (p.27)
Nous avons confirmation que l'histoire du château de Moulinsart est inspirée de la tradition jacobite en examinant la dernière partie du Trésor de Rackham le Rouge. [...] Ivan A. Alexandre, à propos des airs d'opéra apparaissant dans l'oeuvre d'Hergé, écrit ceci :
- «Un château en Écosse : l'autre opéra sur lequel Hergé a fondé l'un de ses plus parfaits scénarios, avait échappé aux exégètes. Pourtant, il crie à l'évidence. Le personnage central de La dame blanche, opéra comique d'Adrien Boieldieu, livret d'Eugène Scribe, d'après Walter Scott, est un château, le château d'Avenel en Écosse. L'héritier disparu, ce château devait être vendu aux enchères. Après maintes péripéties, il sera acquis par l'héritier en question qui s'ignorait tel, grâce à un trésor jadis dissimulé dans une statue et que l'on vient de retrouver. Château, vente aux enchères, héritier imprévu, trésor caché dans une statue ... Évidemment ! Le trésor de Rackham le Rouge trait pour trait.»
- «Il ne fait aucun doute que Hergé connut La dame blanche dont il mit un extrait dans une scène du Crabe aux pinces d'or. Hergé a bien vu l'opéra-comique vers 1930 en compagnie de sa presque fiancée, Germaine.»
Le 5 septembre 1701, Jacques II, le roi d'Angleterre détrôné par son gendre Guillaume d'Orange, s'éteignait à Saint-Germain-en-Laye. Il avait vécu en exil dans le vaste château où Louis XIV l'avait généreusement accueilli.
Peu de gens s'intéressent aujourd'hui à ce grand amiral, converti au catholicisme qui, certains l'assurent, fut un des précurseurs de la franc-maçonnerie française du Rite Écossais Ancien. Ce qui n'empêche pas d'autres de venir interroger, dans l'église de Saint Germain le mausolée de marbre blanc abritant sa dépouille. Ils espèrent décrypter dans le texte qui recouvre la pierre froide des clefs cachées aptes à les guider sur les traces d'un trésor perdu. (un des ateliers de la Grande Loge Nationale Française se nomme «Le trésor des Stuarts»)
[...]
L'existence de la légende du trésor [...] nous a été confirmée par le prince Michael d'Albany. Très amusé par nos théories sur la présence de ses ancêtres dans l'oeuvre de Hergé, le prince nous encouragea à developper ce thème. Alors, précisons que la Maison Royale des Stuart est appelée celle des licornes et que les armes de leur clan sont ornées de la représentation de ce même animal mythique. [...] La licorne est donc l'emblème de l'Écosse et de ses rois et, par extension, celui du capitaine Haddock car Hergé donna à son héros un prénom typiquement scottish : Archibald, qui se traduit par «super audacieux».
Source : O. Reibel, pp. 46-50
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- Conviction : catholique perplexe
Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
jeanbaptiste,
Même pour l'adulte qui ne serait pas ''au parfum'' des idées de Hergé, la personne ne se rendra compte de rien. Je suis d'accord.
Par exemple il serait totalement impossible au premier quidam venu de deviner spontanément l'origine du château de Moulinsart. Il faudra absolument avoir lu à quelque part comment Hergé connaissait le propriétaire et taratata.
Ce qui se révèle pourtant bien vrai, mais c'est que Hergé avait de nombreuses connaissances dans son entourage immédiat et qui se passionnaient pour ces trucs de sociétés secrètes (occultismes, franc-maçonnerie, etc.) Hergé était copain avec Jacques Bergier entre autres (le Bergier du livre Le matin des magiciens). Or Bergier était féru de théosophie, du club de la Golden Dawn et potassait toutes les théories folichones de Mme Blavatsky, les thèses folles des nazis sur la race des hyperboréens, thulé, Horbiger et cie. Hergé n'aura fait qu'intégré plus ou moins discrètement de nombreuses allusions directes à ces sociétés et théories d'occultistes; lesquelles viennent tapisser son oeuvre. Il ne s'agit pas d'observations digne d'esprit déjantés.
Tout l'album L'Étoile mystérieuse ressortirait directement d'une entreprise de recherche nazi véritable ayant eu lieu avant la guerre et s'enracinant dans les thèses folles dont Bergier fera état dans son livre. Le navire de recherche qui part en expédition vers le pôle à la recherche des traces de l'aérolithe était une vraie équipée allemande d'avant-guerre. Hergé n'aura fait que changer l'expédition en une entreprise européenne, du reste que le navire s'appelle l'Aurore.
... nous n'avons pas évoqué les théories de Hans Horbiger (1860-1931) sur la glace éternelle. Bergier et Pauwels dans Le matin des magiciens consacrent un chapitre entier à cet ingénieur autrichien d'avant-guerre, aux théories cycliques discutables.
Sans trop entrer dans les détails, Horbiger estimait que la vie d'origine cosmique résultait sous forme initiale d'un éternel conflit entre le feu et la glace. De manière complémentaire sur ce sujet, il insistait beaucoup sur les forces d'attraction et de répulsion entre les planètes. Par exemple, la terre avait capturé successivement quatre lunes constituées de glace, la dernière étant notre satellite actuel. À trois reprises, du fait de l'attraction terrestre, les lunes glacées se seraient écrasées dans un déluge de feu sur notre planète. Ceci expliquerait les trois ères climatiques (primaire, secondaire, tertiaire) que nous avons connues avant d'entrer dans celle actuelle du quaternaire.
Horbiger précisait que lorsqu'une lune se trouvait très proche de notre terre, de par son attraction les végétaux, les insectes puis, plus tard les hommes, prenaient des tailles gigantesques. [...] Toujours selon Bergier de très nombreux européens dont environ un million après guerre crurent en les théories d'Horbiger. [...] prenons maintenant l'album L'étoile mystérieuse. Nous y trouverons une partie des conceptions d'Horbiger sous une forme condensée.
La collision du feu céleste de l'aérolithe et de la glace polaire crée de la vapeur et une nouvelle île d'où émerge la vie sous forme de champignons, d'arbres et d'insectes tous gigantesques (p.52, 53)
Les astronomes malgré leurs savants calculs mathématiques se trompent sur leurs prévisions (p.6). Voilà qui vérifie le jugement d'Horbiger sur le mensonge des mathématiques en matière d'astronomie.
Horbiger justifiait une partie de ses recherches sur la glace cosmique par l'observation des anneaux de Saturne. Quant au professeur Calys à qui Tintin fait découvrir progressivement la vraie science , il ne cesse de s'intéresser à ces anneaux. Particulièrement lorsqu'il consulte un spectroscope de l'aérolithe (p.11). N'oublions pas que cette invention fut mise au point par Stark devenu par la suite un des partisans de Horbiger.
Dans le contexte de fin du monde décrit par L'Étoile mystérieuse nous voyons apparaître le prophète Philllipulus qui tient des propos apocalyptiques. Les adeptes des théories de Horbiger voyaient dans le récit de l'Apocalypse une profonde réminescence d'une catastrophe d'origine cosmique antérieur décrite par leur maître : la fin de l'Atlantide.
Le chantre autrichien de la glace cosmique éternelle éstimait que la Lune était constituée de cette matière. Plus tard, Tintin va lui-même le vérifier dans On a marché sur la Lune. Il trouve bien au coeur de notre satellite une importante quantité de glace.
Chez Jacobs, au cours du scénario de L'Énigme de l'Atlantide, les théories d'Horbiger sont clairement exposées : ce mythique continent se trouve détruit (p.21) par la chute d'une Lune qui se trouve remplacée grâce à la capture par la terre d'un nouveau satellite, celui que nous connaissons actuellement. Puis nous retrouvons comme dans l'Étoile mystérieuse d'Hergé, les mêmes champignons , arbres et insectes tous gigantesques. Souvenons aussi que Jacques Van Melkebeke, futur scénariste de L'Énigme de l'Atlantide de Jacobs fut d'abord celui de L'Étoile mystérieuse d'Hergé.
Hergé semble s'être inspiré du bateau de l'expédition polaire nazie de 1938, le Schwaberland, pour réaliser celui de l'Aurore dans L'Étoile mystérieuse. Seule changerait le modèle modernisé d'hydravion militaire allemand à l'arrière de chaque bateau : un Dornier DO18 est remplacé pare un Arado Ar196. En transformant l'expéditions polaire nazie en celle européenne plutôt neutraliste et pacifique dirigée par Tintin, Hergé rectifie le véritable sens à donner à l'exploration spirituelle de l'Hyperborée.
En lisant Tintin, Haddock et les bateaux, publié par les très officielles Éditions Moulinsart, vous pourrez savoir où est tombé l'aérolithe (p.42). «Hergé a fourni quelques rares éléments épars permettant de localiser l'aérolithe dans l'océan glacial Arctique.». Il est tombé au nord des îles Spitzberg, exactement là où Mme Blavatsky situait la première Atlantide hyperboréenne et aryenne.
La meileure preuve de l'importance de l'Hyperborée et de l'île de l'ultima Thulé au sein de l'oeuvre de Hergé se trouve dans le texte de la scène du fameux «Air des bijoux» si souvent chanté par Bianca Castafiore. Cet air est extrait de la scène VI, acte III, de l'opéra Faust de Gounod (1815-1893) qui commence par ce qu'il est convenu d'appeler la ballade du roi de Thulé.
Il était un roi de Thulé
Qui jusqu'à la tombe fidèle
Eut en souvenir sa belle
Une coupe en or ciselé
etc.
Puis arrive l'Air des bijoux :
Ah ! Je ris de me vois si belle en ce miroir ...
Est-ce toi Marguerite ? ...
Non, non ! Ce n'est plus ton visage.
C'est la fille d'un roi
Qu'on salue au passage ... (Bis)
Le livret de cet opéra est inspiré du Faust de Goethe traduit par Gérard de Nerval (1808-1855). [...] La lecture de son Faust reste une référence pour tous les occultistes. [...] Quant à l'ami de Jacques Bergier, Robert Charroux, auteur du Livre des secrets trahis dont Hergé s'inspirera plus tard pour le scénario de Vol 714 pour Sydney, il écrit : «La coupe du roi de Thulé, c'est le Saint Graal, trésor plein de charme évoquant la terre mère disparue (l'hyperborée). La naissance de cette légende a peut-être aussi pour origine le Critias de Platon qui évoque une coupe, ou cratère, dont se servaient les rois atlantes lors de cérémonies religieuses.»
Oui, c'est vrai pour les enfants.L'occultisme dans Tintin ce sont plus des références assez vagues et qui passent totalement inaperçue à quelqu'un de non "initié" que de la propagande franc-maçonnique. Autant dire que cela passe bien loin au-dessus (ou en-dessous) des préoccupations des enfants.
Même pour l'adulte qui ne serait pas ''au parfum'' des idées de Hergé, la personne ne se rendra compte de rien. Je suis d'accord.
Par exemple il serait totalement impossible au premier quidam venu de deviner spontanément l'origine du château de Moulinsart. Il faudra absolument avoir lu à quelque part comment Hergé connaissait le propriétaire et taratata.
Ce qui se révèle pourtant bien vrai, mais c'est que Hergé avait de nombreuses connaissances dans son entourage immédiat et qui se passionnaient pour ces trucs de sociétés secrètes (occultismes, franc-maçonnerie, etc.) Hergé était copain avec Jacques Bergier entre autres (le Bergier du livre Le matin des magiciens). Or Bergier était féru de théosophie, du club de la Golden Dawn et potassait toutes les théories folichones de Mme Blavatsky, les thèses folles des nazis sur la race des hyperboréens, thulé, Horbiger et cie. Hergé n'aura fait qu'intégré plus ou moins discrètement de nombreuses allusions directes à ces sociétés et théories d'occultistes; lesquelles viennent tapisser son oeuvre. Il ne s'agit pas d'observations digne d'esprit déjantés.
Tout l'album L'Étoile mystérieuse ressortirait directement d'une entreprise de recherche nazi véritable ayant eu lieu avant la guerre et s'enracinant dans les thèses folles dont Bergier fera état dans son livre. Le navire de recherche qui part en expédition vers le pôle à la recherche des traces de l'aérolithe était une vraie équipée allemande d'avant-guerre. Hergé n'aura fait que changer l'expédition en une entreprise européenne, du reste que le navire s'appelle l'Aurore.
... nous n'avons pas évoqué les théories de Hans Horbiger (1860-1931) sur la glace éternelle. Bergier et Pauwels dans Le matin des magiciens consacrent un chapitre entier à cet ingénieur autrichien d'avant-guerre, aux théories cycliques discutables.
Sans trop entrer dans les détails, Horbiger estimait que la vie d'origine cosmique résultait sous forme initiale d'un éternel conflit entre le feu et la glace. De manière complémentaire sur ce sujet, il insistait beaucoup sur les forces d'attraction et de répulsion entre les planètes. Par exemple, la terre avait capturé successivement quatre lunes constituées de glace, la dernière étant notre satellite actuel. À trois reprises, du fait de l'attraction terrestre, les lunes glacées se seraient écrasées dans un déluge de feu sur notre planète. Ceci expliquerait les trois ères climatiques (primaire, secondaire, tertiaire) que nous avons connues avant d'entrer dans celle actuelle du quaternaire.
Horbiger précisait que lorsqu'une lune se trouvait très proche de notre terre, de par son attraction les végétaux, les insectes puis, plus tard les hommes, prenaient des tailles gigantesques. [...] Toujours selon Bergier de très nombreux européens dont environ un million après guerre crurent en les théories d'Horbiger. [...] prenons maintenant l'album L'étoile mystérieuse. Nous y trouverons une partie des conceptions d'Horbiger sous une forme condensée.
La collision du feu céleste de l'aérolithe et de la glace polaire crée de la vapeur et une nouvelle île d'où émerge la vie sous forme de champignons, d'arbres et d'insectes tous gigantesques (p.52, 53)
Les astronomes malgré leurs savants calculs mathématiques se trompent sur leurs prévisions (p.6). Voilà qui vérifie le jugement d'Horbiger sur le mensonge des mathématiques en matière d'astronomie.
Horbiger justifiait une partie de ses recherches sur la glace cosmique par l'observation des anneaux de Saturne. Quant au professeur Calys à qui Tintin fait découvrir progressivement la vraie science , il ne cesse de s'intéresser à ces anneaux. Particulièrement lorsqu'il consulte un spectroscope de l'aérolithe (p.11). N'oublions pas que cette invention fut mise au point par Stark devenu par la suite un des partisans de Horbiger.
Dans le contexte de fin du monde décrit par L'Étoile mystérieuse nous voyons apparaître le prophète Philllipulus qui tient des propos apocalyptiques. Les adeptes des théories de Horbiger voyaient dans le récit de l'Apocalypse une profonde réminescence d'une catastrophe d'origine cosmique antérieur décrite par leur maître : la fin de l'Atlantide.
Le chantre autrichien de la glace cosmique éternelle éstimait que la Lune était constituée de cette matière. Plus tard, Tintin va lui-même le vérifier dans On a marché sur la Lune. Il trouve bien au coeur de notre satellite une importante quantité de glace.
Chez Jacobs, au cours du scénario de L'Énigme de l'Atlantide, les théories d'Horbiger sont clairement exposées : ce mythique continent se trouve détruit (p.21) par la chute d'une Lune qui se trouve remplacée grâce à la capture par la terre d'un nouveau satellite, celui que nous connaissons actuellement. Puis nous retrouvons comme dans l'Étoile mystérieuse d'Hergé, les mêmes champignons , arbres et insectes tous gigantesques. Souvenons aussi que Jacques Van Melkebeke, futur scénariste de L'Énigme de l'Atlantide de Jacobs fut d'abord celui de L'Étoile mystérieuse d'Hergé.
Hergé semble s'être inspiré du bateau de l'expédition polaire nazie de 1938, le Schwaberland, pour réaliser celui de l'Aurore dans L'Étoile mystérieuse. Seule changerait le modèle modernisé d'hydravion militaire allemand à l'arrière de chaque bateau : un Dornier DO18 est remplacé pare un Arado Ar196. En transformant l'expéditions polaire nazie en celle européenne plutôt neutraliste et pacifique dirigée par Tintin, Hergé rectifie le véritable sens à donner à l'exploration spirituelle de l'Hyperborée.
En lisant Tintin, Haddock et les bateaux, publié par les très officielles Éditions Moulinsart, vous pourrez savoir où est tombé l'aérolithe (p.42). «Hergé a fourni quelques rares éléments épars permettant de localiser l'aérolithe dans l'océan glacial Arctique.». Il est tombé au nord des îles Spitzberg, exactement là où Mme Blavatsky situait la première Atlantide hyperboréenne et aryenne.
La meileure preuve de l'importance de l'Hyperborée et de l'île de l'ultima Thulé au sein de l'oeuvre de Hergé se trouve dans le texte de la scène du fameux «Air des bijoux» si souvent chanté par Bianca Castafiore. Cet air est extrait de la scène VI, acte III, de l'opéra Faust de Gounod (1815-1893) qui commence par ce qu'il est convenu d'appeler la ballade du roi de Thulé.
Il était un roi de Thulé
Qui jusqu'à la tombe fidèle
Eut en souvenir sa belle
Une coupe en or ciselé
etc.
Puis arrive l'Air des bijoux :
Ah ! Je ris de me vois si belle en ce miroir ...
Est-ce toi Marguerite ? ...
Non, non ! Ce n'est plus ton visage.
C'est la fille d'un roi
Qu'on salue au passage ... (Bis)
Le livret de cet opéra est inspiré du Faust de Goethe traduit par Gérard de Nerval (1808-1855). [...] La lecture de son Faust reste une référence pour tous les occultistes. [...] Quant à l'ami de Jacques Bergier, Robert Charroux, auteur du Livre des secrets trahis dont Hergé s'inspirera plus tard pour le scénario de Vol 714 pour Sydney, il écrit : «La coupe du roi de Thulé, c'est le Saint Graal, trésor plein de charme évoquant la terre mère disparue (l'hyperborée). La naissance de cette légende a peut-être aussi pour origine le Critias de Platon qui évoque une coupe, ou cratère, dont se servaient les rois atlantes lors de cérémonies religieuses.»
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Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Et une amusante ici à propos du personnage de la cantatrice de Hergé.
Bianca Castafiore alias Emma-Rose Calvé
Le personnage de Bianca Castafiore est sans aucun doute inspiré de celui de la cantatrice internationalement adulée à son époque, la Française Emma-Rose Calvé (1858-1942). Surnommé la «Diva du siècle», les amateurs d'opéra du monde entier se pressaient à ses représentations pour ensuite la couvrir de vivats. Par exemple, en 1906 à New-York environ 30 000 admirateurs l'avaient porté en triomphe sur un pavois. La reine Victoria appréciait tellement Calvé qu'après l'avoir couverte de cadeaux dont un somptueux bijoux, elle la fit statufier. Le tsar Nicolas II un soir avait étendu sa cape sous ses pas afin qu'elle ne marchât pas dans la neige. Du fait de son immense succès, tous les salons mondains ou littéraires lui étaient ouverts. Pour plus de détails sur la vie de Calvé, nous invitons le lecteur à lire l'excellente biographie que Jean Contrucci lui a consacrée. Intitulé évidemment Emma Calvé, la Diva du siècle, cet ouvrage est publié chez Albin Michel.
1. A l'origine de sa carrière, Emma Calvé signa son premier contrat pour interpréter le Faust de Gounod au théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Le directeur de cette prestigieuse scène lyrique l'avait engagée définitivement après lui avoir fait jouer avec succès le rôle de Marguerite chantant le célèbre «Air des bijoux» de cet opéra.
A ce sujet, le biographe de Calvé écrit :
Cet extrait de la Ballade du roi de Thulé du Faust de Gounod reste une des mélodies préférées de Calvé. Elle n'hésitait pas à l'entonner à l'improviste, n'importe où, quand on lui en faisait la demande. Voilà qui nous rappelle une manie récurrente de la Castafiore. Et le rôle de Marguerite marqua Calvé à tel point qu'elle demanda de faire graver sur sa tombe les dernières paroles de l'héroïne du Faust : «Dieu juste, à toi je m'abandonne, Dieu bon, je suis à toi, pardonne !»
Edgar P. Jacobs disait avoir choisi, comme premier métier de devenir chanteur d'art lyrique en assistant à une représentation de Faust de Gounod au théâtre de la Monnaie. Ensuite il entraîna à de nombreuses reprises son ami d'enfance, Jacques Von Melkebeke, voir cet opéra. [...] lors de la refonte du livre Le Sceptre d'Ottokar, la Diva entonne son fameux Air des bijoux en présence de Jacobs (p.38). Pour cette occasion, Hergé a dessiné son ami en officier de la cour du roi Muskar assistant au premier rang, en connaisseur, au récital de la Castafiore.
Bizarrement, lorsque Haddock et Tintin écoutent la Castafiore entonner l'Air des bijoux, ils semblent ne pas apprécier le timbre de sa voix qui cependant ne peut être faux. Nous trouvons une explication à ce paradoxe en lisant Jean Contrucci à propos de la singulière façon de chanter de la Diva.
En effet, cette façon de chanter n'est manifestement pas au goût de Capitaine et de Tintin. Emma était aussi réputé pour l'extrême aigu de sa voix. Ainsi, nous comprenons pourquoi dans Le sceptre d'Ottokar, la voiture de la Castafiore est équipée de vitres Securitt (p.28)
Lorsqu'il entend chanter la Castafiore, le Capitaine dit :
«Je ne sais pas pourquoi, mais chaque fois que je l'entends, je pense à ce cyclone qui s'est un jour abattu sur mon bateau alors que je naviguais dans la mer des Antilles» (Les sept boules de cristal, p.11)
Jean Contrucci raconte l'histoire suivante à propos d'Emma-Rose Calvé :
Emma-Rose avait parfois l'esprit un peu confus. Elle se trompait souvent sur les dates et déformait les noms propres, tant à l'oral qu'à l'écrit. Par exemple, Spinoza devenait Spinozz, Nietzsche : Nietze, l'abbé Saunière : l'abbé Sommière, etc. Selon Contrucci : «Elle mélangeait tout avec une touchante maladresse : les époques et les pharaons, les dieux et les dynasties, les styles et les cultes, les lieux et les symboles.» Ainsi nous comprenons que la Castafiore arrive à Moulinsart le 16 au lieu du 17 annoncé, qu'elle déforme le nom d'Haddock en Kappock, Mastock, Bartock, etc. Nous ne nous étonnons pas non plus qu'elle confonde le style Louis XIII avec celui, plus hypothétique, d'Henri XV (Les bijoux de la Castafiore)
Emma-Rose Calvé aimait la compagnie des gitans. Pour améliorer son rôle de Carmen, ils lui avaient appris à danser le Flamenco. Elle fit même avec eux le pélerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer lié au culte de Marie-Madeleine. Notons que dans Les bijoux de la Castafiore, la Diva d'Hergé n'accuse jamais les bohémiens de lui avoir dérobé son émeraude.
Dans son autobiographie, le «Rossignol de Cabrières» et non «de Milan», disait porter une immense admiration à Wagner. [...] Calvé devint une amie de Cosima Wagner, née Liszt, qui veillait jalousement sur l'héritage musical de son époux. Tout aussi naturellement, la Castafiore ne se sépare jamais de son répétiteur nommé Wagner. Le répétiteur habituel de Calvé se nommait le marquis de Vriendt (1907-2001), belge de naissance, qui passa ensuite au service de Ravel.
[...]
Calvé fut passionnée par les sciences occultes et appartint à l'ordre martiniste de Papus dont elle fut Supérieure Inconnue. Calvé fut aussi très longtemps la maitresse d'un grand nom de l'occultisme : Jules Bois (1860-1943) qui appartint à la Golden Dawn, puis influença considérablement le mouvement rosicrucien en France et aux États-Unis.
Ce fut la Diva qui fit connaître aux milieux occultistes parisiens le personnage central du mystère de Rennes-le-Château : l'abbé Saunière qui aurait été un disciple du mage Péladan. Outre son grand ami Papus, Emma Calvé fut en relation suivie avec nombre de personnages dont nous avons cité les noms au cours de cet ouvrage : Paul le Cour, Stanislas de Guaita, Camille Flammarion, Maurice Barrès, Erik Satie, etc. Nous sommes ici au coeur de la grande famille française occultiste de cette époque. Mais ce qui rend encore aujourd'hui Calvé célèbre dans ce milieu, concerne le fameux Prieuré ou Ordre de Sion, remis à l'honneur par le DaVinciCode de Dan Brown.
[...]
Calvé, la Castafiore et Blanche de Castille
Nous savons que ce fut grâce à Emma Calvé que l'histoire du trésor de Rennes-le-Château se répandit dans les milieux occultes parisiens [...] A propos des légendes de trésor caché concernant Rennes-le-Château , le spécialiste de cette affaire, le frère Gérard de Sède écrit ceci :
«On dit d'abord que la reine Blanche de Castille, chassée de Paris par la croisade des pastoureaux, serait venue se réfugier dans le Razès (où se trouve Rennes-le-Château), y aurait fait bâtir le château de Blanchefort et y aurait caché son or. Les troubles apaisés, elle serait rentrée dans la capitale et aurait confié le secret de la cachette à son fils, saint Louis. Celui-ci l'aurait à son tour transmis à son propre fils, Philippe le Hardi, qui fut brusquement saisi par la mort avant d'en avoir pu informer Philippe le Bel (le persécuteur des templiers). Ainsi le secret du trésor du château de Blanchefort se serait-il perdu.» (Le trésor maudit de Rennes-le-Château, p.65)
Revenons au personnage de Bianca Castafiore alias Emma-Rose Calvé. Son prénom, Bianca, sigifie en français : Blanche. Avec les lettres composant son nom complet francisé : Blanche Castafiore, nous pouvons facilement former le mot «castel» qui en occitan désigne un château. Mais aussi l'adjectif «fort» Blanche Castafiore peut donc se traduire, par jeu de mots, par «château de Blanchefort» soit celui construit par Blanche de Castille dans le village de Razès précisément appelé depuis Rennes-le-Château.
Regardons la couverture des «Bijoux de la Castafiore» où nous voyons la Diva , toute de rouge vêtue, chanter dos à une fenêtre au montant en forme de croix. Calvé alias la Castafiore, se prénommait Emma-Rose [...] Ainsi symboliquement nous retrouvons la rose rouge rosicrucienne au centre d'une croix. Et Tintin l'index sur la bouche impose le silence du secret. Ce geste est très proche de celui pratiqué comme signe de reconnaissance par les maîtres secrets du 4e degré du Rite Écossais Ancien. Cela semble logique car Tintin, p. 60 de cet album, déclare très maçonniquement à propos de la conclusion de cette aventure : «Pour moi ça été la lumière.»
Source : O. Reibel, La vie secrète d'Hergé, ?
Peut-être que tout ce que raconte Reibel n'est pas fondé nécéssairement. Probablement pas. Il n'en reste pas moins que le personnage de Hergé est calqué pour vrai sur la vie d'Emma-Rose Calvé, ensuite que cette dernière était entichée aussi de mysticisme et de secrets occultes jusqu'à un certain point - elle faisait des séjours à Rennes-le-Château, connaissait l'abbé Saunière, Jules Bois, etc.
Il apparaît comme ''très vraisemblable'' que Hergé fait de Tintin une sorte d'initié, une sorte de chevalier templier à sa façon, dédié au bon côté des puissances spirituelles. Tintin doit tout le temps (ou presque) affronter des regroupements occultes liés au mal ou à un matérialisme grossier, la domination mauvaise et la cupidité malfaisante. Hergé a lié dans ses intrigues la question de «trésors cachés ou enfouis» avec celle des ordres rosicruciens ou néotempliers.
Enfin
J'ai voulu livrer ces extraits afin d'expliquer pourquoi j'aurai trouvé intéressant naguère l'audition d'un programme de radio portant sur le sujet. C'est ce qui fait ensuite que je ne suis pas tellement surpris par le questionnement de françois67 au départ du fil.
Personnellement, je crois qu'il s'agissait surtout d'un amusement du côté de Hergé. Il trouvait simplement intéressant de pimenter les intrigues ou alors les doubler discrètement par ces liaisons «plus ou moins ésotériques» reliant un album à l'autre. Une manière pour donner un peu de profondeur d'arrière-champ aux albums, tout en faisant la jonction avec des intérêts réels partagés par des amis et connaissances à lui. Très possible ...
Sinon, je ne m'inquiète pas pour les enfants (sourire).
Bianca Castafiore alias Emma-Rose Calvé
Le personnage de Bianca Castafiore est sans aucun doute inspiré de celui de la cantatrice internationalement adulée à son époque, la Française Emma-Rose Calvé (1858-1942). Surnommé la «Diva du siècle», les amateurs d'opéra du monde entier se pressaient à ses représentations pour ensuite la couvrir de vivats. Par exemple, en 1906 à New-York environ 30 000 admirateurs l'avaient porté en triomphe sur un pavois. La reine Victoria appréciait tellement Calvé qu'après l'avoir couverte de cadeaux dont un somptueux bijoux, elle la fit statufier. Le tsar Nicolas II un soir avait étendu sa cape sous ses pas afin qu'elle ne marchât pas dans la neige. Du fait de son immense succès, tous les salons mondains ou littéraires lui étaient ouverts. Pour plus de détails sur la vie de Calvé, nous invitons le lecteur à lire l'excellente biographie que Jean Contrucci lui a consacrée. Intitulé évidemment Emma Calvé, la Diva du siècle, cet ouvrage est publié chez Albin Michel.
1. A l'origine de sa carrière, Emma Calvé signa son premier contrat pour interpréter le Faust de Gounod au théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Le directeur de cette prestigieuse scène lyrique l'avait engagée définitivement après lui avoir fait jouer avec succès le rôle de Marguerite chantant le célèbre «Air des bijoux» de cet opéra.
A ce sujet, le biographe de Calvé écrit :
- «La voix froide d'Emma se joue des trilles du fameux Air des bijoux : Ah ! je ris de me vois si belle en ce miroir [...] mais par ailleurs elle a des accents, une couleur, un éclat capable de faire passer le frisson sur une salle quand elle fait éclater ses dramatiques appels dans le trio final ''Anges purs, anges radieux''. Elle y met un coeur étonnant.»
Cet extrait de la Ballade du roi de Thulé du Faust de Gounod reste une des mélodies préférées de Calvé. Elle n'hésitait pas à l'entonner à l'improviste, n'importe où, quand on lui en faisait la demande. Voilà qui nous rappelle une manie récurrente de la Castafiore. Et le rôle de Marguerite marqua Calvé à tel point qu'elle demanda de faire graver sur sa tombe les dernières paroles de l'héroïne du Faust : «Dieu juste, à toi je m'abandonne, Dieu bon, je suis à toi, pardonne !»
Edgar P. Jacobs disait avoir choisi, comme premier métier de devenir chanteur d'art lyrique en assistant à une représentation de Faust de Gounod au théâtre de la Monnaie. Ensuite il entraîna à de nombreuses reprises son ami d'enfance, Jacques Von Melkebeke, voir cet opéra. [...] lors de la refonte du livre Le Sceptre d'Ottokar, la Diva entonne son fameux Air des bijoux en présence de Jacobs (p.38). Pour cette occasion, Hergé a dessiné son ami en officier de la cour du roi Muskar assistant au premier rang, en connaisseur, au récital de la Castafiore.
Bizarrement, lorsque Haddock et Tintin écoutent la Castafiore entonner l'Air des bijoux, ils semblent ne pas apprécier le timbre de sa voix qui cependant ne peut être faux. Nous trouvons une explication à ce paradoxe en lisant Jean Contrucci à propos de la singulière façon de chanter de la Diva.
- «Calvé avait une exceptionnelle longueur de voix. La fameux colonel Mapelson, pionier de l'enregistrement sur le vif et dont les rouleaux sont devenus mythiques pour les amateurs d'enregistrements préhistoriques, a capté Calvé sur scène du ''Met'' au début du siècle, pendant une représentation du Faust. Dans l'air des bijoux on entend cette étrange technique lorsque arrivée sur la dernière note, un si majeur, Emma passe tout à coup de la voix de poitrine à un falsetto désincarné. L'effet est déconcertant et il n'est pas sûr qu'il serait apprécié de nos jours.»
En effet, cette façon de chanter n'est manifestement pas au goût de Capitaine et de Tintin. Emma était aussi réputé pour l'extrême aigu de sa voix. Ainsi, nous comprenons pourquoi dans Le sceptre d'Ottokar, la voiture de la Castafiore est équipée de vitres Securitt (p.28)
Lorsqu'il entend chanter la Castafiore, le Capitaine dit :
«Je ne sais pas pourquoi, mais chaque fois que je l'entends, je pense à ce cyclone qui s'est un jour abattu sur mon bateau alors que je naviguais dans la mer des Antilles» (Les sept boules de cristal, p.11)
Jean Contrucci raconte l'histoire suivante à propos d'Emma-Rose Calvé :
- «Une tempête sévère assaillit le Savoie en plein Atlantique. Emma a été stoïque dans les flots déchaînés. La tempête était telle que les passagers cédaient à la panique. Les officiers et l'équipage étaient impuissants à rétablir le calme. Mais laissons parler le journal Le Gaulois : Soudain une voix délicieuse se fit entendre accompagnée d'un piano. Les admirables mélodies de Carmen résonnèrent, pures et fraîches au milieu du bruit. Mademoiselle Calvé, mue par une inspiration merveilleuse chantait. Au beau milieu de l'Atlantique, Emma Calvé tisse sa légende avec ses complices de la presse parisienne.»
Emma-Rose avait parfois l'esprit un peu confus. Elle se trompait souvent sur les dates et déformait les noms propres, tant à l'oral qu'à l'écrit. Par exemple, Spinoza devenait Spinozz, Nietzsche : Nietze, l'abbé Saunière : l'abbé Sommière, etc. Selon Contrucci : «Elle mélangeait tout avec une touchante maladresse : les époques et les pharaons, les dieux et les dynasties, les styles et les cultes, les lieux et les symboles.» Ainsi nous comprenons que la Castafiore arrive à Moulinsart le 16 au lieu du 17 annoncé, qu'elle déforme le nom d'Haddock en Kappock, Mastock, Bartock, etc. Nous ne nous étonnons pas non plus qu'elle confonde le style Louis XIII avec celui, plus hypothétique, d'Henri XV (Les bijoux de la Castafiore)
Emma-Rose Calvé aimait la compagnie des gitans. Pour améliorer son rôle de Carmen, ils lui avaient appris à danser le Flamenco. Elle fit même avec eux le pélerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer lié au culte de Marie-Madeleine. Notons que dans Les bijoux de la Castafiore, la Diva d'Hergé n'accuse jamais les bohémiens de lui avoir dérobé son émeraude.
Dans son autobiographie, le «Rossignol de Cabrières» et non «de Milan», disait porter une immense admiration à Wagner. [...] Calvé devint une amie de Cosima Wagner, née Liszt, qui veillait jalousement sur l'héritage musical de son époux. Tout aussi naturellement, la Castafiore ne se sépare jamais de son répétiteur nommé Wagner. Le répétiteur habituel de Calvé se nommait le marquis de Vriendt (1907-2001), belge de naissance, qui passa ensuite au service de Ravel.
[...]
Calvé fut passionnée par les sciences occultes et appartint à l'ordre martiniste de Papus dont elle fut Supérieure Inconnue. Calvé fut aussi très longtemps la maitresse d'un grand nom de l'occultisme : Jules Bois (1860-1943) qui appartint à la Golden Dawn, puis influença considérablement le mouvement rosicrucien en France et aux États-Unis.
Ce fut la Diva qui fit connaître aux milieux occultistes parisiens le personnage central du mystère de Rennes-le-Château : l'abbé Saunière qui aurait été un disciple du mage Péladan. Outre son grand ami Papus, Emma Calvé fut en relation suivie avec nombre de personnages dont nous avons cité les noms au cours de cet ouvrage : Paul le Cour, Stanislas de Guaita, Camille Flammarion, Maurice Barrès, Erik Satie, etc. Nous sommes ici au coeur de la grande famille française occultiste de cette époque. Mais ce qui rend encore aujourd'hui Calvé célèbre dans ce milieu, concerne le fameux Prieuré ou Ordre de Sion, remis à l'honneur par le DaVinciCode de Dan Brown.
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Calvé, la Castafiore et Blanche de Castille
Nous savons que ce fut grâce à Emma Calvé que l'histoire du trésor de Rennes-le-Château se répandit dans les milieux occultes parisiens [...] A propos des légendes de trésor caché concernant Rennes-le-Château , le spécialiste de cette affaire, le frère Gérard de Sède écrit ceci :
«On dit d'abord que la reine Blanche de Castille, chassée de Paris par la croisade des pastoureaux, serait venue se réfugier dans le Razès (où se trouve Rennes-le-Château), y aurait fait bâtir le château de Blanchefort et y aurait caché son or. Les troubles apaisés, elle serait rentrée dans la capitale et aurait confié le secret de la cachette à son fils, saint Louis. Celui-ci l'aurait à son tour transmis à son propre fils, Philippe le Hardi, qui fut brusquement saisi par la mort avant d'en avoir pu informer Philippe le Bel (le persécuteur des templiers). Ainsi le secret du trésor du château de Blanchefort se serait-il perdu.» (Le trésor maudit de Rennes-le-Château, p.65)
Revenons au personnage de Bianca Castafiore alias Emma-Rose Calvé. Son prénom, Bianca, sigifie en français : Blanche. Avec les lettres composant son nom complet francisé : Blanche Castafiore, nous pouvons facilement former le mot «castel» qui en occitan désigne un château. Mais aussi l'adjectif «fort» Blanche Castafiore peut donc se traduire, par jeu de mots, par «château de Blanchefort» soit celui construit par Blanche de Castille dans le village de Razès précisément appelé depuis Rennes-le-Château.
Regardons la couverture des «Bijoux de la Castafiore» où nous voyons la Diva , toute de rouge vêtue, chanter dos à une fenêtre au montant en forme de croix. Calvé alias la Castafiore, se prénommait Emma-Rose [...] Ainsi symboliquement nous retrouvons la rose rouge rosicrucienne au centre d'une croix. Et Tintin l'index sur la bouche impose le silence du secret. Ce geste est très proche de celui pratiqué comme signe de reconnaissance par les maîtres secrets du 4e degré du Rite Écossais Ancien. Cela semble logique car Tintin, p. 60 de cet album, déclare très maçonniquement à propos de la conclusion de cette aventure : «Pour moi ça été la lumière.»
Source : O. Reibel, La vie secrète d'Hergé, ?
Peut-être que tout ce que raconte Reibel n'est pas fondé nécéssairement. Probablement pas. Il n'en reste pas moins que le personnage de Hergé est calqué pour vrai sur la vie d'Emma-Rose Calvé, ensuite que cette dernière était entichée aussi de mysticisme et de secrets occultes jusqu'à un certain point - elle faisait des séjours à Rennes-le-Château, connaissait l'abbé Saunière, Jules Bois, etc.
Il apparaît comme ''très vraisemblable'' que Hergé fait de Tintin une sorte d'initié, une sorte de chevalier templier à sa façon, dédié au bon côté des puissances spirituelles. Tintin doit tout le temps (ou presque) affronter des regroupements occultes liés au mal ou à un matérialisme grossier, la domination mauvaise et la cupidité malfaisante. Hergé a lié dans ses intrigues la question de «trésors cachés ou enfouis» avec celle des ordres rosicruciens ou néotempliers.
Enfin
J'ai voulu livrer ces extraits afin d'expliquer pourquoi j'aurai trouvé intéressant naguère l'audition d'un programme de radio portant sur le sujet. C'est ce qui fait ensuite que je ne suis pas tellement surpris par le questionnement de françois67 au départ du fil.
Personnellement, je crois qu'il s'agissait surtout d'un amusement du côté de Hergé. Il trouvait simplement intéressant de pimenter les intrigues ou alors les doubler discrètement par ces liaisons «plus ou moins ésotériques» reliant un album à l'autre. Une manière pour donner un peu de profondeur d'arrière-champ aux albums, tout en faisant la jonction avec des intérêts réels partagés par des amis et connaissances à lui. Très possible ...
Sinon, je ne m'inquiète pas pour les enfants (sourire).
Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
J'ai lu avec grand intêret vos messages, je n'avais rien vu de tout cela dans Tintin quand j'étais jeune !
Mais, si cela m'amusait encore, je relirais Tintin sans état d'âme, car je ne suis pas obligée les convictions de son auteur !
Donc pour moi, oui, on peut lire Tintin sans problème.
Chipsy
Mais, si cela m'amusait encore, je relirais Tintin sans état d'âme, car je ne suis pas obligée les convictions de son auteur !
Donc pour moi, oui, on peut lire Tintin sans problème.
Chipsy
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Re: Peut-on lire Hergé, Goscinny?
Merci pour la rétroaction !
Oui, il ne s'agit pas de se prendre au sérieux avec le thème (sourire).
Les enfants ne verront que du feu en lisant Tintin. C'est sûr. Et même quand on revisiterait un album, une fois adulte, question de vérifier si l'on devrait pouvoir percevoir une sorte d'influence malsaine : on ne verra rien du tout. Parce qu'il faut tout un travail de spécialiste d'Hergé, de biographe qui aurait décortiqué sa correspondance privée, interrogé d'anciens collaborateurs et tout pour être à même de retrouver les quelques clins d'oeil insérés dans les albums ça et là. Il s'agit vraiment que de clins d'oeil ou de très discrètes évocations.
C'est comme dans le cas de la Castafiore : il faut vraiment connaître la biographie de la diva Emma Calvé en premier et pour être à même, ensuite, de la reconnaître sous les traits du personnage d'Hergé. Et puis il restera que c'est quand même vrai que Hergé connaissait Emma Calvé. Alors c'est juste Hergé qui se sera fait plaisir tout en travaillant.
Oui, il ne s'agit pas de se prendre au sérieux avec le thème (sourire).
Les enfants ne verront que du feu en lisant Tintin. C'est sûr. Et même quand on revisiterait un album, une fois adulte, question de vérifier si l'on devrait pouvoir percevoir une sorte d'influence malsaine : on ne verra rien du tout. Parce qu'il faut tout un travail de spécialiste d'Hergé, de biographe qui aurait décortiqué sa correspondance privée, interrogé d'anciens collaborateurs et tout pour être à même de retrouver les quelques clins d'oeil insérés dans les albums ça et là. Il s'agit vraiment que de clins d'oeil ou de très discrètes évocations.
C'est comme dans le cas de la Castafiore : il faut vraiment connaître la biographie de la diva Emma Calvé en premier et pour être à même, ensuite, de la reconnaître sous les traits du personnage d'Hergé. Et puis il restera que c'est quand même vrai que Hergé connaissait Emma Calvé. Alors c'est juste Hergé qui se sera fait plaisir tout en travaillant.
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