Re: A propos de l'intégration
Publié : mer. 27 juin 2018, 0:25
par Nanimo
zelie a écrit : ↑mar. 26 juin 2018, 19:58
(...) Moi aussi j'ai longtemps cru qu'ils étaient massivement arrivés que depuis l'après-guerre de 1945 (...)
Mais me rappelant certains journaux et ne voulant pas faire d'erreur sociologique dommageable, je suis allée voir sur Wik... et j'ai trouvé l'article suivant. (...) Ils sont là depuis assez longtemps pour être nés en France et être français de droit, c'est surtout cela l'idée principale.
J'ai lu l'article Wiki qui ne fait que confirmer ce que je savais déjà : il y a eu sur le territoire de France des incursions, des peuplements qui remontent assez loin. La France et tous les autres pays du monde se sont faits ainsi. Cela ne signifie rien quant à aujourd'hui, l'assimilation faisant son travail au fil des siècles.
Plus pertinent, il y a eu des Nord-Africains, notamment des Kabyles, qui ont combattu aux côtés des Français durant les deux guerres mondiales. Certains sont venus s'installer en France; comme je vous l'ai dit, ils ne sont pas très typés et leurs femmes ne portaient pas le foulard. Toutefois, il n'y avait pas les nombres pour que cela ait un impact quelconque sur la société française.
Mais parlons de la période de l'après-guerre. Je ne sais pas à qui vous faites allusion avec ce "moi aussi, je pensais que les Maghrébins étaient arrivés dans les années cinquante", car personnellement j'ai toujours su qu'il n'y a pas eu arrivée massive de Maghrébins après la guerre. C'est d'ailleurs, ce que j'avais tenté de vous expliquer sans succès apparemment. Dans les années cinquante, les Maghrébins n'étaient pas encore là. D'ailleurs, Wiki dit bien que l'arrivée "plus nombreuse" des Nord-Africains (auj. appelés plus exactement Maghrébins) date de 1962.
Mais même cette date de 1962 est tout à fait contestable, car je n'en ai pas côtoyé dans ma banlieue, ni à l'école, ni au lycée, ni dans les transports en commun, ni dans les commerces, ni plus tard au boulot (le siège social d'une banque). Les Pieds-Noirs sont arrivés au début des années soixante, puis sont arrivés les Maghrébins. Pour qu'une arrivée soit qualifiée de "massive", vous conviendrez que la présence de l'arrivant doit se faire sentir partout. Et cela commence vers la fin des années soixante/début années 70, pas avant (avant on les voit plutôt dans le Midi).
Pourquoi est-il si important de connaître la période exacte de leur arrivée massive? Réfléchissez, Zélie. Ce n'est pas une question de "Français de droit" ou pas! Mais plutôt que l'on veut nous faire croire qu'ils ont toujours été là et que nous n'avons jamais été capables de les intégrer! Que nous sommes des pas-bons.
Or, rien n'est plus faux : je vais en France à intervalles réguliers et les transformations me sautent aux yeux, bien plus que si j'y vivais. Que vois-je? Des médecins d'origine maghrébine, des employés de l'administration, des artistes, des politiques, des écrivains, etc. Comme les Italiens et les Polonais avant eux (des millions aussi), ils investissent peu à peu toutes les sphères de la société française et s'y fondent.
... et nous sommes parvenus à ce résultat...
en deux générations! Ne me dites pas que ce n'est pas assez bon. Laissons le temps au temps.
Re: A propos de l'intégration
Publié : mer. 27 juin 2018, 12:30
par zelie
Chère Nanimo,
je pense que vous êtes mieux informée que moi sur les dates. Je ne conteste pas cela. L'idée que je voulais exprimer au départ, pour faire simple, c'est que nous sommes face à des descendants de population qui aujourd'hui ne veulent plus s'intégrer dans le sens "je suis français, je pense comme un français, je m'habille comme un français" (encore qu'il y aurait à dire là-dessus), mais qui souhaitent s'intégrer en se démarquant et pour certains, par ce démarquage, peser sur une ré-orientation de la culture française (encore que là aussi, les mots peuvent renvoyer à des choses différentes selon les personnes).
Que les premières arrivées, dans les années cinquante, soient passées inaperçues, je l'entends, mais durant la phase coloniale de la France en Algérie, certains politiques n'hésitaient pas à dire que l'Algérie faisait partie de la France, que c'était un bout de France, et les personnes circulaient entre les deux bords de la Méditerranée. D'autant que les hommes politiques, à l'époque, nous faisait croire (et le croyaient eux-aussi?) qu'une fois les immeubles finis, les contrats de travail finis, à la retraite, les ouvriers d'origine étrangère allaient repartir dans leur pays d'origine.
Le "boom" migratoire des années 62, ce sont les français de souche installés là-bas depuis une à trois générations (les "pieds-noirs") qui sont revenus en masse, suivis par les "harkis", ces algériens de souche ralliés aux français durant la guerre et considérés là-bas comme des "collabos", et promis à une mort certaine; en fait la France a rapatrié les siens. C'est sûr que ça a fait un effet de masse, surtout que tout ce monde arrivait en seconde vague dans une France déjà habitée par des quartiers d'étrangers, voire des bidonvilles. Personnellement, même si bien sûr il ne me viendrait pas à l'idée de contester leur présence, ce sont les italiens que je n'ai pas croisé petite. Mais j'ai croisé, en plus des algériens, marocains, tunisiens, etc., des espagnols, portugais, polonais, allemands, anglais, roumains, indiens, vietnamiens, laotiens...
Pour vous répondre sur l’expérience individuelle de leur présence, des maghrébins, personnellement, j'en ai toujours vu et entendu parler. Cela tient peut-être au fait que je suis originaire du sud de la France (j'ai vécu dans plusieurs villes du sud, de Nice à Béziers, sauf Marseille) ; mes frères aînés, scolarisés dans une école catholique dans les années 50/60, en ont toujours vu. Mon père, militaire, en a toujours côtoyé, tout comme des africains (je me rappelle même petite, vers trois ou quatre ans, lors des portes ouvertes et des meetings, avoir contemplé un grand bonhomme d’africain couvert de cicatrices rituelles sur le visage, un collègue de travail au demeurant adorable de mon père, affreusement persuadée que le pauvre homme devait souffrir atrocement, alors que les cicatrices dataient largement!).
Dès l'école maternelle, en région parisienne (vu qu'on déménageait tous les 4 ans), mes copines étaient indifféremment noires, blanches, et toutes les couleurs entre, et harkis, arabes, africaines, pied-noirs ou française cachet d'aspirine, corses ou bretonnes ; nous étions toutes copines! J'ai été bercée, consolée, accueillie par tous ces gens d'horizons si divers, et j'allais tous les mercredis à la piscine avec mes copines africaines, filles du monsieur scarifié. A noter qu'à l'époque (60-70), (parce que j'étais si petite et bien naïve?) on s'entendait tous à merveille, on n'avait pas tout ce bazar de préventions d'aujourd'hui, et les enfants quant ils se baignaient ne se posaient aucune question, et on avait tous des maillots foireux trop grands piqués à nos aînés... Et nos pères préparaient des méchouis après le footing obligatoire chez les militaires. Et tout le monde parlait à tout le monde.
Pendant quelques temps, le temps de réparer une maison, j'ai même habité dans un quartier HLM qui est devenu célèbre pour sa délinquance 10 ans plus tard; au milieu du quartier, il y avait une église, et j'allais tranquillement à mon catéchisme, et à la sortie je retrouvais mon groupe multi-racial, et tout ça coulait d'évidence, personne n'aurait eu l'idée d’avoir une attitude relou... des fois une copine me disait, ça je ne le mange pas, et pas de problème, si on devait manger ensemble, je tachais de ne pas mettre ce qu'elle ne voulait pas sur la table. D'ailleurs en matière de prévention culinaire, c'est d'une africaine orthodoxe que sont venues les préventions les plus restrictives. Mon frère 30 ans plus tard allait prendre le thé chez des musulmans, et aujourd'hui encore donne des cours particuliers à des petites filles migrantes, musulmanes voilées (d'origine moyen-orientale), et à travers ses cours se débrouille pour leur redonner confiance en elles.
Adolescente, entre Nîmes et pas mal de villes du département voisin, mes copines les plus sincères étaient maghrébines, des véritables crèmes (sans faire d'angélisme toutefois, car certaines étaient des vraies connasses). C'est dans les années 80 que j'ai senti quelque chose sans pouvoir le comprendre au départ: à une rentrée, ma meilleure copine, Fatima, un ange de douceur qui me maternait tendrement, n'était plus là. Je l'ai cherchée partout, mais personne ne savait où elle était passée. Cela a eu quelque chose de violent pour moi; c'était un déchirement au-delà de la surprise totale. Ce n'est que plus tard, adulte, que j'ai fini par comprendre; elle a surement été mariée "au pays" pour ses 16 ou 17 ans, et c'est pour cela que les filles de sa communauté ne savait où elle était passée. Parce que non informées, elles étaient plus faciles à y passer à leur prochain anniversaire.
A cette époque, avant 1985/1987, les mamans maghrébines avaient les cheveux courts et des lunettes de soleil dernier cri, des robes très années 70, puis des pantalons très années 80; ces femmes aimaient la mode. Les mamies elles avaient un foulard symbolique sur la tête (un peu type martiniquais) et elles étaient couvertes de dessins marrons, et une tenue longue, le tout abondamment coloré. Mes copines avaient les cheveux courts et les bras nus.
C’est pendant mes études que j’ai encore une fois senti les choses tourner ; j’avais l’habitude de sortir avec un groupe de copines composé entre autres de deux étudiantes en médecine, une noire sublime et une maghrébine moins sexy mais avec un caractère d’une douceur et d’une force incroyables. Moi j’étais la plus jeune, la torturée par les questions existentielles du groupe. Je lisais tellement de choses variées (Nietzsche, Freud, Hugo, Maupassant, Orwell, France, Malraux, Duras, Sartre, et tant, et tant. ) que dans le tas j’avais lu le Coran, et ça s’est su. (J’avais même essayé de lire la Baghavad-Gita, mais c’est une catastrophe ce livre, mais ça tout le monde s’en est foutu). Du coup, une collègue de travail de Mansouria a cru bon de me présenter un jeune interne maghrébin pratiquant ; oh que je l’ai pas senti le gars ! Je n’ai jamais voulu savoir de quoi sa vie quotidienne était faite, mais moi à l’époque, j’étais athée, et rien que de le voir arriver, j’ai senti que le débat philosophique allait être biaisé ; c’était à se jurer de ne jamais devenir croyant, ni surtout ce type de croyant complètement allumé. La copine voulait apparemment lui montrer, à ce tordu, qu’une « française » (c'est-à-dire une chrétienne, parce que pour lui c’était tout comme), pouvait lire le Livre Sacré et être quelqu’un de bien. Ce fut raté ; j’ai tourné les talons dès le bonjour dit, et il est resté scié et du coup renforcé dans sa vision raciste des choses. Ce qu’il ne savait pas, c’est que lire le Coran sans recul ni explication à 19 ans m’avait fait l’effet d’un repoussoir. Discuter sur des points litigieux dans une atmosphère bienveillante est une chose, j’aurais pu demander quel recul et quelle évolution ils avaient pris en 1400 ans sur la lapidation et l’emmurement, mais là… pas avec celui-là. C’est la première fois que j’ai pu voir de près une personne endoctrinée qui manifestement ne pensait pas par elle-même ; comme quoi même l’intelligence, les diplômes et la culture ne protègent pas du fanatisme à 100%. C’est vraiment dommage. (Mais à coté, j’ai appris un peu d’arabe et pas mal de blagues avec un chirurgien tunisien, et ma fille l’apprend aujourd’hui avec un réfugié syrien pratiquant qui la respecte parce que chrétienne).
C’est après cette période, en 87/88, que j’ai commencé à voir des tags hostiles à la France sur les murs des commerçants, des choses comme ça. Ce fut une grande déception, mais du coup, quand en 1989 l’histoire du foulard a défrayé la chronique, je ne peux pas dire que j’ai été totalement surprise. Ce qui m’a surpris au contraire, c’est la réaction du gouvernement, qui niait et mettait le doigt dans un engrenage, comme s’il ignorait totalement l’idéologie rampante qui fleurissait dans les quartiers depuis au moins une dizaine d’années… Et d’ailleurs, ce fut le cas des gouvernements successifs jusqu’en 2001, à mon sens. A l’époque je n’avais pas lu Charles De Foucauld, qui avertissait déjà en son temps sur le fait que le paysan maghrébin était attaché à sa religion et ne deviendrait pas chrétien-occidental-etc., mais il me semble que cela et tant, tant d’autres observations étaient à la portée des gouvernements successifs. Les ressorts de la mentalité musulmane radicalisée ne pouvaient leur être autant inconnus!
Dans ma région, c’est après septembre 2001 qu’on a vu les jeunes mamans arriver totalement noircies sous leurs draps encombrants ; ces femmes sont les filles des femmes de la génération de mes copines. Et là le décalage fut assez frappant : la mamie de 45/50 ans en jean, lunettes de soleil, cheveux courts, accompagnée de sa fille de 18/20 ans complètement burkisée déjà mère de 2 enfants. Et la mamie de me dire en me croisant « mais je ne sais pas ce qui lui prend » en parlant de sa fille. 10 ans plus tard, les fillettes sont voilées dès 3 ans dans certains quartiers.
Un auteur récemment lu (mais je ne me rappelle plus lequel) explique le succès du retour religieux comme la conjoncture de deux choses :
-d’une part le développement et la diffusion du wahhabisme d’origine péninsulaire arabe, amplifié par l’accès de tous au satellite et à internet. Le délire wahhabite étant antérieur au satellite, mais ayant finalement trouvé par la technologie une diffusion mondiale.
-le fait qu’aujourd’hui, nous sommes en présence de la troisième génération française de personnes d’origine nord-africaine. Comme tous les petits-enfants de toutes les cultures du monde, le monde d’avant, celui de papy et mamie, est fascinant, exotique, désirable. Et pour se démarquer de ses parents, on s’y replonge dedans avec curiosité et délice. Ajoutons à cela une France ressentie rejetante et démunie devant des quartiers entiers gangrénés par une délinquance galopante, et le combo parfait est là. Même les footballeurs milliardaires se sentent plus « du pays » que de France ! Parce que la France, comme les parents, est ressentie comme figure d’autorité. Donc à remettre en question.
Jeunes vulnérables des cités mis à part, le fait est qu’aujourd’hui, beaucoup de maghrébins sont intégrés ; je connais des familles où les mariages mixtes en sont à la troisième génération, et où les ex-maris fichent la paix à leurs femmes après le divorce, lesquelles femmes sont mamies et ont des petits-enfants très mixés, bien plus gaulois que numides ou maures. Des femmes maghrébines qui se sont mariées trois fois, ou vivent en couple en dehors du mariage. Mais c’est vrai que les petites villes ou les grands villages n’ont rien à voir avec ce qu’on trouve dans les cités qui craignent. Je connais aussi des proviseurs, avocats, médecins, plombiers, professeurs et commerçants d’origine maghrébine. Mes deux filles (l’une vit en pays musulman pour son travail, l’autre étudie dans une structure internationale) vivent au milieu de plus de musulmans que de chrétiens blancs, et tout se passe à merveille ; les filles voilées et mariées de force aspirent toutes à l’amitié, et à la confiance, à l’attachement avec les copines chrétiennes, autant que les non-voilées. Tous ces français musulmans ont leur petite vie tranquille et même s’ils vivent leur religion de manière marquée, se sentent intégrés et sont heureux de leur pays, la France. Disons que ça c’est la forêt qui pousse silencieusement. Ce qui nous préoccupe aujourd’hui, ce sont les quelques arbres qui tombent, mais en faisant le plus gros buzz possible. Le seul cas de radicalisé de plus de 40 ans que j’ai vu passer, c’est un collègue chirurgien de mon mari. Sa femme est annihilée sous la couleur noire et son fils, brillant et cultivé, est complètement taré par les idées machistes de son père.
Sinon, en règle générale, les endoctrinés, les influençables, ce sont les jeunes. Mais ces jeunes sont désormais aussi nos jeunes, et même si « Manu » n’est pas ma tasse de thé, je trouve qu’un gouvernement qui essaie, avec diplomatie, patience et longanimité, d’offrir une rédemption possible à ces jeunes en déshérence est dans son rôle (qu’on peut discuter sur la forme, soit). On a le problème de jeunes complètement partis à la dérive, et de jeunes familles qui se sont embarquées dans un aller simple pour l’enfer. On peut tout leur reprocher, et peut-être méritent-ils tous les reproches. Mais la France doit faire face à ses défis, et les relever. Je trouve que le fait de les traiter au cas par cas comme le prévoit le gouvernement a cela de bien que la fermeté se teinte de compréhension, que ce n'est ni laxiste ni excluant à priori, même si je ne sais pas de quoi sera fait l'examen individuel des dossiers dans la pratique. (et que sur ce point aussi il peut y avoir à discuter ou à être mieux informé).
Une voisine de ma grand-mère disait en parlant du fils ingérable d’une tierce voisine : « c’est son fils, qu’est-ce que tu veux qu’elle fasse ? Qu’elle le noie ? Elle ne va pas le noyer quand même ». C’est pas marrant d’arriver à dire cela d’un jeune, mais ces jeunes, quand ils étaient bébés, ils ne sont pas nés fracassés et fracassants ! Ils sont devenus fracassés puis fracassants… Si une société ne surmonte pas ses crispations (parfois légitimes) et sa répugnance pour des tueurs dont elle est partie prenante dans leur construction, elle se tire une balle dans le pied. Face à un problème, j’ose espérer que vous ne le traitez pas par la fuite et la négation : cela vous paraîtrait exactement ce qu’il ne faut surtout pas faire. Un problème, un nœud, on le tord et on le re-tord jusqu’à ce qu’on trouve comment le dénouer.
Moi non plus, comme beaucoup ici, je ne sais pas, en pratique et dans le détail, où est la solution, et je conçois qu’un tel brouillard turlupine (ou lasse ?) certains. Le « comment faire » m’échappe, mais je pense que c’est juste parce que dans la vie, une solution est toujours plurielle et résulte toujours d’une construction, rien n’est jamais évident d’emblée ou tombé du ciel.
Le peu que je sens, c’est que la proximité permet des petits miracles au jour le jour ; des pères d’élèves qui gagnés par le sourire recommencent à me serrer la main, (à une femme donc), alors que c’est « interdit » par leur loi religieuse, des mères qui me font confiance parce qu’elles se sentent entourées de bienveillance, qui acceptent de discuter de leur enfant avec une femme représentant une institution, des petites victoires de ce type. Je sens d’ici la réaction « mais vous croyez que c’est suffisant ! », mais je suis de ceux qui estiment que toutes les montagnes se grignotent, il suffit de le faire un peu chaque jour. Ce n’est pas faire qui compte, c’est faire longtemps.
Je crois, comme mère Térésa -qui est une figure majeure de ma construction-, qu’avec des petits riens on peut bouleverser le monde. Que ce n’est pas le monde qui est hermétique, c’est nous qui ne croyons pas les choses possibles.
Même si chaque attentat me bouleverse.
Bon, j'ai fait trop long, comme d'habitude.
Bonne journée à vous et merci si vous avez eu la patience de tout lire,
Zélie
Re: A propos de l'intégration
Publié : ven. 29 juin 2018, 16:26
par Cinci
Bonjour Zélie,
Zélie a écrit :
Le problème que pose le musulman de souche au français de souche, c'est la différence culturelle cultivée comme une planche de salut éternel. On a mis du temps à comprendre qu'un musulman (se disant tel) d'origine exotique ne s'acculturera pas à la République Française comme on pourrait l'espérer d'un européen ou un asiatique, et que les différences entre la façon d'envisager le monde entre les uns et les autres sont très grandes sur des points précis précieux au républicain européen (la fameuse laïcité!).
Un musulman de souche ? Mais ça n'existe pas !
Habituellement, je crois que l'on réserverait l'usage du terme "souche" à une réalité d'ordre biologique ou raciale. Il y a des Anglais de souche (d'extraction "saxonne"), des Français de souche ("Nos ancêtres gaulois"), des Blacks de souche africaine, des Chinois de bonne souche, etc.
Les adeptes d'une religion ne sont que les adeptes d'une religion. Je ne vois pas pourquoi il faudrait réduire tout "arabe" à la qualité de sujet de l'islam. Je pense que c'est l'erreur (sans le penser mais en pratique) que font nos politiciens.
Mais la situation est telle qu'on ne peut faire l'économie de nous pencher sérieusement sur le problème des ex-djihadistes, et partant, sur les populations paupérisées de deuxième et troisième génération.
Je ne crois pas du tout à l'argument de "l'inégalité économique comme cause du terrorisme islamique". Ce n'est pas vrai !
Ce n'est pas vrai qu'en s'attaquant à de soi-disant causes d'exclusions d'ordre économique (
à l'instar de ce qu'un Macron dirait) l'on devrait s'attendre aussi à voir disparaître (
quasiment par enchantement quoi ? sans douleur ?) un bon nombre de ces religieux déjantés et plus ou moins violents.
Le faux argument de "la pauvreté comme nid du terrorisme" est un faux argument, insultant tant et aussi bien pour les vrais pauvres que pour les religieux en général. Mais c'est le seul genre de discours qu'un large public de libéraux, matérialistes et athées peut se montrer disposer à entendre; ça, je le croirais. Surtout dans un contexte global d'économisme-roi, et où la bonne santé de l'économie d'un pays, la hausse du niveau de vie sur le territoire sera présenté comme la recette universelle, la règle du "mieux" pour venir à bout de tous les problèmes ou presque, de la disparition du cancer à la diminution de l'angoisse existentielle en passant par l'enrayement du développement de la petite criminalité, etc.
"Continuez de faire tourner le commerce" dixit Georges Bush junior à ses administrés le lendemain de l'écrasement des tours. Pendant que les ruines fumaient encore : "Continuez à dépenser comme avant et tout ira bien". "Go back to Walmart !"
"Les gens qui dépensent ne font pas d'histoire, ceux qui peuvent consommer sont heureux et ne font rien pour compromettre leur bonheur; à part ça que le bonheur consiste normalement pour tout le monde dans le fait de faire un bon diner chaque jour, porter des fringues de marque et pouvoir s'acheter une montre rollex avant l'âge de 45 ans."
Je pense que l'intégration rendue plus difficile d'une population d'immigrés "arabes", dans notre monde actuel, est chose qui a bien plus à voir avec la sorte de philosophie politique adoptée par le genre de politiciens que nous avons maintenant.
Le problème
C'est le consumérisme libéral se gratinant d'un droit-de-l'hommisme et pour nier les nations. Avec une pareille philosophie négatrice de la nation enseignée à l'école, et jusque dans les classes maternelles si nécessaire : il n'est pas étonnant que les religieux les plus exclusivistes ou les plus ségrégationistes puissent se montrer les plus enthousiastes à réclamer leurs droits.
L'Allemagne
Le "problème" de l'Allemagne avec ses immigrants c'est que la nation allemande est perçue comme "caca". "Tabou !" Il est interdit d'imposer une contrainte à des individus étrangers, et ce, au nom de l'intérêt collectif d'une quelconque nation allemande. Interdit !
Parce que cela voudrait dire aussi, en principe, et même en droit, si cela était, qu'un pouvoir national pourrait foutre dehors "à coups de pied au cul" des hommes d'affaires étrangers (voire même "pur souchien" peu importe) mais immoraux, sans conscience, liquidateurs des intérêts du plus grand nombre, corrupteurs et tout ce qu'on voudra. Il signifierait qu'une autre logique qu'économique pourrait présider au destin des individus.
Tout notre présent système libéral est conçu sur mesure afin de casser les dents du monstre potentiel, la fameuse tyrannie de la majorité faisant frémir tellement d'experts. C'est quand même un beau paradoxe de penser qu'une loi pouvant avantager réellement la majorité des électeurs représenterait l'expression de la tyrannie, et quand on aime se définir soi-même comme grand démocrate ! "Pour être démocrates, soyons ennemis du bien commun tel que compris par le commun !"
- Mais qu'est-ce que vous me chanter là, Robinson Léon ? Qu'est-ce que c'est que ce discours de psychotique ? C'est quoi ce fantasme ?
Le cas de la Suisse fut une véritable "épiphanie" pour moi, le révélateur de l'envers du décor. Lors du fameux vote sur l'interdiction de minarets : tous auront pu voir à quel point les libéraux étaient animés (à l'échelle de toute l'Europe de l'ouest) par une haine féroce et aristocratique sous-jacente, à l'encontre de ces "populations" prétendant pouvoir se libérer du carcan de leurs représentations à eux. J'ai pu voir s'agiter le fantôme de Voltaire.
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P.S. Nos dirigeants libéraux ne croient pas eux non plus à l'argument de l'inégalité économique comme matrice du terrorisme islamique, je pense. La preuve c'est qu'ils font tout pour s'assurer d'augmenter cette inégalité, au moins depuis la chute du mur de Berlin, depuis l'écrasement du communisme, et ce, dans les pays arabes en particulier.
La vraie "bête noire" des libéraux c'est un État indépendant, une population avec ses représentants élus ou reconnus légitimes refusant de fonctionner selon les règles du jeu dictées par le Grand Conseil de l'Europe-USA.
Pour le Grand Conseil, l'islam n'est pas un problème, ni les disparités économiques (Au contraire ! Il s'agit d'un avantage comparatif) ni le terrorisme islamique simplement compris comme de la petite criminalité de droit commun cf il fait des siècles que les États-Unis s'accommodent des activités du crime organisé et l'on n'en fera pas tout un plat ! Personne suggère de renvoyer les Italiens chez eux ou de placer sous écoute tous les descendants de 3e génération des immigrés issus de Palerme ou de la Calabre.
- "Qu'une infime minorité de déviants", messieurs les populistes, messieurs les dangereux hallucinés.
Le libéralisme ne traite pas différemment le cas de l'islamisme dit "vicieux" du cas des capitalistes considérés "vicieux" (lire : le clan des Siciliens, la famille Bonano). Et il vaudra mieux tolérer une certaine dose de criminalité plutôt que de donner dans le règne de l'État totalitaire, celui de l'État fascisant écrasant des individus, nous dira-t-on.
Re: A propos de l'intégration
Publié : dim. 29 juil. 2018, 16:07
par Nanimo
Involontairement, j'entretiens dans ce fil une confusion persistante entre intégration et assimilation. La distinction est claire pour moi, mais on peut parler de confusion réelle dans l'esprit de la société; je m'en suis aperçue et c'est pourquoi je m'explique.
En effet, l'intégration est éminemment souhaitable si l'on veut manger. Tout simplement. Il vaut mieux suivre les études qui vont nous permettre d'exercer tel ou tel métier; après le diplôme, il vaut mieux chercher du travail si l'on veut avoir des sous pour nourrir sa famille, etc. L'école, les diplômes, la recherche du boulot, la profession, les années d'expérience, tout cela participe à notre intégration à la société. Il y a aussi une intégration sociale avec la paroisse, les associations, les clubs, le voisinage, etc. Tout ceci est une définition "en bref", car nous savons bien que les artistes prennent tous des chemins de traverse et qu'il y a des ermites qui vont très bien merci. L'intégration est indispensable et c'est pourquoi il existe des services sociaux pour le "repêchage" de celles et ceux qui sont en difficulté. En gros, l'intégration c'est trouver sa place dans la société.
En revanche l'assimilation arrive à pas feutrés - que ce soit dans la vie d'un citoyen français né et élevé hors de France, voire pour l'ensemble d'une communauté - et c'est ce à quoi je faisais allusion dans un précédent message. Il s'agit d'un processus normal. On s'adapte à ce qui nous est étranger et souvent à notre insu. L'assimilation est une sorte de machine silencieuse.
Mais attention... On ne peut parler d'assimilation pour toute personne née et/ou élevée en France. Bien entendu, ceux-là sont Français de fait, légalement le plus souvent, mais certainement sur le plan socio-culturel. Il est vrai que les Italiens qui venaient les Pouilles se distinguaient physiquement par leur petite taille, assez unique en Europe. Les Français d'origine maghrébine sont aussi facilement repérables. Mais ce n'est pas une apparence physique qui détermine d'où vous êtes. Nous sommes du pays où nous avons été élevés. Le facteur socio-culturel est déterminant.
Il n'en reste pas moins qu'ils ont un "petit plus" culturel, puisque dans leurs foyers et dans leur milieu, ils bénéficient de la culture familiale, que celle-ci soit d'origine étrangère ou d'outre-mer. Exemple : je suis réunionnaise par filiation maternelle et j'ai appris à préparer le cari réunionnais.