Pour nos morts et leur salut éternel

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elenos
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Pour nos morts et leur salut éternel

Message non lu par elenos » mar. 01 nov. 2016, 22:09

La grand-mère au grand coeur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand Novembre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps (Baudelaire)

Mais nous avons des morts partout en France et ailleurs !
Prions pour tous !
Dernière modification par elenos le ven. 04 nov. 2016, 17:59, modifié 1 fois.

Cinci
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Re: Pour nos morts (le 2 novembre)

Message non lu par Cinci » jeu. 03 nov. 2016, 18:48

Sur Maurice Barrès ...
L'écrivain Paul Léautaud, qui le connaissait bien, commentera :

« Peut-on se plaire aux idées dont Barrès s’est fait le champion, dont il s’est fait, pour parler plus justement, un tremplin, ces dernières années ? La leçon des morts, l’enseignement des morts, l’obéissance aux morts, la terre et les morts, la petite patrie, etc. Idées inintelligentes, philosophie d’esclave. L’enseignement des morts ! N’est-ce pas assez de les subir en soi forcément, sans encore se plier volontairement à eux ? Je pense au mot de Goethe : « En avant, par-delà les tombeaux. » Véritable cri d’un homme qui voulait être et savait être un homme. Mes morts à moi-même ne m’intéressent déjà pas. Je veux dire celui que j’étais hier, que j’ai été auparavant. Ce n’est pas pour retourner et me soumettre aux morts réels. Je doute de l’intelligence d’un homme, d’inventer des niaiseries pareilles. Ou il me fait l’effet d’un auteur qui a cherché ce qu’il pourrait bien inventer pour se faire une spécialité littéraire. »

— Paul Léautaud, Journal littéraire, Gallimard (Folio), 1968, 16 janvier 1907, p. 190.

En 1902, dans Scènes et doctrines du nationalisme, Barrès affirme et définit sa doctrine politique. Il plaide pour un fédéralisme, plus conforme à la tradition française. La nation est considérée comme une multiplicité de familles : « Familles d'individus, voilà les communes ; familles de communes, voilà la région ; familles de régions, voilà la nation ; une famille de nations, citoyens socialistes, voilà l'humanité fédérale où nous tendons en maintenant la patrie française et par l'impulsion de 178917. » Ainsi la « nationalité » a un sens aussi bien local (nationalité lorraine) que national (nationalité française) : « La nationalité française, selon nous, est faite des nationalités provinciales. Si l'une de celles-ci fait défaut, le caractère français perd un de ses éléments18. » L'individualisme des débuts laisse la place à la théorie organique du lien social : « l'Individu n'est rien, la société est tout19. »

En 1903, dans Amori et Dolori Sacrum, Maurice Barrès retrace son évolution personnelle dans son texte « Le 2 novembre en Lorraine ». Dans ce texte, véritable « point d'orgue » de sa pensée, Barrès développe l'idée que notre « Moi » n'est que « l'éphémère produit de la société », et en vient, à nouveau, à la conclusion que « notre raison nous oblige à placer nos pas sur les pas de nos prédécesseurs » :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Barr%C3%A8s
Maurice Barrès fut un auteur qui aura fasciné passablement l'abbé Lionel Groulx (1878-1967) qui fut sacré historien national du Canada français, premier détenteur de la chaire d'histoire de l'université de Montréal et laquelle fut crée pour lui peu après la 1ère Guerre mondiale.

L'abbé Groulx fut un intellectuel qui aura joué un rôle important dans le développement du nationalisme québécois d'aujourd'hui; réorientant le nationalisme traditionnel pan-canadien et plus religieux vers un nationalisme moderne, axé sur le territoire du Québec (berceau de la Nouvelle-France) et la nécessité de développer tous les aspects d'une vie nationale (économie, culture, science, etc.)

Le fameux slogan de la Révolution tranquille au Québec "Maître chez nous" , celui que Jean Lesage avait adopté en 1962 lors de la campagne pour la nationalisation de l'électricité (en clair, racheter les compagnies d'électricité anglo-américaines, bouter dehors les capitalistes anglo-saxons; placer désormais des Québécois aux postes de direction, engager des Québécois parmi le personnel cadre, comme ingénieurs, etc; faire que tout se déroule en français dans les réunions du conseil ...), - que ce fameux slogan, dis-je bien - , fut emprunté à Lionel Groulx, tiré d'un des ses ouvrages "Notre maître, le passé" (un titre parfaitement barrésien). L'abbé Groulx aura désavoué le duplessisme des années 1940-1950 et appuyé la nationalisation de l'électricité au Québec en 1962. Pour un abbé, il fallait le faire, à une époque où les nationalisations de compagnies privées (mesure socialiste) étaient encore perçues comme du communisme littéralement.

[...]

Un "charivari médiatique"se sera élevé vers la fin des années 1990 au Québec, suscité par des Anglais de Montréal et des milieux juifs anglophones, au sujet de la mémoire de Lionel Groulx justement, accusant ce dernier a posteriori d'avoir été un raciste, un antisémite et aussi du crime de philo-fascisme. Des lobbyistes juifs du B'naï B'rith allant même jusqu'à exiger "vertement" que le gouvernement du Québec débaptisât la station de métro Lionel Groulx à Montréal, etc.

elenos
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Re: Pour nos morts (le 2 novembre)

Message non lu par elenos » jeu. 03 nov. 2016, 23:25

Merci Cenci pour ce message
Concernant Barrès j'apprécie son type de nationalisme qui s'est éloigné de celui de l"Action Française en restant "fraternel"
Concernant le Québec, J'avoue que vous m'aprenez l'essetiel
Certains faits sont volontairement oubliés ou cachés alors que j'ai passé plusieurs mois à l'université de Montréal
après avoir obtenu le CAPA (avocat)
Je relis encore votre message
Merci

p;s
« Certaines personnes se croient d'autant mieux cultivées qu'elles ont étouffé la voix du sang et l'instinct du terroir. Elles prétendent se régler sur des lois qu'elles ont choisies délibérément et qui, fussent-elles très logiques, risquent de contrarier nos énergies profondes. Quant à nous, pour nous sauver d'une stérile anarchie, nous voulons nous relier à notre terre et à nos morts. »
— Maurice Barrès, Amori et Dolori Sacrum, 1903.

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Re: Pour nos morts et leur salut éternel

Message non lu par elenos » ven. 04 nov. 2016, 15:37

Ayant cité (après Cenci), Maurice Barrès qui fut anti-dreyfusard, je m'en voudrais de ne pas fleurir la mémoire d' un de ses contemporains : Charles Péguy, dreyfusard, lui,, qui fut tué dans les premiers jours de la uerre en septembre 1914

"Une seule injustice, un seul crime, une seule illégalité, surtout si elle est officiellement enregistrée, confirmée, une seule injure à l'humanité, une seule injure à la justice, et au droit surtout si elle est universellement, légalement, nationalement, commodément acceptée, un seul crime rompt et suffit à rompre tout le pacte social, tout le contrat social, une seule forfaiture, un seul déshonneur suffit à perdre, d'honneur, à déshonorer tout un peuple. C'est un point de gangrène, qui corrompt tout le corps. Ce que nous défendons, ce n'est pas seulement notre honneur. Ce n'est pas seulement l'honneur de tout notre peuple, dans le présent, c'est l'honneur historique de notre peuple, tout l'honneur historique de toute notre race, l'honneur de nos aïeux, l'honneur de nos enfants. Et plus nous avons de passé, plus nous avons de mémoire, plus ainsi [...] nous avons de responsabilité, plus ainsi aussi ici nous devons la défendre ainsi. Plus nous avons de passé derrière nous, plus (justement) il nous faut le défendre ainsi, le garder pur."
Charles Péguy,

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