Merci Suliko. Ne pas vivre dans le péché lorsqu'on a des enfants d'une nouvelle union après un divorce peut être en effet de vivre en frère et sœur, cela semble logique, mais je tenais à ce que ce soit précisé. Vous dites plus loin que la séparation peut être encore meilleure, mais j'ai du mal à voir, en revanche, en quoi cela peut être bon pour les enfants.
Il va de soi que la conversion de personnes (qui prennent conséquemment la décision de vivre chastement tout en continuant à élever leurs enfants ensemble) semble devoir être le fait d'un couple qui vivra à l'unisson leur nouvelle foi. Dans le cas contraire, si l'expérience de chasteté ne convient pas à l'autre époux non converti, il semble que c'est une séparation qui va se dessiner à l'horizon, à moins que le/la converti(e) soit à ce point saint(e) qu'il puisse accepter le risque de voir son conjoint frustré possiblement lui être infidèle (ce qui serait tout de même un étrange fruit).
On voit donc, si la conversion est suivie d'une décision conforme à l'obéissance à l'Église (vivre en frère et sœur), combien fragile peut devenir ce couple si une seule des personnes se convertit radicalement. Dans ce cas, en quoi le fait de demander à ladite personne de s'abstenir de communier (plutôt que de prendre le risque d'une séparation d'avec le conjoint non converti) après une non-absolution, est-il bancal ?
Nous en sommes arrivés à une situation où l'idée de ne pas communier alors que d'autres le font devient intolérable et je crains qu'un affadissement - voire une disparition - du discours encourageant à abstenir d'avoir ce "droit" ne cause un grand mal.Suliko :
La pastorale post-conciliaire, qui consistait très souvent à accueillir chaleureusement les remariés civilement en les invitant à participer à la vie paroissiale, avec la seule restriction de ne pas communier, était véritablement bancale.
Il est injuste de parler de l'Église ainsi... Son état naturel est de montrer le plus haut degré des possibilités qu'a un être humain pour tendre à la sainteté. Je suis d'accord avec vous pour dire que si le renoncement n'émane pas d'une conversion perpétuelle et radicale et que tous les membres de la famille ne sont pas sur le même chemin, les propositions les plus radicales feront plus de dégâts que de bien, mais si la personne vit sa foi avec ardeur sans quitter sa famille nouvellement fondée, jusqu'à se priver volontairement du corps du Christ et œuvrer, prier pour la conversion de son conjoint, je pense que cela devient très fertile.Axou :
Je ne parle pas d'un renoncement choisi en son âme et conscience par amour de Dieu et de ses proches, fruit d'une véritable liberté intérieure. Je parle d'un renoncement subi, par obéissance ou plutôt pas soumission, ou par peur de l'enfer que sais-je, tout l'attirail mental d'une Eglise en partie dévoyée avide de pouvoir sur les êtres et sur les consciences...
Si en revanche c'est le couple qui se convertit ensemble, je pense qu'il est évident de songer à vivre en frère et sœur pour élever les enfants puis, lorsqu'ils sont adultes, aviser en fonction de sa foi toujours grandissante.
Je ne vois que cette solution ou alors accepter de ne pas communier, le rôle de l'Église étant alors d'exposer avec justice et clarté la doctrine qui demande le meilleur à ses fidèles.
Donc ce que je reproche à Amoris Lætitia n'est pas de tenir compte de la blessure croissante que l'on constate chez l'homme postmoderne, mais de faire de l'ombre à d'autres voix de sainteté, parmi lesquelles peut figurer pour commencer l'acceptation de ne pas recevoir indûment le corps du Christ. C'est aussi une forme de petite voie, humble et tellement discrète.
Mon mari et moi nous avons été à un cheveux d'être exactement dans cette situation des divorcés "remariés" convertis sur le tard, après une vie d'errance spirituelle, et je n'aurais pas aimé que l'on nous tienne un discours nous poussant à l'idée d'un "droit" car cela nous aurait masqué une exigence plus grande. Le mot "exigence" n'est pas un gros mot, surtout quand il est dit pour l'amour du Christ. On peut très bien dire à ces couples la vérité radicale, leur foi plus ou moins grande fera peut-être des miracles, mais si la foi n'est pas si grande, il sera toujours aisé de venir reprocher à l'Église des sacrifices qu'ils n'étaient pas prêts à consentir. La non-communion est le degré zéro de l'obéissance mais un degré enviable dans bien des cas, et parfois ce sera le premier pas vers un possible dépassement de soi-même pour aller toujours plus loin vers Dieu.
Le discernement des prêtres envers ces couples et personnes divorcées remariées civilement tient davantage à la connaissance de leur avancement sur le chemin de la sainteté qu'à la décision de donner tel ou tel "droit" car sinon le message peut s'affadir et alors le sel devient miel.