Suliko a écrit : ↑mer. 18 oct. 2017, 21:40
Une légère évolution du droit canonique ? ! Mais ce que vous proposez est tout sauf une légère évolution, c'est un bouleversement complet du droit canonique ! Et puis comment faire pour distinguer celui qui a vraiment la foi de celui qui ne l'a pas ? Et que faire des mariages dans lequel un des conjoints retrouve la foi des années après le début de l'union ?
La foi n'est pas un critère pour la validité d'un mariage sacramentel.
Je me suis peut-être un peu trop enthousiasmé hier pour une solution canonique qui, par définition, est longue et délicate à mettre en place. Ceci dit, plusieurs théologiens ont proposé ce critère (je ne l'ai pas inventé), et je me souviens que le Card. Ratzinger n'avait pas fermé la porte à cette solution (méritant un approfondissement). L'idée de base est surtout de reconnaître le mariage civil des baptisés "non chrétiens" comme étant un mariage naturel (qu'est-ce-qui l'empêche?), et donc de faciliter par la même occasion le refus du sacrement à une personne qui n'est clairement pas croyante, ce qui semble-t-il n'est pas vraiment possible à l'heure actuelle!
(Le décret tametsi du Concile de Trente contre les mariages clandestins semble d'ailleurs largement responsable de cet état de fait...).
Non. Il faut comprendre que l'Occident n'est pas le centre du monde et donc que l'Eglise n'a pas à changer ses règles pour des églises vieillissantes et en perte de vitesse.
Je ne sais pas à quelles Eglises "jeunes" vous pensez (si ce sont les Eglises africaines, le moins qu'on puisse dire est que les problèmes d'irrégularité matrimoniale y sont largement plus étendus qu'ici, avec la polygamie, les mariages forcés...). Sinon les règles de l'Eglise en matière de mariage ne cessent d'évoluer, de toutes façons. Mais il est vrai qu'elles évoluent lentement, qu'elles sont très complexes, qu'elles restent nécessairement imparfaites et inadaptées à toutes les situations possibles comme toute règle juridique. On touche là les limites de la façon de faire qui consiste à rechercher toujours des aménagements juridiques plus ouverts et/ou plus adaptés.
Il faut comprendre aussi que le jeu n'en vaut pas la chandelle : pour un recommençant remarié civilement qui ne quitterait pas l'Eglise grâce à AI, combien de gens lassés par le relativisme de l'Eglise quitteront le bateau ? Et combien de catholiques, tout en continuant à pratiquer régulièrement, verront dans AI un prétexte pour assentir encore plus au laxisme généralisé (la fille en concubinage, le cousin remariés civilement, etc...) et perdre toute foi véritable ?
Vous connaissez pourtant la parabole du Bon Pasteur qui délaisse les 99 brebis saines pour aller chercher la brebis égarée?...
Personnellement, après avoir tourné la question dans tous les sens, je résumerais ma position comme ceci:
- l'Eglise byzantine admet et pratique largement le principe d'"oikonomia" (économie), qui permet à l'évêque de déroger à la règle ("acribie").
- l'Eglise d'Occident l'admet en théorie mais ne le pratique guère
- en matière de divorce et de remariage, les Eglises orientales partagent la même règle (acribie) que nous (à part peut-être l'"exception matthéeene"), mais pratique (très?) largement l'économie pour éviter des conséquences plus graves. Cette discipline était déjà attestée et admise par St Basile le Grand.
- les Conciles Oecuméniques de l'Eglise Catholique (latine), Florence et Trente n'ont PAS condamné cette discipline, et c'était volontaire.
Je ne vois donc pas ce qui permet de considérer comme contraire à la foi catholique le principe d'"économie" en la matière. C'est la position contraire qui me paraîtrait douteuse. Il reste que l'Eglise est souveraine dans l'application de l'acribie ou de l'économie, et qu'elle est parfaitement justifiée à pratiquer l'acribie comme l'a presque toujours fait l'Eglise latine. Ce qui ne l'empêche pas de changer de façon de faire si cela s'avère nécessaire.
- Il y aurait certainement un travail à faire sur les limites de cette notion, pour éviter qu'elle ne devienne du laxisme pur et simple. De ce côté-là, la tolérance généralisée que permet théoriquement AL et que certains évêques semblent appliquer va effectivement trop loin. C'est pourquoi une clarification est absolument nécessaire.
Je pense être arrivé au bout de ce que permettait cette discussion. Pour le reste, je dois reconnaître que le sort de l'Eglise n'est pas entre mes mains. Nous verrons bien ce qui arrivera, en attendant, sanctifions-nous autant que possible.
In Xto,
archi.