Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

« Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu'il sache discerner le bien du mal » (1R 3.9)
Règles du forum
Forum de discussions entre chrétiens sur les questions morales et éthiques. Certaines discussions de ce forum peuvent heurter la sensibilité des jeunes lecteurs.
Avatar de l’utilisateur
axou
Barbarus
Barbarus

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par axou » mar. 26 sept. 2017, 22:49

Héraclius a écrit :
mar. 26 sept. 2017, 22:24

On ne peut pas juste changer la pastorale sans imliquer des conséquence sur le doctrinal. Le gros problème de l'Eglise aujourd'hui, c'est qu'on annonce de grands changement pastoraux, mais personne n'a foutrecouille idée des conséquences doctrinales exactes. Or ces conséquences sont inévitables et la Doctrine, excusez-moi, mais c'est imortant. Ce n'est en rien secondaire ; la doctrine est pratique par essence dans le Christianisme puisqu'elle est une longue méditation sur la mise en oeuvre de l'amour divin et de sa contrepartie humaine, l'imitation de Dieu par l'homme Christ. La Doctrine est expression de la volonté divine, la pratique de l'amour son accomplissement.
Et c'est tout à votre honneur cher Héraclius, de vous préoccuper foutre-couille des conséquences du pastoral sur le doctrinal. Ce n'est pas mon rayon, c'est le votre et qui sait, on vous attend peut-être un jour au Vatican pour travailler sur ce sujet.
Héraclius a écrit :
mar. 26 sept. 2017, 22:24
Quand à votre mention de la peine de mort ; si vous lisez le catéchisme vous verrez pourquoi la peine de mort a pu être justifiée dans le passé et pourrait l'être encore.
Héraclius -
Vous m'avez bien comprise : c'est le Pape François qui prévient que des modifications vont être apportées dans le catéchisme de l'Eglise Catholique sur la peine de mort. Sa pensée est que l'Eglise "grandit" et rentre dans une compréhension de plus en plus profonde de l'Evangile.
Il y a pas mal de petites "bombes" dans "Politique et société" et on n'est pas au bout de nos surprises...Les médias se gargarisent du fait que François dit avoir été en thérapie avec une psychanalyste juive ou eu des petites amies à l'adolescence...
Pour moi, la vraie bombe qui passe pour l'instant inaperçue, c'est qu'il annonce que des femmes vont être au coeur du processus de décision en haut lieu dans l'Eglise, quand la curie sera réformée. Yes !

Bien à vous,

Axou

Avatar de l’utilisateur
nano
Censor
Censor
Messages : 146
Inscription : dim. 20 sept. 2009, 16:42
Conviction : Catholique bien imparfait
Localisation : Gallicanie post-conciliaire ordinaire

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par nano » mer. 27 sept. 2017, 0:14

Bonsoir à tous et merci pour ce passionnant débat.
Héraclius a écrit :
mar. 26 sept. 2017, 22:24
Est-ce que cela veut dire que le remarriage n'est pas un péché mortel ?
Vous employez - à dessein ? - une tournure qui me semble donner un éclairage différent à la problématique. Dites-moi si je me plante, mon niveau de théologie ne vole pas plus haut que le comptoir.

1. Personne ici n'a, je crois, la tentation de remettre en cause les paroles du Seigneur lui-même : "si quelqu’un renvoie sa femme – sauf en cas d’union illégitime – et qu’il en épouse une autre, il est adultère." (Mt 19,9).
Se remarier c'est pécher. OK. [hors propos : par contre, si mon épouse me trompe, je peux la dégager proprement et me remarier validement ?]

2. Y a quand même quelque chose qui me gène. C'est dans les versets précédents. « N’avez-vous pas lu ceci ? Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme, et dit : À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mt19,4-6)
Donc, déjà, avant même de se remarier, se séparer c'est pécher. On en parle bien peu, je trouve.

3. Quand on se sépare, on commet donc un péché, mais vous admettrez qu'on a en général la ferme intention de ne plus recommencer (à supporter la douleur d'une séparation) ; on peut donc tout-à-fait licitement être absous de ce péché. J'ai bon ?

4. On peut dire de même, que quand on se remarie - je parle là de la seule célébration d'un mariage, non de l'état de vie qui s'ensuit - comme quand on se marie, on a en général la ferme intention de ne plus recommencer. Le remariage en lui-même serait péché mais la résolution de ne pas recommencer permet d'en être absous. Me planté-je ?

5. Car cela permettrait de justifier un usage qui a semble-t'il été en vigueur à un moment de la vie de l’Église : les divorcés-remariés étaient de nouveau admis aux sacrements après un temps de pénitence (autre chose que faire le tour de l'église, couvert de cendres, à genoux en récitant des dizaines). C'est-à-dire qu'on "réparait" la séparation et le remariage, et qu'on "validait" ce dernier, de sorte que l'état de vie après remariage ne soit plus peccamineux / adultérin ?

Il y a certainement de bonnes raisons que cet usage ait cessé et je n'irai pas m'aventurer contre l’Écriture, la Tradition et le Magistère, mais je ne serais pas surpris que ce soit vers quelque chose comme ça que le Pape François veuille retourner. De mon modeste point de vue, ce serait une "porte de sortie" qui me semble aller dans son sens pastoral, sans trop écorner la doctrine.

Parce que je suis très très mal à l'aise devant le procédé, qui semble être devenu courant, consistant à obtenir la nullité du premier mariage pour pouvoir en contracter un second. Je caricature un peu (beaucoup ?) mais c'est
"ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas
- ah ben c'est bon en fait, on a revérifié, en fait Dieu n'avait pas uni, allez vous remarier en paix" (je sais que ce n'est pas si simple)

Le Pape François lui-même a dit en début de son pontificat qu'une forte proportion de mariages étaient en fait nuls. Il y aurait donc une grande quantité de (plus ou moins) fidèles qui vivraient, en toute bonne foi, un mariage qu'ils croient valide : vos voisins, les parents du petit servant d'autel, le couple qui accueille le parcours Alpha, vous et moi peut-être ?! Qui le remettrait en cause ? Et puis un jour, si ça "clashe", et bien en fait, ils n'ont (vous n'avez ? je n'ai ?) jamais été mariés.

Et on peut se demander finalement si un des gros problèmes de la pastorale du mariage, ce n'est pas de se préoccuper de sa validité que lorsqu'il échoue ?

Avatar de l’utilisateur
prodigal
Amicus Civitatis
Amicus Civitatis
Messages : 2301
Inscription : mar. 09 juil. 2013, 10:32

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par prodigal » mer. 27 sept. 2017, 15:36

Cendrine a écrit :
mar. 26 sept. 2017, 20:47
N'est-il pas déjà assez dur de vivre en catholiques de nos jours sans en rajouter ? Pourquoi faudrait-il se rengorger de savoir que nous allons prochainement piloter à vue ? En quoi est-il meilleur de choisir d'ignorer certaines règles qui nous guident ? Avons-nous encore le droit de nous admettre faibles et en recherche d'une boussole fiable ?Cendrine
Pardonnez-moi, chère Cendrine, mais ces propos-ci sont injustes.
1) c'est vous qui voulez à tout prix de l'exigence. Ni Axou ni moi ne veulent en rajouter. Mais pas non plus en supprimer. Il n'y a là aucun rengorgement, ce que vous appelez le pilotage à vue, c'est la vie, et en réalité non, ceci n'est pas une histoire d'artistes de la voltige morale, mais de l'effort obligatoire en toutes occasions pour faire de son mieux.
2) il ne faut justement ignorer aucune règle. Ne pas ignorer l'enseignement de l'Eglise sur le divorce, ni sur la sexualité. Ne pas ignorer le bien des familles et des gens qui ont besoin de nous. Ne pas ignorer les nécessités de la vie spirituelle. Et par dessus tout ne pas ignorer qu'on a toujours raison d'agir au mieux, et de sauver son âne même un jour de sabbat.
3) si nous sommes faibles, et nous le sommes, alors nous n'avons pas le droit d'accabler, surtout dans ce brouillard que vous décrivez, les gens qui sont aussi faibles que nous et pas forcément plus pécheurs.
4) à une époque où n'importe qui fait n'importe quoi, être accompagné lorsque l'on voudrait retrouver une vie de chrétien, comme le propose le Saint-Père, est encore la meilleure façon d'être guidé.
Héraclius a écrit : Au passage je ne me décrit nullement comme traditionnaliste. Héraclius
Pardonnez-moi si j'ai pu laisser croire le contraire, mais je ne vous tiens pas non plus pour un traditionaliste, et je vais faire un effort pour arrêter de faire une faute d'orthographe à votre pseudo. :p
Héraclius a écrit : Le remariage (ou d'autres formes d'adultère "marital") n'est jamais un bien en soi, quoiqu'il puisse être la seule alternative à un mal plus grand.Héraclius
Je suis d'accord, enfin il me semble (je suis moins sûr que vous sur cette question).
Mais remarquez que la question au sujet des divorcés n'est pas "peut-on se remarier?", mais "peut-on, une fois remariés, revenir à l'Eglise sans détruire son nouveau foyer?"
Héraclius a écrit : Je ne trouve pas préoccupant en soi que le Pape nous invite à un cheminement contre des normes fixes. Héraclius
Je ne crois pas que ce soit le cas. Je crois que François nous invite à ne pas confondre les "normes fixes", en fait les devoirs de charité, avec des règlements disciplinaires figés et incapables de s'adapter. Ce n'est pas du tout la même chose.
Héraclius a écrit :Si vous me donnez une proposition verbale comme "certains divorcés-remarriés peuvent recevoir validement les sacrements", vous me donnez un énoncé de théologie morale. Moi, je m'intéresse à ses conséquences. Est-ce que cela veut dire que le remarriage n'est pas un péché mortel ? Est-ce que cela veut dire qu'une absolution peut être valide sans repentance véritable ? Est-ce que cela veut dire que l'on eut recevoir l'eucharistie sans absolution ?Héraclius
Les réponses, il me semble, sont les suivantes : non mais, non, non.
Les deux derniers "non" sont évidents. Le premier est plus ambigu, car ce n'est pas la proposition que vous citez qui à elle seule exclut le remariage de la catégorie des péchés mortels, c'est la considération du remariage lui-même qui implique un devoir de compréhension et de discernement à l'égard des personnes à qui c'est arrivé.
Mais vous avez raison sur le fond : si le regard sur le divorce est toujours le même, en revanche le regard sur le remariage devient beaucoup plus ouvert et miséricordieux.
Héraclius a écrit :Tout est théologique ; même lorsque l'on dit "la pastorale passe avant le doctrinal", on fait déjà de la théologie, on est déjà dans la doctrine. Or la mesure de toute proposition, c'est sa rationalité, sa vérité. Il est absolument impossible d'echapper à la théologie, parce que toute action a son logos, sa rationalité, qui peut être, ou non, ordonné au Logos Divin, à Jésus, au dogme.Héraclius
Je suis tout à fait d'accord. C'est bien au nom de la vérité que chacun s'exprime ici sur ce sujet, et donc certains se trompent, puisque nous nous contredisons. C'est pourquoi nous avons besoin d'un double arbitrage : celui de l'autorité, donc du Saint-Père, et celui de la raison universelle. Je me réjouis de voir ces deux arbitrages se rapprocher, enfin.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

Avatar de l’utilisateur
Cendrine
Mater civitatis
Mater civitatis
Messages : 410
Inscription : mar. 04 avr. 2017, 19:50
Conviction : Catholique
Contact :

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Cendrine » mer. 27 sept. 2017, 17:02

Cher Prodigal,

Je suis désolée d'avoir pu paraître injuste. Sur l'exigence que représente la foi catholique, je pense que nous sommes d'accord ; je souhaitais simplement défendre l'idée qu'il n'y a rien d'étrange à ce qu'un fidèle de base puisse souhaiter s'appuyer sur une doctrine précise valable de façon universelle, et ceci même si la doctrine semble contrarier ses désirs, même spirituels, même très compréhensibles (comme l'est celui de recevoir le corps du Christ). Je comprends tout à fait que cela puisse paraître immature mais je l'assume.

En fait, je reste sur ma faim : je n'ai pas encore eu de réponse concernant la nature des fruits spirituels attendus par une personne communiant sans avoir reçu l'absolution. On nous parle de conversion, mais j'aimerais des développements. A lire certaines revendications qui tiennent davantage de réformes structurelles égalitaires, je cherche à me rassurer : ce n'est pas juste pour avoir la sensation de "faire comme les copains qui eux ont bien le droit de" ? Je le demande avec un intérêt réel et sans présumer des réponses, je cherche juste à comprendre.

Il y a peut-être une "voie bis", des raccourcis efficaces pour travailler à son Salut et à l'augmentation de sa foi, pour rechercher la sainteté comme nous le demande le Christ ? Je ne dis pas que je le nie, mais je suis dubitative, interrogative, inquiète d'un affadissement du sel. J'espère, encore une fois, que ces évolutions, si elles sont un jour inscrites dans notre doctrine, ne sont pas juste sociales et de type politique égalitariste, un peu comme une sorte de démocratisation de je ne sais quel produit de consommation, fut-il spirituel.

Avatar de l’utilisateur
prodigal
Amicus Civitatis
Amicus Civitatis
Messages : 2301
Inscription : mar. 09 juil. 2013, 10:32

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par prodigal » mer. 27 sept. 2017, 17:31

Cendrine a écrit : Cendrine : En fait, je reste sur ma faim : je n'ai pas encore eu de réponse concernant la nature des fruits spirituels attendus par une personne communiant sans avoir reçu l'absolution.
Mais il n'est pas question de communier sans avoir reçu l'absolution! Sinon, comme l'a démontré Héraclius, tout est permis et la question n'existe plus. Je pense que les fruits spirituels d'une communion sacrilège (pour reprendre la terminologie traditionnelle) sont nécessairement mauvais, bien sûr.
Cendrine a écrit :Cendrine : On nous parle de conversion, mais j'aimerais des développements.
C'est assez simple, du moins je crois.
Il arrive que les personnes qui souhaitent se convertir, ou qui sont au minimum attirées par le catholicisme, soient en couple avec quelqu'un qui ne le souhaite pas forcément pour sa part. Dans une société où il y a, comme en France, une majorité d'athées issus de familles catholiques, cela fait un nombre important de conversions potentielles, par la découverte ou la redécouverte de la religion qui aurait pu, ou dû, être enseignée dans l'enfance.
Or, selon la discipline qui prévaut avant Amoris Laetitia, il est exigé de ces personnes qu'elles "se mettent en règle" (triste conception du sacrement de mariage mais passons) ou qu'elles renoncent à se convertir. Car on ne se convertit pas pour s'installer dans l'état (supposé) de péché mortel. Donc, dans les faits, ne peuvent guère se convertir à titre individuel que les célibataires, car je ne vois pas le moyen de "se mettre en règle" tout seul!
Donc, l'Eglise dans sa pastorale d'évangélisation dit (ou plutôt disait) à tous ceux qui se sentent attirés par elle qu'il faudra sacrifier son conjoint d'abord.
C'est tout bête, c'est même un peu idiot, mais c'est la réalité.
Cendrine a écrit :Cendrine : Il y a peut-être une "voie bis", des raccourcis efficaces pour travailler à son Salut et à l'augmentation de sa foi, pour rechercher la sainteté comme nous le demande le Christ ?
Je pense qu'il y a une voie bis, si vous voulez, mais je ne dirai pas une voie bis, plutôt une application de l'unique voie aux circonstances. C'est de suivre un chemin de perfection, en recherchant en tout la vérité et la justice, là où l'on est placé.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

Avatar de l’utilisateur
Cendrine
Mater civitatis
Mater civitatis
Messages : 410
Inscription : mar. 04 avr. 2017, 19:50
Conviction : Catholique
Contact :

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Cendrine » mer. 27 sept. 2017, 17:42

Merci pour ces précisions Prodigal.

Vous dites :
Mais il n'est pas question de communier sans avoir reçu l'absolution !
Ce qui veut dire que les personnes concernées et qui ont déjà commencé à communier sur les conseils des pasteurs mettant en pratique les observations d'Amoris Lætitia ont été absoutes ?
Dernière modification par Cendrine le mer. 27 sept. 2017, 20:28, modifié 1 fois.

Tristan
Censor
Censor
Messages : 84
Inscription : mer. 22 mars 2017, 20:35
Conviction : Catholique

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Tristan » mer. 27 sept. 2017, 17:59

prodigal a écrit :
mer. 27 sept. 2017, 17:31

Or, selon la discipline qui prévaut avant Amoris Laetitia, il est exigé de ces personnes qu'elles "se mettent en règle" (triste conception du sacrement de mariage mais passons) ou qu'elles renoncent à se convertir.
S'il s'agissait de discipline, on pourrait effectivement s'amuser à discuter à l'infini du pour et du contre, et des circonstances, etc.

Mais le débat n'a jamais été là. Le débat a toujours été : y a-t-il une interdiction doctrinale d'accéder à la communion pour les personnes civilement remariées choisissant de continuer à avoir des relations sexuelles avec leur partenaire ?

Or que nous dit la Congrégation pour la Doctrine de la foi, explicitement et à de multiples reprises? Cette interdiction est doctrinale, il s'agit d'une vérité divinement révélée. Nul ne peut la contourner, tout le monde y est astreint, quelles que soient les conséquences immédiates en ce monde (autrement nous tombons dans le conséquentialisme, condamné officiellement par l'Eglise).
Congrégation pour la Doctrine de la Foi, 1994.

La doctrine et la discipline de l'Eglise en la matière ont été amplement exposées durant la période post-conciliaire dans l'Exhortation apostolique Familiaris consortio. L'Exhortation rappelle, entre autres, aux pasteurs que, par amour de la vérité, ils sont tenus à bien discerner les diverses situations; elle les exhorte à encourager la participation des divorcés remariés à divers moments de la vie de l'Eglise. En même temps, elle rappelle la pratique constante et universelle, "fondée sur la Sainte Ecriture, de ne pas admettre à la Communion eucharistique les divorcés remariés", en indiquant les motifs. La structure de l'exhortation et la teneur de ses paroles font comprendre clairement que cette pratique, présentée comme obligatoire, ne peut être changée sur la base des différentes situations.

Le fidèle qui vit habituellement "more uxorio" avec une personne qui n'est pas sa femme légitime ou son mari légitime, ne peut accéder à la communion eucharistique. Si ce fidèle jugeait possible de le faire, les pasteurs et les confesseurs auraient, étant donné la gravité de la matière ainsi que les exigences du bien spirituel de la personne et du bien commun de l'Eglise, le grave devoir de l'avertir qu'un tel jugement de conscience est en opposition patente avec la doctrine de l'Eglise. Ils doivent aussi rappeler cette doctrine dans l'enseignement à tous les fidèles qui leur sont confiés.

http://www.vatican.va/roman_curia/congr ... ed_fr.html
Maintenant, on peut très bien choisir de contester délibérément le seul interprète légitime de la doctrine de l'Eglise Catholique. Mais on se situe alors dans un autre registre...

Avatar de l’utilisateur
prodigal
Amicus Civitatis
Amicus Civitatis
Messages : 2301
Inscription : mar. 09 juil. 2013, 10:32

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par prodigal » mer. 27 sept. 2017, 18:17

Cendrine a écrit :
mer. 27 sept. 2017, 17:42
Cendrine : Merci pour ces précisions Prodigal.

Vous dites :
Mais il n'est pas question de communier sans avoir reçu l'absolution !
Ce qui veut dire que les personnes concernées et qui ont déjà commencé à communier sur les conseils des pasteurs mettant en pratique les observations d'Amoris Lætitia ont été absous ?
Je n'en sais évidemment rien, mais je le suppose, oui, sauf peut-être (mais comment le saurais-je?) dans le cas où leurs directeurs aient considéré qu'elles n'avaient aucun péché mortel sur la conscience.
Il me semble que ces personnes sont dans le même cas que tout le monde, en fait.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

Avatar de l’utilisateur
axou
Barbarus
Barbarus

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par axou » mer. 27 sept. 2017, 20:55

Cendrine a écrit :
mer. 27 sept. 2017, 17:02
En fait, je reste sur ma faim : je n'ai pas encore eu de réponse concernant la nature des fruits spirituels attendus par une personne communiant sans avoir reçu l'absolution. On nous parle de conversion, mais j'aimerais des développements. A lire certaines revendications qui tiennent davantage de réformes structurelles égalitaires, je cherche à me rassurer : ce n'est pas juste pour avoir la sensation de "faire comme les copains qui eux ont bien le droit de" ? Je le demande avec un intérêt réel et sans présumer des réponses, je cherche juste à comprendre.
Chère Cendrine,
nous ne pouvons qu'espérer que certaines personnes concernées sur le forum vont vous répondre et vous parler de ces fruits spirituels.

Sinon, la "réclamation égalitaire" ne fait pas partie des intentions du Saint-Père (si vous lisez bien ce qu'il est écrit) et ne fait partie non plus de nos intentions (si vous lisez bien ce que nous écrivons). Peut-être existe-t-il des personnes qui sont dans cette mentalité là car cela correspond à l'air du temps mais je n'en connais pas et n'en ai pas vu sur le forum.

Je comprends bien votre crainte de l'affadissement du sel, c'est une crainte saine. Si Jésus nous mets en garde, cela nous appelle à régulièrement nous poser la question. Le sel s'affadit-il dans ma vie ? Suis je bien du sel comme le Christ me le demande ?

Bien à vous,

Axou

Bien à vous,

Avatar de l’utilisateur
Cendrine
Mater civitatis
Mater civitatis
Messages : 410
Inscription : mar. 04 avr. 2017, 19:50
Conviction : Catholique
Contact :

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Cendrine » mer. 27 sept. 2017, 22:14

Chère Axou,

Merci pour votre message. :)

Fraternellement.

Avatar de l’utilisateur
blue eyes
Censor
Censor
Messages : 159
Inscription : mer. 28 janv. 2015, 3:08
Conviction : Catholique

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par blue eyes » mer. 27 sept. 2017, 23:28

Amoris laetitia: non aux interprétations «alarmistes», «infidèles», par le card. Ouellet

Assemblée des évêques du Canada

27 septembre 2017Anita BourdinFamilles, Pape François, Rome

Card. Ouellet - ZENIT - HSM

« Toute interprétation alarmiste dénonçant un bris de continuité avec la tradition, ou bien laxiste célébrant un accès enfin concédé aux sacrements pour les divorcés remariés, est infidèle au texte et à l’intention du pape », affirme le cardinal Ouellet à propos d’Amoris laetitia, l’exhortation apostolique post-synodale sur l’amour dans la famille (2016).

Le cardinal québécois Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, et ancien professeur à l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, a en effet participé, mardi 26 septembre 2017, à l’Assemblée plénière annuelle de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC, 25-29 septembre) au Centre Nav Canada, à Cornwall, en Ontario, indique la CECC.

On peut visionner la vidéo de la conférence du cardinal Marc Ouellet aux évêques catholiques du Canada via Télévision Sel + Lumière ici (à 20m43):

https://livestream.com/wydcentral2013/e ... /163349596

Les évêques ont principalement réfléchi sur Amoris laetitia, à partir de l’exposé du cardinal Ouellet, donné en français.

Dans son intervention, il invite aussi les évêques canadiens à faire connaître leur réaction à Amoris laetitia et à émettre des orientations pour sa mise en oeuvre pastorale : « Plusieurs conférences épiscopales ont déjà publié des orientations plus précises pour leur contexte, par souci de clarté et d’inculturation. »

« Un tel exercice m’apparait nécessaire et urgent au Canada où l’on constate un écart béant entre l’enseignement officiel de l’Église et le vécu des couples et des familles », ajoute le cardinal canadien qui a fait observer que les précédentes « interventions magistérielles sur la famille avaient reçu un accueil mitigé », ce qui n’a pas favorisé leur application pastorale : il s’agit principalement de l’encyclique du bienheureux Paul VI Humanae vitae, dont on fête bientôt les 50 ans (1968), et de l’exhortation apostolique Familiaris consortio de saint Jean-Paul II (1981).

Il met en garde contre une réduction du document au chapitre 8 sur les couples catholiques mariés à l’église et en « situation irrégulière », pour rappeler que le document indique une pastorale fondée sur « les trois verbes : accompagner, discerner, intégrer ».

Il s’agit de mettre en œuvre un itinéraire pour aider les baptisés à « progresser »: dans l’approche pastorale. Le document, explique le cardinal Ouellet, recommande de « garder bien en vue l’idéal chrétien », tout « en ayant aussi en tête le principe de la gradualité, qui ne signifie pas la ‘gradualité de la loi’, mais la gradualité de l’assimilation de ses valeurs par les sujets ».

Quant aux « situations irrégulières », la pastorale demande un « discernement » faisant « appel à des principes qui permettent de définir les situations et leurs causes, les circonstances atténuantes, les changements possibles selon la conscience morale des personnes et les cas d’exceptions compte tenu de la distance entre la norme générale et les situations particulières ».

Ce discernement, au cas par cas, « peut ouvrir à recevoir l’aide des sacrements de pénitence et d’eucharistie dans certains cas », explique encore le cardinal Ouellet qui insiste sur le fait que cet éventuel accès aux sacrements doit être « discerné soigneusement, dans une logique de miséricorde pastorale ».

Il réfute l’interprétation qui consisterait à voir dans cette approche « un changement de la doctrine ou de la discipline sacramentelle » : il y voit « une application plus différenciée et adaptée aux circonstances concrètes et au bien des personnes ».

Et ce discernement suppose chez celui qui a charge de l’exercer « une conversion du regard et à une attitude d’accueil ». En d’autres termes : les pasteurs sont appelés à « valoriser le bien déjà existant dans la vie des personnes » pour pouvoir les « accompagner progressivement vers une réponse plus complète au dessein de Dieu sur leur vie ». Ou encore, à « voir les valeurs concrètement vécues dans la diversité des situations et accompagner les personnes dans leur recherche de vérité et leurs choix moraux correspondants ».

Autrement dit, le pasteur accompagne en discernant pour chacun, là où il en est, le pas suivant à faire pour progresser dans l’amour du Christ et du prochain : il s’agit, a dit le cardinal Ouellet de « discerner les pas à faire pour vivre en plénitude le sacrement déjà reçu, ou pour cheminer peu à peu vers sa réception consciente et fructueuse, ou encore pour régulariser une situation objectivement irrégulière, mais pas toujours moralement imputable ».
La conférence épiscopale résume en citant ce passage : « La contribution majeure d’Amoris laetitia est de développer et d’approfondir la réflexion de l’Église sur l’idée de la progression vers l’idéal chrétien qui n’avait peut-être pas reçu suffisamment d’attention et de développement jusqu’ici. De fait, l’affaiblissement constant du mariage et de la vie familiale en Occident sous la pression de certains courants sociaux défavorables au cours des 30 dernières années, a rendu cette réflexion approfondie encore plus urgente. »

Et la force du message du pape François est, relève la même source, « de proposer une vision ouverte et attrayante de l’amour humain, reflet de la communion trinitaire, entouré de miséricorde et donc riche d’espérance » : « Accueilli avec enthousiasme et sans préjugé, cet enseignement peut représenter un grand pas en avant dans l’espérance que toutes les familles deviennent la grande ressource de l’Église pour l’évangélisation du monde. Car la famille est la route et l’oasis de l’humanité en notre temps, où le Christ et l’Église se rencontrent et s’établissent à demeure et où, par la grâce de la fidélité des époux avec leurs enfants, resplendit le témoignage trinitaire de la Joie de l’Amour. »
«La vérité vous rendra libre».

Cinci
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 11765
Inscription : lun. 06 juil. 2009, 21:35
Conviction : catholique perplexe

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Cinci » jeu. 28 sept. 2017, 4:27

C'est vrai qu'avec le cardinal Ouellet, c'est la première fois depuis des lunes qu'on entend un son de cloche rassurant de la part d'un évêque. Autrement, c'est une polarisation incroyable entre les disciples de l'extrême ou les adeptes de la déconstruction postmoderne et nos conservateurs qui ne veulent rien savoir.

Après tout, c'est bien Mgr Ouellet aura reçu le pallium des mains de Benoit XVI.

:)

Tristan
Censor
Censor
Messages : 84
Inscription : mer. 22 mars 2017, 20:35
Conviction : Catholique

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Tristan » jeu. 28 sept. 2017, 8:31

Cinci a écrit :
jeu. 28 sept. 2017, 4:27
C'est vrai qu'avec le cardinal Ouellet, c'est la première fois depuis des lunes qu'on entend un son de cloche rassurant de la part d'un évêque. Autrement, c'est une polarisation incroyable entre les disciples de l'extrême ou les adeptes de la déconstruction postmoderne et nos conservateurs qui ne veulent rien savoir.

Après tout, c'est bien Mgr Ouellet aura reçu le pallium des mains de Benoit XVI.
Merci pour l'article. En lisant le cardinal Ouellet, j'ai juste eu envie de lui reposer la fameuse question : pouvez-vous me répéter la solution que vous n'avez pas proposée ?... Pense-t-il au futur conclave et à la phrase peu évangélique : on ne sort de l'ambiguïté qu'à son propre détriment ?

Il est vrai qu'il y a une polarisation, mais vous noterez qu'elle est voulue par le Pape François lui-même. C'est lui qui a dit aux évêques de Buenos Aires, et la lettre a été publiée officiellement sur le site du Vatican: "il n'y a pas d'autre interprétation". Or s'il y a n'y a "pas d'autre interprétation", en toute logique, il y a polarisation, car des personnes ont tort. François doit penser, et il a raison sur ce point, que la polarisation n'est pas en soi une mauvaise chose quand la vérité en jeu : "que votre oui, soit un oui...".

Comme je le disais, le problème est logique avant tout, puisque nous avons affaire au principe de non-contradiction. Jean-Paul II et Benoit XVI ont explicitement déclaré à de multiples reprises : "ce ne sera jamais possible, c'est la volonté de Dieu" et François déclare (ou semble déclarer) : "ce sera parfois possible, c'est la volonté de Dieu". L'un des deux énoncés est faux. Lequel ?

Le Père Andrew Pinsent a, je pense, bien résumé la situation :
Andrew Pinsent, Research Director of the Ian Ramsey Centre for Science and Religion à l'Université d'Oxford:
"nous sommes confrontés au risque de la totale destruction des enseignements moraux de l'Eglise catholique. J'ajouterais que les contradictions qui sont en train d'être introduites nient la raison elle-même et sont catastrophiques pour la mission de l'Eglise d'offrir le salut aux âmes."
http://www.catholicherald.co.uk/comment ... orrection/
Le problème est logique avant tout, et Amoris Laetitia est en ce sens symptomatique d'une époque qui préfère mettre en avant la sentimentalité et la bonne conscience individuelle sur la raison. Couvrez ce Logos que je ne saurais voir...

Avatar de l’utilisateur
PaxetBonum
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 9858
Inscription : lun. 21 juin 2010, 19:01

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 28 sept. 2017, 14:54

prodigal a écrit :
mer. 27 sept. 2017, 18:17
Je n'en sais évidemment rien, mais je le suppose, oui, sauf peut-être (mais comment le saurais-je?) dans le cas où leurs directeurs aient considéré qu'elles n'avaient aucun péché mortel sur la conscience.
Il me semble que ces personnes sont dans le même cas que tout le monde, en fait.
Cher Produgal

Vous supposez donc que le remariage ne serait pas un péché mortel ?
Pax et Bonum !
"Deus meus et Omnia"
"Prêchez l'Évangile en tout temps et utilisez des mots quand cela est nécessaire"

St François d'Assise

Avatar de l’utilisateur
prodigal
Amicus Civitatis
Amicus Civitatis
Messages : 2301
Inscription : mar. 09 juil. 2013, 10:32

Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par prodigal » jeu. 28 sept. 2017, 19:00

Je ne me prononce pas sur cette question précise. J'exprimais simplement l'éventualité que des directeurs de conscience en aient jugé ainsi. Je crois qu'il y a des différences très grandes d'un cas à l'autre, et qu'en particulier doit être considéré le cas de l'abandonné(e), à qui la loi parfois n'autorise même pas à voir son ex-conjoint. En fait, c'est la théologie du péché mortel qui mériterait qu'on s'y intéresse, et c'est d'ailleurs en effet ce que fait Amoris Laetitia, mais peut-être de façon trop allusive pour être bien comprise?
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 62 invités