Maladie génétique et Dieu

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Jeremy43
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Maladie génétique et Dieu

Message non lu par Jeremy43 » dim. 31 juil. 2016, 13:13

Bonjour,

Pardonnez-moi si ce sujet n'est pas au bon endroit, j'ai recherché et aucun sujet n'a été ouvert là dessus.

Je me demandais quel était l'avis de l'Eglise Catholique sur les maladies génétiques incurables. En effet, le but de tout homme est de s'orienter vers son bien et son bonheur (Saint-Augustin l'a bien expliqué) même quand le bien recherché est mauvais, mais comment appliquer cette réalité de la volonté humaine (donc une réalité naturelle) quand on a une maladie génétique et qu'on se retrouve donc contraint de souffrir jusqu'à ce que mort s'en suive ?

La volonté, qui doit être de s'orienter vers son propre bien et de mettre tout en oeuvre pour l'accomplir (son propre bien étant sa rédemption) se retrouve donc détruite par le fait de devoir souffrir dans son corps et dans son âme jusqu'à ce que Dieu ait décidé que cela serait suffisant. La réalité de la nature humaine, qui est portée vers soi avant tout (le jeu du Christ étant de tourner l'homme vers Dieu et l'autre), se retrouve donc automatiquement portée vers les autres et seulement eux, sa propre nature étant annihilée par la vocation à la souffrance imposée à la naissance. S'il est possible de sortir du séminaire, de devenir un prêtre défroqué ou de quitter le monastère, il est impossible de quitter son propre corps durant cette vie.

Où est donc la vie là dedans et le libre choix nécessaire à tout amour et garant de la noblesse de la personne humaine ? y-a-t-il encore une notion de personne dans ce cas et non pas un avilissement au rang d'objet ?

Pour ma part, je pense que cela détruit toute possibilité d'amour avec Dieu et les autres, puisqu'au lieu de construire une relation (avec Dieu et les autres), on se retrouve à subir une volonté imposée jusqu'à ce que mort s'en suive, à devoir "jouer le jeu" jusqu'à ce que Celui qui en détient les clés en ait décidé la fin. D'où l'aliénation au rang d'objet utile et non de personne, une personne peut être aimée alors que la seule porte de sortie d'un objet c'est d'être adoré ou de tomber dans les ténèbres de l'oubli. Le concept de Paradis, de Communion est tout à fait abscon quand on est dans situation.

J'aimerai beaucoup connaître vos avis à ce sujet.

Bonne journée

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Milla
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Re: Maladie génétique et Dieu

Message non lu par Milla » dim. 31 juil. 2016, 14:01

Bonjour Jeremy,

pourquoi faire un gros paquet avec l'ensemble des maladies génétiques ? Le vécu et les problématiques d'une personne souffrant de mucoviscidose sont très différents de ceux d'un hémophile, eux-même différents de ceux d'une personne trisomique ; enfin les vies de deux personnes trisomiques sont aussi différentes entre elles que deux personnes "normales". Pour dire que la vie de tous ces gens se résume à de la souffrance, il faut quand même faire une grosse coupe.

En fait, j'ai l'impression que vous voulez parler de la souffrance et de comment une personne peut entrer en relation avec Dieu si elle passe la majeure partie de sa vie à souffrir, et que vous avez amalgamé ça avec la question des maladies génétiques.

Jeremy43
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Re: Maladie génétique et Dieu

Message non lu par Jeremy43 » dim. 31 juil. 2016, 14:22

Bonjour,

Effectivement vous avez raison, ça n'a rien à voir. En fait ma question porte plus sur la souffrance comme vous l'avez dit mais pas uniquement car la maladie génétique rajoute quelque chose en plus à la souffrance quotidienne, c'est ce quelque chose qui est pour moi fondamental car il détruit la possibilité de vie qui réside dans la projection, la volonté s'ordonnant à cette projection pour obtenir le bien désiré : l'espoir.

C'est au final là le sens de ma question, comment doit s'insérer une volonté dans le champ des autres volontés quand ses possibilités de vie sont limitées et brimées à des niveaux bas ? sachant que tout homme a besoin d'accomplir sa vocation.

Vous parlez de la trisomie et c'est très intéressant, comment la société doit accueillir ces personnes pour les insérer ? Quelle est la position de l'Église à ce sujet ?

C'est un point important car aujourd'hui notre société supprime les enfants atteints de ces maladies avant même qu'ils ne naissent, il y a donc bien un problème fondamental.

Astya
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Re: Maladie génétique et Dieu

Message non lu par Astya » dim. 31 juil. 2016, 23:45

Bonsoir Jeremy,

Peut être que ces maladies ne détruisent pas forcément l'espoir, pas tout le temps : il y a des moments d'espoir et des moments de désespoir, comme pour tous.
La souffrance physique c'est terrifiant, mais ce n'est pas toujours là : de nos jours il y a des traitements, des soins qui améliorent un peu.
La souffrance morale est peut être encore pire si la personne en vient à se considérer comme un objet, comme vous dites. Mais ce n'est pas toujours le cas : ma mère m'a raconté l'histoire d'un oncle qui était devenu paraplégique à 20 ans et qui s'est investi dans une association de paralysés; une de mes amies d'enfance a eu la sclérose en plaques mais elle a élevé ses nièces orphelines avec sa mère; un adolescent que connais ma fille joue avec son ordinateur en bougeant la tête. C'est triste, mais pas sans espoir.
Pour les trisomiques, les parents décident. Mes deux fils ont été à l'école avec une petite fille trisomique, après le CM2, elle est allée dans un institut spécialisé. Elle est venue une ou deux fois à des goûters : elle était très gentille et les enfants l'acceptaient très bien.
La "société" ne les rejette pas : ce qui est détectable à l'échographie, ce sont les malformations lourdes, qui engendreraient la mort juste après la naissance à 90% des cas. L'examen chromosomique pour détecter la trisomie n'est pratiqué que si la mère à 40 ans. Dans tout les cas, la décision d'avortement thérapeutique revient aux parents, et à la mère s'ils ne sont pas d'accord.

Jeremy43
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Re: Maladie génétique et Dieu

Message non lu par Jeremy43 » sam. 13 août 2016, 20:39

Bonjour Astya,

Je ne partage pas votre vision, nous vivons dans un monde productiviste qui place la jouissance comme ordre suprême des choses (même si tout n'est pas noir et que plein de choses sont faites pour les malades). Même les personnes valides, qui ont participé activement à ce monde, sont lâchement laissés de côté et parqués dans les maisons de retraite une fois que l'âge et ses conséquences les rattrape.

Dans le cas des maladies, il y a une volonté d'éviter au maximum ces "anomalies" qui pèsent sur le budget santé.

Dans l'ordre de la Vérité, je pense pourtant que ces maladies (et donc les malades qui les portent) sont des bénédictions divines pour les autres car elles offrent la possibilité à l'homme d'exercer l'essence Divine, la Charité.

La maladie permet certainement un accès aisé aux réalités suprêmes car elle place rapidement l'individu face à la vérité de toute vie : la mort corporelle. La conservation de son être et de son immortalité est donc une question qui est vitale pour le malade alors que les valides peuvent vivre dans une insouciance fort surprenante à bien des égards.

C'est une autre bénédiction certainement.

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mike.adoo
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Re: Maladie génétique et Dieu

Message non lu par mike.adoo » lun. 10 oct. 2016, 20:01

Jeremy43 a écrit :Bonjour,

Je me demandais quel était l'avis de l'Eglise Catholique sur les maladies génétiques incurables. En effet, le but de tout homme est de s'orienter vers son bien et son bonheur (Saint-Augustin l'a bien expliqué) même quand le bien recherché est mauvais, mais comment appliquer cette réalité de la volonté humaine (donc une réalité naturelle) quand on a une maladie génétique et qu'on se retrouve donc contraint de souffrir jusqu'à ce que mort s'en suive ?

J'aimerai beaucoup connaître vos avis à ce sujet.

Bonne journée
Bonjour Jérémy
Votre question m'interpelle car je suis atteint d'une maladie neuro-musculaire incurable .
Je ne souffre pas physiquement mais j'ai dû accepter de tirer des traits sur des activités qui me donnaient bien du plaisir . ( Faire des randonnées à vélo par exemple )
Je traîne cette maladie invalidante depuis 25 ans et je dois reconnaître que si elle m'apporte du désagrément , elle me transporte dans des situations que je n'aurait pas connues sans elle .
Je suis toujours intéressé par des reportages sur ce genre de maladies .
Il y a quelque temps , on interrogeait des personnes atteintes de progéria . J'ai été étonné par les réponses ...
L'une d'entre elles maudissait le ciel et disait n'avoir rien à faire d'un dieu qui ne s'intéressait pas à son sort .
L'autre louait Dieu pour les bons moments qu'elle passait sur cette terre , aimée par ses parents et par son entourage .

Par contre , j'ai connu des gens en excellente santé , mal dans leur peau et qui ont fini par se suicider .
Ceci pour dire que rien n'est simple .
Cordialement

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axou
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Re: Maladie génétique et Dieu

Message non lu par axou » mar. 11 oct. 2016, 0:16

Merci pour votre témoignage Mike adoo.

Et vous Jérémy, commenta allez vous et ou en êtes vous de cette question ?
Jeremy43 a écrit : C'est au final là le sens de ma question, comment doit s'insérer une volonté dans le champ des autres volontés quand ses possibilités de vie sont limitées et brimées à des niveaux bas ? sachant que tout homme a besoin d'accomplir sa vocation.
.
Bien à vous,

Axou

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Christophe67
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Re: Maladie génétique et Dieu

Message non lu par Christophe67 » mer. 19 oct. 2016, 13:18

Bonjour Jeremy43,


Je me contente d'une proposition très simple et rapide, car la question que vous proposez est véritablement profonde et je n'ose m'y aventurer sans risquer d'être maladroit.


Et si l'acceptation ou l'offrande de ces maladies génétiques, comme les souffrances pour les mystiques, était un pas plus grand dans - ou vers -la rédemption ?



Cordialement.

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