animalia a écrit :sarthasiris a écrit :Vous pouvez appeler ça une "anomalie", ça ne change rien au fait qu'elle ait survécu aux époques, le temps aurait dû naturellement chasser l'homosexualité, vu que comme vous le dite les homo' ne peuvent naturellement pas se reproduire. Pourtant il y a toujours autant d'homosexuels dans le monde. Il faut croire que "l'anomalie" à la peau dure, si bien qu'on en viendrait presque à se demander si elle n'était pas finalement une cause naturelle du genre humain.
je suis globalement d'accord avec les propos de satharsis. Évidemment si on considère l'opinion générale catholique qui designe l'homosexualité comme une perversion et une abomination comme le dit la Sainte Bible on n'est pas encouragé à l'accepter. Mais en se faisant une idée moins négative de ce mode de vie et des personnes (puisque ce sont des êtres humains d'abord) on peut dépasser nos peurs. J'avoue avoir moi même été dérangé par ce qui est "autre" mais peut etre qu'une recherche plus complète sur une différence peut nous amener à la comprendre.
En ce qui concerne le péché, la notion est parfois contournée ce qui donne lieu a des paroles deshumanisantes et des comportements de rejet. Il faut bien comprendre que le péché, c'est "s'éloigner de la cible", la manquer. Le péché serait ici de ne pas respecter l'ordre naturel établi par Dieu, l'union d'une femme et d'un homme. La solution pour un homosexuel serait donc logiquement de se marier avec une personne de l'autre sexe (ce qui n'est pas à conseiller) ou de rester chaste. Mais le problème c'est que la chasteté créé une injustice entre les hommes : certains peuvent profiter librement du sexe dans le cadre du mariage et d'autres doivent se restreindre. Or Dieu est juste et si injustice il y a, il faut étudier de nouveau la question.
Merci à tous pour ces passionnants échanges, je repars sur les mots d'Animalia dont j'apprécie particulièrement l'intervention, à propos de la question de l'injustice.
En fait, quelle image avons nous de Dieu si nous considérons que la sexualité homosexuelle est pécheresse (péché mortel même) et donc interdite, formellement contraire à la volonté de Dieu ?
Un Dieu qui impose la double peine ? alors non seulement tu as le malheur d'être homo avec les difficultés que cela comporte (familiales, sociales...), tu ne pourras pas avoir d'enfants, tu es "autre" avec cette altérité à assumer et EN PLUS tu n'as le droit à AUCUNE relation amoureuse et sexuelle ? porte ta croix mon gars (enfin, ta double croix...) et ferme ta g... si tu veux être un bon catho. Na.
La question se pose également avec les célibataires hétéros non religieux dont je fais partie : alors tu portes la croix douloureuse d'un célibat non choisi, tu n'as pas le bonheur de rencontrer la bonne personne avec laquelle tu pourrais fonder une famille, tu manges seule le soir dans ta chambre et EN PLUS, tu n'aurais pas le droit à une vie amoureuse et sexuelle ? File droit ma fille si tu veux être bonne catholique ! Et fermes ta g... toi aussi. Non mais !
Et ben non ! cela sera sans moi !!! Votre dieu inhumain, cruel, sado-maso, injuste, votre dieu de la double peine, je vous le laisse (je m'adresse à ceux qui projettent cette volonté là de dieu).
Je n'insulte pas Dieu au point de penser qu'il exige à une partie de ses enfants qui n'ont pas la chance "d'être du bon côté" de se priver de goûter au bonheur de se sentir enfin homme, de se sentir enfin femme dans les bras de l'autre, de vivre ces instants merveilleux ou le temps s'arrête et ou l'expérience de communion est si forte que les mystiques en utilisent le langage pour parler de leur relation avec Dieu.
Personnellement, si je n'avais pas "connu"d'hommes sous prétexte que je ne suis pas mariée, je serais probablement tombée en dépression. Et si aujourd'hui, si je me disais que nul homme ne me prendrait plus jamais dans ses bras, au cas ou je ne me marierais pas, j'aurais juste envie de me pendre....
Et Dieu m'aime passionnément ainsi, et je tente de répondre bien pauvrement à cet amour fou qui m'aime comme je suis, qui m'accompagne comme je suis, avec une infinie tendresse et une grande délicatesse pour ma nature excessive et blessée. Et Son soutien indéfectible lors des périodes ou j'ai du porté de lourdes croix. Et rien de ce que je confie ici ne m'a "coupée" de Dieu (définition du péché) mais au contraire m'a rapprochée de Lui.
Pour prendre la suite des confidences courageuses de Trinité sur le sujet de la frustration sexuelle : après un long temps d'abstinence quand un homme me prend dans ses bras, c'est comme si j'avais vécu en apnée, étouffée, en manque d'air et que tout d'un coup, l'air revenait dans mes poumons, comme si tout d'un coup, je revenais à la vie. Alors les histoires de péché mortel, de culpabilité morbide, de fausses croix à porter quand justement c'est la puissance de vie et de résurrection qui vous tend les bras, vraiment, je les laisse à d'autres ! Ce n'est pas là ma foi, ce n'est pas ma vision de Dieu, ce n'est pas ma relation à Dieu, ma lecture de la Bonne Nouvelle ni mon amour de la vie.
Et je n'insulte pas Dieu au point de penser que ses enfants les plus blessés (il est envisageable en effet si on ne peut accéder à l'altérité ou à l'engagement, ce n'est pas un pur hasard....) soient interdits du bonheur d'avoir accès à ce qui justement apporte du réconfort, du bonheur et de la guérison. Mais l'amour et le sexe, lorsqu'ils sont vécus dans une vraie rencontre, c'est à dire dans une vérité et une vulnérabilité assumée sont porteurs d'une puissance de vie, de guérison, de libération colossale !
Justement parce qu'ils sont blessés, Dieu aime particulièrement ses enfants et veut leur guérison. (je ne dis pas que le sexe hors mariage est dans la volonté de Dieu mais je dis que Dieu aime et accompagne ses enfants sur un chemin de vie qui est parfois hors mariage)
Le mariage est le lieu du Signe, de la Rencontre mais dire cela n'enferme pas pour autant dans le mariage et dans l'hétérosexualité la beauté et la vérité de la sexualité. Justement parce que que nous vivons dans un monde blessé (je préfère le mot "blessé" à "déchu".)
Mais dans ce monde blessé, il y a de la place pour tout le monde !
Tout ce que je dis ne vient pas en faux avec votre beau témoignage Raistling. Vous nous avez partagé votre expérience, qui est valable pour vous et qui peut certainement inspirer beaucoup d'autres, mais pas tout le monde. Chaque personne est une histoire sacrée. Et ce qui est demandé au croyant, homo ou hétéro, c'est une intimité croissante avec le le Père, en Christ, dans l'Esprit, c'est de se laisser conduire par le Souffle.
Et oui, sur ce chemin là, certains, comme vous sont appelés, au sens fort du terme à donner leur sexualité à Dieu et à bien le vivre, comme vous.
Et le signe que c'est appel vient réellement de Dieu, c'est la joie et la paix du coeur qui sont données en Christ.
(si on est dans la tristesse, la frustration constante, la colère rentrée et à imaginer qu'on porte sa croix sous prétexte qu''on vit une sinistrose, il y a un problème quelque part !)
D'autres, se situent ailleurs, appelés ailleurs, rejoints par la grâce ailleurs.
Ce peut être aussi une question de moment : appelés à se laisser aimer par un autre, puis appelés à renoncer et à tout donner à Dieu. Question de blessure aussi peut-être.
Que Dieu appelle certains à des choix radicaux, c'est certain. Qu'on utilise cet appel pour dire que ceux qui se situent ailleurs vivent hors de la volonté de Dieu, je ne suis pas d'accord. La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant et la volonté de Dieu pour chaque homme, elle est à discerner par chacun dans son cas particulier.
La sexualité est le lieu de la vulnérabilité, les questions d'identité sexuelle touchent à des blessures à vif. Cela nous devrait nous nous inciter à une certaine prudence et à une certaine délicatesse quand on parle de la sexualité d'autrui.
Bien à vous,
Axou