[Débat] Moralité de la vie homosexuelle
Publié : mar. 14 juin 2016, 21:53
Bonjour à tous !
Suite à la discussion sur ce sujet (http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... 93&t=40476), je me suis dit qu'étonnament, il nous manquait une discussion sur l'homosexualité. Vous allez me dire, peut-être à raison, qu'au contraire nous ne faisons que discuter de cela. Mais il me semble à moi, qu'il existe bel et bien un aspect de cette discussion que nous couvrons rarement : l'explication de la position de l'Eglise.
En effet, pour résumer la chose, nos débats ressemblent souvent à cela : les "progressistes" vont défendre l'expérience concrète de la vie d'un homosexuel vivant dans une certaine moralité, fidèle à son compagnon (ou sa compagne), qu'il aime et avec qui il veut bâtir quelque chose, bref, un homosexuel vivant dans une sorte de "mariage", et les "conservateurs" vont immanquablement répondre par un argument d'autorité.
Et quelque part, je comprend assez bien l'incompréhension réciproque des deux camps.
Comment ne pas s'exaspérer, lorsque l'on évoque une situation de vie concrète et complexe, ou s'entremêlent amour, personnes réelles, souffrances, âmes en peine et enjeux sociétaux, que l'on vous réponde par une définition pontificale du 17ème siècle écrite par un vieillard célibataire vêtu d'or ou un texte vétéro-testamentaire vieux de trois mille ans qui à la page d'après vous invite à asperger votre maison de sang de pigeon mort pour la purifier ?
Comment ne pas s'exaspérer, lorsque on est censé discuter entre catholiques, entre sujets du Christ et de son régent le pontife romain, de voir l'autorité infaillible de l'Eglise, ce socle qui est la fondation de la cohérence de l'édifice catholique, être remis en cause sans mesurer que si l'on remet en cause ce point, alors théologiquement ("logiquement") plus rien ne fait sens, et on pourrait avec la même démarche réfuter demain la présence réelle, la nature miséricordieuse de Dieu, la doctrine du sacrifice de la Croix ?
Tout en assumant cette paradoxale reconnaissance de ces deux raisonnement, je suis définitivement un défenseur de la conception du magistère, qui est la suivante :
2357 L’homosexualité désigne les relations entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes du même sexe. Elle revêt des formes très variables à travers les siècles et les cultures. Sa genèse psychique reste largement inexpliquée. S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves (cf. Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27 ; 1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1, 10), la Tradition a toujours déclaré que " les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés " (CDF, décl. " Persona humana " 8). Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas.
2358 Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présente des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition.
2359 Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté. Par les vertus de maîtrise, éducatrices de la liberté intérieure, quelquefois par le soutien d’une amitié désintéressée, par la prière et la grâce sacramentelle, elles peuvent et doivent se rapprocher, graduellement et résolument, de la perfection chrétienne.
Cela dit, je confesse volontiers que j'ai de graves doutes quand à la valeur morale de ce commandement. Je n'en suis absolument pas convaincu ; j'y suis simplement soumis, avec d'autant plus de facilité - soyons honnêtes - que je ne suis pas directemment concerné par cette problématique. Sans l'Eglise, j'aurais sans doute un point de vue assez différent ; mais par cohérence, par reconnaissance de l'autorité et de la sagesse supérieur de l'Eglise, je défend sa position qui est celle du Christ.
Or il est évident qu'un commandement, un dogme moral, tout en étant suffisant à lui-même (on ne questionne pas la volonté de Dieu, c'est irrationnel), est sous-tendu par une explication. C'est parce que c'est immoral que Dieu l'interdit, pas parce que Dieu l'interdit que c'est immoral - encore que, c'est sans doute plus compliqué que cela, mais ce n'est pas le sujet.
Ce que je voudrais donc amener ici, c'est un débat qui cherche à répondre à la très légitime interrogation progressiste (et donc à la mienne propre) : quelle est cette fondamentale immoralité de l'homosexualité qui entraîne son jugement divin ? Afin de rester centré sur cette question, je vous propose d'en discuter sans se référer à l'argument d'autorité - non parce qu'il est faible ou inutile, mais justement parce que fort de son poids considérable, les "conservateurs" jugent souvent inutile d'aller au-delà (partiellement à raison, je le crois).
Il s'agit donc de traiter de l'homosexualité comme si il s'agissait d'un sujet de débat de théologie morale libre dans la Sainte Eglise - ce qui n'est, soyons clairs, absolument pas le cas - afin de débattre, non pas de sa légalité céleste, mais de sa moralité à l'aune du premier commandement : "Aimes Dieu et ton prochain". En d'autre terme, pourquoi l'Eglise (et par elle le Christ sa Tête) définit-elle l'homosexualité comme fondamentalement contraire à l'Amour ? Qu'on m'excuse, mais cela n'est pas forcément intuitif, et l'Eglise doit au monde, et premièrement aux homosexuels eux-même, des explications !
Je vais donc commencer par un court état de ma propre réfléxion sur le sujet.
D'une part, comme je l'ai mentionné plus haut, je ne suis pas pleinement convaincu par l'exposé doctrinal de l'Eglise, en ce sens que je vois finalement assez mal ce que l'on peut reprocher à deux homosexuels qui s'aiment. Le meilleurs des arguments, à mes yeux, est celui de l'infécondité naturelle d'une union homosexuelle - pour autant, un couple hétérosexuel qui a une relation sexuelle dans une période infertile (ou est infertile tout court, à plus forte raison et sur la durée) n'est pas jugé peccamineux par l'Eglise. Le contre-argument classique, qui oppose la naturalité de la relation héterosexuelle infertile à l'anaturalité de la relation homosexuelle, ne me convainc pas vraiment.
A l'inverse, la défense de l'homosexualité se heurte au mur de l'institution du mariage, qui est tourné vers l'enfant, et est donc intrinsèquement incompatible avec l'union homosexuelle.
Bref. Discutons, si vous le voulez bien, avec un petit peu d'humilité et de douceur de coeur évangéliques, et prions pour ces personnes infiniement dignes d'Amour et le salut de leur âme immortelle.
Dieu nous garde,
Héraclius -
Suite à la discussion sur ce sujet (http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... 93&t=40476), je me suis dit qu'étonnament, il nous manquait une discussion sur l'homosexualité. Vous allez me dire, peut-être à raison, qu'au contraire nous ne faisons que discuter de cela. Mais il me semble à moi, qu'il existe bel et bien un aspect de cette discussion que nous couvrons rarement : l'explication de la position de l'Eglise.
En effet, pour résumer la chose, nos débats ressemblent souvent à cela : les "progressistes" vont défendre l'expérience concrète de la vie d'un homosexuel vivant dans une certaine moralité, fidèle à son compagnon (ou sa compagne), qu'il aime et avec qui il veut bâtir quelque chose, bref, un homosexuel vivant dans une sorte de "mariage", et les "conservateurs" vont immanquablement répondre par un argument d'autorité.
Et quelque part, je comprend assez bien l'incompréhension réciproque des deux camps.
Comment ne pas s'exaspérer, lorsque l'on évoque une situation de vie concrète et complexe, ou s'entremêlent amour, personnes réelles, souffrances, âmes en peine et enjeux sociétaux, que l'on vous réponde par une définition pontificale du 17ème siècle écrite par un vieillard célibataire vêtu d'or ou un texte vétéro-testamentaire vieux de trois mille ans qui à la page d'après vous invite à asperger votre maison de sang de pigeon mort pour la purifier ?
Comment ne pas s'exaspérer, lorsque on est censé discuter entre catholiques, entre sujets du Christ et de son régent le pontife romain, de voir l'autorité infaillible de l'Eglise, ce socle qui est la fondation de la cohérence de l'édifice catholique, être remis en cause sans mesurer que si l'on remet en cause ce point, alors théologiquement ("logiquement") plus rien ne fait sens, et on pourrait avec la même démarche réfuter demain la présence réelle, la nature miséricordieuse de Dieu, la doctrine du sacrifice de la Croix ?
Tout en assumant cette paradoxale reconnaissance de ces deux raisonnement, je suis définitivement un défenseur de la conception du magistère, qui est la suivante :
2357 L’homosexualité désigne les relations entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes du même sexe. Elle revêt des formes très variables à travers les siècles et les cultures. Sa genèse psychique reste largement inexpliquée. S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves (cf. Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27 ; 1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1, 10), la Tradition a toujours déclaré que " les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés " (CDF, décl. " Persona humana " 8). Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas.
2358 Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présente des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition.
2359 Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté. Par les vertus de maîtrise, éducatrices de la liberté intérieure, quelquefois par le soutien d’une amitié désintéressée, par la prière et la grâce sacramentelle, elles peuvent et doivent se rapprocher, graduellement et résolument, de la perfection chrétienne.
Cela dit, je confesse volontiers que j'ai de graves doutes quand à la valeur morale de ce commandement. Je n'en suis absolument pas convaincu ; j'y suis simplement soumis, avec d'autant plus de facilité - soyons honnêtes - que je ne suis pas directemment concerné par cette problématique. Sans l'Eglise, j'aurais sans doute un point de vue assez différent ; mais par cohérence, par reconnaissance de l'autorité et de la sagesse supérieur de l'Eglise, je défend sa position qui est celle du Christ.
Or il est évident qu'un commandement, un dogme moral, tout en étant suffisant à lui-même (on ne questionne pas la volonté de Dieu, c'est irrationnel), est sous-tendu par une explication. C'est parce que c'est immoral que Dieu l'interdit, pas parce que Dieu l'interdit que c'est immoral - encore que, c'est sans doute plus compliqué que cela, mais ce n'est pas le sujet.
Ce que je voudrais donc amener ici, c'est un débat qui cherche à répondre à la très légitime interrogation progressiste (et donc à la mienne propre) : quelle est cette fondamentale immoralité de l'homosexualité qui entraîne son jugement divin ? Afin de rester centré sur cette question, je vous propose d'en discuter sans se référer à l'argument d'autorité - non parce qu'il est faible ou inutile, mais justement parce que fort de son poids considérable, les "conservateurs" jugent souvent inutile d'aller au-delà (partiellement à raison, je le crois).
Il s'agit donc de traiter de l'homosexualité comme si il s'agissait d'un sujet de débat de théologie morale libre dans la Sainte Eglise - ce qui n'est, soyons clairs, absolument pas le cas - afin de débattre, non pas de sa légalité céleste, mais de sa moralité à l'aune du premier commandement : "Aimes Dieu et ton prochain". En d'autre terme, pourquoi l'Eglise (et par elle le Christ sa Tête) définit-elle l'homosexualité comme fondamentalement contraire à l'Amour ? Qu'on m'excuse, mais cela n'est pas forcément intuitif, et l'Eglise doit au monde, et premièrement aux homosexuels eux-même, des explications !
Je vais donc commencer par un court état de ma propre réfléxion sur le sujet.
D'une part, comme je l'ai mentionné plus haut, je ne suis pas pleinement convaincu par l'exposé doctrinal de l'Eglise, en ce sens que je vois finalement assez mal ce que l'on peut reprocher à deux homosexuels qui s'aiment. Le meilleurs des arguments, à mes yeux, est celui de l'infécondité naturelle d'une union homosexuelle - pour autant, un couple hétérosexuel qui a une relation sexuelle dans une période infertile (ou est infertile tout court, à plus forte raison et sur la durée) n'est pas jugé peccamineux par l'Eglise. Le contre-argument classique, qui oppose la naturalité de la relation héterosexuelle infertile à l'anaturalité de la relation homosexuelle, ne me convainc pas vraiment.
A l'inverse, la défense de l'homosexualité se heurte au mur de l'institution du mariage, qui est tourné vers l'enfant, et est donc intrinsèquement incompatible avec l'union homosexuelle.
Bref. Discutons, si vous le voulez bien, avec un petit peu d'humilité et de douceur de coeur évangéliques, et prions pour ces personnes infiniement dignes d'Amour et le salut de leur âme immortelle.
Dieu nous garde,
Héraclius -