PaxetBonum a écrit : ↑lun. 06 févr. 2017, 15:45
Celui qui par amour pour Notre Seigneur décide de suivre la Loi à la lettre ne peut être considéré comme pécheur.
Même si, et là-dessus on est d'accord, dans certains cas, désobéir à la Loi n'est pas pécher.
Bonjour,
Pour moi j'y vois une contradiction dans vos propos. En effet, vous dites:
Celui qui par amour pour Notre Seigneur décide de suivre la Loi à la lettre ne peut être considéré comme pécheur., il faut donc en conclure je pense que celui qui ne suit pas à la lettre (ou reconnait que certaines situations ne permettent de suivre à la lettre) la Loi est un pécheur. Or, qu'Est-ce ne pas suivre à la lettre la Loi sinon lui désobéir (dans certaines situations)? Et si ne pas suivre la Loi à la lettre c'est lui désobéir et pécher, on ne peut en même temps dire
dans certains cas, désobéir à la Loi n'est pas pécher. Ou alors qu'on m'explique qu'Est-ce que suivre la Loi à la lettre et qu'Est-ce ne pas suivre la Loi à la lettre.
Jésus lorsqu'il proclame qu'il n'est pas venu abolir la Loi mais l'accomplir en rappelle le sens profond: l'amour de Dieu et du prochain. Il réagit contre le légalisme de ceux qui ont tendance à enfermer la foi dans le respect minutieux des prescriptions et des rites, de ceux qui confondent la foi authentique avec la volonté acharnée de se trouver en règle, au point de chercher le salut par ses propres forces, efforts et mérites plutôt que par l'amour de Dieu. Il condamne durement ("sépulcres blanchis" Mt 23, 27) ceux qui s'attachant à la lettre en tuent l'esprit.
PaxetBonum a écrit : ↑lun. 06 févr. 2017, 15:45
Mais ces deux voies existent et Notre Seigneur les citent et en évoque la différence de sainteté.
"
Celui donc qui aura violé un de ces moindres commandements et appris aux hommes à faire de même sera tenu pour le moindre dans le royaume des cieux ; mais celui qui les aura pratiqués et enseignés sera tenu pour grand dans le royaume des cieux. "
Dans la situation du voleur de pain pour survivre comme du menteur à la guestapo, voler et mentir sont (comme je l'ai déjà expliqué) au profit de ne pas violer un commandement plus essentiel " ne pas tuer". Il n'y a pas deux voies possibles à choisir, à décider, il n'y a qu'une voie qui est celle de voir ce qui prime ( la vie, le bien ou la vérité) car qui voudrait avoir une place moindre alors qu'il peut choisir une meilleure place dans le royaume, c'est absurde. C'est aussi toute la réflexion de la théologie morale avec Saint Thomas d'Aquin et les autres dont je vous ai parlé (et que vous avez écarté d'un revers de main) et qui pourtant ne font qu'expliquer que précisément suivre sa conscience (éclairée, avec discernement) c'est ne pas violer le moindre de ces commandements.
Lorsque j'ai écrit:
Aldous a écrit : ↑lun. 23 janv. 2017, 21:04
"Celui qui évite le mal, non parce qu'il est le mal mais à cause d'un commandement du Seigneur, n'est pas libre; mais celui qui évite le mal parce c'est le mal, celui-là est libre."
Saint Thomas d'Aquin
Autrement dit, Dieu n'attend pas que nous lui obéissions aveuglément mais que nous comprenions d'abord ce qu'il nous demande.
Je ne faisais que dire cela...
Je vous redonne le textes de Mgr Léonard donné par Axou qui dès le départ était pourtant très clair, mais l'avez-vous seulement lu?:
«La loi morale, fondée ultimement en Dieu et reconnue activement par notre raison, doit toujours être mise en œuvre par notre engagement libre. Nous ne sommes pas que raison pure. Nous sommes aussi une liberté unique. Entre la voix de la raison en moi et ma conscience individuelle il y a donc une distance que doit combler mon jugement « pratique » (orienté vers l’action), guidé par la vertu de prudence ou de discernement : « Moi, concrètement, je dois, en telle situation, faire ceci et éviter cela ».
Ainsi comprise, la conscience personnelle est la norme subjective de la moralité de nos actes, c’est-à-dire la norme morale telle qu’elle retentit dans la conscience unique de chacun. En effet, aussi objective soit-elle, la valeur morale ne peut s’adresser à moi et m’obliger qu’en passant à travers les évidences et les opacités de ma conscience personnelle. C’est forcément tel que je le perçois que le bien objectif m’interpelle. En ce sens, la norme subjective de la moralité est la règle ultime de la vie morale. À tel point que si, de bonne foi et sans faute de ma part, je me trompe dans mon jugement moral, j’agis moralement bien alors même que je pose un acte objectivement répréhensible.
Dire que j’agis bien quand j’agis conformément à ma perception du bien ou, en d’autres termes, reconnaître que la raison pratique ne m’oblige qu’à travers le prisme de ma conscience personnelle pourrait sembler conduire au subjectivisme et nous conduire aux impasses d’une pure morale de la sincérité. Il n’en est rien. Ma conscience est, certes, la norme subjective ultime de ma vie morale, mais à la condition expresse que je cherche honnêtement à rejoindre les exigences objectives de la loi naturelle. Agir autrement reviendrait à considérer que le sujet est l’auteur même de la valeur morale. Or ma conscience est bien le juge qui apprécie en dernière instance la valeur, mais elle n’est pas pour autant son fondement ! Un peu comme en droit un juge apprécie, en dernière analyse, le comportement d’un prévenu, mais sans être la source du code qui inspire son jugement.
Pour être dans la vérité (et pas seulement dans la sincérité) et faire effectivement le bien, je dois donc éclairer ma conscience et l’éduquer afin que mon jugement personnel se rapproche autant que possible du jugement idéal de la raison droite, se soumette ainsi à la loi morale et, de la sorte, se conforme à la volonté de Dieu. Comme chrétiens, nous aurons donc à nous laisser éclairer non seulement par notre réflexion, mais encore par l’enseignement de Jésus, du Nouveau Testament et de l’Église. À cette condition seulement, je puis dire que j’agis bien si je me décide à l’action selon ma conscience."
Mgr Léonard