Bonjour Jovanni,
Je trouve louable que vous veniez sur un forum catholique pour chercher des réponses à votre question sur l'avortement, mais vous perdez patience quand nous sommes trop catholiques (méchants donc, intégristes).
En apéritif vous nous dites :
Dans quel genre de monde libre force-t-on les femmes à donner naissance ? Je ne peux m'y résoudre, mon corps me crie que ce n'est pas ça la justice.
D'un côté vous portez au pinacle un corps qui vous murmurerait des choses à l'oreille et de l'autre vous dénoncez cette même force corporelle qui consiste à faire naître des enfants quand fécondation il y a eu. Nous ne pouvons vous répondre que selon notre "morale" (pitoyable au regard du monde post-moderne, j'en conviens aisément), et cette morale, cette pensée interne à tout croyant est que le corps est sacré, que la vie qu'elle contient est sacrée, que la fragilité et la faiblesse doivent être protégés, et tout ceci pourquoi ? Parce qu'il y a une vie au delà de la mort, une vie qui s'unit à Dieu. Vous êtes d'accord pour dire que la vie c'est important mais pas au point que nous mettions au premier plan la défense du plus petit et surtout pas au nom d'une transcendance.
Nous ne nous situons pas sur le même plan spirituel, c'est pourquoi tout dialogue qui ne prend pas en compte ce fait est voué à la plus parfaite stérilité, et voire même au raidissement mutuel.
Je pense que choisir pour autrui se qu'il devrait faire de son corps, dans le cas de l'avortement cela revient à imposer sa morale aux autres.
J'aurais pour ma part bien aimé que l'on impose une morale à ma mère le jour où elle m'a conduite sans choix possible apparent dans une clinique pour éliminer sa future petite fille ou petit fils, fruit d'un viol dont j'ai été victime à 19 ans. Si le monde que vous aimez tant m'avait donné un espoir, une idée de la transcendance, une joie devant la vie (on appelle ça l'Espérance chez nous) j'aurais au moins eu une chance de ne pas me laisser arracher cet être qui grandissait à toute allure en moi. Pendant des années je me suis mangée intérieurement, certes je n'ai pas été charcutée par des aiguilles à tricoter, mais mon âme était comme morte sans que je sache vraiment pourquoi.
Je comprends que les propos de PaxetBonum vous choquent car vous pensez qu'il se permet de juger une femme comme moi. Eh bien j'aurais aimé que quelqu'un comme lui se tienne en travers du chemin de mon avortement, qu'il me dise combien la responsabilité existe en tout être humain, qu'il ne me prenne pas pour une gamine incapable de s'occuper de son enfant, que ce n'est pas parce qu'il constate que je suis en train de commettre l'irréparable qu'il sait comment va me juger le Seigneur, mais que simplement il me dit que je suis libre et que je dois user de ma liberté de façon sensée.
Le problème c'est que les chrétiens eux-mêmes, y compris à l'époque de l'interdit de l'avortement, pouvaient ne pas se comporter chrétiennement, car une fois qu'on est chrétien, on ne l'est jamais assez, par cohérence et amour on doit tendre à l'être toujours plus ne vous en déplaise. Si ma mère l'avait été, elle aurait fait fi du qu'en dira-t-on et aurait fait son devoir de stupide extrémiste.
Je suis longue je suis désolée.
Le problème de surpopulation que vous évoquez est réel, mais réel justement à cause de l'idée que vous défendez selon laquelle tout est faisable, que tout est accessible et consommable, que l'ascèse est une horreur, une atteinte au droit des peuples. L'hubris est à la racine de bien de nos maux actuels, et elle prend sa racine dans la séparation d'avec Dieu.
Vous envoyez dans la figure de Katolic et PaxetBonum :
Le monde dans lequel nous vivons ne vous donne pas vraiment raison.
Vous rendez-vous compte de la façon dont vous tordez les faits ? Si, en vertu de la société profondément malade dans laquelle nous sommes il était économiquement intéressant de laisser faire des chasses à l'homme dans des parcs, si donc ce loisir se transformait en droit (je prends volontairement un exemple dur), cela serait sensé donner raison à ladite société humaine ?
Le trans-humanisme vous aime déjà, il vote pour vous.