Le malheur, le mal ...

« Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu'il sache discerner le bien du mal » (1R 3.9)
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Elendryl
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Le malheur, le mal ...

Message non lu par Elendryl » sam. 17 mars 2007, 19:28

Quelle est selon-vous la source du malheur, du mal ?
Comment Dieu, s'Il est infiniment bon, peut-il tolérer que l'homme souffre ?

Par exemple, admettons qu'un homme de 40 ans, père de famille et bon époux, meurre dans un accident de voiture ou d'un cancer .

Que pensez-vous ? Dieu serait-il responsable de ces maux, de la souffrance de toute une jeune famille ? Est-ce le péché originel ? Satan ?

J'espère que vous serez nombreux à répondre à ces questions qui me préoccupent ...

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Davidd
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Message non lu par Davidd » sam. 24 mars 2007, 1:41

D'après moi, chacun est responsable de son propre destin. Le destin de l'univers, lui, est la perfection même. Nous n'avons qu'à remarquer notre chance d'en faire partie. Pourquoi cette époque, cette famille, cette apparence, cette pensée, cette planète, cette atmosphère?Cela dit, l'homme doit accepter son sort quoi qu'il peut être. Donc envisager la mort. Le destin de l'univers est parfaitement établie quant à son dévellopement. Les enfants de l'homme mourant deviendront surement mieux que ce qu'il serait devenu même avec l'amour de leur père. D'après moi, Satan n'existe pas, ce qui existe par contre est ce que nous savons de celui-ci, le péché originel. Mais rien ne prouve que Dieu n'a pas créé le péché originel pour l'évolution de l'homme car c'est la connaissance que nous avons en le mal qui nous distingue des animaux qui eux, ne font que la perfection logique permise par un message transmis de leur cerveau. Je crois que même difficile à accepter, la meilleure réponse a cette question est sans doute que sa mort deviendra, avec le temps, bénéfique aux gens qu'il aimait. Et même le souhaitant chaques jours, chaques secondes, il n'aurait pu avoir plus belle impact futur sur les gens qu'ils aimaient. Ne vous inquiètez pas pour l'âme de ceux qui sont aimé ici bas, ils trouveront la main consolatrice.

Voir le passé mieux qu'il ne l'a été, le présent pire qu'il ne l'est et l'avenir mieux qu'il ne le sera.

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Ave-Maria
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Question complexe

Message non lu par Ave-Maria » sam. 24 mars 2007, 2:09

C'est une question complexe.
Tous les croyants, et pas seulement les chrétiens, ont été particulièrement bouleversés par l'épisode des camps de concentration pendant la Seconde Guerre Mondiale, car cela remettait en cause la croyance que "Dieu est bon" et "Dieu est tout puissant".
En effet, 1) comme tu dis : Si Dieu est bon, pourquoi a-t-il laissé faire ça :( ? Il ne peut pas être tout puissant...
2) Si Dieu est tout puissant, est-il vraiment bon alors ?

Le mal, la souffrance des personnes sont difficiles à interpréter. Mais je pense que l'on peut en tirer 2 3 choses quand même.
On peut par exemple interpréter la souffrance et le mal en général, comme des choses imposées aux hommes, et qui les font réfléchir. Au même titre que les choses difficiles, on peut presque dire qu'heureusement elles sont là. Si tout était facile, et si l'homme ne souffrait pas un peu, quel serait le Monde ? un monde Décadence ? un Monde d'excès ? On peut imaginer plein de trucs, mais je ne pense pas ce monde "irait forcément mieux".
Le problème ce sont les grandes souffrances, morales ou physiques. On se demande pourquoi elles nous sont imposées. Certaines, comme la perte d'un proche, sont vraiment inhumaines. On trouve cela injuste, et c'est tout à fait compréhensif.
Alors, pourquoi ? Personnellement, je n'ai pas trop d'explication. Jésus, le fils de Dieu lui-même, a souffert. Est ce quelque chose qui nous est imposé, ou tout simplement est ce la vie, et à ce moment, est ce un moyen aussi de démontrer notre foi ?

La vie est parfois dure, mais Dieu peut nous aider (quelque fois) face aux épreuves. Il faut juste le lui demander, c'est ce que je crois :unsure: .
"Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux"
Saint Matthieu [7,12-28]

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Greensleeves
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Message non lu par Greensleeves » mar. 27 mars 2007, 1:45

Bonsoir Elendryl, bonsoir à tous,

Pour commencer, voici un extrait du psaume d'hier, Solennité de l'Annonciation : "Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j'ai dit : "Voici, je viens." "(psaume 39)
Ces paroles s'appliquent directement aux sacrifices d'animaux que prescrivait la Loi juive, mais montrent aussi que notre Dieu n'est pas un Dieu sanguinaire, qui se plairait à voir la souffrance de l'Homme. Regardez seulement le titre de la première encyclique de Benoît XVI : Deus Caritas est, "Dieu est Amour" !

Alors, pourquoi le Mal ? Je tiens à rappeler d'abord que Satan existe bel et bien, hélas pour nous. Il était l'ange "porteur de lumière", littéralement Lucifer. Mais il a refusé de servir Dieu. Cette question a été traitée dans un fil assez développé, je crois, dont voici l'adresse : viewtopic.php?t=2014.

Il y a aussi un passage très clair du CEC, commentaire de la dernière demande du Notre Père : "Mais délivre-nous du Mal" :
2851 Dans cette demande, le Mal n’est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le " diable " (dia-bolos) est celui qui " se jette en travers " du Dessein de Dieu et de son " œuvre de salut " accomplie dans le Christ.

2852 " Homicide dès l’origine, menteur et père du mensonge " (Jn 8, 44), " le Satan, le séducteur du monde entier " (Ap 12, 9), c’est par lui que le péché et la mort sont entrés dans le monde et c’est par sa défaite définitive que la création toute entière sera " libérée du péché et de la mort " (MR, prière eucharistique IV). " Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais l’Engendré de Dieu le garde et le Mauvais n’a pas prise sur lui. Nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier gît au pouvoir du Mauvais " (1 Jn 5, 18-19) :
Alors, voilà clairement nommée la source du Mal : Satan. Sa plus belle victoire, c'est de faire croire qu'il n'existe pas.

Et Dieu, dans tout ça, me direz-vous ? Il ne veut pas notre souffrance (cf plus haut).
Mieux, Il ne nous a pas abandonnés à notre triste sort : Il a envoyé Son Fils unique pour nous sauver de la mort, pour nous sortir des griffes du Prince de ce monde.
Que nous apprend Jésus, au sujet, particulièrement, de la souffrance ? Qu'elle peut être offerte et utile (je ne dis pas nécessaire, mais quand elle est là, il vaut mieux que d'un mal sorte un bien). Le summum est, bien sûr, les souffrances que le Christ a patiemment, humblement supportées pour nous. En voyant Jésus raillé, moqué, flagellé, couronné d'épines, crucifié, Jésus, qui ne devait même plus ressembler à un homme, en Le voyant, donc, qui aurait pu dire que, trois jours plus tard, Il ressusciterait, vainquant ainsi définitivement la mort, et assurant à tous ceux qui auraient "lavé leur vêtement dans le Sang de l'Agneau [le Sang du Christ, donc]" la Vie éternelle ?

Je cite encore deux passages de la Bible.
Le premier est d'Isaïe, c'est le quatrième Chant du Serviteur (je ne mets qu'un court extrait) :
La multitude avait été consternée en le voyant,
car il était si défiguré
qu'il ne ressemblait plus à un homme ;
il n'avait plus l'aspect d'un fils d'Adam.

Et voici qu'il consacrera une multitude de nations ;
devant lui les rois resteront bouche bée,
car ils verront ce qu'on ne leur avait jamais dit,
ils découvriront ce dont ils n'avaient jamais entendu parler.

Isaïe, 52, 14-15
Le deuxième est le psaume 21.
Notez le changement, au milieu du psaume :
Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m'as-tu abandonné ? *
Le salut est loin de moi,
loin des mots que je rugis.
3 Mon Dieu, j'appelle tout le jour,
et tu ne réponds pas ; *
même la nuit,
je n'ai pas de repos.
4 Toi, pourtant, tu es saint,
toi qui habites les hymnes d'Israël !
5 C'est en toi que nos pères espéraient,
ils espéraient et tu les délivrais.
6 Quand ils criaient vers toi, ils échappaient ;
en toi ils espéraient et n'étaient pas déçus.
7 Et moi, je suis un ver, pas un homme,
raillé par les gens, rejeté par le peuple.
8 Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
9 « Il comptait sur le Seigneur : qu'il le délivre !
Qu'il le sauve, puisqu'il est son ami ! »
10 C'est toi qui m'as tiré du ventre de ma mère,
qui m'a mis en sûreté entre ses bras.
11 A toi je fus confié dès ma naissance ;
dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.
12 Ne sois pas loin : l'angoisse est proche,
je n'ai personne pour m'aider.
13 Des fauves nombreux me cernent,
des taureaux de Basan m'encerclent.
14 Des lions qui déchirent et rugissent
ouvrent leur gueule contre moi.
15 Je suis comme l'eau qui se répand,
tous mes membres se disloquent.
Mon coeur est comme la cire,
il fond au milieu de mes entrailles.
16 Ma vigueur a séché comme l'argile,
ma langue colle à mon palais.
Tu me mènes à la poussière de la mort. +
17 Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m'entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ;
18 je peux compter tous mes os.
Ces gens me voient, ils me regardent. +
19 Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
20 Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !
21 Préserve ma vie de l'épée,
arrache-moi aux griffes du chien ;
22 sauve-moi de la gueule du lion
et de la corne des buffles.

*


Tu m'as répondu ! +
23 Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
24 Vous qui le craignez, louez le Seigneur, +
glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob,
vous tous, redoutez-le, descendants d'Israël.
25 Car il n'a pas rejeté,
il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ;
il ne s'est pas voilé la face devant lui,
mais il entend sa plainte.
26 Tu seras ma louange dans la grande assemblée ;
devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
27 Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent :
« A vous, toujours, la vie et la joie ! »
28 La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
29 « Oui, au Seigneur la royauté,
le pouvoir sur les nations ! »
30 Tous ceux qui festoyaient s'inclinent ;
promis à la mort, ils plient en sa présence.
31 Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
32 On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
Voilà son oeuvre !
Ce psaume est aussi appelé la "Prière du Serviteur souffrant". Mais quel contraste entre la souffrance du début (question du bac de français : relevez le champ lexical de l'extrême souffrance et désespoir :roll: ) et la joie de la fin ! Pourtant, on ne peut pas dire que c'était gagné, si j'ose m'exprimer ainsi.


Bref, pour résumer ce long message et répondre synthétiquement à vos questions : le Mal n'est pas voulu par Dieu. C'est Satan qui est l'auteur du Mal, le "père du mensonge". Dieu peut permettre un mal, mais toujours pour en tirer un plus grand bien (nous ne sommes pas tentés, éprouvés, au-delà de nos forces, donc une épreuve traversée dans l'abandon au Seigneur ne peut que nous faire grandir, même si on a l'impression parfois d'être englouti dans un abîme). De la souffrance, physique ou morale, librement acceptée, peut sortir un grand bien (progrès spirituels personnels, de l'entourage, ...), mais il faut parfois du temps et de la patience.

Mon Père,
Je m'abandonne à toi,
fais de moi ce qu'il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi,
je te remercie.
Je suis prêt à tout, j'accepte tout.
Pourvu que ta volonté se fasse en moi,
en toutes tes créatures,
je ne désire rien d'autre, mon Dieu.

Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu,
avec tout l'amour de mon coeur,
parce que je t'aime,
et que ce m'est un besoin d'amour
de me donner,
de me remettre entre tes mains
sans mesure,
avec une infinie confiance
car tu es mon Père.

Bx Charles de Foucauld
Ad majorem Dei gloriam

"Vous niez Dieu, vous niez la sainteté, quelle est donc la routine, sourde, aveugle et obtuse, qui peut m'obliger à agir d'une façon, s'il m'est plus avantageux d'agir d'une autre ?" Dostoïevski, L'Adolescent

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Boris
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Message non lu par Boris » mar. 27 mars 2007, 8:20

Cette question ne remet du tout en cause la bonté de Dieu ni son omnipotence :
- Dieu depuis Adam et Eve nous laisse libre
- Dieu laisse la création entière libre. C'est pourquoi Satant a refusé Dieu et a entrainé avec lui des anges déchus.
- depuis, Satan cherche à tenter l'homme.
- par sa liberté, l'homme commet le mal, comme manger du fruit défendu. Le mal c'est la désobéissance à la Loi Divinne.

Sur l'exemple du père de famille qui se tue en voiture : il faudrait connaître toutes les conditions pour savoir comment le mal agit dans cet incident (trop bu, chauffard responsable de l'accident, ...).

Mais Dieu nous montre qu'il fait le bien : miracles des guérisons lors des prières d'intercession auprès de ses saints. (en particulier le miracle de la religieuse française guérit de Parkinson en priant Jean-Paul II).


Enfin, il y a une conception théologique qui est la suivante :
- Dieu a tout créé et a fixé les "règles du jeu" en l'espèce de la Loi Naturelle.
- Dieu ne peut plus intervenir dans sa création sans enfreindre la Loi Naturelle et la liberté de chacun
- les miracles sont accomplis par les anges sous le commandement de Dieu. Les Anges font partis de la création (Credo ... factorem CAELI et terrae visibilium omnium et INVISIBILIUM). Leur rôle est de chanter les louanges de Dieu en permanence et d'intervenir sur le reste de la création si nécessaire.

Si Dieu agissait directement, il enfreindrait notre liberté. Mais voilà : Il nous a fait libre au point de sacrifier son Fils Unique venu nous apporter la rédemption. Et malgré nous, Jésus nous sauve de la mort en ayant vaincu la mort par sa résurection.

Quand Davidd dit "l'homme doit accepter son sort quoi qu'il peut être. Donc envisager la mort" : il faut bien comprendre que la mort charnelle est le lot toute personne.
Impossible d'échaper à cela.
Par contre, il est possible d'échapper à la mort de l'âme, par une vie droite et fervente.
UdP,
Boris

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